Charmante correspondance
"Cher Raph ❀"
En réalité je ne sais pas si je peux t'appeler Raph ou si je dois t'appeler Raphaël. Je sais que nous ne sommes techniquement pas réellement proche toi et moi, nous ne connaissons pas encore beaucoup. On s'est rencontré il y a peu de temps quand on y prête attention. Mais c'est étrange parce que j'ai l'impression de te connaitre depuis bien plus de temps que cela. C'est peut-être à cause de ma TS... (ici les patients ne disent pas ''tentative de suicide'' visiblement ça sonne trop lourd de sens et c'est trop pénible alors tout le monde utilise l'abréviation TS. C'est comme pour Hôpital Psychiatrique, tout le monde dit HP, c'est probablement plus rassurant comme cela...). Je pense qu'à cause de ce que j'ai fait et du fait que tu étais présent pour moi à ce moment nous a énormément rapproché. C'est peut-être juste dans ma tête mais j'espère que je ne me crée pas un scénario tout seul.
C'était la première fois que ta peau entrait en contact avec la mienne et comme je l'avais dit, j'avais peur de craquer si c'était le cas. C'est bel et bien ce qu'il se passe... J'ai envie de sentir à nouveau cette sensation, celle de ta peau contre la mienne... Ça sonne très sexuel je crois... Maintenant que je me relis je me dis que c'était peut-être pas la meilleure manière de formuler ce que je voulais dire mais je pense que tu as compris l'idée principale, non ? Je me rappelle t'avoir dit que le sexe et moi n'étions plus vraiment de bons amis alors tu dois avoir saisis que ce que j'ai écrit était pleinement innocent et pur. Même si j'aimerais me rapprocher de toi et intensifier les choses. Oh non ! Ça n'était pas non plus ce que j'avais en tête ! Ça sonnait beaucoup moins érotique dans ma tête aha... tu vas finir par croire que je cherche à te chauffer :c Non pas que tu me rebutes ! Loin de là ! Mais je ne cherche pas à jouer avec toi sur ce plan là ! >.<
Oublie les bêtises que je suis en train de raconter, ce que j'essayais de dire était que j'ai l'impression de ressentir une étincelle entre nous et je veux arriver à la maintenir et à la rendre plus forte. Je sais que cette nuit-là m'a fait craquer et basculer dans un univers où j'ai envie de me livrer plus à toi et c'est peut-être ridicule mais ne plus te voir me manque.
Je crois que je ne t'ai jamais remercié avec sincérité de m'avoir sauvé la vie. Je voudrais le faire maintenant. Je t'en ai voulu en toute honnêteté. Quand je me suis réveillé je t'en voulais de m'avoir sauvé mais tu es venu me voir à l'hôpital, tu as pris soin de moi comme tu le pouvais et ça a tout changé. Je crois que maintenant je suis reconnaissant d'être vivant.
Tu sais, ta lettre m'a motivé à sortir un peu de ma chambre. Tu avais parfaitement raison, j'étais cloitré et refusais de me mixer à l'HP, c'est vrai que cet univers m'angoisse mais au final je suis sorti et j'ai rencontré un patient étrange. Tu me diras, si on est ici c'est qu'on est tous un peu étrange à notre manière. Mais lui c'est différent, c'est drôle. Il a l'air parfaitement normal, son sourire permanent me surprend. Il s'appelle Alexis, il m'a dit qu'il était dépressif (comme moi donc...) et pourtant la positivité qui se dégage de lui est impressionnante. J'ai envie d'aller mieux comme lui.
J'espère que tu vas bien, parle moi plus de toi dans la prochaine lettre...
J'ai envie de te revoir.
Ps : j'espère ne pas avoir trop écrit.
Léo ❀"
____________
J'ai donné ma lettre pour Raphaël à l'accueil hier soir, j'attends une réponse. J'espère qu'elle arrivera vite. C'est sincèrement pesant de devoir attendre autant pour avoir des nouvelles de lui, j'aimerais être capable de communiquer en toutes circonstances et lui raconter mes journées ennuyantes. Au moins en discutant avec lui elles seraient plus attrayantes et plus passionnantes. Je m'ennuie, je suis dans ma chambre comme toujours. Le garçon que j'ai rencontré hier, Alexis était inspirant mais je ne suis pas sûr d'être prêt à vouloir le laisser entrer dans mon monde. Ça n'est déjà pas facile de me livrer à Raphaël alors que je sais que je ressens quelque chose de fort pour lui alors Alexis... Pour l'instant ça n'est même pas la peine d'y penser. Quand on discute tous les deux c'est plutôt une sorte de monologue, je ne prétends pas être muet mais il est vrai que je n'arrive pas à aligner deux mots alors je me tais.
