Le défiguré
Les mains liées au pilier que les autres villageois ont planté à l'orée des bois, je pousse de toute mes forces sur mes pieds pour essayer de me relever et de m'en défaire.
Je regarde avec effroi la profondeur de la forêt, là où la noirceur empêche d'apercevoir quoi que ce soit.
La peur de voir apparaître l'effrayant Crinos noir aux cicatrices profondes qui lacèrent sa gueule est plus forte que tout.
Puis quand bien même Aïhro serait celui qui arriverai, il ne me reconnaitrai même pas.
Poussé à bout, je hurle pour tenter de couvrir le bruit assourdissant que font les casseroles et autres ustensiles des villageois.
Leur simple objectif de ramener la bête par le bruit ne semble pas fonctionner jusqu'à ce que la chandelle, sous les yeux de tous, s'éteigne.
Le souffle coupé, les habitants fixent la bougie dont la flamme a fraichement disparu. N'ayant pas l'habitude d'être témoin direct de son extinction, chacun de nous reste figé sur place, le coeur battant.
Et c'est ce moment que choisi la créature pour nous faire parvenir son souffle atroce et redoutable.
Un grognement sourd et tétanisant.
Les villageois reculent presque d'un même pas, me laissant seul accroché à mon piquet.
<< Reculez bande d'imbéciles !! Rentrons chez nous, laissons le sacrifice mourir ! Le crinos partira pour de bon !
Aucun villageois ne bouge, immobilisé par la peur.
- Déguerpissez bon sang !!
Plus un mouvement dans la foule.
La respiration saccadée, j'observe tour à tour les habitants dont le teint est devenu livide. Certains semblent sur le point de s'évanouir lorsque la face marquée et noire apparaît d'entre les arbres.
Pour la toute première fois, l'animal se dresse devant un village entier.
Ces respirations qu'il entendait, cette aura de peur qu'il ressentait et ces milles et une odeurs qui atteignaient son museau retroussé étaient maintenant face à lui.
La créature qui avait tant inspecté ces drôles de bâtisses, ces amonts de pierre et de bois fermés et grouillant d'odeurs découvrent un groupe entier d'humains faibles et terrifiés.
Tandis qu'il s'avance d'un pas lourd, sa tête immense et lupine se redresse. Un regard doré et acéré nous observe et nous détaille.
Ses crocs impressionnant sont découvert, surmonté d'un filet de bave. Tout dans son apparence donne envie de disparaître sur le champ.
La machine a tuer se redresse et grogne, bandant ses muscles sans grande difficulté. Tant la pression et la peur m'envahissent que je ne remarque même plus que mon visage est baigné de larmes et mon corps tremblant.
Semblant soudain réaliser son erreur, le village entier cède à la panique et se bouscule pour fuir.
- Ne courrez pas !! Vous devenez des proies !! Restez immobiles !!!
Trop tard...
Lorsque la première femme se met à courir, les autres se précipitent dans leur terreur, animant la bête de sa soif de chasse.
Le Crinos ouvre grand la gueule, découvrant l'une de ses armes mortelles : ses crocs.
Et la première victime de ce début de carnage, fut la première à avoir tenté de fuir.
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