Chapitre 7 ° Le feu des Radiants (en cours)

Notes : * j'ai changé un détail (je vais mettre à jour progressivement dans les précédent chapitres) : les Radiants portent un collier avec une pierre qui canalise leur flux. Plus le Radiant est puissant, plus la pierre est lumineuse. Lorsqu'il retire le collier, cela libère leur luminescence qui peut envahir l'espace. C'est une sorte de bride. Ces objets sont assez rares c'est pourquoi seul les Radiants puissants peuvent en porter. En l'occurence, Maltar a pris soin d'en fournir à ses meilleurs éléments. Cela leur permet aussi de passer inaperçu (sinon ce sont des soleils ambulants).

Maltar avait refusé que Lior et moi partagions la même chambre mais il avait accepté de le loger dans la pièce d'à côté. Lorsqu'il était venu nous chercher ce matin, j'avais compris que les choses sérieuses allaient commencer.

J'essayais de rester impassible mais difficile de garder son sang-froid au milieu de tous ces Radiants. Lorsque le marchand avait annoncé qu'il était temps de nous mettre au travail, je n'avais pas envisagé d'être . A quoi m'attendais-je ?

Une vingtaine d'hommes s'entrainaient dans la deuxième cour soit par paire soit par petit groupe. A notre arrivée, ils s'arrêtèrent pour nous dévisager avec méfiance. Ils étaient tous vêtus d'un accoutrement similaire constitué d'un pantalon resserré aux chevilles et d'un t-shirt ample lorsqu'ils n'étaient pas simplement torse nu. Maltar émit un claquement sec de la langue et tout le monde retourna à ses affaires comme si nous n'existions pas. Je ne me sentais pas à ma place estimant n'avoir rien commun avec eux. J'aperçus le petit Abel au côté d'Oleck et de trois autres gamins. Je les observais se battre à la dérobée. Je devais arrêter de les considérer comme des enfants. S'ils avaient peut-être à peine dix ans, il n'y avait plus aucune once innocence. Ils avaient la même violence que les autres combattants, la même détermination froide dans leur regard.

Maltar nous conduisit vers la petite porte au fond de l'écurie. Celle-ci était entrouverte. D'autres personnes possédaient donc la clé de ce passage. De l'autre côté, aux abords de la plaine désertique, cinq personnes menaient un entrainement particulier. L'une d'elle, couverte d'une chemise à manche longue et d'un turban pour se protéger du soleil, surveillait deux binômes en pleine manipulation de Luminescence. Je tombais dénue en réalisant que deux d'entre eux étaient des Catalysts. Maltar interpella le surveillant en retrait.

— Je t'ai amené nos deux nouveaux. Je veux que tu vois de quoi ils sont capables.

— Tu veux que je casse tes nouveaux jouets ?

Cette voix ne m'était pas étrangère.

— Je sais ce qu'ils valent.

L'autre émit un rire fugace.

— C'est ton porte-monnaie qui le sait.

Maltar grogna.

— Fais-leur cracher leurs tripes.

Il se retourna et nous sourit comme si nous n'avions pas entendu. Sur ces paroles, il nous abandonna aux mains de notre nouveau bourreau et s'éclipsa par la petite porte. A part nous sept, il n'y avait personne d'autre à la ronde. L'hésitation me saisit alors que je contemplais l'immensité désertique à quelques pas. Lior posa sa main sur mon épaule.

— C'est tentant, me murmura-t-il à l'oreille. Mais si nous échouons, nous perdrons le peu de liberté que nous avons gagné. Il est trop tôt.

Il avait raison, bien évidemment. Mes espoirs n'étaient pas destinés à se concrétiser maintenant. De toutes les manières, je n'envisageais pas de défier au moins trois combattants aguerris. Notre supérieur se retourna et je déglutis difficilement en découvrant River. Maintenant que j'y faisais attention, je reconnaissais son turban gris sombre, le même que lors de notre première rencontre. Je me fis la réflexion qu'il était le seul à ma connaissance à en porter. River siffla à l'attention des binômes. Les deux Radiants mirent fin à l'échange et vinrent vers nous sans se soucier des deux Catalysts à bout de force.

— Ce sont les nouveaux ? s'exclama le premier, un jeune homme d'une vingtaine d'année avec des cheveux rouge sombre rassemblé en queue de cheval. Il paraît qu'ils ont couté une petite fortune.

Il rayonnait comme un soleil, baigné dans une Luminescence chaleureuse. Son regard tomba sur Lior et un sourire éclaira son visage.

— Tu es du culte du Safran !

