Chapitre 37 : "... et c'est pour ça que tout Poudlard est au courant"


Je vois que je suis attendue ahah.

Désolée pour le retard mais je suis occupée. J'ai cru comprendre que vous attendiez beaucoup ce chapitre, le voici ! Bonne lecture !


Chapitre 37 : « ... et c'est pour ça que tout Poudlard est au courant »

-File le bacon, Scampers.

Adam prit sa baguette et fit léviter le bol de bacon jusque Luke, qui l'attrapa d'une main leste. Lucy en profita pour prendre une tranche et la mettre dans son assiette.

-Quelle heure elle a dit, McGonagall ? s'enquit Shannon.

Elle n'avait pas touchés aux différents plats autour d'eux, ce qui interloqua Lucy. Elle se contentait de rester assise, les genoux contre sa poitrine et à regarder tout le monde manger.

-Midi, répondit Lysander, des œufs brouillés plein la bouche. Enfin j'crois. Je perds la notion du temps, ici.

Lucy eut un menu sourire. Autour d'eux, les elfes de maison s'affairaient avec précipitation en prévision du déjeuner qui se profilait. Ils étaient retranchés dans la cuisine depuis le matin, profitant des largesses des maitres des lieux pour se nourrir. Oncle Harry s'était dépêché d'aller quérir le professeur McGonagall quand il avait découvert les filles. Il était très tôt - cinq ou six heures du matin d'après Lucy - et elles l'avaient découvert en robe de chambre à carreau écossais, les yeux écarquillés devant l'exploit des jeunes filles. Puis les ailes de son nez s'étaient mises à frémir et Lucy sut qu'elles allaient passé un sale quart d'heure. Comme elles l'avaient prévues, elles racontèrent toute l'histoire et évoquèrent l'implication de Lysander et Adam. Elles avaient délibérément tu le rôle de Luke. Mais Lucy fut désespérée quand, lorsque McGonagall avait exigé de tirer du lit les impliqués, Luke passa la porte de l'infirmerie avec Adam. Il avait jeté un regard noir en secouant lentement la tête, l'air de dire « non mais sérieux, Weasley ? ». La directrice avait soupiré en le voyant, mais n'eut pas l'air surprise outre mesure. Ils avaient passé une heure à tout lui expliquer, à elle et Harry : leur enquête, la volonté de Lucy de faire un antidote suite à la suspicion de l'implication d'un professeur ... Luke s'était séparé à regret de son carnet d'investigateur pour le confier à Harry. Les yeux de l'Auror s'étaient écarquillés à mesure qu'il reconnaissait les scènes des photos. Puis, une fois le récit terminé et que la directrice en ait eu assez de répéter qu'ils avaient été inconscients, beaucoup trop téméraires et sûr d'eux, qu'ils auraient dû parler des photos à quelqu'un et qu'elle allait veiller à ce que leur témérité soit punie, ils furent renvoyer dans leurs dortoirs sans ménagement. Entre deux, Hannah était arrivée et s'occupait de James, qu'ils entendaient régulièrement ronfler et marmonner. Harry voulut les accompagner jusqu'à leurs Salles Communes respectives, mais quand ils sortirent enfin de l'infirmerie, c'était déjà l'heure du petit-déjeuner et nombre d'élèves se dirigeaient déjà vers la Grande Salle. C'était le cas de Lily, qui s'était précipitée sur son père, lui sautant au cou en pleurant.

-C'est vrai pour James ? Tout le monde dit que c'est vrai ... Dis-moi que c'est vrai, je t'en prie ...

Les cinq autres échangèrent des regards paniqués et Lucy se promit d'étrangler Louis à la première occasion. Les élèves dans le Hall murmuraient, les pointaient du doigt. Des sourires se lisaient sur les lèvres et l'appréhension dans les yeux.

Tout le monde était au courant.

Lucy s'était sentie comme prise au piège, suffoquant. Elle avait jeté un regard suppliant à oncle Harry, affolée. L'Auror avait refermé ses bras sur Lily et hoché en direction de Lucy. Il n'y en fallut pas plus à la jeune fille pour attraper les deux personnes les plus proches d'elle (Lysander et Shannon, il lui semblait) et les faire s'engouffrer dans le couloir le plus proche.

Il avait été hors de question qu'ils affrontent cela maintenant.

C'était Adam qui avait eu l'idée de la cuisine. Affamé, Luke avait été le premier à accepter. Dès lors, ils y étaient retranchés, mangeant - pour certain du bout des lèvres - tout ce que les elfes de Maison leur donnaient. Ils étaient assis en cercle dans un coin de la cuisine.

-Mais qui a su ? songea Adam à voix haute. On était que cinq à savoir...

Shannon et Lucy échangèrent un regard discret. Elles savaient qui avait connaissance de ces faits et la préfète de Serpentard était persuadé que son cousin passerait un très mauvais quart d'heure s'il croisait la route de la Poufsouffle.

-Nous sommes à Poudlard et ce qui se passe est un secret, marmonna Lysander avec défaitisme. C'est pour cela que tout Poudlard est au courant.

-Boh, fit Luke en haussant les épaules. Il suffit qu'un malin se soit amusé à tourner autour de l'infirmerie avec des oreilles à rallonges et ... Boum.

Lucy se mordit nerveusement la lèvre, se demandant s'il fallait parler de Louis ou pas. Shannon chercha son regard, se posant sans doute la même question. Finalement, elles ne dirent rien, trop abattues.

-Je ne suis pas prête à affronter Poudlard, avoua Shannon en ramenant un peu plus ses jambes contre elle. Je veux dire ... Je pensais qu'on allait pouvoir garder le secret ...

-Pareil, fit Adam avec une certaine amertume. J'aime bien l'anonymat.

Ils paraissaient tout les deux dépités et Lucy les comprenait. Ils étaient du genre discret, qui ne fait pas de vague et supportent mal que le regard des autres soit plaqué sur eux. Adam n'avait jamais supporté la visibilité qu'apportait le fait d'être joueur de Quidditch et Shannon était d'une timidité maladive. Non, vraiment, si tout Poudlard était au courant, Lucy doutait qu'ils apprécient la chose.

Lysander, Luke et Lucy étaient plus habitués à ce genre de chose. Luke et Lucy pour leurs noms de familles, avec différentes conséquences dont ils avaient appris à faire face. Lysander à cause de son air légèrement loufoque - mais le préfet était tellement plongé dans sa bulle que Lucy doutait que ça ne l'atteigne réellement.

-Bof, intervint Luke en haussant les épaules. Vous en faites pas, ça va passer. Bientôt tout le monde reviendra et on arrêtera de parler de vous pour parler du retour du grand James Potter.

Lucy sentit son cœur s'envoler de sa poitrine. Car oui, ça restait la grande information. James allait revenir.

Ils avaient réussis.

Un sourire insensé se forma sur ses lèvres et Luke eut un grand geste pour la désigner :

-Vous voyez ? La préfète approuve !

-Quoi ? Ah. Euh ouais un peu. Ça va finir par se tasser. En plus derrière il y a les finales de Quidditch qui arrivent alors ...

-Génial, grommela Adam en passant une main sur son visage. Et quand est-ce que l'attention s'éloigne de ma personne ?

Lucy lui donna une légère tape derrière la tête, auquel Adam répondit en s'éloignant, une moue boudeuse aux lèvres. Luke mangeait allégrement son bacon en regardant les elfes travailler. Apparemment, il y avait du chou de prévu pour ce midi et cela révulsait l'estomac de Lucy. Ils attendirent quelques temps en silence, puis Lysander annonça qu'il était temps d'y aller. Ils prirent les provisions que leur offraient les elfes et quittèrent la cuisine, la mort dans l'âme. Ce n'était pas un secret : ils savaient que McGonagall était en train de s'entretenir avec leurs parents, et aucun d'entre eux n'avaient envie d'affronter leur jugement. Pas même Lysander, étonnement morose depuis ce matin.

-La chanceuse du groupe, c'est Weasley, grommela Luke, qui semblait le plus réticent à rejoindre la directrice. Quoi ? (elle lui jetait un regard outré). Tu vas vraiment me faire croire que tes parents vont se déplacer ?

Lucy ravala un commentaire acerbe. Evidemment que ses parents ne viendraient pas. Ils étaient beaucoup trop occupés au Ministère. Dans le meilleur des scénarios, ils envoyaient Papy Weasley - sa gentillesse naturelle l'empêchait totalement d'élever la voix sur ses enfants. Dans le pire, c'était Mamy Weasley - dont l'âge n'avait fait que renforcer la puissance vocale. Mais le cas le plus probable était qu'ils envoient Molly, et ce n'était pas pour plaire à Lucy : elle doutait que sa sœur soit ravie de ces faits.

-Chanceuse, ouais, ironisa tout de même la jeune fille. Tu vas voir la joyeuse beuglante que je vais recevoir demain. D'ailleurs, je m'étonne de ne pas encore en avoir.

-Pareil, admit Shannon en tripotant sa chaine. Ça aurait été Zephan ...

Lucy leur jeta un regard peiné. Ce qu'ils avaient fait été extraordinaire, mais ça risquait à tous de leur causer des problèmes familiaux. Ses yeux s'attardèrent sur Luke un instant, car elle savait qu'il était sans doute celui qui en souffrirait le plus. Ses parents devaient s'étrangler d'indignation, actuellement - notamment s'ils comprenaient, voyant une moldue dans les locaux, que Luke s'était associé à des gens qu'ils considéraient indigne d'eux. Elle priait pour qu'Elen Donovan n'ait pas trop subi leurs remarques acerbes - comme Molly, ou quiconque était venu pour elle. Ils traversèrent le château discrètement, prenant soin d'éviter les couloirs fréquentés et passèrent quelques fois sous sortilèges de désullusion. Les élèves commencèrent à sortir de cours pour le déjeuner : tout Poudlard était en ébullition. Lucy était ravie de voir la vie revenir à l'école - mais elle avait espéré que sa vitalité ne soit pas contre elle. Finalement, la gargouille fut enfin en vue, Harry Potter à ses pieds, les attendant. Le sourire qui éclairait son visage dénoua le nœud douloureux dans les entrailles de Lucy.

-Roxanne est venue deux fois me demander où tu étais, plaisanta l'Auror. Il paraît que vous vous cachez.

-Avec les fuites qu'il y a eues ... On a préféré se faire discret.

-Ce qui s'est passé hier est un secret, cita Harry avec un sourire amusé. Et c'est pour cela que tout Poudlard est au courant.

-Parfait ..., grommela Luke en levant les yeux au ciel. Dites, Monsieur Potter ... A quel point on va se faire déchirer, là dedans ?

Lucy lui donna un coup de coude, mais elle fut horrifiée de voir une ombre passer sur son visage quand son oncle. Pourtant, il s'efforça de sourire d'un air rassurant.

