Un ange aux ailes de sang
J'ouvre lentement les yeux mais je me fais éblouir. Cette lumière blanchâtre est pénible, elle me pique les yeux. Le vif éclat qui pénètre mes yeux finit par me faire craquer et alors de referme les yeux. Je tente de les rouvrir péniblement et m'adapte petit à petit à la lueur fringante de cet endroit que je ne reconnais pas. Je suis parfaitement réveillé, ou du moins mon corps semble l'être, mon esprit en revanche, c'est un autre sujet. J'ai l'impression d'avoir le cerveau complètement embrouillé, c'est comme si j'étais plongé dans un brouillard qui m'empêchait de comprendre où je suis et ce qu'il s'est passé au cours des dernières heures. Je fronce les sourcils et fixe le plafond parfaitement blanc. Je ne comprends rien. Une certaine douleur finit alors par me faire reprendre peu à peu mes esprits. Elle n'est pas intense, elle me picote simplement la surface de l'épiderme. Je regarde alors autour de moi.
La pièce est vide, on dirait une chambre d'hôpital. Ça n'est que lorsque que mes yeux se posent sur mes avant-bras bandés que je comprends. Je me rappelle enfin de ce qu'il produit. Je me tends alors, sentant un poids pesant dans ma poitrine. Une douleur émotionnelle me traverse. Je me sens lourd et impuissant. Je fixe mes bras, admirant les bandes blanches et qui contrastent parfaitement avec tout le sang qu'il y avait sur ces derniers la dernière fois que je les ai vu.
J'ai tenté de me suicider.
Tout me frappe de plein fouet, la souffrance physique que j'ai ressenti, ainsi que ce désarroi et ce chagrin qui m'a tourmenté il y a de cela quelques heures -je suppose-. Alors que je prends le temps pour observer la chambre, je me rends compte que je suis complètement seul. Il n'y a personne... Alors que je réalise cela je sens que les larmes me montent aux yeux et à cet instant précis j'en viens à profondément regretter d'avoir survécu. Malgré ce qu'il s'est passé et l'appel qu secours que j'ai lancé, personne n'est là pour moi. Ma famille n'est pas à mon chevet et mon voisin a préféré faire le choix de ne pas être là non plus... Il faut dire que je l'ai entrainé dans ce drama malgré lui, il n'avait rien demandé et ne me doit absolument rien. Et pourtant, même si je sais parfaitement cela, je me sens blessé au plus profond mon de être. J'ai l'impression qu'on m'a arraché une partie du cœur, ce dernier est si douloureux. Il me fait mal, il me hurle toute sa tristesse. Je suis emplis de remords. J'aimerais remonter dans le temps, faire en sorte d'avoir fermé à clé ma porte et que personne ne puisse me sauver la vie.
A quoi bon avoir survécu si c'est pour que je me retrouve à nouveau seul et que je sois encore confronté à mes propres démons. Si j'avais su que le contrepoids serait si pénible et lourd à porter, j'aurais fait en sorte que cette tentative réussisse. Je me mets alors à pleurer en silence, les larmes roulent toutes seules, je n'arrive pas à les contrôler. Elles semblent trouver leur chemin, comme si c'était naturel pour elles de rouler sur mes joues. J'étouffe quelque peu sous mes pleurs mais je tente d'en faire abstraction.
Finalement, savoir que je suis à nouveau seul est un fardeau insupportable. Cette souffrance est insoutenable. Je lui en veux tellement. Pourquoi m'avoir sauvé, quel était le but ? J'aurais été plus heureux mort. Je n'aurais pas à subir cette pièce vide à me rappeler encore et encore que, oui, je suis livré à ma propre personne. Aucune âme n'est présente pour me soutenir. Pas même ma famille ! C'est quand même inconcevable... Savoir que ma famille n'est pas à mes côtés me brise de l'intérieur...
