Chapitre 2
Le soir, Hyunjin quittait ses quartiers couvert d'une grande cape aux couleurs sombres. Ses cheveux roses attachés à l'arrière de son crâne pour ne pas être repéré, il se glissait habilement dans la pénombre. Son regard luisait dans la nuit et, tandis qu'il sautait au dessus d'un rocher, sa capuche tombait sur ses épaules, laissant ses oreilles pointues rencontrer la brise tiède de fin de soirée. Ses joues naturellement parsemées de gouttelettes d'argent le trahiraient s'il venait à croiser des braconniers, d'un bref mouvement il rabattait le linge sur le haut de sa tête et dissimulait à nouveau l'entièreté de son visage. Il avait pourtant tenté de les cacher lors de ses voyages nocturnes, mais le maquillage et les artifices n'avaient pas su cacher les pierres précieuses attachées à sa peau. Il était à lui seul un trésor que beaucoup d'ennemis tentaient de voler.
Si ici les membres de la famille royale avaient des joyaux incrustés dans la peau, d'autres royaumes avaient eut droit aux cicatrices de leurs ancêtres sur le corps, aux yeux en plus ou à l'absence totale de mélanine. Chaque famille gouvernante se distinguait de sa population, et ici Hyunjin, comme sa sœur ou ses parents, transportait avec lui une fortune vertigineuse sur son corps. Il s'agissait de toutes sortes de pierres précieuses qui s'étaient complètement glissées dans leur peau, Hyunjin en avait uniquement sur les joues tandis que celles de Yeji se trouvaient dans sa nuque et glissaient jusque ses épaules.
Voilà pourquoi il était interdit à tout membre de la hiérarchie de sortir seul. Kurthorn était un royaume calme et en paix, mais il arrivait que certains groupes rebelles fassent des attaques, et de nombreuses fois, des membres de sa famille avaient été tués par des révoltes de gnomes ou de trolls. Les nains restaient les plus gentils et les plus coopératifs. Ses ancêtres avaient tout vécu: la guerre, les embuscades, les menaces... Aujourd'hui, contrairement à autrefois, il n'était plus question de domination écrasante du pouvoir elfique, mais tout le monde n'adhérait pas forcément à la dynastie elfique. Il fallait dire qu'aux débuts du règne de la famille Hwang, ses ancêtres s'étaient imposés comme maîtres absolus et les tentatives de prise de pouvoir n'avaient été qu'un vulgaire enchaînement de massacres. L'anarchie s'était logée en leurs terres et il avait été difficile de s'en débarrasser. Ce ne fut que lorsque la mère de son arrière-grand-père prit le pouvoir que les choses changèrent.
Un siècle de paix durable s'était écoulé, Hyunjin ne s'inquiétait plus de sortir sans protection, mais il prenait tout de même quelques précautions.
Le prince avait suivi un enseignement strict et de qualité, il ne doutait donc pas de ses capacités. Il se savait pertinemment rapide et agile, dague en main il était prêt à toutes éventualités. Qu'on ose l'attaquer, il n'hésiterait pas. Son arc sautait dans son dos et les cliquetis de ses bijoux laissaient une douce mélodie à chacun de ses pas. Couronne sur la tête et regard attentif, il sautait à pieds joints devant une cabane aux airs abandonnés. Et, jetant un dernier coup d'œil dans son dos, il y entrait, éprouvant un frisson de liberté.
Deux bras s'enroulèrent alors délicatement autour de sa taille, l'attirant presque aussitôt dans une chaude étreinte.
— Que fais-tu ici si tard ? Tu sais très bien que je n'aime pas te savoir te balader seul dans les bois, et surtout la nuit. Un souffle chaud venait claquer ses joues rougies par la fraîcheur extérieure tandis qu'une voix inquiète parvenait à ses oreilles.
— Tu oses me faire une réflexion alors que tu m'attendais derrière la porte...
Le prince retint un petit ricanement, complètement attendri par l'attitude de son compagnon. Celui-ci le serra plus fortement contre lui, glissant ses puissants bras dans son dos pour ne lui laisser aucun échappatoire.
— Tu aurais dû rester au palais, pour ta sécurité.
Hyunjin avait, par habitude, enfoui son visage dans la nuque de son partenaire. Calmant ses songes troublés par d'agonisantes questions.
