~°•○Chapitre 11○•°~

~°•○Sol Daystar○•°~

Il ne reste plus que deux jours. C'est dingue à quel point le temps a filé à une vitesse folle. Sol a l'impression qu'il est arrivé ici hier. Il se revoit encore clairement débarquer avec Arion, déçu de ne pas être dans la même chambre que son meilleur ami. Finalement, c'était peut-être pour le mieux. Après tout, il n'échangerait ses camarades de chambre pour rien au monde, surtout un.

Dans la lumière tamisée de l'aube, Sol peut apercevoir Bailong dormir à poings fermés de l'autre côté de la pièce. Pour une fois que c'est lui qui est réveillé en premier et pas l'inverse... Ils ne se sont pas beaucoup parlés, hier. Il faut dire qu'ils n'en ont pas trop eu l'occasion, la faute, comme toujours, aux groupes déjà formés. Pourtant, les quelques regards et paroles qu'ils ont pu échanger ont suffi à faire sentir que la tension entre eux est presque retombée.

Evidemment, il faut encore qu'ils parlent seuls à seuls. Or, difficile de savoir s'ils en auront l'occasion au cours des deux derniers jours qu'ils leur restent. Si seulement ils avaient plus de temps... Tant pis, il faudra composer avec ce qu'ils ont.

Une trentaine de minutes plus tard, lorsque les quatre résidents de la chambre numéro quatre sont réveillés, ils prennent la direction du réfectoire ensemble. Ils s'installent avec leur groupe habituel, et, tout en mangeant, attendent que les animateurs arrivent pour leur annoncer le programme du jour. En à peine deux semaines, ils ont plus ou moins fait de tour des activités classiques d'une colonie de vacances, alors beaucoup se demandent ce qu'il leur reste à expérimenter. Ils ne tardent pas à recevoir une réponse, bien qu'elle ne plaise pas à tout le monde.

- Aujourd'hui, on vous emmène en randonnée ! J'espère que tout le monde a pensé à apporter de bonnes chaussures !

Une randonnée ? Ils ont déjà fait beaucoup de marche ces derniers jours, mais, au moins, le paysage a le mérite d'être différent à chaque fois. Dommage qu'ils ne puissent pas prendre de photos... Certains se plaignent d'avoir des courbatures à cause du volley la veille, mais ça ne concerne pas Sol. Lui, il s'inquiète plutôt de potentielles douleurs cardiaques...

Tout le monde se dépêche de se préparer pour aller prendre le bus. Le trajet est bien plus court que pour aller à l'océanorium, et, cette fois, Arion reste éveillé tout du long. En arrivant, les adolescents découvrent un paysage fait de forêt dense, de pentes escarpées et de reliefs rocheux se dessinant à l'horizon. Le site est spécialement aménagé pour la randonnée, avec un kiosque, probablement pour les visites guidées, et des panneaux indiquant plusieurs parcours plus ou moins longs.

- On va faire quel parcours, nous ? demande Aitor, qui fait partie des peu motivés à l'idée de marcher.

- Le plus long, quelle question ! répond Hurley. Il faut avoir le sens de l'aventure, dans la vie !

Visiblement, tout le monde ne l'a pas, le sens de l'aventure, au vu du nombre de protestataires. Cela ne suffit pas à faire changer les adultes d'avis, et, après s'être assuré que tout le monde est bien descendu du bus (et surtout que personne ne s'est caché dedans), la randonnée peut commencer. Au début, le calme règne tandis qu'ils longent un ruisseau sur un chemin de sable plat. Mais, au bout d'une petite heure, le sol devient caillouteux et plus pentu, et les plaintes commencent à fuser.

- Aïe ! Ça s'enfonce dans mes semelles !

- T'as vu la gueule de tes chaussures aussi ?

- Fait gaffe où tu marches !

- Oui bah j'ai failli glisser !

- J'suis crevé, on fait une pause ?

- Si tu t'épuisais pas à râler, t'aurais plus d'énergie !

Hurley et Sue semblent avoir un super-pouvoir qui les rend sourds aux protestations du groupe, et se contentent de papoter allègrement avec les premiers de la file. Parmi eux se trouve Arion, qui semble engagé dans une discussion animée avec l'homme aux cheveux roses. Sol avait presque oublié que ces deux-là se connaissaient hors de la colonie. Lui et ses trois camarades de chambre sont un peu plus loin derrière, eux aussi peu affectés par les râleurs qui traînent les pieds.