Les minutes passent, elle défilent dans une lenteur inconcevable. Je m'ennuie. Je suis coincé dans ce lit d'hôpital, je n'ai aucune idée de ce que je dois faire. Personne n'est venu me voir, ni personnel médical, ni proche. Je suis alors acculé dans une bulle à part de ce monde. Je n'ai que ma propre conscience pour converser. Et pour être parfaitement honnête ça n'est pas très agréable. Elle n'arrête pas de me souffler des mots lourds et affligeant. Elle me fait savoir que je ne mérite pas d'avoir survécu, que j'aurais du en finir et que ça aurait été mieux pour tout le monde. Je n'ai plus de larmes en réserve, ou du moins c'est que je finis par croire étant donné que je n'arrive même plus à pleurer. Les minutes écoulées ont épuisé toute ma capacité émotionnelle. Je me sens simplement froid, dénué de vie.
Ma tentative de suicide aura au moins eu le mérite de me faire mourir de l'intérieur.
Elle a tué la seule part de santé mentale qui me restait.
J'ai un petit rictus malsain. C'est tellement ridicule. Un être humain n'est pas conditionné pour ressentir autant de négativité. Il n'a jamais été conçu dans le but de recevoir autant de haine de sa propre personne. Je suis un être pitoyable. Même mourir je n'ai pas réussi à le faire. Moi qui pensais que je ratais toujours dans ma vie, c'est fou je rate même dans ma mort. A croire que les astres étaient alignés pour me plonger au plus bas des enfers de cette terre. Je me demande ce que j'ai fait pour mériter d'être traité de la sorte.
Quelqu'un toque et alors la porte s'ouvre. Je me contracte ayant peur. Je ne sais pas pourquoi mais je suis complètement effrayé. Peut-être parce que je ne sais pas ce qu'il va se passer, que je suis sans défense et que je suis perdu.
- Tu es enfin réveillé ? Comment te sens-tu ?
Une jeune femme avec un joli sourire me fait la conversation. Je la fixe, les yeux rivés sur sa personne. Je n'arrive pas à répondre, je me confonds dans un mutisme parfait et attends simplement. Elle referme la porte et s'approche de moi. Elle possède une blouse blanche, son nom est écrit au niveau de son badge qui est accroché à la poche de cette dernière. Je louche alors dessus :
Dr. Robin, psychiatrie.
J'esquisse un petit rictus. Alors ils ont appelé un psychologue pour venir me voir ? Je ne suis pas réellement étonné.
- Tu voudrais bien me dire comment tu t'appelles ?
- Léo.
C'est tout ce que je réponds. Ma voix est lasse, je veux qu'elle me laisse. Je n'ai pas envie de lui parler. Ou pour être plus précis, j'ai peur de lui adresser la parole. Je suis effrayé par ce que je pourrais dire ou ne pas dire en l'occurrence. J'ai l'impression d'être jugé, examiné à chaque seconde qu'elle passe dans cette pièce. JE sais que c'est comme cela que ça fonctionne. Les psychiatres analyse tout. Le moindre geste, le moindre clignements d'œils. Même les silences sont des indicateurs pour eux.
- Tu sais comment tu es arrivé ici ?
Sa voix est posée et très délicate. C'est bien propre à ce corps de métier après tout. Je n'ose pas réellement la regarder, je fixe simplement ma blouse et mes bras. N'arrivant pas à parler je hoche seulement la tête. Lentement, comme un salut me faisant confesser ce que j'ai commis. Elle s'assied à mes côtés sur une chaise.
- Alors tu sais pourquoi je suis à tes côtés ?
Je serre simplement les poings. Bien sûr, je le sais. Je ne suis pas idiot non plus. Elle veut parler de ma santé mentale. Elle se doute que j'ai commis une tentative de suicide et veut donc m'en parler mais je ne suis pas prêt. Les mots sont encore noués, ils ne veulent pas sortir. Cette sensation de blocage finit même par me donner la nausée. Malgré tout, je hoche à nouveau la tête.