-Ne vous en faites pas, votre directrice sait être juste. On y va ? Vous ne voulez pas la faire attendre ?

Ils hochèrent la tête sans conviction. Harry se retourna, donna le mot de passe et la gargouille s'anima, dévoilant le passage vers le bureau de la directrice. Après des échanges pressants de regards, ce fut Lysander qui s'y engagea le premier derrière Harry, Lucy sur ses talons. Luke fut le dernier à monter, la mâchoire contractée, le regard dans le vide. Harry toqua quelques coups à la porte et les pria de l'attendre sur le seuil. Lucy se rapprocha de Luke, soucieuse.

-Ça va aller ? lui souffla-t-elle doucement.

Un rictus amer déforma les lèvres de son ami.

-Ça va toujours, Weasley, t'inquiète. Et sache que je t'en veux encore d'avoir essayer de me maintenir à l'écart. Qui est l'enquêteur en chef ?

-Je voulais juste te protéger, protesta-t-elle avec une moue. Tu n'as beau dire qu'il n'y a pas de problème, on sait très bien que c'est faux.

-Tu vois, Weasley, c'est précisément pour cela que je ne te dis rien. Tu essaies toujours de mettre son grain de sel pour « arranger les choses » et c'est extrêmement agaçant.

Pour toute réponse, Lucy lui donna un coup de poing dans le bras et Luke lui ébouriffa les cheveux en retour.

-Pardon de prendre soin de toi.

-Lucy, soupira Luke en levant les yeux au ciel. Je n'ai pas besoin qu'on prenne soin de moi, je t'assure. Contente-toi de ... continuer à me frapper et m'aider à avoir mes BUSEs, d'accord ? Le reste je gère.

Non, il ne gérait pas du tout, et elle le voyait à l'appréhension qu'il tentait de masquer dans son regard. Elle fut tentée de lui prendre la main et de la serrer pour lui assurer que tout irait bien, mais elle doutait que Luke accepte - et que tout irait bien. Elle remarqua qu'Adam aussi couvait Luke d'un regard inquiet, regard auquel Luke répondit par un gros soupir agacé et Adam détourna les yeux. Harry revint à ce moment et leur ouvrit la porte avec un sourire rassurant.

-Je ne suis pas sûre de vouloir rentrer, en fait, murmura Shannon en se cachant derrière Lysander.

-Oh je vous jure, marmonna celui-ci en poussant Shannon devant lui sans ménagement. Vous êtes une bande de bébé-Botrucs.

-Calme, Scamander, rétorqua vertement Luke. Tu n'étais pas super rassuré y'a quelques minutes.

-Personne ne va vous manger, les rassura Harry avec un grand sourire. Très franchement, sinon croyez-moi, j'aurais été digérer depuis longtemps. Très longtemps. Ma première année, en fait.

Lucy laissa échapper un rire nerveux. Il était vrai que si Harry avait réussi à finir sa scolarité à Poudlard avec tout ce qu'on racontait, ils n'avaient pas tant à craindre. Ce fut sans doute grâce aux yeux doux et au sourire rassurant de son oncle qu'elle réussit à mobiliser ses forces pour entrer la première dans le bureau. Elle le regretta presque aussitôt.

La première chose qu'elle vit fut le regard venimeux d'Enoboria Zabini, la mère de Luke. Ses cheveux d'un blond très pâle étaient relevés en un chignon strict et ses yeux très bleus la transperçaient de part en part. A ses coté, Blaise Zabini se contenta d'un regard froid mais assez indifférent. Et à coté de lui ... a coté de lui ...

-Oncle Percy, jappa Lysander, stupéfait.

Percy Weasley eut un grand sourire, crampé droit sur sa chaise, ses lunettes en écailles plantées sur son nez d'un air digne. Lucy s'immobilisa, figée. Elle s'attendait à voir Molly, voire ses grands parents.

Pas le Ministre lui-même.

Un sourire retroussa les lèvres de Percy.

-Bonjour, Lucy. Tu peux t'avancer, s'il te plait ? Tu empêches tes camarades d'entrer.

Mais Lucy ne bougea pas d'un pouce. Elle dévisagea son père, interdite, tentant de décrypter l'expression de son visage, la lueur dans ses yeux bruns. Puis Lysander la poussa doucement dans le dos pour qu'elle avance. Lucy retrouva alors ses esprits et s'approcha doucement de son père.

-Tu n'as pas un travail ? s'enquit-t-elle, retrouvant un peu de sa malice habituelle devant lui. Genre, assez important ?

-J'ai laissé Hermione à la tête du Ministère le temps que je règle ton cas, jeune fille.

Mais son ton n'avait pas l'air si réprobateur et Lucy sentit son cœur s'alléger quelque peu. Elle s'autorisa alors à regarder à la droite de son père. La femme aux cheveux auburn et l'homme aux cheveux blonds devaient être les parents de Shannon, ce que la Poufsouffle confirma en se plantant derrière eux. Lucy sentit le malaise la prendre quand elle remarqua la cicatrice sur le visage de Susan Finnigan ou la trace de brûlure sur le dos de la main de son mari. Lysander s'était quant à lui rapprocher d'une femme aux cheveux blonds emmêlés et un grand sourire s'étira sur les lèvres de Lucy.

-Bonjour tante Luna.

Luna Scamander eut un sourire tendre pour Lucy et se leva prendre sa lointaine nièce par alliance dans ses bras.

-Ton père ne te le diras pas, mais tu as bien fait, lui souffla-t-elle d'entrée à l'oreille. Je suis fière de vous.

Elle s'éloigna un peu, son sourire flottant sur ses lèvres, et retourna s'asseoir pour s'adresser à Lysander :

-Ton père n'a pas pu venir. Il est au Pérou cette semaine et je n'ai pas eu la foi de le ramener.

-Tu as bien fait ! la rassura Lysander, souriant lui aussi. Il fait quoi, une nouvelle piste pour les Ronflaks Cornus ?

Lucy se retint de frapper le plat de sa paume contre son front et le regard peu amène que son père adressa à Luna montrait le même sentiment d'agacement qui s'éprenait de lui. Fort heureusement, ils ne s'attardèrent pas sur les Ronflaks Cornus. Luke était rentré lui aussi, le visage impassible. La seule personne à rester à l'extérieure - et c'était surprenant - était Adam. Luke lui jeta un regard sidéré mais la préfète vit à la tension dans ses épaules qu'il se retenait visiblement d'éclater de rire. Lucy se rendit alors compte que, tout obnubilée qu'elle avait été par la présence de son père, elle n'avait pas vu Elen. Ni aucun visage qu'elle avait vu au Pays de Galles. Elle se recula d'un pas pour apercevoir qui était venue pour Adam et retint un cri de surprise. Aux cotés des Zabini - qui avait eu cette idée ? - nonchalamment appuyée contre sa chaise, les mains croisées sur une béquille, un jeune homme aux cheveux bruns et aux yeux noisettes fixait la porte ouverte, les traits crispés. Elle n'avait vu ce visage qu'une seule fois, en photo et il avait un peu changé : ses cheveux étaient plus courts et son visage avait perdu toutes les rondeurs de l'enfance.

Mais il était impossible de ne pas reconnaître Alan Scampers.

Lucy jeta un regard épouvanté à Shannon, qui le lui renvoya. Susan parut voir leur trouble et eut un léger sourire, penaude.

-Il se pourrait que tout ne ce soit pas passé comme prévu.

-Pas comme prévu, répéta Shannon d'une toute petite voix.

Cette fois, Luke n'en put plus : un éclat de rire incontrôlable s'échappa de ses lèvres et ses parents lui jetèrent un regard réprobateur.

-Oh bon sang, haleta le préfet en tentant de se calmer. Ça, c'est signé. Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher ...

-Ah non ! protesta Lucy, comprenant que Luke l'accusait d'avoir intrigué. Cette fois je suis innocente !

-Taisez-vous ! exigea McGonagall avec fermeté. Scampers, veuillez rentrer. Si ça ne vous dérange pas, j'aimerais en finir au plus vite.

Un pas après l'autre, et visiblement à contrecœur, Adam entra dans la pièce et ferma la pièce derrière eux, le visage fermé. Ses yeux n'étaient posés sur personne en particulier et Lucy sentit ici son regard brûler et elle détourna son visage pour éviter d'avoir à croiser les flammes dans ses iris.

-Surprise.

Lucy mit un moment à comprendre que cette voix était celle d'Alan Scampers. Il tenta d'avoir un ton neutre, mais la jeune fille l'entendait, cette espièglerie et cette gêne qu'il tentait de cacher. Adam posa enfin un regard sur son frère, restant à bonne distance de lui. Il essayait de rester impassible mais Lucy voyait ses poings serrés pour empêcher ses doigts de trembler. Elle tenta de chercher une réponse dans les yeux de Susan. La mère de Shannon lui retourna un regard désolé.

-Je veux des explications, exigea alors Adam, toujours en respect de son frère, une colère contenue dans la voix.

-Des sorcières m'ont suivies de façon peu discrète, railla alors Alan.

-Molly, précisa alors Susan. Elle est mauvaise en sortilèges de métamorphose corporelle et ne souhaitait pas en avoir l'usage.

-Je vais la tuer, marmonna Lucy avec humeur.

Un sourire retroussa les lèvres d'Alan - un sourire qui ressemblait beaucoup trop à celui d'Adam.

-Ça va être drôle, quand vous allez vous voir, parce qu'elle aussi elle aimerait bien te tuer. Euh. Lucy, je suppose ?

La préfète piqua un fard et hocha brièvement la tête. Adam passa une main troublée sur son visage et McGonagall parut presque compatissante.

-Molly. Et je ne te demande pas ce que Molly faisait là, Lucy ...

-Ce n'est pas elle, se dénonça Shannon d'une petite voix, alors que Lucy sentait son cœur dévaler sa poitrine. C'est moi qui aie envoyé une lettre à ma mère. Mais je ne pensais pas ...

-Oh par Merlin, fit Luke, qui se retenait visiblement de rire. Ça ne change rien à l'affaire. Weasley, tu as même fini par pervertir Finnigan.

-Ah oui parce que c'est toujours de ma faute ? ragea Lucy avec un regard noir pour son ami. Je suis la source de tous les maux de Poudlard ?

-Non, juste des notre.

-Weasley, Zabini ! cingla McGonagall, les ailes du nez frémissante. Il ne sert à rien de trouver un coupable, enfin ! Monsieur Scampers, nous avons tenté de joindre votre mère et votre sœur, qui sont toutes deux indisposées. Pardonnez-nous de cette scène, mais c'était soit votre frère, soit votre père.

Lucy retint une grimace et elle se rendit compte que tous se jetaient des regards gênés. Assurément, Alan ce n'était pas parfait, mais c'était mieux que le père Scampers.