- Nan mais le meilleur c'est le cinq, y'a pas photo ! argumente Victor

- Tu rigoles ? J'ai même pas réussi à passer le chapitre quatre, tellement tu te fais harceler de renforts ! Nan, le huit est clairement au-dessus du lot ! rétorque Gabi.

- Mouais, ça vaut pas le neuf et le dix... là, au moins, y'a du vrai worldbuilding, et une histoire dans laquelle on se sent impliqué ! réplique Bailong.

Les trois sont en train de débattre sur une licence de jeu vidéo que Sol ne connaît pas. C'est un jeu de stratégie, et il a toujours eu du mal à rester assis et concentré sur quelque chose plus de cinq minutes s'il n'y a pas la moindre action, donc ce n'est clairement pas pour lui.

Au moins, il se réjouit de voir Bailong discuter aussi facilement avec les autres, ce qui change de quand il venait tout juste d'arriver. Quelque chose en lui semble être né depuis que Sol et Victor l'ont trouvé en larmes ce soir-là, comme une volonté nouvelle de ne plus se laisser abattre par le deuil. Et le rouquin ne peut s'empêcher de se demander jusqu'où s'étend cette résolution...

Lui aussi a beaucoup réfléchi, notamment après sa discussion avec Gabriel. Il s'est rendu compte du nombre de fois où il a tenté de se convaincre que tout allait bien, de refouler sa peur en pensant qu'elle allait passer toute seule. Il faut bien se rendre à l'évidence : tout ne va pas bien. Il vit avec une angoisse constante de sentir son coeur dérailler, et, quand il essaye de passer outre, cela lui revient en pleine poire comme lors de la partie de football. Physiquement, il n'a plus rien à craindre depuis son opération, mais mentalement, il lui reste encore bien du chemin à parcourir.

Sauf qu'il n'est pas obligé de le faire seul.

Ca aussi, il l'a compris grâce à Gabi. Le soutien qu'il peut recevoir ne se limite pas aux crises d'angoisse. Il peut aussi se reposer sur ceux en qui il a confiance pour exprimer ses peurs au lieu de les refouler. Il n'a pas besoin de sourire sans arrêt, il a droit de ne pas toujours être ce soleil rayonnant de bonheur dont il tient son nom. Et il y a une personne en particulier à laquelle il tient absolument à parler aussi vite que possible.

Heureusement, la vie est pleine d'opportunités.

- Aaaaah !

Le groupe s'arrête au son du cri qui vient de retentir. Evidemment, il fallait bien qu'un d'entre eux trébuche sur les cailloux à un moment ou un autre. Et il se trouve que cette personne est Aitor, qui se retrouve par terre sous les rires de beaucoup, hormis peut-être Lucien qui est trop gentil pour se moquer de son ami. Les animateurs se dépêchent de le rejoindre, et Sue sort déjà le kit de premier secours.

- Aitor, ça va ? Rien de cassé ?

Aitor grommèle quelque chose d'incompréhensible pour toute réponse, et, lorsqu'il essaye de se relever, son genou ensanglanté devient apparent à travers son jean maintenant troué. Constatant les dégâts, les adultes annoncent, à la plus grande joie de certains, qu'ils doivent prendre une pause de quelques minutes le temps de remettre le casse-cou sur pied. Tout le monde s'écarte du chemin pour aller se poser à l'ombre des arbres, et Sol estime alors qu'il tient là sa chance.

- Bailong !

L'intéressé, qui partait à la suite de Victor et Gabriel, se retourne en direction du rouquin. Son regard ocre plongé dans le sien fait palpiter le cœur de Sol, créant un enchantement à la fois captivant et terrifiant. Oui, la situation lui fait peur, il plonge tête la première dans l'inconnu en espérant en tirer autre chose que de l'angoisse. Mais, tant qu'il n'est pas seul, ça devrait aller.

- Tu peux venir deux minutes, s'il te plait ?

Bailong accepte, ce qui apporte à la fois soulagement et encore plus de stress. Les deux adolescents se mettent un peu à l'écart du groupe, cachés derrière un grand chêne, tout en restant assez près pour entendre lorsqu'ils se remettront en route.

