Sur le chemin on ne s'est pas adressé la parole une seule fois. Nous sommes chacun dans nos pensées, nos souvenirs.

De temps en temps il regarde dans ma direction mais pas plus de cinq secondes.
Moi j'ai trop honte pour le regarder. Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs. Je ne lui ai pas avoué à voix haute que j'avais toujours des sentiments pour lui, je ne devrai pas avoir honte, ni même être gêné. C'est vrai que ma phrase était lourde de sens, mais je ne peux rien faire pour la changer.

On arrive devant le casino des jeux, qui comme je l'imaginais, est en ruine. La porte d'entrée est cassée, il y a pleins de verre par terre. On décide d'y aller quand même. En entrant on remarque que l'accès à la trésorerie est forcé. Il ne doit plus rester un centime. Il y a pleins de jetons éparpillés au sol.

On traverse le hall et nous nous dirigeons vers la salle de jeu. Là encore c'est le bazar. Certaines machines à sous sont renversés, une des tables est cassé en deux, et un filet de sang pend sur le mur. Mis à part ces petits détails, nous sommes seuls dans le casino. Avant de commencer je me dirige vers les toilettes.

Je regarde longtemps mon reflet dans le miroir. J'ai l'air plus fatiguée que d'habitude mais plus heureuse aussi. Après avoir passé un mois à me morfondre dans mon lit avec de la glace je me suis levé et réalise mes derniers voeux avec le garçon de mes rêves. Dit comme ça la situation à l'air idyllique mais j'ai omis de mentionner que ce garçon est celui qui m'a brisé le cœur comme personne ne l'a jamais fait, et que je vais mourir dans moins de deux jours. J'ai beau me le répéter, cette certitude me fait l'effet d'une bombe chaque fois que j'y pense.
Je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de rejoindre Mathis.

Il m'attends sagement devant la porte des toilettes "par précaution".