Chapitre 19 : Elemantary, my dear Weasley
CHAMPIONS DU MONDE CHAMPIONS DU MONDE CHAMPIONS CHAMPIONS CHAMPIONS DU MONDE !!! Les étoiles étaient alignées pour nous nous !
Bon, j'arrête pardon !
Donc pour revenir au sujet, je vous livre avec un peu de retard le chapitre 19 de Lucy. Au programme, un peu d'avancée dans l'enquête, s'il y a des choses que vous ne comprenez pas, n'hésitez pas à le dire !
POUR LA SUITE : vous retrouverez Molly dans un chapitre que je vais à nouveau couper en deux, pour que ça ne soit pas trop indigeste. Je vous promets, c'est le dernier sur Molly et après vous retrouverez Lucy pour longtemps !
BONNE LECTURE !
Chapitre 19 : Elematary, my dear Weasley.
Lucy souriait depuis deux jours. Certes, la victoire de Gryffondor sur Serdaigle ne l'arrangeait pas le moins du monde, mais chaque fois qu'elle voyait Jina et James main dans la main dans les couloirs, son cœur se gonflait de joie et de fierté. Leur soudaine mise en couple avait surprit tout Poudlard et était sur toutes les lèvres, mais les amoureux n'en avait que faire, tout à leur nouveau bonheur. Même les trois beuglantes reçues par Jina ainsi que les regards noirs de la moitié de la gente féminine n'avaient pas émue outre mesure la Capitaine de Serdaigle. A présent, les filles n'avaient plus qu'à se jeter sur le dernier Mousquetaire de libre, Scorpius, qui devait être le seul à ne pas être entièrement ravi de la situation.
C'est pour cela que, malgré le bordel incommensurable qui régnait dans le dortoir en ce lundi matin, Lucy se sentait en pleine forme.
-Quelqu'un a vu mon livre de Divination ? beugla Dorothy depuis sous son lit.
La moitié de son corps en dépasser, et l'autre partie semblait être aspirée. Alexandra et Lucy échangèrent un regard amusé. Ça faisait un quart d'heure que leur camarade cherchait désespérément son manuel.
-Aucune idée, fit Alexandra, qui finissait de brosser ses longs cheveux bruns. En même temps, pourquoi tu as pris Divination ? Drôle d'idée.
-Au moins, si j'ai des mauvaises notes, c'est pas ma faute ! Et toi, Etude des Moldus ? La matière la plus ennuyante du monde ! Et Weasley qui a évidemment pris l'option la plus difficile ...
-Et je le regrette chaque jour, soupira Lucy en fouillant dans sa table de chevet pour trouver la bague que ses parents lui avaient offert à Noël. A la fin de l'année, je vous jure que j'arrête.
-Moi aussi ! firent les deux filles.
Athénaïs, qui était assise sur son lit avec un magasine, leva les yeux au ciel, visiblement excédée. Lucy vida son tiroir, repoussa la potion qu'elle avait prit par erreur dans la Réserve de Campbell, et finit par retrouvée sa bague d'argent et d'émeraude au fond avec soulagement.
-Quelqu'un a du mascara pour moi ? s'enquit Alexandra en rangeant sa brosse. Le mien est à sec.
-Tiens, fit Athénaïs d'un ton sec en lui lançant un tube noir.
-Merci, Stones.
-Elle veut se faire belle pour Zabini, insinua Dorothy en s'extirpant de dessous son lit, ses cheveux multicolores en désordre.
Alexandra piqua un fard, la brosse de mascara à quelques centimètres de ses yeux. Ses paupières papillonnèrent, et elle secoua la tête.
-Mais pas du tout ! protesta-t-elle, avant de s'engouffrer dans la salle de bain et de claquer la porte.
-Bien sûr que si, railla Dorothy à l'intention de Lucy. Même que hier ils ont passé la soirée à parler sur des partitions de piano et qu'elle avait un sourire stupide.
-Typique, s'esclaffa Lucy, amusée.
Dorothy eut un sourire sarcastique et ouvrit sa penderie pour observer ses vêtements à présent chiffonnées et couverts de poussière. Elle s'épousseta passivement et se recoiffa.
-Je devrais peut-être rajouter une couleur, proposa-t-elle en tenant une mèche violette au bout de ses doigts. Tu penses quoi du bleu ? Je n'ai pas de bleu.
