Chapitre 27 ~ S'emparer
Ta décision prit, rien ne pourra te faire changer d'avis. La raison gagne la bataille le cœur désarmé trésaille.
J'ai juste le temps de déposer mes affaires que je dois déjà repartir. Nora me lance un "bon courage" avant de s'effondrer comme un sac de patate sur son lit. Et dire que c'est moi la plus fatiguée de nous deux. Olly n'est pas là, tant pis, j'aurais aimé la voir mais elle a sûrement mieux à faire.
J'arrive essoufflée à la clairière et jette un regard à ma montre 13H13. Oui ! je ne suis pas en retard, soulagée et triomphante je me permets de m'accroupir pour apprécier la flore qui s'y trouve: des marguerites. Ces petites fleurs tellement banales mais sans elles il n'y aurait pas de "je l'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout" qui n'a pas joué à ce jeu étant enfant ?
Moi.
J'étais trop occupée à m'enfermer dans mes bouquins et mes sites de recherches que mon enfance m'a filée entre les doigts, ainsi que mon adolescence. J'ai beau avoir 17 ans je me sens tellement plus vieille mentalement sans vraiment savoir pourquoi. Comme si j'avais déjà des années à mon compteur. Comme si le temps était l'un de mes amis qui chaque jours me saluait et me vieillissait. J'ai toujours ressenti un manque dans ma tête, il est toujours là. Il n'est ni plus gros ni plus petit. Il est juste là, comme le cœur, irremplaçable. Ma maturité précoce m'a valu beaucoup de moqueries. Personne ne comprends mon raisonnement trop approfondi pour une enfant de mon âge. Certains ont pensé à une enfant précoce, j'ai ainsi hérité d'examens multiples mais rien de concluant. J'étais juste intelligente.
Quand vers mes 14 ans j'entretenais des débats sur la politique ou les guerres, les adultes étaient souvent bouche-bée, me jugant. Alors j'ai appris à me taire, à me fondre dans la masse et j'ai réussi. Je pense qu'à l'époque c'est ce qui a sauvé ma scolarité au lycée du moins un petit peu. Mais ici je ne me sens ni plus intelligente ni plus décérébrée juste moi. Juste normale.
Je soupire et m'allonge sur l'herbe, les yeux fermés je respire la douceur de l'air frais. Cet endroit est propice aux pensées profondes et aux remises en questions. Je m'y plais bien mais jamais je ne remercierais Adam de me l'avoir fait découvrir, le connaissant il s'en vanterait pendant une semaine.
Je suis à la limite de m'endormir quand une ombre vient me cacher le visage des rayons chaleureux du soleil. J'ouvre les yeux pour les plonger dans le vert hallucinant d'Adam. Il n'est pas content à voir ses bras croisés sur son abdomen je prends donc les devants toujours allongée et lui au-dessus de moi.
- C'est quoi le problème ?
- Toi.
J'écarquille les yeux.
- Rien que ça ? je m'en vais alors comme ça plus de problème !
Je me relève violemment de mon assoupissement lorsqu'un vertige me prends. Je suis à demie debout. Je sens qu'Adam veut me retenir par derrière mais je m'avance d'un grand pas. Ce qu'il a dit, un simple mot, m'a blessé plus que je ne l'aurais cru alors qu'il ne me touche pas. Je suis un problème c'est lui qu'il l'a dit, je suis un problème pour tout le monde à commencer par mes parents. Mais bientôt je ne le serais plus. Ma vision reprends des couleurs, alors je me retourne pour passer à côté de lui. Je pars en direction de L'inter mais c'est sans compter sa prise sur mon avant-bras de sa main. Comment une main peut-elle être aussi puissante ?
- Lâche-moi !
- Non
- Alors quoi, je ne suis plus un problème maintenant ?
- Je me suis mal exprimé...
- Non arrête tu adores ça! Parler peu pour dire beaucoup mais devine quoi ? Je ne peux pas lire dans les pensées et je suis encore moins médium ! Alors si tu as quelque chose à me dire de plus concret et de moins...mystérieux comme toi vas-y je t'écoute !
- Le problème c'est que tu es mal, lance-t-il en soupirant.
- Pardon ? Je comprends rien Adam soit plus clair bon sang !
- Tu veux que je sois clair ? Alors je vais l'être ! J'ai rêvé de toi et d'un homme dont je ne voyais pas le visage cette nuit ! Et il te faisait du mal ! Il te montrait des choses que je ne voyais pas et ne me mens pas vu ta tête je sais que c'était aussi ton rêve ! Tu pleurais et je ne pouvais rien faire pour t'aider ! J'étais impuissant face à ta souffrance ! Alors ce matin je suis venu te voir au gymnase tu avais l'air d'aller bien mais je sais voir plus loin que les apparences, je n'ai rien dit devant Peter mais je n'en pense pas moins. Ici je peux faire quelque chose pour toi. Alors oui le problème c'est que te voir mal me fout les nerfs à bloc ! Voilà heureuse tu as eu assez d'explications ?!
