Un délicieux interdit
- Allez on se réveille les deux princesses !! L'activité va commencer, on nous appelle !
La voix d'Alexis retentit jusque moi. Je m'étire longuement tout en geignant. Alors que j'ouvre lentement les yeux la vision qui m'est offerte me surprend et fait battre mon cœur plus vite encore. Raphaël est allongé face à moi, son regard est toujours embrumé, à priori il vient également de se réveiller. Nous sommes dans la même position que lorsque nous nous sommes presque embrassé tout à l'heure. Son front est collé au mien, le bout de son nez chatouille le mien et son souffle me berce. Il sourit tendrement et s'étire à son tour. Je me rends compte tout d'un compte que je suis en train de baver. Oh la honte !! C'est le pire réveil possible face à celui qui me rend tout chose ! Je suis sur le point de m'essuyer la joue mais Raphaël le fait avant moi en riant tout doucement.
- Tu dormais si bien que ça ?
Je n'ose pas répondre. Il faut croire que oui... je dormais très bien. Mon cœur bat de plus en plus vite et de plus en plus fort. Son regards se confrontent dans une danse parfaitement coordonnée. Ils ne se lâchent plus, se cherchent, se taquinent en silence.
- Faut que je vienne vous secouer moi-même ?
- On arrive... râlais-je.
J'ai envie de prolonger ce doux moment aux côtés de Raphaël. J'ai beau me sentir bête parce qu'il m'a surpris en train de baver malgré tout, je me sens finalement bien à ses côtés. Je souris de manière béat et lui avoue :
- J'ai un peu de mal à dormir...
- Pourquoi donc ?
Il remet mes cheveux en place, tout en détaillant mon visage. Je remarque que par moment il pose son regard sur mes lèvres. Je sais ce à quoi il pense et la même idée me traverse en boucle depuis que je suis éveillé mais je tais cette pulsion et tente de rester calme.
- Je ne sais pas trop... Mais il faut croire que tu m'apaises, j'avais rarement aussi bien dormi...
Je me redresse alors, me sentant un peu timide après avoir avoué cela. Je sais que je suis tout rouge... Je frotte alors mes joues et mon visage pour mieux me réveiller. Alexis me fait les gros yeux et fait des gestes incompréhensibles avec ses mains. Il semble tout excité. J'étouffe un petit rictus lorsque je comprends qu'il tente de m'embêter parce que les choses se concrétisent avec Raphaël. Je m'éclaircis la voix et alors que je suis sur le point de me lever, je sens la main de Raphaël glisser sur la mienne. Ses doigts attrapent farouchement les miens pendant des brèves secondes avant qu'il se redresse sur ses pieds.
- Il y a souvent des activités organisée dans l'HP ?
Il demande cela comme si rien était. Moi je suis encore tout chose, je tente de calmer mes émotions. Alexis fait mine de réfléchir et répond assez rapidement :
- Toutes les semaines, parfois une semaine sur deux. l'HP essaie de mettre en place des moments ludiques et créatifs entre les pensionnaires et leurs proches.
C'est vrai que c'est une bonne initiative, ça va me permettre de passer un peu plus de temps avec mon voisin et d'apprendre à le découvrir par la même occasion.
- Tu as des proches qui t'attendent aujourd'hui ?
- Moi ? ricane-t-il. Oh non, ça risque pas.
Je me redresse à mon tour et enfile mes chaussures. C'est triste pour Alexis en réalité... Il doit se sentir seul, c'est sûr. Il a beau être extraverti, j'ai bien remarqué qu'il ne pense de temps avec relativement personne ici excepté moi. Avant que j'arrive il ne devait pas avoir d'ami je suppose... Et encore, je ne sais même pas s'il me considère réellement comme son ami. Pour ma part, je le perçois comme tel. Il m'inspire énormément et il m'est d'une grande aide et d'un grand soutien. Il me permet d'avancer.
Alexis s'approche de moi en se dandinant, tout sourire et semblant fier de lui. Qu'est-ce qu'il manigance encore ?
- Tu devrais regarder ton portable...