-Maintenant, entonna-t-elle avec fermeté. Je sais que la situation est assez tendue, mais je vous demande à tous de prendre sur vous pour les prochaines minutes. Nous sommes ici pour discuter de ce que vos enfants ont fait.

-Ou frère.

-Ou frère, pardon Mr. Donovan.

Adam parut alors s'étrangler et Lucy sursauta, surprise. Elle dévisagea Alan, qui n'avait pas sourcillé, sa béquille et ses yeux un peu triste. Evidemment. Leur nom de famille venait de leur père. Si Alan était parti pour couper tout pont avec son passé, il était compréhensible qu'il ait abandonné le nom du père pour celui de sa mère. McGonagall promena ses yeux sur l'assemblée, les parents - et Alan - assis sur leurs chaise et leurs enfants à l'arrière - et Adam loin, à l'arrière.

-Vous êtes décidemment la bande la plus hétéroclite que je n'ai jamais croisé.

Un sourire s'étira malgré elle sur les lèvres de Lucy. Ça, ils étaient parfaitement au courant, tous autant qu'ils étaient.

-Ça pour être hétéroclite, ricana le père de Shannon. Je n'aurais jamais cru que ma fille s'associerait avec le fils de Lufoca Lovegood et Enoboria Selwyn.

-Zabini, rectifia la mère de Luke d'un ton glacial.

-Oui, je me doute bien, reprit McGonagall avec aplomb. Bref. Vos parents ont été mis au courant de ce dont vous m'avez parlé ce matin. Vous êtes parfaitement conscience d'être passé outre le règlement - ce qui extrêmement décevant pour des préfets et un préfet-en-chef ?

Lysander, Lucy et Luke baissèrent honteusement le nez. McGonagall prit un parchemin et redressa ses lunettes.

-Vol de matériel, introduction de substance interdites (elle jeta un regard pénétrant à Luna, qui avait fourni quelques ingrédients à Lysander lors de leur sortie à Pré-au-Lard). En confectionnant cet antidote, vous avez risqué vous vies - que ce serait-il passé si un de vos mélanges avait mal réagi ? - et vous avez risqué celle de Mr Potter. Et vous avez caché à l'administration des informations importantes pour l'enquête. Vous avez conscience que vous avez ainsi paralysé l'enquête officielle et fait obstruction à l'investigation des Aurors ?

Lucy jeta un regard peiné à Harry, qui était resté posté derrière la directrice. Mais il sourit doucement.

-Ce n'est pas toi qui va dire quelque chose, je suppose, devina alors Percy, qui voyait bien les sous-entendu du sourire de Harry. Tu as fait bien pire de ton temps à Poudlard. Le polynectar dans les toilettes de Mimi Geignarde, tu te rappelles ?

-Oh par Merlin Percy, ne me rappelle plus cet épisode.

-Dois-je vous rappeler, gronda la directrice à l'adresse des élèves, ignorant la discussion des deux hommes. Que rien que pour la mise en danger d'autrui je peux simplement vous renvoyer ?

Ils échangèrent des regards nerveux. Shannon se mordait la lèvre si fort que Lucy se demandait quand est-ce qu'elle allait se mettre à saigner et Luke portait fréquemment l'ongle de son pouce à ses lèvres. McGonagall les contempla d'un regard sévère derrière ses lunettes.

-Pourtant, je ne le ferais pas.

Lucy sentit un poids énorme s'envoler de ses épaules. Le soulagement était perceptible, si bien chez ses camarades que chez leurs parents. Seul Alan leva les yeux au ciel, désabusé.

-Vous avez un problème, Mr. Donovan ? cingla McGonagall, les paupières plissées.

Visiblement, la directrice et le frère d'Adam semblait déjà s'être appréhendé et Lucy remarqua avec amusement que qu'elle lui jetait le même genre de regard qu'elle pouvait jeter à James ou Louis. Et le sourire sarcastique qui s'étira sur les lèvres d'Alan fit tout comprendre à Lucy : Adam avait de l'espièglerie en lui. Son frère était pire.

-Rien, simplement qu'il n'y avait pas trop de suspens. Ils vous ont sauvé la mise, quand même.

-Ils ont enfreint le règlement et il y aura des sanctions, asséna la directrice avant de lever les yeux sur les concernés. Après vos examens - car vous avez tous BUSEs et ASPICs - vous écoperez tous d'une semaine de retenue.

Alan leva une nouvelle fois les yeux au ciel pendant les autres échangeaient des regards soulagés. Une semaine de retenue, ce n'était pas le renvoie, ils allaient survivre. Ils savaient ne pas en sortir indemne. Néanmoins, les parents de Luke levèrent sur leur fils des yeux glaciaux et le père de Shannon se tourna vers elle, une moue aux lèvres.

-Ma chérie, je fondais tellement d'espoir sur toi...

-Seamus, siffla Susan en fusillant son mari du regard. Je pense qu'on s'en sort bien avec Shannon.

-D'ailleurs, poursuivit McGonagall, la commissure des lèvres relevée. Il faudra que je vous touche un mot de Zephan ...

-Tu vois ! Tu nous as porté malheur !

Lucy vit les épaules de son père trembler et elle se demanda l'espace d'un instant s'il se retenait de rire - mais cela lui paraissait improbable. Alan dressa un sourcil.

-Et pour ce qui est des récompenses ?

Lucy ne sut si Adam voulait s'élancer sur son frère pour l'étrangler, pour s'il réprimait de toutes ses forces le sourire qui souhaitait s'imposer sur ses lèvres. Elle fut également surprise qu'aucune flamme ne sorte des narines de McGonagall.

-Des récompenses ?

-Ils vous ont sauvé la mise, rappela Alan avec un aplomb incroyable. Ils ont réussi là où toutes vos équipes échouaient. Ça mérite une récompense ?

-Mr. Donovan, entonna lentement la directrice. La seule chose dont je suis sûre actuellement, c'est que je suis très contente que ce soit vos frères, et non vous, qui soient nés sorciers.

-Et les écoles qui m'ont renvoyés pensent sans doute le contraire. Donc, cette récompense ?

Cette fois, malgré tous ses efforts, il s'échappa ce sourire sur les lèvres d'Adam. Il le fit aussitôt disparaître, mais Lucy l'avait perçu. Si les Zabini jaugèrent Alan avec froideur et outrance, les yeux de Luna et Seamus Finnigan pétillaient d'amusement. Même McGonagall, malgré une mine froissée, semblait contenir un sourire.

-Les frères se suivent et ne se ressemblent pas, marmonna-t-elle néanmoins.

-Comment pouvez-vous encore douter de cette affirmation, alors que vous m'avez eu après Charlie et que Fred et Georges m'ont suivi ? lui fit remarquer Percy.

Un rire se fit entendre derrière McGonagall mais il n'émanait pas de Harry. Il émanait du portrait d'Albus Dumbledore, qui regardait Percy avec une sorte d'émotion contenue.

-Cela, effectivement, approuva l'ancien directeur. Et je suis intimement persuadé qu'il n'y a rien de mieux que deux frères différents pour construire une relation riche.

-Une relation riche, répéta Adam à voix basse. Ça marche aussi pour l'absence de relation ?

Le sourire d'Alan se figea sur ses lèvres. Lucy fut tentée de lui jeter un regard peiné, mais elle comprenait l'amertume d'Adam. La tête de McGonagall se pencha doucement sur le coté et un sourire désabusé se forma sur ses lèvres. Elle fouilla dans ses parchemins et se leva pour montrer l'un d'entre eux au second portrait derrière elle, celui de Severus Rogue. Ses yeux sombres et froids détaillèrent le parchemin.

-C'est d'une propreté douteuse, commenta l'ancien directeur d'un ton détaché. Mais compte tenu de ce que vous m'aviez montré concernant le Sérum de Basilius décanté ... Qui a fait ça ?

-Ça quoi ? s'enquit Lysander.

La directrice retourna le parchemin en leur direction et Lucy reconnut les ratures et l'écriture de Louis. C'était la recette de l'antidote dictée par Shannon. Celle-ci rentra sa tête dans les épaules et Luke n'eut aucun scrupule à pointer son doigt sur elle.

-Avec Lysander, répliqua aussitôt Shannon avec un regard noir pour le Serpentard. On était deux sur cet antidote.

-C'est assez bon, dit alors Rogue. Les larmes du phénix ... Qui a eu l'idée ?

Lysander leva la main, avec une légère appréhension. Les yeux noirs de l'ancien directeur le dévisagèrent, se posèrent sur Luna, avant de se fixer à nouveau sur McGonagall.

-C'est extrêmement dur à manipuler, les larmes de Phénix. Et extrêmement difficile à trouver.

-Fumseck est resté dans la forêt. C'est lui qui a pleuré pour nous.

Le regard de Dumbledore parut légèrement s'embuer. Harry eut lui-même une réaction émue en passant une main sur son visage. Lysander sembla soudainement gêner et se dandina derrière sa mère.

-Fumseck, souffla Dumbledore avec un léger sourire. Tout ce temps et toujours aussi fidèle...

-Il serait capable de vous en fournir plus, Mr. Scamander ? s'enquit McGonagall d'une voix rauque.

-Je pense, évalua prudemment Lysander. Il faudrait que j'aille le voir ...

-Nous n'allons pas vous laissez aller seul dans la Forêt Interdite enfin, Scamander, se rabroua la directrice les yeux plissés.

-Sauf votre respect, je me passe de votre permission depuis ma troisième année.

Les yeux de McGonagall se firent perçant et Lucy ne sut comment Lysander faisait pour supporter ce regard. Les épaules de Luke se contractèrent si fort que la jeune fille était persuadée qu'il éclaterait à la prochaine situation cocasse.

-Je ferais comme si je n'avais pas entendu, cingla la directrice. Et reprenons. D'après Mrs. Londubat, l'antidote a l'air de parfaitement fonctionner. Mr. Potter se réveille et ne semble pas souffrir d'effet secondaire. Ne vous méprenez pas. Je reste contrariée et déçue de vos comportements à vous tous. En revanche je suis forcée d'admettre que ... vous avez de l'excellent travail.

Lucy réprima le sourire fier qui lui venait de spontanément aux lèvres.

-C'est Shannon et Lysander, en vérité, répliqua-t-elle avec un coup d'œil taquin pour ses amis. Nous on a eu touché à l'antidote.

Shannon lui renvoya un regard gêné, mais Lysander répondit par un sourire. La commissure des lèvres de la directrice se releva légèrement et elle tourna le visage vers les deux blonds.

-Comme l'a dit le professeur Rogue, c'est assez brillant, pour tout dire.

-Ce n'est pas ce que j'ai dit, protesta le portrait de l'ancien directeur.

-Oh Severus, s'amusa Dumbledore. Vous ne l'avez pas dit, mais nul doute que vous l'avez pensé.

Rogue eut l'air scandalisé par le sous-entendu et Lucy vit Albus Dumbledore et oncle Harry cacher de leur mieux leur hilarité.