Et maintenant ? Ça y est, ils sont enfin de nouveau en tête à tête, comme ils ne l'ont pas été depuis bien trop de temps. Ils ont cherché à fuir, à se cacher de sentiments trop puissants pour leurs âmes fragilisées. Et désormais qu'ils ont finalement cessé ce cache-cache futile, ils ne peuvent que constater le trop-plein de choses qu'ils ont à se dire, et le temps qui leur manque cruellement pour toutes les exprimer.

Non. C'est justement parce que le temps est compté qu'il n'y a pas à hésiter.

- Bailong, je-

- Je suis désolé, le coupe le dénommé.

Pris de court, Sol se tait, ce qui laisse à Bailong l'occasion de poursuivre.

- La semaine dernière, j'aurais pas dû te dire tout ça. Qu'on devait plus passer de temps ensemble... Je crois que-

Cette fois, c'est au tour de Sol de le couper dans son élan, en s'approchant et en posant délicatement un doigt sur les lèvres du garçon aux cheveux bicolores.

- On a que quelques minutes, alors les explications peuvent attendre, tu crois pas ?

- J'imagine, concède Bailong. Pourquoi tu nous as emmené à l'écart, alors ?

Sol prend une grande inspiration. Son cœur bat la chamade, si bien qu'il craint presque l'arrivée d'une nouvelle crise. Mais non, pas cette fois. Pas quand les enjeux lui importent tant. Alors il prend son courage à deux mains, et dit ce qu'ils rêvaient de se dire depuis un moment déjà :

- Je t'aime, Bailong. Tu t'en doutais déjà, mais je voulais absolument te le dire de vive voix.

Le rouquin voit bien que Bailong peine à trouver les mots pour répondre à cette déclaration soudaine. Ce n'est pas grave. Sol n'a pas besoin d'entendre sa réponse, du moins, pas tout de suite. Après tout, il sait déjà de quoi il en retourne. Il se demande l'espace d'un instant s'il devrait joindre le geste à la parole, mais, avant même d'avoir eu le temps de se rapprocher du garçon aux yeux ocres, la voix de Sue interpelle l'entièreté du groupe :

- Fin de la pause ! On repart !

- Déjà !? on entend certains râler.

Les deux adolescents à l'écart se regardent, et Bailong semble agacé de ne pas avoir le temps de formuler sa réponse. Sol décide de prendre les devants, et, lui attrapant la main, l'invite à reprendre la route.

- Allez, viens, faudrait pas qu'on perde les autres !

Et la randonnée reprend, certains avec le cœur plus léger que d'autres.

~°•○Bailong Blade○•°~

Frustré.

C'est le seul mot qui peut décrire ce que Bailong ressent en ce moment. Depuis avant-hier soir, après sa conversation avec Vladimir, il n'a pas arrêté de se torturer les méninges pour savoir comment aborder Sol après tout ce qu'il s'est passé, comment lui demander pardon et lui avouer ce qu'il ressent. Et le rouquin y arrive comme ça, à la volée ? On croirait rêver, tellement c'est absurde.

- T'en tire, une de ces têtes. On dirait qu'on t'as piqué ton beignet nutella à la cantine.

- Victor, fais-moi plaisir et ferme ta gueule.

Le groupe entier se repose sur une aire de pique-nique, certains finissant ce qui reste de leur déjeuner. La randonnée est presque finie, et, le moins qu'on puisse dire, c'est que peu de monde risque de traîner à l'extérieur des dortoirs ce soir, tant ils sont éreintés. Bailong lui-même a probablement attrapé un coup de soleil, et a l'impression que ses pieds comptent plus d'ampoules qu'une avenue éclairée.

Lui et Victor se sont assis au pied d'un arbre, ne supportant pas de rester en plein soleil une seconde de plus. Un peu plus loin, Sol et Arion sont en pleine discussion avec Aitor et Gabi. Les deux garçons amoureux n'ont pas eu d'autres occasions de se retrouver seuls. Ils se sont retrouvés embarqués dans une autre partie de loup garou à midi, et les autres pauses se sont faites dans des lieux bien plus à découvert, peu propices aux conversations privées.

