Chapitre 44 : La démission


Bonjour à tous ! Encore une fois un chapitre du vendredi, mais j'ai un WE hyper chargé alors je vous le livre maintenant.

J'hésite vraiment à vous poster l'épilogue à la suite dès ce soir. Il est très court, je trouve ça nul de nous vous faire attendre une semaine pour ça. Mais cela signifierait que j'achèverais de poster la fanfiction ce soir, et ainsi d'y mettre un terme - avec un petit bilan imposé à la suite (j'aime les bilans). Donc pour vite prendre une décision, je vais laisser une heure (le temps de manger), si j'ai des retours "ce soir !" "non la semaine pro, je ne veux pas que ça se finisse !", je ferais à la majorité. A vous de voter, une heure, top chrono !

J'ai aussi hésité à rallonger cette fin, ridiculement courte pour une fanfiction si longue. Mais justement, les ajouts auraient été trop long, et j'avoue que je n'ai pas eu le temps de réfléchir à d'éventuelles scènes en plus ... Peut-être qu'un jour, quand j'aurais le temps et la foi, je réécrirais ce chapitre. Si vous avez des idées de scènes qu'il manquerait selon vous, dites-moi au cas où !

Voilà. The end is coming. Enjoy.


Chapitre 44 : La démission.

Lucy gémit dans ses couvertures quand le médicomage palpa ses côtes. Elle crut que sa poitrine allait exploser.

-Une de cassée, évalua-t-il alors en se redressant. Je vais te donner une potion qui te remettra sur pied, d'accord ?

Lucy ne répondit pas, repliant un peu plus ses jambes contre sa poitrine. Le médicomage s'éloigna dans l'infirmerie et s'arrêta devant le lit de Lorcan, qui s'était tordu la cheville en poursuivant Ellie Cattermole. Quelques médicomages de Saint-Mangouste avaient été dépêchés à Poudlard quand Hannah s'était avérée incapable de soigner les quelques blessée, bien trop bouleversée par la mort de Zephan Finnigan.

Zephan.

Lucy réprima les sanglots qui lui nouaient la gorge et menaçaient de sortir. Elle revoyait ce qui s'était passé dans la Chambre des Secrets comme dans un mauvais rêve. Ils avaient décidé de la jouer fine et de d'abord libérer discrètement les otages. La voix amplifiée, Roxanne avait parlé Fourchelang pour faire diversion et semer le trouble dans le rang des Fantômes. James, Louis, Jina et Lucy en avait profité pour se glisser dans la Salle sous un sortilège de Désillusion. Elle avait été la première à atteindre Gethin, simplement stupéfixié. Elle avait presque pleuré de soulagement en constatant que le Gryffondor était indemne. James avait récupéré leurs baguettes et Jina et Louis s'occupaient de ceux attachés au bûcher. Puis Laureen avait incendié celui de Shannon, provoquant éclat, cris, et la marche en avant des élèves de Poudlard contre les Fantômes. Ils avaient tous surgi du tunnel, la baguette brandie, désarmant les ravisseurs. Après avoir constater que, contre toute attente, Shannon n'avait pas été blessée, Lucy avait levé le sortilège de Désillusion pour ne pas prendre un sort perdu et s'était jetée sur la personne qui tenait Luke en joue. Celui-ci avait été libéré par Jina, et avait récupéré un instant plus tard sa baguette, si bien qu'il se trouva vite aux coté de Lucy. Molly était venu la rejoindre également, stupéfixiant un homme dans son dos, que la jeune fille n'avait pas vu venir. Le sang sur le visage de sa sœur avait effrayé la préfète, mais elle fut soulagée de voir dans la puissance de ses sorts qu'elle était en pleine possession de ses capacités. Luke avait l'air indemne également, comme presque tout le monde, excepté Shannon. Lucy avait eu le temps d'apercevoir la tâche noire sur sa poitrine avant que la Poufsouffle ne se jette sur sa cousine. Les Aurors avaient surgi un instant plus tard, Victoire et Harry à leur tête. Trop occupée par ses propres combats, elle n'avait pas suivi celui entre les Finnigan et Laureen Bones. Un sortilège l'avait envoyée valser à l'autre bout de la pièce, et c'était sans doute ce choc qui avait brisé ses côtes fragiles. Pourtant elle avait ignoré la douleur et s'était relevée.

Mais à un moment, tout s'était arrêté.

Et quand elle s'était retournée, elle avait trouvé une Shannon éplorée sur le corps sans vie de Zephan.

Lucy avait eu l'impression d'entendre les pleurs de Shannon à travers un long tunnel, comme s'ils avaient appartenu à un autre monde. Elle avait voulu se précipiter vers son amie, mais Harry l'en avait défendu et l'avait forcé à évacuer parmi les premières pour soigner ses blessures. Ils étaient si nombreux, et la sortie était si étroite qu'ils avaient dû utiliser des portoloins pour s'échapper de ce sinistre tombeau. Lucy avait été parmi les premières à sortir de là, avec Lorcan et Molly. Victoire l'avant emmené directement à l'infirmerie, où elle était restée longtemps dans les bras de sa sœur, pleurant toutes les larmes de son corps. Molly avait tenté de la rassurer, de lui dire que si elle était arrivée une seconde plus tard, il n'y aurait pas qu'un cadavre mais sept. Mais cela ne consolait pas Lucy le moins du monde.

Peu à peu, l'infirmerie s'était remplie. Tous les élèves qui avaient été enlevé avaient été forcés de s'y rendre, même s'ils n'avaient rien. Luke se retrouva ainsi dans le lit à d'en face, avec Lily et Scorpius. Maeve et Erwan avaient été emmené plus loin. Shannon, elle, avait été directement emmené dans le bureau de Hannah, pour lui laisser plus d'intimité. Adam avait été autorisé à rester avec Gethin dans le fond de l'infirmerie. McGonagall était elle aussi passée par l'infirmerie, avec d'autres professeurs. Mais elle paraissait beaucoup trop émue pour ne serait-ce que pour songer à les réprimander. Elle annonça que les parents des victimes et des blessés avaient été prévenus, et que tout les Fantômes avaient été arrêté. Cinq avaient essayé de fuir quand les élèves avaient attaqués, mais Marcus, Rose et Henry, restés à l'entrée de la bouche, avaient été efficaces : personne ne s'était échappé. L'oncle Harry passa ensuite visiter Lily, Ginny le talonnant. Molly n'avait pas quitté Lucy et les deux sœurs étaient restées entrelacées. Un médicomage avait soigné la blessure de Molly à l'arcade sourcilière. Elle semblait assez secouée, mais restait assez forte pour Lucy.

Après examen du médicomage, Luke se leva et s'assit au pied du lit de Lucy. Elle avait était tellement soulagée de le retrouver sain et sauf, mais ce soulagement avait été vide balayé par la mort de Zephan. Luke pressa le genou de Lucy.

-Comment tu te sens, Weasley ?

-Minable.

En disant cela, elle sentit les larmes lui monter à nouveau aux yeux. Molly resserra un peu plus sa prise sur elle, et Luke lui jeta un regard pénétrant, insondable.

-Weasley ... Tu n'avais pas le temps d'attendre les secours. Quand vous êtes arrivés, ils étaient à une seconde de nous cramer. Tu ne pouvais pas attendre les Aurors. Tu as fait ce qu'il fallait.

-Ce qu'il fallait ? répéta Lucy d'une voix rauque. Ce ... ce qu'il fallait ? Tu veux rire, j'ai tout fait de travers ! On ... on s'est cru trop fort, on a cru qu'on allait tout arranger ...

-Vous vouliez juste nous sauver, répliqua Molly en caressant doucement les cheveux de sa sœur. Et c'est ce que vous avez fait.

-Non. On a tué Zephan.

Une larme roula sur sa joue. Molly renifla à ses cotés et Lucy comprit qu'elle non plus n'était pas loin de pleurer. Même Luke abandonna son expression compatissante et parut sur le point de craquer. Il ouvrit la bouche, mais avant qu'il ne puisse dire un mot, la porte de l'infirmerie s'ouvrit à la volée. Percy Weasley en personne la passa, les cheveux ébouriffés, les lunettes de travers, si bien que Lucy fut certaine qu'on venait de le tirer du lit. Son regard se porta sur ses filles, et le soulagement emplit ses iris. Il se précipita vers elle et agrippa leurs deux mains.

-McGonagall vient de tout me raconter, annonça-t-il d'une voix qui tremblait un peu. Comment vous allez ?

-On n'a rien de grave, ne t'en fais pas, le rassura Molly avec un sourire tendu.

Mais visiblement, leur père s'inquiétait tout de même et il caressa doucement du pouce la fraiche cicatrice sur le front de Molly. Puis son regard se porta sur Lucy et effleura les larmes qui coulaient sur ses joues. Il pressa doucement ses doigts.

-Ma chérie ... Rien de ce qui ne s'est passé n'est de ta faute. James et Louis nous ont tout raconté. Harry serait arrivé trop tard, il le savait. Il l'a admis.

-Mais on aurait dû interdire à Zephan de venir ... Et à Will et Rose ... Ils étaient trop jeunes ...

-Aucun d'entre vous n'aurez dû y aller. C'était ... Une erreur, une grossière erreur. Et ce n'est de la faute de personne.

-A part de Laureen Bones, vous voulez dire, répliqua Luke, mortifié.

Percy pencha la tête pour lui accorder ce point. La gorge de Lucy se noua d'avantage quand elle songea à la Préfète de Serdaigle. Elle l'avait déjà vu user d'un Sortilège Impardonnable. C'était contre Shannon, et il s'agissait du sortilège Doloris. Mais à ce moment, Shannon avait réussi à le parer avec une facilité déconcertante, et pour justifier cet exploit, elle avait argué que Laureen n'avait pas la capacité magique suffisante pour lancer un sortilège d'une telle puissance, et qu'il avait été si faible qu'elle avait pu le parer.

Mais alors, comment diable avait-elle fait pour réussir le pire d'entre tous ?

-Je ne comprends vraiment pas ..., gémit-t-elle en se prenant la tête entre les mains. Papa, je te jure ... Je ne comprends pas ce qui a pu se passer ... Comment on a pu foirer à ce point ...

Percy serra un peu plus la main de sa fille, et Lucy sentit un de ses doigts lui caresser tendrement la joue.

-Il faut que tu te reposes, ma chérie. Demain ce sera déjà plus clair. C'est valable pour vous aussi (il jeta un bref regard à Molly et Luke). On a reçu une lettre des tes parents d'ailleurs, Luke. Ils sont rassurés de savoir que tu vas bien, mais ne peuvent pas se déplacer jusqu'ici.