-Au delà du simple antidote, reprit alors l'Auror avec un sourire. Vous avez eu des pistes vraiment intéressantes et judicieuses concernant l'enquête. Qui se chargeait de cela ?

-Luke, répondirent-ils tous en chœur avec précipitation.

Lucy réprima un soupir de soulagement. C'était le moment de faire briller son ami aux yeux de ses parents - s'ils y arrivaient assez bien, il n'y aurait peut-être pas de conséquences. Les yeux du préfet s'écarquillèrent et toute envie de rire sembla soudainement lui passer. Il leva les mains avec impuissance.

-Avec Scampers. Scampers m'a un peu aidé.

Adam se prit la tête entre les mains, dépité, et Lucy jeta un regard noir à Luke. Ils faisaient des efforts pour le mettre en lumière et lui gâchait tout ... Son sentiment d'agacement fut légitimé quand la mère de Luke se tourna vers son fils avec des yeux venimeux.

-Avec un né-moldu, hein ? siffla-t-elle à voix si basse que Lucy doutait que tout le monde entende.

Mais visiblement, Alan et Adam, de l'autre coté d'eux, avait parfaitement saisi les paroles d'Enoboria Zabini et s'accordèrent pour la fusiller du regard. Ils se retenaient apparemment de lui sauter à la gorge. Même McGonagall parut avoir compris la portée de l'échange entre la mère et le fils et plissa les yeux avec suspicion. Harry sourit avec tranquillité.

-Votre fils a fait un travail d'investigation remarquable avec Adam.

-C'est surtout lui, insista celui-ci avec un regard noir pour Luke. Moi je passais mon temps à réviser.

-Vous allez vous renvoyez la balle longtemps ? les interrompit sèchement McGonagall.

Vous n'y êtes pas, professeur. On essaie de sauver sa peau, songea Lucy avec amertume. La mâchoire de son meilleur ami était contracté par la contrariété et son regard était éloquent : il refusait leur pitié.

-Je pense, entonna Alan avec un sérieux surprenant. Qu'on devrait reparler récompense.

Cette fois, McGonagall ne le rabroua pas et se contenta de toiser les parents des Zabini avec une hostilité que Lucy sentait poindre.

-J'avoue avoir fait des calculs ce matin : à quel point ce que vous avez fait était stupide, à quel point c'était brillant ... Je refuse de hiérarchiser. Miss Weasley a certes monté cette opération, mais vous avez tous acceptés. Miss Finnigan et Monsieur Scamander sont certes ceux qui ont fait l'antidote, mais si vous n'avez pas volé les ingrédients - quelle idée encore ... - alors ils n'auraient pas réussi. Vous êtes tous impliqués jusqu'à cou. Je vous ai déjà annoncé que vous auriez tous une semaine de retenue et évidemment vous ferez perdre des points à votre Maison.

Lucy rentra la tête dans les épaules, attendant que le couperet tombe. La dernière fois qu'elle avait vu le Sablier dans le Hall, Serdaigle était à la lutte avec Gryffondor pour la première place. Qu'adviendrait-il lorsque McGonagall aurait retiré les points d'Adam et Lysander ? Et Serpentard, bon dernier, après les points perdus de Luke et Lucy ?

-Je veux que vous compreniez que ce que vous avez fait est grave, reprit la directrice avec sévérité. Dès que vous aviez eu des informations, vous auriez dû venir nous en parler. Vous vous êtes mis en danger et avez compromis l'enquête des Aurors. Jouer comme ça, dans votre coin ... Vous aviez vos raisons et nous les avons entendu. Simplement laissez-moi vous dire que cela ne se serait pas passé comme vous l'auriez pensé. Nous vous aurions écouté, bien sûr.

-D'autant plus que vos preuves sont assez solides, enchérit Harry. Vraiment, le travail d'enquête est remarquable.

Les joues de Luke rosirent et Lucy sentit des sentiments contradictoires lui ronger les entrailles. Entendre que McGonagall les auraient écouté - pour les photos, pour son innocence, pour la Potion trouvée dans la réserve - lui réchauffait le cœur mais la gênait également. Elle avait l'impression d'avoir fait cela pour rien et de n'être qu'une pauvre petite idiote qui avait voulu « jouer à Harry Potter ».

-C'est pour cela que je vous mets en retenue, et que je vous enlève des points. Bien sûr, et malgré la déception que vous m'inspirait tous ... Vos travaux, si bien l'enquête que l'antidote ... était proprement remarquables. Et effectivement cela mérite ... (elle lorgna Alan, qui lui sourit avec indolence) ... récompense.

Lucy sentit son cœur devenir plus léger et coula un regard sur les épaules de son père, tentant de deviner son humeur à leur tension. Que songeait-il de tout cela, à présent .... ? La directrice soupira profondément et entonna :

-Donc, après calculs, points retirés et points ajoutés ... Vous rapportez chacun 100 points à vos Maisons.

Ils échangèrent des regards ravis et troublés. Lucy n'aurait jamais cru, vu la réprobation manifeste de McGonagall, que la balance serait positive mais elle l'était. Elle se promit d'aller jeter un coup d'œil aux Sabliers, car avec les deux cents points que Luke et elle venaient de rapporter ... Il se pourrait que Serpentard prenne la tête. Et visiblement, l'Adam l'avait également compris car il poussa un infime soupir presque déçu. Un mince sourire retroussa les lèvres de la directrice.

-Ne vous en faites pas, Scampers, vous rattraperez tout avec la Finale de Quidditch.

-Certainement pas, répliqua Lucy sans réfléchir.

Cette fois, son père se retourna sur elle pour la darder d'un regard agacé. Lucy lui répondit par son plus joli sourire.

-Ma position reste la même sur le Quidditch, Lucy, grommela le Ministre.

-Ça tombe bien, la mienne aussi.

-Pas de sentiments, une belle chute de quinze mètres, coupe pour Serpentard, tout ça, résuma Luke avec un sourire cynique. Mais peut-être ne comprenez-vous pas, Monsieur Donovan ?

Lucy crut qu'Adam allait se jeter sur Luke pour l'étrangler, mais elle se contenta de jeter un regard inquiet sur ses parents. Sa mère eut l'air d'avoir avaler une potion particulièrement amère. Lucy en était à présent persuadé : son ami cherchait à faire enrager ses parents le plus que possible. Il n'y avait pas d'autres explications. Alan toisa Luke, l'air vaguement surpris.

-Non, ça va, Fred m'a expliqué.

-Fred ?!

Lucy dévisagea carrément le frère d'Adam, incrédule, avec l'envie de jeter Molly dans le Lac Noir sans procès. Alan eut un fin sourire.

-Molly considérait qu'il pourrait m'aider à mieux comprendre certaines choses.

-J'ai trouvé que c'était plutôt une bonne idée, intervint Susan Finnigan avec un sourire. Au fait, ils sont ici. A l'infirmerie.

Lucy écarquilla les yeux et se tourna vers la mère de Shannon, incrédule.

-Molly est ici ? Avec Fred ?

-Oh par Merlin, persiffla McGonagall avec humeur. S'il vous plait, taisez-vous Weasley. J'aimerais enfin achever cette discussion qui n'en finit plus. Et cessez de pouffer, Monsieur Donovan !

Alan sembla faire tous les efforts du monde pour cesser de rire et Lucy leva les yeux au ciel. La directrice les toisa tous de ses yeux sévères.

-Bien, je pense que nous en avons terminé. Mr. Potter m'a rapporté que ce qui se passe a été découvert et vous m'en voyez navrée. Faites-vous discrets plusieurs jours. Quand James Potter reviendra, je vous assure qu'on ne parlera de plus de vous. D'autant plus que les finales de Quidditch arrivent à grand pas.

-Merveilleux, grommela Adam.

-Et pour la suite ? s'enquit Luna, l'air songeuse. Il y avait deux autres garçons, non ?

Lucy sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. James ne serait pas le seul à revenir. Lionel et Alexandre aussi.

-La composition de la potion a été envoyée à Saint-Mangouste, leur apprit alors la directrice. Ils vont refaire des analyses et en fonction du résultat ...

-Refaire des analyses ? répéta Lysander, stupéfait. Mais on a tout fait comme il fallait, professeur !

-On l'a même testé sur Mushu, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse de plus ? enchérit Luke.

-Mushu ? lâcha Enoboria Zabini avec une telle froideur que Lucy sentit son sang se figer dans ses veines. Qu'est ce que c'est encore que cette bêtise, Luke ?

-Le chat de ma fille, rétorqua vertement Seamus Finnigan, avant de se tourner vers celle-ci. Tu as vraiment ... ?

Shannon hocha timidement la tête et un air peiné se peignit sur le visage de son père. Il prit doucement la main de sa fille. Un éclat de rire se fit entendre du coté d'Alan.

-Non sérieusement ? Tu as appelé ton chat comme le dragon dans Mulan ?

-Mr. Donovan ! le rabroua McGonagall avec un regard noir. Scamander, nous devons être prudent. Nous attendons également de voir comme l'antidote agit sur James Potter. Il n'a été administré qu'il a quelques heures ...

-Cela se comprend parfaitement, intervint alors - pour la première fois - Percy Weasley. Peut-être y-a-t-il encore manière à l'améliorer - et je dis cela avec tout le respect que j'ai pour votre travail, bien sûr. A votre âge, faire un antidote de cette complexité, c'est merveilleux.

-Merveilleux ? s'étonna Lysander, avant d'ajouter : Merci, Oncle Percy.

Shannon, elle, rougit comme une pivoine face au compliment fait par le Ministre de la Magie lui-même. McGonagall hocha la tête et lança :

-Je pense que nous en avons terminé. Vous êtes tous au courant des tenants et des aboutissants. Ce qui devait être récompensé l'a été - ce qui devait être puni l'a été également. Je pense que je pourrais vous libérer, à présent. Naturellement ... Nous sommes d'accord qu'à la moindre prochaine bêtise de ce genre, vous serez exclu ?

Ils hochèrent tous la tête avec contrition puis la directrice se leva et leur fit signe d'y aller.

-C'est bon, retournez en cours. Vous avez des examens importants à préparer. Quand à vous (elle toisa les parents). Veuillez m'excuser du dérangement et je vous remercie d'être venu si vite. Je vous souhaite une bonne fin de journée.

Enoboria Zabini fut la première à se lever. Son regard bleu était si froid qu'il glaçait quiconque le croisait. Elle fit un mouvement sec de la tête à l'adresse de Luke, qui perdit immédiatement toute superbe. Il s'engouffra dans les escaliers à la suite de sa mère, son père sur les talons, le dos raidi par l'appréhension. Personne n'osa bouger alors. Seul Alan se tourna vers la directrice.

-Vous allez faire quelque chose, j'espère ?

