Chapitre 20 - 1 : Chamboulements
Bien le bonjour tous !
Je vous livre à présent la première partie du dernier chapitre sur Molly (pour ceux qui n'aimaient pas, plus qu'un chapitre à tenir ahah !). Après, vous retrouverez Lucy, sauf à 2,5 exceptions.
Au programme, la suite des troubles de Molly avec Daphnéa et des nouvelles de la mère de Lucy - ouvrez vos esprits ...
Bonne lecture !
Chapitre 20 (1/2) : Chamboulements.
Molly scrutait avec angoisse les deux visages qui se tenaient devant elle. Ils étaient tout trois assis à une table reculée du Chaudron Baveur. Derrière le bar, Laura Deauclaire, une jeune fille de vingt ans, servait les clients avec un grand sourire. Elle remplaçait Hannah quand celle-ci était à Poudlard, et tout le monde l'aimait beaucoup. Un elfe de Maison attaché à la famille de Hannah nettoyait les tables en sifflotant, d'un claquement de doigt, une chaussette différente sur chaque oreille. A cette heure creuse de l'après-midi, le Chaudron Baveur était désert, et c'était tant mieux de l'avis de Molly. Les entrailles tordues par l'appréhension et la peur, elle attendait patiemment que le couperet tombe sur sa nuque, comme une sentence. Les mines stupéfaites et choquées de ses interlocuteurs n'étaient pas de bon augure.
-Je vous en prie, dites quelques chose, supplia-t-elle, les mains crispées sur sa chope de bièraubeurre.
-Quelque chose, obéit Fred, l'air dans un état second, ses yeux sombres rivés sur Molly, pétrifié.
-Très spirituel, Fred, persiffla Lucy à coté de lui, lâchant enfin sa sœur du regard. Je ne suis pas sûre que ce soit cela qu'elle demande.
-Alors dis-lui, toi ! s'enflamma-t-il enfin. Dis-lui que c'est la chose la plus incongrue qu'elle nous ait jamais dite !
-Molly, c'est la chose la plus incongrue que tu ne nous aies jamais dite.
-Très spirituel, Lucy.
Molly sentit un petit sourire relever la commissure de ses lèvres, malgré sa nervosité. Après leur joute verbale, Fred et Lucy reportèrent leur attention sur elle, de nouveau interloqués et choqués. Finalement, après une seconde de tension, ce fut Lucy qui brisa la glace en disant avec un sourire :
-Qui êtes-vous, et qu'avez-vous fait de ma sœur ?
-Merci, Lucy.
-Elle a raison, la défendit Fred, ses grand yeux sombres rivés sur sa cousine. Ce n'est pas de la bouche de Molly Weasley que j'aurais parié entendre « j'ai embrassé Daphnéa McColley » !
-« Et j'ai passé la nuit avec », enchérit Lucy en hochant la tête. C'est ... hautement improbable.
Molly sentit ses joues s'enflammer, et regretta soudain ses confidences. La veille, elle avait été cherchée sa sœur à Poudlard, suite à une longue dispute avec son père sur sa décision de cloitrer Lucy dans l'école. En allant la voir à l'hôpital, et malgré son ton ferme, Molly avait compris à a lueur triste dans les yeux de sa mère qu'elle aurait aimé voir sa cadette, ne serait-ce qu'un instant. Et elle avait vu les lettres enflammées de Lucy à son père réclamant de voir leur mère. Dès lors, il lui avait paru naturel de passer outre l'interdiction paternelle, et de permettre à sa mère et sa sœur de se voir. Maintenant qu'elle en était là, elle en profitait pour mettre de l'ordre dans sa tête. Deux semaines avaient passées depuis sa soirée tumultueuse avec Daphnéa McColley. Si elle n'avait pas revu la jeune femme depuis, son esprit était resté en ébullition total, paralysant ses capacités de réflexion. Chaque fois qu'elle voulait y réfléchir posément, les souvenirs de leur nuit passée ensemble l'assaillait. Elle rougissait, enfouissait son visage dans ses mains, se sentait en hyperventilation, et finissait par songer à autre chose pour ralentir son rythme cardiaque. Sauf qu'il lui fallait prendre un jour une décision à ce sujet, et c'était pour cela qu'elle avait réuni les deux personnes dont elle était actuellement la plus proche, mais également les plus aptes à l'aider : sa petite sœur, Lucy, son esprit pratique et froid de Serpentard, et son cousin le plus proche, Fred, dont l'expérience avec la gente féminine n'était plus à prouver. Ils étaient sans doute les deux personnes les plus aptes à l'aider à voir claire dans sa situation, mais ce n'était pas pour cela que c'était facile à débiter. Molly était persuadée que son visage avait pris la couleur de ses cheveux durant tout le temps qu'elle avait raconté ses déboires avec Daphnéa McColley. Lucy et Fred étaient restés silencieux, comme figés. Maintenant, elle redoutait leur réaction. Elle passa une main troublée dans ses cheveux qu'elle avait exceptionnellement laissé libre.
-Je sais que c'est improbable. Et je ne sais toujours pas quoi en penser ...
-Nous non plus, répliqua Fred.
Lucy lui donna un coup de poing sur l'épaule.
-Je pense pas que ce soit de ça non plus qu'elle ait besoin.
-Alors elle a besoin de quoi ? (Fred se tourna vers Molly, ses grands yeux bruns écarquillés) De quoi as-tu besoin, Mollyly ?
-Je veux y voir plus clair ... Seule, je n'y arrive pas. (Elle enfouit son visage entre ses mains). Tout est si embrouillé.
Lucy et Fred échangèrent un regard, et parurent décidé d'être enfin sérieux. La Serpentard posa nonchalamment sa joue contre son poing, les yeux rivés sur Molly, paupières plissées.