-Rien ne pouvait me faire plus plaisir, railla Luke, avec néanmoins moins de vergue qu'ordinaire.

Percy eut un regard d'avertissement, l'air de lui rappeler ce que Luke avait promis dans cette même infirmerie il y avait quelques semaines : faire profil bas. Il ajouta :

-Je vais demander aux médicomages de vous préparer une potion de sommeil, pour ceux qui le souhaitent ...

-Ce ne serait pas de refus, avoua Luke dans un filet de voix. Merci, Monsieur le Ministre.

-Vous avez prévenu toutes les familles ? s'enquit Molly avant que leur père ne s'éloigne. Même la mère de Gethin ?

-J'ai envoyé quelqu'un la prévenir, oui. Et de ce que je sais, Minerva parle actuellement à Susan et Seamus Finnigan.

-Oh mon dieu, souffla Molly, hébétée. Susan ... Ça va la détruire ...

Penser à la réaction de Susan Finnigan quand on lui annoncerait le décès de son fils brisa le cœur de Lucy et lui arracha encore quelques larmes. La culpabilité lui rongeait les entrailles, si bien qu'elle n'était pas sûre de trouver le sommeil, potion ou non. La porte de l'infirmerie s'ouvrit à nouveau, et un homme corpulent à la barbe fournie passa la porte, en compagnie d'une femme brune aux yeux larmoyants. Percy, qui discutait avec le médicomage, alla à leur rencontre.

-Mr. et Mrs. Macmillan, les salua-t-il dignement, avec professionnalisme. Votre fille est là-bas, si vous le souhaitez ...

-Gideon Montrose nous a dit qu'un garçon était mort, hasarda timidement la mère de Maeve. C'est vrai, monsieur le Ministre ?

Percy hocha gravement la tête et Mrs. Macmillan laissa échapper un hoquet d'horreur. Ils se précipitèrent dans le fond de l'infirmerie. Les parents d'Erwan Nott, ainsi que sa sœur jumelle, furent les prochains à passer la porte, suivi de Daphné Greengrass, non en tant que directrice de Maison, mais en tant que tante de Scorpius. Elle se précipita à son chevet, sans adresser un regard à Lucy. Puis quelqu'un que Lucy ne s'attendait pas à avoir entra dans la l'infirmerie.

-Daphnéa ? s'étonna Molly, alors que l'ancienne Serpentard se précipiter vers elle.

Le feu et les larmes se battaient dans les yeux de la journaliste. Elle fixait sa petite-amie, et Lucy ne sut si elle voulait la frapper ou la prendre dans ses bras. Finalement, ce fut cette dernière option qui prima, et elle s'assit au bord du lit pour amener Molly contre elle.

-Oh par Merlin, Dieu merci tu vas bien, souffla-t-elle, visiblement secouée. Et toi aussi (Elle tapota la main de Lucy. La jeune fille sentit ses doigts trembler). Vous allez tous bien, Dieu merci ... Oh monsieur le Ministre ! (Percy venait de réapparaitre, des fioles de Potion à la main). J'ai fait ce que vous m'avez demandé.

Elle désigna la porte de l'infirmerie du menton et Lucy constata alors que Daphnéa n'était pas venue seule. Meredith, l'aînée des Scampers, se tenait sur le bas de la porte, les bras croisés sur sa poitrine. Elle était encore vêtue de sa blouse blanche que Lucy devinait être son uniforme de travail.

-Ah, Mrs. Barry, devina Percy en apercevant la jeune femme. Merci, Daphnéa.

-On m'a dit que Gethin avait été enlevé, dit Meredith d'une voix incertaine. Je sais que vous auriez préféré que ce soit ma mère qui vienne, mais comme j'étais debout ... J'étais censé être de garde, cette nuit ...

-Il n'y a aucun problème. Venez, vos frères sont au fond. Ne vous en faites pas, ils ne sont pas blessés. Venez, je vais vous expliquer ...

-Ce garçon qui est mort ..., demanda Daphnéa à Molly, alors que Percy s'éloignait avec Meredith. Quel âge il avait ?

-Quinze ans.

Daphnéa sembla accuser le coup. Elle couvrit sa bouche de sa main, les larmes aux yeux.

-Ça va, affirma-t-elle quand Molly lui jeta un regard inquiet. C'est juste que ... Il a le même âge que Will ... Par Merlin, ça aurait pu être lui ...

-Ils étaient dans la même année, se souvint Lucy, la gorge nouée. Je crois qu'ils étaient un peu amis, je les ai déjà vu trainer ensemble ...

C'était d'ailleurs derrière lui que Zephan s'était enlacé dans le long tunnel qui menait à la Chambre, se souvint Lucy, la gorge comprimée. Juste après avoir demandé à ce qu'on dise à Roxanne qui l'aimait si jamais ... Oh par Merlin. Si jamais.

-Va voir ton frère, alors, fit Molly en pressa doucement la main de Daphnéa. Il va avoir besoin de toi.

-Mais ...

-Je vais bien ! insista-t-elle, ses yeux roulants dans ses orbites. Ton frère doit plus avoir besoin de toi, Daph'. Tu devrais aller le voir.

Daphnéa finit par hocher mollement la tête et sortit de l'infirmerie. Quelques secondes plus tard, Harry émergea du couloir. Ses cheveux étaient en désordre et dans ses yeux, Lucy lisait un profond trouble. Son regard tomba sur sa nièce et son visage s'assombrit.

-Ah Lucy, ça tombe bien que tu sois là ... Je devais te parler, à toi et à Adam Scampers. Pour ce qui c'est passé.

-Ça ne peut pas attendre ? cingla immédiatement Luke. Elle a besoin de se reposer ...

-Malheureusement non. J'essaie d'assembler les pièces du puzzle le plus vite que possible. En l'occurrence, ça concerne cela.

Harry extirpa un parchemin de sa poche et Lucy reconnut la prophétie que Lysander, Adam et elle avait retranscrite. Un de ses cousins avait du la garder et la donner à Harry. Luke jeta un regard interrogatif à son amie, avant de soupirer profondément :

-Dans ces cas-là je vais chercher Scampers ... Ne bougez pas ...

-Molly ? Tu peux nous laisser ?

Molly jeta un regard peu amène à Harry, et Lucy comprit qu'elle aussi aurait préféré que les questions attendent le matin. Pourtant, elle se leva, et retourna à son lit d'un air digne. Aussitôt, elle manqua à Lucy. Elle aurait voulu garder la présence rassurante de sa sœur auprès d'elle. Luke revint un instant plus tard, Adam sur ses talons. Le Gryffondor était dans un sale état, encore couverts de boue, les traits tirés, et les yeux rouges. Lucy voulut le prendre immédiatement dans ses bras, mais ses côtes l'en empêchaient. Le regard d'Adam passa brièvement sur elle, avant de se poser sur le parchemin que tenait Harry. Son visage devint livide. Il devait sans doute deviner quelle allait être la teneur de cette conversation.

-Ça ne peut pas attendre demain ? demanda-t-il en un murmure fatigué.

-Non, Adam, je regrette, il me faut des réponses.

-Gethin dort. Alors il faudra que ça attende demain.

Lucy ne fut pas surprise de la fermeté dans la voix d'Adam. Maintenant plus que jamais, il semblait déterminé à défendre son frère. Le visage de Harry se ferma et son regard s'assombrit. Lucy craignit alors que sa patience ait atteint ses limites et qu'il ne supporte plus la moindre réponse lacunaire.

-Ecoutez, entonna alors lentement Harry, d'une voix à peine plus haute qu'un murmure. Quelqu'un est mort ce soir. Et il y a de grandes chances que cela aurait pu être éviter ... Si vous nous aviez parlé de ce que vous nous cachez depuis le début.

-Oncle Harry ! suffoqua Lucy, indignée.

La culpabilité lui remua les entrailles de manière douloureuse ; mais ça ne devait rien être en comparaison d'Adam. Celui-ci eu un mouvement recul, comme si les mots de Harry le blessaient, de façon physique.

-On l'avait deviné, qu'il y avait des lacunes dans ce que vous nous disiez, poursuivit l'Auror sans le moindre état d'âme. On savait que ça te concernait, Adam. On vous a laissé nous le cacher sans creuser. J'étais ... j'étais persuadé que si ça avait été important, vous nous l'auriez dit. Que vous aviez compris, tous autant que vous êtes, que nous n'étions pas vos ennemis. Et pourtant, mon vieil instinct me dit que ce n'était pas si anodin que ça. Que ça aurait pu faire la différence entre un cadavre et aucun.

-Taisez-vous.

La voix d'Adam était très basse, brisée, et Lucy sut en entendant son timbre que ce que disait Harry faisait écho à ses peurs, à sa propre culpabilité. Adam se sentait responsable de la mort de Zephan.

Parce qu'il avait tardé à parler de Gethin. Et donc par extension de Laureen.

C'était atroce. Tout bonnement atroce. Luke jeta un regard venimeux à l'oncle Harry.

-Oh je vous en prie ! Ce n'est que l'un des nombreux paramètres dans ce fiasco ! Ne leur faites pas porter le chapeau, simplement parce que vous, vous vous êtes trompés.

-Luke !

Harry fixa Luke d'un air consterné, presque choqué. Adam aussi leva doucement les yeux sur le Serpentard. Si une lueur de reconnaissance brilla dans ses yeux, Lucy comprit que cela ne suffirait pas à le décharger de sa conscience.

-Mais enfin non, laissa échapper Harry, visiblement contrarié par la tournure de la conversation. Ce n'est absolument pas ... Je veux juste éviter d'avoir d'autres mauvaises surprises, je ...

-Je pense que maintenant, il n'y aura pas de nouvelles mauvaises surprise, Harry.

Percy venait d'émerger du fond de l'infirmerie, Meredith à ses cotés. La jeune femme noua son bras autour de celui de son frère en remarquant son trouble. Elle jeta un regard dérouté à Harry, puis à Lucy.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-J'avais besoin d'interroger les enfants, s'expliqua Harry d'une voix résolument calme. Pour enfin pouvoir comprendre cette affaire dans son entièreté.

-Ça attendra demain, Harry, trancha Percy avec fermeté. Ils ont tous besoin de se reposer, la soirée a été longue pour tout le monde.

Lucy consulta sa montre et constata qu'il était deux heures du matin. Elle se rendit alors compte de l'immense fatigue qui lui tombait sur les épaules, bien qu'elle sache qu'elle ne saurait pas fermé l'œil. Harry fronça les sourcils, mais finit par se plier au Ministre et quitta prestement l'infirmerie, avec une dernière œillade suspicieuse à Adam. Le Gryffondor se frotta le visage quand le battant de la porte se referma sur Harry.

