CHAPITRE 40: coeur...
L'homme inspire bruyamment et bloque sa respiration dans un couinement aiguë. Je ne bouge pas. A genoux à regarder Sacha, inerte. Je place mon index et mon pouce sur ses paupières. Ma main tremble, incontrôlable.
L'homme murmure mais je ne comprends pas. Pas au début.
- Pourquoi avez vous fais ça? Vous êtes un monstre je suis médecin j'aurais pu le sauver! s'écrie l'homme qui n'avait pas bouger.
Qui n'avait rien fait d'autre que regarder
J'assimile ses paroles à la fois extrêmement vite et horriblement lentement. J'essais de me faire croire que je n'ai pas entendu ça. Pourquoi dit-il ça? Pourquoi dit-il que je suis un monstre? Pourquoi fait-il comme-ci j'avais voulu ça? Comme-ci c'était de ma faute?
La rage... Je ploie sous le poids de la rage. Brûlante, dévastatrice.
Je me relève doucement, mes jambes tremblent, vacillent. Je sanglote mais ne pleurs pas. Aucune larme. La haine devient l'égale de la tristesse. Tout se bouscule. Je me retourne vers lui qui semble dévasté. Comment, comment peut-il faire ça? Comment peut-il faire la victime alors qu'il n'a rien fait? Il n'aurais pas pût le sauver de toute façon. Pourtant il me blâme. Pourquoi? Il n'a pas eu à tirer, lui!
Le pistolet tremble dans ma main. Mon corps entier à présent. Mon cœur est au bord de la rupture. Haine. Mon œil est embrumé. Mon ventre brûle. Douleur. Je ne pense pas. Il n'y a rien, rien à penser. Je n'arrive pas à remettre les choses en place. Tristesse.
Je brandis l'arme devant moi et tire. La détonation retentit et résonne. Il tombe comme un sac.
Tous mes muscles se relâchent. Je ne tombe pas, le pistolet ne tombe pas non plus. Il reste collé dans la paume de ma main. Je cesse de trembler. Je ferme les yeux. Ma respiration se fait lente. Je sens mon cœur. Il bat contre mes tempes, toujours en état de marche. Il semble ne jamais vouloir s'arrêter. Veux-tu bien te stopper? Arrête de courir, de marcher de te traîner. Arrête parce que tu me traînes avec toi, tu me tires vers la vie, vers le fond le plus obscur qui soit. Arrête je t'en pris...
Li... Lino... Je m'efforce à espérer que lui m'attend. J'essais mais du côté clair de ma vie il n'y a que lui. Le côté sombre est bondé, surpeuplé, il déborde. Il explose.
Lino. Lino. Lino. Noama. Lino. Sym. Lino. Noama. Sym. Leurs prénoms me viennent en tête à chaque fois que mon cœur pulse. Electrochoc.
Ouvre les yeux! Reprends toi! Repars! Continues, ne lâche pas! Surtout ne lâche pas...
J'inspire. Je pense. Je veux. J'ouvre les yeux. Je serre les poings.
J'avance vers la sortie. Comme je peux. Je trébuche. Je me relève. La poussière se soulève derrière moi, mes pieds traînent. Le sang coule un peu, lentement, délicatement. Mon sang. Ma vie. Mais je continues. Mon instinct me pousse. Lino est comme un aimant. La liberté crie, m'appelle. Des bras se tendent mais l'obscurité me poursuit, elle sait où je vais. Mon sang lui montre le chemin.
Aucun son à part ma respiration, mes pas et mon cœur qui bat.
Chaque pas est un supplice de douleur, physique, psychologique. Avancer. Avancer pourquoi? Le laisser partir? Impossible. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Un mort, vivant encore. Ma main est posée sur mon ventre douloureux mais je n'appuies pas, je n'ai plus la force de me maintenir en vie. En revanche j'ai celle qui me permettra de me libérer de ce tunnel. De me sortir de cet enfer.
La porte se dessine dans le noir. Un bruit de moteur à l'arrêt l'accompagne et une lueur passe sous la porte.
J'y suis presque. Je tends la main vers la poignet. Je la touche l'enferme dans ma paume et la tourne.
Je la pousse avec tout mon corps qui se laisse aller sur elle. Je tombe de l'autre côté. Je ferme les yeux. Une lumière éclatante m'éblouit.
Une voix retentit. Un enfant. Il m'appelle.
- Iphigénie! Crie-t-il.
Lino. Des pas se précipitent vers moi.
Je ne bouge plus. Je n'y arrive plus. Ils y arriveront pour moi.
Je sens des mains se placer derrière me genoux et dans mon dos. Elles me soulèvent vite mais délicatement. J'entrouvres ma paupière.
Sym.
- Vite, dans la camionnette! Retentit la voix de Noama qui semble avoir prit les choses en main.
Il me pose sur le métal froid de l'arrière du véhicule en marche mais immobile.
- Lino, devant avec moi! Ordonne Sym calmement.
Lino prend ma main et pose un baiser rapide dessus.
- M'abandonne pas. murmure-t-il la voix brisée.
Le claquement des portières retentit et le véhicule démarre.
Enfin, nous quittons l'enfer.
Je vois le visage affolé de Noama au dessus du mien.
- Iphigénie, reste avec moi.
Elle presse un tissus sur mon ventre. Je le sens mais cela ne me procure plus aucune douleur.
- Tu as tenu jusqu'ici nous lâche pas maintenant. Je t'en pris. tente-t-elle ses paroles se faisant de plus en plus difficile à comprendre et son visage de plus en plus compliqué à voir.
J'entends mon cœur de nouveau.
Cœur aimé. Ayant aimé.
Cœur meurtris, meurtrier.
Cœur douloureux, blessé.
Cœur haineux, trahis.
Cœur triste, ankylosé.
Cœur Iphigénie, cœur finit.
C'est bon, vas-y j'ai déjà tellement perdu avant, j'ai trop perdu aujourd'hui et je perdrais encore beaucoup. A quoi bon?
Les appelles de Noama s'estompe. Tout s'occulte. Tout est calme, paisible et reposant. Les étoiles. Ces milliers de lumières sont là. Je les vois. Je les observe, les admire.
Je ferme ma paupière.
Plus rien,juste le calme. Uniquement la paix.
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