— J'avais besoin de te voir. Tu me manques tellement.
Il fermait les yeux, lorsqu'une paire de lèvres venait tendrement se presser contre sa tempe droite.
— Tu étais magnifique aujourd'hui. Un baiser sur la joue, puis sur la pommette. Ravissant, élégant, tu étais beau Hyunjin. Terriblement beau.
Fermant doucement les yeux, le prince se laissait enticher par l'odeur de l'homme qui le maintenait contre son torse. Il se sentait à sa place, dans ces bras-là, tatoués à l'encre indélébile, le nez ivre de saveurs. De ces saveurs-là, les siennes et celles de personne d'autre. Une main venait tendrement se glisser dans ses cheveux et Hyunjin papillonnait des yeux, il était fatigué, épuisé par sa condition compliquée. Il était éreinté de devoir se cacher, le cacher, les cacher. La main agile de son compagnon venait lui ôter sa couronne, murmurant de doux mots à son oreille.
— Détends toi, tu es de retour à la maison.
Il aimait ça, lorsque le plus âgé venait lui ôter le poids qui habitait sa tête. Il lui rendait sa liberté, le laissait être lui-même. Cette sensation de dépendance, Hyunjin l'adorait et la détestait à la fois. Faible, il le rendait si petit à sourire de toutes dents à chaque pas qu'il faisait dans leur maisonnette. Fort, il le rendait si grand à l'encourager dans chacun de ses choix et veiller sur lui.
— Quand je t'ai vu porter le petit Jeongin, j'étais terriblement fier.
Le garçon s'était éloigné et, attrapant la main de son petit ami, il le tira à sa suite en direction de leur petit salon.
— J'étais fier d'être le petit copain d'un prince si précieux et j'étais heureux de contribuer à son bonheur continu. Je crois être retombé amoureux tant tu étais captivant.
Les joues rouges, l'elfe lui avait offert un coup de coude affectueux.
— Cesse donc avec tes compliments, je vais mourir d'embarras si tu continues de faire tambouriner mon cœur de la sorte. Il posait une main sur son visage, gêné de réagir si facilement à chaque mots qui osaient sortir de la bouche de son bien-aimé.
Un rire avait sonné à ses oreilles, c'était un rire attendri, un rire confiant. Un sourire ravageur dressé sur les lèvres, Hyunjin faisait face à la seconde plus belle créature qu'il avait été donné au monde de créer: Bang Chan. Il était légèrement plus petit que lui, avait un physique tout particulièrement entretenu qu'il soulignait par des tenues faites de cuir. Il ne délaissait presque jamais ses gants et portait de grosses bottes qui claquaient lourdement le sol sous ses pas. Il avait également une quantité vertigineuses de dessin sur la peau, tous de tailles diverses, de formes et aspects différents. Sa peau n'était autre qu'une toile aux milles histoires, il en avait plusieurs sur le visage mais ce n'était rien comparé à ce qui se trouvait sous ses vêtements.
Posant ses mains sur les joues du brun aux tatouages, le rosé plongeait son regard dans les prunelles ambrées de son amoureux. Qu'il était beau lui aussi, avec ses cheveux sombres aux brindilles d'or et ses nombreux dessins d'encre qui parcouraient sa peau. Il glissa ses doigts sur les symboles qui se devinaient sous les yeux du brunet, particulièrement sensible à toutes ces fresques ébènes, il jouait à un jeu dangereux, incapable de résister à ce charme si particulier. Il avait depuis longtemps perdu, il en était épris. Bang Chan possédait l'entièreté de son cœur.
— Bisou ? Avait murmuré Chan contre sa joue, enroulant à nouveau ses bras, couverts d'un habit de cuir laqué, autour de la fine taille de l'elfe.
— Cesse ça ! S'était exclamé le prince, le poussant gentiment tout en s'éloignant de lui.
Chan avait ri tout en le rattrapant sans effort, déposant une multitude de baisers contre sa nuque. Hyunjin eut un grognement approbateur et ne résista plus, il posa ses deux mains sur les joues du plus âgé, lui releva la tête et l'embrassa avidement.
— Tu me dis d'arrêter mais je sais que tu adores ça. Mes remarques à l'eau de rose sont ce que tu préfères.