Aujourd'hui je n'ai pas eu de séance avec la psy. Il ne faut pas croire qu'en Hôpital Psychiatrique on a des thérapies tous les jours. C'est ce que je pensais comme beaucoup à mon avis mais au final c'est loin d'être le cas. Je pense que ça serait trop lourd d'un point de vue psychologique d'avoir des séances de thérapie tous les jours. En revanche tout le personnel soignant s'adresse à nous, ils discutent comme si de rien était avec la plupart des patients, certains ont même l'air d'avoir tissé des relations particulières, entre l'amitié et un lien paternel / maternel. Quand je les vois ça me rend un peu jaloux. J'aimerais avoir une famille sur laquelle me reposer quand je vais mal. Mais à la place ces derniers ne veulent plus rien avoir à faire avec moi, ils ne sont même pas au courant que j'ai tenté de mourir et ils ne savent pas non plus que je suis interné et donc que pour le moment j'ai entre autre abandonné la fac pour une durée indéterminée.
Ça toque. Je me redresse sur mon lit et attends que la personne entre sans un mot. Mon cœur bat déjà plus fort. Non pas parce que j'ai peur mais parce que je sais qu'on m'apporte du courrier. J'en suis persuadé et alors je me sens particulièrement excité. Un mélange de passion et de fraicheur m'envahit. Lire ses lettres me fait toujours l'effet d'une bouffée d'air frais, j'adore cette sensation.
La porte s'ouvre au bout d'un moment mais ça n'est pas du tout la personne à laquelle je m'attendais. Je me fige, et toise la personne qui vient de se poser dans l'encadrement de ma porte.
- On m'a demandé de t'apporter ça.
Alexis et sa voix rieuse sont dans la place. Qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi ça n'est pas Nadia l'aide soignante qui me supporte depuis que je suis là qui est venue ? Mon ventre me fait mal et cette fois-ci, oui, c'est du stress. Je n'aime pas vraiment les imprévus...
L'autre patient agite alors dans les airs une enveloppe. Alors que mon regard se pose sur cette dernière je sens toute ma frustration et toute mon angoisse s'envoler. Alexis s'approche de moi et me la tend. Je l'attrape timidement.
- De qui il s'agit ?
Il s'assied sur mon lit à côté de moi avec un petit regard empli de curiosité. Il semble tout content et avoir envie de discuter. Pas de chance pour lui je suis vraiment le pire dans ce domaine. Je me recule doucement de lui en maintenant fermement l'enveloppe dans mes mains.
- C'est ta copine ?
Ma copine ? Ça ne risque pas, j'ai toujours su que j'étais gay et que je n'aimais pas les femmes. J'ai juste un petit rictus face à sa remarque. Il ne peut pas le savoir après tout, je ne peux pas mal le prendre. Je me fiche qu'on pense que je sois hétéro, bi, gay ou peu importe après tout. Alexis semble en effet tout excité, il se penche légèrement vers moi et prononce :
- 'Raphaël'... Ton copain alors plutôt ?
Il arque les sourcils comme pour chercher à me taquiner, à embêter mes nerfs à et me faire craquer et lui parler. Je vois que c'est bon enfant, il cherche simplement un peu de compagnie visiblement. Mais pourquoi la mienne ? Ça je n'en ai pas la moindre idée. Est-ce que Raphaël est mon copain ? Vraiment non, nous sommes loin d'en être à ce stade lui et moi. Même si je sens qu'il me plait et que c'est potentiellement réciproque nous sommes à des années lumières de concrétiser cette attirance. Nos derniers contacts étaient très ambiguës et même si ça aurait du me frustrer je suis juste excité quand j'y repense. Ça me donne encore plus envie de le revoir. Le baiser qu'il m'a attribué sur le front lorsqu'il est parti de l'hôpital est toujours gravé dans ma mémoire. J'ai encore l'impression de voir la scène se rejouer devant mes jouer et de sentir à nouveau ses lèvres brûlantes contre mon épiderme.