Sa voix amusée et guillerette me fait bizarre. J'attrape mon portable mais ne vois rien de particulier et lorsque je l'allume je n'ai pas non plus de notification particulière. Raph semble intrigué par ce que nous manigançons, il pose un genoux sur le lit et alors il regarde par dessus mon épaule pour regarder l'écran de mon téléphone mais rien n'apparait.
- Mais non idiot, dans tes photooooos ~
Et il ricane comme un enfant qui a fait une bêtise avant de s'éclipser hors de la chambre. Je fronce les sourcils et tourne légèrement la tête pour regarder mon voisin du coin de l'œil. Il semble tout aussi confus que moi. Je sens sa présence dans mon dos, elle est loin de m'angoisser, au contraire, je meurs d'envie qu'il me prenne dans ses bras. Il n'ose probablement pas parce que nous ne sommes pas ensemble et que les choses avancent très lentement entre nous mais j'aimerais qu'il prenne les devants. Il ne veut pas me brusquer, j'en suis sûr alors il reste très sobre dans ses actions mais là, je veux juste qu'il enroule ses bras autour de moi, qu'il colle son corps contre le mien et qu'on partage ce moment pendant quelques minutes. Ça me ferait tellement de bien...
- Alors, tu regardes ?
- Qu'est-ce que tu crois qu'il a fait ? questionnais-je.
- Très bonne question.
Je me dirige alors dans la galerie de mon portable pour voir ce qu'il a fait quand mes yeux s'arrondissent comme des billes.
- Comment il a... ?
J'ouvre la photo pour qu'elle s'affiche en grand. Alexis a pris une photo de nous lorsque nous étions entrain de dormir. Mon cœur s'affole, je me sens complètement fébrile. Raphaël pose simplement sa tête sur mon épaule, il attrape mon portable dans ses mains et le rapproche de son visage pour mieux voir.
- T'es tout mignon quand tu dors.
- A-Arrête ! Dis pas n'importe quoi !
Je récupère mon portable, me sentant parfaitement idiot. Même si je suis gêné à l'idée qu'il nous ai vu collé l'un contre l'autre, en train de dormir je suis tout heureux qu'il ait pris cette photo. Ça me fera un souvenir de nous deux. Le menton de Raph est toujours posé sur mon épaule, je n'arrive pas à bouger car je ne peux pas casser ce moment. Je déverrouille à nouveau mon portable et vais dans mes notes. J'ai envie qu'on se livre plus l'un à l'autre, autant moi que lui. J'écris devant son regard attentif :
" Tu as peur de me brusquer ?"
Ses bras passent de part et d'autre de mon corps pour attraper mon téléphone. Il pianote sur mon clavier :
" Et toi ? Tu trouves que je te brusque ?
- Ne retourne pas la situation, je t'ai posé la question en premier.
- Je ne veux pas faire quelque chose qui te ferait te sentir mal en effet. Pourquoi donc ?"
Parce que j'aimerais qu'il prenne des initiatives, comme maintenant. Qu'il me fasse me retourner, qu'il dépose ses lèvres contre les miennes ou je ne sais pas, qu'il me serre fort contre lui... Je pince mes lèvre entre elles, est-ce que je peux réellement écrire quelque chose comme ça ? Je ne récupère pas mon portable de ses mains et fixe simplement l'écran. Alors qu'un nœud me serre la gorge je m'efforce tout de même à chuchoter telle une plainte :
- Serre moi contre toi...
J'ai l'impression que mon cœur va exploser ! Je souffle longuement pour tenter de dégager toute la peur qui me tient en joue. Rapidement, le corps de Raph vient se coller délicatement au mien, son torse se presse contre mon dos et ses bras m'enroulent parfaitement. Je souris et viens m'agripper à ses avant-bras, savourant ce doux moment.
- Comme ça ?
Sa voix perd en tonalité, elle devient plus intime, plus riche en émotions. Mon cœur gagne en surprise, il se met à battre la chamade. Je tremble de partout. Non pas parce que j'ai peur mais parce que je suis complètement sous le coup de mes émotions. Je serre ses bras et réponds :
- Comme ça...
Il est toujours à genoux sur le matelas, il se rapproche un peu plus de moi et ses jambes se posent de part et d'autre de mes hanches pour qu'il puisse mieux m'enlacer et me serrer contre lui.