- Ça te dirait de me raconter ce qu'il s'est passé ? J'aimerais beaucoup entendre ta version des faits.
Ma version des faits ? Qui d'autres aurait raconté quoique ce soit. Je reste silencieux, me terrant dans l'inconfort de ce mutisme absolu.
- Les médecins m'ont donné leur avis mais moi je préférerais entendre ce que toi tu ressens. Ça m'est bien plus important à mes yeux.
Je fais simplement oui de la tête, lui faisant alors savoir que je comprends ce qu'elle me dit, je suis simplement incapable d'accéder à sa requête. Qu'est-ce que je pourrais lui dire ? J'allais si mal que j'avais envie de mourir ? Je sens que ma vie n'est qu'un fiasco, qu'une imposture, qu'un vil tourment ? J'ai l'impression que chaque seconde passée dans ce monde est une punition ? Un châtiment même. Devrais-je lui faire savoir que je n'ai qu'une envie recommencer et réussir cette fois ? Non, comment le pourrais-je ? Je ne suis déjà pas capable de répondre à une simple question telle que : quelle heure est-il ? Et je suis censé lui raconter mes sentiments ? Lui parler de ma vie ?
- Je...
C'est la seule syllabe que je parviens à prononcer. Mais je m'arrête, ça n'est cependant pas volontaire. Je voulais lui dire que je n'étais pas prêt à parler mais impossible, mon corps fait comme un blocage. Le stress me parvient alors et je sens que je panique petit à petit. Cette angoisse s'installe dans mon ventre et me fait mal. Je me mets alors à respirer plus fort. La psychiatre à mes côtés continue son monologue :
- Tu sais, il est normal d'avoir peur. C'est ton droit. Tu dois cependant savoir que je ne te juge pas, que jamais ce que tu pourrais me dire me fera avoir un jugement de ta personne. Ce que tu as ressenti à ce moment et ce que tu ressens sont des émotions, des états que tu as le droit d'avoir. Ça n'est pas une honte.
Dans le fond ses mots me réconfortent. J'acquiesce encore ses propos, sentant que les larmes me montent aux yeux. C'est si dur à dire... Dire de vive voix que j'avais envie de mourir, que j'en ai toujours envie en réalité. Je ne pensais pas que des mots pouvaient faire si mal.
La psychiatre me sourit toujours, elle m'offre une aura réconfortante. Elle finit cependant par se lever et m'intime alors :
- Je vais te laisser réfléchir à ce que j'ai dit. Je repasserai plus tard et si cela te dit nous pourrons parler tous les deux, d'accord ?
Je fais oui de la tête de manière plus décidée. J'ai peur de lui dire ce que je ressens mais d'un autre côté je veux le faire. J'aimerais surmonter l'angoisse que je ressens et parler enfin à quelqu'un de tous les maux qui me poussent à avoir des idées noires. J'aimerais pleurer à chaudes larmes, confesser que dans le fond je n'ai envie que d'une chose : qu'on me tende la main, qu'on m'écoute et qu'on me rassure.
Je veux qu'on m'aide.
Les heures se sont écoulées, je suis toujours dans cette pièce à admirer le mur blanc face à moi. Ils pourraient mettre des couleurs plus vives... Ça n'est franchement pas pour m'aider psychologiquement de me retrouver face à une pièce sans âme et sans saveur. J'ai l'impression de côtoyer la mort en personne, comme si j'étais au purgatoire et que j'attendais ma sentence.
Ça toque. Je soupire, sachant qu'il s'agit de la psychiatre qui revient à la charge. Je ne pense pas être encore prêt à lui parler... Je ne réponds pas et attends simplement de la voir entrer. La porte s'ouvre mais la personne qui m'est dévoilé n'est aucunement celle que je m'attendais à voir. J'ouvre grand les yeux, complètement choqué par la vision qui m'est offerte.