-Embrouillé, répéta-t-elle, son autre main jouant avec sa chope de bièraubeurre. Normal. Je veux dire, tu n'as pas l'habitude de ... tu sais. Etre avec des filles. Sans doute la nouveauté qui t'embrouille.
Elle disait cela d'un ton qui s'efforçait d'être neutre et délibératif, comme si elle avait encore du mal à se faire à ce que sa sœur qui avait raconté, mais qu'elle tentait de l'aider du mieux qu'elle pouvait, avec son froid esprit pratique de Serpentard. Lucy fronça les sourcils.
-Tu ... tu crois que tu ... je veux dire ...
-Est ce que tu songes à construire quelque chose avec McColley ? s'enquit Fred de façon plus claire.
-Je ne sais pas ...
-Molly, gronda sourdement son cousin en plissant les yeux. Je veux bien faire un effort pour essayer de comprendre alors que ce qui c'est passé est complétement contraire à tout ce que je crois ...
-Quoi ? sursauta Lucy en fusillant Fred du regard. Tu ne crois pas aux couples homosexuels ?
-Non, je ne crois pas à ta sœur homosexuelle.
Molly se sentit pâlir aux mots de son cousin, car ils reflétaient une de ses craintes. Ce qui s'était passé, c'était absurde. Incompréhensible. Elle voulait bien croire que Fred n'arrive pas à concevoir ce qui s'était passé. Pourtant, Lucy dardait toujours sur leur cousin un regard noir, assombrissant ses beaux yeux azurs.
-C'est stupide, ce que tu dis, le tança-t-elle, serrant nerveusement sa chope dans ses mains. Moi je veux savoir. Je veux aider Molly à comprendre. Et je trouve ça ... parfaitement probable. Enfin, non, c'est complétement improbable, mais justement, ce n'est qu'une probabilité. Et les probabilités sont faites pour être déjouées.
Une vague de reconnaissance monta dans la poitrine de Molly. Lucy sourit gentiment, de manière incertaine, et sa sœur le lui rendit.
-OK, d'accord, réconciliation des sœurs Weasley, j'ai compris. Bien, Mollyly. Si tu fais un effort de décortication de tes sentiments, je ferais un effort pour essayer de ne pas t'imaginer en train d'embrasser Daphnéa McColley.
-Deal, grommela Molly en plissant des yeux méfiants sur son cousin.
Fred sourit, et resserra son catogan avec flegme. Il noua ses doigts à l'arrière de sa nuque, et un petit sourire fleurit sur ses lèvres.
-Bien. Alors. De mon avis de professionnel, si c'était vraiment une erreur, si c'était dû à l'alcool, ça ne te travaillerait pas autant maintenant. Ton esprit rationnel aurait rangé ça dans la cage « à oublier » depuis longtemps.
-Je suis d'accord, enchérit Lucy en opinant du chef. Ça doit te tenir à cœur si tu y penses encore, Molly. Tu ressens quoi ? Quand tu y ... repenses ?
Molly pinça les lèvres et riva ses yeux sur sa boisson ambrée, tentant tant bien que mal d'analyser ses sentiments. Les images affluèrent à son esprit, chaudes, troublantes ... Mais agréable. Elle sentit le rouge lui monter aux joues, et avoua dans un filet de voix :
-Je me sens ... bien. Enfin, j'ai toujours le cœur qui bat la chamade parce que j'angoisse et que je ne comprends pas, mais ...
Elle se tut, les joues brulantes, embarrassée. Fred hocha lentement la tête et fit mine de prendre des notes avec une plume invisible sur la table.
-Cœur qui bat à la chamade, répéta-t-il comme s'il notait, avant de se tourner vers Lucy. On case ça dans la catégorie « j'éprouve des choses pour McColley », non ?
-Si, approuva la Serpentard en hochant la tête. Note, greffier.
-Vous êtes bêtes, souffla Molly, un léger sourire relevant la commissure de ses lèvres.
Lucy claqua la langue, agacée.
-Tu as demandé notre aide, oui ou non ? Autre question : ça te paraît vraiment inconcevable ... d'être avec ? Je veux dire ...
-Si tu es avec, est ce que tu vas assumer ? l'éclaira Fred, les yeux plissés.
Le cœur de Molly tomba dans sa poitrine. C'était également une autre de ses interrogations. Que ce passerait-il dans le cas où elle acceptait d'être avec Daphnéa ? Ses entrailles se gelèrent quand elle se vit annoncer à son père qu'elle sortait avec une femme... Elle croisa brièvement le regard de sa sœur et vit dans ses yeux qu'elle pensait exactement à la même chose. Lucy avança sa main et prit les doigts de sa sœur avec un sourire.
-Au pire, on s'en fiche de ce que dira papa. Ce sera même très drôle de voir sa tête.
-On ne s'en fiche pas, Lucy. Je veux dire ... il n'y a pas que papa. Il y a ... le regard des autres.
-Si le regard des autres est un argument contre, alors ne sors pas avec, répliqua durement Fred, les yeux plissés. Ça te bouffera et ce sera un cauchemar pour toute les deux. Une relation cachée, ce n'est pas envisageable.
-Mais discrète, oui, à la limite, intervint Lucy en haussant les épaules. Je comprends qu'elle ne veuille pas s'épancher pour avoir la paix. Ça c'est même le cas dans les relations hétérosexuelles.
-Discrète, oui, admit Fred en faisant toujours mine de noter. Cachée, non.