- Je n'ai pas peur de toi... Tu ne me brusque pas, au contraire...
J'ai peur de continuer ma phrase, d'aller trop loin... mais d'un autre côté je veux être capable d'aimer librement, en m'abandonnant totalement à la personne que j'aime. Et celle que j'aime c'est Raphaël... Je veux qu'il le sache, qu'il se rende compte de l'impact qu'il a sur moi et que c'est parce qu'il est dans ma vie que je veux aller mieux. Sa tête se colle à la mienne tandis que son corps comprime un peu plus le mien. Alors que la timidité revient au galop je me risque à finir ma phrase :
- Au contraire, tu me donnes envie d'aimer à nouveau...
Mon cœur n'a jamais battu aussi vite de toute sa vie, j'ai presque l'impression qu'il me fait mal. Est-ce que par hasard il est capable de l'entendre ? Ou peut-être de le ressentir étant donné que nous sommes collés l'un à l'autre... Mes mains sont toutes moites et je commence à fondre de l'intérieur.
- Je ne désire que ça, t'aider à succomber dans une relation pure.
Je tourne timidement la tête vers la sienne. Il semble avoir le visage rougi, il est gêné à son tour ? Ça me rassure et me donne un peu plus confiance en moi. Je pose une de mes mains sur sa joue marquée par la gêne.
- Je sais que tu n'as pas peur de moi, je le vois à la manière dont tu me regardes mais parfois j'angoisse à l'idée de dire ou faire quelque chose qui te ferait fuir.
- Comme quoi ?
- Je ne sais pas... Un baiser de trop, une caresse un peu trop insistante, un regard trop déplacé...
Je me mets à rire, trouvant sa déclaration très mignonne. Puis je fuis de ses bras, me sentant éperdu de sa personne. Il semble surpris que je me défasse de son emprise. Je descends simplement du lit et le détaille. Il est toujours agenouillé sur le matelas, pour une fois, c'est moi qui le regarde de haut. Sa tête est pointée vers le haut en direction de la mienne.
- Je vais dire un truc gênant alors je m'apprête à fuir...
Il penche quelque peu la tête sur le côté, ne semblant pas réellement comprendre. Il est grand temps que j'apprenne à me détacher du papier ou de mon portable, je dois apprendre à communiquer à nouveau comme je le faisais avant. Je pourrais partager des moments plus intenses avec lui. Je prends une grande inspiration et balance sans réfléchir :
- J'ai clairement envie que tout ça se produise. Tu ravives en moi des envies que je pensais complètement mortes.
Je tourne alors rapidement les talons et m'empresse de sortir de la chambre ayant peur de sa réaction ou de ce qu'il pourrait se produire à cause de ce que je viens de dire. Mais qu'est-ce qu'il m'a pris ?! Il me rend réellement fou, avec lui je perds tous mes moyens et je mets à changer. Je dis et fais des choses que je n'aurais pas cru possible. J'ai toujours aimé être provocateur comme ça ? Peut-être que c'est à cause de ça que mon ex était comme ça avec moi... Je suis probablement trop aguicheur et il a pris cela pour un manque de respect envers moi même et m'a alors traité sans considération, se préoccupant uniquement de ses propres désirs sexuels... Je ravale mes larmes à ces pensées et rejoins le hall principal, toutes les tables ont été réunis pour former des ilots de quatre. Plusieurs pensionnaires sont accompagnés de personnes externes à l'HP mais ça n'est pas le cas de tous. Mon regard finit par se poser sur Alexis qui est seul et un ilot et qui attend les consignes. Je sens une main frôler la mienne, je ne sursaute pas pour autant, je sais qu'une seule personne me toucherait de la sorte. Je souris alors simplement, il n'a pas pris peur ou ne m'a pas trouvé bizarre malgré ce que j'ai dit avant de partir...
- Tu veux qu'on aille se mettre avec Alexis ?
Je fais oui de la tête. J'aime passer du temps avec Raphaël il est vrai mais je ne veux pas non plus abandonner Alexis. Je suis sûr que c'est dur pour lui de regarder tout le monde ou presque être heureux avec ses proches alors que lui est complètement seul. On le rejoint rapidement, il semble confus et s'empresse de balbutier :
- Non mais allez à une table rien qu'à deux !! Je suis très bien tout seul !
