Rien que la lune
Dans l'incapacité de dormir, je décide de me lever pour prendre l'air dans la fraîcheur de la nuit.
Je soupire en sentant le vent froid sur ma peau et me saisis d'une petite couverture que je tiens autour de moi.
Sous les rayons lunaires, je m'avance vers la forêt, comme instinctivement.
Je m'assois face à elle et garde un oeil sur la chandelle.
La petite flamme au loin brille et remue gracieusement.
Projetant son ombre sur le sol, l'épaisse forêt est caressée par la douce lumière lunaire et bleutée qui envahi le ciel.
Cette sensation de calme et de tranquillité m'apaise après les tourments des jours précédents.
J'éloigne ce stresse et ces souvenirs de moi en parcourant du regard le sombre bois qui me fait face.
Comme hapé par son obscurité, je me lève et fait quelques pas supplémentaires.
La lumière lointaine de la chandelle me rassure et m'encourage à m'enfoncer un peu plus.
C'est en tenant fermement la couverture sur mes épaules que j'avance sous l'immensité des arbres.
Sans me retourner, je laisse mes pieds nus caresser le sol froid et terreux.
Les quelques feuilles qui touchent ma peau ne m'effraient pas.
Un étrange sentiment de plénitude me saisi tandis que la chandelle n'est plus visible.
Je m'assois à nouveau sur ce sol de terre et de mousse et attend sans savoir quoi.
Un petit bruit m'interpelle entre les arbres suivi d'un murmure.
« Tu es là toi aussi ?
- Qui es-tu ?
- C'est moi, Aïhro...
- Oh... Viens.
Le jeune homme aux cheveux de jais se rapproche et s'installe à mes côtés.
- Que fais tu ici, si tard ?
- Je pourrai te poser la même question.
Acquiescant sa remarque, je fixe un point invisible devant moi.
- J'arrive pas à dormir. Et toi ?
- Je ne sais pas vraiment... Je crois que je suis somnambule.
- Somnambule ?
- Oui, parfois je me réveille en étant pas au même endroit que lorsque je me suis endormi. Parfois j'ai même pas le souvenir de m'être endormi. Je me suis réveillé un peu plus loin en entendant tes pas.
- Mes pas ? Tu as de bonnes oreilles.
- Dans ce silence de mort il n'est pas difficile d'entendre quelque chose.
- C'est vrai...
Sentant la fatigue venir petit à petit, je me détend davantage, rassuré de ne pas être seul.
Je souris timidement et murmure à mon tour :
- J'ai pas envie d'être surpris par le Crinos, tu veux bien me tenir compagnie ?
- Avec plaisir !
Je pose délicatement ma tête sur son épaule et ferme les yeux pour attendre sagement le sommeil.
- C'est quoi le Crinos ?
Bien trop fatigué pour relever son ignorance, je murmure dans un souffle presque inaudible, que rare aurait été capable d'entendre :
- Le grand méchant loup...
- Très bien, alors je t'en protégerai.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top