-Adam ? s'inquiéta Meredith en serrant un peu plus son bras. Ça va ?

-Pas vraiment. J'ai ... J'ai besoin de prendre un peu l'air.

-Adam !

Mais il ne se retourna pas sur Lucy, et sortit sans demander son reste. Meredith et Lucy échangèrent un regard anxieux. La jeune fille voulut se lever pour suivre Adam, mais Luke plaqua une main sur son épaule pour l'en dissuader.

-Repose-toi, Weasley, tu es blessée. Je m'en charge.

-Vraiment ?

L'idée amusa très vaguement, petite lueur de joie dans son océan de profonde tristesse. Luke se fendit d'un demi-sourire et sortit à son tour, en promettant de revenir avec Adam. Meredith couvrit sa bouche de ses mains, le regard embué.

-Ce qui s'est passé ... La mort du garçon ... C'est vraiment de sa faute ?

-Bien sûr que non, affirma Lucy avant que son père ne puisse ouvrir la bouche. Luke a raison, il ... il y a beaucoup trop de paramètre pour que ce ne soit que la faute d'Adam.

-Nous ne blâmons personne, confirma Percy en hochant la tête. Mais ce serait bien que je vois Gethin quand il se réveillera. En attendant, des lits ont été mis à votre disposition dans la pièce adjacente.

Meredith hocha la tête la tête, et suivit Percy dans une autre salle. Les autres parents la suivirent, même le froid père de Scorpius, Drago Malefoy. Celui-ci avait l'air d'ailleurs singulièrement secoué. Il devait avoir eu peur de perdre son fils - après avoir déjà perdu sa femme. Percy revint ensuite et donna une fiole de potion à chacune de ses filles pour les inciter à dormir. Puis il quitta la pièce - et Lucy se demanda un instant si ce n'était pas pour chercher Luke et Adam. Molly but la potion et roula sur le coté. Un instant plus tard, un léger ronflement indiqua à sa sœur qu'elle dormait profondément. Lucy ne put se résoudre à la boire dans l'immédiat. Elle préférait attendre le retour de Luke et d'Adam. Alors elle se roula en boule dans son lit, le regard fixé sur la porte, la tête pleine des images horribles qui lui arrachèrent quelques larmes. Le sourire malicieux de Zephan et les gémissements de Shannon lui venaient sans cesse à l'esprit. Puis, après environ une heure d'attente, Luke et Adam passèrent la porte. Son meilleur ami partit dormir sans demander son reste, mais Adam remarqua qu'elle ne dormait pas. Il s'arrêta devant son lit, un instant, sans bouger. Ils se regardèrent sans dire un mot, avant que Lucy ne se redresse pour ouvrir les bras. Adam parut un instant hésiter, puis s'avança vers elle. Il se glissa dans ses draps avec elle et elle se blottit contre lui. Pour la première fois depuis des heures, elle s'autorisa à se détendre, et poussa un petit soupir pour évacuer la tension. Adam referma ses bras sur elle et cala sa tête sous son menton.

-Comment ça va ?

-Mes côtes me font un mal de chien. Mais ça va. Et toi ?

La question était idiote, Lucy le savait. Mais elle se sentait obligée de la poser. Les mains d'Adam se crispèrent dans son dos, et elle l'enlaça timidement.

-Luke a raison tu sais ... Ce n'est pas de ta faute.

-Comment tu peux dire ça ?

La voix d'Adam était atrocement rauque et étouffée. Lucy se défit de son étreinte, et se mit à sa hauteur pour pouvoir le regarder dans les yeux. Des larmes emplissaient ceux d'Adam. Elle ne se souvenait pas l'avoir vu pleurer une seule fois. Mais cette fois, il semblait réellement craquer.

-Si on avait parlé de Gethin..., poursuivit Adam en un murmure déchirant. Si on vous avez écouté et qu'on en avait parlé, on aurait parlé de Laureen. Et là ils auraient pu faire quelque chose. Il l'aurait peut-être arrêté. Elle aurait peut-être parlé de Crivey et de son but. Et il n'y aurait pas eu de rafle. Pas eu de Chambre et surtout ... Zephan ...

Adam s'interrompit et Lucy vit une larme rouler sur sa joue. Cette larme lui brisa le cœur et elle l'essuya de son pouce.

-Et peut-être que si Harry avait laissé plus d'Auror, ils seraient intervenus à temps et Zephan n'aurait pas eu à descendre, chuchota Lucy avec douceur. Peut-être que si j'avais été plus responsable, je ne l'aurais pas laissé descendre. Si Susan n'avait pas soutenu la loi, ils ne s'en seraient pas pris à Shannon, et Zephan n'aurait pas éprouvé le besoin de sauver sa sœur. Si un Détraqueur n'était pas passé devait Anthony Goldstein, Laureen n'aurait pas été traumatisée et n'aurait jamais tourné ainsi. Adam, il y a tellement de paramètres, tellement de scénarios différents qui auraient pu se produire pour empêcher cela ... Toi et Gethin n'êtes en rien responsable. Ou si tu l'es, je suis le suis tout autant. Lysander l'est, Luke l'est. Shannon l'est aussi. On aurait tous pu parler de Gethin. On ne l'a pas fait ... Mais Adam, ce n'est pas ça qui a tué Zephan. C'est Laureen. Elle et seulement elle.

Alors qu'elle disait ces mots, elle sentit ses larmes mouiller à nouveau ses joues, identiquement à Adam. Ils tremblaient tout les deux, éprouvés, les mains jointes sur le matelas, la culpabilité leur rongeant les entrailles doucement, comme un venin lent et douloureux. Adam se mordit la lèvre et Lucy entendit un sanglot s'échapper de sa gorge. N'y tenant plus, elle le prit dans ses bras et il nicha son visage dans son cou, pleurant tout les mots qu'il n'avait pas su sortir, tout ses regrets, et la perte de Zephan.

***

-Ça ne te fait rien de voir ta fille dormir avec un garçon ?

Lucy s'éveilla au son de cette voix, déboussolée. A ses cotés, Adam dormait à poing fermé, épuisé par ses pleurs, sa main toujours dans la sienne. A travers ses paupières mi-closes, Lucy vit que l'aube pointait dans l'infirmerie. Ses yeux se refermèrent alors qu'une autre voix dans son dos entonnait :

-Je ne suis pas idiot, Harry. Et puis s'il faut qu'elle ait un copain, ce garçon me semble très bien. Excellent élève, droit, aimable. De toute manière, je n'ai rien à dire sur la vie de ma fille.

Harry se tut après les mots de Percy. Ce fut celui-ci qui lâcha avec une certaine froideur :

-Du nouveau ?

-Oui. La nièce de Susan, Laureen ... Elle était tellement bouleversée d'avoir tué son cousin qu'elle a tout lâché. Ce n'était pas toujours très cohérent, mais ça nous a donné une bonne idée de leur plan d'ensemble.

-J'avoue ne pas comprendre cette fille ... Mettre tout en œuvre, tenter de tuer sa cousine, tuer le frère ... Pour après le regretter. Ça me dépasse complétement.

-Elle n'est pas équilibrée, Percy. Je te propose même un passage à Saint-Mangouste pour elle. Elle ... Elle a tellement été plongée dans la haine, une haine vraiment absolue qui ne trouvait pas vraiment de raison. Je me souviens qu'un jour Bellatrix Lestrange m'a dit qu'il fallait réellement vouloir la souffrance de l'autre, pour lancer ce genre de sortilège. Et vu comment elle parlait ... Cette souffrance, oui, elle la voulait. Elle a puisé dans sa haine pour lancer ce sortilège. C'est ce qui lui a donné la puissance nécessaire à mon sens. Elle a vu son premier plan échoué, elle ne voulait pas avoir fait ses efforts pour rien ... Percy ... Elle a incendié le bûcher de Shannon, tué Zephan ... Et quand on lui demande pourquoi, elle répète qu'elle « voulait arrêter de souffrir ». Franchement ? Je pense qu'on peut envisager Saint-Mangouste.

Le Ministre garda le silence un instant, l'air de méditer la proposition de Harry. Lucy gardait religieusement le silence, en s'efforçant de garder les larmes à distance.

-Et donc ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit d'autre ?

-Dennis était en possession de la prophétie, depuis un long moment. Il semble qu'il n'ait pas immédiatement souhaité en faire usage. C'est l'annonce d'une loi d'Amnistie qui les a mis en ébullition. Ellie Cattermole m'a raconté que c'est là que Dennis leur a montré la prophétie et qu'ils ont décidé de la réaliser. De ... « brûler les erreurs du passé ».

-Avec le Sérum.

-Oui. D'abord, Dennis a essayé de semer le trouble, de faire comprendre que le temps de la vengeance était venue. Les photos de Colin collées aux lieux stratégiques, les messages, et enfin les agressions ... Et puis, les ennuis dans la Salle Commune de Serpentard. Apparemment, Crivey a jeté plusieurs fois le sortilège de l'Imperium à des élèves de Serpentard pour qu'ils enduisent leurs fenêtres d'une potion qui les rend sensibles aux vibrations, au point de les briser. Et il a lui-même posé des explosifs pour inonder leur Salle Commune.

-Et toutes ces potions ... C'était bien Pénélope ?

La réserve de son père crispa quelque peu Lucy. Elle se souvint alors que Pénélope Campbell - anciennement Deauclaire - avait été la petite amie de son père. L'imaginer en dangereuse criminelle devait être difficile pour lui.

-Justement, à se propos ... Mes Aurors ont fait une descente à leur QG. Tu savais que Pénélope avait des enfants ?

-On ne s'est plus vraiment parlé après notre rupture ..., avoua Percy avec lenteur. J'étais un idiot et ... Bref. Non, je l'ignorais. Pourquoi ?

-Elle en a deux. Une fille et un garçon, de dix et sept ans. Ils les ont tout les deux retrouvés dans une cave insonorisée, hermétique à la magie. Oh ils allaient bien. Pas de maltraitances, pas de malnutrition, rien de ça ...

-Tu veux dire ... Qu'on a séquestré ses enfants ?

Lucy sentit une main invisible lui presser le cœur et lui retourna les entrailles. Le schéma de ce qui s'est passé au sein de se groupe se faisait lentement dans son esprit. Harry parut opiner du chef.

-Donc tu penses ... Qu'on l'a obligée, qu'on l'a contrainte ?

