CHAPITRE 38: éclats


Mes mains ne tremblent pas. D'habitude c'est le cas. Mais pas là. Je le sens, quelques choses vient de changer, quelques chose de décisif, d'aussi bon que mauvais.

J'essuie, du revers de la manche de ma veste verte, le sang qui coule de mon front pour noyer mon œil encore valide. Il y en a tellement que le tissus kaki de ma manche droite devient noir en seulement un passage. Je sens le sang. Je le sens qui empli la pièce, mes vêtement et mon nez mais j'ai aussi l'impression que c'est mon odeur, ma marque de fabrique. Une tâche indélébile. Alors que j'essais de la faire disparaître à chaque instant de ma vie, un événement survient et la fait s'accrocher à moi un peu plus à chaque fois.

J'approche de la charogne qu'est Loucas est récupère le pistolet qu'il m'avait pris avant de le mettre dans mon sac. je le regarde une dernière fois et lui crache dessus sans sermon. Ma bave mélangée à mon sang s'écrase juste en dessous de son œil où plutôt ce qu'il en reste. Un bref coup d'œil vers les morceaux de son crâne m'indique qu'il ne se relèvera plus. Il aurait dû la fermer.

Je détourne mon regard et le reporte à Sacha, la tête rentrée dans les épaules et les bras ballants comme une marionnette effrayée par son détenteur.

Je marche vers lui en même temps que, du bout de l'index je touche ma lèvre éclatée. La douleur fusent brutalement et lorsque je retire mon doigt un picotement subsiste. Mes mains sont sales, au sens propre du terme comme au figuré, et je me maudis intérieurement. 

Je m'infecte moi même. Je m'autodétruit mieux que personne ne le ferai, à part, Haydin peut-être, et Loucas s'il était encore en vie.

Etrangement, je ressens une certaine fierté à avoir fait taire l'un de ceux qui détruisent ma vie.

L'arme à feu toujours dans ma main droite, je tends ma main gauche à Sacha. Je frôle ses doigts mais il recule comme effrayé par... Moi. Il tremble encore. On pourrait croire qu'il convulse tellement ses tremblements sont violents. La sueur tombe de ses cheveux et trace la ligne de son visage encore enfantin. Je me retourne pour partir avant que d'autres ne franchissent la porte.

- Tu n'étais pas obligé... chuchote-t-il si bas que je crois l'avoir inventé.

Mais non, lorsque je me retourne sa bouche entre ouverte et sa lèvre inférieur grelottante me prouvent que cette fois, ce n'était pas une invention de mon esprit torturé et délié.

- Si. je lâche simplement avant de me retourner.

Cette fois j'entends ses pas me suivre et son souffle encore étreint et haché par l'angoisse. Sa main toujours existante vient rencontrer la mienne. Un soulagement m'envahit. Il m'en veut, me déteste même peut-être mais il ne veut pas me blesser.

Je sers brièvement sa main un peu plus fort pour lui montrer sans parler que je ne le lâche pas. Malgré...

Maintenant, il s'agit de trouver la sortie. Je ne suis pas sûr que nous y arrivions. Une intersection de dessine devant nous et j'accélère. Plus vite nous serons sortis, mieux ce sera pour tout le monde.

Je suis devant et m'apprête à tourner à gauche quand à droite une ombre sort de la lumière d'une torche. Je pivote sur mes pieds. Mon bras droit se lève et mon arme se pointe vers l'homme que je ne reconnais pas immédiatement et dont j'ai failli à son tour détruire l'existence en une seule pression. Je souffle d'un coup pour décompressé. Quelqu'un va finir par mourir si je ne me calme pas un tant soit peu.

Il lève les bras en l'air par réflexe. Son torse pas tellement musclé par rapport à ce que je pensais se soulève au rythme de sa respiration qui s'est coupé brutalement une seconde plus tôt. Il recule d'un pas et je ne peux m'empêcher de penser que c'est à cause de la tête que je dois avoir.

- Calme. murmure-t-il.

Je baisse mon arme lentement, toujours méfiante.

- On sort comment? je l'interroge en jetant des coups d'œil rapide et frustré de droite à gauche.

Il me fait un signe de main pour que nous le suivions et il se retourne et part en marche rapide.

Je le rattrape et arrive à sa hauteur Sacha juste derrière moi me tenant toujours la main en la serrant plus fort encore.

- Range ça d'abord. m'indique-t-il en pointant du doigt mon arme à feu.

J'hésite, pourquoi je ferais ça? Il s'arrête tout à coup et plante son regard dans le mien.

