H - 47

Pendant que j'étais au toilettes, Math a remis quelques tables de jeu droites et a ramassé pas mal de jetons.
Je l'aide à remettre les sièges en places ainsi que les machines à sous. Le tout reconstitué, la scène est moins flippante.

Ne sachant par quoi commencer, ni même comment jouer, je m'installe devant une machine à sous. Le principe est simple : j'ai juste à insérer mes jetons, tirer la manivelle et le tour est joué. J'ai tiré trois fois la manivelle et mon gain est pratiquement nul. Comme l'ambiance dans la salle d'ailleurs.

Je me suis toujours imaginé qu'il y aurait une musique douce, beaucoup de monde se regroupant autours des tables, et quelques beaux garçons autours.

Au lieu de ça le lieu est en piteux état, un silence de plomb règne, et Mathis ose a peine me regarder. Moi aussi d'ailleurs.

Mathis se lève et pars monter à l'étage. Au bout de dix minutes je commence à m'inquiéter. À vraiment m'inquiéter. S'il n'est plus là pour me protéger, alors qui le fera ? Toute seule j'en suis incapable. Le silence quand je suis seule est encore plus stressant que lorsque Mathis est présent.

J'entends un gros " BOUM" au dessus de ma tête. Y a t'il quelqu'un en haut ? Sommes nous tombé dans un piège farfelue ? Est ce que Mathis va bien ? S'est il fait mal ? Je n'ai aucune réponse à mes questions.

Tout à coup, un grésillement se fait entendre dans l'entrée. Je me lève et pars en courant dans les escaliers pour rejoindre le deuxième étage.
Je grimpe les marches quatre à quatre et failli à plusieurs reprises de tomber. Je suis arrêté dans ma course par le torse imposant de Math.

Tout à coup, j'entends une douce musique de salon qui me parvient du rez de chaussé.

Mathis me fixe avant de me prendre dans ses bras. Cette fois je ne me retiens plus et laisse toutes les larmes de mon corp sortirent. Je pleure car dans moins de 47h je vais mourir, car je suis effrayée à cette idée, car je n'en ai pas non plus spécialement envie, car je n'ai pas de nouvelles de mes amies ni même de ma famille...

J'ai toujours trouvé que mes parents étaient absents et que je me moquais d'eux. Mais là, rester sans nouvelles pendant deux jours et savoir que je ne les reverrais pas avant de mourir, savoir qu'eux aussi ils vont mourir, ça me panique.

Je pleure aussi pour Mathis. J'ai cru qu'il lui était arrivé quelque chose et que c'était mon tour.

- Ça va aller. Je suis juste parti mettre un peu de musique c'est rien.

- Ce bruit..

- J'ai involontairement fait tomber le bureau. Il n'y a personne ne t'inquiète pas.

Je me sens tellement rassuré dans ses bras. C'est comme s'ils m'emmenait forcément dans un lieu sûr. Dans un lieu en sécurité. Je lève la tête et remarque que lui aussi pleure.

- J'ai peur Mathis. Peur de mourir...
- Oui moi aussi... et je n'ai aucune idée pour te remonter le moral face à la comète. Je suis désolé.
- Ce n'est pas ta faute. Tu es là c'est tout ce qui compte.

POINT DE VUE DE MATHIS

- Tu es là c'est tout ce qui compte.

Elle n'a absolument aucune idée de l'effet que me fait cette phrase. Je me sens tellement mieux depuis que je l'ai entendu. C'est comme si elle avait rechargé mes batteries, remis mon cerveau en ordre parmi la pagaille qu'elle a semé.

Depuis hier déjà elle multiplie les gaffes, elle laisse sous entendre pas mal de choses qui me laissent penser que j'ai toujours ma chance. C'est triste qu'au bout du compte on meurt.
Je la regarde. Elle a des larmes qui ruissellent sur son visage mais même comme ça elle est magnifique.

On m'a dit un jour que la beauté était dans l'œil de celui qui regarde. Et bien moi je ne fais pas que la regarder. Je l'admire. Je profite de mes derniers jours pour l'admirer autant que je le peux avant la fin.

J'essuie les larmes sur ses joues et lance :

- j'ai trouvé un jeu de carte donc interdiction de tricher. Tu connais le blackjack il me semble ?

Elle me sourit. Évidemment qu'elle le connait. Elle a appris à y jouer quand elle était en colo. Ensuite elle m'a appris à y jouer à mon tour.

- Oui.

On redescend l'escalier et nous nous installons autours d'une des tables. Dina fait le partage des jetons et moi je distribue une carte à madame avant d'entamer la partie.

Elle est très forte à ce jeu et ne tarde pas à gagner. À un moment j'ai failli gagner. Sur je ne sais quel miracle, la musique a grésillé. Dina s'est levé et j'en ai profité pour replacer la carte à l'arrière du jeu.

A son retour j'ai donc fait un score de 22 ce qui lui a permis de gagner (encore). Je ne supporte pas qu'elle puisse perdre. Elle n'est pas faite pour ça, ça ce voit dans son regard.

Tout a coup la musique de Joe Cocker " You can leave your hat on" se met en route.
Je regarde Dina qui semble aussi gêné que moi mais en même temps aussi amusée.

- Tu sais jouer au poker ?
- Il est hors de question qu'on fasse un streap poker Mathis.
- Ok

Je retire mon haut. J'ai travaillé toute mon adolescence à la salle pour avoir ce corp musclé et je sais d'expérience que Dina n'y résiste pas.

- Tant pis pour le poker.

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