Lucy le fixa, estomaquée. Se pourrait-il qu'Alan, guidé par son expérience, avait compris de quoi il en retournait ? Elle contempla les autres parents et vit leur peine et leur gêne dans leurs yeux.

-Parce que je ne pense pas que sa mère soit partie le féliciter, là, insista Alan.

-Il a raison, intervint alors Seamus Finnigan. Enoboria était violente, quand elle était à Poudlard. Vous vous souvenez du règne des Carrow ? Une cinquième année et j'avais l'impression qu'elle était leur principale lieutenante !

-Je n'ai jamais fait attention à elle, intervint alors Harry avec un froncement de sourcil.

Seamus haussa les épaules. Ses mains s'étaient contractées sur ses genoux et sa femme et sa fille lui jetèrent un regard inquiet.

-Elle était très discrète. Une travailleuse de l'ombre. Tu te concentrais sur les grandes gueules de Malefoy ou Parkinson, mais elle ... Elle s'est un peu découvert, en septième année, mais tu n'étais pas là pour voir. Elle était ... effrayante. Elle te regardait et j'avais l'impression qu'elle lisait dans tes pensées. Je peux t'assurer qu'elle adorait les cours des Carrow ... Comment il s'appelait, déjà ?

-Est-ce utile d'en parler devant les enfants ? s'enquit alors Luna en se levant.

Son regard brillait d'un éclat étrange et elle porta machinalement une main à son poignet droit. Lucy avait déjà aperçu quelques cicatrices sur le corps de sa tante par alliance, mais les avait imputé à son métier avec les créatures magiques. Et si elles étaient des blessures bien plus profondes que cela ?

Mais cette discussion sur Enoboria Zabini lui remuait les entrailles. Depuis qu'elle connaissait Luke, elle avait toujours cru que c'était avec son père qu'il avait un problème. Mais cette convocation ... comment elle avait réagi ... comment le père de Shannon réagissait avec elle ... Ce n'était pas Blaise Zabini, le problème. C'était Enoboria.

Lucy sentit la rage bouillonnait en elle. Elle n'avait pas imaginé l'aversion que Luke portait à son père. Alors lui avait-il fait croire qu'il était le problème pour l'éloigner de la vérité ? Lui faisait-il si peu confiance ? Malgré elle, elle jeta un coup d'œil à Adam. Il la regardait aussi, et à son plus grand soulagement, elle n'y vit pas de la rage contre elle à cause de ce qui s'était passé avec Alan. Seulement de l'inquiétude.

Il fallait qu'elle sache.

-Je pense qu'on devrait essayer de le rattraper, proposa-t-elle résolument. Et ... d'aller lui faire réviser ses BUSEs.

-Excellente idée, Weasley, approuva McGonagall avec un soupir. Allez-y.

-Je t'accompagne, proposa immédiatement Adam.

-Non, Scampers, vous, vous restez ici. J'ai encore à parler, à vous et votre frère.

Adam renvoyé à la directrice un regard déboussolé et Lucy sentit son cœur faire une embardée dans sa poitrine. A nouveau, leurs yeux se croisèrent et la jeune sut qu'ils pensaient à la même chose.

Gethin.

Lucy tenta de lui faire passer toute son assurance. Elle avait toujours été pour qu'Adam parle de Gethin à McGonagall : de son point de vu, c'était la meilleure façon de le protéger. Mais c'était à lui de prendre cette décision. Pas Adam. Gethin. Une chaise racla à terre et Percy Weasley se leva, le dos droit, le menton relevé.

-Je vais accompagner Lucy. De toute manière, je dois parler aux Zabini de ce qui se passe en ce moment au Ministère de la Justice ...

-La loi d'Amnistie ? devina alors Lysander, lâchant cela sans réellement réfléchir.

Lucy le fusilla du regard et Percy soupira.

-Décidemment, vous avez fouillé partout. Mais oui, c'est cela. Elle est en train d'être débattue. Vous ne devriez pas y aller d'ailleurs, Susan ?

-De ce pas, Monsieur le Ministre. Juste le temps de coincer mon cadet - je ne suis pas sûre que Seamus ait la trempe pour le punir.

-Susie ! se scandalisa son mari avec un regard vexé.

Shannon eut un vague sourire entendu. Percy hocha la tête et prit congé de la directrice avant de poser la main sur l'épaule de Lucy et de la pousser vers la sortie. La jeune fille se laissa mener, et eut juste le temps d'entendre Severus Rogue soupirer :

-Encore une fois, des Weasley ...

-Taisez-vous, Severus.

***

-Tu comptes faire quoi ? Me priver de sortie, m'empêcher d'aller en Roumanie ?

Percy Weasley soupira profondément. Ils s'étaient extrait de la gargouille et avançait dans le couloir avec vitalité. Le Ministre allongea le pas.

-On parlera de ça plus tard. Je ne pensais pas qu'ils avaient pris tant d'avance, comment on va ... ?

-Oh ... Attends, j'ai une idée.

Lucy fouilla les poches de sa cape. Ses doigts effleurèrent le parchemins, indécis. Elle jeta un regard troublé à son père, qui la lorgnait avec suspicion. Il finit par soupirer :

-Vas-y, je ferais comme si je n'avais rien vu.

Sa fille lui renvoya un sourire ravi et sortit la Carte de sa poche pour la déplier. C'était elle qui l'avait dans les mains quand Oncle Harry était arrivé et elle s'était empressée de la cacher dans sa cape. Les yeux de Percy roulèrent dans leurs orbites.

-Vous me prenez franchement pour un imbécile. Tu crois vraiment que je n'ai jamais vu Fred et George s'en servir ? Donne-moi ça !

Il prit le parchemin des mains de Lucy, et y plaqua sa baguette. Il récita la formule rituelle sans sourcilier, à la plus grande stupeur de sa fille.

-Je ne savais même pas qu'elle avait été à oncle George, s'étonna-t-elle alors que son père fouillait la carte. Je pensais qu'elle avait été faite par le père de Harry, puis ...

-Elle a été confisqué et Fred et George l'ont trouvées et donnée à Harry ensuite, expliqua succinctement Percy. Les idiots, ils pensaient que je ne voyais rien ... Je ne disais rien, plutôt. Qu'est ce qui se serait passé si mes parents avaient su ...

-Grand-père n'aurait rien dit ...

-Oh détrompe-toi, ma chérie. Premier principe de ton grand-père : ne te fie pas à un objet si tu ne peux pas voir où se trouve son cerveau. (Il secoua la carte avec un sourire). Tu le vois, là ?

-Non, admit Lucy avec un certain malaise. En revanche, je vois que les Zabini ...

Percy consulta la carte et Lucy le vit hocher la tête. Ils accélérèrent le pas et le Ministre surprit une fois de lui sa fille en la faisant passer par des passages secrets - que parfois elle-même ne soupçonnait pas.

-Ne me regarde pas comme ça, s'agaça-t-il alors qu'il refermait le tableau d'une vieille sorcière devant un chaudron derrière lequel ils étaient passés. Quand tu es préfet, tu dois connaître toutes les techniques, avoir tout les bons tuyaux, c'est parfaitement normal. Sinon, comment veux-tu faire régner l'ordre ?

-Avoue que tu t'en servais aussi pour aller embrasser ma prof de potion dans les couloirs, railla méchamment Lucy.

-Par pitié, soupira-t-il, le coin des lèvres frémissant. Ne parle pas de ça à ta mère.

Lucy eut un sourire mutin et suivit son père dans les corridors. Elle savait que son père, plus que tout autre, était parfaitement au courant de leur enquête et de tout qu'ils avaient découvert - peut-être était-ce pour cela qu'il était venu, plus que pour elle. C'était pour cela qu'elle s'était permis cette blague - gratuite, certes, mais qui permettait s'évacuer la tension. Percy jeta un nouveau coup d'œil sur la carte et s'immobilisa.

-Ils ne sont pas loin, chuchota-t-il alors. De l'autre coté de ce couloir. Il ne faudrait pas qu'on ait l'air de les pister ...

-On fait semblant de se disputer, proposa Lucy avec un autre sourire. Ça ne devrait pas être trop compliqué ...

-Ne me tente pas, Lucy.

Les yeux de la jeune fille roulèrent dans leurs orbites. Elle prit la carte des mains de son père, marmonna « méfait accompli » avec la pointe de sa baguette et la rangea dans sa cape. Puis elle sourit et haussa la voix :

-J'ai quand même sauvé James. C'est ce qui compte, non ?

Percy lui jeta un regard dérouté, avant de comprendre. La commissure de ses lèvres se releva quand il entonna :

-Je ne dirais pas que ça compte pas, mais tu fais tout de travers, en ce moment, Lucy. (il reprit sa marche en avant, vers le couloir où ils avaient localisés les Zabini). Franchement, tu as pensé à tes BUSEs ?

Lucy leva les yeux. Les silhouettes des Zabini se devinaient au loin, mais elle s'efforça de ne pas trop les détailler pour répliquer :

-Et toi tu ne penses qu'à ça ! Si je ne faisais rien avec les informations que j'avais ...

-Que tu as caché ! Pourquoi tu n'en as pas parlé, Lucy ? Ça aurait été la chose la plus raisonnable à faire ...

-Pour qu'on me mette tout sur le dos et qu'on me croit coupable ?

Le regard de Percy s'adoucit légèrement. Lucy savait que c'était une dispute factice, mais leurs mots ressemblaient tellement à ce qu'ils aurait pu dire qu'elle en était troublée.

-Franchement, Lucy, reprit le Ministre avec une douceur qui n'était ni factice, ni coutumière. Tu crois vraiment que je t'aurais considérée comme coupable ?

Lucy ouvrit légèrement la bouche, sa répartie la fuyant soudainement. Avant qu'elle n'ait pu réfléchir à une réponse décente, son père secoua la tête et leva les yeux sur le couloir. Son visage se crispa, pourtant ce fut d'une voix pleine de cordialité et de surprise qu'il s'exclama :

-Ah, Zabini ! Vous êtes partis beaucoup trop vite, je n'ai pas eu le temps de vous dire que je devais m'entretenir de certaines choses avec vous.

-Vous me cherchiez, Monsieur le Ministre ? murmura le père de Luke.

Lucy sentit son sang se glacer dans ses veines quand le regard polaire d'Enoboria se posa sur elle. Les yeux de la jeune fille passèrent furtivement sur Luke, appuyé sur le mur, l'air trop digne pour être net.

-Absolument pas, mentit Percy avec un air étonné. J'emmenais Lucy à l'infirmerie, mon aînée nous y attend.

Lucy fit des efforts colossaux pour ne rien laisser paraître. Certes, la capacité de son père à mentir l'impressionnait - mais ils auraient peut-être dû s'accorder avant. Car Molly, ça changeait tout, et elle n'était plus si sûre de vouloir descendre.

-Mais puisque je tombe sur vous ... Puis-je m'entretenir de quelques sujets importants ? Lucy ma chérie, tu connais sans doute le chemin ...