Un doux sourire et une expression conciliante me sont offerts. Raphaël est là, une boite en main et semblant à la fois mal à l'aise et soulagé.
- J'étais effrayé à l'idée de venir et d'apprendre une mauvaise nouvelle.
Il soupire longuement, semblant soulagé. Il reste loin de moi comme s'il ne voulait pas m'imposer sa présence. Qu'est-ce qu'il fait là ? Je n'arrive pas à croire qu'il est devant moi. Je me pince alors le bras comme pour me sortir de ce rêve mais rien ne se produit. Mon voisin rit tout doucement ayant probablement remarqué ce que je viens de faire.
- Je peux venir à côté de toi ?
- Si tu veux...
Je suis heureux de le voir. Je me sens sincèrement rassuré et réconforté. Ne serait-ce que voir son doux visage me fait déjà du bien, cela panse mes blessures. Raphaël s'assied à côté de moi.
- Comment tu vas ?
Il détaille mon corps, s'attardant tout particulièrement sur mes avant-bras. Me sentant alors mal à l'aise je les cache sous le drap. Je suppose que maintenant je vais avoir des cicatrices à vie. Ma tentative me sera rappelée à tout jamais. C'est vraiment génial pour essayer de penser à autre chose... Je me concentre à nouveau sur Raphaël. Je ne sais pas quoi lui dire. Je suis tiraillé entre plusieurs émotions. A la fois je suis si heureux de le voir mais d'un autre côté je suis fâché. Je ne suis pas sûr que ce soit réellement le bon mot à employer mais en tout cas j'ai une pointe contre lui dans mon cœur. M'être réveillé sans lui à mes côtés m'a fait si mal... Face à mon mutisme, mon beau voisin sort de son sac à dos des feuilles et un stylo qu'il pose sur la petite table au-dessus de mon lit. Je fixe ces derniers. Alors que je cherche à attraper le stylo et à écrire une vive douleur m'en empêche.
- Aïe !
La seringue dans mon bras droit m'en empêche.
- Ça va ?
Ses mains se précipitent vers mon bras mais s'arrêtent avant de me toucher. Nous nous détaillons l'un l'autre. Il est proche de moi, ses yeux sont ancrés dans les miens, il semble quémander la permission de me toucher. Mon souffle est lent et profond. Je me noie dans les yeux de cette personne qui me fait tant d'effets. Ses orbes délicats se fondent dans les miens, ils les implorent. Je me perds, ayant l'impression que nous ne sommes plus que les deux seuls êtres de cette planète morose. Mais lui, il l'égaie ma planète. Il illumine mon monde.
- Je peux ?
Je pense que dans un souffle presque inaudible j'ai répondu ''oui'' mais je ne suis pas sûr. J'ai l'impression de ne plus être capable de penser correctement. C'est comme si mes facultés étaient complètement embrouillées à cause de sa personne. Raphaël baisse doucement les yeux, mettant fin à notre intense contact visuel. Il vient toucher du bout des doigts la seringue dans mon bras droit et souffle :
- Mais pourquoi ils t'ont mis ça dans le bras droit ?
Il fait attention à ne pas me faire mal et regarde attentivement, cherchant probablement à voir s'il peut arranger quelque chose. Je suis simplement focalisé sur son visage. Il est concentré, ses sourcils sont quelques peu froncés et il se mord doucement la lèvre inférieure. Il est si beau... Je me perds totalement dans la contemplation de son faciès. J'ai envie de me rapprocher de lui... Raphaël relève la tête vers moi en faisant une moue :
- Si tu mets ton bras comme ça, ça va ?