Bien sûr, ça, ce ne sont que des excuses, et Bailong le sait bien, tout comme il sait qu'il est bête de retarder leur discussion alors qu'il ne leur reste que deux jours (plutôt un jour et demi, maintenant). Cette fois, ce n'est pas tant la culpabilité qui l'empêche de parler, mais quelque chose de bien plus ordinaire, ce qui ne fait qu'augmenter sa frustration.

- C'est limite touchant, de te voir galérer à parler à ton crush comme ça.

Pour toute réponse, Bailong frappe Victor à l'arrière de la tête sans même prendre la peine de détourner le regard de là où Sol se trouve. Depuis la veille, les deux frères ont retrouvé un peu de leur complicité taquine qui s'était en partie perdue depuis avril. Ce qui, comme le démontre l'instant présent, n'est pas forcément une bonne chose... Enfin, Bailong mentirait s'il disait que ça ne lui avait pas manqué, de se chamailler avec Victor.

- T'es très mal placé pour me faire la remarque, sur ce point-là.

- Pour ma défense, on était occupés à s'occuper de votre cas.

Au fond, son frère n'a pas tort, et Bailong leur en est infiniment reconnaissant. D'ailleurs, il faudra qu'il pense à remercier Arion, à l'occasion. Enfin, quand il aura enfin réussi à accomplir sa mission principale. Le garçon aux cheveux blancs et bleus se tourne de nouveau vers-

Tiens, où est passé Victor ?

Bailong retrouve son frère un peu plus loin, juste à côté de... Sol et Arion, bien évidemment. Il leur chuchote quelque chose, et les deux meilleurs amis hochent finalement la tête, visiblement en accord avec ce qu'il leur a dit. Pourquoi est-ce que cette histoire sent l'idée à la noix ?

Soudain, le visage de Sol se crispe, et sa main vient agripper son tee-shirt au niveau de son cœur. Même de loin, Bailong peut voir qu'il a du mal à respirer, et, aussitôt, la panique le gagne, et il se précipite pour rejoindre le garçon qu'il aime, ignorant ses muscles fatigués par la longue journée de randonnée. Victor est déjà parti prévenir les animateurs, et Arion commence à emmener son meilleur ami à l'écart.

- Sol, ça va ? s'exclame Bailong malgré lui une fois à leur niveau. Tu m'entends ?

Et c'est là qu'il le remarque. Sol a, malgré sa détresse apparente, un sourire en coin. Arion lui-même semble faire de gros efforts pour ne pas exploser de rire, et se contente de faire un clin d'œil à Bailong pour lui faire comprendre la situation.

Oh.

Mais quelle bande d'idiots.

Ils s'isolent à l'abri des regards, derrière une rangée d'arbres assez éloignée du reste de leur groupe pour n'être ni vus ni entendus par de potentiels curieux. Le rouquin arrête de jouer la comédie, et Victor les retrouve uniquement pour que lui et Arion s'éloignent à leur tour, encore plus loin, non sans lancer :

- Allez, on revient d'ici dix minutes, ça devrait vous suffir !

Bailong ne sait pas s'il souhaite remercier son frère ou lui casser le bras. Probablement un peu des deux. Il se tourne vers Sol qui, contrairement à lui, ne semble pas plus affecté par la situation que ça. En même temps, il a déjà dit le plus gros de ce qu'il avait à dire, seul Bailong garde encore bien trop de choses dans son cœur.

- Tu avais quelque chose à me dire, ce matin, non ? Je t'écoute.

Il est enfin temps de les laisser sortir.

- Je voulais m'excuser, pour t'avoir repoussé comme ça l'autre jour. Je crois que... j'étais pas encore prêt à accepter que... que j'étais retombé amoureux. Enfin, disons plutôt que je pensais pas le mériter, après tout ce qu'il s'est passé. J'ai pas su empêcher Tezcat de se donner la mort, j'ai passé des mois à me demander ce que j'aurais pu faire pour l'en empêcher... Bref, c'était pas la joie.

A force de s'enfermer dans la culpabilité, il a commencé à avoir des moments d'absence, où il en oubliait ce qu'était le présent. La communication avec le monde extérieur s'est brouillée, ses mots se sont perdus dans les limbes des regrets et des questions à jamais laissées sans réponse. Ce dont Bailong avait besoin, c'était d'apprendre à lâcher prise, à se recentrer sur sa propre vie qui, elle, continuait bel et bien.

