LVIII. Mon appel sourd à l'aide.
The night we met - Lord Uron
Cette chanson a un pouvoir immense sur moi.
Quand je l'ai écoutée pour la première fois, je me suis vue à son enterrement. Il n'est pourtant pas mort. Enfin... Cela dépend le sens dans lequel on emploie le mot. Et ce soir, alors que j'écoutais une énième fois cette musique, tout en parlant à mon amoureux par message, j'ai craqué. J'étais en train de lui parler de lui, de tout ce qu'il faisait, puis subitement je me suis mise à pleurer, sans le remarquer. Tout cela m'a bien impactée, j'en étais perdue au point de ne pas me rendre compte que je pleurais. On me dit de me taire et j'en parle à tant de gens. Suis-je une mauvaise fille ? Mon amoureux est mon ancrage, il ne me laisse pas couler. Je l'aime tant. Sans lui j'aurais été une épave prise dans la dépression profonde. Les larmes me dévorent les joues, acides, telle est ma punition. J'ai trahi trop de fois la loi du silence. Et pourtant, même ça le rabaisse auprès des inconnus à qui j'en parle, je garde espoir de le sauver. J'ai essayé de le faire réagir dans un ultime espoir quand il était au plus bas. Il était là à supplier une personne de ne rien dire, en larmes, alors que j'étais derrière lui, bras croisés. Ce jour là, je suis allée le trouver peu après et je le lui ai dit.
«- Dans 5 ans, tu es mort si tu continue ! »
J'ignore encore, aujourd'hui, ce que cela a pu produire en lui. Si ce n'est répéter éternellement la phrase «De toute façon je ne suis qu'une merde ! » Et pourtant, malgré ce qu'il pense de lui, je le vois tout autrement. Je le compare à un dictateur quand je vois comment il dupe les gens. Nous ne pouvons rien faire face à lui tant qu'il les bernera ! Et personne sauf moi ne le voit. C'est un abruti finit puissant dans sa propre destruction. Il arrive à convaincre le peuple qu'il est en cours de guérison. Foutaises ! Réveillez-vous ! Ses sourires, ses belles paroles, c'est du vent ! C'est comme avec le Père Noël, il fait arrêter les illusions. Vous êtes aveugles ! Vous, le peuple, comme je vous appelle. Qui croyez-vous être pour donner des leçons, tirer un diagnostic de son cas quand vous ne le voyez que quelques minutes, heures seulement ? Moi, je suis du petit peuple, comme je l'appelle aussi. C'est celui qui l'a ramassé à la cuillère sans comprendre, qui le voit chaque jour se détruire lui et sa famille, nous. Par famille j'entends papa, maman, frères et soeurs. Le reste est le peuple.
Il nous a détruit, bien qu'on lui assure contraire pour qu'il essaye de se reprendre. Il nous a violé nos vies privées, nous ne sommes plus en sécurité quand nous le voyons cacher sa voiture, dormir sur le canapé au rez avec un marteau, passant ses journées à ne rien faire si ce n'est s'enfoncer un peu plus dans le néant. Oui, il nous y emmène avec lui, ticket gratuit. L'agence de voyage ne remboursera pas, aller garantit, retour incertain et peut-être même mort certaine, pour lui en tout cas. Nous subissons son moindre tracas, il nous stalke partout, il prend trop de place. Il passe sa vie sur ce canapé, à nous aboyer ses ordres, ses désaccords. Il veut qu'on lui parle, qu'on redevienne une famille. Comment peut-on faire quand nous essayons mais que tout part en vrille ? Mes parents n'ont même plus d'existence dans leur propre maison. Ils se font bouffer par lui, oui, c'est le mot. Notre maison n'est plus notre, elle devient sienne. Il souille et viole notre environnement sans pouvoir se contrôler ni s'arrêter. Kleptomanie. L'un de ses multiples problèmes. S'ajoute aussi la mythomanie. Combien de fois mes parents, moi et mon frère avons vu nos objets disparaître et revenir en mauvais état ou bien ne jamais revenir ? Ou pire encore, revendu à des inconnus ? Trop de fois. La dépendance aussi. L'alcool. Bourré assez souvent. Il souille aussi mon environnement et dormant dans mes draps, car il a trop froid dans la sienne. Il a aussi vomi dans ses draps et sur mon sol. Incapable de se débrouiller avec un cerveau bousillé, quand je suis rentrée de l'internat, j'ai du nettoyer moi-même sans savoir. J'avais pas été mise au courant, je tenais dans ma main un torchon traînant parterre imbibé de vomi. Appel au secours à mon petit-frère, nous avons nettoyé. Mon sommier aussi avait pris. Nous avons parlé de lui. Nous en ignorions des choses sur lui à cette époque...