Molly sentit comme un coup de poing lui heurter l'estomac en entendant les délibérations de sa sœur et de son cousin. Elle était terrorisée à l'idée de s'afficher main dans la main avec une fille et de voir les regards accusateurs des gens qui n'approuvaient pas cela se poser sur leurs doigts entrelacés. Mais le pire dans tout cela, ce fut qu'égoïstement, tenir, ne serait-ce qu'en pensée, la main de Daphnéa, faisait naitre un sourire dans sur ses lèvres. Car elle ne se voyait pas avec une fille sans visage. Elle se voyait avec Daphnéa, et l'imaginer sourire faisait monté une vague de chaleur agréable en elle. Lucy capta se léger sourire, et en profita pour lâcher une autre question :
-Parle-moi de Daphnéa. Comment tu la vois ? Qu'est-ce que tu aimes chez elle ?
-Tu la connais sans doute plus que moi, éluda Molly en secouant la tête. Tu sais bien comment elle est.
-Mais je veux savoir ce que toi tu en penses.
Les yeux azurs de Lucy la transperçaient, avec sérieux et compassion. Elle désirait réellement l'aider. Molly prit une profonde inspiration et rappela à elle l'image de Daphnéa McColley. Ses yeux verts et rieurs, son sourire espiègle, les petites tâches de rousseurs qui picoraient son nez, la façon dont ses boucles rebondissaient sur ses épaules à chacun de ses pas ... Un léger sourire effleura ses lèvres.
-Je la trouve ... Enfin, c'est l'incarnation même de l'assurance. J'ai l'impression qu'elle fait que ce qui lui chante quand ça lui chante. Ça m'agaçait, parce que j'avais l'impression qu'elle ne prenait pas en considération les autres. Que c'était une égoïste qui ne pensait qu'à son prochain papier ou bien à satisfaire sa curiosité. Qui mettait son nez partout sans se soucier des conséquences. Mais en fait, je pense ... que ce qui m'énervait, c'est qu'elle prenait la liberté d'être libre.
-Oula, intervint Fred avec un froncement de sourcil. Tu m'as perdu, là.
Lucy lui lança un regard ennuyé, mais Molly essuya un petit rire, consciente de ne pas avoir été claire.
-Elle fait ce qu'elle veut. Elle est libre. Et ça peut gêner les gens, parce qu'on est cantonné dans nos habitudes, dans nos conventions ... Boutonne-toi jusqu'au col, travaille, grimpe haut dans le Ministère, sois parfaite et ne fais pas de scandale. C'est tellement cantonné et droit qu'on a l'impression que c'est la seule voie à suivre. Daphnéa elle s'en fiche de tout ça. Elle porte des jupes courtes, elle tutoie les hauts représentants du Département des Jeux et Sports Magiques pour les déstabiliser, rentre dans les bureaux sans autorisation ... Vous savez qu'elle envisage même de faire un article sur le Foot moldu ? Les sorciers ne s'intéressent pas assez au sport moldu à son goût.
-Du Daphnéa tout craché, commenta Lucy, néanmoins avec prudence.
Molly fut un peu déçue par la réserve de sa sœur. Car ce que lui avait dit Daphnéa sur son article l'avait grandement fait réfléchir sur les relations entre moldus et sorciers. Ce qui était vrai pour le sport était vrai pour la culture. Il était normal que les moldus se désintéressent totalement du monde sorcier, car il n'en n'avait pas connaissance. En revanche, après réflexion, il lui semblait scandaleux que les sorciers ignorent tout de la culture moldue. Pendant ses heures de temps libre, elle avait fait des recherches sur ce monde qui lui était inconnu (bien qu'elle avait pris Etude des Moldus à Poudlard, elle n'avait jamais vraiment travailler la matière, tout encombrée qu'elle était avec l'Arithmancie, l'Etude des Runes, et aussi presque traumatisée par l'obsession presque malsaine que son grand-père avait à l'égard des personnes sans pouvoirs), et avait été surprise de découvrir une culture riche, raffinée et étrangement fascinante. Elle s'était à l'occasion rapprochée de sa tante Hermione et de son grand-père. Sa tante l'avait emmené au British et Natural Museum à Londres. Ses deux dernières semaines, elle avait lu Shakespeare, Dickens, Thomas Hobbes. Aucun sorcier n'écrivait comme cela. Certaines œuvres écrites par les moldus étaient tout à fait en adéquation avec le monde des sorciers. Les sorciers avaient beaucoup de choses à apprendre de la culture moldus, en avait-elle conclu en refermant Le Liévathan de Hobbes. Et elle ne comprenait pas comment des gens comme Vous-Savez-Qui pouvaient considérer des gens ayant une telle profondeur de pensée, qui écrivaient de si jolie chose, qui avait une œuvre si fournie, si riche, comme inférieurs. C'était mal connaître les moldus. Pour éviter que cela se reproduise, selon Molly, il fallait que les gens comprennent cela. Et c'était pour cela qu'à présent, elle soutenait le projet de Daphnéa.
Fred eut une moue, échangea un regard avec Lucy et s'avança pour demander plus ample détail sur Daphnéa. Molly soupira.
-Mais je veux dire ... son assurance détint sur moi. Elle me pousse, à me lâcher, à me libérer. A voir plus loin, pour moi, et sur le monde, aussi. Elle est ouverte d'esprit. Je trouve ça ... appréciable. Ça change, quand on a grandi chez Percy Weasley où tout le monde est borné.
-Hey ! protesta Lucy. Toi la première !
-Et toi aussi, tacla Molly. Tu fais tellement attention à être à l'opposé de Papa que tu t'enfermes dans une voie, sans écouter l'opinion des autres.
-C'est ...