-Bien sûr, s'empressa de répondre sa fille.

Le regard d'Enoboria Zabini ne laissa rien transparaitre, pourtant Lucy fut certaine qu'une ombre était passée sur son visage.

-Mais bien évidemment, Monsieur le Ministre, déclara-t-elle avec aplomb. Luke, si tu veux bien nous attendre ...

-A vrai dire, je comptais sur Luke pour accompagner Lucy, enchérit alors Percy d'un air innocent. Par les temps qui courent, je ne préfère pas laisser ma fille seule dans les couloirs ... De toute manière, nous risquons d'en avoir pour un moment. Ça concerne les commissions qui auront lieu une fois que la Loi d'Amnistie sera votée.

-Elle le sera ? s'enquit alors Luke d'une voix beaucoup trop rauque.

Lucy sentit son cœur s'emballer quand son regard sombre se posa sur elle. Elle ne sut rien déchiffrer, et cela l'angoissait d'avantage. Percy eut l'ombre d'un sourire.

-Il y a de grande chance pour la Loi soit votée, mais comme vous avez dû le découvrir - il faudra que l'on reparle de cela également, Lucy - ce sera du cas par cas avec des commissions pour chaque personne touchée par les régimes spéciaux.

-En toute impartialité, je suis sûre, répliqua sèchement Enoboria.

Percy hocha la tête, comme si cela allait de soi et invita les Zabini à le suivre. Lucy tenta de ne pas lui sauter au cou quand il passa devant elle avec un sourire rassurant. Elle se retrouva rapidement seule dans le couloir avec Luke et attendit que les pas de leurs parents s'éloignent pour s'approcher de lui, un air innocent peint sur le visage.

-Alors, on va voir ma sœur ? Tu vas t'éclater, il paraît qu'elle veut me tuer, vous pourrez vous mettre à deux sur moi.

-Oh, la ferme Weasley. Je crois qu'il n'y a que mon imbécile de père qui n'a pas compris cette mascarade.

-Grillée, admit Lucy avec un sourire coupable. Il n'empêche que si on veut que la mascarade continue, il faut aller à l'infirmerie.

Luke lui jeta un regard noir. Maintenant qu'elle était face à lui, elle remarquait son teint blême et la lueur brisée dans ses yeux. Qu'avait-il pu se passer en si peu de temps ?

-Luke ...

-Weasley, non, refusa-t-il immédiatement en se redressant. On y va.

Lucy hocha tristement la tête, reconnaissant l'air buté sur le visage de son ami. Ils se mirent en route et la jeune fille se promit d'aller chercher Eléonore dès que possible. Mais il marchait lentement, comme s'il avait du mal à prendre son souffle. Sa tête se balançait et il ne cessait de passer une main sur son visage.

-Luke ...

-Ça va, Weasley.

-Non, ça ne va pas. Tu veux qu'on s'arrête, que ...

-Ça va !

Mais visiblement, ça n'allait pas. Son visage continuait de pâlir au fil des pas et il finit même par trébucher. Lucy lui rattrapa le bras in extremis, le cœur au bord des lèvres.

-Sinon ça va, siffla-t-elle alors qu'elle sentait Luke trop faible pour se dégager. Sinon, non, tu n'as aucun problème ...

-Weasley ... S'il te plait ...

Lucy remarqua alors que, loin de se dégager, il s'appuyait légèrement sur elle, comme si ses jambes ne pouvaient plus le soutenir. La jeune fille ravala ses commentaires et l'inquiétude lui serra le cœur. Elle passa un bras sur sa taille pour le soutenir et elle fut consternée de voir qu'il ne protesta pas le moins du monde. Elle n'y tenait plus.

-Luke ... Qu'est-ce qui s'est passé ? Et ne me dit pas rien !

Elle lui jeta un bref coup d'œil. Son teint était toujours blafard et il semblait respirer avec difficulté. Ses yeux étaient fixés sur un point à l'horizon, sans doute pour s'éviter de vaciller.

-Je pourrais te dire ... quand on sera au calme ?

-D'accord, accepta-t-elle à regret. L'infirmerie, ça te va donc ?

Luke hocha la tête avec lenteur. Lucy tenta d'allonger le pas - son ami commençait à s'appuyer de plus en plus sur elle et son poids se faisait sentir - mais Luke avait visiblement du mal à retrouver sa vitalité. Ils descendirent les escaliers avec difficultés et Lucy crut que son cœur allait s'arrêter de battre quand la pointe de son pied se posa sur la marche piégée. Finalement, quand le couloir de l'infirmerie fut en vue, Luke était si affalé sur Lucy qu'elle-même ne tenait plus franchement sur ses jambes et menaçait de s'effondrer. Elle leva le regard sur la porte et vit trois personnes en faction devant, dont une qui bondit sur ses pieds, le regard aussi flamboyant que ses cheveux.

-Molly ! gronda Lucy d'une voix sourde. Si tu veux m'engueuler, attends un peu et viens m'aider !

Ce ne fut pas Molly qui se précipita vers elle, mais Fred, qui prit résolument le bras de Luke pour le passer derrière sa nuque et l'enlaça.

-Qu'est-ce qui s'est passé, cette fois ? s'étonna la dernière personne présente, à savoir Gethin Scampers.

-Ouvre, on en discute après !

Gethin s'exécuta et lui et Molly tinrent les portes de l'infirmerie alors que Fred, Lucy et Luke s'y engouffraient. Une certaine agitation régnait dans la pièce et la préfète comprit pourquoi quand sa tante Ginny sortit des rideaux qui dissimulaient James, le feu dans les yeux.

-Fred ! Je pensais t'avoir dit de ... Oh Par Merlin qu'est-ce qui se passe encore ?!

-Ginny ! la réprimanda Hannah en la suivant. James se repose, baisse d'un ton !

Le visage de la femme de Harry Potter se colora de la même couleur que ses cheveux. Hannah se précipita vers Luke, qui s'était affalé sur le lit en se prenant la tête entre les mains, le souffle court. Elle le força à s'allonger, posa une main sur son front, et ses poignets.

-Luke Zabini, soupira-t-elle avec un regard pour Ginny. Oui, il fallait s'en douter ...

Elle palpa le visage du préfet, malgré les maigres efforts de celui-ci pour le repousser.

-Lucy peut rester, évalua-t-elle alors. Le reste sort.

Molly et Gethin ouvrirent la bouche pour protester mais la décision d'Hannah était sans appel et ce fut Ginny Potter en personne qui les mit dehors. Avant qu'ils ne passent la porte, Lucy réussit à retenir Gethin et à lui glisser à l'oreille :

-Tes frères sont chez McGonagall.

Elle n'en n'ajouta pas d'avantage et le regard profond et déterminé que Gethin lui jeta lui donna raison. La présence d'Alan n'avait pas l'air de le surprendre - peut-être en parlait-il avec Molly ? - et il devait deviner quelle était la teneur de l'entretien de ses frères avec la directrice. Avant de décamper, il prit Lucy dans ses bras et la jeune fille put constater à quel point il avait grandi. Il lui arrivait à peine en dessous du menton et elle ne doutait qu'il ne la rattrape l'an prochain.

-Merci Lucy.

C'était soufflé, à peine murmuré, mais Lucy l'entendit. C'était étrange, mais entendre ça lui donna les larmes aux yeux et elle serra le petit frère d'Adam contre elle. Depuis ce matin, c'était la première personne qui la remerciait pour ce qu'elle avait fait, sans lui crier dessus, sans ironiser, sans lui dire qu'elle était inconsciente, sans lui jeter des regards vexés. Finalement, Gethin finir par s'arracher et par suivre Fred à l'extérieur. Molly fut la dernière à sortir, les yeux plissés.

-J'en ai pas fini avec toi, la prévint-t-elle avant de suivre les garçons.

-Lucy ma grande, va me chercher la Potion de Force sur l'étagère là-bas, demanda alors Hannah en pointant distraitement le doigt vers un coin de l'infirmerie. La fiole orange. Et Ginny donne-moi le chocolat qui est sur la table de nuit de James.

-Ça a des vertus thérapeutiques le chocolat ? s'étonna-t-elle alors que Lucy se précipitait vers les étagères.

-Non, mais ça fait toujours du bien au moral.

Lucy finit par trouver la fiole orange dont lui parlait Hannah et la saisit avec précipitation. Son cœur battait la chamade. Elle voulait savoir ce qui se passait dans la vie de son meilleur ami, définitivement. Elle tendit la fiole à l'infirmière, qui la versa dans un verre avant de la donner à Luke. Le jeune homme se redressa infiniment mais repoussa le verre de la main. Hannah claqua la langue, agacé.

-Tu vas arrêter de faire ton coq fier, jeune homme, tança-t-elle avec humeur. Allez, bois avant que je ne te fasse avaler ça par la force ! Et après tu vas nous raconter ce qui s'est passée - tu nous crois toutes stupides, ou non ?

Luke dévisagea l'infirmière avec des yeux éberlués. Un mince sourire s'étira avec difficulté sur ses lèvres.

-Un peu ?

-L'arrogance de son père, soupira Ginny en secouant la tête. Hannah je te le laisse - excuse-moi jeune homme, mais ton père et moi on ne s'aimait pas franchement à l'école. Lucy ? J'ai deux mots à te dire.

-Ça ne peut pas attendre ? gémit la jeune fille, autant par désir de rester avec son ami que par souci d'éviter une confrontation avec sa tante.

Car à bien des égards, Ginny était la plus effrayante de toute - sauf peut-être Fleur, l'unique qui avait réussi à faire pleurer James en le grondant, ce qui restait un exploit à ce jour. Son regard était animé de la même lueur qui flambait dans les yeux de Mamy Weasley. Mais elle désigna sèchement le coin qui dissimulait James et Lucy la suivit, la mort dans l'âme. Son moral remonta quand elle vit son cousin dans son lit, ronflant toujours allégrement, en position fœtale. Quelqu'un - tante Ginny sans doute - lui avait coupé les cheveux et avait vainement tenté de les dompter.

-Comment il va ? ne put s'empêcher de demander Lucy.

-Il est dans le gaz. Il se réveille de temps à autre sans trop rien reconnaître et en marmonnant des choses étranges, mais c'est normal, selon Hannah. Il lui faut le temps d'émerger.

Malgré le visage impassible qu'elle abordait, Lucy entendit l'infime tremblement dans la voix de sa tante. Elle passa une main sur le visage de son fils avec une infinie douceur, avant de se tourner vers Lucy.

-Qu'on soit clairs, jeune fille. Je n'approuve pas la moitié de ce que tu as fait - seulement la moitié, parce que l'autre j'aurais sans doute fait pareil, à ton âge. Et avec tout ce qui s'est passé cette année, je suis franchement tentée de te secouer comme un prunier, mais je vais laisser ce loisir à ton père.