Hyunjin tâtait la pointe de ses oreilles avec gêne, et ne put que sentir son cœur s'emballer de plus belle, il en avait le bout rouge et brûlant.
Mais Chan restait un homme entêté, les tentatives de refus du rosé ne changeraient rien, se mordant alors farouchement les lèvres, il serra tranquillement la taille de son amant entre ses mains gantées et le ramena contre lui. Assis sur le canapé en soie, il posa sa tête contre le bas-ventre du jeune prince, un petit sourire trônant sur les lèvres. Ils étaient biens là, perdus dans leur petit monde, où aucun mauvais œil ne viendrait leur cracher d'insultes mécontentes ou haineuses. Hyunjin glissait ses mains dans les cheveux de son amoureux, jouant avec ses mèches sombres et claires, l'air de nouveau songeur.
— Lorsque Yeji m'a demandé de porter Jeongin. J'étais chamboulé. Je pensais qu'ils laisseraient Seungmin le faire. Il aurait même été normal qu'il le fasse. J'étais très surpris. Ses yeux papillonnèrent subitement. Et quand j'ai porté le bébé... Je ne saurai même clairement t'expliquer ce qu'il s'est passé en moi, c'était étrange, c'était soudain. Mais je n'avais envie que d'une chose: pouvoir un jour également porter mon bébé dans mes bras.
Un léger reniflement lui échappait et, inquiet, Chan avait relevé les yeux, laissant ses prunelles larmoyantes rencontrer celles du prince, dont les larmes roulaient déjà. Il lui attrapait la main, entrelaçant leurs doigts comme pour éloigner leurs mauvais songes. Hyunjin avait toujours été très sensible, et sa grossesse semblait appuyer plus facilement sur son moral, un rien suffisait à lui arracher quelques larmes. Mais le propriétaire de la petite maisonnette savait qu'il ne s'agissait pas d'un simple moment trop émotif, le prince voulait parler, altérer leur souffrance, apaiser leurs cœurs meurtris de peur.
— Je voulais y être, mettre au monde mon bébé et...
Sur ses joues aux pierres précieuses roulaient quelques larmes de douleur, elles n'étaient pas nombreuses mais semblaient glisser de façon colérique et tempêtueuse.
— Je voulais pouvoir te le donner, et sourire bêtement tout en t'observant l'apporter à l'Arbre Sacré.
Ne bougeant pas d'un pouce, Bang Chan se pressait contre lui comme pour tenter de le rassurer, d'éponger la peur qui rongeait son coeur depuis trois longs mois désormais.
— Tout est de ma faute. Je suis tellement désolé... Avait murmuré le tatoué, tremblant contre le petit ventre légèrement arrondi de son amoureux.
— Non ! S'écria aussitôt Hyunjin, prenant en coupe le visage meurtri du plus vieux. Ce n'est pas de ta faute, ne dis pas de bêtises. Je t'aime comme tu es et tel que tu es. Le petit être qui grandit dans mon ventre est le plus beau cadeau que tu aies pu m'offrir, de tous tes regards, de chacune de tes caresses, ce trésor en est le plus précieux !
Ses mains tremblaient contre les joues humides de l'homme aux dessins.
— Je ne regrette rien de nous Chan. Tu le sais.
— Moi non plus Hyunjin. Je suis simplement complètement terrifié parce qu'il nous attend. Ton ventre devient difficile à cacher, dans quelques semaines mêmes les plus amples vêtements te trahiront.
Un sourire peu rassurant dessiné sur les lèvres, le prince venait se glisser dans l'étreinte que lui proposait le tatoué. Le regard soucieux, il dessina du bout des doigts cette mâchoire qu'il connaissait par cœur, effleurant la peau qu'il avait tant de fois embrassée.
— Je ne te mérite pas, avait murmuré Chan, ses yeux papillonnant sous les caresses du prince. Je ne fais que gâcher ton futur. Si je ne m'étais pas engagé dans l'armée elfique, rien de tout cela ne serait arrivé et tu aurais pu avoir un avenir paisible et tranquille.
— Chan, chuchotait le prince contre la nuque de son amoureux, ce n'est pas avec cela que l'on aurait changé ma nature. Je suis né ainsi, j'aurai fini par le découvrir un jour ou l'autre. Et s'il ne s'agissait pas de toi, alors je serai finalement tombé enceint de quelqu'un d'autre...
