Un démon intérieur meurtrier
Depuis que la psychiatre est passée discuter avec moi je suis perdu. Je suis totalement angoissé et n'arrive plus à penser correctement. C'est comme si j'étais dépourvu de toutes mes fonctions motrices. Mon cerveau est atrophié, ses capacités sont limitées. Et moi, je me noie dans un torrent de stress et d'incertitude. Que suis-je censé faire ? La nuit n'a pas su apaiser mes craintes. Je n'ai cessé de réfléchir à vive allure à mille et une questions. Sa proposition est ancrée en moi, je n'arrive pas à m'en détacher. J'ai l'impression de n'arriver à me focaliser que sur cette dernière.
Est-ce la bonne chose à faire ? Je ne suis pas fou pourtant... Est-ce qu'une hospitalisation saura réellement m'aider ? Je triture nerveusement mes doigts, n'arrivant pas à me faire une raison. Pourquoi est-ce qu'elle m'a dit cela ? Est-ce qu'elle est sincèrement convaincu que je suis dangereux pour moi-même ? C'est ce qu'elle m'a intimé à la fin de notre échange mais est-ce que cela signifie que je suis fou ? Que mon cerveau ne fonctionne pas comme les êtres et qu'en réalité je suis anormal ? On ne voudra plus jamais m'approcher après ça... Je vais être vu comme une bête de foire, un monstre étrange qui a fait un séjour en hôpital psychiatrique et qu'il ne faut approcher sous aucun prétexte. J'ai beau ne pas avoir de proches, ça ferait fuir la seule personne que je veux laisser pénétrer mon monde. S'il est au courant il voudra s'éloigner. Il ne prendra pas le risque que je lui fasse du mal à lui aussi... Peut-être que c'est qui je suis, je cherche à me faire du mal car mon cerveau est différent, qu'il est dysfonctionnel. Peut-être que je pourrais chercher à faire du mal aux autres en retour aussi ? Je ne sais pas... Je ne comprends pas, un nombre impressionnant de questions me traversent l'esprit.
Hier, lors de notre conversation je n'ai pas tout compris. J'étais bridé par le papier et le fait de devoir m'exprimer à travers elle car je ne me sentais pas en confiance. Et de ce fait, j'ai contraint par le papier. Les mots refusaient de sortir, j'étais parfaitement bridé par mon angoisse. Le seul avantage est que j'ai su retranscrire un minimum mes émotions, j'ai su les exprimer et expliquer ce que je ressentais au fond de moi. Le problème majeur en revanche réside dans le fait que lorsque je ne comprenais pas quelque chose, je n'osais pas le dire ou plutôt : l'écrire. Je ne savais pas comment l'interrompre, comment écrire sans qu'elle n'ait l'impression que je ne l'écoute pas. Je ne voulais pas paraitre impoli alors j'ai laisser coulé et ai absorbé ses paroles.
Tout ce que j'ai retenu est que : je suis une menace pour moi-même, je risquerais de me faire à nouveau du mal et il serait plus judicieux de m'interner pendant quelques temps pour m'aider psychologiquement.
Je n'arrête pas de jouer maladroitement avec mes doigts. Comme si ça allait m'aider à résoudre mes problèmes... Je ne vois pas comment je pourrais accepter d'être enfermé dans un endroit que je ne connais pas, avec des êtres humains que je n'ai jamais vu avant. Rien qu'à cette idée, j'ai envie de vomir, l'angoisse me gagne et mon cœur s'affole. Sans compter que je ne pourrais plus aller à la fac. C'est fortement problématique. Je suis un étudiant boursier, je ne peux donc pas me permettre de rater trop d'heures de cours sinon, on va me retirer ma bourse. Si je n'ai plus cette dernière je ne pourrais plus continuer à vivre. On va me retirer mon appartement, je vais me retrouver à la rue sans pouvoir me payer un toit ou ne serait-ce qu'à manger. La liste de mes tourments me frappe alors à nouveau de plein fouet. J'agrippe ma tête dans mes mains et me mets à stresser. Dans quel enfer est-ce que je suis... ? A chaque fois que je songe à une petite zone d'ombre, elle en entraine des centaines d'autres. J'ai le sentiment d'être coincé dans une bulle noire douloureuse et avide de se nourrir de toutes mes émotions positives.