Lucy rentra la tête dans les épaules. Le regard de Ginny était à nouveau devenu inflexible.

-Pour autant ... Je te remercie de l'avoir fait.

Et sur ce, malgré son air réprobateur et ses yeux durs, elle l'enlaça doucement. Cette fois, Lucy se sentit craquer. Ginny sentait le Terrier, la douceur de vie, la course de longue haleine sur un balai. Elle sentait chez elle. La Weasley, tout ce qu'était Lucy. Les larmes dévalèrent sur ses joues sans qu'elle ne puisse l'arrêter et elle se laissa aller contre sa tante, qui raffermit sa prise sur elle.

-Chut ... Doucement Lucy, c'est fini, la rassura-t-elle en caressant ses cheveux. C'est fini ma belle, calme-toi, tu as réussi ...

-Je n'ai rien réussi du tout, hoqueta Lucy, la gorge serrée. C'est Shannon et Lysander qui ont fait l'antidote. Moi j'ai juste ... j'en ai juste fait qu'à ma tête. A me mettre tout le monde à dos. Molly et papa attendent juste que les choses se tassent pour me sauter à la gorge - comme la moitié de la famille ... J'ai voulu faire retrouver son frère à Adam et il doit sans doute me détester maintenant pour ça, d'avoir fait ça dans ton dos, sans le consulter. J'ai ... j'ai juste réussi à entrainer Luke dans un complot qui risque de lui faire passer le pire été de sa vie. Je n'aurais pas dû, j'aurais dû penser qu'il ... Que la directrice elle ... elle appellerait ses parents. Que ça aurait des conséquences, je sais que ça se passe mal chez lui, mais je ne sais pas ce qui se passe, j'ai ... juste réussi à le mettre en danger.

Un sanglot lui échappa. Elle ne sut pourquoi elle racontait tout cela - ni pourquoi elle le racontait à Ginny. Elles n'avaient jamais été particulièrement proche - sa tante l'était plus de Rose, ou même de Roxanne. Tout ce qu'elle savait, c'était que ses mots avaient besoin de sortir. Ginny ne disait pas un mot, se contentant de caresser ses cheveux, avec des gestes lents, doux et apaisants, attendant que sa nièce ait fini de vider son sac. Lucy prit une grande respiration.

-Je ... je suis juste fatiguée, acheva-t-elle alors. Je ... je viens de passer une nuit blanche, je jongles sur plein de front depuis les vacances - la Potion, le Quidditch, les BUSEs - J'en ai marre, je veux juste ... rentrer à la maison.

Mais elle n'avait même plus de maison. Ce qu'elle avait, c'était un grand manoir sinistre dissimulait au cœur de Londres et qui servait de résidence à la famille du Ministre. Ce n'était pas un lieu dans lequel elle souhaitait aller. Elle avait envie du Terrier. Cette constatation fit redoubler ses pleurs et Ginny la prit à bout de bras. Elle sécha une larme sur le visage de sa nièce et repoussa une mèche qui s'était collée à sa joue.

-Tout cela, ça va s'alléger. Tu n'aurais plus à penser à la Potion. Ni à l'enquête. Harry se chargera de tout et si tu as le moindre problème, tu sais que tu peux lui faire confiance et aller lui en parler. Et le Quidditch ... Oh Lucy, je sais que ça peut paraître important, j'étais comme toi à ton âge, je vivais pour le Quidditch. Mais n'oublie pas que ... ce n'est qu'un sport, d'accord ? Le jour où le Quidditch devient plus une pression qu'une passion, c'est qu'il est temps d'arrêter. Alors voilà ce que je te conseille : concentre-toi sur tes BUSEs, d'accord ? Je sais que c'est déjà une pression en soit, mais évacue tout cela en jouant. C'est un équilibre à trouver.

Lucy hocha mollement la tête et essuya les larmes d'un revers de main. Ginny lui tendit un mouchoir qu'elle accepta pour enfuir son nez dedans et y souffler comme une trompette. Cela arracha un sourire à sa tante.

-Tu te mouches comme ton père - et comme Grand-père, aussi, une vraie fanfare ! Ne t'inquiète pas pour eux. Je sais que, malgré ce que tu laisses penser, ton père t'intimide - le grand Percy Weasley très humble et très sérieux. Mais ce n'est qu'une façade. Il est venu plusieurs fois me voir, depuis que James ... (sa voix se brisa et elle secoua la tête). Il s'inquiétait pour toi, Lucy. Enormément. Il aurait voulu t'envoyer plus de lettre mais il ne savait pas quoi écrire. Il est juste un peu maladroit. Alors quand il viendra te voir ... Ne monte pas sur tes grands chevaux, d'accord ? Laisse-le parler. Ce ne sera pas si terrible que tu ne le crois. Quant à Molly, elle est mignonne et j'adore sa nouvelle amie - elle nous l'a présenté la semaine dernière, une fille charmante - mais ce n'est pas à elle de te faire des réprimandes, d'accord ?

Lucy opina du chez et gratifia sa tante d'un sourire mouillé, mais reconnaissant. Ginny le lui renvoya et l'embrassa sur le front. La porte de l'infirmerie s'ouvrit alors à la volée et la plus jeune des Weasley s'arracha à sa nièce pour retourner en furie vers l'infirmerie.

-Fred, j'espère que cette fois ce n'est ... Oh Percy !

Lucy sentit son cœur manquer un battement et émergea doucement des rideaux pour voir son père dans l'encadrement de porte. Il n'était pas seul. Eléonore Zabini l'accompagnait, et elle se précipita sur son frère dès qu'elle le vit dans le lit. Lucy vit d'ici ses yeux se charger de larme et de fureur.

-En plein Poudlard, cracha-t-elle en prenant les mains de son frère. En plein Poudlard cette vieille harpie ...

-Norie, la supplia Luke d'une voix encore faiblarde.

-Non ! Franchement, là elle dépasse les bornes ! Ce que tu as fait c'était quelque chose de bien, de juste ! Quelque chose qui redore le blason des Zabini au lieu de le souiller comme elle le fait ! Pourquoi elle voulait ... qu'est-ce que ... ?

La voix s'Eléonore fut réduite à un filet de voix alors qu'elle levait le regard sur Percy, qui les contemplait avec des yeux sombres.

-Désolée, Monsieur le Ministre, bredouilla-t-elle avec contrition. Je ... Je me suis laissée emportée, je crois ...

-Il n'y a pas de problème, Miss, l'excusa Percy avec délicatesse.

Il prit une chaise et s'assit aux cotés de Luke. Lucy ne bougea pas d'un pouce, figée par le regard grave que son père adressait à son meilleur ami.

-Maintenant, nous allons parler en toute franchise, Luke. Il n'y a personne dans cette infirmerie, si ce n'est mon neveu endormi et l'infirmière dont je veux qu'elle entende ce que vous avez à nous dire.

-Qu'est-ce qui vous dit que j'ai quelque chose à dire ? répliqua Luke.

-Oh tu vas t'adresser au Ministre sur un autre ton, jeune homme ! s'indigna Hannah avec un regard assassin. Et cessez de nous prendre pour des idiots, je suis infirmière et pas aveugle : à chaque retour de vacance je te retrouve dans le même état : faiblesse, esprit perdu, manque de sommeil flagrant ... Tu crois que je n'ai pas remarqué que c'était pour toi qu'Henry Llod venait chercher des Potions de Force à chaque début de trimestre ? Maintenant il est temps d'arrêter de nous prendre pour des imbéciles. Si tu veux que ça s'améliore, il faut nous en parler.

-Si vous voulez que Lucy et ma sœur sortent, je pense qu'elles y consentiront, ajouta Percy avec bienveillance. Mais il vous faut nous parler de ce qui se passe chez vous - de ce qui s'est passé dans le couloir. Ça ne sortira pas de cette pièce.

Le regard de Luke passa de Hannah à Percy, et Lucy vit vaciller la résolution dans ses yeux. Eléonore lui pressa la main.

-Ils ont raison, Luke.

-Mais, protesta-t-il néanmoins. Ce ... Ce n'est rien ...

-Si, c'est quelque chose.

Lucy n'aurait pas voulu intervenir, mais pourtant, les mots s'échappèrent de sa bouche sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Le regard de la pièce se tourna vers elle et à sa plus grande horreur, elle sentit les larmes lui remonter aux yeux. Elle les chassa d'un battement de cil. Luke posa les yeux sur elle et elle soutint son regard sombre. Il était épuisé, tiraillé. Finalement, après une minute de silence insoutenable, il lâcha du bout des lèvres, sans quitter Lucy du regard :

-Ma mère est une legitimens.

Lucy fronça les sourcils sans comprendre. En revanche, Percy hocha la tête l'air compréhensif et Hannah lui fit des gros yeux.

-Et ... elle force ton esprit, c'est ça ?

Luke hocha laconiquement la tête et détourna les yeux de Lucy. Eléonore serra un peu plus les doigts de son frère. Ses yeux brillaient.

-Elle est assez douée, continua Eléonore, la voix brisée. Avec moi ça va ... Je la laissais effleurer mon esprit, voir ce qu'elle voulait voir. Quand je sentais son esprit effleurer le mien ... Je pensais souvent à mes cours ou à Marcus. Au Quidditch, à la limite. Elle était satisfaite et me laissait tranquille.

-Je ne suis pas aussi tranquille que Norie, ricana amèrement Luke. Je ne supportais le moindre effleurement, de sentir sa présence. Alors je résistais. Si je résistais, elle partait du principe que je lui cachais quelque chose et ... elle forçait.

-En même temps tu l'as toujours cherché, répliqua Eléonore avant de se tourner vers Hannah. Luke n'a jamais su faire profil bas ... Il fallait toujours qu'il trouve le moyen de faire enrager nos parents. Ça a empiré, quand il est entré à Poudlard.

Son regard passa brièvement sur Lucy avant de retourner sur Hannah. Lucy sentit ses doigts se crisper sur les rideaux, et son cœur montait à ses lèvres.

-C'est grave ? demanda-t-elle timidement. Quand on force ton esprit ?

-Lucy, entonna doucement Ginny en la prenant doucement par l'épaule. Ça a des impacts physiques, quand on force ton esprit. Ça te demande beaucoup de force de résister, je pense ... (elle leva son regard brun sur Luke). Je suppose que ça explique ta faiblesse, non ?

Luke haussa les épaules.

-Je vous avais dit, c'était rien.

-Rien ? répéta Percy d'une voix sourde. Enfin Luke ... La violation de l'esprit, ce n'est pas rien et si ça n'en tenait qu'à moi, la légitimentie serait strictement encadrée pour éviter des abus de ce genre. Forcer l'esprit de quelqu'un, ça peut finir par le briser psychologiquement. Si à chaque vacance elle te fait subir ce traitement ... Par Merlin, Luke. Ça prouve que tu as une grande force mentale, pour avoir tenu jusque là.

