Chapitre 2 ° Maltar et ses hommes
Si l'affaire avait été rondement mené, le maître mettait un temps fou à finir la transaction. Les autres prisonniers avait été ramené dans leur cage. Lior et moi avions été abandonnée dans la cours, sous le regard de deux mercenaires et du soleil. Nos bras étaient toujours entravé mais nous pouvions enfin nous délier un peu les jambes. Il n'y avait qu'une issu et les murs étaient bien trop haut pour tenter quoique ce soit. Nous trouvâmes un petit coin d'ombre où nous tenir.
— Ca va ? me demanda Lior en faisant référence à ma brulure.
La proximité forcée avec la luminescence de l'abruti m'avait rougit la peau. Lior avait aussi eu droit au même traitement.
— J'ai connu mieux, admis-je.
J'entendais ses neurones cogité d'ici.
— A quoi penses-tu ?
— A nos chances de nous échapper une fois hors de ses murs.
J'y pensais aussi. Je savais pourtant qu'elle était bien mince.
— Nous pourrions nous fondre dans la masse, proposa-t-il.
Même lui savait que cela ne marcherait pas.
— Si nous ne sommes pas au milieu de nul part, nous sommes entourés de gens qui nous traquent. Ils ont l'oeil aguerri.
Lior hocha la tête.
— Que penses-tu de notre acheteur ?
— Il est dangereux.
C'était ma seule certitude.
Une heure passa sans que personne ne vienne. Avec la déshydratation, je sentais des relans de la drogue des derniers jours danser dans mes veines. J'espèreais sincèrement que nous serions au moins bien traité. Etait-ce naïf de ma part d'y croire ? Nous étions précieux après tout.
Les deux mercenaires s'agitèrent enfin. Notre vendeur venait de les rejoindre.
— Débarassez-moi ces deux là d'ici. L'affaire est conclue. Je veux qu'on soit parti dans l'heure.
Ils nous firent signe de venir. J'échangeais un regard avec Lior. Rien ne servait de résister. Mon ami s'avança de sa démarche souple. Malgré son âge et son corps fin, j'étais toujours impressionnée par sa capacité à paraître plus âgé. Je me glissais dans son ombre alors qu'il allait la tête haute et l'oeil attentif.
Alors qu'ils nous guidaient vers la sortie, je laissais mon regard explorer les ruines. Le sable était partout, engloutissant progressivement les vestiges d'un autre monde.
— On a bien fait de rien tenter, me murmura Lior discrètement alors que nous atteignons la sortie.
Dehors, il n'y avait que des dunes à perte de vue. Les mercenaires nous abandonnèrent sans cérémonie à nos acheteurs. Il y avait trois dromadères et quatre chevaux. Leurs cavaliers finissaient de les sceller. L'un d'eux nous fit signe d'approcher. Leur nonchalance me hérissait le poil. Lior m'empêcha de tergiverser en optempérant.
On nous installa sur un des dromadères. Nos liens furent défaits pour nous les accrocher à la scelle. C'était déjà plus confortable. Sur le deuxième dromadère, sur une chaise bien plus sophistiqué, le marchand nous observait, attendant patiemment que tous les préparatifs soient finis pour partir. Lior me vola les mots de la bouche.
— Pourquoi nous attacher ?
Notre acheteur sourit. La lueur d'intérêt dans ses yeux ne me donnait pas confiance.
— Nous avons d'abord un petit peu de chemin à faire avant de pouvoir en arriver là.
Les quatres cavaliers se mirent en scelle dans un même mouvement et nous partîmes. L'heure était encore trop chaude pour forcer l'allure. Nous avançions donc au pas. La marchand en profita pour caler sa monture au côté de la notre.
— Nous avons un peu de route et je souhaiterais mettre ce temps à profit pour que nous puissions faire plus ample connaissance.
Son regard allait de l'un à l'autre, étudiant le moindre de nos faits et gestes. Instinctivement je me tournais vers Lior. Voyant qu'il avait notre attention, il continua.
— Vous pourrez m'appeler Maltar. Je sillonne la Bordure depuis plus de trente ans. Certains s'amusent à dire que j'en suis le doyen.