-... Pas le moment de vous disputer ! fit Fred en levant les bras en signe de paix. Les filles, on se concentre sur le problème : Molly-Daphnéa. Daph est ouverte d'esprit, elle est libre, elle est assurée ... Elle est belle, aussi, non ? Ne me regarde pas comme ça Lucy, c'est une question importante comment on perçoit l'autre ! Peu importe ce qu'on dit, le physique est important !
-Alors on se demande comment Lila a pu te choisir, grommela Lucy, l'œil toujours flamboyant.
Molly se sentit rougir. Evidemment que Daphnéa était belle. C'était une personne magnétique, qui attirait tout les regards. On ne pouvait l'ignorer quand elle était dans une pièce. Elle se trémoussa sur sa chaise.
-Oui, elle est belle, je pense que tout les garçons de Poudlard l'ont remarqué ...
-Pas en troisième année, l'interrompit Fred avec un sourire espiègle. Elle avait de l'acné et ...
-Fred ? le coupa Lucy d'un ton sec. On s'en fiche. Daphnéa est belle, et ça même les filles de Poudlard l'ont remarqué.
-Mais ce n'est pas que ça, insista Molly, le visage de plus en plus cramoisie. Sûr qu'elle est belle, qu'elle a de l'assurance, tout le monde la trouve sublime et sexy ... Arrêtez de rire ! les supplia-t-elle en observant les sourires qui avaient fleuri sur les lèvres de Lucy et Fred quand le mot « sexy » avait passé les siennes. On s'en fiche de ça, c'est pas ça qui m'a attiré chez elle, quoi qu'en dise Fred... Ce n'est pas une question qu'elle soit belle. Je trouve juste ... que c'est une belle personne.
-Dont tu pourrais tomber amoureuse ? enchérit Lucy, réprimant son hilarité.
Le visage de Molly connut sa plus terrible flambée, et elle se cacha le visage entre les mains. En faisant abstraction du fait que Daphnéa était une fille, de son apparence désinvolte et plus qu'agréable à regarder ... Evidemment que ce qu'elle voyait chez Daphnéa lui plaisait. L'agaçait. Lui plaisait.
-Dernière question, acheva Fred. Si tu retrouvais toutes ses qualités - l'ouverture d'esprit, l'assurance, le fait qu'elle te pousse et visiblement te fait rire - chez un mec. Sérieusement. Tu te poserais la question, où ça ferait deux semaines que tu serais avec ?
Le gémissement que produisit alors Molly acheva de convaincre toute la tablée, elle y compris.
-Ta-tata, tu es grillée ! conclut joyeusement Fred en frappant dans ses mains. Et même s'il faut que je le vois pour le croire, je pense que tu ressens quelque chose de réel et relativement solide pour Daphnéa McColley. Et que la seule chose qui te bloque, c'est le fait qu'elle soit une fille et que tu n'es pas habituée.
-Mais si ça ne marche pas ? gémit Molly en écartant deux doigts de son visage pour regarder son cousin et sa sœur avec angoisse. Si je me rends compte après coup que ce n'était pas ce qu'il me fallait ?
-C'est un risque à prendre à chaque fois que tu t'engages dans une relation, fit remarquer Fred alors que Lucy hochait la tête avec assentiment. Et pas qu'homosexuelles : tu as pris un risque avec Erik, tu en prendras un nouveau avec Daphnéa. C'est la vie.
-Et puis, la vie c'est une somme d'expérience, ajouta sa sœur en haussant les épaules. Toutes les expériences ne marchent pas, mais les erreurs que tu y as faites vont pouvoir t'aider pour tes expériences futures.
-Si ça ne marche pas, vous vous quitterez, acheva Fred avec flegme. Ce sont des choses qui arrivent. Et tu décideras à ce moment là si ta prochaine conquête sera une fille ou un garçon, maintenant que tu auras goûté aux deux.
Molly sentit son visage rougir à nouveau alors que Lucy, rougissante elle-aussi, donnait un coup de coude à leur cousin. Malgré tout ce qu'ils disaient, il restait cette peur au fond d'elle du regard des gens. Et plus particulièrement celui de ses parents. Et de sa famille en général. Elle entendait déjà les remarques sarcastiques de James, les questions incessantes de Lily, le regard choqué de Rose, l'incompréhension de Dominique, les mines déroutées de ses grands-parents ... Dans un filet de voix, elle fit part de cette crainte à Lucy et Fred. La jeune fille claqua la langue, agacée.
-Il est hors de question que tu laisses le jugement de papa et maman se mettre entre toi et ce que tu penses être ton bonheur. Si tu penses être heureuse avec Daphnéa, va avec. Si ce sont ses parents normaux, alors tout ce qu'ils veulent, c'est ton bonheur. Alors ils accepteront, où alors je ferais un scandale.
Molly sourit à la tirade de sa sœur, reconnaissante et attendrie. L'opposition systématique de Lucy à ses parents l'avait autrefois irrité, mais l'amusait à présent. Elle était encore trop jeune pour songer à faire des concessions, et était dans la confrontation perpétuelle, et pourtant elle leur demeurait soumise dans certain domaine. Comme beaucoup, elle était persuadée que l'avenir de Lucy s'écrivait loin des bureaux Ministériels, et ce de plus en plus. Elle espérait simplement que le moment voulu, sa sœur aurait le courage d'appliquer le principe qu'elle venait d'énoncer à elle-même.
-Et puis, ne t'en fais pas pour James, la rassura Fred avec un clin d'œil. S'il fait la moindre remarque, je m'en charge. Il oublie trop souvent que je suis le fils de George Weasley et que, bien que, vous l'entendrez, je me suis assagi depuis, j'étais le chahuteur-en-chef avant qu'il ne me prenne mon trône. J'ai encore quelques tours dans mon sac, s'il l'ouvre.
