Partie unique

J'étais un lycéen sans histoire, studieux et timide. Je n'avais pas beaucoup d'amis, j'avais constamment le nez dans les livres. Mais j'avais beau faire des efforts, je ne m'améliorais pas. Je regardais avec désespoir mon nom baisser dans le classement de l'école.

C'est à ce moment-là que je l'ai rencontré. Il était venu à moi en salle de révision, un élève plus jeune mais surdoué. Il allait bientôt sauter une classe pour rejoindre ma classe de terminale. Il s'était présenté simplement avec un sourire incroyablement mignon, révélant d'irrésistibles fossettes.

Il était déjà à l'époque tout le contraire de moi, un garçon doué, beau comme un Dieu et conscient de son charme. Contrairement à moi, il n'avait pas de problèmes de confiance en lui. Il aurait presque pu paraitre arrogant parfois. Mais ce garçon-là s'était montré adorable et nous avions sympathisé très vite. Il m'avait alors aidé avec mes cours et comme par magie, j'étais remonté haut dans le classement.

Mais aujourd'hui les choses sont un peu différentes. J'ai rencontré le vrai Namjoon.

Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'il n'avait pas changé, j'avais eu des indices dès le départ mais je n'y avais pas fait attention parce qu'il était mignon et gentil.

Je comprends désormais mon erreur mais il est déjà trop tard. Je suis son prisonnier, sa propriété et bien qu'il n'y ait ni chaîne ni porte, je ne peux pas m'échapper.

Au début, ce n'était pas important. C'était un froncement de sourcil quand quelqu'un me demandait un service. Puis ce fut un regard noir quand je souriais aux autres. Ces détails ne m'étaient jamais adressés. Namjoon était un peu jaloux mais ce n'était pas grave. J'aimais le savoir attaché à moi.

Mais ça s'est aggravé. Chaque mot tendre de sa part était accompagné de sa possessivité. Avant, il m'appelait « petit ange », maintenant c'est « mon ange ». Au début, j'y voyais une marque d'amour, une ascension et j'en étais heureux. Mais plus sa jalousie grandissait, plus ma vie s'est transformée en enfer.

- Jin, mon cœur ! Où es-tu ?

Namjoon vient de rentrer dans l'appartement que nous partageons depuis notre entrée à l'université.

- Bébé ? Pourquoi tu réponds pas ?

Namjoon est devenu très impatient aussi.

- Je suis là Nam !

Moins de deux minutes après je sentais ses bras m'entourer la taille et son menton au creux de mon cou.

- Tu m'as manqué mon ange.

- On a mangé ensemble ce midi Nam, on s'est vu il y a à peine trois heures !

- C'est ta manière de me dire que je te manque pas ? demande-t-il sur un ton froid.

Je viens de faire une connerie en lui répondant ça, il va encore s'énerver. Il n'a jamais été violent, pas dans ses gestes en tout cas mais les mots sont parfois pires que les coups.

- Tu te souviens du lycée ? Il y a même pas trois ans, tu étais fou de moi. Je te manquais tout le temps. Tu m'étais reconnaissant aussi. C'était une époque où tu te souvenais qui construit ton avenir, qui prend soin de toi.

Son ton était doux, son regard profond et il me caressait le visage, retraçant mes traits à chaque phrase qu'il prononçait.

- Pourquoi m'obliges-tu à te le rappeler si souvent ces derniers temps ? Hum ? Tu regrettes de m'avoir rencontré ? Tu crois que je ne sais pas que tu rêves de t'échapper ? Je ne te laisserai jamais partir. Tu le sais n'est-ce pas Jin ? Que jamais tu ne me quitteras ?

- Oui je le sais, Nam. Je suis là non ?! Je rentre tous les soirs à la maison. Je suis dans tes bras autant que possible. Que te faut-il de plus ?

Ma voix était lasse. Depuis, une semaine des scènes similaires s'enchaînaient. Chaque jour il me rappelait que j'avais eu mon diplôme grâce à lui, que j'avais obtenu l'université de mon choix avec une bourse grâce à ses contacts et que je vis dans un appartement payé par sa famille bien plus fortunée que la mienne. Oui, il contrôle toute ma vie. J'en suis conscient.

Il n'y avait pas de problèmes parce qu'il m'aidait à comprendre les cours, puis ce fut juste un petit coup de pouce pour l'université. Tous ceux qui peuvent être pistonnés n'hésitent pas à en profiter. La vie est trop compliquée pour refuser une petite aide quand elle se présente. Enfin, mes parents qui s'inquiétaient du prêt que l'on devrait contracter pour mes études, ma vie tous frais payés par les parents de Nam leur ôtaient un poids des épaules. Cet argent ne leur manquerait pas, ils étaient heureux d'aider leur futur beau-fils alors j'ai accepté cette aide aussi. Et aujourd'hui je suis coincé dans les griffes d'un Namjoon que je n'avais pas envisagé. Un homme à l'appétit insatiable, possessif à l'extrême et dominateur.