Je panique, je n'arrive pas à songer à une manière de m'en sortir alors j'ai peur. Me faire interner va également couter de l'argent, je n'ai aucunement les moyens pour ça... Mais est-ce que peux refuser ? Si je dis non est-ce qu'on ne va pas me dire qu'ils le feront de force... ?
Au secours, sortez moi de cette angoisse...
Une main sur mon épaule me fait sursauter. Je manque alors de tomber de mon lit mais on m'agrippe par les bras. Mon cœur s'accélère, il manque de se décrocher de ma poitrine. Je me mets alors à trembler et n'arrive plus à comprendre ce qu'il se passe.
- Léo ?
Cette voix ? Le visage face au mien s'éclaircit petit à petit. Le brouillard qui le couvrait disparait et alors un visage harmonieux m'est délivré. Il s'agit de celui de mon cher voisin. Je reste figé à la détailler, je suis incapable de réagir. Ne serait-ce que bouger ou parler, ces deux actions semblent si pénibles et complexes. Le visage de Raphaël parait quelque peu inquiet, il cherche à comprendre ce qu'il se passe, ses yeux parcourent alors tout mon corps à la recherche du moindre petit indice pouvant lui indiquer pourquoi je suis dans cet état.
- Tout va bien ?
Je meurs d'envie de dire non, de faire non de la tête. J'aimerais être capable de dire pour une des rares fois de ma vie : non, j'ai envie qu'on me réconforte, qu'on me rassure et qu'on m'aide. Mais impossible, comme toujours, le silence me domine. Cependant mon regard parle à ma place, mes yeux effarés sont braqués dans ceux de Raphaël que je n'avais même pas entendu entrer. Raphaël caresse mes bras de ses pouces, il semble entendre toute ma détresse. Il s'assied alors sur le rebord de mon lit et attend, laissant sa douceur s'emparer petit à petit de moi.
- Même si tu ne me réponds pas, tes yeux me disent que tu ne vas pas très bien. Je peux faire quelque chose ?
- Je ne sais pas...
C'est tout ce que j'arrive à chuchoter. Il passer alors une de ses mains sur ma joue comme pour m'apaiser. Une sensation étrange se crée dans mon bas ventre. C'est comme si milliers de petits papillons qui me taquinaient. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas senti cette sensation et pourtant avec lui, c'est presque à chaque fois qu'il me touche... Je sens que je vacille, que je perds mes moyens et que je fonds au moindre contact.
- Tu veux un câlin ? Ou tu veux écrire peut-être ? Attends, je vais sortir de quoi écrire !
Il me lâche et est alors sur le point de se lever pour récupérer son sac à dos qu'il a posé sur la chaise à côté du lit. Mais il s'arrête rapidement dans son élan. Je ne comprends pas non plus pourquoi il reste immobile à attendre jusqu'à ce qu'il baisse les yeux vers son tee-shirt. Je fais de même et me rends alors compte que je me suis agrippé au bas de ce dernier. Je sens alors que le rouge me monte aux joues. Mais qu'est-ce que je fais ?! Tu as l'air d'un enfant Léo, tu es parfaitement nul à te comporter de la sorte !! Je le lâche alors précipitamment et regarde ailleurs, ne sachant pas quoi faire. Il va vraiment finir par me trouver bizarre... Et encore, il ne sait même pas encore que je suis fou... Raphaël rit tout doucement :
- Tu peux le dire si tu veux que je reste près de toi, mais je ne vais pas m'envoler tu sais ? Mon sac est juste là.
Oui je sais ! Et c'est justement la raison pour laquelle je me sens complètement stupide ! Je me maudis intérieurement. Je le savais que si on se touchait tous les deux après je ne réclamerais que ça... J'en étais sûr...
- Je sais, j'aimais juste bien... l'odeur de ton tee-shirt...
Même mentir j'en suis incapable. Ce qui est pourtant assez risible et ridicule étant que ma vie toute entière n'est qu'un tissu de mensonges. C'est parfaitement paradoxal tiens donc...