Il émit un petit rire. Sa voix était chaude et rendait son ton aristocratique plein d'exostisme. J'étais née dans le désert, je coytais des caravaniers depuis ma naissance mais l'homme que nous avions en face de nous était de ceux qui connaissaient le désert dans ses profondeurs. Ceux qui prédise une tempête avant même qu'elle ne s'éveille. Ceux qui savent différencier les mirages de la réalité.
Nous n'arriverions jamais à le tromper. Lior en était à la même conclusion.
— Je ne vous demande pas de juger mes affaires. Le monde est ce qu'il est et chacun doit tracer son chemin pour survivre. Avant de parler de nos affaires, dites m'en plus sur vous. Commençons déjà par vos prénoms.
Nous nous présentâmes le plus succintement possible. Je le vis scruter nos mains à la recherche d'un tatouage qu'il ne trouverait pas. Lior le devança.
— Nous ne nous sommes pas fait tatouer le Chemin.
— C'est un choix intéressant.
Il joua avec sa propre main recouverte de bijoux venant recouvrir délicatement les arabesques et les étoiles d'encre sur sa peau. Je fus presque surprise qu'un homme comme lui est un chez lui. Ca ne collait pas avec le personnage.
— Rien ne doit pouvoir remonter à nos proches, expliqua Lior.
— Mais cela vous rend différent, rétorqua-t-il. Est-ce ainsi une façon détourner de vous rappeler ce que vous êtes ?
Je n'avais jamais penser à cela ainsi. Je contemplais mes mains vierges. A vrai dire, Lior et moi avions mémoriser le dessin. Tout le monde sait que la mémoire est fragile d'où ce choix de tracer sur nos peaux le chemin jusqu'à notre maison. J'avais toujours vu cela comme un manque, de ne pouvoir exiber mes origines. Jamais comme un indice de ma nature. De notre interdiction d'avoir un passé.
— J'ai pu constater que vous aviez une bonne résistance à la luminescence, reprit-il.
Nous restâmes silencieux ce qui ne le surpris pas le moins du monde.
— Qui vous a formé ?
Malgré toute sa maitrise, sa curiosité était bien trop prononcée. Je fus surprise que Lior lui réponde.
— Un ancien soldat.
— Un catalyst ?
— Un radiant.
Il caressa sa barbe, songeur.
— Avez-vous déjà essayé de vous lié à lui ?
— Non.
C'était un mensonge. Je tâchais de ne pas réagir pendant que Lior maintenait le contact visuel.
— Il le refusait, ajouta-t-il.
Si Maltar le vit, cela ne sembla pas pour autant le déranger.
— Qu'attendez vous de nous ?
J'en avais marre de tourner autour du pot. Il menait la conversation comme si nous prenions le Ru entre vielles connaissances. Il était un peu tôt pour oublier notre position de prisonnier. Son regard glissa sur moi avec une immense satisfaction, comme s'il attendait que je daigne enfin rejoindre la conversation.
— Cela ma chère, dépendra de ce dont vous serez capable.
Je fronçais le nez, contrariée par cette fausse réponse. Son sourire monta jusqu'à ses yeux. Il avait l'air trop sympathique et cela m'énervait.
— Mais pour vous répondre, je mène la majorité de mes affaires autour des combats d'arènes. Mon but est de trouver de petite perles rares qui se sont égarés et leur permettre d'explorer leur potentiel.
— Vous entraînez des tueurs, répliqua Lior sèchement.
Maltar scruta le désert quelques secondes avant de revenir à nous.
— J'admire ceux qui peuvent se permettre de ne pas se salir les mains le long de la Bordure, répondit-il.
Il émit un claquement sec avec sa langue. Les cavaliers qui nous escortaient se redressèrent sur leurs montures, aux aguets. J'essayais de trouver River parmi eux mais ils disparaissaient tous sous leurs turbans.
—Il est temps de conclure notre affaire. Voici le contrat : travailler pour moi, obéissez à mes ordres et je vous assurerais une vie convenable. Je peux même vous apporter une sécurité relative.
— Nous étions en sécurité chez nous, répliquas-je, mordante.
— C'était temporaire. Personne n'échappe à l'empire. Vous auriez fini par être attrapé.
— Vous seriez capable de nous promettre la sécurité ? demanda Lior suspicieux.
