Prologue
La cité était étincelante sous le soleil implacable de l'après-midi. Le Zénith était passé et les commerçants revenaient sur les étales. C'était le mois des tissus et l'air sentait la teinture. Les rues étroites étaient encombrées d'étoffes et de tapis suspendu dans les airs. Des vendeurs de Ru, une boisson froide infusée de menthe et de sucre, hélait les passants tout en rabrouant des gamins qui se pourchassaient et manquaient renverser les verres au précieux breuvage.
Dans cette atmosphère chaude et colorée, un son grave et profond résonna dans l'air. La population, à peine sortie des ombres salvatrices, se figea. Le son se répéta lentement, clamant la nouvelle. Certains reprirent leurs affaires mais la majorité se dirigea vers la place du Jugement, titillé par une curiosité morbide.
La foule s'amassa au abord des ruelles, n'osant pas s'approcher trop près pour rester dans les ombres protectrices.
La place du Jugement se trouvait au pied de l'entrée Sud du palais impériale. Construite dans l'axe parfait du point cardinale, elle était pavée de blanc et n'en était que plus éblouissante. Au bout, un grand escalier épuré de toutes fioritures permettait d'accéder aux portes, elles aussi dépourvues des dorures et décorations des autres portes. Il n'y avait que du blanc, aveuglant et implacable.
La seule particularité résidait dans une ligne de dalles noires qui traçaient un chemin accusateur jusqu'au pied des marches.
Sous les yeux inquiets de la population, trois gardes escortaient un adolescent à peine sortit de l'enfance vêtu des tuniques typiques des habitants de la Bordure. Depuis quelques années, il n'y avait que dans cette zone de non droit, à la frontière de l'Empire qu'on pouvait encore trouver des Catalysts essayant de fuir la Rey Ley.
Chaque pas lui arrachait des gémissements. Ses pieds nus brulaient sur la pierre chauffée à blanc par l'heure précédente. C'était là le châtiment des condamnés. Les gardes le forcèrent à s'agenouiller au pied de l'escalier et à faire face à son destin.
En haut des marches, malgré la saturation de lumière, se détachait nettement la stature massive du Prince, accompagné d'un Privilégié, sa garde personnelle. Le silence tomba, assourdissant, et bien que tout le monde savait déjà ce qui allait suivre, l'un des gardes s'avança et brisa le silence pour énoncer les faits.
— L'enfant a été trouvé dans une Caravane qui longeait la Bordure. Il a démontré ses natures de Catalyst en tentant de résister. Le Radiant qui l'accompagnait a été tué lors de l'altercation.
A ces mots, l'adolescent poussa un râle et releva la tête en signe de défi. Un des gardes lui attrapa la nuque et lui écrasa le visage contre le sol bouillant. Après cinq secondes interminables, il le relâcha et le silence revint sur la place.
Le rapporteur reprit.
— Selon la Rey Ley mise en place par le Prince Radiant II, à la suite de la Guerre du Soleil, pour maintenir la paix, nous vous rendons ce Catalyst qui vous revient de droit, corps et âme.
La foule se tourna vers le dieu vivant qui surplombait la place. Même si les Radiants n'étaient pas capables de voir la Luminescence, cette énergie qui coule en chaque chose et qui fut la raison de la guerre, il était impossible de ne pas être écrasé par la puissance colossale que dégageait l'homme. De rares esquisses, du temps où les Catalysts faisaient encore partit de la population, peignaient l'aura surnaturel de ces hommes.
Le Prince Radiant II était l'homme qui avait pris la terrible décision d'exterminer tous les Catalysts. Après plus de cent ans de guerre destructrice, le monde n'avait même plus assez de ruines pour se souvenir de ce qu'il était avant. Il ramena la paix et gagna le nom de Prince de Sang.
Depuis ce jour, la Rey Ley dirige le monde. Chaque enfant Catalyst qui sera découvert dans l'Empire sera condamné à mort. Sa famille subira le même sort.
Le soldat tira son glaive. Le soleil se refléta dessus avec force, obligeant la foule à se protéger les yeux.
