Le contrôle est ce que tout le monde cherche mais personne ne parvient à en attraper la perche.

Nous sommes dans le bureau de Mme.Lorza depuis maintenant un quart d'heure. Je n'ai absolument rien dit, je n'en ai pas l'envie ni même la force. Je garde le regard toujours baissé, je n'ose affronter personne. Et puis même si je le faisais ou leur parlais, ce serait pour dire quoi ? "Pardon je ne voulais pas vraiment la tuer, je n'aime juste pas ses cheveux". Non. Impossible. Je voulais la tuer et je me dégoûte moi-même d'en avoir eu la pensée. Je suis un monstre, même si Jessica est insupportable et artificielle elle ne mérite pas de mourir. Pas de façon aussi violente. Pas comme ça. Pas même tout court. Je n'arriverai plus à me regarder dans une glace à présent.

Le silence qui règne dans la pièce est extrêmement pesant, personne ne prend la parole de peur que tout dégénère. Que je dégénère. Que je reparte dans une folie furieuse et meurtrière à la moindre contradiction. Le couloir du hall qui doit être remplis de monde, se trouve d'un vide mortel. Ils ont tous été renvoyés dans leurs dortoirs. Par ma faute, j'ai gâché la fête que Nora attendait tant.

Nora... Comment doit-elle se sentir d'avoir comme colocataire de chambrée une abominable machine à tuer ? Elle ne me regardera plus jamais comme avant. Je viens probablement de perdre une nouvelle amie, peut-être même la seule. Et Kim et Max ne m'adresseront plus la parole c'est une évidence. Quant à Gabriel il a été si gentil avec moi à la bibliothèque me répétant que je n'étais pas comme Alexand. Je lui ressemble peut être plus qu'il ne le pense, j'en ai peur. Lui non plus je n'arriverai pas à le regarder, à plonger mes yeux dans ses prunelles rouges. Je vais devoir trouver une table à la cafétéria loin de tous, de nouveau avec ma solitude familière. Et puis il reste Jessica, je n'ai même pas besoin de préciser qu'elle va changer d'établissement pour aller dans celle de son père, à sa place c'est ce que je ferais. Je me fuirais. Je la sens bouillonner de l'intérieur à quelques mètres de moi.

Et Adam reste impassible, pas l'ombre d'une émotion n'a traversé son visage. La dernière fois que j'ai levé les yeux sur lui il s'est recoiffé laissant voir ses muscles et a croisé ses bras sur son abdomen. Je ne sais pas ce qu'il se serait passé s'il n'avait pas été là. Et je ne veux pas l'imaginer. Je n'ai considéré personne une fois que j'ai suivie non sans peur la directrice jusqu'à son bureau. Je sais juste que je me trouve au centre assise, Jessica à ma droite debout pleine de rage et Adam adossé contre le mur, ses bras toujours dans la même position à ma gauche. Il me fixe je peux le ressentir, je l'ai toujours pu, au moins une chose qui n'a pas changé. Je mordille ma lèvre en signe de nervosité et triture mon pendentif. Ce dernier m'a été offert peu de temps avant par Kim. Comment cette soirée a dérapé? à quel moment?

- Bon qui veut commencer ?

La voix grave de la prioritaire du bureau me sort de mes pensées, mais je laisse mes yeux dériver à mes pieds. Je n'hésite pas sur le nom de la personne qui va parler juste après.

- Elle a essayé de me tuer ! Regardez mes poignets ! Ils commencent à peine à guérir grâce à mes pouvoirs, mais ils me font encore atrocement mal. Mes cheveux ont perdu de leur longueur! Et je vais avoir des bleus au cou que même du maquillage ne pourra cacher! Que comptez vous faire contre elle maintenant ?!

Jessica est dans une colère noire je jurerais que ses yeux sortent de ses orbites. Mme Lorza ne se laisse pourtant pas déstabiliser et lui réponds d'un ton calme.

- Tu as voulu la tuer toi aussi n'est-ce pas ? Le silence de Jessica incite la directrice à continuer. J'ai pu voir de mon bureau ta transformation en démone. Megan sais-tu ce qu'est un démon ?

Je secoue la tête signe de mon ignorance mais je ne bouge que ma tête. Mes yeux restent figés même si je sens la directrice me regarder intensément.

