Chapitre 11 ~ Chuter

Vivre sans repères mène à une vie sans confrères.

Je me réveille vers les six heures du matin car j'ai soif, très soif. Je m'habille discrètement en passant un rapide coup de brosse dans ma chevelure pour ne pas réveiller Nora, Olly et Oscar. Je ne me sens pas de me recoucher pour une heure sachant que je mets le double à m'endormir normalement, même si ces derniers jours ça s'était calmé. Le dortoir est encore endormi mais il reste toujours aussi apaisant.

Je me sers un verre d'eau que j'avale cul sec, tellement ma soif est grande. Pour mon heure à perdre je décide d'aller visiter le château et ses jardins, consciente que je dois rester discrète pour ne pas me faire sanctionner. Heureusement pour moi la discrétion est l'un de mes points fort, oui avec la maladresse aussi, je suis une fille compliquée pas besoin de vous le rappeler.

Je marche à pas de loup avec mes bottines dans le hall avant d'ouvrir avec le plus grand soin la porte d'entrée. Le froid hivernal me fait regretter de ne pas avoir pris ma doudoune. Tant pis. Et puis il ne fait pas si froid que ça pour un hiver. Je me dirige d'abord vers le jardin qui est splendide. C'est un grand jardin remplis de petits potagers, fleurs et autres végétaux... Il y a une forêt pas très loin alors je m'y enfonce par curiosité.

Je respire un bol de cet air frais avant de m'asseoir sur une surface plane sans mousse. C'est un rocher plutôt confortable. Je me mets en tailleur et commence à méditer. Je me sens apaisée au bout de quatre respirations profondes alors les yeux fermés je m'autorise à repenser à ses derniers jours.

Premièrement mon malaise et l'apparition de mon tatouage, j'ai d'abord eu peur qu'on m'est droguée pour finalement me résigner à cette solution plus qu'improbable. Deuxièmement l'arrivée d'Olly et Adam. L'un destructeur l'autre protecteur. Et voilà que je repense encore à Adam mais ce garçon me laisse tellement indécise je ne sais jamais ce qu'il veut ou pourquoi et pourtant je me sens attirée à lui comme à un aimant. Troisièmement mon entrée dans cette école surnaturelle. Depuis toute petite c'est vrai que je me sens différente des autres mais pas au point de l'être vraiment, vous savez comme si vous étiez dans une classe inférieure à la vôtre où tout le monde vous paraît stupide. Pour moi tout ça ne pouvait se faire que dans les films et rien d'autre, de la pure science-fiction/ fantastique, impossible que ça puisse être réel. Et puis ce rêve loin d'être oublié de Luxa me demandant de sauver quelqu'un ou quelque chose, mais comment est-ce que je pourrais sauver quelque chose sans pouvoirs ? Car oui ne pas savoir ce que représente mon tatouage commence vraiment à me tracasser. Je suis encore une fois différente comme la seule humaine dans ce monde-ci.

Perdue dans mes pensées je ne remarque pas la disparition de la sensation de roche en dessous de moi. Le croassement d'un corbeau me permets de m'en rendre compte. Ce stupide corbeau ne fait que hurler à mes tympans ,alors énervée j'ouvre les yeux pour les plonger dans ceux verts du corbeau en face de moi. Il est agrippé à un arbre de plus de quatre mètres au moins. Il penche la tête sur le côté comme étonné de me voir là.

Je n'ose y croire, je suis en train de voler, mais la surprise laisse vite place à la panique alors le charme s'interrompt et je chute.

Je ne tombe pas pour autant sur la terre ferme mais dans des bras musclés rassurants. J'ai instinctivement fermés les yeux, et là aussi par instinct de survie j'enroule mes bras au cou de mon sauveur. Je reprends mes esprits en ouvrant les yeux 10 secondes plus tard sur le visage souriant et amusé d'Adam.

Je le regarde attentivement avant de me rappeler l'épisode de la veille chez Dorothée. Je saute alors hors de ses bras mais je reste tout de même courtoise.

- Merci

- Mais de rien, dis vas-tu toujours tomber dans mes bras ? Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude.

Pour éviter son regard je pose le mien là où le corbeau était quelques minutes plus tôt, il n'y est plus. Il a sûrement du s'être envolé suite à ma chute et à mon cri. Oui je suis presque sûre d'avoir criée, donc Adam m'a entendue crier... Super! Discrétion 0 - Maladresse 1

- Megan, qu'est-ce que tu fais là ?

Par contre cette question là m'intrigue, il l'a posé avec un tel sérieux.

- Je... me promenais c'est tout, toi qu'est-ce que tu fais là ?