- Pourquoi tu souris comme ça, j'ai raison ?
Je fais non de la tête précipitamment. Je ne pense pas que ma relation avec Raphaël finisse réellement pas dépasser le stade du flirte, il finira par se lasser bien évidemment.
- C'est la première fois que je te vois réellement sourire depuis que tu es là alors je pense que ce Raphaël est particulier pour toi.
Je réfléchis à ce qu'il vient de dire. Il a raison, je ne peux le nier. Je détaille Alexis du coin de l'œil. J'aimerais parler avec lui, je regarde le papier à côté de moi. J'ai tout de même l'impression que communiquer par le papier m'est en quelque sorte réservé avec Raphaël. J'aime cette simplicité avec laquelle notre relation évolue à travers le papier et j'aime cette excentricité qui ressort de nous deux. Malgré tout, je pense que cette étincelle tout particulière que j'ai avec lui à travers le papier est intense et spéciale. Aucun échange de quelque nature qu'il soit ne pourrait changer ça. Alexis n'est pas un être spécial à mes yeux. J'attrape alors une feuille et écris dessus :
" Tu t'ennuies ?"
J'aimerais réellement comprendre pourquoi il est en train de me parler. Parce que s'il attend vraiment des réponses de ma part il va attendre bien longtemps. Je pense qu'il sera déjà sorti d'ici là. Alexis lit mon petit mot.
- Pourquoi tu demandes ça ?
Parce que personne ne m'approche et que c'est chiant de parler à quelqu'un qui n'utilise pas la parole ? J'écris :
" Je suis pas franchement bavard. A moins que tu aimes me parler justement car je suis dans l'incapacité la plus totale à te contredire ou rebondir sur ce que tu dis, c'est franchement chiant de me parler. Alors je me dis que tu t'ennuies ou que tu te sens seul."
Je lui tends le papier pour qu'il puisse s'attarder dessus. Il semble impressionné :
- T'es plutôt perspicace en vrai.
Je ne suis pas si idiot qu'on pourrait le croire. J'ai beau complètement rater mes études je ne suis pas si bête. Même si pour être honnête j'ai souvent l'impression que c'est le cas. Quand je suis à la fac je me sens tel un escroc. C'est comme si je n'avais pas le droit d'y aller car je suis trop bête en comparaison avec tous les autres étudiants. Alexis semble toujours porter sa bonne humeur, il ajoute :
- Mais je suis surtout quelqu'un de très curieux, et je me dis qu'essayer de t'approcher de ne pas faire de mal, à part si tu me demandes clairement de te foutre la paix, ce que je peux comprendre. Mais je pense sincèrement que c'est pas en restant seul dans ton coin que tu finiras pas sortir d'ici, ça joue même en ta défaveur.
Ça joue en ma défaveur ? Comment cela. Mon regard intrigué finit par rencontrer celui d'Alexis. Il a piqué ma curiosité.
- Les psy voient ça comme un trouble. Le fait que tu refuses de t'ingérer en société ne va pas franchement t'aider alors je me dis que si je te parle ça pourra te permettre de sortir plus vite.
Sortir plus vite ? Si seulement je pouvais sortir dès demain je serais le plus heureux de cette terre. Je pense que la première chose que je ferais c'est d'aller toquer à la porte de mon voisin. Rien qu'en me mettant à imaginer cela mon cœur bat vite. J'écris :
" Et toi alors tu sors quand ?"
Il a vraiment l'air d'aller bien, je me demande ce qu'il fait ici. Il n'a pas l'air d'avoir particulièrement de troubles au final.
- Oh dans longtemps. Rit-il. Ça fait déjà plus d'un an que je suis ici.
Pardon ?! Plus d'un an ?! Mais c'est une blague ou quoi ?! C'est hors de question que je passe autant de temps ici !! Alexis ricane :
- Non mais ma situation est particulière panique pas. Personne ne reste aussi longtemps normalement.
J'espère bien ! Parce que lorsque je le vois je sens qu'il est loin d'être entouré de négativité ou de pensées morbides alors j'ai du mal à comprendre. Est-ce qu'il cache ses émotions ? Je ne pense pas, il ne pourrait pas aussi bien les fausser. Je le détaille comme si j'essayais de remarquer le moindre petit détail qui pourrait confirmer mes dires mais rien.