Il le positionne un peu mieux de sorte à ce que je n'ai pas à le plier pour écrire. Ça n'est pas très confortable mais ça me permettra de communiquer avec lui. Je fais lentement oui de la tête, détaillant encore et toujours sa personne. Il est si proche de moi... Les centimètres nous séparant semblent tellement moindre. Mon cœur commence à battre le tocsin tandis que mon souffle s'alourdit. Il est lourd de sens, témoignant de toute l'admiration dont je lui fais part. Le voir si proche de moi, si attentionné avec cette expression sincèrement soulagée de me voir me met du baume au cœur. Je ne regrette alors plus d'être vivant. C'est comme s'il me happait dans son monde ponctué par la positivité et le désir. J'ai tellement envie de caresser son visage, de m'approcher, de lui susurrer un merci et de l'embrasser délicatement mais je suis figé dans la glace. Je ne suis aucunement capable de céder à mes envies. Raphaël finit par quitter à nouveau mon regard lourd de sens et il passe très tendrement ses doigts sur mes bandages. Je le laisse faire, n'ayant pas mal.
- Je te fais mal ?
- Au contraire...
Il semble surpris mais sourit à ma réponse. Mais qu'est-ce que j'ai dit ?! Je détourne alors le regard et fixe ses doigts, les yeux grands ouverts. C'est sorti tout seul ! Je n'ai pas réfléchi avant de parler... J'ai l'impression de fondre sous son toucher, il est si pur. Il me fait un bien incommensurable. Je commence à me sentir mal à l'aise et gêné. Je m'éclaircis alors la voix et me recule quelque peu de lui avant de m'occuper à écrire sur le papier. J'inspire profondément pour reprendre mon calme :
" Tu n'étais pas là quand je me suis réveillé."
Mon voisin lit mon mot. Il semble vouloir écrire mais au final il se met à parler :
- Ça t'a blessé ? Je n'ai pas vu venir avec l'ambulance, j'ai du me débrouiller pour venir. Je ne voulais pas te laisser seul mais j'ai pas eu le choix.
Je rajoute sur le papier :
" Je me suis réveillé il y a des heures..."
Mais alors qu'il est sur le point de le lire je cache ce que j'ai écrit. Je suis en train de lui faire des reproches... Comment je peux me permettre de lui en faire alors qu'il m'a sauvé la vie ? Je garde ma main verrouillée sur le papier, je ne veux pas qu'il voit ce que j'ai écrit, c'était totalement déplacé...
- Pourquoi tu caches ce que tu as écrit ?
- Pour rien...
Il semble curieux. Il attrape doucement ma main dans la sienne. Ce contact m'électrifie de la tête aux pieds. J'en perds l'usage de la parole et me mets à avoir très chaud. Étant telle une loque, il bouge facilement ma main. Il lit alors ce que j'ai écrit.
- Pour être parfaitement honnête j'avais peur de venir alors j'ai d'abord nettoyé ton appartement, me suis changé, ai pris une douche et après je suis venu.
- Je ne voulais pas te faire de reproches...
Je crois que c'est la première fois que je lui parle autant. Mais je me mets à sa place et je me rends compte que la réflexion que je lui ai faite était vraiment déplacée, elle aurait même pu le blesser...
- Pour me faire pardonner je t'ai ramené des chocolats.
Il sourit et me propose alors une boite qu'il dispose sur ma table, face à moi. Des chocolats ? Vraiment ? La boite est très belle, noire avec un nœud rouge.
- Je ne sais pas si tu aimes mais je me suis dit que ça pourrait te réchauffer le cœur et te faire du bien de manger des sucreries.
Il ouvre la boite et m'admire alors. Il est désormais accoudé sur la table. Il s'attend sincèrement à ce que j'en mange un là maintenant ? Parce que je me sens vraiment mal à l'aise ! Il est bien trop adorable, c'est une personne incroyable et je ne me sens pas à la hauteur.
- Tu veux que je te nourrisse peut-être ?
- Non.
Je ris doucement et lève les yeux au ciel, faisant mine qu'il m'épuise.
- Ça peut se négocier tu sais ?