-Mon cousin a les cheveux bleus, remarqua-t-elle en repensant à la crinière azure de Teddy Lupin. Au fait, c'est pas ton livre de divination, là ?
Elle venait de soulever une pile de vêtement appartenant à Dorothy et celle-ci se mit à battre des mains, extatique, avant de plaquer un baiser sur la joue de Lucy.
-Merci Weasley ! Je préfère avoir le livre, c'est toujours plus divertissant que d'écouter Trelawney beugler sans arrêt « ouvrez vos esprit ! ». Ouais, le mien est tellement ouvert qu'au dernier cours je me suis endormie sur la boule de cristal.
-Je te trouve bien patiente, bougonna Athénaïs depuis son lit. Moi ça fait longtemps que je lui aurais foutu sur la tête, la boule de cristal.
-Pas l'envie qui m'en manque, admit Dorothy avant de tambouriner à la porte. Alex, sors de là, je dois me faire des mèches bleues !
-On a cours dans un quart d'heure, et on doit aller manger ! fusa la voix de la jeune fille.
-Raison de plus pour me laisser la salle de bain !
Cinq minutes plus tard, et avec l'aide magique de ses trois camarades (puisque même Athénaïs avait été mise à contribution lorsque Dorothy l'avait menacé de lui faire des cheveux verts dans son sommeil, elle qui était devenue très douée pour les changements de coloration), la jeune fille ressortie de la salle de bain en abordant fièrement ses nouvelles mèches d'un bleu électrique. Alexandra eut une moue.
-Trois couleurs, c'est trop, Doroth.
-Rien à faire. Et j'ai faim.
-Dorothy, tu as toujours faim, rappela Lucy en chargeant son sac sur son épaule. Dépêchez, ou sinon je pars sans vous !
Les filles se hâtèrent de rassembler leurs affaires et remontèrent dans la Grande Salle à la suite de leur préfète. Descendant des étages supérieurs, Louis fit distraitement signe à sa cousine, l'air profondément absorbé par le parchemin qu'il avait à la main, avant de s'engouffrer dans la Grande Salle.
-Je suis désolée, fit Dorothy en le suivant du regard. Mais Weasley, c'est quand même le level-up des Mousquetaires.
-Et je puis t'assurer que ce n'est pas les mèches bleues qui vont l'attirer, plaisanta Lucy avec un sourire.
Dorothy feignit d'être déçue, et Alexandra s'esclaffa alors qu'elles suivaient Louis. Dès l'instant où elles entrèrent dans la Grande Salle, l'ambiance changea. Un murmure inquiet parcourrait les tables, incessant et bourdonnant. Des élèves étaient penchés sur d'autres, les traits crispés.
-Il se passe quoi ? s'étonna Dorothy en s'immobilisant. Quelqu'un est mort ?
Lucy la fit taire d'un regard, mais intérieurement, elle était perplexe. L'intervention de la Serpentard attira l'attention de ceux qui étaient assis en bout de table de Gryffondor et Serdaigles, les tables centrales.
-Lucy, je crois que les gens te regardent, souffla Alexandra en prenant le bras de la préfète.
Et elle avait malheureusement raison. Ceux qui s'étaient retournés la fixaient d'un drôle d'air, moitié peiné moitié inquiet. Le cœur de Lucy se serra quand elle aperçut des Gazettes dans les rangs.
C'était son père. C'était forcément ça. Qu'est ce qu'il avait fait ?
La plus proche de l'entrée était Dominique. Quand elle avisa sa cousine près de la porte, elle se leva d'un bond et courut vers elle, ses boucles de feu s'agitant à chacun de ses pas. Elle dévisagea brièvement Dorothy et évalua :
-Le bleu te va vraiment bien, bonne idée, mais trois couleurs, c'est décidément trop, chérie.
Puis elle se tourna vers Lucy, et son visage se ferma.
-Surtout ne panique pas, la pria-t-elle en prenant derechef sa main. Ce n'est pas grave, ma sœur vient de m'écrire et elle m'a dit que tout était réglé.
-Mais de quoi tu parles ?
-Lulu !
Roxanne courrait elle aussi vers elle, et lui sauta au cou, manquant d'étrangler la Serpentard.
-Ça va aller ne t'en fais pas, je suis sûre qu'elle va bien !