- Les démons sont créés quand n'importe quels êtres surnaturels perd le contrôle. En somme c'est le pouvoir lui même qui prend le dessus et contrôle totalement son propriétaire, c'est une chance que Jessica ai pu s'en sortir sans séquelles. Les démons sont les plus dangereux êtres surnaturels.

Mais pas plus dangereux que moi, je me permet de faire cette réflexion à moi même. J'arrête de tortiller mon collier pour poser mes mains sur mes jambes.

- Vous ne pouvez pas être sérieuse ?! Elle était clairement sur le point de me briser la nuque si Adam ne m'avait pas sauvé je serais morte à l'heure qu'il est !

- Mademoiselle Hellfire je comprends votre frustration mais ne me manquez pas de respect !, vous n'étiez, vous non plus pas très amicale vis à vis de Mademoiselle Key. Vous comprenez que vous auriez aussi pu mourir absorbé par votre pouvoir ? Il aurait dévoré votre âme et votre corps n'aurait été qu'une vulgaire marionnette ! ,Jessica baisse les yeux devant les propos de la directrice alors que celle-ci reprends juste après son temps de pause. J'en ai fini avec vous. Allez à l'infirmerie soigner vos blessures.

Jessica ne bronche pas mais sa colère n'a toujours pas baissée de volume, j'entends ses pas s'éloigner pour finalement entendre la porte s'ouvrir et se refermer non sans un bruit assourdissant. Je ressens aussitôt la présence d'Olly qui s'est faufilée à travers la porte. Mais elle comprends parfaitement que ce n'est pas maintenant qu'elle viendra me parler.

Il ne reste plus qu'Adam, Mme.Lorza dont j'aimerais beaucoup connaître le prénom car rajouter Mme à son nom de famille commence vraiment à être long à désigner par la pensée, Olly et moi. Je l'entends d'ailleurs soupirer avant de parler épuisée.

- Tu as perdu le contrôle une fois je ne veux pas que ça se reproduise désormais que l'on connaît tes capacités tu vas assister à des cours supplémentaires.

Quoi ? Encore plus ? J'ai déjà prévue des entraînements intensifs avec mon prof de "sport" et maintenant elle veut me rajouter d'autres cours? C'est stupide. Non il ne faut pas que je m'énerve, je sens la pression revenir dans mes veines mais je la dissuade vivement en resserrant mes poings. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes mais je m'en moque. Je ressens une légère douleur, je suis rassurée car lorsque je 'perds' le contrôle je ne ressens absolument rien. Seulement de la colère et une envie de faire mal, très mal... Je n'imagine pas ma tête autre que sur un piquet si je m'en prenais à M.L. Ce sera des mauvais moments à passer mais c'est pour mon bien.

- Tu apprendras à contrôler tes pouvoirs des éléments avec l'élève le plus compétent de chaque. Sauf pour le feu je trouverais quelqu'un d'autre pour remplacer Jessica. Tu iras te renseigner à un élève de toutes les espèces présentes dans notre école, sur leurs diverses expériences à avoir perdu le contrôle. Un peu comme un groupe de parole si tu veux. Je suis sûre que tu te sentiras tout de suite moins seule. Puis elle s'adresse à Adam qui n'a pas bougé d'un centimètre toujours les yeux rivés sur moi et qu'est-ce que ça me déstabilisais. Adam tu seras son tuteur pour l'air acceptes-tu?

- Oui.

Réponse simple, brève mais qui en dit long sur les prochains jours que je vais passer ici ou pas. Une idée vient de me venir en tête mais je ne la divulgues pas je ne veux pas qu'il soit au courant. Il faut d'abord que je vérifie si oui ou non il peut lire dans les pensées. Mes pensées plus particulièrement.

- Bien, vous pouvez retourner dans vos chambres. Megan tu commences bien tes cours avec le professeur Lexi demain. Je donnerais ton nouvel emploi du temps à ton guide. Elle penche la tête vers Olly avant de finir son dialogue. Reposez-vous.

Je mets un certain temps avant de me lever. C'est tout ? Pas d'hurlements ?, pas de renvois ? Je me suis même imaginée dans une cage loin de blesser qui que ce soit. Mais c'est tout, elle ne me renie pas de son établissement, je vais rester à l'Inter. Je peux y rester. En partant je lance un regard furtif à la directrice qui m'adresse un léger sourire. Puis la porte se referme et je baisse de nouveau mes yeux qui se posent sur Olly elle a du mourir d'inquiétude causant encore plus de panique autour d'elle.