Molly observa les deux visages souriants tournés vers elle, estomaquée par la façon dont ils avaient prit la chose en main et l'acceptait avec bonne grâce. Avant qu'elle n'ait le temps de les remercier, de bafouiller quelque chose ou même de réagir, ses yeux tombèrent sur sa montre, et elle poussa un cri de surprise.
-Seize heures déjà ?! Lucy, je devais te raccompagner à Poudlard !
-Laisse, je prendrais le Magicobus seule, éluda Lucy avec un haussement d'épaule. Ne t'en fais pas. Va plutôt retrouver maman, je l'ai trouvé agitée.
Molly se renfrogna à la mention de leur mère. Elle était encore à Saint-Mangouste pour quelques jours, mais avait assez d'énergie pour demander à la remplaçante de sa secrétaire Susan Finnigan, de lui ramener tout ses dossiers en retard qu'elle travaillait sur son lit d'hôpital. C'était complétement irréfléchi. Fred partit payer leurs bièraubeurre alors que les deux sœurs sortaient du coté moldu du Chaudron Baveur. Molly agita sa baguette sur la voie pour appeler le Magicobus.
-Essaie de gagner ton prochain match, lui conseilla-t-elle en rangeant sa baguette. Ça ferait plaisir à maman.
-Ne t'en fais pas, c'est prévu, promit Lucy avec une moue. D'autant plus que ... euh ...
Moll dressa un sourcil, interloquée par l'air hésitant de sa sœur.
-Oui ?
-Bien ... Daphnéa vient, au match, admit Lucy d'une petite voix. Ça met un peu la pression. C'est un peu la capitaine exemplaire.
-Elle t'effraie tant que ça ? rit Molly, s'amusant de l'air gêné de sa sœur.
Lucy haussa les épaules et rajusta sa lanière sur son épaule. Fred sortit alors, et prit sa jeune cousine dans ses bras, pile au moment où un grand « BANG » retentissait auprès d'eux, annonçant l'arrivée cinglante du Magicobus.
-Dit bonjour à ma sœur de ma part, fit Fred en relâchant Lucy.
-Et met cent buts à Poufsouffle, enchérit Molly en prenant à son tour sa sœur dans ses bras. Et au moindre souci, tu m'envoies une lettre. N'hésite pas.
Lucy sourit d'un air un peu triste, et un voile barra son regard, comme si son esprit repensait à quelque chose qui la hantait. Puis elle sourit plus franchement, et serra la main de Molly.
-Ne t'en fais pas pour moi. Pense surtout à toi. Fais simplement ce qui peut te rendre heureuse. Et détend-toi, tu ne joues pas ta vie sur cette affaire.
Sur ce, elle prit son sac et monta dans le Magicobus. Elle agita la main derrière les vitres avant que le bus ne reprenne sa course avec un immense « BANG ». Fred mit la main sur l'épaule de sa cousine et la serra. Molly leva les yeux sur lui avec une moue.
-Tu sais, elle a raison, dit alors son cousin en tapotant la tête de Molly avec condescendance. Ce genre d'affaire, ça se gère avec l'instinct, et certainement pas avec la tête. Alors détend-toi. Bon, je sais pas si on t'a été très utile, mais je dois y aller, Lila m'attend.
-Tu lui diras bonjour. Merci, Freddy.
-Toujours un plaisir, Mollyly. Et si jamais tu te mets avec Daphnéa, je veux être le premier au courant. Et je veux voir ça de mes propres yeux.
Molly enfonça son coude dans ses côtes avec un sourire désabusé. Le cœur plus léger, elle suivit son cousin pour transplaner dans un ruelle sombre et retourner au Ministère.
***
-Ah, et apportez-moi le Dossier que Potter m'a transmis hier, je dois lui renvoyer dans la semaine. Et n'oubliez pas ...
-Maman ...
-... le rapport du Magenmagot sur la Loi d'Amnistie ... Et Susan ? Dites à Macmillan que je souhaite le voir au plus vite.
-D'accord madame, accepta la jeune femme d'une voix timide. Mais je m'appelle Pénélope, pas Susan.
-Oh par Merlin, marmonna Audrey en tendant un nouveau parchemin à la stagiaire. Et bien donnez cela à Susan quand vous en aurez l'occasion.
-Audrey, gronda sourdement Fleur, qui tapait du pied dans un coin de la pièce. Convalescence, connais-tu ce mot ?
-Allez-y, Pénélope, soupira Angelina en raccompagnant la stagiaire blonde, qui croulait sous les parchemins confiés par sa patronne. Et ne vous donnez pas cette peine pour Macmillan.
-Mais je dois le voir ! insista Audrey depuis son lit d'hôpital.
Sa fille et ses deux belles-sœurs la foudroyèrent du regard, et la cheffe du Département de la Justice Magique grommela quelque chose d'incompréhensible en se replongeant dans ses dossiers. Pénélope, les bras chargés de parchemin, disparut dans les couloirs en titubant. Molly, Fleur et Angelina baissèrent un regard désespéré sur le lit d'Audrey. Ses draps étaient jonchés de parchemins diverses, rapports, lettres du Bureau des Aurors, instructions qu'elle écrivait à ses sous-fifres ... Malgré le bandage qui lui recouvrait toujours la poitrine, là où le sortilège l'avait atteinte et les toux violente qui la secouait parfois, lui faisant presque cracher du sang sur ses précieux dossiers, Audrey Weasley ne cessait de travailler et obligeait la pauvre Pénélope, qui remplaçait Susan Finnigan pendant la convalescence de celle-ci, à faire des allés-retours entre le Ministère et Saint-Mangouste.