Je sais bien que non, ça se voit sur son visage. Le sourire qu'il transporte est complètement factice. J'arque les sourcils comme pour lui dire que je sais qu'il ment. Raphaël prend la parole à ma place :
- Et nous on est bien avec toi.
Raphaël s'est assis à côté de moi et moi je suis assis en face d'Alexis. Ce dernier baisse la tête et sourit. C'est mon ami, je ne vais pas le laisser de côté même si mon charmant voisin est là. Tout le monde est désormais présent, les aides soignants sont là pour nous indiquer les "consignes" de l'activité.
- Cette semaine on va faire de la mosaïque. C'est en réalité beaucoup moins complexe qu'il n'y parait, ne vous inquiétez pas.
De la mosaïque ? Je n'en ai jamais fait de ma vie. On installe sur notre table des morceaux de céramiques -je ne suis pas sûr- ainsi que des pinceaux et de la peinture acrylique. J'admire ce qu'on vient de nous poser vers la table. Alors que les aides soignants expliquent quelques détails moi je me sens happé par ces morceaux sur la table. J'y amène une de mes mains et en attrape un entre mes doigts. Je le fais tourner sur lui-même et l'admire. Alexis et Raph me fixent tous les deux et se jettent également quelques regards. Je passe le bout de mes doigts sur les côtés du morceaux et me rends alors compte qu'il ne coupe aucunement, ils l'ont parfaitement poli avant de nous les présenter. Ils ont réellement pensé à tout. Dans un parfait silence, la main de Raph se superpose à la mienne et alors il me fait lâcher ce morceaux qui m'hypnotisait tant.
- Je n'ai pas essayé de...
Tentais-je alors de me défendre mais je ne parviens pas à finir ma phrase. Non, je n'ai pas voulu savoir si je pouvais potentiellement m'ouvrir les veines... J'étais juste curieux car ça avait l'air coupant et que je trouvais ça dangereux dans un lieu comme celui-là. Alors que je panique un peu car je pourrais avoir donné de fausses idées à mon ami ainsi qu'à mon coup de cœur, je sens la main de ce dernier se poser au-dessus de mon genou comme s'il voulait me rassurer.
- Vous devez remonter vos manches car l'acrylique tâche fortement et ne peut pas se laver. Vous pouvez commencer.
Et alors tout le monde s'affaire à remonter ses manches. Moi je reste figé. Alexis est tout content, il a déjà agrippé quelques morceaux de céramiques et il s'empresse d'en peindre certains en noir de manière purement sobre. Il a remonté ses manches sans aucun soucis, sans même se poser une seule question. Il n'a pas hésité, c'était un automatisme. Moi en revanche... Je n'en ai pas le courage. Je n'ai plus mes bandages depuis le temps et désormais mes cicatrices sont parfaitement visibles... Elles sont grosses, très moches et enlaidissent mon corps. J'en ai honte, Raph ne les a encore jamais vu... Ce dernier semble remarquer mon malaise puisqu'il dit :
- Tu peux remonter tes manches tu sais.
Je n'ose même pas le regarder dans les yeux. Je me sens simplement étouffé par cette demande. Alexis relève la tête vers nous, il fixe mes avant-bras toujours pas dénudés.
- Carrément, personne ne va faire de remarque sur tes cicatrices. Il rit, c'est clairement pas moi qui vais te juger là-dessus.
Il ouvre grand les yeux et grimace quelque peu, me faisant alors comprendre qu'il veut jouer la carte de l'humour pour me mettre à l'aise. J'aimerais que ça fonctionne mais quelque chose en moi me bloque...
- Je ne te juge pas non plus. Personne ne va se préoccuper des traces que tu peux avoir sur ton corps.
Je déglutis péniblement. Je veux fuir, partir loin... Alexis remontent un peu plus ses manches comme s'il voulait m'inciter à faire de même, je reste simplement interdit à fixer ses cicatrices. En réalité ça ne sont pas ces dernières que je détaille mais la facilité qu'il a eu de mettre sa peau à nu devant le regard de tout le monde dans cette pièce...
- Tu sais que je te trouverai toujours aussi charmant même les manches relevées ?