- Tu peux y aller je te rejoins, on parlera demain. Parler par la pensée est tellement plus simple en ce moment même.

- D'accord je suis heureuse de te voir vivante Megan.

Si elle avait eu une apparence humaine j'aurais mis ma main au feu qu'elle était entrain de sourire à pleines dents. Je la regarde ramper vers notre dortoir.

Lui je ne peux pas. Je ne peux pas le regarder dans les yeux et de toute manière il est derrière moi. Je marche lentement de peur que mes jambes s'effondrent à cause de toutes les émotions par lesquelles je suis passée ce soir. Tout ce que je veux, c'est m'écrouler et m'enfoncer profondément dans mon lit pour je l'espère une nuit reposante. Il me suit au même rythme que mes pas attendant visiblement une réaction de ma part. Une réaction qu'il n'aura pas. Ce soir je ne parlerais pas s'il veut parler qu'il le fasse mais moi je ne peux pas. Je me sens tellement honteuse et je me souviens de mon reflet dans ses magnifiques yeux. Mon reflet qui était venu gâcher leur vert émeraude.

Ses pas se rapprochent dangereusement de moi. Un frisson me parcours lorsque je le sens se retourner pour se mettre face à moi. Il est si proche que je peux sentir son parfum. Un doux mélange de citron et d'herbe fraîchement coupées. Dit comme ça ce n'est peut être pas attirant mais là ça ne l'est que trop. Oui je suis attirée par lui, beaucoup trop à mon goût. Je m'arrête ne voulant pas combler les quelques centimètres qui nous séparent de peur de ne plus jamais vouloir repartir. C'est une façon de préserver mon espace vital. Sa proximité me donne envie de replonger dans ses bras une nouvelle fois, qu'il ne me lâche jamais. Sa voix grave et séduisante me ramène pourtant à la réalité.

- Comment tu te sens ?

Est-ce de l'inquiétude que j'entends dans le son de sa voix ? Comme je l'ai dit ou plutôt pensé je ne dirais rien. Ma gorge me fait trop mal, ma voix s'est enterrée au fond de ma trachée et je suis sûre que si je prononce ne serait-ce qu'une syllabe mon visage ressemblera aux Chutes du Niagara. Et puis je me pose déjà trop de questions, je n'ai pas besoin d'en déballer une dizaine de plus à haute voix. Je réponds d'un hochement d'épaules que puisses-je faire d'autre ? Comment je me sens? Quelle question.

Je me sens monstrueuse j'ai envie de me frapper tellement je m'en veux. Je suis pacifiste et déteste la violence et pourtant il y a à peine une heure j'ai volontairement voulu arracher la vie à une personne. Je l'ai voulu comme un enfant voudrait une glace. J'en suis consciente ce n'est pas comme si j'ai été possédée et que j'en n'avais aucuns souvenirs. Au contraire ceux-ci refont surface plus violemment. Je me sens très fatiguée aussi je n'en peux plus de cette journée, j'ai besoin de mon lit. J'en ai plus besoin que de sa main gauche qui vient de se poser sur mon épaule et de ses doigts brûlants qui prennent place sur mon menton.

- Megan regarde moi. Même si tu ne parles pas j'ai envie de voir que tu es là, en vie, devant moi.

Trop. S'en est trop. Je craque et pleure, à cette heure là j'espère vraiment que personne ne traîne dans le hall. Ce qui est impossible vu qu'ils sont tous dans leurs dortoirs. Adam n'attends pas plus de temps pour venir m'enlacer en me caressant les cheveux. Personne ne m'a jamais caressé les cheveux avec autant de tendresse, c'est agréable. Tout comme sa main qui prends position au bas de mon dos. Ce dernier contact est doux mais électrisant, naturel comme téméraire. Et j'aime ça, j'aime qu'il me touche, j'aime le contact de sa peau à la mienne même sous des vêtements. Je laisse mes bras se balancer quelques secondes avant de finalement approfondir notre étreinte en l'enlaçant à mon tour. Je serre mes bras contre son torse d'où je devine aisément les contours et vient les fermer dans son dos. Je ne sais pas ce qu'il est arrivé au ténébreux et stoïque Adam durant son absence mais j'apprécie le nouveau lui, qui je suis sûre sera parti dès demain. Alors j'en profite autant que je peux. On reste ainsi une bonne dizaine de minutes mes larmes ont séché depuis moins de temps mais aucun de nous ne veut mettre fin à ce câlin effréné. C'est finalement moi qui à contre cœur le fait, je dois vraiment aller dormir et là je fais l'erreur de lever mon regard vers le sien.