- Je vais vraiment mieux. Il regarde en l'air. Quand je suis arrivé j'étais en miette, je suis sincèrement bien dans ma peau maintenant. Si je suis encore ici c'est de ma propre volonté. J'ai beau aller bien mieux je ne sais pas si je maintiendrai cet état de santé mentale en société. Je ne suis pas retenu ici contre ma volonté, c'est plus complexe que ça.
Je vois... Ça me rassure, j'avais peur de me retrouver coincé ici contre ma volonté pour l'éternité. Alexis m'observe ce qui me met un peu mal à l'aise alors je détourne un peu le regard et le zieute uniquement du coin de l'œil à quelque bref moment.
- Wow t'as de sacrées cicatrices .
Je remarque qu'il parle alors de mes avants-bras qui ne sont pas couverts aujourd'hui. Je n'avais pas de manches longues alors j'ai mis ce tee-shirt. Me sentant mal à l'aise et un peu apeuré je cache mes bras derrière mon dos.
- Et ça a raté ? Me questionne-t-il. T'as eu de la chance, normalement on en sort pas vivant de ces tentatives. J'en ai vu beaucoup ici, aucun n'a franchi les portes vivants de cet HP.
Mes yeux doublent de volume. Il est en train de me dire qu'il y a eu des suicides dans cet HP ? Je pensais pourtant que tout était fait en sorte à ce que personne ne puisse jamais se faire ce mal. Je suis complètement confus.
- Ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu de suicide, t'inquiète. Mais c'est vrai que c'est arrivé, les aides soignants ont beau faire tout leur possible pour qu'on tous en sécurité il est arrivé que certaines personnes parviennent à déjouer les mesures de protection. Quand on veut mourir, on le fait après tout. En tout cas j'ai vu deux personnes se tailler les veines comme tu l'as fait et aucun n'a survécu.
Je ne sais pas si c'est censé me faire du bien de parler de suicide de cette manière, je suis profondément choqué d'apprendre tout ce qu'il me dit.
- T'es pas obligé de cacher tes cicatrices, c'est pas moi qui vais te faire la morale.
Ricane-t-il en haussant les épaules et en remontant ses manches. Lorsque je remarque qu'il ne dit rien de plus sur le sujet et qu'il fait simplement comme si de rien était je comprends alors qu'il chercher à me mettre à l'aise. Il me montre ses cicatrices en échange comme pour me montrer que je ne suis pas bizarre ou anormal. C'est comme s'il me disait qu'on était normaux à notre manière et que je n'ai pas à avoir peur. Je baisse alors mes défenses et replace mes bras normalement le long de mon corps. Je baisse les yeux vers mes cicatrices qui sont en effet impressionnante. Je me demande si elles disparaitront un jour... Je passe mes doigts dessus.
- Ça ne disparaitrait probablement jamais si tu veux tout savoir. Au vu de la profondeur tu garderas probablement des traces à vie. Mais tu peux sois choisir de garder ce pense bête de ta dépression comme quelque chose qui te rappellera pour toujours ton mal être. Ou sinon tu peux décider que ces traces sont là pour te donner de l'énergie, pour te dire de ne jamais abandonner et que si tu as survécu c'est pour une raison. Tu peux faire de ces cicatrices un vecteur de souffrance comme un vecteur d'espoir, à toi de choisir.
Il est si sage dans ses parole. J'ai presque l'impression d'entendre Raphaël parler. Mais il lui manque quelque chose pour cela, le charme que dégage Raph. Cette aura de bien être, d'apaisement qui l'entoure et m'envoute. C'est pour cela que jamais personne ne sera à la hauteur de Raphaël, ce dernier est un être de lumière à part entière. Il rayonne en toute occasion et sans le vouloir il aspire mes ténèbres.
Je pose mes yeux sur les avant-bras d'Alexis. Le nombre de cicatrice qu'il a est impressionnant... C'est même effrayant, il a du se faire du mal pendant de nombreuses années pour en arriver là. J'attrape le papier et demande :
" Et toi ? Ça a été vecteur de souffrance ou d'espoir ?"