-Ça colle avec son attitude. Elle n'a jamais rien dit : pas parce qu'elle ne voulait pas mais ... on aurait dit qu'elle avait peur. Et les autres membres ... Ils ne parlait d'elle comme faisant partie intégrante du groupe. Juste qu'elle avait « plié ».

-Alors dès que tu auras la preuve formelle, ainsi que ses aveux, il faudra la libérer. J'irais la voir. Ils ont parlé des attaques du Département de la Justice ?

-C'est Evan Cressel qui a avoué le premier cela. Il m'a donné quelques noms. Pas Dennis - il était à l'école. Mais l'idée venait de lui.

-Ça me rend malade quand je repense aux heures que mes filles ont passées dans sa classe. Lucy me disait sans cesse qu'il la détestait, parce qu'elle était une Serpentard. Je ne la croyais pas. Je pensais qu'elle exagérait. Qu'elle n'aimait simplement pas la matière. Qu'est-ce que j'ai pu être stupide ...

Lucy fut prise d'une envie irrépressible de se retourner et de consoler son père. Chacun se sentait coupable de la situation, à sa manière. Même le Ministre lui-même.

-Je suis désolé, lâcha alors Harry. J'ai été brusque avec les gamins, tout à l'heure. Je ne voulais pas avoir l'air de les accabler. Peut-être que le fils Zabini a raison. Je cherchais à rejeter sur eux ma propre responsabilité.

-Sûr que tu as manqué de délicatesse. Je pense que les Scampers ont eu une vie assez difficile comme ça pour qu'on y rajoute la responsabilité de la mort d'un garçon.

-Enfin ... J'aimerais tout de même savoir...

-En tant voulu, Harry. Je pense qu'ils ont compris. Mais laisse-les se remettre. A vrai dire, je pense commencer à avoir une certaine idée de ce qui se passe ... Et que ce n'est pas Adam qui nous donnera les réponses que l'on veut.

Le cœur de Lucy se serra. Evidemment, son père n'était pas idiot. L'enlèvement de Gethin et la découverte de la prophétie devaient soulever des soupçons. Un long silence s'installa entre les deux hommes. Puis Harry le brisa en déclarant :

-Je comprendrais que tu demandes ma démission après ce fiasco.

Lucy demeura figée, estomaquée par la proposition de son oncle. Elle entendit son père soupirer derrière elle, longuement. Elle sentait sa lassitude dans son râle.

-Vu ce qu'il s'est passé, je ne te cache pas qu'il y aura une enquête ministérielle. Et je pense ... préférable d'attendre ces conclusions pour prendre la moindre décision. Mais Luke Zabini a raison, Harry. Il y a tellement de choses, de paramètres qui auraient pu faire basculer ce qu'il s'est passé ... Personne n'est responsable. Si ce n'est la personne qui a jeté le sort.

-J'ai fait quand même de lourdes erreurs. J'aurais dû laisser plus d'Aurors à Poudlard, et des plus expérimentés que Victoire. J'aurais dû penser à la Chambre, les enfants m'avaient expliqués le lien, il était cohérent ... Quand je pense que des simples bonbons peuvent leurs permettre d'y entrer, c'est comme ça qu'à fait Dennis également.

-Ne te torture pas, Harry. Il y aura des procès et des enquêtes qui délieront tout ça. Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre et tout faire pour que cela ne se reproduise plus. J'espère que la Loi d'Amnistie aidera.

-Où ça en est ?

-Les débats sont clos. Elle sera votée ce matin dans son texte complet. C'est pour ça qu'Audrey n'a pas pu venir ici. Mais elle a de très bon espoir.

-Tant mieux. Tant mieux.

La conversation s'acheva en un grand silence, mortifié et gêné. Puis un des adjoints de Harry vint le chercher, alors que Percy restait au chevet de ses filles. Elle sentit son père ramener sa couverture jusque son menton et caresser ses cheveux avant de s'éloigner vers Molly. Lucy resta un long moment éveillée, les yeux clos, remettant de l'ordre dans sa tête. Finalement, une heure plus tard, elle n'y tint plus et se redressa lentement pour ne pas réveiller Adam. Percy était assis entre son lit et celui de Molly, lisant un dossier étalé sur leurs tables de chevet. Sa sœur dormait toujours profondément. Le Ministre leva les yeux sur elle, et sourit.

-Bien dormi ?

-Mouais.

Elle jeta un regard gêné à Adam, puis à son père. Elle n'avait jamais dit à ses parents qu'elle avait un petit-ami, et il était vrai qu'être surprise en train de dormir avec par son père avait quelque chose d'embarrassant. Mais Percy eut un sourire indulgent.

-Oh ne t'en fais, j'avais presque déjà deviné quand je suis venu pour l'histoire de l'antidote. Et ça m'a l'air d'un garçon bien, alors je ne dirais rien. Je te laisse gérer ça.

Lucy sourit et s'abstint de commentaire. Les gens commencèrent doucement à s'animer dans l'infirmerie : le père de Scorpius se leva pour se rendre au chevet de son fils, le père Macmillan partit de bonne heure pour le Magenmagot, Lysander entra pour s'enquérir de l'état de Lorcan, blessé à la cheville. Mais le pire pour Lucy fut de voir le père de Shannon, Seamus Finnigan, passer la porte de l'infirmerie, les traits tirés et les yeux rouges. Percy l'emmena voir Shannon dans le bureau d'Hannah. Meredith s'éveilla et se rapprocha de Lucy au moment où Percy revenait vers elles.

-Comment va Shannon ? s'enquit Lucy à l'adresse de son père.

-Difficile à dire. Sa blessure est guérissable. Lourde, douloureuse, mais guérissable. Mais à l'heure actuelle ... Je ne suis pas sûre qu'elle ait envie de guérir.

Lucy sentit son cœur se serrer. Elle aurait voulu elle aussi aller au chevet de son amie, mais une partie d'elle avait peur qu'elle lui en veuille pour ce qui était arrivé à Zephan. Penser au garçon de Gryffondor fit remonter les larmes et elle les chassa d'un battement de cil.

-C'est terrible, souffla Meredith, elle aussi les larmes aux yeux. J'ai aussi failli perdre mes frères à plusieurs reprises ... La fois où Alan est passé par l'escalier ... On a vraiment cru ...

Meredith secoua la tête pour chasser les affreuses images de sa tête. Lucy et Percy échangèrent un regard gêné. Il était vrai que la situation devait rappeler de mauvais souvenir à l'aînée des Scampers. Des pas se firent entendre dans le fond de l'infirmerie, et Lucy vit la tête ébouriffée et fatiguée de Gethin émerger. Ses yeux s'écarquillèrent quand il croisa le regard de sa sœur.

-Meredith ?

-Coucou puceron.

La jeune femme lui ouvrit les bras. Gethin hésita un instant, avant de s'avancer et de se laisser étreindre par sa sœur. Lucy le vit lorgner Adam sous le bras de Meredith, les yeux douloureusement hantés. Il se dégagea, avant de se tourner vers Percy. Son regard était résolu, brillant, et Lucy comprit que le temps du sacro-saint secret des Scampers avait pris fin. Percy parut le lire également dans ses yeux, car il hocha doucement la tête.

-Il paraît que vous et moi devons parler, monsieur Scampers.

-Oui. Monsieur le Ministre ... Je suis vraiment ...

Les larmes s'accumulèrent aux yeux de Gethin. Le garçon devait se sentir doublement coupable : c'était sa prophétie qui avait amené à la vengeance des Fantômes des Oubliés, et son silence sur son don n'avait rien arrangé. Percy lui pressa doucement l'épaule.

-Tu n'as pas à t'excuser. Rien de ce qui se passe n'a été de ta faute. Je vais jeter un sortilège et tu m'expliqueras tout, d'accord ?

Incapable d'articuler le moindre mot, Gethin hocha la tête et prit une chaise en face de celle de Percy. Celui-ci jeta un « assiurdiato », et laissa l'enfant vider son sac. Il expliqua tout ce qu'il avait dit à Lucy, il y a si longtemps dans la Salle-sur-Demande : les dessins, les visions, tout. Lucy prit le relai pour ce qui concernait la prophétie et raconta comment ils en avaient découvert l'existence. Gethin, toujours sous le joug du sortilège d'Oublis, laissa échapper quelques larmes. Adam se réveilla entre temps, les yeux rouges et vaincus. Percy finit par hocher la tête et emmener les Scampers plus loin pour parler de ce qu'ils pourraient envisager pour protéger Gethin, laissa Lucy seule avec une Molly qui venait de se réveiller. Après passage du médicomage, l'ensemble des élèves, exception faite de Shannon, furent autorisés à quitter l'infirmerie. Ils étaient tous invités à rejoindre la Grande Salle, où Minerva McGonagall les avait convoqué pour le déjeuner afin de faire une annonce. Les cours avaient été annulés, évidemment et les professeurs s'organisaient pour rassurer les élèves. Molly et Lucy rejoignirent Daphnéa et Will dans la Grande Salle. L'Attrapeur avait l'air singulièrement secoué, les yeux rouges, la mine pâle. Plus loin, chez les Gryffondors, Rose pleurait éperdument sur l'épaule de Scorpius, et Albus était affalé sur la table, Lily et James de chaque coté de lui, pour le soutenir contre la perte de celui qui avait été son camarade de dortoir. Alice Londubat, proche amie des Finnigan, finit par apparaître avec son père sans parvenir à le quitter. Leur professeur de Botanique promenait un regard hagard sur la salle, son bras enserrant fermement les épaules de sa fille. James et Louis manquaient à l'appel. Eléonore, Luke et Marcus firent leur apparition et s'installèrent à leurs cotés.

-Tu ne t'es pas trompée de table ? tenta de plaisanter Eléonore face à Molly.

-Non, je suis là où je dois être, affirma-t-elle en prenant les mains de Lucy et Daphnéa.

Lucy sourit doucement alors que Luke s'installait à coté de lui. Lysander et Lorcan arrivèrent et Dominique sauta au cou de son petit-ami. Gloria Stones consolait la petite Théa non loin d'elle. Stephen McGreggor passait d'élève en élève avec inquiétude. Henry, Alexandra et Dorothy s'installèrent, et Luke détourna le regard. Lucy devina qu'il devait avoir dit à sa camarade de chambre qu'il ne souhaitait pas poursuivre leur relation, et cela se deviner à la détresse dans les yeux d'Alexandra. Lucy prit la main de son meilleur ami dans la sienne, arrachant un sourire à Luke. Les Scampers furent les derniers élèves à passer, avec Meredith, avant que la directrice n'arrive. Lucy remarqua que la table des professeurs avait été agrandie pour prévoir de la place pour les parents qui était là : Ginny et Harry Potter, Drago Malefoy, Mrs. Macmillan, Mrs. et Mr. Nott ... Seuls les Finnigan manquaient, avant que Lucy n'aperçoive Susan remonter l'allée, les yeux brillants. Et elle n'était pas seule.