- Étonnamment, je sens que tu mens. La voix joueuse de Raphaël parvient jusque moi.
Je me mords la lèvre inférieure. Qui ne s'en serait pas rendu compte ? C'était l'un des pire mensonges qu'on ait pu dire... Si je pouvais me taper la tête dans le mur je le ferais. Il attrape mon menton entre ses doigts et me fait tourner la tête vers lui de sorte à ce que nos visage se fassent à nouveau face. Je coupe presque mon souffle, ayant peur de respirer face à lui. Il m'impressionne tellement... Sa beauté me cloue sur place et lorsque nous sommes si proche lui et moi j'ai réellement la sensation qu'il m'est bien trop supérieur. Le regard rieur de cet être qui m'attire tant transperce le mien. Raphaël lâche mon menton, il voulait simplement capter à nouveau mon attention...
- Si tu veux vraiment un câlin tu peux le dire ou me le faire comprendre. Être un mec ne signifie pas qu'on doit cacher ce qu'on ressent ou qu'on doit refouler lorsqu'on va mal. C'est naturel de vouloir être consolé ou rassuré si on a peur ou si on est triste.
Sa voix est douce, elle glisse jusqu'à mes oreilles et y retentit telle une délicate mélodie. Ses mots sont toujours si justes... Tout ce qu'il dit est parfait, ça me touche en plein cœur. Me fait craquer toujours un peu plus pour lui.
J'aimerais le sentir dans mes bras, comme hier où il m'a pris pour me laisser partir en paix. C'était si reposant... Je n'aurais jamais cru que quelqu'un saurait gérer une situation de crise de la sorte. A la fin il voulait juste que je parte en ayant quelqu'un à mes côtés et c'est la plus belle preuve d'un cœur pur qu'il soit.
- Je suis pas contre... soufflais-je pour moi-même.
- Quoi donc ?
Je le regarde l'air exaspéré comme pour lui témoigner qu'il a très bien compris et que je ne pourrais pas mieux le dire que ça. Son petit sourire est si mignon, il m'inspire la confiance. Je sens qu'il n'est pas faux et pourtant j'en ai vu des sourires factices... En tout premier lieu sur mon propre faciès.
- Tu as pu prendre une douche au moins ? Sinon, pas de câlin. Je suis bien trop précieux pour ça.
Il fait mine de remettre ses cheveux derrière ses oreilles. Je lui mets un coup dans le torse. Autant je n'ai pas pu changer mes sous-vêtement car personne ne m'en a apporté, autant j'ai bel et bien pris une douche et changé de blouse !
- Je veux plus de câlin.
Râlais-je tout doucement alors que je le repousse en appuyant sur son torse. Je mens, j'ai toujours envie d'un câlin mais j'aimerais pouvoir le taquiner à mon tour, jouer avec lui. Je sens que je n'ai pas à avoir peur de le faire. Même s'il est vrai que je me surpasse à chaque fois que j'ose lui parler. Mon cœur bat d'ailleurs à un rythme effréné et les paumes de mes mains sont toutes moites. Je les essuie discrètement dans mon drap. Raphaël rit simplement et vient me prendre dans ses bras, m'enroulant de ces derniers. Je souris en posant ma tête sur son épaule. Je n'ose pas le serrer en retour, je reste alors immobile à profiter de son étreinte. Elle semble m'apaiser et soigner tous les maux de mon cœur. J'ai l'impression que pour une fois dans ma vie, tout va bien. L'univers n'est que bonheur et tendresse. La positivité à désormais pris le pas sur toutes les zones d'ombres de ma vie. Mon voisin me serre pendant de longues secondes semblant vouloir chasser toutes mes peines. Et honnêtement ? Ça a parfaitement fonctionné. Je me noie dans ce flot de sensiblerie qui se dégage de ce contact qui me semble si intime. Plus intime encore qu'une relation charnelle, ça qu'un qu'une étreinte mais je me sens plus en confiance et plus aimé que lorsque je donnais à celui que j'ai aimé. Je n'avais jamais senti un câlin si intense de part les sensations qu'il renvoie. Il est si pur et pourtant si intime, si personnel. Je m'éclaircis la voix et finir par me défaire de lui, me sentant pris au dépourvu par mes émotions. Je ressens trop de choses...