S'il disait vrai, sa proposition ne pouvait être ignoré. En tant que catalyst, notre vie ne tenait qu'à un fil et nos proches n'étaient pas en sécurité à nos côtés. J'étais pourtant encore dubitative.
— Vous pourrez constater par vous même avant de prendre votre décision. Pour l'instant, nous allons devoir régler un petit contretemps.
La seconde d'après, la caravane s'arrêta et nos cavaliers tirèrent des lames. La panique me gagna. Mais je compris soudain que nous n'étions pas la raison de cette agitaiton. Lior tira sur mes liens et m'indiqua une dune sur notre gauche. Dix silhouettes s'y découpaient et fonçaient droit sur nous. Sur l'autre dromadaire, Maltar se servait un verre de Ru. Je refrenais ma soif dévorante et retournais mon attention sur les nouveaux venus.
— Ils ont des catalysts, m'excalamais-je avec surprise.
Sur les dix hommes, deux n'émettaient aucune luminescence.
— Dommage, releva Maltar.
Malgré mon inquiétude, je ne pouvais cacher ma curiosité. Je n'avais jamais vu d'autres catalysts en action. Les hommes s'approchèrent alors que trois des cavaliers formaient une ligne dissuasive. Le quatrième surveillait nos arrières. L'un des homme s'avança et tira son turban.
— Bonjour à toi, Maltar! s'exclama-t-il avec une pointe d'amusement.
— A qui ai-je l'honneur ?
Maltar avait quitté son air avenant pour prendre un visage impassible, presque ennuyé.
— Ne sois pas si méprisant ! Tu nous as flairer depuis deux jours.
— Vous avez donc bien eu mon avertissement.
— Il va falloir être un peu plus convainquant l'ami. Deux catalysts entrainés, ca ne se trouve pas partout.
— Les rumeurs vont vite. J'avais pourtant payé ce marchand pour sa discrétion. Les moeurs ne s'arrangent pas.
— Je suis prêt à te les acheter.
— Tu sais bien que je ne change jamais d'avis.
L'homme observa les combattants qui attendaient patiemment sans montrer le moindre signe d'inquiétude.
— Tu as pris de bons hommes avec toi. Leur répution n'est plus à faire. Ce serait dommage de les perdre à quelques semaines des jeux.
— Ce sont tes hommes qui vont rotir sous le soleil.
Je voulais bien croire que les hommes de Maltar soient mieux entrainés mais face à dix hommes avec des catalysts, je n'aurais pas été aussi sereine. Sans parler de la présence de deux prisonniers catalysts, fraichement aquérit. Nous étions d'ailleurs sur la même longueur d'ondes. L'homme nous héla.
— Mes hommes sont entrainés à se battre avec des catalysts. Si tes petits prisonniers souhaitent changer de camp, libre à eux de choisir.
Je vis la luminescence des hommes s'activer. Ils nous y donnaient accès. Je lançais un regard à Lior. Fallait-il saisir cette chance ou allions nous juste passer d'un acheteur à un autre ? Maltar éclata de rire.
— Tu es si inquiet que tu as besoin de l'aide de ses deux gamins ?
— Cesse de te moquer, tu n'es clairement pas en position de force ! Accepte plutôt ma proposition. Vends les moi et évitons de faire couler le sang.
Je vis une lueur mauvaise traverser le visage de Maltar.
— Je suis Maltar, le plus grand maître de gladiateur, et premier conseiller de la princesse du marché. Tout le monde connaît ma réputation. Je sillonnais la Bordure pendant que toi, tu chialais sous le soleil. A quel moment penses tu pouvoir m'ordonner ?
Cette fois, les échanges diplomatiques étaient définitivement abandonné. J'attendais déséspérement que Lior me donne son avis. Il étudiait la situation patiemment et ne semblait pas décidé à intervenir. C'était trop tôt.
Les trois cavaliers s'élancèrent comme un seul homme, ouvrant les hostilités. Leur leadeur recula pour laisser la place à ses hommes. Pas très courageux.
Les deux catalysts s'activèrent. Je me demandais comment nos combattants allaient bien pouvoir faire face à des adversaires épaulés par la luminescence. J'eus très vite ma réponse. Maltar ne volait pas sa réputation et je compris que je ne devrais jamais le sous estimé.