Percy et Audrey Weasley l'accompagnaient.

-Qu'est-ce que ta mère fout là, Weasley ? s'enquit Luke avec une certaine retenue dans la voix.

-J'ai une petite idée, évalua lentement Lucy, le cœur battant la chamade. On verra bien ...

-C'est tellement affreux ce qui se passe, commenta Henry d'une voix enrouée. Je ... Je ne pensais pas vivre ça un jour à Poudlard.

-On a des nouvelles de la fille ? s'enquit Gloria un peu plus loin. Comment elle s'appelle, déjà, Charlotte ?

-Shannon.

Les voix conjointes de Will, Luke et Lucy étaient froides et agacées. Mais la préfète résuma tout de même ce que son père lui avait dit. Will se prit la tête entre les mains et Daphnéa entoura ses épaules de son bras. Le haut de son corps se mit à trembler si fort que sa sœur l'enlaça un peu plus.

-Willy ...

-Non, c'est juste ... (Les larmes de Will s'écrasaient dans son assiette). Je ... Je passais mon temps à le charrier. C'était mon ami, le seul que j'avais en dehors de Serpentard, j'étais souvent en cours à coté de lui ... Mais je ne faisais que le charrier, toujours toujours, je ...

Un sanglot s'échappa de ses lèvres et Daphnéa posa sa tête contre la sienne, pleurant aussi face à la détresse de son frère. Marcus, en face de lui, allongea le bras pour poser une main sur la sienne et Will la serra. Il n'était pas le seul à pleurer : Rose, Gethin, beaucoup de quatrième année qui avait connu Zephan ... Même Roxanne, étrangement seule au bout de la table des Gryffondors, sanglotait à chaude larmes, le visage entre les mains. Rose avait dû lui dire les dernières paroles de Zephan. Personne ne retenaient pas ses larmes. Finalement, McGonagall se leva et le silence se fit dans la Grande Salle, uniquement entrecoupé de reniflements et de pleurs. Lucy voyait d'ici le regard usé et ému de la directrice.

-Poudlard ce matin, entonna-t-elle d'une voix digne, mais rauque, se réveille avec un l'impression d'avoir vécu un cauchemar. Des peurs et des choses que l'on a longuement pensé enterrées ont resurgi à la surface de la plus atroce des manières. Je ne doute pas un seul instant qu'aujourd'hui, certain d'entre vous ne souhaitent pas entendre ce que j'ai a dire et voudraient pleurer en paix. Mais j'ai pensé que nous vous devions quelques explications quant à ce qu'il s'est passé hier soir ... C'est pour ça que je laisse la parole au chef du Bureau des Aurors Harry Potter, et au Ministre de la Magie Percy Weasley.

Un silence éploré accueillit les deux hommes qui se levaient. Ils se mirent alors à résumer la conversation que Lucy avait surprise au petit matin, ajoutant que tout les Fantômes des Oubliés avaient été arrêtés et seraient jugés, Crivey en tête de liste. Pénélope Campbell, quant à elle, serait réhabilité dans son rôle de Maître des Potions : elle avait agi sous la contrainte, ses enfants étant menacés par les Fantômes. Tout le monde fut horrifié de l'apprendre, et Luke le premier, lui qui avait incriminé leur professeur. Ses doigts se crispèrent sur ceux de Lucy. Puis la directrice reprit la parole :

-Nous sommes conscient que ces révélations puissent en bouleverser plus d'un. Ainsi que, comme certain le savent déjà ... l'annonce du décès tragique de l'un de nos élèves.

Quelques sanglots accueillirent ses paroles. Susan se prit le visage entre les mains et Audrey se pencha sur elle. McGonagall elle-même semblait retenir ses larmes.

-Zephan Finnigan, reprit-t-elle d'une voix aux accents étranglés, était un élève vif. Je ne vais pas mentir en disant que cela me plaisait, car rien ne semblait plus le rendre vivant que d'outrepasser le règlement. Il ... Il était néanmoins loyal et juste, et n'a pas hésité une seule seconde à aller sauver ceux qui avait été enlevé. Et à se sacrifier pour ceux qu'il aimait. Son immense courage doit évidemment être loué, et je ne pense pas me tromper que c'est ce que nous retiendrons de Zephan.

-Avec le l'oreiller de Roxanne qui se transforme en porcelet, ajouta tout bas Luke avec un sourire. Ça, c'était du génie.

-Et ces deux « idées lumineuses », ricana Will en essuyant une de ses larmes. Inonder les toilettes des filles ... Il n'y avait que lui pour penser à ça.

Lucy hocha doucement la tête. A bien des égards, c'était grâce à Zephan qu'ils avaient réussi à descendre dans la Chambre. McGonagall marqua une pause, inspira profondément et annonça :

-Cette année scolaire a été éprouvante pour tous, si bien élèves que professeurs. Et elle a mis en lumière certains aspects de cette école et de ma direction que je ne voyais pas au moment où tout allait bien.

Certains élèves échangèrent des regards interloqués alors que la directrice prenait une inspiration. Lucy voyait en cet instant à quel point McGonagall était âgée : des fils blancs striés son chignon toujours impeccable, de profondes rides creusait son visage altier et sa main parcheminée agrippait la table. Ses yeux étaient d'un éclat sans âge de ceux qui avaient vécu trop de choses. Alors qu'elle prenait conscience de ses détails, une idée assez précise de ce que McGonagall pouvait annoncer se forma dans son esprit. Et cela ne manqua pas :

-C'est pourquoi j'ai pris la décision de démissionner de mon poste de directrice de Poudlard.

L'annonce eu son effet : des chuchotements perplexes et choqués parcourent la Salle alors que certains parents d'élèves tournaient un visage éberlué vers McGonagall.

-Mais Minerva, commença à protester Greengrass.

-Merci, Daphné, la coupa-t-elle immédiatement d'une voix devenue impérieuse. Ce n'est pas une décision que je prends sur un coup de tête : j'y ai réfléchi cette année scolaire durant. J'ai vécu assez de chose à Poudlard. Deux guerres et maintenant ça ... J'avoue ... Ne plus avoir le cœur assez solide pour continuer. Oh ce n'est pas par lâcheté. Je pense simplement qu'il est temps pour moi de passer la main. L'année prochaine, le Conseil d'Administration nommera un nouveau directeur plus jeune, qui saura gérer ce genre de situation. Sachez simplement ... que j'ai été plus que ravie de servir cette école, des années durant. Que ce soit en tant que professeur ou directrice. Poudlard restera à jamais une partie de moi.

-Et vous resterez une partie de Poudlard, assura Percy avec déférence. Soyez-en assurée, Minerva.

-Merci, monsieur le Ministre. Quoiqu'il en soit ... J'ai été ravie de tous vous connaître, et de vous avoir comme élèves. Et je vous souhaite à tous le meilleur, bien entendu. Oui, même à vous trois !

McGonagall fixait de son regard perçant la porte d'entrée et tout le monde se tourna d'un bloc vers les Mousquetaires. Aucun des trois ne s'étaient assis, se contentant de s'adosser aux murs en pierre avec flegme, le visage grave. Un sourire effleura leurs lèvres quand la directrice les apostropha.

-Ça aurait été moins drôle si ça n'avait pas été vous, professeur, garantit James. Notre succès, c'est aussi le votre.

-Et j'ignore si je dois prendre ça comme un compliment, Potter. Oh par Merlin. Rien que le fait d'avoir connu trois générations de Potter me fait rendre compte qu'il est grand temps que je prenne ma retraite. Je n'en supporterais pas une quatrième.

Une partie de l'assemblée éclata d'un petit rire qui creva la bulle de tension dans laquelle la pièce était plongée. McGonagall eut un sourire.

-Maintenant je dois céder la parole à la Cheffe du Département de la Justice Magique, Audrey Weasley.

Luke retint son souffle aux cotés de Lucy alors qu'Audrey se levait. Elle promena son regard bleu sur l'assemblée et eut un petit sourire en apercevant ses deux filles.

-Comme vous le savez, entonna-t-elle alors. Ce qui a déclenché toute cette folie, c'est l'annonce qu'une loi d'Amnistie était en projet. Et je pense qu'il est en mon devoir de vous éclaircir là dessus. C'est une loin visant à pardonner pénalement à des personnes condamnées pour leurs crimes lors de la seconde guerre des sorciers. Evidemment que cette loi ne s'appliquera pas aux grands criminels de guerres. Evidemment que ceux qui ont tués resteront derrière les barreaux. A vrai dire, notre principal objectif en édifiant cette loi ... C'était de libérer les enfants qui payaient pour leurs parents.

Elle entreprit alors d'expliquer les régimes spéciaux qui régissaient la vie des familles Mangemort et partisanes. Les regards des élèves jaugèrent ceux qui paraissaient en être victime : Scorpius, Erwan et Ariane Nott, Luke et Eléonore ... Les doigts du préfet se crispaient si fort sur deux de Lucy qu'elle en grimaça.

-Et c'est pourquoi, acheva Audrey en laissant échapper un petit sourire satisfait. J'ai réussi à obtenir du Magenmagot la mise en place de commissions qui décideront pour chaque famille si les contraintes restent de mise ou non. Mais plus que tout ... nous avons réussir à faire passer que tous ces enfants soient libérés de ce système. Plus aucune contrainte ne pèsera sur eux. Alors bien sûr, c'est une décision en sursit : au moindre fait suspect, acte anti-moldu, ou infraction à la loi, l'individu sera à nouveau soumis à une surveillance. Mais tant que vous êtes droit ... Vous pouvez considérer que vous êtes libérés.

Un immense silence tomba sur la Salle. Mais Lucy perçut le soulagement à ses petites choses. Luke lâcha un grand soupir et un petit sourire s'échappa de ses lèvres. Eléonore avait plaqué la main sur sa bouche, avant d'attraper celle de son frère, les yeux brillants. Marcus avait entouré les épaules de sa petite-amie et plaqué un baiser dans ses cheveux. Pourtant, d'autre personnes avaient une réaction tout autre : Roxanne avait pincé les lèvres, Lionel avait essuyé un rire incrédule, et Mary Arlett poussa un grognement sonore. Dégoûtée par ces réactions, Lucy fit la seule chose qu'une fille de Ministre pouvait faire. Elle lâcha la main de Luke, et se mit à lentement applaudir. Ses applaudissements résonnèrent dans la Salle, isolés mais sonores, jusqu'à qu'elle se rende compte qu'elle n'était plus seule. Adam se joignit à elle, puis Lysander, Molly, Stephen, les Mousquetaires, Jina, Marcus ... Bientôt, la majorité de la Salle salua la décision du Magenmagot, à grande force d'applaudissement. Audrey eut un grand sourire et posa un regard tendre sur Lucy - et elle comprit qu'elle la remerciait. Quand les applaudissements se perdirent dans les murs du château, Audrey se rassit et McGonagall reprit la parole, le visage plus grave.