- Papier...
Quémandais-je alors. J'ai besoin de parler d'autres choses, d'oublier ce qu'il vient de se passer et toutes les choses qui m'ont traversé l'esprit. Je me sens complètement bouleversé. Mon corps est fébrile, il porte encore les marques de cette étreinte interdite. Comme si son corps avait laissé une marque brûlante sur mon être. Je détaille Raphaël qui pose le papier sur la table qu'il rabat devant moi. Je m'empresse de rédiger :
" J'ai quelque chose à t'avouer..."
Il fronce doucement les sourcils pour me témoigner qu'il est curieux. Je suis sur le point de lui expliquer qu'on m'a suggéré de me faire interner mais la peur me guette alors j'écris à la place :
" Je n'ai pas changé de caleçon..."
Et alors sa réaction me surprend : il explose de rire. Il ne devait pas s'attendre à cela. A vrai dire, moi non plus, je n'étais pas censé écrire ça du tout. J'étouffe un petit rictus et baisse la tête, me sentant honteux d'avoir avoué ça. J'espère qu'il ne pense pas que je suis sale... Je cache désormais mon visage dans mes mains, toujours ce petit rire du bout des lèvres. Son rire est si beau...
- C'est pas très propre ça.
Finit-il par prononcer lorsqu'il se calme. Il me détaille, faisant semblant d'être choqué par mon aveux. Je gribouille rapidement sur le papier pour me dédouaner :
" Oui et bien personne ne m'a apporté de quoi me changer..."
Ce qui est totalement vrai. Mes parents ne sont pas venus. J'aurais pu mourir ils n'auraient même pas été au courant... C'est si triste dit comme ça.
- Tes parents ne sont pas venus te voir ?
Mon cœur se serre. Il lit dans mes pensées ou quoi ? Je déglutis péniblement et lui réponds de vive voix :
- C'est compliqué...
C'est tout ce que je parviens à lui dire. Je ne suis pas capable de détailler le pourquoi du comment. Parce que si je le fais je vais devoir exposer les parties les plus sombres de ma vie et je ne suis pas prêt à lui dire. Je ne serais probablement jamais prêt à raconter certaines choses...
- Si tu veux je peux t'apporter du rechange, j'ai les clés de chez toi.
Je tourne la tête vers lui et le détaille, l'air de dire : comment ça tu as les clés de chez moi ? Face à son petit rire j'écris sur le papier :
" Comment ça ? "
- Je ne savais pas quoi faire quand ils t'ont amené à l'hôpital hier, je me suis juste dit que je ne pouvais pas laisser ton appartement ouvert alors après avoir nettoyé j'ai fermé à clé et gardé ces dernières.
Dans le fond c'est bien pensé, je ne peux le nier. Je préfère ça que savoir que mon appartement est porte grande ouverte et que n'importe qui peut venir se servir. Je n'ai pas beaucoup d'affaire mais j'ai tout de même mon ordi...
" J'espère que tu ne fouilles pas dans mon appart' au moins..."
Il arque les sourcils comme pour jouer avec moi. J'aime son côté taquin parce que je sens que c'est bon enfant. Il ne veut pas me mettre mal à l'aise ou autre, il veut juste que notre relation se détende, qu'elle soit naturelle et sans prise de tête et j'aime ça.
- Va savoir... J'ai peut-être trouvé des petits joujoux en faisant le ménage...
Je fronce les sourcils. Des petits joujoux ? De quoi il parle ? Je camoufle un petit rictus quand je comprends qu'il cherche encore à m'embêter.
" Si tu parles de sex-toys je n'en ai pas chez moi, mais bien tenté."
Je me débride un peu. Il m'a vu au plus bas, m'a accompagné dans ma mort pour me suivre dans ma renaissance, ça a tissé un lien spécial entre nous.
- Dommage.
Il fait la moue.
