CHAPITRE 37: instinct.
- Alors comme ça, jeune homme, Sacha c'est bien ça? Tu fais confiance à la charmante attendrissante et destructrice Iphigénie. commence-t-il en scrutant la moindre de mes réactions et celles de Sacha.
- Je peux comprendre... Mais entre nous, pourquoi la trouver attendrissante? demande-t-il en se grattant le côté de la tête avec le canon du pistolet.
Sacha hésite, ne sait pas s'il doit vraiment répondre. Moi je préférerais qu'il ne réponde pas, parce qu'une réponse entraîne une autre question jusqu'à la vérité, la vraie et la douloureuse vérité.
Loucas avance d'un pas, Sacha recule un peu plus derrière moi. Les yeux du fou retombent comme son sourire et tout à coup, il semble vraiment attristé. Son bras retombe mollement contre son flanc et ses yeux rougissent.
Je fronce les yeux pour être certaine de ce que je vois parce que je n'en crois pas mes yeux.
- Pourquoi ne réponds-tu pas? Tu as peur de moi? murmure-t-il en passant le dos de sa main sur ses yeux.
- Oui. lâche finalement Sacha en resserrant sa main sur ma veste.
Un sourire fou, dément, sans âme resplendit et Loucas laisse apparaître des dents parfaitement blanches et alignés qui paraissent forte. Elles m'inspirent celles de son chien. Les dents d'un prédateur qui arrache la chair et boit le sang. Tout ce qu'il est.
Je ferme les yeux, un atroce frisson me parcourt du bas du dos jusqu'à ma nuque ma faisant rentrer la tête dans les épaules par réflexe.
- Oh, glousse Loucas comme s'il venait de trouver quelques chose d'inattendu et de marrant. Qu'est ce qui se passe grande et forte Iphigénie? Ne me dis pas que toi aussi tu as peur. Tu sais bien que la peur ça rend humain. Qu'est ce que la peur signifie Iphigénie?
Je ne réponds pas, j'ouvre lentement les yeux. Il ne peut pas faire ça. Il n'a pas le droit... Je respire bruyamment... L'air passe difficilement.
- Je sais que tu connais la réponse, les gens comme moi la connaissent. Et toi, tu es comme moi!
Il cherche. Il me pousse toujours plus près du gouffre. Oui, il sait, du moins il sait une partie. C'est comme s'il poussait mes épaules et que mes pieds glissaient sur le sable, sec, crissant et sans vie. J'essais de freiner. Arriver le plus tard possible au gouffre voilà ce que je fais depuis que tout ça a commencé.
Il appuie sur la détente, la balle siffle à côté de mon oreille droite. Je lâche un crie de surprise.
- Réponds moi, je vise très mal et la prochaine fois je pourrais vraiment passer trop près. me menace-t-il en même temps qu'il menace Sacha en visant sa tête.
Ça je n'aime pas, vraiment pas... Alors je réponds.
- Peur, processus empêchant d'utiliser la raison. je lâche rapidement pressée d'en finir.
- Tu vois quand tu veux. sourit-il d'un contentement qui semble véritable. Voilà donc mon cher petit Sacha pourquoi Iphigénie peut sembler invulnérable ce qui est la raison pour laquelle tu l'as suivie.
Sacha lève ses yeux vers moi et je m'empêche de le regarder. Je ne supporterais pas son regard.
- Parce qu'Iphigénie bloque la peur; sa peur. Ou plutôt ses peurs les plus enfouis. Tu ne les soupçonnes même pas, tout ce qu'elle a fait c'est...
- Tu ne sais pas! Je cris, tu ne sais rien de ce que tu racontes!
- Voilà, la bête se réveille enfin. expire-t-il bruyamment en levant les bras au ciel d'un réelle soulagement.
- Arrêtes! Ce que tu dis, c'est faux! Tu imagines que tu sais! Mais ce ne sont que des mensonges!
Sacha angoisse terriblement, sa respiration accélérée en témoigne.
Il ne comprend pas.
Il ne sait pas pourquoi on écoute Loucas, pourquoi on subit, pourquoi je subis! Il sait encore moins ce que j'ai fais et ça, ça l'angoisse parce qu'il est en train de se rendre compte qu'il fait confiance à quelqu'un qu'il ne connaît pas. Absolument pas.
Il ne comprend pas pourquoi je n'utilise pas le pistolet à ma ceinture. Il n'arrête pas de passer sa main sous ma veste, suffisamment longue pour le dissimuler, il le fait bouger, très légèrement comme pour me rappeler qu'il est là, et qu'il n'attends qu'à cracher la mort en métal qu'il contient et qui va plus vite encore qu'un battement de coeur.
J'attends que Loucas baisse sa garde, seulement, il a beau être fou, il n'est pas stupide.
Ou peut-être qu'il n'est pas non plus si malin que ça. Il s'avance jusqu'à ce que nous ne soyons plus qu'à trente centimètres l'un de l'autre.
Il fixe mes yeux. je fixe les siens.