- D'espoir ! s'esclaffe-t-il. L'auto-mutilation est très addictive, c'est maintenant que j'ai arrêté que je ne veux plus recommencer. Les bras ne sont pas le seul endroit où j'ai des cicatrices pour être honnête mais ça ne m'empêche pas d'aimer mon corps et de vouloir le protéger. J'ai fini par comprendre que mon enveloppe charnel était un temple dont je suis le maitre et que seul moi peut décider de ce que je tolère qu'on l'y fasse ou non. Et je ne tolère plus certaines choses, dont la mutilation.
Son corps est un temple... Il peut décider de ce qu'il tolère ou non... Je repense à ce qu'il vient de me dire. Moi aussi j'aimerais me dire ça, que mon corps est sacré et que je n'aurais du laisser certaines choses se produire. Mais j'ai l'impression que tout ce qu'il s'est passé je l'ai mérité, je pense que s'il m'a fait tout ce qu'il l'a fait c'est pour une bonne raison. Probablement parce que dans le fond c'était comme ça que ça devait se passer. Il m'aimait j'en suis sûr et il voulait simplement me faire comprendre que je devais céder à ses envies par amour. C'était mon copain alors il avait les droits de faire ce qu'il a fait. Même si par moment j'ai cette impression que tout n'était pas juste et que je ne voulais pas c'était très sincèrement moi le problème je pense. Un élan de tristesse me gagne. Alors pourquoi par moment j'ai l'impression que c'était mal ce qu'il se passait entre nous... ? Pourquoi j'ai ce gouffre en moi qui me hurle que c'était malsain, qu'il était mauvais...
Alexis attire mon attention en relevant un peu son tee shirt. Je peux alors apercevoir des cicatrices sur ses hanches, son bas ventre. Il s'est mis à balafrer ces endroits car il n'avait plus de place sur ses bras ?
- La mutilation me faisait du bien à l'époque. C'est pas pour rien que je m'appelle Alexis aux mains d'argent. Il sourit. Mon corps est scarifié à un degrés pas croyable.
Et il aime son corps ? Je l'admire, j'ai l'impression que plus jamais je ne pourrais respecter mon corps. Mon ex a brisé cette confiance en moi, ça n'était pas par pur méchanceté j'en suis sûr, c'était moi qui était trop faible, trop fragile. Je suis trop sensible et c'est pour ça que maintenant je déteste mon corps, parce que j'étais beaucoup trop sensible pour supporter tout ce qu'il m'a fait. Et pourtant ce sont des choses qu'on fait lorsqu'on est en couple alors c'est visiblement moi le problème. Personne ne se plaint jamais de faire l'amour alors si moi oui, c'est que c'était ma personnalité qui posait problème.
Alexis remet son tee-shirt en place et me détaille.
- Tu t'es déjà mutilé ?
Je fais non de la tête. J'ai trop peur de la douleur. Ce qui parait improbable au vu de ma tentative de suicide et pourtant ça a clairement éveillé quelque chose en moi. L'horreur et l'intensité de la douleur que j'ai ressenti à ce moment a confirmé le fait que la mutilation ne m'attire pas.
- Et moi je n'ai jamais tenté de me suicider.
Je suis surpris par sa confession, il me sourit de manière tendre. J'accueille son sourire mais ne suis pas en capacité à lui rendre, j'attends simplement qu'il continue à me parler.
- On est tous différents. Je suis dépressif, tout comme toi visiblement et pourtant alors qu'on partage une maladie en commun elle se manifeste clairement différemment entre toi et moi. Pour palier à la douleur j'ai décidé de me mutiler mais je n'ai cédé à mon envie de mourir. Toi en revanche la mutilation n'était pas ton exécutoire et tu as préféré mettre fin à tes jours.
J'ai du mal à voir où il veut en venir alors je l'écoute attentivement.
- Faut pas que tu aies peur de l'HP, on est tous ''malades'', oui. Mais regarde, on est aussi tous différents, on ne vit pas les mêmes choses de la même manière et tout le monde est ouvert d'esprit là-dessus. C'est pour ça qu'ici, personne ne se juge. Faut pas que tu ais peur, on est tous aussi fou que ceux qui sont en dehors de cet HP. Essaie de te mélanger et même si tu ne parles pas ! C'est rien du tout ça, tu n'es pas obligé de parler. La seule chose que tu dois garder à l'esprit c'est qu'on a tous notre propre histoire et que on est pas tous obligé d'en parler. C'est libre à chacun et on respecte tous ça.