-Maman, soupira Molly en s'asseyant sur un bord du lit qui n'était pas couvert par les parchemin. Tu devrais te reposer.
-Ecoute ta fille, enchérit Angelina en prenant son sac. Je te laisse, George m'attend à la boutique, on a un problème de production avec les lutins de feu. Mais lève le pied, c'est un ordre.
-Tu donnes des ordres à la femme du Ministre de la Magie, toi ? douta Audrey de façon distraite, la plume à la main.
-Non, à mon amie. Repose-toi.
Angelina partit à son tour d'un pas vif, laissant Fleur et Molly avec la malade. Laquelle refusait de lever le nez de ses précieux parchemins. Depuis qu'elle avait ouvert les yeux, elle ne se laisser le moindre répit. L'attaque du département de la Justice Magique avait interloqué l'ensemble de la communauté Magique, qui demandait des comptes à sa cheffe. La seule fois où elle avait daigné mettre son travail de coté, c'était quand Molly lui avait amené Lucy la veille. Ravie de voir sa cadette, Audrey avait délaissé ses dossiers pour se poser avec ses filles. Mais maintenant Lucy était partie. Molly était partie signer les papiers de son départ des Catastrophes Magiques et était revenue juste après pour voir sa mère, comme chaque jour.
-Enfin c'est insensé, s'agaça Fleur en agitant les mains. Je suis sûre que ça peut attendre, Audrey !
Elle secoua la tête avec grâce, agitant ses cheveux qui luisaient d'un bel éclat blond-argenté. Fleur Weasley demeurait d'une beauté à couper le souffle, une beauté sans âge pleine de grâce et d'assurance. Contre toute attente, celle qui paraissait futile s'était très vite liée d'amitié avec la bourreau du travail qu'était Audrey. En quelques sortes, elles se complétaient, et c'était pour cela qu'Audrey avait insisté pour que Fleur soit la marraine de Molly. Depuis l'attaque du Département, Fleur n'avait que très peu quitté le chevet d'Audrey et c'était tant mieux du point de vue de Molly. Elle était effrayée de laisser sa mère seule.
-Non, Fleur, ça ne peut pas attendre, martela Audrey sans lever les yeux sur son amie. Je reçois des dizaines de courriers par jours, j'ai aperçu André Andros m'attendant en embuscade au bout du couloir, Percy est seul à la tête du Ministère et moi je suis clouée ici !
-J'ai entendu dire qu'Hermione s'occupait parfaitement d'aider Percy, tenta de la rassurer tante Fleur.
-Mais c'est à moi de le faire ! rappela durement Audrey.
Blessée par le ton péremptoire de son amie, Fleur se renfrogna, et remit son manteau avec dignité. Molly sentit son cœur tomber dans sa poitrine.
-Tu t'en vas ? demanda-t-elle à sa marraine à voix basse, déçue malgré elle.
-Désolée ma chérie, s'excusa la Vélane d'une voix douce, mais rauque, montrant ainsi à Molly qu'elle se réprimait son énervement. Ta mère n'écoute personne. Elle se ruine la santé, ce n'est pas comme ça qu'elle sortira de l'hôpital. Et je dois aller travailler, de toute façon. Essaye de la distraire, de lui changer les idées.
Molly hocha la tête, et sa marraine l'embrassa sur la joue avant de quitter la pièce la tête haute, sans dire au revoir à Audrey. La jeune femme lança un regard en coin à sa mère.
-Tu es infecte, tu le sais, ça ?
Audrey soupira profondément et leva les yeux de son parchemin pour les poser sur sa fille. Molly vit dans le regard de sa mère une profonde lassitude, des restes de douleurs et des regrets.
-Je le sais, avoua-t-elle d'une voix éteinte. Mais elles ne comprennent pas ... Je ne supporte pas d'être enfermée ici.
Ses cheveux blonds pendaient tristement autour de son visage blafard. Ses yeux étaient vides, ternes, éteints. Sa main couleur craie se perdit sur son sternum toujours bandé. Elle devait avaler au moins cinq potions différentes par jour, et l'une d'entre elle avait un effet de somnolence contre lequel elle luttait. Tante Fleur avait raison. Si elle continuait ainsi, elle ne sortirait jamais de cette chambre. Molly prit alors les parchemins qui jonchaient le lit de sa mère et les rassembla d'un geste décidé. Elle ne l'empêcha pas.
-Je comprends. Mais si tu ne fais pas de pause, je demande à papa de te cloitrer là jusqu'à que tu aies l'air aussi fraiche que le jour de ton mariage.
-Pff. Si tu savais à quel point j'étais épuisée, le jour de mon mariage, ricana Audrey en laissant faire sa fille. J'étais enceinte de sept mois de toi et tu étais infernale. Tellement que je pensais que tu étais un garçon.
-Et bien ça ne se voit pas sur les photos.
Le lit maintenant débarrassé en majorité, Molly s'y assit avec plus d'aisance. Le visage de sa mère se fendit d'un sourire fatigué, et Molly devina qu'elle l'avait laissé faire car elle était trop lasse, trop vide d'énergie, pour ne serait-ce que songer à se disputer avec sa fille sans doute aussi bornée qu'elle. La jeune femme prit un parchemin restant et lut le titre avec intérêt.
-Un rapport sur la Loi d'Amnistie ? J'ai le droit de demander ce qu'est cette loi, d'ailleurs ? J'ai lu quelque chose là dessus dans La Gazette.
-Un projet porté par Ernie Macmillan, expliqua Audrey en se laissant aller vers ses oreillers. Sur les responsables de la Seconde Guerres qui ont été jugés coupable. Tous les Nott, les Malefoy, Rocade, Goyle ...
Molly fronça les sourcils sans comprendre.