" Dommage que je n'en ai pas ou que tu n'aies pas réussi à me faire paniquer parce que tu aurais pu les voir ?"
Heureusement qu'on communique à travers les papiers parce que je n'aurais jamais réussi à dire ça à voix haute. Avant peut-être mais maintenant je manque de trop d'estime de moi-même. Ma confiance n'est qu'un lointain souvenir. Je ne sais même plus comment m'apprécier... Sartre a dit que : "l'enfer c'est les autres" mais dans mon cas : l'enfer c'est ma propre entité. Raphaël ne parle plus cette fois, il écrit :
" Pourquoi, tu aurais été gêné si j'étais tombé dessus ?"
Je réfléchis un bref instant. Je ne sais pas trop... Je n'arrive pas à savoir car le sexe est encore un sujet très tabou pour moi. Je ne m'imagine pas avoir de relations sexuelles avant longtemps. Ma dernière relation m'a laissé de profondes séquelles et penser au sexe me fait peur. Alors pour l'instant mon corps et tous les plaisirs liés aux relations charnelles restent tabou. Malgré le fait que je repense à tout ça je ne suis pas triste. La présence de mon voisin m'apaise, j'écris simplement :
" Je ne sais pas... Je n'arrive pas à savoir parce que j'ai banni le sexe de ma vie il y a quelques temps... Alors je n'en ai pas la moindre idée. J'aime bien que tu me taquines là-dessus c'est ''excitant'', j'aime bien essayer de rebondir également sur des allusions pas si innocentes mais je n'arrive plus à conceptualiser tout ça. Ça reste lointain... interdit."
Je déglutis péniblement, attends de voir sa réponse. Si ma personnalité étrange et mon début de folie ne l'ont pas fait fuir, mes révélations sur le sexe le feront peut-être ? Il lit attentivement. La conversation est sérieuse et alors je suppose que c'est pour cela que je silence est désormais parole d'or. Ni lui, ni moi ne voulons laisser place à des mots maladroits. Alors le papier est notre meilleur moyen pour retranscrire nos pensées.
" Tu as peur du sexe ?"
Je serre quelque peu les poings. Je suppose que c'est ça... J'ai peur du sexe, j'ai peur des êtres humains, j'ai peur de leur mesquinerie et de leur indifférence. Je suis effrayé par l'aspect social de ma vie.
" On peut dire ça je suppose ? J'ai eu de mauvaises expériences..."
" Uniquement liées au sexe ? Ou plutôt une mauvaise expérience avec une ancienne relation de manière générale ?"
J'inspire plus fort, ne m'attendant pas à ce qu'il me perce à jour ce la sorte. Je bégaie alors puis rapidement mon cerveau cesse de fonctionner. Je suis dénoue de toute parole et de toute capacité à rédiger. Comment il a pu deviner ? D'une main mon voisin serre ma main et de l'autre il rédige :
" Je ne poserai pas plus de question là-dessus si tu ne veux pas m'en parler. Ne t'inquiète pas, ne te mets pas dans tous tes états."
Il plonge son regard dans le mien comme si à travers ce dernier il voulait me faire ressentir toute sa sincérité. Je tente alors de rester calme et de me focaliser sur son souffle pour ne pas céder à la panique.
- Et sinon ton caleçon sale ? On revient dessus ?
- Arrête !
Je ris doucement et me défais de lui, je me sens si bête d'avoir écrit ça ! Je m'empresse alors de rajouter :
" Je ne suis pas quelqu'un de sale ! Je n'allais pas écrire ça en réalité... (Même si il est vrai que je n'ai pas pu me changer mais tu ne peux pas me juger au vu de ma situation !)"
- Je ne te juge pas.
Il me sourit simplement et m'envoute de part ses mots. Je tente de faire abstraction de son charme et continue ma rédaction :
" J'allais écrire tout autre chose... mais j'ai peur de ta réaction en réalité."
Il attrape le stylo de mes mains et écrit à la suite :
" Tu n'as pas à avoir peur."