-Maintenant ... Nous allons vous demander de nous lever et d'observer une minute de silence, en mémoire de Zephan Finnigan.

Tout le monde se leva et l'atmosphère changea du tout au tout. Gethin laissa Adam le prendre dans ses bras, les yeux humides. Stephen soutint Alice Londubat, qui pleurait toutes les larmes de son corps sans discontinuer. Luke serra doucement les doigts de Lucy et elle lui servit un sourire crispé. Pendant un moment, personne ne parla, la tête baissée en signe de recueillement. Même les pleurs se faisaient silencieux. Puis, alors que la minute semblait s'être écoulée, Lucy entendit un « clac » qui lui fit relever la tête. Elle découvrit alors Louis, James et Scorpius, la baguette tendue délivrant étincelles jaunes et vertes. Les étincelles se rejoignirent à mi hauteur de la grande salle pour former un immense farfadet qui s'anima, volant dans toute la salle pour jeter des pièces d'or de son chaudron. Avant de toucher le sol, les pièces devinrent des milliers d'étincelles dorées qui se déversèrent sur les élèves en deuil. Lucy n'essaya même pas d'époussetée les paillettes qui souillaient sa robe, les larmes aux yeux. Elle vit à peine Louis s'éloigner, immédiatement après avoir achevé son sortilège.

Un Farfadet.

Le plus bel hommage que les Mousquetaires pouvaient rendre à Zephan Finnigan.

***

Lucy vécut les derniers jours comme dans un brouillard. Même la folie mise lors de l'anniversaire de James en juin n'égaya pas Poudlard. Et le retour de Pénélope Campbell n'arrangea pas l'humeur de Lucy. Avoir suspectée cette femme et lui avoir causé tant d'ennuie alors qu'en fin de compte, elle aussi était une victime, lui retournait l'estomac. Elle pensa à ses deux enfants, enfermés dans une cave durant des mois pour forcer leur mère à faire cette potion monstrueuse ... Luke, Lysander, Adam et elle avaient tenu à lui rendre visite pour s'excuser de leur attitude. Leur professeur de Potion avait paru triste : ses boucles ternes pendaient autour de son visage las et pâle. Pourtant elle leur avait souri, et leur avait pardonné, si facilement que Luke en avait été bouche-bée. D'après elle, il avait été compréhensible de leur part de trouver un coupable - et coupable, elle l'avait été, bien que contre son gré. Elle comptait bel et bien réintégrer son poste l'année prochaine, et parut émue quand elle-même s'excusa de tout le mal qu'elle avait causé cette année durant.

Certains avaient du mal à comprendre qu'elle ne soit pas inquiétée - après tout, c'était elle qui avait fabriquée le poison et saboté l'antidote. Lionel, en tant que victime, jetait des regards féroces à son professeur dès qu'elle passait devant, et même James avait du mal à ne pas cracher du venin. Mais ce fut Lily qui lui fit ravaler ses commentaires en arguant que c'était précisément parce que les gens avaient du mal à pardonner qu'elle s'était retrouvée sur un bûcher. Et James s'était tu.

La nouvelle de la démission de McGonagall avait bouleversée Poudlard. Les Mousquetaires lui avait rendu hommage en faisait jouer de la cornemuse et l'hymne écossais aux armures chaque dois que la directrice passaient devant elle, et des centaines de bouquets de fleurs et mots de remerciements s'entassaient devant son bureau. Scorpius poussa même le vice à changer les draperies de la Grande Salle en les remplaçants par celles de Gryffondor, des drapeaux de l'Ecosse, et des draperies à l'effigie des chardons, fleur emblématique de ce pays. McGonagall quitterait Poudlard en beauté. Percy Weasley avait eu raison. Elle faisait partie de l'école.

Une des dernières décisions de Minerva McGonagall fut d'ériger dans le Hall un mur en hommage aux personnes mortes dans l'enceinte de Poudlard. Hukles fut ainsi forcé d'aménager les pierres pour mettre les photos de ces personnes disparues, pour la plupart morte pour l'école. Le visage de Mimi Geignarde étant élève fut l'un des premiers installés, à la grande joie de celle-ci. Puis tout ceux qui étaient morts durant la guerre : Albus Dumbledore, tombé de la Tour d'Astronomie, Severus Rogue, tué par Voldemort lui-même, les parents de Teddy, Fred Weasley, premier du nom ... Puis, achevant cette longue litanie de portrait mortuaire, le visage malicieux et souriant de Zephan Finnigan. Comme devant la gargouille du bureau de la directrice, des centaines de bouquets furent déposé en dessous du visage du Gryffondor. Lucy en déposant un avec Luke le lendemain de son installation et aperçut, coincés entre les fleurs, des peluches ou images de Farfadet. La légende du Farfadet Zephan Finnigan était en route.

Shannon ne s'était pas montrée une seule fois depuis la mort de son frère. Cloîtrée à l'infirmerie, elle peinait visiblement à panser ses plaies, si bien physique que morale. Luke et Lucy, et même Louis, avaient tenté d'aller la voir, mais Hannah avait fait barrage. Shannon avait besoin de se reposer, d'après elle. Louis n'en était pas resté là et s'était introduit dans l'infirmerie avec la Cape d'Invisibilité. Son constat était alarmant. Shannon ne parlait pas, restée prostrée dans son lit. Sa blessure à la poitrine ne guérissait pas ou peu. Mais il avait assuré avoir un « plan de Mousquetaire » pour la faire réagir. Cela ne rassurer pas sa cousine le moins du monde. L'état de Shannon faisait saigner le cœur de Lucy et remuait sa culpabilité.

Shannon leur en voulait-elle pour ce qui était arrivée à Zephan ?

C'était également ce qui préoccupait Adam et Gethin. Le benjamin des Scampers avait passé sa fin d'année avec Minerva McGonagall, Harry Potter et Percy Weasley, qui discutaient de comment masquer les particularités de Gethin tout en le protégeant. Ce fut Pénélope Campbell, ancienne médicomage, qui avait apporté la solution. Ils avaient décidé de faire passer ça pour une maladie, qui entrainerait vertiges et absences. La Maître des Potions lui avait fourni une fausse potion, qui en réalité calmait ses nerfs et l'anxiété à chaque fois qu'il était susceptible d'avoir une absence.

-Je savais bien qu'au fond, elle n'était pas méchante, clama Gethin en observant la Potion d'une vague couleur bleue.

-Et bien tu aurais pu nous le dire avant qu'on ne l'accuse, répliqua Lucy en ébouriffant ses cheveux.

Gethin tira la langue d'un air puérile. Ils revenaient de la Forêt Interdite : l'enfant avait tenu à voir le phénix pour la dernière fois avant la fin de l'année scolaire et Lysander les y avait conduit de bon gré.

-J'en viens même à me demander si ce n'est pas la prochaine directrice de Poudlard, se demanda Lysander, l'air sérieusement songeur. Elle est l'une des plus ancienne, avec Montrose : les deux postes vacants après la Bataille de Poudlard étaient les Potions et la Défense contre les Forces du Mal. Les autres sont arrivés ensuite.

-Mais elle est jeune, s'étonna Lucy, sceptique.

-Mais brillante et puissante. C'est ton père qui l'a dit non ?

Lucy garda le silence, se souvenant effectivement des mots que son père avaient eu sur son ancienne petite-amie avant de quitter Poudlard. Il en avait été même jusque avouer qu'elle avait été la meilleure élève de leur année - sous-entendant ainsi qu'elle était meilleure sorcière que lui. Elle lorgna vaguement Gethin, qui lui jeta un regard féroce :

-Je-ne-suis-pas-une-boussole !

-Oh je sais, Gethin ...

-Et je ne peux pas le savoir, parce que ce n'est pas quelque chose de sûr et que je ne ressens que les choses sûres. Tout comme je ne pouvais pas savoir si la Loi d'Amnistie allait passer - parce que oui, Luke est déjà venu me demander ça. Après les dessins, les prophéties ... C'est différent, je pense. Surtout les prophéties. C'est souvent plus destructeur, d'après McGonagall. Et c'est pour ça qu'elles ne sont pas sûres. Elles dépendent entièrement des personnes qui veulent les réaliser. Comme celle que j'ai faite. Si Crivey n'avait pas voulu la réaliser, peut-être qu'elle serait tombée dans l'oubli, tu vois ? Je ne sais pas si je suis clair ...

-Limpide, Gethin, assura Lysander en tapotant sa tête. Oh, bonjour Hagrid !

Gethin et Lucy se tournèrent vers le garde-chasse, qui revenait de son potager, son parapluie rose à la main. Il agita la main, un grand sourire faisant frémir sa barbe, alors que Crockmou se précipitait vers eux pour venir baver sur leurs genoux. Gethin, peu habitué aux marques d'affection du molosse qui faisait presque sa taille une fois dressé sur ses pattes arrières, tenta de se dérober.

-D'où vous venez, comme ça, vous deux ? s'enquit Hagrid d'un air suspicieux quand ils arrivèrent à sa hauteur. Oh peu importe, après tout. Vous voulez boire une tasse de thé ?

-Non merci Hagrid, refusa poliment Lucy avec un sourire. Je dois commencer à rassembler mes affaires dans le dortoir des Poufsouffles, je me suis un peu trop installée.

-Votre Salle Commune n'a toujours pas été réhabilité ?

Lucy secoua la tête. D'après Greengrass, leur Salle Commune était habitable, mais ils préféraient être prudent et raffermir les sorts de protections durant l'été avant de laisser les Serpentards dormir dedans. Elle était donc condamnée à vivre ce qui restait de l'année - certes plus grand-chose - dans la même pièce que Mary Arlett. Certes Maeve, plus aimable et courtoise, compensait quelque peu, mais Shannon manquait toute de même cruellement à Lucy.

-Et toi ? (Hagrid sonna une grande tape dans le dos de Lysander, le faisait hoqueter et tomber ses lunettes) Qu'est-ce que tu vas faire cet été ? T'inscrire à l'école de Magizoologie ? J'en entendu dire qu'il y en avait une très bonne en France.