Si sa main ne me soutenait pas je serais sûrement tombée encore une fois. Ses paroles sont crues et ses sentiments fort. Je ne sais pas si je dois me sentir flattée par son attention envers moi ou pas. La colère émane de tout son être. Je tremble sans m'en rendre compte. Ses traits se détendent et il finit par me lâcher. Mon premier réflexe est de détourner le regard. Comment ? Pourquoi a-t-il vu ça ?
- Megan, dis moi ce qu'il t'a montré.
Sa voix se fait plus douce celle que j'aime tant. Je ne réponds pas, je reste immobile là, comme une statue, les yeux perdus sur l'étendue verdâtre à mes pieds.
- S'il te plaît, laisse moi t'aider.
Son pouce et son index qui prennent doucement place sur mon menton pour rapprocher mon visage du sien sont ce qui me ramènent à la réalité. Sa seconde main s'occupe de sécher mes larmes qui se sont mises à couler sans mon consentement. Je me noie dans ses yeux, mélanges de vert parfait. Comme une oeuvre d'art. Les sentiments que je lis dedans sont mitigés, il y a de l'inquiétude, de la colère mais aussi de l'incompréhension. Je comprends qu'il n'a aucune idée de pourquoi il a fait le même rêve que moi et qu'il espère que je lui réponde.
Je peux sentir son souffle sur mon visage. Il est chaud, masculin et rassurant. Une légère brise laisse une odeur titiller mon nez .La sienne. Elle est citronné sublime, je suis presque sûre que ce n'est même pas un parfum juste son odeur naturelle. Envoûtante comme sa voix . Hallucinante comme ses yeux. Irrésistible comme son corps. Unique comme lui. J'ai l'impression d'être loin de tout et pourtant si proche de lui, un seul pas et ses lèvres touchent les miennes. Mon souffle est comme stoppé, attendant lui aussi un ordre de mon cerveau qui est sur le bouton off depuis...Je ne sais depuis combien de temps nous sommes comme ça, pour moi ça me paraît une éternité de pur tentation. Mais qu'est-ce que je veux vraiment ? Adam est le seul à pouvoir me faire devenir bipolaire. J'étais tellement en colère contre lui mais maintenant je veux juste me blottir contre lui. Le sentir contre moi encore et encore. Je vois dans ses yeux que je n'ai pas lâché : une demande, une question et une appréhension.
Je m'apprête à lui répondre d'un geste quand un cri strident vient briser notre bulle fraîchement acquise. Je me détache de lui en rougissant. Qu'est-ce que j'allais faire exactement ? Je me retourne vers lui alarmée par le cri.
- C'était quoi ?
- J'en sais rien, suis moi on va voir.
Il s'empare de ma main, ce qui au passage me provoque de doux frissons dans le bras, et l'on court vers le bruit. Il reprends la parole au bout de quelques enjambées.
- Comment l'as-tu entendu ?
- Il était pas assez fort peut être ?
- Megan, il est à deux km d'ici seul un métaphore a l'ouïe assez fine pour l'entendre.
- Ha..euh.., je ne sais pas quoi dire d'autres que des onomatopées.
- Je vois que tu me caches beaucoup de choses.
Il desserre sa prise mais ne me lâche pas. Il est blessé de mon silence et de mon incapacité à lui donner des réponses. Ce que je lui reproche également. On se ressemble peut-être plus que je ne le pense. Je culpabilise, je ne veux pas le blesser, j'allais lui dire pour le rêve mais notre rapprochement m'a tellement déstabilisée que je ne maîtrisais plus mes actions. Réduite à une marionnette, il aurait pu faire ce qu'il voulait de moi.
- Désolée Adam.
Voilà je ne sais pas quoi dire d'autre.
On arrive sur le lieu où le hurlement a été poussé et la scène est juste à vomir. Là étendue sur l'herbe des jardins Ouest se trouve Max une flèche noire dans l'épaule dans les bras d'un homme. Il est ensanglanté et a perdu connaissance. Le sang qui s'écoule de sa blessure est d'un noir bien opaque et s'écoule à flots sur l'herbe. Je n'ai jamais vu ça. Son teint même pour un fantôme est morbide et pâle. Il souffre même dans l'inconscient vue les crispations de son visage et il tremble. Il a une apparence cadavérique. Je le vois cracher du sang qui vient entacher son partenaire. Ce dernier a les cheveux châtains, des yeux bleus remplis de larmes et la peau translucide. Il lève la tête sur nous, je veux m'approcher mais Adam me pousse dans son dos.
- Ils sont là ?
