La lune était pleine et ronde dans le ciel noir d'encre. Sa lumière un peu rougie éclairait la campagne d'une lueur douce. Les traînées laissées des heures plus tôt par les avions effleuraient l’astre, l'enrobant de bandelettes blanchâtres et éphémères.

Joueuse, la lune taquinait les pointes des pruniers avant de s'élancer plus haut encore dans le ciel d'été, échangeait une parole avec les étoiles, et narguait innocemment une jeune fille qui, elle, avait bien les pieds sur terre.

La nuit était si calme, si pleine de silence, comme elle les aimait. Ne venait la troubler que le lointain chuchotement d'un engin agricole et les pas feutrés d'un chat en manque d'attention.

La jeune fille ne lâchait pas la lune du regard, comme hypnotisée. Elle qui avait parfois peur du noir et surtout de ce qu'il pouvait dissimuler se sentait bien, et totalement en sécurité. La chaleur de la journée persistait encore, mais une légère brise agitait ses cheveux fraîchement coupés. Le calme de la campagne apaisait ses pensées habituellement tourbillonnantes.

Dans cette atmosphère un peu irréelle, il lui sembla qu'il manquait quelque chose. La nuit faisait écho de sa solitude. Elle aurait aimé à cet instant, sa présence à lui. Effleurer sa main du bout des doigts, se coller à lui sous prétexte d'un frisson imaginaire, et le prendre dans ses bras. Elle ne voulait pas parler, simplement l’avoir avec elle, à ses côtés. Partager ce silence et cette plénitude avec lui aurait suffi à son bonheur.

L'esprit esseulé demanda alors réconfort auprès du cœur amoureux, et ce dernier lui murmura mille mots doux dont seuls les étoiles scintillantes furent témoins.

Un fin sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille, tandis qu'elle pensait à celui qu'elle aimait.

Qui sait, peut-être aurait-il proposé une balade au clair de lune ?