-Quelqu'un peu m'expliquer ce qu'il se passe ? s'agaça Lucy en se dérobant à sa cousine. Vous me faites peur, là.
-Et du reste, bonjour la discrétion, Rox, la réprimanda Dominique. Toute la Grande Salle nous regarde.
Ce qui était vrai aussi. Les yeux rivés sur elle de tous les élèves figeaient Lucy, et elle trouva la force de prendre vivement le bras de Roxanne et celui de Dominique, pataugeant dans la plus grande des confusions. Dorothy et Alexandra les observaient toujours, perdue.
-Mais bon sang mais qu'est ce qui se passe ?
-Il y a une attaque au Ministère, avoua finalement Roxanne, dans un filet de voix.
Le cœur de Lucy fit une chute vertigineuse dans sa poitrine. Les pensées se bousculèrent dans sa tête. Papa. Maman. Molly. Papy. Victoire. Harry. D'autres élèves vinrent à leur rencontre, et elle se rendit compte qu'il s'agissait de ses cousins. James fut le premier à arriver à sa hauteur et lui tendit un exemplaire de La Gazette. Les yeux d'Albus, qui le suivait de près, s'écarquillèrent avec horreur.
-Enfin Jim, pas comme ça !
C'était trop tard, car la préfète se jeta sur le journal, le cœur battant à tout rompre. Ce qu'elle vit sur la première page la glaça jusque la moelle. C'était impossible ...
ATTAQUE AU DEPARTEMENT DE LA JUSTICE MAGIQUE !
« Tôt ce matin, dans les alentours de cinq heures, des intrus ont pénétré dans l'Atrium et se sont attaqué au Département de la Justice Magique. L'incident aurait pu s'arrêter à une simple acte de vandalisme sans la présence exceptionnelle dans ses lieus de la cheffe du Département de la Justice Magique, Audrey Weasley, l'épouse du Ministre, d'une partie de son équipe et de certains membres du Magenmagot. Que faisaient-ils au Ministère à une heure si matinale, nous sommes sûrs (quoique) que le Ministère pourra nous donner une explication. L'attaque fut foudroyante, selon les témoins. « Ils savaient ce qu'ils venaient chercher » nous livre Ernie Macmillan, membre du Magenmagot depuis quinze ans et porteur du projet de la Loi d'Amnistie, présent lors des faits. « Ils étaient cagoulés, des cagoules blanches, comme des spectres ... il était impossible de voir leurs visages, et avant qu'on ait pu sortir nos baguettes ils nous avaient tous mis hors d'état de nuire. Ils ont saccagé les bureaux ... » Malgré cela, un semblant bataille semble s'être engagé, blessant sérieusement l'épouse du Ministre et cinq autres personnes, qui sont désormais à Saint-Mangouste. Les auteurs de cet acte se sont ensuite volatilisés avant l'arrivée des Aurors. On ignore toujours ce qui a pu motiver ces malfrats et le Ministère demeure avare de détails sur l'état du Département ainsi que sur les revendications de ces criminels : que sont-ils venu ... »
Lucy ne put en lire d'avantage. Les mains tremblantes secouaient le papier de La Gazette, et ses yeux resté rivé sur la phrase « blessant sérieusement l'épouse du Ministre et cinq autres personnes ... », horrifiée. Un bras entoura ses épaules.
-Ne t'en fais pas Lu, fit la voix de Louis, qui avait dû arriver pendant sa lecture. Dominique et moi on a eu une lettre de Victoire, elle était la première sur les lieux avec Oncle Harry. Tante Audrey est blessée mais elle va s'en sortir ...
Loin de la rassurer, les mots de son cousin firent trembler sa lèvre inférieure, et elle planta ses dents dedans pour qu'elle se tienne tranquille. Elle replia le journal d'un air fébrile et le rendit à James.
-Je dois aller la voir ..., entonna-t-elle, des trémolos dans la voix. Je peux pas rester là, je dois aller à Saint-Mangouste ...
-Lucy, calme-toi, la pria Roxanne en lui prenant les mains. Louis te l'a dit, ta mère est hors de danger, tout va bien ...
-Tout va bien ? Elle est à Saint-Mangouste bon sang Roxy !
