36.
- Nathan ?
- Oui. Répondit le concerné.
A l'entente de cette réponse, la jeune fille fronça ses sourcils châtains, montrant toute son incompréhension. Tellement de questions trottaient dans sa tête, s'en était presque hallucinant. Elle savait pas par quoi commencer, elle ne savait tout simplement pas comment réagir face à cette révélation.
- Tu es toujours là ? Demanda Nathan par curiosité.
Elle prit quelques secondes avant de comprendre la question qu'il venait de lui poser.
- Oui. Répondit-elle sur un ton hésitant.
- Tu n'as pas de questions ?
- Si, bien sûr que si.
- Tu peux me les poser si tu veux.
Elle hocha la tête même si elle était consciente qu'il ne la voyait probablement pas. Elle prit une grande bouffée d'air et s'apprêta à lui poser une question quand tout à coup, elle eut un bloquage, comme si elle ne pouvait plus parler. Elle tenta encore une fois de sortir un mot mais rien ne se passa, c'était comme si elle était devenue muette.
« Ça va passer. » Se rassura-t-elle.
Le temps que sa voix revienne elle se concentra sur le jeune homme se trouvant dans la cellule juste à côté. Il y avait toujours une centaine de questions passant à travers sa tête. Mais il y en avait deux qui revenaient souvent : « Comment a-t-il fait pour atterrir là ? », « Où est Maïa ? » Elle s'imagina alors les pires scénarios possibles.
Au bout d'un certain moment elle essaya de reparler, peut-être que sa voix était revenue. Ou peut-être que le choc de savoir que Nathan se trouvait dans cet endroit, lui retenait toujours sa voix enfouie au plus profond d'elle.
- Pourquoi... Commença-t-elle.
Il ne dit rien et attendit qu'elle continue sa phrase, il savait que dans tous les cas il allait devoir lui raconter tout dans les détails. Une espèce de boule s'était formée dans son ventre, il était stressé mais surtout affreusement terrifié.
- Pourquoi tu es ici ? Continua-t-elle.
Il l'entendit soupirer et soupira à son tour. Il avait un long et douloureux discours à raconter. Il ouvrit sa bouche et commença :
- Quand ils sont venus te chercher et qu'ils t'ont attrapée, ils m'ont ensuite relâché. Je suis rentré à la maison et j'a repris une vie « normale » comme ils me l'avaient conseillé. Dit-il avant de souffler.
Il avait parlé trop vite, il devait ralentir sinon il n'allait pas arriver à la fin de son histoire.
Elle écoutait, patiemment. Elle voulait savoir et elle allait savoir, pour une fois elle allait avoir des réponses à ses questions. Intérieurement, ça la réjouit d'une certaine façon. Elle savait qu'il s'était passé quelque chose, surement c'était affreux mais elle ne pouvait s'empêcher d'être soulagée.
- Mais après plusieurs nuits blanches, où je n'ai pas arrêté de penser à toi et à ce qu'ils te faisaient. J'ai décidé de te chercher et de te ramener à la maison. Après tout, tu fais partie de ma famille. Je ne pouvais pas t'oublier et te laisser pourrir là-bas. Alors, après une semaine et demie, j'ai pris une veste et un sac et je suis parti laissant un message à mes parents disant que j'étais parti te rejoindre dans ton stage forestier. Dit-il en articulant bien, cette fois.
- Mon stage forestier ? Demanda-t-elle en lui coupant la parole.
- Oui, mes parents se demandaient où tu étais passée alors j'ai du inventer une excuse.
- Ah d'accord.
- Au bout de deux jours, j'ai trouvé des indices. Je les ai suivis et j'ai trouvé un bâtiment, je suis rentré à l'intérieur et il n'y avait personne. C'était complètement vide. Il n'y avait que des documents sur un bureau. Je les ai lu et après plusieurs heures plongé dans la lecture, j'ai trouvé une adresse et des plans. Je les ai bien examinés et ensuite je suis allé voir un ami pour demander son aide. Reprit-il.
- C'est un informaticien et l'adresse était d'une certaine façon bloquée par un code. On a cherché ce code pendant plus de deux jours. On a enfin trouvé et l'adresse indiquait un village abandonné à cause de fréquentes tornades. Je n'étais pas sur si je devais m'y rendre. J'ai prit longtemps à me décider mais j'y suis finalement allé. Une fois arrivé là-bas, j'ai cherché dans les maisons. Enfin celles qui n'étaient pas barricadées. Dit-il sérieusement.
La jeune fille l'écoutait toujours, dévorant chacune de ses paroles. Elle était tellement concentrée qu'elle en oublia ses douleurs physiques.