- Et moi je compte pas me moquer, je suis très mal placé pour ça. J'ai l'air d'avoir été haché menu.
Il hausse les épaules et retourne à ses occupations en peignant tout simplement. J'étouffe un petit rictus, me sentant submergé par toute la positivité qu'ils m'envoient. J'aime l'humour noir et déplacé d'Alexis et j'aime également toute la douceur et le réconfort des paroles de celui que j'affectionne tant. Raph pose ses mains sur mes manches et me demande :
- Je peux te les relever ?
Je prends mon courage à deux mains et fais doucement oui de la tête. Je dois y arriver, il faudra bien que je finisse par m'y faire, que je parvienne à les montrer même si elles me rappellent des choses douloureuses que je ne veux plus revivre. Mon voisin s'affaire à remonter mes manches révélant alors mes cicatrices au grand jour. Je tente d'en faire abstraction et attrape un pinceau et de la peinture pour commencer à créer ma mosaïque à mon tour. Je regarde du coin de l'œil Raph, il semble heureux et fier de moi, il n'a pas idée à quel point cela me fait sentir plus fort. Il me pousse à me surpasser.
Alors que nous sommes parfaitement occupés et que chacun de nous avance bien dans son projet, Raphaël attrape mon bras et le maintient contre la table. Je le fixe, ne comprenant pas ce qu'il fait. Détaille-t-il ma cicatrice ? Ça me met mal à l'aise, je ne veux pas qu'il l'observe de la sorte... Mais alors que je suis sur le point de me défaire de son emprise étouffante il dessine une tête de poisson d'un côté de ma cicatrice et de l'autre il fait une queue. Je relève la tête vers lui :
- T'es sérieux ?
Il se moque de moi ou quoi ? Alexis relève la tête pour comprendre et lorsqu'il voit que Raph vient de se servir de mes cicatrices pour faire un poisson mort dont on voit les arêtes, il explose de rire.
- Oh putain c'est trop bien pensé !!
- Je suis pas très talentueux dans le domaine artistique mais j'avoue que j'en suis pas peu fier.
- Tu te moques de moi ? fais-je mine de m'offusquer en lui mettant une tape dans l'épaule.
Je ris également à mon tour de manière plutôt audible, les gens autour de nous semblent surpris de m'entendre rire mais je n'y prête pas attention, je suis juste extrêmement amusé. En réalité son idée était excellente. Alexis immortalise le moment en prenant mon avant bras en photo.
- Au moins l'une de tes cicatrices a l'air plus... vivante ?
- Tu lui as dessiné un poisson mort sur le bras, tu appelles ça "plus vivant" toi ?
Raph grimace, se sentant visiblement un peu bête suite à la remarque de mon ami. Je continue à rire. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas ri de la sorte ! J'aime son dessin à la peinture sur mon avant-bras, ça camoufle ma cicatrice, la rend utile et esthétique.
- Et moi qu'est-ce que je devrais te dessiner ?
Je lui agrippe le bras, le prends en otage et réfléchis. Il se laisse faire, semblant franchement amusé par la situation. Je me sens tellement bien, rien ne me tourmente. Je suis dans un état d'esprit sain, dans un cadre équilibré avec des personnes qui me sont chères, que demander de plus ? Sortir peut-être ? Mais ça, ce sera la prochaine étape. Je m'amuse finalement à dessiner une jolie fleur sur le dos de sa main.
- Désolé, elle est super moche...
En effet, elle est totalement ratée, j'ai moi-même du mal à affirmer que j'ai bel et bien dessiné une fleur...
- C'était censé être quoi ? demande Alexis.
- Une fleur...
- Ça fait bien longtemps que t'as pas mis les pieds dehors alors, rit-il. Parce que là elle est en stade de décomposition ta fleur...
Je grimace et fais mine de bouder. Oui, bah j'ai fait du mieux que je pouvais, je ne suis pas un artiste :
- En vrai, si on regarde de loin ça passe... ajoute Raph avec un air de malice dans la voix.
Il se retient de se moquer, je l'entends, à tout moment il est capable d'exploser de rire. Je me venge en lui mettant un petit coup dans l'épaule. Il est censé me soutenir ! Pas m'enfoncer... Il décide de riposter en passant son indexe dans la peinture et en appuyant ce dernier sur le bout de mon nez.