Ses lèvres tremblaient à chaque mot qu'il prononçait, s'imaginer aimer une autre personne que le beau brun lui semblait impensable. Il fallait dire qu'ils en avaient vécu beaucoup de hauts et bas avant de devenir le couple soudé qu'ils étaient aujourd'hui. Hyunjin avait longtemps ignoré les avances du Général de l'Armée Elfique. Mais ils n'avaient pas pu résister bien longtemps, et quelques petites rumeurs couraient déjà dans certains rangs de soldats, notamment chez les gobelins où l'on racontait avoir vu le prince sauvagement embrasser le général au coin d'un couloir, ou encore chez les trolls où ils disaient avoir croisé Bang Chan dévêtir, avec avidité, le prince dont les jambes étaient enroulées autour de sa taille. Il fallait dire qu'ils n'avaient jamais été très discrets à leurs débuts. Mais pas une seule de leurs histoires n'était parvenue aux oreilles du peuple ou de la famille du prince, le général s'étant bien fait comprendre auprès de ses armées. Et à ce jour, tous pensaient leur amourette passée car, désormais, les deux hommes prenaient grand soin à ne pas se croiser en public.
— Je n'aurai pas supporté que tu tombes amoureux de quelqu'un d'autre Hyunjin.
— Je ne supporte pas l'idée de tomber amoureux de quelqu'un d'autre que toi Chan.
— Arrête de répéter ce que je dis ! S'était exclamé le brunet, attaquant l'elfe à coup de petites pichenettes contre l'épaule.
Hyunjin avait lentement glissé ses doigts sur la nuque de son petit copain tout en ricanant devant son attitude enfantine. Bang Chan était une toile pleine d'histoires, celles-ci s'écrivant naturellement sur sa peau, sans qu'aucun ne puisse la contrôler, c'était l'une de ses particularités si uniques, voir ses tatouages changer et évoluer de jours en jours. L'œuvre d'art qu'il vénérait le plus. Mais ce qu'il chérissait encore plus, c'était de voir que son prénom y résidait toujours et restait à une place inchangée. Sur son coeur, tout juste au niveau de sa poitrine, Hyunjin, il s'agissait de la seule marque qui semblait rester figée dans le temps.
— Seungmin n'a de cesse de me répéter qu'il faut que j'en parle rapidement. Leurs doigts s'entrelaçaient à nouveau, il souriait tendrement, aimant particulièrement le sentiment de sureté qui naissait en lui à chaque fois qu'il effleurait le cuir de ses gants.
— Ça ne m'étonne pas vraiment... Il est de loin l'un des plus observateurs du palais. Je ne sais pas depuis combien de temps il est au courant, mais s'il juge important de t'avertir c'est que tes changements physiques commencent à se voir. Murmurait Chan, son nez frôlant délicatement la joue incrustée de pierres précieuses du rosé.
— J'ai si peur...
— Nous trouverons une solution. Pour toi, pour nous et pour le bébé.
Parce que dans ce monde, qu'importe la classe à laquelle ils appartenaient, il y avait des règles qui restaient intransigeantes. Et le prince ne pouvait y échapper. Un membre de sang royal se devait d'épouser et de féconder une famille avec un être de sa race mais également de son rang ou bien de la haute hiérarchie. Et la famille Hwang avait tendance à vouloir conserver chaudement leur lignée elfique, les métisses n'étaient pas bien vus. Mais que pouvait bien faire Hyunjin? Tuer son enfant, la chair de sa chair, le fruit de son amour pour le général ? Peut-être bien qu'il aurait finalement dû faire plus attention, désespérément fuir ce soldat et ne jamais en tomber amoureux, mais contre qui devait-il lutter ? Au profit de quoi ? De qui ? Après tout, Hyunjin restait le prince cadet, il n'était pas celui qui monterait sur le trône, ne pouvait-il donc pas épouser celui que son cœur avait choisi ? Hyunjin n'avait jamais vu d'un mauvais œil leur relation. Mais le peu de rumeurs qui avaient tourné sur eux avaient surpris plus d'un légionnaire.