Lucy se rendit compte qu'elle venait de crier, et elle détourna le regard pour se calmer. Remarquant son trouble, Louis la prit de force par les épaules pour l'écraser sur son torse. Elle se laissa faire et enlaça son cousin pour se maintenir à la réalité.
-On sait qui sont les autres personnes blessées ? s'enquit-t-elle d'une voix morte, contre le pull de Louis.
-Aucune idée, La Gazette ne dit rien, répondit celui-ci en caressant doucement ses cheveux.
-Mais une fille de mon cours de Botanique à Poufsouffle s'est levée et est sortie de la salle en pleurant, enchérit Roxanne.
-Ne t'inquiète pas, Weasley, fit la voix douce d'Alexandra en mettant une main sur son épaule. Et si tu as besoin de voir ta mère, va demander à McGonagall, je suis sûre qu'elle te laissera sortir ...
-Ou pas.
Lucy décolla sa tête du torse de Louis pour voir arriver Luke, les cheveux blonds ébouriffés et le visage grave. Il tenait une lettre dans sa main, qu'il tendit à Lucy, les lèvres pincées.
-C'est arrivé pour toi ce matin, annonça-t-il alors que Lucy lui arrachait la lettre des mains. Et ça porte le sceau du Ministère ...
Papa. Lucy arracha le sceau qui sceller le parchemin et déplia la lettre avec hâte. Luke, Louis et Roxanne lurent par dessus son épaule. Au fur et à mesure de sa lecture, les mains de Lucy se mirent à trembler, mais de rage, cette fois.
-Mais il est sérieux ? souffla-t-elle, sidérée.
-Qu'est ce qu'il dit ? demanda Albus d'une voix timide.
Lucy ne répondit pas tout de suite, finissant sa lettre, l'esprit bouillonnant.
-Il m'interdit d'aller voir ma mère. Selon lui, elle va très bien, elle ne devra passer qu'une semaine à Saint-Mangouste et elle surtout besoin de calme et de repos. Et soi-disant je dois me concentrer sur mes BUSEs...
-Il n'a pas tord, observa Rose d'une petite voix.
Mais Lucy la fusilla du regard. Evidemment qu'il avait tord, comment pouvait-elle se concentrer sur ses BUSEs alors que sa mère était clouée dans un lit à Saint-Mangouste ? C'était stupide ! En proie à une grande agitation, elle passa une main fébrile dans ses cheveux. D'autres personnes vinrent grossir les rangs : Eléonore et Jina les rejoignirent, et celle-ci, faisant fi de son petit-ami qui lui servait un sourire éclatant, se précipita sur Lucy pour la prendre dans ses bras.
-Bonjour, mon cœur, sinon.
-La ferme, crétin, répliqua Jina avant de prendre Lucy à bout de bras. Ne t'en fais pas, Pucette, je suis sûre que tout va bien.
-Mais tout va bien, s'agaça Dominique en agitant un parchemin qu'elle avait dans les mains. Victoire le dit, ton père le dit. Ne t'en fais pas Lulu, tu n'as pas à t'inquiéter pour ta mère.
-Miss Weasley.
Toutes les filles de la famille se tournèrent d'un bloc vers Minerva McGonagall et Daphnée Greengrass, qui avaient remonté l'allée centrale en direction du groupe qui s'était formé à l'entrée. Luke grommela sourdement à coté de Lucy :
-Quelle famille pénible ... Vous êtes au moins douze Miss Weasley.
-Quatre ici, et à moi que tu sois la cinquième, tu la fermes, Zabini, répliqua sèchement Roxanne.
-Weasley, Zabini, les réprimanda McGonagall avec froideur. Je ne pense pas que ce soit le moment.
-Lucy, intervint alors Greengrass, utilisant son prénom par soucis de ne pas créer d'autre confusion. Vous pouvez nous suivre s'il vous plait ?
Lucy hocha la tête, le cœur battant, et se détacha de ses cousins pour suivre les deux professeurs dans le bureau de Greengrass au troisième étage. Elle s'installa sur une chaise devant le bureau alors que McGonagall prenait place derrière le Bureau de la professeur de métamorphose, Greengrass à ses cotés. La directrice posa sur son élève un regard plus doux qu'à l'accoutumée.
-J'aimerais aller voir ma mère, demanda immédiatement Lucy, faisait fi des directives de son père.
Sa mère était à Saint-Mangouste. A l'idée d'une Audrey Weasley brisée dans un lit d'hôpital, elle se sentit pâlir.