Ces yeux sont encore plus magnifiques que le premier jour, je crois que ses yeux me déstabiliseront à vie. Toutes sortes de nuances de verts toutes plus envoûtantes les unes que les autres se mélangent. Des milliers d'émotions les remplissent. Mon cœur rate plusieurs battements et mon pouls s'accélèrent sans que je ne puisse rien contrôler. Il me regarde si intensément que je me sens comme la seule chose au monde qui ait de la valeur à ses yeux. Je me sens importante. Ses mains se sont détachées pour venir se mettre sur chacune de mes joues qui prennent feu aussitôt. Je décide là aussi de briser le charme me rappelant soudainement la peur que j'ai pu y lire dedans plus tôt en prenant ses mains dans les miennes et les déposer à ses côtés. Je détourne alors mon regard du sien.

- Je...je suis fatiguée.

Je me choque moi même de la voix que j'entends. Elle est brisée. Totalement brisée. Comme une porte qui grince sauf que là c'est ma voix. Ma voix que je ne reconnais pas. Peut être le fait de l'avoir gardé si longtemps au travers de ma gorge l'a endommagé. Je ne sais pas, tout ce que je sais c'est qu'Adam me comble d'un charmant sourire. Pas un sourire espiègle ou moqueur. Non . Un vrai sourire, un sourire sincère magnifique comme lui d'ailleurs. Il est visiblement heureux que j'ai pris la parole moi qui me suis pourtant persuadée que je ne parlerais pas. Il a le don de me faire changer d'avis en une fraction de secondes.

- Je comprends je te raccompagne.

Je hoche la tête pour me faire disparaître l'envie de caresser ses cheveux. Oui je sais absurde n'est-ce pas ? C'est comme s'ils m'appellent comme si sur sa tête ils me demandent de savoir leur texture. Doux ? Secs ? Peu importe il faut que je me reprenne avant qu'il ne le remarque.

On se dirige en silence au dortoir E1, plus proche que jamais mais il n'y a aucun contact physique entre nous à mon plus grand désarroi. Je ne peux pas me cacher plus longtemps que je suis attirée à Adam comme à un aimant. Mais je n'oublie pas le fait de lui parler de son absence qui je le comprends maintenant a laissé un vide dans mon cœur qui commence à peine à se reboucher. Il fait comme il a promis et me raccompagne à l'entrée du dortoir d'où il est "censé" de pas avoir le droit à l'accès. Oui je n'ai pas oublié sa venue dans ma chambre lorsque je sortais à peine de ma douche pour me pointer du doigt notre tatouage commun. Quel est ce tatouage?  Trop de questions mon cerveau va exploser. J'empoigne la poignet avant de me retourner vers Adam pour lui montrer un faible sourire et le remercier de m'avoir sauvé.

- Merci.

Sa réponse ne se fait pas attendre.

- Je t'en prie. Bonne nuit Megan.

Je lui souris un peu plus avant de fermer la porte rapidement pour ne pas qu'il voit le rouge venir s'étaler sur mes joues. Sa voix. Mon prénom. Le mélange parfait. Je monte dans ma chambre et ne prends pas la peine de me changer que je m'effondre dans mon lit.

NDA: Un petit chapitre assez calme je dirais😅 . En espérant que vous l'aimez j'ai adoré l'écrire mais surtout le relire😍 . Je n'ai pas grand chose à dire aujourd'hui alors j'attends vos commentaires avec impatience 😄

De la peine pour Jessica ?

Quelle est donc cette idée, à votre avis, qu'a soudainement eu notre petite Megan ? ( je vous laisse à vos hypothèses 😌)

Vous avez aimé le moment avec Adam ?

Bisous bisous les Lullabiz