32.
- Alors, ça te plait ?
Elle releva la tête pour voir qui parlait et aperçut un homme vêtu de l'uniforme habituel. Toujours les même vêtements noirs et toujours un masque pour cacher leurs visages.
Elle ne répondit rien, bien trop occupée à observer la personne qui se trouvait en face d'elle.
- Le boss veut te voir.
- Déjà ? Répondit-elle d'une voix insolente.
- Oui, tu ferais mieux de te lever.
- Non.
Elle devait jouer le jeu, elle ne devait pas jouer à la « soumise. » Elle le regarda avec un air méprisant, le mettant en défis.
- Alors je te lèverai. Déclara l'homme.
Elle le regarda s'approcher de plus en plus mais ne bougea pas d'un pouce, elle le cherchait.
Une fois près d'elle, il la leva sans problème et lui retira les cordes qui serraient ses poignets. Il la tira hors de sa cellule et l'emmena près d'une autre personne vêtue de noir.
- La voilà chef. Dit le garde.
Le soit disant « chef » arrêta sa conversation avec un de ces autres hommes et se retourna vers les deux personnes.
- J'ai du forcer un peu la main. Continua celui-ci.
- Je comprends c'est normal avec une telle bête. Rigola-t-il.
Les deux hommes se mirent à rire en coeurs pendant que la jeune fille les regarda faire, agacée par leurs comportements complètement puérils.
- Bon n°189, tu peux disposer. Ordonna le supérieur quelques secondes plus tard.
« Encore ces chiffres, c'est trop bizarre. » Se dit-elle.
Le « n°189 » partit, l'homme en face d'elle prit la parole :
- Très chère Luna, vu que tu es mon invitée spéciale, je vais te faire une petite visite du bâtiment où tu te trouves.
Elle regarda la personne qui lui parlait avec deux grands yeux ronds. Elle ne comprenait pas pourquoi on lui ferait visiter l'endroit où elle se trouvait alors qu'elle avait dut porter un bandeau tout le long du trajet pour arriver à sa « cellule ». Elle trouvait ça complètement stupide.
- Dépêche-toi. Dit-il d'une voix grave.
Elle fronça ses sourcils et commença à marcher à ses côtés. Elle pensait qu'elle serait torturée et non qu'on lui fasse une visite de l'endroit où elle se trouvait. Elle ne s'attendait pas du tout à ça, mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'allait plus se méfier; ces gens l'avaient enfermée, ils avaient tué sa mère et son frère et ils allaient surement la tuer elle aussi. La fille décida de ne pas s'énerver plus qu'elle ne l'était déjà et se concentra sur les explications de l'homme vêtu en noir. Après tout, grâce à cette visite elle pourrait mieux se repérer pour élaborer un plan.
- Actuellement nous marchons dans les couloirs principaux. Commença-t-il. Ces couloirs sont les plus longs du bâtiment. Ils font plus de quatre kilomètres. Continua-t-il.
Luna écoutait patiemment ces explications tout en regardant ce qui l'entourait. Malgré ce qu'on aurait pu penser en regardant l'usine-prison abandonnée, l'intérieur était assez moderne. Tout était peint d'un ton gris foncé à un gris légèrement plus clair. Il n'y avait ni fenêtres, ni tableaux accrochés sur les murs et parois. Seulement quelques machines, caméras et lumières étaient suspendues un peu partout.
Les deux personnes continuèrent à marcher en silence pendant quelques minutes jusqu'à atteindre un ascenseur.
Une fois rentrés dans l'ascenseur, l'homme commença à raconter une étrange histoire à propos des escaliers. La fille n'écouta pas, la voix de la personne qui parlait devenait de plus en plus insupportable pour ses oreilles. La voix était trop grave, trop psychopathe.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent soudainement. Les deux personnes sortirent de celui-ci et s'arrêtèrent devant une grande vitre.
- Regarde à travers la vitre. Dit l'homme à la voix insupportable.
La fille s'approcha un peu plus de la vitre et regarda. C'était une grande salle blanche où de nombreuses tables et toutes sortes d'instruments étaient disposés dans toute la salle.
Elle détourna son regard de la salle et le reporta sur l'homme qu'elle haïssait le plus au monde.
- C'est quoi cette salle ? Demanda-t-elle méfiante.
- Regarde à travers la vitre. Répéta-t-il.
- J'ai déjà regardé.
D'un coup, sans savoir pourquoi, le visage de Luna se retrouva collé contre la vitre. Le choc fit immédiatement saigner son nez. Elle grimaça de douleur et se rendit compte que celui qui l'avait brusquement plaqué contre la vitre, n'était personne d'autre que l'homme qui se trouvait à côté d'elle.
- Regarde à travers la vitre. Répéta-t-il une troisième fois.
Toujours collée contre la vitre -à cause de la pression de la main de l'homme sur sa nuque- , elle fut obligée de regarder une nouvelle fois la grande salle blanche.
Cette fois ci, la salle était remplie de petits enfants et de personnes « peintes en noir ». Chaque enfant était couché sur une table. Elle se demanda pourquoi tant d'enfants étaient réunis dans cette grande salle. « Qu'est ce qu'il va leur faire ? » Se demanda-telle.