Mais bon sang, qu'est ce qu'il s'était passé ?
-Chose que je comprends, Miss Weasley, assura la directrice, les lèvres pincées. Malheureusement, j'ai reçu une lettre de Monsieur le Ministre en personne me priant de veiller à ce que sa fille reste entre les murs de Poudlard et je suis au regret de vous refuser cette sortie.
Le sang de Lucy ne fit qu'un tour. Elle sauta sur ses pieds, et posa ses deux mains à plat sur son bureau. L'angoisse faisait battre son cœur à tout rompre sur sa poitrine.
-Il n'a pas le droit de m'enfermer ici ! Il n'a pas le droit de m'empêcher d'aller voir ma mère !
-Weasley, veuillez-vous calmer ! ordonna Greengrass en lui faisant sèchement le signe de s'asseoir.
-Non, laissez Daphnée, intervint McGonagall, l'air plus las qu'outré. C'est une réaction compréhensible, Weasley, mais je dois vous rappeler que vous êtes mineure, et sous ma responsabilité. Si votre père m'ordonne de vous enfermer ici, alors je suis au regret de vous annoncer que vous resterez à Poudlard.
-Mais c'est injuste !
-Vous vous inquiétez pour votre mère, et c'est quelque chose de parfaitement compréhensible.
-Non, vous pensez ? siffla Lucy entre ses dents, les doigts crispés sur le bord du bureau.
-Weasley !
Lucy réprima un cri de rage et se laisser lourdement tombée sur sa chaise, le visage entre les mains. Elle détestait son père de la cloitrer ainsi à Poudlard alors que son être tremblait pour sa mère. Elle rejeta sa tête en arrière, et inspira profondément avant d'expirer tout l'air de ses poumons, se forçant à se détendre comme son parrain Charlie lui avait appris.
-Vous savez ce qu'il s'est passé ? s'enquit-t-elle finalement, toujours tendue, mais résolument plus calme. Je veux dire ... Comment ça a pu arriver ?
Les deux professeurs échangèrent un regard prudent que Lucy trouva de mauvais augure. Son cœur se serra et ses mains se crispèrent sur ses genoux. Le visage de McGonagall se ferma et l'amabilité dans son regard se refroidit quelque peu.
-Tout ce que nous savons, nous l'avons lu dans La Gazette ce matin, Miss Weasley, soupira Greengrass, les bras croisés sur sa poitrine.
-Et votre père nous a donné des petites précisions dans la même lettre qui nous disait de vous garder ici. Il précise que votre mère va bien, et qu'elle a déjà repris connaissance.
-On sait qui a attaqué le Département ? Et pourquoi ? Ils en voulaient à ma mère ?
-Il est trop tôt pour répondre à ces questions, Weasley, la rabroua McGonagall, l'air plus agacée contre la situation que contre Lucy. Tout ce que nous savons ... Ce n'est pas grand-chose, en fait. Les raisons de cette attaque sont plutôt obscures, et la cible encore plus. Qui de votre mère ou du Ministère ou de je-ne-sais-qui était visé, nous n'en savons rien, mais je suppose que votre père communiquera les avancées de l'enquête en temps opportun.
-En attendant, ne vous en faites pas trop pour cela, Weasley. Nous vous avons convoqué pour vous informer des directives de votre père et pour vous rassurer sur l'état de santé de votre mère. D'après ce que nous savons, elle devra rester à Saint-Mangouste quelques jours, mais comme nous vous l'avons dit ... Elle s'en sortira sans peine.
Le cœur au bord des lèvres, Lucy hocha sèchement la tête, vaguement rassurée par les paroles des deux professeurs. McGonagall finit par la congédier en lui conseillant de se concentrer sur ses études, et la préfète sortie en compagnie de Greengrass. Une fois la porte refermée, la Directrice de Serpentard enchérit avec flegme :
-J'ajouterais à cela que vous avez un match de Quidditch contre Poufsouffle pas plus tard que samedi. Ça me gênerait beaucoup d'être en froid avec le professeur Montrose parce que ma Maison a perdu contre la sienne.
Un sourire effleura les lèvres de Lucy malgré elle. Elle fit taire momentanément son angoisse pour rassurer sa professeur :
-Je ne comptais pas perdre, madame.