Un duel silencieux s'engage. Chaque adversaire se demandant: Que va-t-il se passer en premier? Qui lancera l'offensive? Qui, mourra aujourd'hui?
Loucas ne sourit plus. Il sent comme je sens, que l'orage ne va pas tarder à éclater.
Un autre boum retentit de nouveau sur la porte. Cette fois Loucas s'emporte.
- Arrêtez bande d'idiots et fermez la!
Plus un bruit ne passe au travers de la porte, ils se sont tous tus.
Sacha tremble et doucement, très doucement sans que Loucas ne le voit j'attrape le poignet à Sacha et retire sa main accrochée à ma veste.
Je reste stoïque, j'essais tout du moins. Pas un clignement de cils, pas une respiration de travers, pas un geste brusque. Tout semble calme, presque apaisant quand Loucas ne parle plus, qu'il ne fait que regarder et respirer comme il le fait en cet instant. Le calme avant la tempête... Le cataclysme ravageant tout sur son passage... Même moi... Surtout, moi....
Loucas ouvre la bouche et chuchote juste assez fort pour que Sacha et moi entendions:
- La peur rend humain...
Tout à coup, il se retourne et je ne réfléchis plus. Je saute sur son dos et assène un coup de pied dans son poignet le faisant lâcher le pistolet qui était le cinquième, le manquant dans mon sac.
Mais pourquoi ne pas avoir pris tous les autres? La question me surprend surtout que je me débats pour rester sur son dos tandis qu'il gesticule pour se libérer. Mais il n'est plus armé. Pas de couteau. Moi non plus. Mais j'ai le pistolet.
Brusquement! il se laisse tomber en arrière m'écrasant de tout son poids. Je lui ai servi de matelas pour l'atterrissage. La douleur me coupe la respiration un instant mais je reprend mes esprits juste le temps qu'il lui a fallut pour se relever et être plus en colère que jamais. Je sors mon pistolet de ma ceinture mais je n'ai pas le temps de le viser qu'il m'inflige un violent coup de pied dans mon poignet droit et à mon tour, je lâche mon arme sous la douleur.
Il plonge pour l'attraper mais j'agrippe sa cheville et le tire. Une fois qu'il s'est écroulé vers l'autre côté, je me lève et me laisse tomber sur lui, genoux en premier percutant de plein fouet sa cage thoracique. Il crie mais pas de douleur seulement parce que là, je l'ai affaiblie.
Je frappe son visage. Il se défend et m'inflige un coup de poing et ma lèvre inférieur éclate.
Il coince de sa jambe gauche, ma jambe droite et attrape l'un de mes poings en vol et me renverse. Il se retrouve au dessus de moi. Au loin j'aperçois brièvement Sacha qui ne réagit pas. Je n'essais pas de crier puisque les coups pleuvent, sur mon ventre, mon thorax et mon visage que je tente de protéger comme je peux.
C'est alors qu'il place ses mains sur mon cou et serre très fort, violemment. Si fort que quelque chose craque. Mais je ne sais pas quoi.
J'essais de tirer ses avants bras sur les côtés pour libérer ma respiration. Rien n'y fait j'échoue... Je réussis à griffer son visage et à enfoncer mon pouce dans son oeil gauche. Il relève les bras pour protéger ses yeux, celui que j'ai touché se met à pleurer. J'en profite pour lui infliger un coup de poing dans le ventre. Mais non, en effet il n'est pas stupide. Il attrape mes poignets et les place sous ses genoux les broyant un peu plus à chaque fois qu'il bouge ne serait-ce qu'un peu en m'infligeant un coup. Il serre de nouveau ma gorge. Petit à petit... Il serre plus fort. Plus lentement... Plus vicieusement... Il m'ôte la vie...
Puis, je pense à ma vie, à protéger les points vitaux de mon corps pourtant une pensé me traverse aussi rapidement que le poing de Loucas s'écrase sur ma tempe sans que je ne m'y attende et sans que je ne puisse me protéger.
Le combat ne peut qu'être sanglant... La fin, irréversible. Et là je doute, je doute de voir Lumière. A cette pensé je réussie à libérer mon bras gauche en imaginant, ce que doit-être une véritable lumière.
Le souffle est vital mais à chaque fois je pense aux artères. Plus importantes? "Non si tu ne respires plus ce n'est plus important." m'avait-il appris, un jour où il était gentil et avait décidé de m'apprendre à me défendre.
En fait, il m'apprenait à me protéger de lui-même.
Des tâche rouge envahissent mon oeil droit. Il m'a frappé droit dans dedans. Je ne vois plus de celui-ci, où du moins très peu et très trouble.
J'inspire et tousse dès que ma respiration de libère lorsqu'il va me frapper de nouveau. Du coin de mon oeil gauche, encore valide, j'aperçois le noir du pistolet. Je tends mon bras gauche. Loucas le voit. Il ne lâche pas ma gorge. Cette fois, il compte en finir. Il se penche un peu pour attraper l'arme avant moi mais sans lâcher mon cou de l'autre. Il ne peut pas me lâcher, cela impliquerait ma libération et donc la possibilité que je me relève. D'un mouvement de hanche je l'empêche d'atteindre l'objet de notre convoitise, mais le même se trouve de l'autre côté mais plus loin. Trop loin pour être attrapé. Et Sacha ne bouge toujours pas. Le chiens se met à aboyer et la frayeur que cela me procure vaut à une décharge électrique et je relève brusquement le buste envoyant un coup de front dans le nez de Loucas, qui, aussi surpris que moi me lâche une bonne fois pour toute.