Oui j'avoue que reposer la même question n'est pas une belle rhétorique. Me remettant petit à petit du choc que je viens de vivre, mon cerveau n'est pas totalement opérationnel.

- C'est le domaine des métamorphes.

- Mais tu m'as dit que tu étais un hybride ?

Ma remarque le fait sourire, quoi il croyait que j'avais oublié ?

- Je le suis.

- Alors pourquoi...

Une brise d'air dans mes cheveux me coupe la parole. Ce courant d'air se montre chaud et doux comme un léger vent de printemps. Cette chaleur me remets immédiatement sur pied, je suis de nouveau en pleine possession de mes moyens. Adam se tient en face de moi une main presque sur ma joue du moins c'est la forme qu'elle a, sa paume est arrondie comme pour retenir ma tête. Je comprends aussitôt que c'est lui qui a appelé le vent à me caresser d'une telle facilité. Puis me voyant sereine, il sourit comme s'il s'apprêtait à faire quelque chose d'incroyable. Et effectivement il se transforme d'un coup en un magnifique corbeau noir aux yeux verts qui se pose sur mon épaule dans un calme olympien.

Je suis battue.

- Je vois tu peux te transformer maintenant, j'ai compris.

Mais le corbeau Adam en a décidé autrement et reste là bien sagement sur mon épaule avant de s'envoler au loin avec l'expression de défi dans ses iris. Je sais que je ne devrais pas mais je cède à son jeu et le suit au fond de la forêt. Il vole si vite que je le perds de vue pour atterrir dans une magnifique clairière aux allures enchantées. La luminosité filtre avec douceur et les rayons du soleil se reflètent sur l'herbe verte. Un petit ruisseau coule non loin.

Le souffle chaud d'Adam irrégulier prends place au creux de mon cou. Alors je commence la conversation.

- Cet endroit est magnifique.

- C'est mon refuge.

- Si c'est ton refuge pourquoi m'y avoir emmené ?

Il se décale pour se mettre en face de moi et s'assied sur un parterre d'herbes.

- Je veux qu'il soit le tien aussi.

Comment un être aussi arrogant et sur-développé dans le domaine de la stupidité en public peut être si mignon et gentil en privé ? Je m'assieds à côté de lui ni trop proche ni trop loin. On reste assis l'un à côté de l'autre de longues minutes qui me paraissent être des secondes. J'apprécie la vue et la tranquillité de cet endroit.

Ce que je vais dire va briser cette bulle dans laquelle on s'est entourés mais tant pis.

- Pourquoi tu n'adresses plus la parole à ta sœur ?

Il s'allonge par terre avant de soupirer.

- Je t'avoue que te voir en compagnie d'elle hier ne m'a pas plu, j'ai eu peur qu'elle t'ai dit des choses puérils sur moi. Si je ne lui parle plus c'est pour la tenir à l'écart.

Je le regarde en fronçant les sourcils, surprise.

- Pourquoi ?

Question banale égale réponse banale.

- Parce que.

Je hausse les sourcils et commence à me lever pour rentrer quand la main d'Adam m'attrape le poignet. Cette fois un courant plus qu'électrique me parcours le poignet lui aussi sûrement car il enlève son emprise rapidement.

On se regarde de l'incompréhension dans les yeux quand il me dit d'une voix enrouée.

- On.. On devrait rentrer, je voulais juste te dire que tu n'as pas le droit de te promener dans la partie de la forêt réservée aux métamorphes.

Il passe devant moi sans m'adresser un regard et prends son élan pour changer d'apparence. Maintenant il se trouve devant moi un corbeau aux ailes couleur charbon s'effaçant au loin dans mon champ de vision. Il m'a laissé ici seule.

Je marche avec rapidité pour retourner à l'Inter ignorant le temps qui s'est écoulé depuis mon départ mais vu les certains élèves dans les jardins j'imagine qu'il doit être au moins sept heure trente. Je commence à huit heures, il faut que je me dépêche.

C'est une Nora furieuse qui m'accueille dans la chambre.

- Et bien, dis donc tu en as mis du temps j'ai cru que tu t'étais enfuie allez dépêche-toi de te recoiffer, je te rappelle qu'on commence toutes les deux par le même cours ce matin.

J'obéis à ses ordres sans fausses notes. Je suis prête en moins de dix minutes ainsi que mon sac alors on se dirige aux salles de cours toutes les deux, parlant de tout et de rien sur le trajet. Je préfère ne pas lui raconter mon escapade avec Adam, ceci doit se régler entre eux.

Je prends une grande respiration en arrivant devant l'édifice presque aussi grand que le bâtiment principal et rentre. C'est mon premier jour avec de nouveaux cours en pleins mois de Janvier.

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