- Tu vas finir par blesser quelqu'un. Fais moi confiance. chuchote-t-il.

- Pourquoi je vous ferais confi...

- S'il te plaît... me coupe Sacha dans un souffle dans mon dos.

Il a encore peur. Je le vois dans ses yeux et il tremble toujours. Si bien que je commence à soupçonner quelque chose de plus grave que la peur. Peut-être que son amputation s'est infectée? Non, il aurait certainement tremblé avant.

J'obtempère, je pousse le pan de ma veste et range le pistolet dans ma ceinture. D'un coup l'homme attrape ma veste et la repousse de là où naturellement elle était retombé. J'ai un mouvement de recul mais il approche sa main de mon ventre et lorsqu'il touche un cris autant de surprise que de douleur de déchire l'abdomen.

- Oh putain... souffle-t-il choqué.

Je regard à mon tour. Mon t-shirt est imbibé de sang est malgré sa saleté et sa couleur désormais très sombre, j'aperçois un trou dans le tissus. Je lâche la main de Sacha et je soulève mon t-shirt doucement avec une grimace lorsque tout près de la blessure le tissus sale et mouillé du t-shirt se décolle du contour de la plaie.

Là, juste entre mon nombril et mon sternum se dessine l'endroit où a balle de Loucas s'est arrêtée. Il m'aura eu finalement. Mais je n'ai mal que quand je touche et la blessure semble ne plus saigner.

La balle a dû stopper l'hémorragie mais de ce fait est encore plonger dans ma chair et il faudra l'enlever au risque d'une infection que je redoute plus que la douleur.

La douleur passe, la mort reste.

L'homme me regarde de ses deux grand yeux marron foncé compatissant et repousse doucement Sacha pour ne pas qu'il voit. Mais autre chose passe dans son regard. Une chose que je n'arrive pas à identifier. Seulement il est clair que ce n'est pas tout à fait amical.

Je laisse retomber mon t-shirt au risque d'une autre douleur qui survient presque instantanément mais elle est supportable plus que ce que je m'étais toujours imaginé venant d'une arme à feu. Je reprends la main de Sacha et approche mon visage de celui de l'homme. Face à face tout près à quelques centimètres seulement

- Je ne suis pas encore morte. je lui chuchote avec un rictus qui sonne autant comme une parole rassurante qu'une menace.

Il déglutit si fort que j'entends sa salive retourner dans sa gorge. Il hoche rapidement la tête et seulement après ça, je m'écarte.

- Noama a peut-être trouvé un véhicule elle m'a dit comment faire pour les trouver.

S'ensuit un dédale interminable de couloir qu'en enfin une porte se profile devant nous. Une simple porte en bois brinquebalante prête à tomber de son embrasure. Un murmure semble pouvoir la disloquer.

- Après cette porte on a plus qu'à aller tout droit, il y en a une autre et c'est fini.

Il est clair qu'en cet instant je me demande comment nous pouvons en être arrivé jusqu'à la sortie sans que notre avancé ne soit entravé par qui que ce soit.

Une étrange angoisse me noue l'estomac. Un horrible pressentiment. J'avance lentement par instinct mais la simple idée de sortir d'ici me fait perdre toute conscience des risques.

L'homme s'avance vers elle et nous le suivons. Il ouvre la porte doucement avec le pied, aux aguets... Aucun bruit. Il la pousse complètement nous laissent entre voir le début d'un immense couloir aussi noir que le chemin des enfers. Il passe la porte.

Je retient mon souffle et je passe, resserrant ma main dans celle de Sacha qui est à distance de son bras tendu derrière moi. La porte se referme lentement d'elle même en grinçant nous plongeant doucement dans le noir complet...

Mon pied se lève pour avancer en même temps que l'homme se retourne pour reprendre le chemin vers notre liberté. J'ai maintenant un peu de considération pour lui.

Mais, là, tout à coup. Dans ce couloir où la noirceur et le silence prenait place un "Bip" aiguë retentit.

Mon estomac se tord. L'instinct que l'on fait taire nous montre que l'on a tord. J'avais tord. Un courant très chaud vient embraser mon dos. Une lumière éclatante s'installe durant une seconde. La terre tremble, les murs tremblent.

Ça s'écroule dans mon dos. Pas le temps de réagir, j'entends Sacha pousser un cri de détresse puis se taire.

Les explosifs...

Je m'effondre sous le souffle et parce que quelques chose me tombe dessus. L'homme aussi chute en s'élançant vers nous un bras tendu dans l'espoir. Mais de quoi?De nous sauver peut-être?     

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