CHAPITRE 25: réalité
Fuir. Non rester, ne pas bouger. Il attaquera si j'ai l'air d'une proie.
Si je fuis. Je veux fuir.
Mais non, je reste pétrifiée. Clouée au sol devant ce monstre qui n'est rien d'autre qu'un grand chien. Mais j'ai peur et je n'y peux rien. Mes pieds me paraissent être pris au piège dans du béton. Pas de fuite possible.
Mais un combat pour survivre est plus qu'envisageable.
Il grogne, montre ses crocs. Encore. Son maître, Loucas, ne bouge pas. Reste assis tandis que sa bête avance vers moi, menaçante.
- Bonsoir Iphigénie. résonne sa voix.
Toujours sans timbre elle me paraît ainsi déshumanisé. Ou au contraire trop calme pour être mauvaise. Ses yeux noir n'expriment rien non plus. Je ne décèle rien en lui. Son visage partiellement caché par la noirceur de la pièce que lui même semble émaner.
Je ne peux m'empêcher de fixer son chien qui me tourne maintenant autour, prêt à m'arracher la gorge.
Ce gros molosse au babines tombante et à la bave dégoulinante me renifle comme un gibier.
Je serre les poings, essais de rester calme. Ne pas attiser sa soif de prédateur.
- Emmenez la prendre une douche et donnez lui des habits propre. ordonne-t-il calmement. Allez la chercher! Bougez-vous! crie-t-il tout à coup parlant de quelqu'un autre que moi.
Un de ses hommes part en trottinant comme s'il était suivi par le diable.
Je l'entends revenir. Pas seul. Des pas plus doux, moins fracassants résonnent à ses côtés.
Elle apparaît à la lumière d'une torche. Ses cheveux bruns crasseux et ses tâches de rousseur recouvertes d'éclats de sang qui ne me semble pas être le sien.
Noama. Elle est en vie.
Elle s'avance vers moi et sans me laisser le temps de comprendre, attrape mon poignet. Elle m'emmène aux douches certainement.
Je tente de me retirer de sa poigne mais elle serre encore plus en accélérant le pas.
Nous passons entre deux garde, en bousculons un autre plus loin. Nous tournons à gauche puis à droite et nous arrivons vite dans une pièce pas grande mais suffisante pour accueillir de chaque côté du mur douze douche. Délabré mais des douches quand même.
Rien ne nous cache à part un muret qui sépare la pièce en son milieu.
Noama m'indique celle du fond et elle se déshabille à côté de la mienne sans pudeur avant de laisser couler l'eau sur son corps amaigris et me paraissant encore plus faible qu'auparavant.
Je commence à me déshabiller comme elle.
- Tu devrais en profiter, je ne sais pas le temps qu'ils vont te laisser avant... Sa phrase reste en suspend. Coupés, happés de sa bouche les mots ne lui reviennent plus.
- Avant quoi Noama? je demande bien trop curieuse à mon goût et pas tellement désireuse de connaître ce qui allait suivre en même temps
- Ils vont te demander plusieurs choses. reprend-elle sans me regarder.
Je cesse de me frotter les cheveux trop attentive à ce qu'elle va me dire.
-Non, surtout continues fais comme-ci nous ne parlions pas. s'empresse-t-elle de me m'indiquer paniqué et ses nerf, j'ai l'impression, prêts à lâcher.
Je reprends et fixe les carreaux cassés devant moi en l'écoutant avec grande attention.
- Ils vont te demander si tu veux aller à l'arène, à la cuve, derrière le rideaux, aux pioches où à la réserve. Ils le demandent tout le temps à ceux que Loucas appelle.
- C'est quoi l'arène? Et derrière le rideaux c'est où?
- Tu es aller à la cuve je suppose?
- Oui. murmurais-je en me rappelant les yeux terrifiés de Sacha.
- Tu l'as vu le rideaux au fond de la pièce?
- Je, oui peut-être, je ne sais plus vraiment. Tout s'embrouille dans ma tête Noama. je grogne perdue de ne plus pourvoir remettre les images en ordre dans ma tête.
- Je sais, c'est le problème de cet endroit.
- Comment-ça?
- Tout ce ressemble, tu n'as plus aucune idée de l'heure, du jour encore moins. Tu ne manges pas à heure fixe. Rien n'est jamais à la même heure sauf la pioche et la cuve.
- Tu veux en venir où? je la presse.
- Il va vouloir te garder pour l'arène. Mais tu peux dire non et fais le je t'en pris là bas c'est... C'est la mort qui t'attend. gémit-elle comme-ci c'est d'elle dont il est question.
- C'est quoi l'arène Noama? demandais-je en ralentissant le frottement dans mes cheveux de plus en plus inquiète
- C'est leur divertissement et tu ne peux pas t'en échapper. Au moment où tu y es tu n'en ressors plus que quand tu es mort.
- Et le reste c'est quoi? insistais-je.
- Derrière le rideaux, ce qui y vont, ils n'en reviennent jamais et la réserver c'est là bas qu'il y a nos sacs, avec nos armes et d'autre choses mais je n'y suis aller qu'une fois et c'était très bref je n'ai pas eu le temps de tout voir.
- Aviel. murmurais-je pour moi même.
-Quoi? De qui tu parles?
Je relève la tête vers elle appuie une nouvelle fois sur le bouton pour que l'eau continu de couler. La réalité me frappe tout à coup.
C'est comme-ci je me prenais une claque d'une puissance insoupçonnée. Je ne peux pas les laisser là. Je ne compte pas mourir ici, je veux voir Lumière. Seulement, maintenant, aller à Lumière seule me semble inutile. Je serais encore seule, perdue et je ne suis pas sûr de pouvoir surmonter ça encore une fois. La solitude absolue et le poids des morts. De leur morts à eux, ne serais pas surmontable. Pas cette fois. Pas encore.
- Aviel, Sacha, son père, son frère, sa petite soeur, sa mère, Lino, Sym, toi. j'énumère.
- Qu'est ce que tu dis Iphigénie? répéta-t-elle les sourcils froncée ne comprenant rien à mes paroles que moi-même je ne me croyais pas capable de prononcer un jour
- Je ne peux pas partir sans vous.
Elle se met à sangloter, en silence. Sous l'eau ses larmes se fondent et ses pleurs sont étouffés par le bruit de l'eau qui s'écrase au sol.
-Noama, pourquoi tu pleures? demandais-je intrigué et ne sachant pas comment réagir.
Elle semble s'être fait délivrée par un poids que je lui avais mise sur le dos. La peur. L'une des plus vicieuse. Celle de l'abandon qui ronge et vous saigne à blanc.
Je la regarde pleurer.
Avant,j'aurais su quoi faire. Plus maintenant et ça me fait mal. De ne plus savoir quoi faire de mes sentiments. Mais pour l'instant je crois qu'ils vont devoir rester enfouis. Juste encore un peu. Juste le temps de nous enfouir d'ici. Juste, le temps de survivre.
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