-Je ne compte pas passer par l'école, expliqua Lysander en ramassant ses lunettes. Même si c'est vrai que celle de France est excellente. Je vais sans doute ... Rejoindre mon père au Pérou, dans un premier temps. Faire du terrain. Franchement l'école ... Ce n'est pas fait pour moi.

C'était sans doute vrai, songea Lucy. Lysander, malgré son intelligence et son statut de Préfet-en-Chef, n'avait jamais été fait pour l'école. Et il serait sans doute plus heureux et plus efficace en entamant bille-en-tête une carrière de terrain. Penser à cela rendit Lucy triste, car cela lui rappelait que son cousin ne serait plus là l'an prochain. Gethin paraissait songer à la même chose car une moue déforma ses lèvres.

-C'est vrai que c'est ta dernière année ...

-Oh ne t'en fais pas. Lucy reste pour t'emmener dans la Forêt Interdite.

-Alors ça non, vous n'avez pas le droit, s'insurgea Hagrid en balançant sa tête. Enfin, vous n'avez pas eu assez d'ennuis comme ça cette année ?

Gethin, Lucy et Lysander échangèrent un regard coupable qui ravi Hagrid. Il finit par pousser un gros soupir.

-Enfin. Je vous laisse, je dois aller asperger le potager de produit anti-limace. Tu m'enverras des photos du Pérou Lysander ? Et toi de la Roumanie Lucy ?

-Comptez sur nous, sourit la préfète. Je vous enverrai des photos de Norberta et de Rubeus.

-Hey ! protesta Gethin. Moi aussi je veux des photos de dragon !

Hagrid éclata d'un petit rire et ébouriffa les cheveux du benjamin. Avant de retourner vers sa masure, il leur lança :

-Au fait, Louis vous cherchait tout à l'heure. Il a dit que si je vous voyais, il fallait que je vous dise d'aller à l'infirmerie.

-Pourquoi ?

-Aucune idée, tu lui demanderas.

Il s'en retourna vers son potager et Lucy et Lysander échangèrent un regard consterné. Puis, dans un parfait ensemble, leurs yeux tombèrent sur Gethin. L'enfant souriait d'un air malicieux et ne semblait plus se soucier d'être une boussole.

-Je pense que ça concerne Shannon.

C'était bien ce à quoi Lucy avait songé. Sans attendre son reste, elle fit volte face et courut vers l'infirmerie, Gethin et Lysander sur ses talons. Elle arriva essoufflée devant l'infirmerie, les poumons brulants.

-Weasley !

Elle se retourna pour voir arriver Luke et Adam au bout du couloir. Si le Serpentard avait un grand sourire, c'était moins le cas du Gryffondor. Il ne s'était pas encore remis de la mort de Zephan.

-Tu as vu ton imbécile de cousin ?

-Non, mais Hagrid, oui. (Elle posa une main sur sa poitrine, haletante). Par Merlin je n'aurais pas dû courir si vite.

-Non, tu n'aurais pas dû, rit Gethin en arrivant à sa hauteur. Parce que Lysander était tellement pressé de te rattraper qu'il est tombé !

-Ce n'est pas drôle, maugréa le préfet-en-chef, effectivement couvert de poussière, ses lunettes à la main. Et en plus je les ai cassées ...

Il les répara d'un coup de baguette, devant le regard moqueur de Gethin. Adam eut un sourire crispé et Lucy glissa sa main dans la sienne.

-Qu'est-ce que Louis vous a dit ?

-Que Finnigan voulait nous voir, répondit Luke, perdant quelque peu son sourire. Pourquoi c'est lui qui est venu, d'ailleurs ? Et ... Euh, du coup je sais pas, c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Peut-être était-ce sans le vouloir, mais Lucy était sûre que Luke lorgnait Gethin. Et Adam dut le percevoir aussi parce qu'il frappa le préfet à l'arrière de la tête.

-Aïe ! Bon d'accord, je verrais de moi-même ! Euh. Qui y va en premier ?

-Oh je vous jure, grommela Lysander en posant la main sur la poignée. Bande de bébé-Botrucs.

Lucy esquissa un sourire attendri. Malgré tout, son cœur cognait fort contre sa poitrine et la pression des doigts d'Adam sur les siens indiqua l'appréhension identique que pouvait ressentir son petit-ami. Ils ignoraient ce que pourrait être la réaction de Shannon face à eux, une semaine maintenant après la mort de Zephan. Elle suivit Lysander dans l'infirmerie, le cœur battant la chamade. Hannah était en train de refaire les lits, et leur sourit quand elle les vit. Elle leur indiqua le fond de l'infirmerie, où des rideaux avaient été tirés pour plus d'intimité. Lysander fut encore une fois le premier à s'y rendre, les autres suivaient timidement ses traces, tels les bébés-Botrucs qu'ils étaient.

-Shannon ? fit Lysander avec une grande douceur.

La jeune fille leva la tête en entendant la voix du Préfet-en-chef, et un léger sourire s'étendit sur ses lèvres. Lucy eut un véritable choc en la voyant. Elle l'avait déjà connue dans un mauvais état, lorsque que, au cœur de la tourmente, elle sacrifiait sommeil et santé pour trouver un antidote. Mais ce n'était rien en comparaison de son état actuel. Elle était terriblement pâle, et des cernes assombrissaient ses yeux verts. Ses cheveux blonds tombaient péniblement sur sa poitrine. Elle portait une fine blouse blanche d'infirmerie, et une partie de sa blessure était visible, moins terrible qu'une semaine plus tôt, mais inquiétante tout de même.

-Salut, Lys. Et salut, Lucy. Vous pouvez entrer, hein.

Même son timbre avait changé : il était brisé. Adam se mordit la lèvre quand il découvrit la jeune fille. Ils s'installèrent tous autour d'elle, et Gethin s'assit au bout de son lit. Ce fut le premier qui prit la parole en posant la question que tous brûlaient de poser :

-Comment ça va ?

-Ça va, assura-t-elle étonnement. Je ... pensais pas dire ça il y a encore trois jours mais ... ça va.

Elle jet un bref regard à sa table de nuit et Lucy y découvrit un plateau d'échec. Une partie paraissait y être entamée et le regard de Shannon se fit plus sérieux, comme si elle songeait à son prochain coup. Les mots de Louis résonnèrent dans son esprit : « j'ai un plan de Mousquetaire ». Lucy secoua la tête, amusée. Non. Ça c'était un plan de Louis Weasley. Un sourire s'échappa sur ses lèvres.

-Je n'en reviens pas ... Tu as fini par céder ?

Les joues de Shannon rosirent.

-Non. Je voulais juste ... Me changer les idées. Il ... Il joue mieux que je ne l'aurais pensé. (Elle fronça les sourcils). Vraiment mieux.

-Au point où il pourrait te battre ? demanda Lysander en examinant le jeu.

-Pas si je peux l'en empêcher.

Un silence s'abattit alors sur l'infirmerie. Adam était resté un peu à l'écart et les autres ne savaient pas que dire à la jeune fille sans paraître maladroit. Même Shannon ne semblait savoir que dire. Encore une fois, ce fut Gethin qui rompit le silence, en souffla d'une voix défaite :

-Dis ... Je suis désolé.

Shannon détourna les yeux des échecs pour les river sur un Gethin Scampers trépignant, l'air de ne pas savoir ou se mettre. Un instant terrible, Lucy crut apercevoir des larmes dans les yeux de Shannon, mais elle battit ses cils et poussa un profond soupir. Puis elle avança la main et prit celle de Gethin.

-Ça va. J'ai bien réfléchi ... Et non, tu n'as pas à t'excuser. (Elle leva les yeux sur Adam). Aucun de vous deux.

Lucy crut que son cœur allait exploser de soulagement. Les épaules d'Adam se détendirent un petit peu, mais son visage resta crispé.

-Tu es sûre ?

-Certaine. Ça ... ça n'a pas été facile. Les premiers jours ... Oui, je vous en ai un peu voulu. Enormément, même. Puis à force de potasser, sur ce qui aurait pu changer pour que ... (son voix s'étrangla et Lysander caressa doucement son épaule). Bref. Je me suis rendue compte que ... Des milliers de choses auraient pu changées. Que si je vous considérais comme coupable alors ... En un sens je pouvais l'être aussi.

-Oh Shannon ... (Lysander s'assit près d'elle pour la prendre par les épaules). Tu ne dois pas te dire ça un seul instant enfin ... ça te boufferait.

Shannon eut un léger sourire mais cette fois elle ne put retenir la larme qui dévala sa joue crayeuse. Elle l'essuya rapidement en prenant une grande inspiration.

-Je sais. C'est pour ça que j'ai décidé que ... Je n'en voudrais qu'à Laureen. Je ne dis pas que c'est facile, il se peut que parfois ... Je sois désagréable. Je m'en excuse d'avance.

-Tu n'as pas à le faire, c'est normal, dit alors Adam d'une voix rauque. Je comprends parfaitement. Et malgré ce que tu dis ... je suis vraiment désolé, Shannon.

-Ça va, insista-t-elle en passant une main dans ses cheveux. N'en parlons plus. Laureen ... ce qu'elle a fait ... ça m'a déjà pris mon frère (Une autre larme s'échappa de ses yeux). Je ne veux pas que ça m'éloigne de mes amis.

-Ça ne le fera pas, la rassura Lucy, la gorge serrée. On est avec toi.

Shannon eut un léger sourire et essuya une nouvelle larme qui avait coulée. Puis elle serra la main de Gethin dans la sienne. Lucy vit que les yeux du premier année étaient mouillés de larme.

-Et ne t'en veux pas pour cette prophétie - parce oui, j'ai deviné que c'était toi qui l'avait faite. Au contraire, je devrais plutôt te remercier. Tu as raison, je ... Je l'aurais regretté.

Lucy échangea un regard d'incompréhension avec Luke et Adam. Gethin hocha doucement la tête et se jeta dans les bras de Shannon. La jeune fille referma ses bras sur lui avec automatisme, mais une grimace lui déforma ses lèvres. La blessure devait être encore douloureuse.

-Attention, bébé-Scampers, gronda Luke en prenant Gethin par le col. Tu ne voudrais pas la blesser un peu plus.

-Oups ! (le visage de Gethin s'empourpra et il s'écarta vivement de Shannon). Pardon.

-Pas grave. Je vais bien.

Ce n'était pas tout à fait vrai, Lucy le devinait. Il faudrait du temps avant que la tristesse, le chagrin et la colère ne la quitte. Ils seraient toujours en embuscade, surgissant à chaque brèche, chaque occasion, ravivant la flamme de la perte. Le pardon, lui aussi prendrait du temps. Mais Gethin et Adam paraissaient prêts à patienter.