- Hey !!
Je souris fortement et le retiens par les poings pour limiter les dégâts mais il parvient tout de même à m'asséner un nouveau coup et alors je sens que j'ai de la peinture sur la joue. Raph rit et se met à me taquiner.
- C'est bon, j'arrête, promis.
Je lui fais alors confiance et lui lâche les poignets. Il ne continue pas à faire de mon visage une toile vivante et ricane simplement dans son coin. Je l'admire, adorant toute la pureté et la chaleur envoutante qui se dégage de sa personne.
- Je vais me débarbouiller...
Je me lève de ma chaise et me dirige alors vers ma chambre. Je me sens tellement heureux, léger. J'aime cette sensation de liberté et d'allégresse. Je me dirige joyeusement dans la chambre puis dans la salle de bain. Une fois dans cette dernière, j'allume l'eau du lavabo et me mets à frotter ma joue pour faire partir la peinture du mieux que je peux. Alors que je mouille à nouveau le gant de toilette mes yeux se baladent sur le poisson que m'a dessiné Raph. C'était une idée sincèrement ingénieuse, je l'aime... Alors que je me complais à admirer son œuvre je sens une présence dans mon dos. Je relève doucement la tête et aperçois le reflet de Raph dans le miroir.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je viens t'aider.
Il me fait me retourner et attrape le gant de toilette pour me retirer la peinture que j'ai sur le nez et sur la joue. Je me laisse faire, l'observant simplement. Il est concentré.
- J'avoue que je suis également venu pour qu'on soit un peu tous les deux.
Mon cœur commence à battre plus fort. Je m'agrippe à son haut et le regarde intensément dans les yeux. Mon voisin est focalisé sur sa mission, il cherche réellement à me retirer la peinture du visage et je trouve ça très mignon.
- Dis moi, ça voulait dire quoi ce que tu m'as dit tout à l'heure avant de t'éclipser à la vitesse de la lumière ?
Sa voix est joueuse, toujours très rassurante c'est vrai mais parsemé d'une frivolité subtile. Je repense alors à ce que je lui ai dit et je me sens alors rougir.
- Si j'ai fui c'est justement pur éviter de me retrouver dans ce genre de situation...
Je ne me braque pas, je m'amuse simplement de ce moment. Je me sens tellement à l'aise. Plus les secondes défilent à ses côtés, plus je parle librement sans me préoccuper de quoi que ce soit. Raphaël m'attrape par le menton et repose le gant de toilette, il semble attendre une réponse.
- Je ne pensais pas à aller aussi loin que tu l'imagines toi, avouais-je alors en osant me confronter à ses yeux d'une intensité toute particulière. Mais... Je me disais... que...
- Prends ton temps.
De sa main libre il remet mes cheveux derrière mes oreilles, il écoute attentivement.
- Que je suis pas totalement réfractaire à l'idée qu'il se passent certaines choses entre nous...
Il sourit tout doucement et semble flatté par mes propos. J'ai l'impression que je vais mourir de chaud ! J'aimerais de faire de l'air ou me passer de l'eau froide sur le visage. Surtout que je pourrais, je suis juste à côté du lavabo...
- Et que dirais-tu de commencer par un délicat baiser ?
J'ouvre un peu plus grand les yeux. Bien sûr que ça me dit ! Je ne rêve que de ça depuis des jours ! Surtout depuis qu'il est arrivé à l'HP. On a tenté tellement de fois de se livrer à cet interdit en vain... Je me sens frustré, je sens que ses lèvres m'appellent et j'adorerai céder. Je n'ai plus peur, avant c'était ce qui me faisait fuir mais maintenant je veux juste m'abandonner à lui. Je regarde autour de nous comme pour m'assurer qu'il n'y ait personne.
- Tu es sûr que cette fois-ci on va pouvoir s'embrasser ? Il y a pas... Je sais pas moi... une comète qui va s'écraser dans la chambre ?
Il rit tout doucement et hausse les épaules l'air de dire : avec notre chance, c'est pas impossible.
- Tu parles vraiment de plus en plus tu sais ça ?