Luke rougit jusque la racine des cheveux et jeta un regard incertain au Ministre. Lucy sentit son cœur se gonfler de reconnaissance pour son père.

-Bien ..., entonna alors son père. Entamer une procédure serait longue, mais ...

-Une procédure pour quoi ? s'enquit brusquement Luke. Pour que vous me retiriez de chez moi ?

Les sourcils de Percy se haussèrent devant le ton ouvertement hostile du préfet.

-Pourquoi pas ? Ça t'éviterait à subir tout cela vacance après vacance, tu pourrais ...

-Je ne veux pas de votre pitié.

-Luke ! sifflèrent Lucy et Eléonore en même temps.

Cette dernière agrémenta sa remarque d'une tape derrière la tête. Ses yeux flamboyaient quand elle se tourna vers Percy.

-Ecoutez Monsieur le Ministre ... Je vous remercie de votre proposition, elle nous touche. Mais comme vous le dites, une procédure serait beaucoup trop longue. En avril prochain, Luke aura dix-sept ans. Je pense que ... (ils échangèrent un bref regard). Oui, on peut tenir jusque là.

-Vous ne voulez même pas que l'on interfère ? s'étonna Ginny, les yeux écarquillés. Que j'aille rappeler à Zabini à quel point je jette bien les sortilèges de Chauve-Furie ?

-Ginny, ne t'en mêle pas, répliqua Percy en levant les yeux au ciel. Néanmoins, je suis d'accord sur le fait qu'on puisse prévenir vos parents que s'ils se passent quoique soit ... La loi d'Amnistie ne s'appliquera pas à eux. Un des critères est une exemplarité irréprochable du point de vue de la citoyenneté.

-Vous êtes gentil, reprit Eléonore avec un sourire amer. Mais qu'est-ce qui se passera pour nous si nos parents savent qu'on vous a parlé ?

-Je serais plus subtil, promit Percy solennellement. Bien évidemment, je me baserais sur les rumeurs, et parlerez plus de violence physique si cela peut brouiller les pistes.

Luke et Eléonore échangèrent un nouveau regard, avant que l'aînée ne hoche la tête en signe d'acceptation.

-Et faites peser les soupçons sur mon père, conseilla Luke, visiblement à contrecœur. C'est comme ça qu'on fait depuis des années.

-Et ça marche très bien, ne put s'empêcher de grommeler Lucy.

Un mince sourire s'étira sur les lèvres de Luke.

-Ne râle pas, Weasley.

-Et en attendant ..., poursuivit enfin Percy avec un regard sévère pour Luke. Fais attention. Adopte la méthode de ta sœur. Fais profil bas. Quand tu sens ta mère effleurer ton esprit, pense à des choses bégnines. Essaie de faire comme si tu t'étais assagi.

-Et laisse-nous sauver tes fesses quand on te le propose, ajouta vertement Lucy. Parce que là franchement, ce n'était pas faute d'essayer.

-Je sais. Désolé Weasley.

Les yeux de Lucy roulèrent dans leurs orbites alors qu'Eléonore jetait un regard incendiaire à son frère. Percy eut un mince sourire.

-Néanmoins, soyez-en certain. Si j'ai écho du moindre incident, j'interviendrais, que vous le vouliez ou non.

Le frère et la sœur Zabini baissèrent le nez et Hannah les regarda en secouant la tête, l'air réprobatrice. Lucy comprit que si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait retiré les enfants à leurs parents sans tarder. Quelques coups furent toqués à la porte de l'infirmerie et la tête de Fred passa doucement dans l'entrebâillement.

-Non tante Ginny promis je viens pas voir James ! promit Fred en levant les mains en signe d'innocence. Les Scampers sont là et ils disent que la directrice vous réclame, Mônsieur le Ministre.

-Ça suffit, Fred, soupira Percy, plus las qu'agacé. J'arrive.

-Tu es demandé de toute part, plaisanta Ginny alors que Fred s'effaçait. Une vraie vie de Ministre.

Percy eut un infime sourire mais Lucy vit passer une ombre sur son visage. Elle n'eut pas le temps de s'interroger car son père se leva soudainement et s'adressa à Luke.

-Au moindre problème, n'hésitez pas à me contacter, je ferais tout pour me rendre disponible.

-Moi aussi venez me voir, proposa Hannah avec empressement. A toute heure, de tout temps. Dois-je prévenir la directrice, peut-être ?

-Vous n'allez pas prévenir la terre entière non plus ? s'agaça Luke en se redressant brusquement.

Mais cet effort parut trop grand et il se laissa retomber dans ses coussins. Percy eut un sourire indulgent.

-Seulement votre directrice. Ça je n'ai pas le choix, je suis désolé. Comme je dois aller la voir maintenant. Je vous les laisse, d'ailleurs, Hannah. Lucy ? Tu m'accompagnes ?

-Bien ... Ça dépend, je peux frapper Luke avant de partir ?

-Lucy !

Près de la moitié de la salle avait prononcé son nom d'un air agacé mais Luke éclata d'un rire étranglé. Lucy eut un petit sourire et Ginny la poussa dans le dos pour l'inciter à avancer. La jeune fille rejoint son père, et après un dernier sourire pour Luke, elle s'engouffra dans le couloir à la suite de son père. De l'autre coté, Fred était assis en tailleur sur le sol, Molly adossée au mur juste à coté d'eux. Gethin et Alan étaient en face, parlant à voix basses. Gethin semblait avoir les yeux rouges quand il les posa sur Lucy.

-Adam est là-bas, indiqua-t-il d'une voix étouffée en pointant l'autre bout du couloir. Je crois que ta cousine le dispute.

-Roxanne ? devina Lucy en discernant les éclats de voix plus loin.

-Ouaip, confirma Fred avec un sourire. Elle avait l'air assez remontée. Et elle l'est aussi contre toi, si tu veux savoir.

-Comme tout le monde, ricana Molly.

Lucy lui jeta un regard noir et fut surprise de voir son père faire de même. La main de Percy se plaça au creux du dos de sa fille, et l'incita à avancer.

-Je vais voir la directrice, dit-il à Molly. On se reverra sans doute au Ministère - si vous n'oubliez pas d'y aller, ton cousin et toi.

-T'inquiète, oncle Perce, le rassura Fred avec un sourire goguenard. J'emmènerais pas ta fille sur les chemins de l'école buissonnière.

-Oh droite comme elle a l'air, ça doit être un sacré défi, commenta Alan.

-On vous a demandé votre avis à vous ? répliqua Molly. Occupez vous de frères.

-Oh, je crois que je ne peux rien faire pour Adam, dans l'immédiat. Dites-moi, Fred, elle est dangereuse, votre sœur ?

-Moins que Lucy.

-Va te faire voir.

-Lucy.

Pour marquer sa réprobation, Percy la poussa encore plus et ils avancèrent dans le couloir. Lucy jeta un regard noir à Fred. Au détour d'un couloir, elle aperçut Roxanne, qui agitait les bras d'un air énervé et Adam, les bras croisés devant elle, stoïque. Elle accrocha à peine son regard avant qu'il ne fut hors de sa vue.

De toute manière, il fallait qu'ils parlent.

Son père lui donna un mouchoir et Lucy le fixa dans comprendre. Il sourit doucement.

-Tu n'arrêtes pas de renifler. Enrhumée ?

-Mouais, marmonna-t-elle en acceptant le mouchoir. On va dire ça.

Elle se moucha bruyamment, provoquant le léger éclat de rire de son père. Puis son visage se fit à nouveau grave et il entonna :

-Je pense que je n'aurais pas le temps que j'aurais voulu pour te parler. Ma chérie, ce n'est pas que je ne veux pas m'occuper de toi mais ... Je dois retourner au Ministère au plus vite, je ne sais pas si nous aurons une autre occasion de parler ...

-Tu as plus important à faire, le coupa Lucy, le nez toujours dans le mouchoir. Je comprends, t'inquiète.

Elle se mordit immédiatement la langue en remarquant la lueur presque blessée dans les yeux de son père. Le conseil de Ginny lui revint alors en mémoire et elle regretta de l'avoir interrompu.

-Lucy, je ne suis pas venu pour me battre avec toi. Je suis venu parce que je sais qu'en père je n'ai pas toujours était très présent et qu'il me semblait important que je le sois là. Non, pas pour t'engueuler, comme tu peux le penser. Parce que je sais que les choses n'ont pas dû être facile pour toi ses derniers temps.

Il marqua un temps d'arrêt. Lucy se tut religieusement, malgré les dizaines de piques qui lui venaient à l'esprit.

-Alors évidemment ce que tu as fait c'est inconsidéré et stupide. Bien sûr que si tu étais venue me voir avec les informations que tu avais, je t'aurais cru et je t'aurais aidé. Et ça m'a fait mal de constater que ... tu n'avais pas assez confiance en moi pour cela. Que tu préférerais te débrouiller toute seule plutôt que me demander de l'aide.

Il ricana un peu.

-Je pense que ça illustre parfaitement comment j'ai échoué en tant que père.

-Echouer ... Oh papa.

Lucy lui prit le bras pour le forcer à s'arrêter et à lui faire face. Son père, si stoïque, si sûr de lui, si froid, si obsédé par la réglementation de la taille des fonds de chaudrons ... Sa carapace de parfait politicien commençait à se fendiller.

-Mais enfin, bien sûr que non, non tu n'as pas échoué ...

-C'est gentil de me remonter le moral, ma fille, soupira Percy en reprenant sa marche en avant. Mais cesse de m'interrompre, je ne compte pas te faire monter tous les étages de Poudlard, il faut que tu t'occupes de ton ami.

-C'est bien ce que tu as fait, ne put s'empêcher de dire la jeune fille. Pour Luke.

-La moindre des choses.

Lucy le dévisagea un instant. Puis, sans réfléchir outre mesure, elle lui sauta au cou et déposa un baiser sur sa haute pommette.

-C'est beaucoup. Merci, papa.

Percy resta un instant figé, sans réagir. Puis ses bras se refermèrent sur sa fille avec automatisme et elle se laissa aller contre son torse. Il était grand et filiforme. Et il avait maigri depuis la dernière fois qu'elle l'avait enlacée - et quand était-ce ? Lucy n'avait aucun souvenir. Ça devait faire une éternité ... Et ça n'arriverait plus de ci-tôt. Alors elle se contenta de profiter, de respirer son odeur. Il sentait le vieux parchemin, le Ministère. Mais aux fins fonds de sa cape, au cœur des fibres de tissu, au sein même de son être, lui aussi sentait le Terrier. Il sentait la maison. Il était chez elle.

-Merci à toi, ma chérie, murmura alors Percy à son oreille. De ramener le courage dans notre famille.

Lucy sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle serra son père un peu plus fort contre elle. Tant pis.

McGonagall attendrait

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