- J'ai faillit abandonner mais dans la dernière maison, j'ai trouvé sous une vielle armoire, une fois de plus des documents. J'ai essayé de les lire mais c'était en langage pour les aveugles, tu sais avec les petits points qu'ils doivent toucher pour comprendre. Ah je ne me souviens plus du nom. Déclara-t-il légèrement exaspéré.
- Le braille. Dit-elle connaissant le mot qu'il cherchait.
- Voilà c'est ça! S'exclama-t-il. Bon, j'ai cherché sur internet et dans des bouquins et après trois jours je dirais, j'ai réussit à plus au moins déchiffrer les documents. C'était encore un autre indice menant à un autre endroit. J'étais prêt à y aller, seulement mes parents m'ont appelés me demandant de rentrer à cause d'un problème urgent. J'ai donc arrêté mes recherches et suit immédiatement rentré à la maison. Lâcha-t-il en avalant sa salive.
Le moment allait arriver, il allait devoir lui raconter ce qu'il s'était passé quand il était rentré chez lui. Des larmes baignaient ses yeux mais il continua son récit, voulant à tout prix informer Luna. Il savait qu'elle avait besoin de réponses, ça faisait bien trop longtemps qu'elle était enfermée dans cet horrible endroit.
- Une fois chez moi, il était tard. Je suis donc rentré discrètement sans faire de bruit et je suis allé me coucher, c'était inutile de les réveiller à cette heure là. J'ai dormi quelques heures et quand je me suis réveillé, je suis allé dans la cuisine me préparer un petit déjeuner. Il n'y avait toujours personne, du moins je pensais qu'ils dormaient encore. Je suis allé avec une assiette de tartines dans le salon pour regarder la télévision. Sauf que... Dit-il en s'arrêtant quelques secondes.
- Quand je suis arrivé dans le salon, je les ai vus au sol, baignant dans une énorme flaque de sang. Ils étaient mort, tous les deux poignardés au coeur. Continua-t-il.
Elle s'arrêta de respirer pendant quelques secondes, horrifiée par les mots qu'il venait de prononcer. « Comment c'est possible ? Pas eux, pas eux, pas eux. » Se répéta-t-elle en boucle.
Pendant ce temps, Nathan sanglotait doucement. Mais il devait finir, il devait tout lui dire. Même si ça le blessait plus qu'autre chose.
- Il y avait aussi un mot sur la table, il y avait écrit : « Tu vas payer pour t'être immiscé dans des affaires qui ne te regardent pas. -P » Après ça, tout est allé rapidement, ils sont venus me chercher et ils m'ont assommés avant de m'enfermer dans cette cellule. Voilà. Finit-il pour conclure son long discours.
Luna ne put sortir un mot, elle était à nouveau devenue muette. Ce qu'il s'était passé, ce qu'avait enduré son demi-frère la mettait hors d'elle. Il ne méritait pas ça, c'était quelqu'un de bien.
- Putain. Finit-elle par sortir après quelques minutes.
Il ne répondit pas et se contenta de laisser une larme couler le long de sa joue. Il avait mal, pour la première fois, il ressentait ce qu'elle ressentait à chaque fois que quelqu'un mourrait autour d'elle. Ça déchirait, ça tuait, ça faisait un mal de chien. C'était comme si quelqu'un arrachait à mains nues des parties de son coeur.
Un grand silence s'installa et le jeune homme finit par s'endormir, épuisé par les événements récents. Quand à la fille, elle n'osa pas poser d'autres questions et le laissa seul puisqu'elle savait exactement ce qu'il ressentait et dans ses moments le mieux était de rester isolé, du moins pour quelques temps.
*
Une heure plus tard, quelqu'un ouvrit la porte de la cellule de la fille aux yeux bleus océans. C'était un homme vêtu de noir, apportant un plateau de nourriture. Il retira immédiatement son masque et dévoila son visage, c'était Mickaël.
- Qu'est ce que tu fais là ? Demanda-t-elle en chuchotant.
- Je viens te livrer ton plateau avec comme dessert une information très importante. Répondit en remettant rapidement son masque.
Elle prit le plateau et l'écouta attentivement.
- Celui qui est dans ta cellule voisine, Nathan je crois...
Elle hocha sa tête, lui montrant que c'était bien son prénom.
- Et bien, ne lui fais pas confiance.
- Pourquoi ça ? Demanda-t-elle confuse.
- Parce qu'il fait partie des « méchants ».
- Quoi ? Regarda-t-elle son complice avec de gros yeux ronds.
- Je n'ai pas le temps de t'expliquer, mais juste, ne lui fais pas confiance. Répondit-il en sortant de sa cellule aussi vite qu'il était rentré.
Elle le regarda s'en aller, complètement abasourdie. « C'est que des conneries. » Pensa-t-elle. « Nathan ne pourrait jamais faire ça, surtout pas après qu'on ait tué ses parents. » Se dit-elle.
Pendant ce temps, le concerné Nathan, avait entendu toute la conversation.
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