Elle entendit un « go » de la part de l'homme debout à ses côtés et la seconde d'après, les hommes en noir injectèrent un produit -à l'aide d'une seringue- dans les bras ou les jambes de enfants. A peine une demi-seconde plus tard, chaque enfant se retrouvait dans une douleur intense. La plupart criaient ou pleuraient en se tortillant dans tous les sens et d'autres étaient secoué de spasmes. Du sang coulait de leurs oreilles et nez ou même de leurs bouches. C'était un spectacle horrible à voir, on pouvait voir que chaque enfant souffrait énormément.
Ce fut seulement après quelques minutes que les cris et les pleurs s'arrêtèrent. Ils étaient tous morts -ou inconscients.-
Le visage de la fille semblait horrifié, des larmes commençaient à se former au coin de ses yeux. Habituellement, elle était insensible aux autres mise à part sa famille. Mais là, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'effroi face à cette scène. Elle essaya de garder son calme mais voir ses pauvres enfants sans vie devant ces yeux lui rappela son frère; la mort de celui-ci et comment elle avait été impuissante devant son corps.
- C'est ta mère qui a fabriqué ce virus. Déclara l'homme en relâchant sa nuque.
- Non c'est pas possible. Dit-elle les larmes aux yeux.
- Bien sûr que si.
Elle n'en revenait pas, c'était impossible que sa mère ait créé un virus pour tuer des centaines d'enfants. Sa mère n'aurait jamais fait ça, elle en était sûre. Elle avait confiance en sa mère, c'était sa famille.
- Je ne te crois pas. Déclara-t-elle.
- Tu verras, je te montrerai. Insista-t-il.
Elle décida de l'ignorer, il n'allait pas réussir à la monter contre sa défunte mère.
- D'ailleurs, on doit parler de ton frère Enzo. Comment va-t-il ? Se moqua-t-il.
A l'entente du prénom de son frère elle serra ses dents. Il n'avait pas le droit de prononcer son nom, il n'avait pas le droit après ce qu'il lui avait fait faire. Une colère surprenante prit place sur le visage de la jeune fille. Elle avait tellement la rage, qu'elle oublia ce qu'il venait de se passer avec les enfants. Elle ne pensait qu'à sa vengeance.
« Je vais le tuer, il est juste à côté. Je peux le tuer. » Se convainquit-elle.
Et d'un coup, elle se jeta sur lui comme un lion enragé.
Il l'esquiva et lui donna un gros coup de poing dans le ventre. Elle se tordit de douleur jusqu'à se plier en deux et presque se coucher au sol.
- Tu es bien trop prévisible. Annonça-t-il d'une voix calme.
Elle releva sa tête vers lui et fit mine de tomber sur le sol. Elle ferma ses yeux et attendit qu'il agisse.
Dès qu'il l'a vu au sol, il ricana.
- Un coup dans le ventre et c'est déjà finit ? Tu es faible. Continua-t-il.
Il s'approcha d'elle et s'accroupi face à son corps.
- Je sais que tu joues la comédie. Murmura-t-il au creux de son oreille.
Elle continua à faire semblant, elle voulait lui donner un coup surprise. Elle devait juste attendre le bon moment.
Cependant, elle prenait trop de temps. Il était déjà au dessus de son corps entrain de l'étrangler doucement et puis le plus fort possible.
Elle ouvrit ses yeux bleus brusquement et essaya de se débattre du mieux qu'elle pouvait pour essayer de respirer. Mais une fois de plus, c'était peine perdue. Il était bien plus fort et ses mains se resserraient de plus en plus autour de son cou.
- Chef. Prononça un homme sortit de nulle part.
- Oui ? Demanda-t-il en enlevant ses mains du cou.
- Le sujet 1009 est rentré dans sa cellule.
- Bien, je vais aller le voir. Occupe toi d'elle.
Le « chef » partit et l'autre homme prit la jeune fille et la souleva. Elle avait ses mains autour de son cou en essayant de reprendre une respiration régulière.
- Ne résiste pas. Dit-il en la tirant à travers les couloirs.
Elle ne bougea pas et le suivi sans faire d'histoires en plus.
*
De retour dans sa cellule, l'homme se rapprocha d'elle et prit son visage entre ses mains avant de lui donner un coup de poing directement sur son nez -qui avait déjà saigné plus tôt-.
Elle ne dit rien et regarda l'homme sortir de la cellule en se essuyant son nez dégoulinant avec un vieux mouchoir qui se trouvait coincé dans la poche de son pantalon. Elle s'appuya sur le mur et s'assis sur le sol en repensant à la journée qu'elle venait de passer. Elle se remémora la fuite, les coups, les menaces les morts et les mots. Elle prit sa tête entre ses mains et soupira.
- Quelle merde. Dit-elle.
- Effectivement, t'as reçu un bon coup de poing. Lui répondit une inconnue.
Elle regarda dans toute sa cellule mais ne vit personne, elle vérifia une seconde fois si il n'y avait personne.
- A ta gauche. Dit la personne.
Elle regarda à sa gauche et ne vit qu'un mur. Elle crut qu'elle devait folle, mais elle entendit à nouveau la personne parler.
- En bas près de toi, il y a un petit trou. Continua la même personne.
Elle suivit les instructions et aperçut un petit trou dans les briques. A travers ce trou, elle pouvait voir deux yeux bruns fatigués complètement vides d'émotions.
- T'es qui ? Demanda-t-elle confuse.
- Maïa et toi ?
- Luna. Mais je veux dire qu'est ce que tu fais ici ?
- Je suis comme toi, une prisonnière.
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