Et il dessine une fleur. Je me mords doucement la lèvre et sens que le courage monte en moi. Pourquoi il est si adorable ? J'ai chaud ! Je me fais de l'air et alors il rit doucement. Je regarde dans sa direction et remarque que ses joues sont rouges. J'ai envie de les embrasser, de les presser contre mes mains, contre mes croissants de chair. Je me sens si bien à ses côtés. Il se met à me faire de l'air.
- Tu me fais le même effet si ça peut te rassurer.
Mon cœur implose, des milliers de petits fragments de bonheur parcourent mon corps. Je me sens extatique, dans une bulle de joie. Alors comme un automatisme je me mets à lui faire également un peu d'air. Je n'aurais jamais cru partager une relation comme ça avec quelqu'un. Nous nous détaillons. Chaque instant passé à ses côtés est une bouffée d'air frais, il me vivifie, me rend moi à nouveau. Je me perds dans mes pensées et me mets à parler :
- Tu es vraiment un être à part, c'est fascinant...
Ses yeux grandissent un peu plus, probablement car il a été surpris par ce que j'ai dit. Je me rends alors compte qu'en effet, les mots sont sortis tout naturellement. Je ne me sens pas bête pour autant ou mal à l'aise. Je suis juste heureux d'avoir réussi à parler à quelqu'un de manière si naturelle.
- Toi aussi...
Je me mets à sourire puis je sens mes joues devenir couleur pivoine. Je me ressaisis alors et écris. Je n'ai plus peur de lui dire, il ne me jugera pas et s'il le fait et s'enfuit mieux vaut que ce soit maintenant avant que je ne tombe profondément amoureux de sa personne...
" J'allais t'écrire que la psychiatre m'a suggéré de me faire interner... Elle pense que je suis un danger pour moi-même et donc que pour ma sécurité il serait mieux que je reste quelque temps à l'hôpital dans le service de psychiatrie. J'avais raison, je suis bel et bien fou..."
- Tu n'as pas fou. Elle veut simplement s'assurer que tu ne cherches plus à te faire de mal. C'est à toi de voir si tu veux saisir cette chance ou non. Elle t'a dit ce que tu avais ?
" Elle pense que je suis dans une dépression sévère mais pour être honnête je ne sais pas exactement ce que ça sous-entend. J'avais peur de lui demander comme je n'étais pas parfaitement libre de mes paroles à travers le papier..."
- Je ne suis pas un professionnel de santé mais je peux essayer de t'aider à comprendre si tu veux ?
Je fais oui de la tête. Pour être honnête je bois ses paroles. Notre conversation se déroule comme si de rien était. Lui il parle à voix haute, moi par le papier et ce système fonctionne très bien. Je ne me sens pas frustré et lui non plus je pense.
- Ça signifie que ton cerveau ne fonctionne pas comme les autres. Au lieu de t'envoyer des idées positives voire neutres, il t'envoie des idées noires et morbides que tu ne peux pas contrôler. Et ça te pousse à te faire du mal, psychologiquement et également physiquement parfois. Et comme dans ton cas, ça peut te pousser vers des idées suicidaires et des tentatives pour en finir. C'est une maladie très vicieuse et dure à combattre. Mais elle ne fait pas de toi un tueur en série ou un dangereux prédateur. Tu comprends ? Ça n'est pas facile de s'avouer qu'on est malade et si tu n'es pas encore prêt à te battre avec toi-même pour aller mieux te faire internet ne servira probablement pas à grand chose. Tu dois vouloir aller mieux.
Wow, il me fascine. Je suis sincère, je n'arrive pas à dévier mon regard de ses lèvres, j'avale ses paroles, je suis obnubilé par tout ce qu'il me dit. Je prononce simplement :
- Tu fais des études de psy ?
- Non, d'histoire.
Sourit-il. Je prends alors conscience que j'ai parlé à voix haute. Je dévie un peu le regard me sentant bête. Je repense à ce qu'il vient de me dire, il a raison : me faire interner pour me faire soigner ne servira à rien si je ne veux pas aller mieux. Mais je le veux ! Je le veux pour profiter de tous ces instants aux côtés de Raphaël. Je le veux pour que ma vie arrête d'être si sombre.