- Cette fois-là, tu m'as dit que j'avais le droit d'être heureux. Sur le moment, ça m'a énervé, parce que j'y croyais pas. Mais, quand Vlad me l'a redit au téléphone mercredi, je me suis rendu compte que vous aviez raison. J'ai envie de continuer de vivre, surtout si c'est pour être avec toi. Tu sais pas tout le bien que tu m'as apporté en même pas deux semaines, Sol.

A ce moment, Bailong ne peut s'empêcher de se dire que Tezcat avait tort. Personne ne saura sans doute jamais pourquoi il a précipité son départ pour l'au-delà, pas même celui qui l'aimait. Mais, ce dont le garçon aux cheveux bicolores est certain, désormais, c'est qu'il avait tort de se taire, tort d'endurer seul jusqu'à ne plus le supporter. Parce que, dans le cas de Bailong, il a suffi qu'un soleil débarque dans sa vie et le pousse à chambouler ses habitudes pour que l'espoir renaisse.

Sol s'approche et vient doucement prendre les mains du garçon qu'il aime dans les siennes.

- Toi aussi, tu m'as beaucoup apporté. Sans toi, j'aurais jamais eu le courage d'accepter ma peur par rapport à ma maladie-

- Ta maladie ? le coupe Bailong, toujours pas au courant de cette histoire.

Sol prend le temps de lui expliquer ses soucis de santé passés, et comment ils continuent de l'affecter aujourd'hui.

- Honnêtement, j'ai toujours peur qu'au moindre choc, mon coeur ne suive pas, conclut Sol. Et j'en ai marre d'essayer de me convaincre que tout ira bien, surtout qu'on peut pas dire que ça ait vraiment marché jusqu'ici. Si ça devient trop difficile, tu seras là pour moi, pas vrai ?

- Évidemment, répond Bailong sans hésiter.

Un instant de silence s'écoule, avant que Sol ne reprenne, avec un sourire plus en coin :

- Au fait, tu avais autre chose à me dire, non ?

Bailong comprend aussitôt où il veut en venir, et détourne le regard, gêné.

- Tu le sais déjà, non ?

Le rouquin vient poser son front contre le sien, le regard rempli de malice.

- Je veux te l'entendre dire.

Quelques secondes s'écoulent avant de Bailong ne cède face aux yeux océans rivés sur lui :

- Je t'aime.

- Répète plus fort ? J'ai pas entendu.

Le garçon aux cheveux bicolores le repousse légèrement, sans réelle conviction.

- T'as très bien entendu, arrête de te foutre de moi !

Quelques éclats de rire s'échappent des lèvres de Sol, qui trouve difficile de garder son sérieux face à la gêne de Bailong. Puis, le rouquin s'approche de nouveau, et, lorsque leurs visages ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, murmure :

- Moi aussi je t'aime.

Et, enfin, après deux semaines à se regarder, à se chercher, à craindre, à fuir, à se sourire et finalement à se retrouver, ils s'embrassent. C'est comme si tous leurs efforts pour sortir de l'ombre prenaient sens, et, lorsqu'ils sentent les rayons du soleil caresser leur peau, ils ont la confirmation que rien de tout ça n'était vain.

Tandis qu'ils se séparent, Bailong aperçoit du coin de l'œil une fleur blanche au pied d'un arbre. Solitaire, elle semble être la seule survivante de la fournaise infernale de l'été. Cela le fait sourire, et cette expression se reflète bien vite sur le visage de Sol.

Puis, des bruits de pas se font entendre, et, quelques secondes plus tard, Arion et Victor réapparaissent dans leur champ de vision.

- Alors ? demande simplement Victor d'un air entendu.

Bailong et Sol se regardent un instant, sans se départir de leur sourire, avant que ce dernier ne réponde :

- On devrait probablement y retourner, notre petite mise en scène a dû inquiéter Sue et Hurley. Sans parler du fait qu'on a une rando à finir !

C'est vrai, la journée n'est pas encore terminée. Il leur reste encore bien du temps, et, cette fois, rien ne les empêche de passer chaque heure, chaque minute, chaque seconde ensemble.

Bailong et Sol, accompagnés d'Arion et Victor, repartent vers le reste du groupe main dans la main.

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