Il attrape un chocolat entre ses doigts et arque les sourcils. Je rêve où il joue avec moi là ? Je suis presque tenté de craquer et de me laisse faire. Je pourrais prétexter ne pas avoir assez de force au pire ? Je suis un patient dans un hôpital après tout, c'est légitime qu'il prenne soin de moi. Il s'amuse à hausser les sourcils avec un petit sourire en coin, approchant doucement le chocolat de moi. Je sens que je perds tous mes moyens et toutes mes défenses, je n'ai pas envie de lutter contre cette tendresse que je ressens vis-à-vis de lui. J'entrouvre alors la bouche mais il me retire mon dû et le mange à ma place. Je fais une mine offusqué :
- Voleur !
Je gribouille sur le papier :
" Je croyais qu'il s'agissait de MES chocolats ?"
Il se met alors à rire et moi aussi. Je me rends compte que plus le temps passe à ses côtés, plus je me sens être éperdu pour sa personne. Faisant sembler d'être vexé j'attrape un chocolat et le mange par mes propres moyens. Il sourit alors, me laissant faire et détaillant chaque changement sur mon visage. J'ai remarqué que depuis qu'il était entré il faisait particulièrement attention à ça.
- Tu sais, tu n'as pas besoin de me dire pourquoi tu as fait ce que tu as fait. Tu n'as aucunement besoin de te justifier je ne te juge pas. Je respecte ton désir de vouloir rester silencieux. Si tu ne veux pas m'en parler, que tu n'es pas prêt ou que tu estimes que je n'ai pas à savoir, c'est ton droit. Mais je suis tout ouïe si jamais tu veux le faire. Par papier ou de vive voix en prenant ton temps. Je suis là.
Sa tête est appuyé sur son poing. Les larmes me montent quelques peu aux yeux au fur et à mesure qu'il parle. Ses mots me touchent. Je renifle et détourne le regard, je ne veux pas qu'il me voit pleurer. J'ai déjà assez honte qu'il m'ait vu dans l'état dans lequel j'étais un peu plus tôt...
- Tu peux pleurer, je te donnerai mon épaule pour le faire si c'est ce dont tu as besoin. Si tu veux simplement que je te regarde de loin je le ferais aussi.
- Je crois que j'ai assez pleuré pour aujourd'hui...
- Sauf si tu sens que tu en as encore besoin. En as-tu besoin ?
Je fais non de la tête. Je suis touché qu'il pense autant à mon bien-être. Je m'adosse dans mon lit et le détaille longuement. Il ancre également son regard dans le mien. Ma main est toujours posée sur la table, la sienne aussi. Je n'arrête pas de loucher sur ces dernières de temps à autres, espérant que l'un de nous deux viennent franchir cette barrière.
- Tu es tout pale.
Sa voix est faible, il chuchote comme si parler à une tonalité normale revenait à briser le moment présent.
- J'ai perdu beaucoup de sang...
Il regarde la perfusion sanguine accrochée. Je ne sais pas quoi lui dire, je sais que je suis pale. Déjà que je suis relativement moche mais alors là... J'écris sur le papier mes incertitudes :
" Je sais que je suis moche... "
- Non, tu ressembles quelques peu à un pierrot mais tu es toujours très charmant.
J'ai un petit rictus, ne croyant pas à ses paroles. Mon cœur implose quand je sens sa main caresser très tendrement et très lentement le bout de mon pouce. Comme s'il n'osait pas faire plus, comme si c'était déjà une grande étape entre nous. Je ne bouge pas, me sentant sur un petit nuage.
J'écris à nouveau :
" Une psychiatre est passée tout à l'heure, elle veut que je lui parle de ce qu'il s'est passé mais j'ai peur... Je ne sais pas comment je pourrais lui dire tout ce que je ressens alors que je n'arrive même pas à répondre à des questions basiques."