Malgré mon poignet gonflé j'attrape ses cheveux ensanglantés et le fait basculer à droite. Il roule sur le flanc.
Là, tout se passe très vite. Je me jette sur le pistolet à ma gauche. Lui sur celui de droite.
En même temps nous les atteignons. En même temps nous nous retournons et faisons de nouveau face l'un à l'autre. A force équitable cette fois.
Mon coeur tambourine à cause de l'adrénaline. Je me rends compte que le visage de Loucas et signé d'un griffure et son oeil et noir comme si un caillot de sang s'était formé entre la paupière et l'oeil.
Un voile de sang épais qui entame sa vie et lui brouille la vue comme la folie l'a fait avec son esprit.
Sa tempe est ouverte. Son nez, cassé. Sa joue enflée et rouge d'où un léger filet de sang trace son sillon. Je ne donne pas non plus chère de mon état.
Mon pistolet est pointé vers lui. Le sien, vers moi. Mais je vois mal, lui aussi. Forces équitables, blessure égales les mêmes chances de s'en sortir en conclusion.
Il ne sourit plus du tout. Moi non plus, la seule chose à laquelle je pense c'est Lumière. Juste Lumière.
- Haydin serait fière de toi. lance-t-il sans rire, sans pleurer.
Juste assez fort pour que j'entende.
L'oppression de mon coeur, la réprimande de mon instinct. "Pas un mort de plus" murmure mon cœur déjà trop lourd pour en supporter encore beaucoup. "Tire, n'oublies pas c'est tuer ou être tuer! Qu'est ce que tu attends?!" me hurle mon instinct.
Je pencherais pour mon cœur si Loucas était la proie, celui qui a besoin d'aide. Mais Loucas, n'est pas ma victime. Il est victime du monde qui l'a façonné et fait à présent de moi, sa victime. Mais moi je ne suis plus la proie... Je ne suis plus la victime où celle qui supplie pour sa vie...
Non, ça, c'est fini! Je bloque ma respiration. Tout les sons s'occultent. Il n'y a plus que Loucas, mon doigt prêt à écraser la détente et la raison pour laquelle je vais le faire. Lumière... Lumière...
- Tu sais quoi Loucas. J'ai plus peur. je crache sur le même ton que lui.
Je presse la détente. Le cou part... En même temps que le sien.
Mon coeur s'arrête sous l'effet de l'adrénaline avant de rebondir comme sous l'effet de la foudre. Ma balle arrache un morceau de son crâne parce que j'avais mal visée et qu'elle aurait en définitive seulement frôler le dessus de son oreille.
Je croyais bien viser, mais mon oeil endommagé, m'empêchait d'évaluer correctement la distance, et le chien a aboyé. J'ai légèrement sursauté, j'ai dérivé très, légèrement et la balle est partie plus à gauche. Effet domino... Une chose en implique une autre. Comme les questions de Loucas qui ne passeront plus ses lèvres et qu'il aurait mieux fait de garder pour lui. Ses propres questions ont causé sa mort. Quel imbécile... Le mépris que je ressens, se confond à ma rage et à mon soulagement d'être en vie.
Il s'écroule en arrière et tombe directement sur le dos. Un craquement retenti. Le dos de son crâne s'écrasant contre le sol poisseux et puant l'humidité de cet endroit de malheur.
Je me retourne vers le chien. Attaché et dans l'impossibilité de me sauter à la gorge, il aboie comme un forcené voulant encore protéger son maître. Mais ça ne sert plus à rien.
- Merci sale clebs. je cris au dessus de ses aboiement inutile.
Il se tait. Ses grandes mâchoires dentées par des couteaux se ferment brusquement dans un claquement lugubre, son regard vacille, ses yeux se perdent dans deux direction différentes, ses pattes cèdent sous son poids inerte. Il s'écroule au sol comme son maître.
Une balle dans le front.
Et puis c'est tout.
J'expire d'un coup, retrouvant mon souffle. Je me penche en avant croyant vomir mais je crache du sang. Le goût ferreux me reste dans la bouche même après plusieurs tentatives pour recracher.
Mes mains tremblent, mes poignets son enflés et je ne vois plus rien de mon oeil gauche. Mes paupières ont enflés et ont recouverts cet oeil, j'en suis certaine. Quant-à ma lèvre, elle me fait atrocement mal.
Mais pas le temps de faire le tour de mes blessures superficielles... Ou plus profonde...
Ça tambourine à la porte. Les hommes se remettent à hurler et Sacha reste planté là, à me regarder cracher du sang qui a coulé en partit pour sauver sa vie.
Mais j'ai promis...
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