CHAPITRE 58: dernier instinct


J'ai attendu longtemps, plus que le temps d'une nuit normale m'a-t-il semblé. Lino s'est éveillé le premier, pendant un court instant, m'a aperçu de ses yeux tout endormis et humides de sommeil. Il n'a pas résisté, est replongé. Il est mort de fatigue, comme Noama, presque morte.

Je me suis levé, j'ai bu, l'eau m'a frappé l'estomac vide. Je n'ai pas pu le regarder, insupportable cette expression! Ce visage mort...

Et je me lève, plus par mécanisme que par réelle volonté. Plus tout à fait vivante. Que faire d'autre, de plus? Je prends les cordes dans mes mains brûlées et j'essaie d'avancer. J'avance lentement, je ferme les yeux de toute façon, il n'y a rien qui puisse m'entraver, seulement une surface plane et parfaitement lisse, propre.

Un pas, un pas après l'autre et je me vide de mon sang au goutte-à-goutte comme un égorgement passé au ralenti... Profiter du spectacle avant que tout ne se retourne contre nous, pour voir notre propre fin. Tout se déforme sous mes paupières, des formes des couleurs, la tête qui tourne prête à tomber comme une masse emportant le corps dans sa chute.

Effet domino implacable. Clac clac clac chacun tombe l'un après l'autre. Tout se suit, s'enchaîne et se déchaîne! Il est des forces que l'on ne peut stopper. Comme un réajustement brutal et total de toutes les choses immorales et inavouables pourtant si communes. Puis je ne sais pas, je tombe simplement, couchée sur le flanc à voir ce tableau bancal de trois personnes à un stade de vie pas si différent et je suis aussi une partie à part entière de ce coup de maître. Même l'air est lourd, la terre sous mon corps est pesante et, paupières fermées cette lueur claire, aveuglante qui transperce cette fine peau protectrice.

J'ouvre l'œil droit, le plus loin du sol froid. Et cette ligne lointaine, très lointaine d'une couleur de sang et d'orange parsemé de jaune qui semble dévorer le noir. Ce feu ardent d'une clarté lugubre brûle mon œil que je ferme aussitôt sous l'assaut. Et cette douce chaleur enveloppante comme un cocon soyeux, comme dans les bras tendres d'une mère. Il est si facile de s'abandonner, maintenant. Sans équivoque tout mon corps s'incline face au repos tant quémandé. Mon esprit hurle et pleure, effrayé par ce moment où plus rien n'est envisageable et où il faut accepté la mortalité, la mienne, ma résilience. Mais mon cœur lui se réchauffe, se vide, s'attarde sur la vie et pardonne tout.

Au loin, un bourdonnement, des voix cloisonnées, grave et grésillante mais plus rien d'autre à part une décharge électrique qui parcourt mon corps, un réflexe ancestrale face à un supposé danger. Il reste toujours l'instinct en nous, l'instinct de la proie prise au piège de ce qu'elle ne peut ni voir, ni combattre. 



____________________

Salut à toi et si tu es arrivé jusqu'ici je t'en suis reconnaissante et je te remercie d'avoir suivie ce périple long durant lequel j'ai fais une longue pause et j'en suis désolé mais c'était nécessaire. 

Donc c'est la fin et je suis heureuse d'être allé jusqu'au bout !!

J'envisage éventuellement un second "tome" j'ai une suite dans la tête à vous de me dire si ça vous tenterai ou non si c'est non je n'en voudrais à personne ;)

J'ai également d'autre projet d'écriture je verrais ce que j'en fais mais vous en serez sans doute les premiers informés.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top