Il fallait dire que Hyunjin avait su choisir dans l'originalité, et en beauté !
— Je t'aime Chan, tu le sais n'est-ce pas ? Je t'aime plus que tout.
Il avait attrapé le col de son amoureux, le regardant de ses prunelles encore quelques peu larmoyantes. Et le brun lui avait grandement sourit, les joues écarlates, avant de loucher sur les lèvres du prince. Prince qui ne perdit pas une seconde, se penchant afin de cueillir passionnément les lèvres de son amoureux. Il en avait grandement besoin, de contact, de baisers, de caresses, d'amour. Il s'était pressé contre son aîné, appréciant sentir les lèvres charnues de celui-ci épouser avec tant d'agilité ses croissants de chair. C'était doux, c'était avide, légèrement brusque mais empli d'amour. Les mains du noiraud venaient glisser sous le fessier de l'elfe, le remontant sur ses genoux afin de l'embrasser avec plus d'aisance. Ils avaient besoin de se rassurer, se sentir importants, libres, vivants.
Bang Chan l'avait tendrement allongé sur le canapé, ne lâchant pas une seconde ses lèvres, il les mordit doucement, quémandant sa langue, effleurant de ses doigts les pierres précieuses qui décoraient le corps de son bien-aimé. Hyunjin était une créature de toute beauté. Ne délaissant aucunement le muscle rose du noiraud, le prince avait cambré le dos lorsque son amoureux avait engagé un langoureux coup de bassin contre son entrejambe, laissant leurs torses se rencontrer dans un petit gémissement d'envie.
L'elfe avait alors glissé ses doigts dans le dos de son amoureux, ôtant les sangles de cuir noir qui maintenaient son attirail. Et tandis qu'il le dévêtit, Hyunjin se redressa, caressant doucement ce qui faisait de Chan la créature si spéciale qu'il était. Une fois le dos libéré de tout tissu et coque de cuir, le brunet fit craquer ses épaules en un soupir de confort. Les doigts de Hyunjin parcouraient lentement les tatouages qui décoraient son dos afin de s'arrêter sur ses magnifiques ailes aux reflets blancs cristallins qui venaient d'être libérées.
— Je t'aime Chan, on élèvera notre enfant ensemble. Personne n'y touchera. Et il s'agira du plus bel hybride.
Un sourire s'était dessiné sur les lèvres du général, et dans un coup de reins incontrôlable, Hyunjin cambrait à nouveau, assis sur les cuisses de son amoureux tout en se penchant pour rencontrer à nouveau ses lèvres, perdu dans un océan de bonheur. Ils avaient ce besoin nécessaire de l'un l'autre, cette dépendance qui leur collait à la peau. Ils avaient peur, oui, ils angoissaient face à ce que leur réservait l'avenir. Mais lorsqu'ils se retrouvaient tous deux, perdus entre caresses et gémissements, il ni avait plus aucune hésitation.
C'était eux ou rien.
Ils avaient ce besoin si unique de s'aimer.
— Je t'aime, et le fait que tu sois une fée n'y changera rien.
Il y avait des temps comme cela, uniques et précieux. Il y avait des sensations, des touchers et sourires qu'il se fallait graver dans la mémoire, des perles de souvenirs, d'immortels cadeaux.
Un gargouillement les avait coupé dans leur élan. Faisant pouffer de rire le rosé qui s'arrêta aussitôt pour ramener le visage de Chan à sa hauteur et déposer une pluie de baisers sur ses joues.
— J'ai faim.
Chan avait ri sous l'expression boudeuse de l'elfe dont le ventre se mit à gargouiller une nouvelle fois. Hyunjin avait les oreilles si rouges qu'elles devaient certainement à nouveau brûler, le brunet les caressa du bout des doigts, amusé.
— Il me reste du potage normalement, ça te va ?
— Tout me va ! Répliqua le prince avec un grand sourire.