-Et alors ? La moitié que tu cites n'ont jamais été à Azkaban ou alors sont sortis. Pourquoi les amnistier ?
-Oui, mais des mesures ont été prise contre tout les Anciens Mangemorts ou partisan du Seigneur des Ténèbres. Les Malefoy, par exemple. La mère et le fils ont été un an à Azkaban, le père une dizaine d'année, et maintenant ... Il leur est interdit d'accéder à de hauts postes ministériels, d'être quelqu'un d'un tant-soi peu influent. On a trop peur que Drago Malefoy ne devienne comme son père ... Et il n'a pas le droit de quitter le territoire anglais, on a remis la Trace sur lui et sa femme - enfin, on l'avait fait avant qu'elle ne ... tu sais. Pareil pour les Nott. Les Zabini, également - la mère était sur le point de se faire Mangemort avant la Bataille de Poudlard. Et il a même été décidé qu'on suivrait les enfants à la trace, comme Scorpius, Chloé, Ariane et Erwan Nott ... Tout ceux qui sont apparentés à des familles de Mangemorts. Même si les peines ne sont pas visibles, elles sont malheureusement bien réelles, et cela plus de vingt ans après la guerre. Stan Rocade, qui était entré dans les rangs du Seigneur des Ténèbres, n'a pas le droit d'avoir le moindre emploi dans le public alors qu'il a été entrainé par la contrainte. Tu trouves cela normal ? Vingt ans après les faits, alors que cela fait vingt ans que ces gens font tout pour se racheter, ont subi parfois Azkaban et ont une vie irréprochable ?
-Et que prévoie la loi de Macmillan ? De tout leur pardonner ? s'exclama Molly, incrédule.
-Pour les peines les plus légères, oui, approuva Audrey, les paupières closes. Pour qu'on lâche du zèle à Stan Rocade, à Monsieur Malefoy et Monsieur Nott. ne sont pas parfaits, mais ils sont inoffensifs. Je suis plus sceptique en ce qui concerne les Zabini ... Je me méfie de la mère. Enoboria. Elle est vicieuse et son mari n'aide en rien. Mais ne t'en fais pas. Les pires d'entre eux resteront au chaud à Azkaban. Je n'ai pas l'intention de libérer des personnes comme Lestrange ... ou Roockwood.
Une lueur rageuse étincela dans les yeux d'Audrey, et Molly se rappela subitement ce que signifiait ce nom pour ses parents. Ce Mangemort avait participé à la Bataille de Poudlard, où il avait tué Fred Weasley, leur oncle, devant les yeux de leur père. Dans sa fuite, il avait fait une autre victime : Eugénia Scamander, la sœur ainée d'Audrey, revenue combattre auprès de sa sœur. C'était au procès de Rockwood, dans une ambiance sombre, plombée par la rage, la colère et le chagrin, qu'Audrey et Percy s'étaient rencontrés.
-Tu y as participé ? s'enquit Molly dans un filet de voix. A la Bataille ?
Audrey, qui avait tourné les yeux vers la fenêtre magique, les ferma alors. Ses paupières tremblotaient. De ce que Molly savait, Audrey était en septième année lors de la Bataille de Poudlard. Elle avait vécue la dictature des Carrow, sans prendre part à l'A.D. Mais ses filles n'avaient jamais osé interroger leurs parents sur cette sombre année. La perte de leurs frères et sœurs respectifs y était trop liée pour envisager cette discussion sereinement et Molly n'en revenait pas d'avoir eu cette audace. Après quelques secondes de silence, Audrey soupira profondément et ses épaules s'affaissèrent.
-Je n'en n'avais pas l'intention. Je m'étais rangée avec les élèves qui partaient. On suivait les Serpentards dans le château. Je devais partir.
-Mais tu ne l'a pas fait, devina Molly en un souffle.
Audrey secoua lentement la tête, le regard toujours tourné vers la lumière magique qui éclairait ses traits tirés.
-Avant d'arriver à la Salle sur Demande, j'ai vu une fille de Serpentard rompre les rangs. Elle se disputait avec une autre fille, cette détestable Pansy Parkinson ... puis elle a rebroussé chemin la baguette à la main et elle a hurlé que si personne ne se battait, alors tout ce en quoi nous avions cru, tout ce que nous avions vécu serait perdu. Si les autres Maisons n'avaient pas ce courage, elle, une Serpentard, elle l'aurait. Alors elle est partie. Et elle avait tellement raison. Poudlard m'avait formé. J'étais arrivée à la brillante sorcière que j'étais grâce à elle. Je n'avais pas le droit de l'abandonner. Alors j'ai suivi cette fille et j'ai pris ma baguette. Ma sœur Eugénia a su ce qui se tramait, et elle est venue aussi.
-C'était qui, cette fille ?
-Une femme qui aura à tout jamais mon respect, répondit calmement Audrey, un léger sourire relevant la commissure de ses lèvres. Daphnée Greengrass.
-Sérieusement ? s'étonna Molly, les yeux écarquillés. La prof de métamorphose ?
Audrey hocha doucement la tête. Elle était si profondément plongée dans ses pensées que Molly était certaine que l'action avait encore lieu dans sa tête et que la voix venue du passé de Daphnée Greengrass résonnait à ses oreilles. Molly n'aurait jamais pu croire qu'une femme de glace comme Daphnée Greengrass ait pu participer à la Bataille de Poudlard. De ce qu'elle savait, aucun Serpentard n'y avait participé. Ils étaient tous partis.