Les trois hommes se mouvaient avec une fluidité de combattants expérimentés. Il n'y eut aucun fioriture. Chacun traça sur un des adversaires. Une esquive, un déplacement de profil, une remonté de sabre et une estoc. Un mort. Il attrapa le cadavre et l'envoya voler sur un autre. Ils dansaient et donnaient la mort sans une once d'hésitation. Les ennemis glissèrent au sol les uns après les autres. Je vis leur chef se décomposer face à leur efficacité imparable. Je vis l'un des catalysts tenter de protéger son radiant. Il prit posséssion d'un des combattants encore debout. Sa luminescence s'intensifia alors que ses gestes gagnaient en vitesse et qu'il tenait tête à un des gladiateurs. Un deuxième vint à la rescousse. Alors une faille s'ouvrit. Exactement ce que leur chef attendait. Le deuxième catalyst s'activa et je fus brusquement éblouis.
La seconde d'après, leur chef traversait la ligne défensive et arrivait à la hauteur de Maltar. Ce n'est que grace à ma nature de calayst que je réussi à décomposer ses mouvements, comme si j'arrivias à ralentir le temps. Malgré cet avantage, j'aurais été incapable de faire quoique ce soit. Je regardais donc, immobile, l'homme brandir sa lame droit sur notre propriétaire. Je n'eus même pas le temps de me demander si je devais essayer de le protéger ou non. Maltar ne mourrait pas aujourd'hui.
Une ombre s'interposa et le perfora au niveau du ventre. Je clignais des yeux alors que le sang rouge découlinait sur le sable. Je me tournasi brusquement vers le catalyst lié qui chancelait. Mon regard allait et venait. Cela allait beaucoup trop vite. Les lèvres de Maltar était pincées en un rictus contrarié. A ses pieds, le quatrième cavalier acheva sèchement l'audacieux.
Il se redressa et je croisais ses yeux entre ses turbans. Deux onyx froides.
Lior tira sur mes liens pour attirer mon attention. Je suivais son regard et constatais le travail redoutable des cavaliers. Tout le monde était mort. J'entendis Maltar soupirer.
— Il pense tous que je sais qui ils sont, marmonna-t-il. Dégoter moi un médaillon ou le moindre indice pour que je puisse savoir à quoi m'attendre quand on découvrira leur mort. Même si je doute qu'on m'en tienne rigueur.
River se baissa et je sursautais en le voyant trancher la main de l'homme. Je blémis et détournais le regard, mal à l'aise. J'aurais voulu que personne ne le remarque mais Maltar avait l'oeil.
— A défaut d'être une carte, c'est aussi notre nom, dit-il doucement.
Je ne répondis pas, vexé d'avoir été démasquée. Les cavaliers revinrent et se remirent en scellent sans un mot.
— Vous êtes toujours aussi radical envers vos ennemis ? osa demander Lior.
Maltar le dévisagea.
— Je les ai prévenu.
Les montures se remirent en route.
— Note, jeune homme que j'aurais pu les laisser se vider de leur sang. J'estime être magnagnime en leur offrant une mort rapide.
— Vous êtes surtout prudent, corrigea Lior. Il est déconseillé de laisser la vie de quelqu'un entre les mains du Désert.
Maltar sourit franchement, les yeux pétillant de malice.
— Je sens que nous allons bien nous entendre. J'aime les gens vif d'esprit. Mes gladiateurs sont ma plus grande fierté mais ils peuvent se montrer un peu bourru.
— La prochaine fois, je me montrerais moins réactif pour qu'il t'égratine un peu, grommela un des cavaliers, ce qui arracha un éclat de rire au marchand.
— Heureusement, ils ont de l'humour.
Le cavalier de tête donna un coup de talons à sa monture.
— Nous reprendrons cette discussion plus tard, je n'en ai pas encore fini avec vous mais nous sommes sur une bonne voix.
Le regard qu'il me lança était sans equivoque. Lior avait jouer le jeu. Pas moi. Je déglutis difficilement sans trop savoir s'il y avait une menace sous-jacente. Heureusement, les dromadaires prirent de la vitesse et toutes conversations devint impossible.
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