C'est comme si je venais d'être percuté de pleine face par un camion. Tout ce qu'il vient de dire résonne en moi, je sens toute l'authenticité de ses paroles et je n'arrive pas à m'en détacher. Je me sens un peu plus en confiance, plus rassuré également. Alexis me fait un clin d'œil puis se lève :
- Bon, je vais te laisser lire ta lettre moi.
Et il part d'un pas joyeux, fermant précautionneusement la porte derrière lui. Je suis encore marqué par ce qu'il m'a raconté. Il doit avoir traversé ce que j'ai traversé... Cette peur d'un endroit inconnu, bourré de clichés et de personnes qu'on ne connait pas. Il me comprend peut-être même mieux que ce que je ne veux l'admettre. Je pense que c'est ce qu'il essayait de me dire : que malgré nos différences on a des points en communs, des choses indissociables de nous qui se rejoignent. Après tout lui et moi sommes deux êtres humains tout comme les autres de cet établissement c'est vrai... On est pas des monstres. Je regarde à nouveau mes cicatrices tout en passant mes doigts dessus, si je n'appuie pas fort je n'ai pas mal. Si je le voulais je pourrais arracher mes points de sutures, je le sais. Elles sont encore fragiles. Et pourtant, je n'ai pas essayé, je n'ai pas voulu mettre fin à mes jours à nouveau. Ou plutôt... Si j'en ai envie tout le monde mais non je ne veux pas passer à l'acte. Et ce, car je pense à Raphaël et que je veux arriver à lui prouver qu'il a eu raison de me sauver. Je reste délicat avec mes cicatrices, les caressant doucement. C'est ça, elles seront désormais les témoin de mon regain d'espoir.
Bercé par le désir de me reprendre en moi je lis cette lettre qui me fait de l'œil depuis tout à l'heure. En l'ouvrant, je sens déjà que mon cœur est sur le point d'imploser. Je me sens complètement frénétique.
" Cher Léo ❀
J'ai trouvé ta lettre tellement mignonne tu n'as pas idée."
Je n'arrive pas à lire plus que cela. J'ai besoin de respirer, de calmer toute la chaleur qui m'envahit et de me faire un peu d'air. Je n'arrive pas à m'arrêter de sourire, je me sens déjà sur un petit nuage. Je reprends un peu esprit et continue ma lecture attentive :
" Bien évidemment, tu peux m'appeler Raph. Raph, Raphaël, c'est comme tu le veux, les deux me plaisent. Si tu trouves un autre surnom je suis également tout ouïe. C'est drôle parce que maintenant que j'y pense je crois que je ne t'ai jamais entendu prononcer mon prénom. C'est probablement tant mieux en réalité parce que j'ai l'impression que si tu le fais ça me ferait perdre tous mes moyens. ('。• ᵕ •。')"
Mon cœur est sur le point de me lâcher. Je me mords la lèvre inférieure et regarde le plafond avec un sourire extatique sur le visage. S'il savait à quel point j'ai envie de prononcer son prénom à voix haute, de le faire sombrer pour moi... Et ce même si je n'arrive toujours pas à croire qu'il puisse sincèrement craquer pour qui je suis.
" Ça n'est pas seulement dans ta tête cette étincelle que tu ressens. Je pense que ce qu'on ressent tous les deux est réciproque. J'ai également l'impression que cette nuit a tissé quelque chose de particulier entre nous et c'est comme si je n'étais plus capable de m'en défaire. Je suis irrémédiablement attiré par l'appel de ta personne aussi. <- Tu aurais peut-être pu formuler ta phrase de la même manière pour éviter un quiproquos d'ailleurs (¬‿¬ ).
Mais ne t'inquiète pas, je sais parfaitement que ça n'était pas volontaire ou du moins que même si ça l'était peut-être inconsciemment ça ne peut pas pour autant dire que tu cherches à ce qu'on tourne un porno toi et moi aha. Des sous-entendus ou évocations érotiques/sensuelles ne vont pas me donner de mauvaises idées sur ce que tu attends. Je sais que tu as besoin de temps de toute manière et je suis prêt à te l'accorder. Même si moi aussi je m'amuse à jouer avec cette ambiguïté suggestive avec toi je respecte également parfaitement ce que tu désires ou non. Et en l'occurrence je sais que malgré toi tu joues avec cette ambiguïté mais que ça n'est pas provocateur pour me faire des avances sexuelles, c'est juste ta manière de me témoigner du désir peut-être ? Un désir que tu refoules parce que ça te fait peur et il n'y a pas de soucis là-dessus. Ne t'angoisse pas par rapport à tout ça."