Ils finirent alors la journée installés dans la petite cuisine de la maison, tous deux à papoter autour des restes de potage. Hyunjin aimait cette vie simple, c'était d'ailleurs dans cette perspective qu'il voulait élever sa famille. Aux côtés de Chan, loin du palais et de l'enseignement qu'on y trouvait. Mais il était prince, quitter le château ne serait pas simple, tout scandale porterait préjudice au nom Hwang. L'elfe avait souvent songé à la fuite, disparaître sans mot, mais rester dans le royaume de Kurthorn était donner une possibilité à son père de le retrouver, aucun autre royaume n'avait pour habitue se mélanger à d'autres espèces, ils ne seraient pas les bienvenus, puis il y avait également sa grande sœur. Celle pour qui il lui était impossible de complètement tourner le dos à ses origines, il l'aimait tant. Et aujourd'hui pire encore, il se refusait d'également abandonner Seungmin et Jeongin.
Les yeux clos, Hyunjin se laissait porter par la respiration de son bien-aimé. Après avoir dîné, ils étaient rapidement parti se coucher, respectivement épuisés par leur journée. Cela faisait presque une heure qu'il s'était réveillé, légèrement tiraillé par de brusques nausées. Celles-ci s'étaient atténuées avec le temps, il n'en avait presque plus. Mais il lui arrivait, par mouvements brusques dans son sommeil, que son estomac se retourne subitement, lui arrachant de désagréables maux. Tentant d'éloigner cette sensation d'inconfort, il collait l'arête de son nez contre la nuque de son amoureux, s'y trouvant rassuré et entouré d'une vague de bien-être.
Il sentit alors le brunet remuer contre lui et ne put s'empêcher de sourire bêtement lorsqu'il reconnut les rugueuses mains de la fée remonter le long de ses hanches dénudées. Il laissa alors ses doigts rejoindre ceux qui caressaient doucement le bas de son ventre, un sourire béat sur les lèvres. Bang Chan semblait dans un état second, encore endormi. Alors le prince releva doucement le menton et déposa une traînée de chauds baisers contre le pectoral découvert de la fée. Leurs doigts s'entrelaçaient gentiment et le noiraud vint serrer plus intimement l'elfe contre lui.
— Bien dormi ? Avait-il murmuré de sa voix grave, faisant doucement frissonner le prince.
Hyunjin aimait ça, cette attention unique et précieuse que Chan lui portait. Ce regard étincelant qui couvrait chacun de ses gestes et cette lueur amoureuse qui brillait incessamment dans ses prunelles.
— À tes côtés ? Toujours. Répondit-il, il embrassa délicatement la mâchoire de la fée avant de se dégager de son étreinte pour s'asseoir et s'étirer en un bâillement.
Chan se mordait doucement la lèvre inférieure et passait les mains derrière sa tête sans jamais quitter du regard son compagnon, aucun des deux ne semblait vouloir quitter le lit.
— Cesse donc d'être niais, mon cœur est trop sensible pour subir tes douces paroles.
Un ricanement avait échappé au prince tandis qu'il glissait un élastique dans ses mèches roses pour les arracher. La fée tirait une moue endormie, les cheveux dans un désordre attendrissant et les yeux à peine ouverts. Mais Hyunjin n'y portait guère importance, devant lui se tenait le plus beau des trésors, avec ou sans les joues bouffies et l'air endormi. L'elfe déposait aussitôt ses lèvres contre le front marqué d'encre noire, laissant glisser sa bouche contre les tempes de celui-ci, effleurant ses joues et pommettes avant de délicatement cueillir ses jumelles. Hyunjin l'embrassa doucement, c'était léger et simple, comme leur relation, pure et sincère.
— Je vais devoir y aller, ils doivent certainement me chercher au palais. Murmurait doucement le jeune aux joues incrustées de pierres précieuses.
— Je sais que tu n'as pas envie de quitter mes bras.
Un doux sourire aux lèvres, le prince s'y glissait une dernière fois, tendrement bercé par la respiration de son amoureux.
— Si ça ne tenait qu'à moi, j'y resterai pour toujours.
— Si ça ne tenait qu'à moi, je t'y garderai éternellement.
Le cœur léger, Hyunjin se mit à sourire de plus belle, Chan avait ce pouvoir-là, celui d'effacer chacune de ses peurs. Pour rien au monde il ne sacrifierait de tels instants, c'était Chan ou rien. C'était Chan, c'était lui, c'était ce petit être dans son ventre. C'était eux.
Désolée, je me suis un peu emportée, je crois que j'ai rendu ce couple un tout petit peu trop guimauve... x) La suite le week-end prochain !
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