" Ça me fait peur parce que je ne peux pas quitter la fac à cause de ma bourse..."
- Tu recevras une attestation ne t'inquiète pas, ça t'excusera pleinement auprès de l'administration. Il y a toujours moyen de moyenner.
" Mais comment je vais rattraper les cours ?"
- Je suis sûr que les professeurs pourront te passer les cours par mail. Ne sois pas inquiet.
" Et mon appart ?"
- Je peux m'en occuper pendant ce temps.
" Mais le loyer... J'avais des problèmes financiers, mes parents ont arrêté de me payer mon appart..."
- On trouvera une solution. Dans l'absolu ce qui est important c'est que d'abord tu ailles mieux psychologiquement, après tu verras, toutes les solutions s'enchaineront bien plus naturellement parce que tu ne seras pas focalisé que sur les zones d'ombres.
Je fais oui de la tête. Il a raison, je dois arrêter de penser à tout ça. Ça ma stresse et ne m'aide aucunement à trouver de réelles solutions. J'inspire grandement comme pour me remettre de mes émotions. Je n'ai pas envie de pleurer, je me sens juste un peu submergé par l'avancement des choses.
Je dois m'en donner les moyens.
" Qu'est-ce que tu en penses toi ?"
Il écrit, comme si ça allait avoir plus d'impact :
" Et toi alors ? Tu veux essayer ?"
" Tu resteras... ?"
" Alors je ne me ferais pas interner pour tes beaux yeux mais oui, je serais là. Moi ça ne me fait pas peur. Je pense que si tu as survécu c'est pour une bonne chose. Je suppose qu'on t'a déjà dit que c'était un miracle que tu sois en vie ?"
Je fais oui de la tête. C'est vrai, ça doit vouloir signifier quelque chose. Je ne crois pas particulièrement au destin mais il n'est pas impossible que quelque chose dans cet univers m'est indiqué que ça n'était pas mon heure. Que je devais me laisser une chance auprès des bonnes personnes. J'écris :
" Tu es mon miracle."
Avec une jolie fleur. Il sourit tendrement et dessine simplement une fleur à côtés de la mienne. J'ai envie de lui parler pendant encore des heures ! Je ressens une connexion toute particulière entre nous.
Ça me donne envie d'essayer.
*************
Devinez qui est malade ? :) En ce moment niveau santé c'est pas trop ça, mon corps de faible me le fait bien savoir. C'est vraiment chiant car du coup j'ai juste envie de rester clouée au lit aha...
Sinon, après 21 ans passés à être très très allergique aux chats (plus haut niveau d'allergie, asthme et tout le tralala), j'ai trouvé un chat auquel je ne suis pas allergique *-* Et pourtant il n'est pas du tout issu d'une race hypoallergénique. Du coup j'ai un piti chat trop mims à la maison, mon cœur fond totalement.
J'avais cassé mon bracelet œil de tigre et on m'en a offert un nouveau, j'espère qu'il va à nouveau m'aider à contrebalancer mon mauvais karma :') Parce que réellement, ma vie se résume à : avoir la poisse :')
Une petite surprise sera annoncée dans le courant de mars, normalement ça devrait en intéresser certains parmi vous héhé ~
Sinon pour revenir à l'histoire je me posais quelques questions. Je me demandais si cette histoire va à un bon rythme selon vous ? Est-elle trop lente, trop rapide ? La relation entre Raph et Léo avance-t-elle assez pour vous ? Est-ce que cette histoire prend un tournant qui ne vous plait pas ? (Hôpital psychiatrique, dépression, etc...). Je me pose tellement de questions ! J'ai peur de vous décevoir avec ce que j'ai prévu ;-;
Est-ce qu'il y a trop de narration et trop peu de dialogues ? Haaa tout me stresse :')) Ce chapitre était un peu plus long il me semble, ça vous va niveau longueur ? (désolé pour toutes ces questions ;-;)
PS : Wow j'ai passé les 950 subs !! *-----* Je suis bien trop heureuse, plus que les derniers 50 subs avant les 1000, ça va être long mais pas impossible je l'espère ! Un énorme merci à tout le monde.
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