L'homme qui porte Max le regarde et lui réponds d'une voix faite de sanglots qui me transperce le cœur.
- Non, on était en train de discuter quand il...il s'est pris la flèche j'ai crié et l'ai prit dans mes bras avant qu'il ne perde connaissance tout ce que j'ai...j'ai entendu était "c'est un avertissement". S'il vous plaît aidez moi...moi il doit aller à l'infirmerie !
Adam ne me lâche pas mais je le sens utiliser son pouvoir pour aider le jeune homme à porter Max, à défaut de le toucher, on peut l'aider d'une autre manière. C'est à ce moment que je recouvre l'usage de la parole. Alors qu'on commence à trottiner vers l'Inter.
- Comment tu t'appelles ?
- Paul. Mais je ne comprends pas nous les..les fantômes ne pouvons ni être tués ni être blessés alors comment-
- Seul un démon peut tirer des flèches mortelles aux fantômes ou-
Comme à son habitude Adam lui a coupé la parole mais une illumination me vient et c'est à mon tour de le couper. Quand je vous ai dit qu'on se ressemblait.
- Une démone. Jessica.
Adam serre son étreinte sur ma main comme un signe de soutien que j'accepte volontiers. Malgré notre pas pressant il se penche pour capter mon regard.
- Ne faisons pas de conclusions hâtives.
- D'accord. Sauvons Max d'abord.
Il hoche la tête et on accélère le pas vu l'état catastrophique de Max. De sa bouche coule un filet de sang de plus en plus noir. Il a arrêté de trembler mais ce n'est pas forcément bon signe. Je lâche un petit cri en voyant sa main gauche disparaître comme des gouttes d'eau. Je ne peux m'empêcher de mettre ma main libre devant ma bouche pour justifier mon choc. Heureusement on arrive à l'inter où sous le regard de plusieurs élèves, dont je ne prête pas attention des faciès, on se précipite à l'infirmerie où Jane tient un dossier.
- Ho Megan je- Ho mon dieu posez-le sur le lit vite, que s'est-il passé ?
- Un démon l'a attaqué.
- Depuis combien de temps ?
- Environ dix minutes.
- D'accord sortez et appelez Mirna immédiatement.
On sort de la pièce et Paul court ou plutôt vole en direction du bureau de notre directrice. Dans ses explications Adam m'a lâché la main. Je me tiens les bras croisés sur ma poitrine devant la porte et Adam est en face de moi. Il tourne sa tête et fais de gros yeux je me prépare à faire de même.
Trop tard. Je suis empoignée par de petites mains et poussée contre le mur. Je fais face au visage larmoyant de Kim, je ne l'ai pas revue depuis l'accident, alors me voir arriver avec son meilleur ami au bord de la mort presque dans mes bras a du lui faire un choc.
- Qu'est-ce que tu lui as fais ?!
Je me défends.
- Rien ! c'était une attaque ennemie d'un démon. Je n'ai rien fais Kim crois-moi.
Elle s'apprête à répliquer mais se ravise en éclatant en sanglots dans mes bras. Je l'enlace par réflexe mais elle me repousse.
- Non lâche moi à cause de toi Jessica a failli mourir et maintenant c'est au tour de Max. C'est qui le prochain Gabriel ?!
- Kim je n'y suis pour rien avec Max tu dois...
- Ha bon tu es sûre ?! Comme par hasard le seul fantôme en ta compagnie se fait sauvagement attaquer mais tu penses être blanche comme neige. Depuis que tu es arrivée, l'inter n'a jamais été aussi dangereux !
- Kim je...
- Tais-toi Megan.
Cette voix pleine de rancœur et de haine je la connais que trop bien. Jessica se tient fièrement sur ma droite et me lance un regard meurtrier. Instinctivement Adam s'est rapproché de moi de sorte à ce que je le sente. Il me protège. Kim se tourne vers son ancienne meilleure amie toujours en pleurs
- Jessica tu.. qu'est-ce que..?
- Chuut viens là Kim.
Contre toute attente Jessica ouvre grand ses bras où Kim se réfugie avec rapidité. En échange j'ai le droit à la main d'Adam dans le bas de mon dos. Son soutien et sa proximité me font sentir moins coupable. Kim a raison mais elle ne sait pas pour le message si elle savait elle me pointerait du doigt en criant "coupable, c'est de ta faute". Si Max vient à mourir je m'en voudrais à vie. C'est pour ça que ma décision est prise depuis ce soir-là. Celui où j'ai perdu mon humanité. Dès que je serais assez forte je partirais.
NDA: Et voilà vous savez enfin qu'elle était la décision de Megan 😱
Max va-t-il mourir ?😭
Megan va-t-elle partir ?😲
Jessica est-elle responsable ?😠
A vos claviers et bonne journée ❤
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