Je me souviens bien quand j'étais au collège. Je haïssais mes parents toujours sur mon dos. J'étais aveuglée par cette haine sans savoir pourquoi j'étais malheureuse. Cela ne me dérangeais pas que mon père meurt pour tout dire. Cette époque fut dure. Un jour, je pleurais devant un film et ma mère m'a surprise. Sans savoir vraiment pourquoi je pleurais, elle m'a obligée à aller voir une professionnelle. À cette époque, je ne savais pas encore qu'ils faisaient ça pour moi car ils s'étaient aperçu trop tard qu'ils ne pouvaient plus le contraindre, lui, à se faire soigner. Ils ne pouvaient que lui conseiller, étant majeur. Si j'avais su... Ils ont bien finit par nous le dire. Ça nous éloignait trop.
Oui, cette époque fut dure et bien qu'elle le soit d'autant plus aujourd'hui, j'ai du soutien. Je ne vois pas de psychologue. C'est bête, j'aimerai en devenir une au fond de moi, mais je me dis qu'une psychologue n'est là pour nous dire que ce que l'on veut entendre. Je ne pense pas qu'il faille ça pour moi. J'aimerai en devenir une pour devenir entière et aider des gens dans le besoin. Ce que je ne peux faire avec "lui". De toute manière, j'ai perdu bien de mes ambitions. Tout perdu même. Envolés les rêves de journalisme, allant même jusqu'à en perdre l'envie de manger. Je mange car je dois manger, ça s'arrête là. Tout perd son goût que j'avais avant. La madeleine de Proust ne marche plus, ce n'est plus les mêmes goûts. Cela me dégoûte même... J'ai peut-être finalement besoin d'un suivit, qui sait ? Mais je pense que lui en a plus besoin que moi.
Pourtant, il y a un problème. Les guérisseurs, comme je les appelle, sont à mettre eux aussi dans le peuple. Ils ne critiquent pas, non. Ils l'auscultent et veulent le guérir. Seulement, ils se font aussi berner... Ils nous ont dit, il va mieux. Non non Monsieur, venez donc cocotte chez nous, vous ne verrez qu'une épave ! J'aimerai leur dire cela, leur montrer vert écrit, mais je n'en ai le courage. J'ai honte de ce que j'écris. Je manque tant de confiance et d'ambition ! Il faut leur dire ! Pour qu'il y ait un espoir qu'il revive. Je n'en vois aucun pour l'instant. Et dans mes souvenirs, que je perds, je ne vois plus comment il était avant. Je ne m'en rappelle pas. Je ne me rappelle même plus de toutes mes années scolaires jusqu'à la sixième. J'étais où à ce moment alors que ça n'avait pas encore dégénéré ? Dans cet appel sourd à l'aide, je crois que je cherche aussi à me reconnaître. Alors, pourrait-on me dire si je peux croire à l'espoir d'un miracle de guérison ? Surtout lorsque que je vois que tout le monde est dupé par son sourire, ses paroles alors qu'il est tellement con ! Désolée de le dire ! Il n'a plus sa tête ! Toutes les drogues qu'il ingère lui font croire qu'il sent bon, qu'il pourra cacher toutes ses seringues, ses connrries surtout et sa présence. Ça ne marche pas comme ça ! Être junky, mythomane, alcoolique, Kleptomane et j'en passe, guérira-t-il un jour ? On essaie de me le faire croire. J'aimerai qu'on me le prouve en me disant qu'il n'est pas guérit et que ce n'est pas juste les années qui le feront guérir mais un réel suivit. Cet appel à l'aide est urgent ! Et sourd ! Mon petit-frère est en train de sombrer... Il est partit une fois de chez moi, étouffé par lui. Je ne suis pas assez là pour lui et on ne peut parler sans que les murs aient des oreilles. Le peuple critique mes parents : « Ils ne font rien pour LUI ! », parlent dans leur dos. Ils ne sont pas là. Et plus que LUI, il y a aussi nous. Et celui que je veux protéger. Et tout ça c'est à cause de lui ! Ce que je m'en veux de penser ça et de dire du mal de lui ! Mais qu'a-t-il fait pour inverser cette situation ? Pourtant nous l'aidons...
J'attends, aussi longtemps qu'il le faille. L'écrit est mon seul remède, ma seule passion que j'essaie de faire revivre même avec si peu d'ambition. Sous la dictature, j'ai moi aussi abandonner ma famille plusieurs fois pour prendre l'air alors que mes parents et mon petit-frère, jamais. C'est dur, je me sens coupable. Je n'ai pas la vie d'une ado rebelle envers ses parents, j'essaie même de me rapprocher d'eux et de remonter à la surface. Ça va être dur de sauver ma famille. Et vous savez ce qui est le plus bizarre ? C'est d'être plus mature que son frère aîné de 5 années ayant perdu son cerveau dans tout ce qui l'a fait plonger au plus bas.
Fujoddict.
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