CHAPITRE 20: Ne plus entendre.
Mes bras pèsent désormais aussi lourd que la pioche. Le petit homme referme notre cellule et s'en va en sifflant. Comme si tout allait bien.
La femme, ou plutôt son corps a été emmené. Où? Je ne sais pas.
Aviel se décale vers moi.
-J'ai des inf...
-C'était qui l'homme à qui tu parlais? le coupais-je voulant savoir maintenant.
-Mon père. Il a vu ton ami, Sym.
-Et donc? Il est où?
-Dans la même cellule que lui avec le petit Lino.
-D'accords, merci. terminais-je voulant couper court à la conversation j'ai besoin de dormir maintenant.
Tic. Tic. Tic. Tic.
Je sursaute. Haletante, je regarde autour de moi.
Un calme pesant règne. Un calme étouffant, oppressant.
Tic. Tic. Tic.
La cellule de gauche.
-Bonjour. grince une voix dont je ne voix pas l'interlocuteur.
Des sanglots. Des pleurs plaintifs.
-Tu ne dors pas? reprend-t-elle.
Elle ne s'adresse pas à moi mais je reste figée face à cette voix. Je regarde Aviel allongé dos au barreaux qui me fait signe de ne pas faire de bruit et de me rallongé. Je m'allonge comme lui, dos au barreaux.
Tic... Tic... Tic...
Une clé tape contre les barreaux de la cellule d'à côté. Des bruits. Réguliers. Calculés.
-Petit, petit, petit. continue-t-elle doucement.
J'entends ses pieds frotter le sol. Je dois me calmer. Une personne endormie ne panique pas.
J'inspire mais c'est comme-ci l'air ne rentrait pas. J'expire mais c'est comme-ci l'air restait coincé, emprisonné pas l'angoisse.
Je vois la lumière de la torche arrivant, se refléter sur le mur.
Je place mon avant bras droit sur mes yeux. Si je ne vois pas, je ne sais pas et je ne panique pas.
Tic... Tic... Tic... Tic...
-Dors-tu? Ne dors-tu pas? interroge-t-elle.
Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir qu'il sourit. Je le sens. Je l'entends.
Un hurlement brise le silence tout à coup. Le hurlement de la douleur du désespoir.
Le hurlement d'une personne qui ne ressemble maintenant plus qu'au cri d'un animal en détresse. Un animal en train de se faire dévorer.
Le cri s'arrête. Juste une seconde le temps de reprendre son souffle. Mais il reprends aussitôt.
C'est le hurlement d'une personne qui sait qu'elle n'échappera pas à la douleur.
Le cri de quelqu'un qui sait que c'est maintenant qu'elle va mourir ou dans très peu de temps en tout cas.
D'une mort atrocement impitoyable.
Je voudrais mettre mes mains sur mes oreilles. Mais il me regarde. Je le sens. Un regard lourd. Lourd de vices atroces et de tortures immorales.
Je respire à peine.
Tic... Tic... Tic...
-Es-tu sûr de ne pas vouloir te réveiller? murmure-t-elle avec calme. Calme que son sourire brise totalement.
Non je ne veux pas. pensais-je, je ne veux pas te voir.
Je voudrais lui hurler de partir à lui et hurler à celui qui souffre de se taire. Je ne veux plus les entendre. Ni le bourreau, ni la victime.
Un beuglement désormais plus animal qu'humain signe la fin. Un crescendo de souffrance qui redescend tout à coup. Bien plus vite qu'il n'est monté. Le craquement sinistre d'un broyage retentit en même temps que le cri s'arrête. Que la vie s'arrête, et que la souffrance cesse.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top