CHAPITRE 19: continuer

Je les entends approcher. Je  souris mais le ravale vite quand deux hommes, le petit de tout à l'heure et un autre très costaud, se plantent devant notre cellule.

Le petit sort un trousseau emprisonnant d'innombrable clé.

La clé de la sortie. La clé de notre libertée. Mais pas encore.

Aviel se lève alors je fais comme lui. Je dois me fondre dans la masse. Ne pas se faire remarquer.

Le grand costaud nous garde à l'oeil pendant que le petit ouvre certaines autres cellules et en laisse sortir des prisonniers. Une femme brune sort de l'une d'elle en boitant. Son visage est si tuméfié et ensanglanté que je ne saurais pas lui donner d'âge.

je la fixe pour une raison totalement inconnue. Une main me tape violemment l'épaule droite. Je me retourne vivement mais le regard du costaud me remet à ma place.

Pas encore, pas encore. me répète ma conscience.

Un oiseau gasouille et passe devant mes yeux avant d'entrer littéralement dans le mur.

Je reste immobile quelques seconde, cela me tourmente. Désagrège mon esprit.

Plus beaucoup de temps. Je dois faire vite.

-Avance! crie le petit dont la tête me donne de plus en plus envie d'être éclaté sur la paroi rocheuse.

J'obéi mais ne vois plus Aviel. En ligne nous avançons. Vers quoi? Une mort probablement lente mais certaine.

Je me retrouve devant un vieillard au cheveux blanc comme la neige. Du moins je crois.

Devant moi, la femme au visage détruit. Ses épaules se secouent légèrement sous ses sanglots déraillé.

Nous prenons le couloir de la cuve mais tournons à droite juste avant la salle. Un long couloir se présente à nous mais seul le noir nous accompagne. Le petit et le costaud se sont arrêtés avant de nous compter un par un en nous regardant passer tel des boucher comptant le bétail pour l'abattoir.

Nous n'allons sûrement frapper que de la roche mais cette impression de mort immanente qui pèse sur mes épaules me donne envie de vomir.

Un petite pièce où nous sommes rassemblée s'allume de petites ampoules grésillante et pâle. Sur les murs, des pioches et des pelles. Une vingtaines au moins. Il n'y a que nous, les prisonniers. Personne ne nous surveille, ce serait l'occasion.

Non, ce sera cette occasion.

-Tiens, prend ça. me surprend Aviel réapparu des enfers en me tendant une pioche.

Je la prends son poids me surprends et je manque de la lâcher.

Un trou dans la roche nous montre la marche à suivre et j'avance vers lui alors qu'Aviel m'attrape par le bras et me retourne vers lui.

-S'il te plaît de l'autre côté ne nous fais pas remarquer.

Je ne répons pas mais saisi le message que je trouve suffisamment clair. Je me fondrai dans la masse il n'a pas de soucis à se faire.

Une porte en planche fine s'ouvre et nous laisse voir une trentaine d'autres personnes déjà en train d'abattre leurs outils sur la roche qui ne semble pas céder facilement.

Je suis Aviel cette fois. Il semble chercher une place bien précise. Discrètement, il se place à côté d'un homme brun qui travail d'arrache pied. Du moins il en a l'air.

Aviel frappe la roche une fois avec sa pioche. Je me mets aussi au travail et abat la mienne.

L'écho du choc se répercute et fait trembler tout mon corps ma faisant la lâcher sous l'impact tant il était violent.

Aviel la ramasse et me le jette littéralement  dans les mains.

-Continus, doucement cette fois. chuchote-t-il en trimbalant son regard dans tous les coins de la pièce.

Alors je recommence et je comprends que quand j'abats un coup conte la roche Aviel dit quelques chose à l'homme et inversement.

La femme au visage rouge se met à tousser. Sa pioche tombe à terre. Ses maigre jambes ne la tienne plus et elle tombe sur ses genoux en crachant du sang et en tentant de reprendre de l'air qui semble se dérober devant elle.

C'est alors que je remarque dans le fond sombre de la pièce une dizaine d'homme et femme qui nous regarde travailler. Dans leur yeux il n'y a que l'attente que quelqu'un comme la femme n'ai plus de force et qu'ils puissent en finir.

je frappe la roche.

L'un d'eux se lève et marche lentement vers elle tandis qu'elle lève une main vers lui en suppliant et en essayant de se relever.

-Ne regarde pas, si tu regarde ils vont venir ici. murmure Aviel en me lançant des regards dérangés.

Pourtant je ne peux pas m'en empêcher. Je tourne la tête aussi discrètement que possible. Je veux savoir ce qui peut m'arriver ici, que du mal ça je le sais mais à quel degré.

Il arrive devant elle, la soulève d'une main par les cheveux, la montre à ses amis en riant et de sa main libre ouvre le côté gauche de son cou avec son couteau. Une éventration jugulaire répugnante.

Je détourne le regard désolée et continus ma besogne.

J'entends son corps tomber par terre.

J'entends les gargouillis du sang qui s'échappe d'elle et la fait mourir.

Je ne veux plus l'entendre. Je frappe, de plus en plus fort la roche pour couvrir son agoni.

Rien n'y fait. Il n'y a plus que la chanson dissonante de sa mort qui résonne dans mon crâne et se répercute encore et encore en moi.

C'est donc ça que l'on doit faire, continuer, ne pas entendre, ne pas se soucier et oublier. 

Parfais, je ne sais pas faire autrement de toute façon.

Une litanie de souffrance et de désespoir.

Le désespoir de la souffrance.

Lasouffrance du désespoir. 


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