Le respect dont il fait preuve me touche au plus profond de mon être. Je me sens me liquéfier, j'ai presque envie de pleurer parce que j'ai l'impression qu'il a pleinement lu en moi. Je le désire mais je suis effaré à l'idée de lui faire savoir. Pourtant il l'a compris par lui-même et respecte les limites que j'ai posé pour l'instant : le sexe n'est pas envisageable. Je me sens tellement en confiance avec lui. Il se fraie un chemin vers mon cœur. Je sens que ce que je ressens n'est pas seulement amical.
" Je suis sincèrement content que tu aies rencontré quelqu'un ! Ça me rassure beaucoup. Si tu sens que cet Alexis t'apporte de la positivité tu devrais lui laisser une chance de t'approcher. Tu as le droit de t'autoriser à laisser entrer dans ta vie des personnes pures et belles par leurs valeur et ce qu'elles dégagent.
Tu veux que je te parle de moi ? Je ne sais pas trop quoi te dire pour être honnête... A part que tu me manques et que je suis obsédé par le baiser que je t'ai offert sur le front la dernière fois. Je suis en train de rire à ce moment précis parce que je me trouve ridicule mais c'est pourtant vrai. J'ai aimé ce contact avec toi, je l'ai trouvé intime et intense... C'est probablement juste moi qui suis bizarre, ne t'inquiète pas pour ça."
Clairement pas ! Je suis tellement d'accord... Je me suis senti plus en confiance et dans une relation plus intime avec lui à ce moment que lorsque que j'ai pu faire l'amour avec mon ancien partenaire. C'est étrange je sais. Est-ce que je pourrais lui dire dans ma future lettre ou ça serait trop étrange ?
Je continue la lecture de la lettre, Raphaël me raconte sa journée à la fac et je suis heureux d'en apprendre plus sur lui et sur son quotidien. Je lis en me sentant complètement captivé. Je me noie dans ses mots et m'imagine sa vie à travers lui.
Raphaël me donne accès à la plus belle forme d'existence : la liberté.
******
Aie aie aie avoir perdu la moitié de mes lecteurs c'est la vie que j'ai décidé de mener :') C'est si triste de regarder les statistiques et de voir que j'ai perdu la moitié des gens xD J'essaie de prendre cela à la légère et d'en rire mais c'est vrai qu'en réalité ça me touche mine de rien. Tant-pis, moi en tout cas j'aime énormément cette histoire alors je continuerai à l'écrire ~
Je pense que beaucoup l'ont remarqué mais la dépression n'est pas le seul sujet que j'aimerais traiter. Vous avez du voir que j'emploie à quelques moment des appellations en italique comme : il / lui . Vous ne savez pas encore de quel personnage il s'agit mais je pense que vous avez déjà du comprendre qu'il est en grande partie responsable de l'état de santé mentale de Léo. Des suppositions peut-être ? Car ce personnage et sa relation avec Léo sera également un des autres thèmes de cette histoire ;) Mais il prendra place un peu plus tard ~ Pour l'instant de ce que j'en imagine et des idées que j'ai pour cette histoire elle devrait être longue xD A ce jour j'ai le plan des chapitres jusqu'au chapitre 15 mais de ce que je me rends compte il me manquera alors énormément de choses à aborder XD Donc cette histoire devrait faire 30 bons chapitres à mon humble avis aha, je vous tiendrai au courant au fur et à mesure ~
A demain pour un nouveau chapitre (je publie également dimanche comme prévu ne vous inquiétez pas).
Sinon, que pensez-vous de ce chapitre ? Je suis désolée si je ne vous réponds pas toujours j'ai des problèmes de notifications WP, c'est agaçant mais sachez en tout cas que je vous lis tous et toutes !
Hésitez pas à parler de cette histoire autour de vous pour m'aider.
J'ai l'impression qu'on peut passer les 1000 abonnées au court de cette année et je n'arrive pas vraiment à réaliser. Je vois le nombre d'abonnés augmenter et je suis à chaque fois complètement sur les fesses, c'est pas croyable.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top