— Catalyst, tes dernières paroles.
L'adolescent n'essaya même pas de parler. Toutes tentatives auraient de toutes manières étaient un échec. Il avait déjà accepté son sort. Rien ne pouvait le sauver. Son existence même était condamnable. Il ne pouvait souhaiter qu'une seule chose : qu'on mette fin à son calvaire.
Voyant qu'il ne dirait rien, le garde se tourna vers le Prince pour qu'il rende son jugement. A cet instant, la foule se ratatina encore plus dans les ombres, sentant le regard inquisiteur survoler la place avant de revenir sur le condamner.
— A mort.
Sa voix grave trancha net le fil de la vie de l'adolescent. La seconde d'après, le glaive chargé par la justice solaire implacable, s'abattit. Le sang perla sur les dalles noires mais n'atteignit pas le blanc immaculé. La cloche sonna la fin du Jugement.
— Ses parents n'était même pas là, soupira la jeune femme qui se tenait aux côtés du Prince. Si cela se trouve, ils ne savent même pas que leur fils a été pris.
Lux détestait les Jugements. Encore plus lorsque c'était des Catalysts. Cela devenait assez rare heureusement. Il faut dire que la garde veillait avec un zèle excessif.
— Ils auraient été tués.
Le ton était dénué du moindre intérêt pour ces individus qui avaient bafoué sa loi. Lux lança un regard en coin au prince.
— Ils auraient au moins pu essayer d'échanger leur vie contre celle de leur fils. Après tout, ce sont eux les criminels.
Le Prince l'ignora. En contre bas, la foule se dispersait rapidement pour retourner à ses occupations comme si tout cela ne s'était jamais passé et fuir la chaleur. A cette heure, la place du Jugement était un volcan en fusion.
Le garde qui avait prit la parole gravit les marches pour venir à leur hauteur. Le Prince pencha imperceptiblement la tête dans sa direction.
— Nous avons noté une hausse de l'activité du Marché des Mirages comme l'avait prédis votre soeur. Tout c'est passé comme convenu.
Il hocha la tête et congédia le soldat.
— Prenez du repos et laissez soufflez la Bordure, lui ordonna-t-il.
Le Prince jeta uin dernier regard à la place et, satisfait, il quitta les lieux pour rejoindre les ombres salvatrices du palais. La Jeune femme à ses côtés se dépécha de le suivre.
— Puis-je vous posez une question ?
Il hocha la tête tout en se dirigeant vers ses appartements.
— La Marché des Mirages est un vrai fléau. Ne serait-ce pas plutôt le moment de tenter une attaque alors qu'on sait qu'ils vont devoir s'immobiliser plus d'un mois pour les Jeux ?
Un fin sourire se dessina sur son visage altier.
— Quel est le meilleur moyen de garder un oeil sur son pire ennemi ?
— Vous choisissez volontairement de leur laisser leur liberté ? Malgré leur crime et l'évidence de leur rebellion sous jacente ?
— Tu n'as donc même pas un peu d'affection pour ces pauvres Catalysts qui n'ont rien fait d'autre que de naître à la mauvaise époque ?
— Les Catalysts doivent être sous votre contrôle.
Il ne put s'empêcher de rire.
— On ne pourra pas te reprocher ton zèle.
Elle rougit violemment.
— Etre une Privilégié est un honneur et je me dois de tout faire pour que la paix soit maintenu. Je n'ai peut-être pas connu la guerre, ajouta-t-elle, mais je sais lire la peur et la souffrance dans le visage de ceux qui l'ont vécu. Je ne baffouerais pas leurs sacrifices pour un peu de liberté.
Le sourire du prince s'envola et son regard s'assombrit. Le silence retomba. Il allait la congédier en arrivant à ses appartements mais se ravisa.
— C'est excatement pour ça que tout ceci est nécessaire. Même si les parents de cet enfant avait été là, je ne l'aurais pas épargné. Il n'y aura pas de traitement de faveur pour ceux qui bafoue la Rey ley. Ils ont donc intérêt à resté caché.
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