- Je veux que tu m'aimes. J'ai besoin que tu m'aimes. Comme avant, quand tu ne voyais que moi. Me répondit-il enfin.

- Ça n'a pas changé mais tu m'as demandé plus Nam.

- Je te veux sans partage ! Est-ce trop dur d'être à moi seul ? s'énerva-t-il, haussant le ton.

- Et si je ne suis pas à toi, je suis à qui alors ? 4 ans que ma vie tourne autour de toi et de toi uniquement ! Tout est déjà à toi. Tu as mon premier amour, ma virginité, mon présent et mon futur. De quoi as-tu encore besoin ? Je t'aimais comme un fou quand tu me faisais confiance ! Avant que tes bras ne deviennent ma prison.

Ma phrase avait bien commencé mais mes derniers mots ne furent qu'un murmure douloureux au souvenir de nos moments heureux.

- Et si je te rendais ta liberté aujourd'hui, pourrais-tu m'assurer que jamais un autre homme ne volera ton cœur ? Ton premier amour sera le seul jusqu'à ton dernier souffle ?

À ces mots, mon cœur rata un battement. Enfin, enfin il met des mots sur son comportement et je commence à entrevoir les raisons de sa possessivité.

- Tu peux m'assurer que je retrouverais le Namjoon dont je suis tombé amoureux ? lui demandais-je en retour.

- Tout ce que tu veux mon amour.

- Je veux retrouver mon homme. Je veux le toi que j'ai rencontré. Je veux que ta jalousie s'arrête à un bras possessif autour de mes hanches. Je te trouvais incroyablement sexy avec ton petit froncement de sourcil qui dit « Pas touche à mon homme ». C'est l'un des trucs qui me donne l'impression d'être important. Rends-moi mon homme et plus personne n'existera autour de nous.

Il ne me lâcha pas des yeux durant tout mon discours. Je voyais revenir sa tendresse dans ses yeux, la confiance n'était plus très loin et je me prie à rêver de retrouver mon couple tel qu'on l'avait construit.

Je repris alors avec ferveur et sincérité mon discours improvisé :

- Je te laisse mon avenir et tout ce que tu veux pourvu que tu redeviennes le garçon doux et confiant de mes souvenirs. Ce garçon-là me manque atrocement.

- Tu n'aimes pas l'homme que je suis devenu ? Je ne te plais plus ?

Sa voix était hésitante, pour la première fois depuis notre rencontre Namjoon se montre incertain. Sa confiance en lui a disparu. Peut-être à cette confiance qu'il essaye de sauvegarder.

- Tu me plais mon cœur, tu me plais beaucoup. C'est ta jalousie qui m'étouffe. Jamais je ne me lasserai d'être dans tes bras. Je veux juste y être parce que je t'aime, et pas parce que tu m'y enfermes. Je veux être libre de t'aimer de tout mon cœur sans contraintes. Ne me demande pas plus, ai juste foi en mon amour indéfectible.

Une larme roula sur sa joue, l'unique larme qu'il laissa couler. Il prit mon visage en coupe avant de me répondre. Mon cœur battait à tout rompre. Si mon discours ne l'atteint pas aujourd'hui, notre couple ne s'en sortira pas par la suite.

- Mon amour, je veux juste te garder près de moi. Tu imagines si tu me quittes. Qu'est-ce que je deviens ?

- J'ai aucune raison de te quitter. Arrête de douter, fais-moi confiance. Regarde-moi dans les yeux et jure-moi de me laisser t'aimer.

Il ne prononça pas un mot mais je voyais l'émotion dans ses yeux, il hocha la tête. Bientôt je sentis ses lèvres pleines prendre possession de ma bouche et je m'abandonnai avec bonheur à ce baiser.

Nous nous séparâmes le souffle haletant. Il posa son front contre le mien, les mains toujours sur mes joues. Je m'étais accroché pour ma part à son pull.

- Jure-le-moi, maintenant. Implorais-je en relevant les yeux pour trouver son regard ?

- Je vais t'aimer comme personne ne le fera jamais, alors aime-moi le plus fort possible. Me répond-il ? Je vois dans ses yeux qu'il a lâché les armes.

Mon cœur se libère, le cauchemar est fini et mon doux rêve à ses côtés peut enfin reprendre.

Je fais passer mes bras autour de son cou et retrouve ses lèvres pour un baiser plus passionné que le précédent. Un baiser où je m'applique à faire passer tous les sentiments qui me submerge grâce à lui.

On dit que le premier amour est rarement le dernier, mon premier amour à moi sera une exception à la règle. Je n'ai plus qu'à le faire comprendre un peu plus chaque jour à l'imbécile qui a volé mon cœur ce fameux jour d'automne où il m'avait rejoint dans ma salle de révision.

Mon couple n'est pas mort, je crois même qu'il n'a jamais été aussi beau qu'aujourd'hui.

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