-C'est pour ça que lorsque j'ai su que Lucy allait à Serpentard, j'étais secrètement réjouie, avoua Audrey. Et fière. Entre les mains de Daphnée Greengrass, ça ne pouvait être qu'une bonne chose. Cette femme était mille fois plus admirable que je ne le serais jamais. Elle a eu le courage d'assumer ses convictions devant toute sa Maison, et de lui tourner le dos. Un exemple pour tous.
Molly hocha doucement la tête. Après la discussion de l'après-midi avec Lucy et Fred sur Daphnéa McColley, l'histoire de Daphnée Greengrass ne lui paraissait pas si incongrue. Elle avait toujours été une femme forte. Qui avait le courage d'aller chercher ce qu'elle voulait. Comme Daphnéa. Et moi ? se demanda Molly. Est-ce que j'en ai le courage ? Elle y songea un instant, et ce fut à son tour de se perdre dans ses pensées, ressassant sa conversation au Chaudron Baveur. Elle devait faire une drôle de mine, car elle remarqua que sa mère la fixait étrangement. Le regard de la mère qui sentait que l'esprit de sa fille était embrouillé. Celui qui s'inquiétait, et qui demandait silencieusement si tout allait bien. Molly se força à sourire.
-Je vais bien.
-Tu es sûre ? s'inquiéta sa mère. Je ne sais pas ... depuis quelques semaines, j'ai l'impression que tout change autour de toi, ma chérie. Ta rupture avec Erik, ton changement de poste au Ministère ... même ta relation avec ta sœur a évolué - et cela, j'en suis ravie, bien que cela veut dire maintenant que tu mets toi aussi ton père en rogne, ce qui est nouveau également. Mais ...
Elle se mordit l'intérieur de la joue, comme si elle ne savait pas quoi penser de tous ces changements qui s'opéraient autour de sa fille. Molly sentit son cœur sombrer dans sa poitrine.
-Et alors ? Ça te déplait que je change ? se défendit-t-elle, trop abattue pour être réellement sur la défensive.
Audrey écarquilla les yeux sur sa fille, songeuse.
-Est-ce que ça te correspond ? s'enquit-t-elle alors doucement. Tu fais cela parce que tu y es forcée ou tu penses vraiment que ces changements peuvent tracer une voie dans laquelle tu peux être heureuse ?
Molly ne répondit pas tout de suite, puis finit par hocher la tête avec fermenté. Audrey la dévisagea encore un instant, puis tendit la main avec un petit sourire. Molly la prit et la serra.
-Alors bien sûr que non, ça ne me déplait pas, souffla doucement Audrey. Tant que tu seras fidèle à toi-même et en accord avec tes convictions, tu iras bien ma chérie, et c'est ce qui compte pour moi. Ne l'oublie jamais. Ne te renie jamais. Peu importe tes choix, tu sais que tu resteras toujours notre fille.
Les larmes faillirent monter aux yeux de la jeune femme, et elle se rendit compte que c'était exactement ce qu'elle avait besoin d'entendre en ce moment. Comment Audrey l'avait-elle deviné ? L'instinct maternel, sans doute. Audrey sourit encore.
-Et même si cela veut dire que tu vas travailler au bureau de liaison avec la Communauté Moldue. J'avoue ne pas avoir compris, et ton père doit avoir peur que tu finisses comme le sien, mais nous te faisons confiance. Peu importe les remarques de ton père, on te soutiendra dans tes choix.
Molly serra les doigts de sa mère dans les siens, et essuya un petit rire étranglé par l'émotion. Ces mots là étaient si rares dans la bouche de ses parents. Elle avait effectivement eu un entretient au Bureau de liaison avec la communauté moldue et commençait son nouveau travail la semaine prochaine.
-Si vous pouviez dire la même chose à Lucy ... Histoire qu'elle évite de perdre son temps au Ministère.
-On y songera.
La mère et la fille se regardèrent. Molly avait les yeux embués. Trop de choses s'étaient accumulés et elle s'en rendait compte maintenant : Daphnéa, l'accident de sa mère ... Maintenant, elle avait l'impression que le brouillard se dissipait petit à petit. Tout était plus clair. Avant qu'elle n'ait pu songer à remercier sa mère, quelqu'un toqua à la porte et la blonde et frêle Pénélope passa la tête par l'embrassure. Audrey retira immédiatement la main de celle de sa fille et se redressa de toute sa dignité de convalescente.
-Oui ? s'enquit-t-elle d'un ton claquant.
-Désolée de vous déranger madame, mais le Porte-Parole des Fantômes des Oubliés souhaite vous parler de toute urgence. J'ai essayé de le contenir mais ...
-Laissez, faites-le entrer, soupira Audrey en repoussant ses couvertures. Mais qu'il fasse vite.
-Mais maman ..., protesta Molly en fronçant les sourcils.
Audrey la fit taire d'un regard et Pénélope disparut.
-Les Fantômes des Oubliés, grommela Audrey en se levant, courbée par sa blessure. C'est le cas de le dire, mais je les avais oublié, ceux là. Une association qui veille à la mémoire des victimes de la guerre. Complétement opposée à la Loi d'Amnistie, évidemment.
-Cette loi, réalisé alors Molly en se levant. Elle ne doit pas plaire à oncle George.
-Elle ne plait à pas grand monde. Les Oubliés, les Né-moldus qui ont vécu la guerre, la famille des victimes ... Mais oui, oncle George ... Il ne cesse de se disputer avec ton père à ce sujet, en ce moment. Allez, ma chérie, rentre, tu as presque plus mauvaise mine que moi ...
-Ça c'est impossible, plaisanta sa fille en l'embrassant à la tempe. Au revoir, maman.
Et elle quitta la pièce au moment où Pénélope faisaitentrer une petite silhouette dans la chambre. Elle se rendit rapidement dehorspour transplaner devant l'hôpital.
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