Je remarquais en effet que ses cheveux retenus en queue de cheval était d'un rouge sombre identique aux teintures capillaires de mon ami. Le culte du Safran était une vieille tradition. Chaque année, à leur date d'anniversaire, les membres se teignaient les cheveux en rouge. Ils laissaient ensuite pousser et ne pouvait teindre de nouveau que l'année suivante. On m'avait expliqué que c'était leur façon de ne pas oublier le temps qui passe. Actuellement, Lior avait retrouvé sa blondeur originelle et il ne restait que quelques pointes rouges. River leva les yeux au ciel et fit les présentations sans cérémonie.

— Torri, voici Lior et Ciara.

Le Radiant nous offrit un sourire un peu trop grand auquel Lior ne répondit pas. Des cicatrices couraient un peu partout sur son torse découvert et j'évitais de deviner comment il avait pu les gagner. Le deuxième Radiant nous rejoignit enfin. Il était nettement plus âgé que ses deux comparses et arborait un air bourru renforcé par la profonde cicatrice qui barrait son visage.

— Ils m'ont pas l'air très coriace, grommela-t-il.

Torri passa un bras autour de ses épaules.

— Voici Gorth et sa bonne humeur légendaire.

— Démonter des gamins ne m'amusent pas. Si on veut être prêts pour les jeux, Maltar a intérêt à trouver des Catalysts digne de ce nom.

River se racla la gorge.

— Je prends le blondin, s'exclama Torri.

Il fit signe à mon ami de le suivre. Je me tournais vers Gorth. L'homme était petit avec un corps noueux comme un vieux chêne. Je n'osais imaginer la puissance dévastatrice de ses coups. Je le suivis sans un mot. Du coin de l'œil, je vis Torri en plein badinage avec mon ami pas le moins du monde réceptif. J'esquissais un sourire amusé. C'était tout à fait absurde.

— Tu sais te servir de la Luminescence ? demanda Gorth en prenant place.

Je hochais la tête.

— Voyons ça.

J'avais remarqué qu'il ne portait pas son collier. Pourtant je n'arrivais pas à percevoir sa Luminescence. Je ne pouvais pas croire qu'il n'ait pas autant de potentiel que son acolyte aubern. Il me le prouva en faisant surgir son flux du sol. Je restais ébahi. Il arrivait à camoufler son énergie !

— C'est quand tu veux.

Je laissais le flux m'atteindre. Mes fidèles arceaux de lumière s'extrairent de mon plexus et vinrent former une cage d'orée. Je ne pus retenir un soupir d'aise alors que la Luminescence inondait mes veines. Je n'avais pas réalisé à quel point cela m'avait manqué. Bientôt j'eus canalisé l'intégralité de son pouvoir et je vis son intérêt gagner quelques crans. Je stabilisais la puissance qui m'enveloppait et attendit la suite.

A quelques pas, Lior attendait sagement aussi, sa cage solaire virevoltant autour de lui, prête à frapper. Je croisais son regard et je vis la même euphorie qui m'enhardissait. Je lui fis un clin d'œil et il fronça les sourcils. Je retins un rire. La Luminescence avait toujours eu cet effet grisant sur moi, un peu comme avec l'alcool mais en plus intense. Notre mentor me reprochait souvent de perdre mon sang froid et de la laisser me monter à la tête. Mais c'était si frustrant de devoir se retenir de lâcher la bête.

— Le nez de Maltar a encore frappé, s'exclama Torri. Gorth, quelques passes ? Ça fait longtemps que je n'ai pas pu te mettre une raclée.

— Je ne crois pas que ce soit au menu, répondit son adversaire.

Le rouquin se tourna vers River.

— Pitié ! Ça fait des semaines qu'on n'a pas pu se battre convenablement.

Un duel de regard se lança entre les deux hommes. River ne résista pas très longtemps et baissa la tête avec un soupir.

— Cinq minutes et pas de dégâts. Et rien de stupide, ajouta-t-il à notre intention.

Il ne fallait pas en dire plus. Torri se jeta sur Gorth avec une vitesse surhumaine. Je lançais un regard outré à Lior qui arborait un petit sourire moqueur. Le tricheur !

Je plongeais dans le flux nerveux de Gorth comme un poisson dans l'eau. Le Radiant n'était pas très rapide à l'inverse de Torri qui n'avait de cesse de virevolté comme une mouche agaçante. Aucune chance de rivaliser avec son aisance naturelle. Je choisis de miser sur sa force évidente. Je densifiais méthodiquement chacun de ses membres et les rendaient plus solide que de l'acier. Toute la difficulté était de ne pas le rendre trop lourd ou trop rigide. En face, Lior essayait de me prendre de vitesse mais je pus compter sur Gorth pour assurer une défense infranchissable. Je supposais que les deux combattants s'entrainaient ensemble depuis assez longtemps pour connaître les bottes de l'autre.