- Tu peux communiquer avec elle comme on le fait nous, à travers le papier. Si c'est plus simple pour toi fais le. Elle ira à ton rythme et fera à ta manière si c'est ce qui te met à l'aise. Si tu veux, je peux rester pour lui expliquer et après je m'en vais.
" Et si elle me dit que je suis fou ?"
Il fronce les sourcils et vient serrer tout doucement mon pouce dans main.
- Tu n'es pas fou. Même si tu as un trouble psychologique ça n'est pas un drame. Ça ne fait pas de toi un monstre ou une personne à fuir. Moi en tout cas, ça m'est égal.
Je me mords doucement la lèvre inférieure, étant rassuré par sa confession. Il est sincère ?
" Ça ne te fera pas fuir... ?"
Il fait non de la tête accompagné d'un sourire délicat. Il attrape un chocolat et me le met devant la bouche. Je garde les lèvres verrouillés, je me suis fait avoir une fois déjà.
- Ouvre la bouche.
Malgré sa voix mélodieuse cette phrase résonne horriblement en moi. Je perds mon sourire, un creux se créer et une douleur remonte en moi. Il le disait si souvent... Mon souffle s'accentue et l'angoisse remonte en moi. Il fronce les sourcils, semblant remarquer qu'il a fait une bêtise.
- C'était déplacé ? Il semble vouloir comprendre. Je ne voulais surtout pas te mettre mal à l'aise, je voulais juste t'apporter un peu de douceur, je m'excuse si ça t'a mis mal ou.... rappelé de mauvais souvenirs ?
Tente-t-il d'une voix incertaine, semblant vouloir comprendre ma réaction. Je lui attrape le chocolat et le mange, tentant de calmer la crise de panique qui me guette. Je me mets à respirer plus vite, mon cœur semble sur le point d'exploser. Raphaël attrape mon bras gauche, me le rabat sur mon torse et il me prête un bras à lui pour me permettre de recevoir un câlin papillon.
- Tu n'as pas à me répondre, ferme seulement les yeux et concentre toi sur cette sensation sécurisante.
Je fais de qu'il me dit. Rapidement, ses doigts qui parcourent tendrement ma main me calment. Ceci cumulé à cette étreinte papillon me fait du bien. Je souris alors doucement.
- Tu as un don pour m'apaiser.
- C'est drôle parce que toi tu as un don pour me rendre fou...
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Normalement on devrait attendre les 150 votes sur cette histoire avec ce chapitre :3 Je suis vraiment très heureuse de lire tous vos retours, ça me fait énormément plaisir de pouvoir échanger avec vous et de connaitre vos ressentis en ce qui concerne ce que j'écris ~
Je viens également de me rendre compte que je ne suis pas très loin des 950 abonnés !! Il n'en manque plus que 10 *-* Ça sonne peut-être idiot mais je suis super contente. J'aime énormément écrire, c'est ma deuxième passion après le dessin et voir qu'autant de monde me suit me fait vraiment plaisir. Bon, ce chiffre ne reflète pas du tout mon nombre de lecteurs réels mais bon x) Je sais que la plupart s'étaient abonnés uniquement pour des fanfics BTS et comme je n'en fais plus ils ne me lisent plus mais tant-pis ! Mine de rien, je suis sincèrement touché de voir qu'on se rapproche des 1000 abonnés. Je suppose qu'on les passera un jour même si à ce stade ça me parait totalement improbable aha.
Du coup si vous aimez ma plume et que vous voulez faire parti de cette aventure n'hésitez surtout pas à me suivre si ça n'est pas le cas ~ Ça ne vous prendre que quelques petites secondes et moi ça me fait vraiment plaisir :3
Hier j'avais donc un examen oral (que je pense avoir réussi) ~ Et puis je serais en vacance en fin de semaine, je vais devoir étudier mais bon ;-;
Je crois que dans le semaine je dois recevoir les résultats de mon semestre, j'ai peur...
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