Les cris et les grognements féroces, que j'avais enendu cette nuit là, m'ont figé dans ma paille avec le sang glacé.
Tétanisé, j'avais écouté l'attaque dans la plus totale impuissance.

Plusieurs portes avaient été détruites par le plus affreux des deux Crinos.
La vue lointaine de sa masse sombre et pleines de marques de combat avait fait parcourir mon échine de frissons d'effroi.

Debout devant la porte, j'entends alors que celle-ci se faire ouvrir avec rage.
Je reste immobie, attendant l'entrée des villageois.
Lorsque les rayons du soleil entre dans la grange, je plisse les yeux, ébloui.

Comme pris d'une rage nouvelle, le chef du village attrape mon bras et me jette à l'extérieur, dans la poussière.
Je tousse et ouvre grand les yeux sous le coup de la surprise et du choc.

<< C'EST TA FAUTE !!

Son ton de voix est haineux et en même temps animé de terreur.
- Tu es une malédiction pour notre village ! Tes sentiments ignobles et impurs attirent la haine des esprits sur nous ! Ils nous envoient leur horribles créatures pour te chercher et nous nuir à tous !

D'autres villageois me toisent avec colère et me bousculent :
- Tuons-le !
- Qu'il débarasse le plancher !
- STOP !

Usant de son autorité, le chef de notre village les arrête et me fixe d'un oeil encore plus mauvais.
- Nous devons faire les choses bien ! Si c'est cet imonde garçon que veulent les Crinos alors nous leur donneront sur un plateau d'argent. La solution mes chers, c'est le sacrifice de cette créature là !
- Qu'aies-je fais ? Je n'ai rien fait de mal ! Laissez moi vivre comme avant !! Vous êtes tous fous !

Une gifle violente vient me faire taire et me jette vers l'arrière. Mes lèvres tremblent et mes larmes recommencent leur course infernale sur mon visage tandis que ma joue devient douloureuse.

- Ferme là !! Nous savons quelle genre d'attirance ignoble tu possèdes ! Et tu as osé parler à ces créatures qui nous menacent depuis des années interminables !! TU DOIS ÊTRE SACRIFIÉ !!

Je sursaute sous la violence de ses propos et pleure pour de bon. Je tente en vain de me retenir à la porte de la grange, tandis que l'on me tire vers le coeur du village.
Mais malgré mes sanglots et mes tentatives de me débattre, je suis traîné vers la forêt, dont ils essayeront de faire sortir la bête.