Je venais à peine de finir son armure de lumière qu'un sifflement retentit, annonçant que les cinq minutes étaient écoulées. Les deux Radiants s'arrêtèrent aussitôt et rappelèrent leur Luminescence. Je soupirais de frustration mais tâchais de ne pas le montrer.

Torri n'avait pas perdu une once de son énergie. Il se tourna vers nous avec cet enthousiasme contagieux qui lui était propre.

— Je sens qu'on va bien s'amuser avec vous deux !

— Peut-être que Maltar n'a pas jeté son argent par les fenêtres finalement, marmonna Gorth.

Quant à River, il était pensif. Son regard passait de Lior à moi, et je pouvais sentir le poids de son évaluation. Il redressa alors le nez et fixa les dunes avec un air contrarié. Je suivais son regard mais je ne vis rien à par la poussière soulevée par nos récents combats. Les grains de sables voletaient en tous sens dans l'air chaud du désert. Certains semblaient même briller comme des particules d'or.

Je clignais des yeux. Le nuage était bien trop important pour n'être que de notre faute. Un vent chaud venant du désert soufflait vers nous avec un peu plus de force, apportant cette curieuse poussière. Un picotement familier couru le long de mon échine.

— On rentre, claqua sèchement la voix de River.

Ses deux acolytes devinrent brutalement soucieux.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? osais-je demander.

Torri fit jouer sa main dans l'air avec les particules dorées.

— Ça mes amis, c'est une Briseuse venu nous casser les...

— Dépêchez-vous, gronda River en coupant le Radiant et son chapelet de jurons.

Nous nous engouffrâmes dans les écuries et il referma la porte derrière nous. Il était donc le fameux détenteur de la deuxième clé. Cela confirmait mes soupçons. River occupait une place particulière. Le vent forcit, faisant claquer les volets. La plupart des hommes se dépêchaient de ranger ce qui trainaient avant de s'engouffrer dans les méandres de la demeure.

Dans le patio d'entrée, Maltar faisait fermer les grandes portes. Il nous aperçut et nous fit signe de nous approcher.

— Elle va être méchante celle-ci, dit-il en s'adressant au grand brun.

— Où sont les Carry ?

— En route. Gorth va t'assurer que tout le monde est à l'abri. River et Torri, vous vous charger de surveiller nos deux Catalysts pendant la tempête.

— Combien de temps va-t-elle durer ?

— Une bonne journée pour sûr. Elle se dissipera dans la nuit.

River eut un petit hochement de tête. Il échangea un regard appuyé avec Maltar. Je fus bien incapable d'en comprendre la signification.

— Je vous fais confiance pour les surveiller, vous n'êtes pas à votre première tempête.

Et sur ces paroles, il claqua la porte de son bureau. Je ne connaissais pas si bien Maltar que cela et pourtant, j'étais capable de percevoir sa fébrilité inhabituelle. Autour de nous, l'air se densifiait, se chargeant de particules de Luminescence. Même si nos deux acolytes ne mouftaient pas, je voyais les épaules de Torri se contracter. Je n'avais jamais entendu parler de ces tempêtes pleines de magie. Si je comprenais qu'elle rendait les radiants nerveux, que faisait-elle aux Catalysts ? Je laissais le vent traverser ma main. Je me demandais si je pouvais manipuler cette énergie.

— ­Ni pense même, lâcha River en me faisant sursauter.

Je le dévisageais mais détournais vite les yeux alors que ses deux onyx me fixaient durement. Je croisais mes mains dans mon dos et coulait un regard à Lior. Lui aussi se poser des questions. Contrairement à eux, la tempête ne nous affectait pas. Personnellement, je me sentais plutôt légère. Une petite voix me soufflait que je pourrais utiliser les flux ambiants, allant de la sens de la réaction de River. Cela voudrait dire qu'il était peut-être possible pour les Catalysts de se libérer du joug des Radiants. Cette idée me paraissait à la fois terrifiante et excitante. Il me paraissait pourtant assez improbable que nous n'en ayons jamais eu vent. A moins que cela ait disparu dans les cendres de la Guerre du Soleil ? Des scénarios délirants fourmillèrent dans ma petite tête trop imaginative. Il faudrait que je trouve un moyen d'en discuter avec Lior.

— Est-ce qu'on peut savoir ce qu'il se passe ? tenta de demander mon ami.

— Je vais avoir tout le temps du monde pour répondre à tes questions, déclara Torri en passant un bras autour de ses épaules. Mais d'abord, allons-nous trouver un petit coin tranquille.

Il s'ébroua alors que des paillettes d'or commençaient à parsemer ses épaules et ses cheveux. Il fit un clin d'œil à River et s'en alla avec mon ami sous le bras, bien obligé d'obéir. Je me tournais vers un River dubitatif. 

L'après-midi promettait d'être intéressante.

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