Le vendredi 10 août 2019, à partir de 22 heures et 48 minutes précises, une étrange lueur rougeoyante éclaira le ciel nocturne de France. Les nuages teints d'orange et d'ocre illuminaient sur des kilomètres la voûte stellaire violacée et piquetée d'étoiles d'une tache d'ambre.

Poètes, peintres et photographes ne se privèrent pas pour s'inspirer de ce phénomène, ni pour le dépeindre aux mille nuances de leurs plumes, pinceaux et filtres.

Les astrophysiciens, quant à eux, furent assaillis de questions sur la nature de la source de cette lueur. Les Hommes avaient toujours été effrayés par l'inconnu, et cherchaient une explication au moindre signe d'étrangeté. Les scientifiques prirent le temps de calculer la position de l'illumination, puis de la comparer avec celle du soleil, hypothèse la plus probable.

Les coordonnées coïncidaient, et l'explication qui fut offerte fut celle-ci : « Il s'agit simplement du reflet d'un coucher de soleil tardif ».

La plupart des gens, ayant déjà réfléchi à la question et étant arrivés à la même conclusion, étaient partis se coucher aussitôt l'explication donnée. À quoi bon se faire du mouron pour un simple reflet d'astre, après tout ?

Néanmoins, il en fut pour qui cette réponse ne suffisait pas. Les sorciers et Créatures de toutes les directions étaient penchés à leurs fenêtres, ou avaient le nez en l'air, observant ce signe avec inquiétude.

Du haut de son immense tour opaline, Oona caressa les longues plumes brunes et soyeuses de Sirin pour apaiser son tourment. La pauvre était exténuée, et des plus inquiètes quant à l'avenir. L'oiseau-prophète de la guerre et des conflits n'avait cessé de chanter depuis l'aube, écorchant sa voix sur un Destin funeste que redoutait son interprète.

Assise sur les marches nacrées menant à son observatoire stellaire, elle observait d'un œil désolé l'augure d'ambre dans les cieux tandis que les tissus précieux de ton chiton s'imbibaient des larmes azurées de la Créature.

– Je sais, je sais ma petite plume, soupira d'un ton doux-amer la Grande Prêtresse en baissant la tête, faisant glisser de son épaule une de ses longues tresses mauves. Notre jeune flamme étouffe...

Oona lança un regard éploré vers Alkonost, l'oiseau-prophète qui avait prédit un avenir prometteur pour la sorcière responsable de cette lumière. Un futur qui se réaliserait seulement si elle ne s'engageait jamais sur le chemin de la violence...

Le visage humain de la créature était trempé de larmes bleutées qui collaient ses boucles rousses contre son cou et ses joues. L'éclat de ses immenses yeux d'or avait terni, perdu dans le vide, visionnant le plus de futurs heureux possibles pour se réconforter. Le reste de son corps, celui d'une colombe au plumage d'ordinaire immaculé et lustré, était assombri, ébouriffé. Son nid, qu'elle n'avait quitté de la journée, étaient recouverts de rémiges pâles.

La pauvre créature avait le cœur brisé de voir tous ses espoirs réduits à peau de chagrin en une seule soirée.

La Grande Prêtresse secoua la tête et poussa un soupir désillusionné. Il était tout simplement trop tard pour revenir en arrière. Désormais, le sort de ce monde reposait sur les choix d'une enfant aux trop grands pouvoirs...

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Si les plus curieux avaient décidé de se rendre directement à la source de la lueur flamboyante dans les nuages sombres, ils auraient compris leur erreur monumentale. Cette lumière ne venait pas d'un quelconque reflet de coucher de soleil. Ni même d'un feu de forêt, comme certains avaient cru au départ.

D'immenses langues de feu écarlates dansaient entre braises et fumée, léchant les pierres de la falaise effondrée. L'air était saturé de cendres et de poussière, brassées par un vent brûlant dans une ronde, un cercle infini. La roche surchauffée laissait échapper des cercles de fumée, tandis que pulsait un réseau de veines bouillonnantes sur le flanc de la montagne.

Au cœur de ce maelström de détresse, de colère et de chagrin, une jeune fille pleurait, serrant un corps calciné au creux de ses bras.

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Je vous souhaite la bienvenue parmi ces pages, très chers visiteurs
J'ose espérer que les méandres de mon esprit sauront vous ravir
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