-Si ça va alors ..., entonna Luke avec un immense sourire. Sache que nos longues heures de révisions dans la Salle-sur-Demande n'ont pas été vaines ! La loi d'Amnistie est passée, je vais pouvoir entrer dans la Brigade de police Magique !

-Louis m'a dit, dit Shannon avec un petit sourire, timide.

-Louis, répéta Lysander, soudain réprobateur. Shannon, sache que tu es trop intelligente pour tomber amoureuse d'un Mousquetaire !

-Milady, ajouta Lucy avec malice.

Le visage de Shannon s'empourpra violemment, et Lucy fut ravie de voir la couleur revenir aux joues de la jeune fille, chassant cette teinte craie maladive. Luke s'étrangla presque d'indignation et s'empressa d'arracher à Shannon la promesse qu'une telle chose n'arriverait jamais. Lucy se rapprocha d'Adam et prit doucement sa main. La pression était plus légère, plus détendu, et le sourire d'Adam plus serein. Ces larmes étaient loin, sa culpabilité moins virulente. Encore une fois, il faudrait du temps, mais cela se calmerait. Il le fallait.

Ils quittèrent une heure plus tard une Shannon plus vive, plus rouge, et plus souriante, malgré cette lueur hantée qui ne quittait pas son regard. Louis attendait devant l'infirmerie et s'y engouffra dès qu'ils la quittèrent.

-J'en reviens pas, grommela Luke en lorgnant la porte, l'air mauvais.

-Oh laisse faire, Louis est loin d'être le pire des Mousquetaires. Et Shannon sait se défendre. La trompe d'éléphant, c'était elle.

-C'est vrai ? s'assura Luke, l'air ravi.

Lucy laissa échapper un petit rire. La discussion avec Shannon l'avait rassurée, elle aussi, et avait ôter le poids de la culpabilité de ses épaules. Il fallait à présent qu'ils aillent de l'avant. Lysander s'en alla retrouver son frère, Luke aperçut Henry et, fidèle à sa promesse, s'empressa d'aller passer du temps avec lui, et Gethin partit dessiner - des vrais dessins, assura-t-il - dans sa Salle Commune. Lucy se retrouva seule avec Adam et lui fit face, un petit sourire mutin aux lèvres.

-Ça va mieux maintenant ?

La bouche d'Adam se tordit, et Lucy sentit son sourire mourir sur ses lèvres. Elle caressa doucement le visage du Gryffondor, puis ses cheveux.

-Adam, elle te l'a dit, elle ne te reproche rien ...

-Non. Elle a dit qu'à terme, elle nous pardonnerait, et que pour l'instant, elle essayait de se persuader que ce n'était pas notre faute.

-Tu ne peux rien lui demander de plus, souffla Lucy, inquiète de la dureté dans la voix d'Adam. Elle a mal, elle est en colère, c'est normal... Il faut lui laisser le temps et à toi aussi. Ça passera ...

Adam poussa un gros soupir, comme si sa culpabilité était cachée dans ses poumons et qu'il cherchait à l'extraire. Lucy lui prit doucement la main et le fit marcher dans le parc, lui faire prendre l'air pour effacer ses pensées morbides. Juin était à présent bien installé et les journées d'école touchaient à leur fin. Dans quatre jours, le Poudlard Express viendrait les chercher pour les ramener chez eux. En attendant, les élèves sortaient profiter du soleil, riant et jouant pour oublier les jours affreux qu'ils venaient de vivre. Lily trainait avec Hugo, son appareil photo autour du cou, à l'affut de la moindre situation cocasse. Alexandra et Dorothy étaient assises à l'ombre d'un frêne, à essayer de changer l'une des couleurs des cheveux de Dorothy. Jina et James jouaient avec un Vif d'Or, cherchant qui l'attrapait le plus vite des deux, sous les yeux désabusés de Roxanne et Scorpius. L'amour de Zephan avait encore les yeux rouges, mais éclata tout de même de rire lorsque James s'étala de tout son long en manquant le Vif d'Or. Eléonore et Marcus restaient à l'écart, profitant des derniers jours qu'ils leur restaient ensemble à Poudlard. Will jouait à la Bataille Explosive avec un groupe de quatrième année - dont Rose et Albus - et Lucy fut rassurée de voir qu'il souriait. Elle conduisit Adam près du Lac, sans lâcher sa main et ils s'assirent sur le ponton, leurs jambes dans le vide, leurs pieds jouaient avec l'eau. Un sourire s'étala sur les lèvres de Lucy.

-Quoi ? s'enquit Adam, surpris par ce soudain sourire.

-Rien. C'est jusque que ... Être assis l'un à coté de l'autre au bord de l'eau ... ça me rappelle la première fois qu'on s'est embrassé. A Liverpool.

Un sourire tendre fleurit sur les lèvres d'Adam, réchauffant le cœur de Lucy bien plus que le soleil ne réchauffait sa peau.

-Je me souviens. A Albert Docks.

-C'était qu'il y a trois mois, mais je ne sais pas ... ça me semble être une éternité.

Le sourire d'Adam se fit un peu plus franc. Il bougea un peu la main et ses doigts effleurèrent ceux de Lucy, la faisant frissonner. Elle ne cessait de s'émerveiller de la façon dont les choses s'étaient mises en place avec Adam, avec naturel, simplicité, comme s'ils avaient toujours été ensemble. Elle n'avait pas une seule fois regretter sa décision sur les Docks, et s'en trouvait plus heureuse, plus épanouie qu'elle n'aurait pu le croire. Parfois, alors qu'elle embrassait Adam, qu'elle le regardait lire, ou qu'il la fixait avec ce petit sourire qui la faisait fondre, des mots flottaient dans son esprit, des mots qu'elle n'avait jamais prononcé et qui l'avait tout d'abord effrayé. Elle s'était interdit ces mots. Mais maintenant, c'était moins que le cas. Elle ignorait ce qui avait changé. La mort de Zephan, qui lui rappelait que la vie était atrocement courte et qu'un malheur se plaisait toujours à arriver au moment le moins opportun ? Les souvenirs qui affluaient avec le clapotis de l'eau ? La détresse touchante d'Adam, faisant monté son attachement à son paroxysme ? Alors sans l'avoir décidé, elle lança :

-Scampers ?

-Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça. Mais oui ?

-Je ... Je crois que je t'aime.

Elle voulait bien l'admettre, le « je crois » était de trop. Adam cligna des yeux, surpris, avant de lever son regard sur elle. Un lent sourire, incertain, effleura ses lèvres.

-Tu crois ?

-D'accord. Il se peut même que je sois sûre.

-Sûre de quoi ?

Lucy comprit en éclair en avisant la malice dans ses yeux qu'Adam voulait l'acculer, lui faire cracher le morceau, sans pincette, ni prudence. Lucy sentit son visage s'enflammer et elle passa une main dans ses cheveux. Puis, mettant sa fierté et son appréhension au placard, elle se pencha doucement sur Adam et effleura ses lèvres d'un baiser tendre.

-Je t'aime, Scampers, répéta-t-elle, tout contre ses lèvres.

Elle sentit le sourire d'Adam naître contre les siennes. Il lui prit délicatement la nuque et rapprocha le visage du sien pour approfondir leur baiser. Ils s'embrassèrent un moment, avec lenteur et douceur, leurs deux mains jointes sur le pont. L'autre main de Lucy alla se perdre dans les cheveux soyeux d'Adam. Puis il s'écarta, sans réellement s'éloigner et posa son front sur celui de Lucy. Le cœur de la jeune fille battait la chamade. Elle supposait que c'était de bonne guerre. Il avait été celui qui avait fait le premier pas. Elle lui devait bien le premier « je t'aime ». Le regard intense qu'Adam lui jeta liquéfia les entrailles de Lucy et accéléra les battements de son cœur. Puis un petit sourire espiègle retroussa ses lèvres.

-Le « Scampers » était de trop, il n'empêche.

Lucy leva les yeux au ciel, excédée qu'il brise ainsi sa bulle et elle lui donna un coup de poing dans le bras, arrachant un éclat de rire à Adam. Un sourire effleura malgré tout ses lèvres quand elle entendit le garçon s'esclaffer. Elle avait au moins réussi à lui faire oublier Zephan. Ce fut pour ça qu'elle se laissa faire quand il l'attira dans ses bras et qu'il cala son menton sur son épaule. Son souffle lui effleura le cou et un frisson parcourut l'échine de Lucy.

-Tu gâches tout, marmonna-t-elle néanmoins pour la forme.

-Et quoi, tu vas m'en vouloir ?

-Parfaitement !

Adam éclata à nouveau de rire, avant de se mettre à picorer des baisers dans le cou et sur la joue de Lucy. La jeune fille tenta de se dérober, mais il la maintint prisonnière de ses bras jusqu'à qu'elle pouffe comme une gamine. Elle finit par étirer le cou pour le regarder dans les yeux. Un éclat de tendresse brillait dans ses prunelles noisette et il écarta une mèche rousse de ses yeux. Ses doigts s'attardèrent sur sa joue, la caressant avec douceur.

-Moi aussi je t'aime Lucy.

Elle sentit un sourire insensé et terriblement niais s'étendre sur ses lèvres à ses mots et rapprocha son visage de celui d'Adam pour l'embrasser furtivement. Puis elle se calla dans ses bras, et il nicha son menton dans son cou. Un silence agréable se posa en eux et Lucy contempla la surface du Lac. Un bras du Calamar Géant fendit la surface, avant de s'écraser sur l'eau, arrosant les deux amoureux qui le contemplaient. Ils éclatèrent de rire en s'essuyant le visage. Les yeux d'Adam s'étaient éclaircis. Doucement, la culpabilité s'éloignait. Il fallait aller de l'avant. Pour la première fois depuis des mois, Lucy s'autorisa pleinement à se détendre dans les bras d'Adam. Les examens étaient finis. Les coupables des agressions avaient été arrêtés. L'année éprouvante s'achevait certes dans le deuil et la douleur, mais au moins elle s'achevait. Ils allaient pouvoir laisser ça derrière eux, songer à autre chose. A la Roumanie qui se profilait, qui faisait naître en Lucy des interrogations sur son avenir. Elle se souvint des mots de Lysander, il y avait si longtemps dans la Forêt Interdite. « Un jour, tu t'en iras d'ici, toi aussi. Et le monde s'offrira à toi. Fais attention à ne pas le louper ».

Non, Lys, se promit Lucy, le regard perdu dans les immensités du Lac. Je ne le louperais pas.

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