- Faut dire que mes séances de psy semblent fonctionner. Puis quand je te vois...
Je m'arrête, la fin de cette phrase est gênante. Elle me donne chaud rien que d'y penser. Je pince mes lèvres entre elles et dévie quelque peu le regard. Est-ce que je vais oser lui dire qu'il me donne des ailes quand je le regarde ? Que dès que mes yeux se posent dans les siens je veux juste m'y noyer, vivre une nouvelle vie et laisser derrière moi toutes mes angoisses ? Son corps s'appuie doucement contre le mien.
- A quoi tu penses quand tu me regardes ? chuchote-t-il.
Je frisonne et meurs d'envie de craquer. Je pers mes moyens et réponds simplement :
- Je veux me livrer à toi.
Il semble surpris par ma déclaration. Je pense que c'est le moment de l'embrasser, tout est parfait. Peut-être pas l'endroit, c'est vrai... On est entre les toilettes et le lavabo, on a connu plus charmant comme lieu pour un premier baiser mais peu importe. Tout ça n'a pas d'importance puisque la sincérité de ce moment prend le dessus.
- Approche toi...
Je lui fais signe de s'approche de moi avec mon indexe. Je refuse de passer à côté de ce baiser. Alors sans un mot, son visage vient se rapprocher du mien. Je commence déjà à sourire, sachant ce qu'il va se produire entre nous. Raphaël met un coup de pied dans la porte de la salle de bain, cette dernière se referme derrière lui. Son sourire ravageur devient de plus en plus timide et vague. Il semble focalisé sur le moment. Son souffle se mêle lentement au mien. J'admire son beau visage alors que j'entrouvre doucement mes lèvres pour accueillir les siennes qui semblent connaitre le chemin menant aux miennes.
- Je peux ?
Et alors je craque, je capture ses lèvres entre les miennes et scelle nos âmes l'une à l'autre. Dans un geste habile et parfaitement mené, nous nous embrassons. D'abord du bout des lèvres mais rapidement, nos lèvres se pressent encore plus fortes l'une contre l'autre. Alors que mon voisin passe une de ses mains dans ma nuque pour m'attirer à lui et ne pas me laisser partir, moi je noue mes mains dans sa nuque pour l'entraîner contre moi. Mon corps se retrouve plaqué contre le lavabo, je repose légèrement mon poids sur ce dernier. Je profite de ce doux baiser. Toute la langueur et le désir qui découle de cet échange fait pétiller mon cœur. Je me sens virer dans un monde nouveau. Nos bouches se cherchent, à chaque fois qu'elles se séparent pour nous permettre de respirer nous les scellons le plus rapidement possible. Le ballet gracieux qu'elles dessinent me donne des papillons dans le ventre.
Me complaisant parfaitement de ce baiser perdant haleine petit à petit je laisse passer un petit gémissement. Ce dernier trahit tout le plaisir que je ressens et alors je me sens un peu gêné. Raphaël me vole un dernier baiser et se recule de moi, le sourire aux lèvres. Il se mord ces dernières et susurre :
- Tu m'enivres tellement que ça en devient une addiction...
******************
Un long chapitre remplit de rapprochements entre Raph et Léo !! Enfin leur premier baiser !!! Il était temps quand même ! Je me suis rendu compte qu'on était déjà au chapitre 20 et qu'ils n'avaient rien fait tous les deux pas même un petit bisous alors je me suis dit qu'il fallait arranger ça. J'ai peur que cette histoire avance trop lentement à votre gout :/
Qu'en pensez-vous ? Et qu'avez-vous pensé de ce chapitre aussi ? Moi j'ai adoré l'écrire !
J'ai hâte de vous livrer le prochain chapitre ! Je ne sais pas encore ce qu'il va s'y passer mais je pense que ce sera croustillant ~
Comme j'aime bien vous montrer mes dessins je vais vous en montrer un nouveau :
Votre avis ? ~
Comme toujours n'hésitez pas si vous avez des idées de choses qui pourraient se produire dans cette fiction ~ Par ailleurs je n'ai toujours pas eu la foi de changer le titre et de refaire une couverture. Je suppose que je ne le ferai jamais mdr :') Pas de ma faute si moi je l'aime mon titre x)
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