-Voilà qui me rassure, Miss Weasley. Et rassurez-vous. Votre mère ira bien. Et la connaissant, elle n'aimerait sans doute pas que vous perdiez un match à cause d'elle.
Le sourire de Lucy s'agrandit. Elle n'avait pas tout à fait tord. Audrey était une fan invétérée de Quidditch et avait accueillie l'insigne de Capitaine de sa fille avec la plus grande des fiertés. Greengrass dut voir dans le sourire de son élève sa réticence s'effriter, et elle ajouta, la commissure de ses lèvres relevée :
-Alors tâchez de gagner ce match pour elle, Miss Weasley. Je pense que ça lui ferait plus plaisir que si vous assistiez à sa faiblesse à Saint-Mangouste.
-J'y songerais. Merci, professeur.
Greengrass sourit plus franchement, et laissa la jeune fille retourner à la Salle Commune, plus rassurée. Lucy regarda son professeur retourner à sa classe, la tête haute, et se laissa aller contre le mur, le cœur battant à tout rompre. Elle se sentait à présent déchirée. Elle avait un match à préparer, son équipe comptait sur elle. Mais comment pouvait-t-elle se concentrer sur quelque chose d'aussi futile d'un match alors que sa mère était dans un lit à Saint-Mangouste ? Elle enfouit son visage entre ses mains.
Par Merlin, mais cela ne cesserait jamais ?
***
Après trois lettres enflammées de son père, trois réponses par beuglante envoyées par Lucy, une mini-crise familiale qui avait nécessité l'intermédiaire de Tante Fleur, très proche de Audrey, ce fut finalement une lettre rassurante d'Audrey elle-même qui acheva définitivement de rassurer Lucy, et elle cessa de harceler son père et sa sœur pour sortir de Poudlard et aller voir sa mère. Celle-ci insista particulièrement sur le fait qu'elle ne devait pas perdre pied, se concentrer sur ses BUSE, mais surtout sur le match qui se profilait. Lucy avoua avoir du mal à se focaliser sur ces choses. Sa tête était emplie de l'image de sa mère sur un lit à Saint-Mangouste, et malgré ses mots rassurants, c'était dur à supporter. Le mardi soir, Montague et Eléonore étaient venus la sortir de force de son dortoir pour une séance d'entrainement et force était d'admettre que monter sur un balai, aboyer sur Oxlade, mettre les buts les plus vicieux possibles à Henry et taquiner Will avec Montague l'avait considérablement détendu, bien plus que ne l'avait fait les lettres de son père ou les longs discours de ses cousins pour la calmer. Elle était revenue dans la Salle Commune vannée, vidée de toute forme d'énergie, la gorge sèche à force d'avoir crier et tremblante de tout ses membres à cause du froid, mais globalement apaisée.
Ce fut pour cela que le mercredi, elle consentit à aller avec Luke à la bibliothèque sans rechigner ni râler contre son père ou contre McGonagall, une première depuis qu'elle avait appris l'hospitalisation de sa mère.
-Je déteste la métamorphose, râla Luke en sortant le devoir qu'ils avaient à rendre pour vendredi. Et je déteste Greengrass de nous imposer ça.
-C'est la meilleure prof de cette école, rétorqua Lucy en trempant sa plume dans l'encre avec dignité. Même si elle me cloître dans l'école pour m'empêcher de voir ma mère.
-Tu ne vas pas recommencer avec ça ? Ta mère va bien, Weasley. Ce qui va mal, c'est ce stupide devoir de métamorphose qui reste désespérément vide. Du reste, le tiens est complet, et ...
-Non, Luke, je te donnerais pas mon devoir.
-A quoi ça sert d'être ami avec toi si je ne peux pas copier tes devoirs ?
Lucy lui lança un regard acéré et Luke soupira profondément en se reconcentrant sur son parchemin. Un petit sourire retroussa les lèvres de la jeune fille et elle s'attela à copier la conclusion de son devoir. Ceci étant fait, elle se leva pour trouver un livre sur le sortilège d'apparition qu'ils étaient en train d'étudier et qui lui donnait du fil à retordre. La bibliothèque était calme à cette heure, et seuls quelques Serdaigles travaillaient à une table ensemble, et elle aperçut Shannon Finnigan entrer, blême et discrète, une pile de libre à la main. Mais avant de passer au rayon métamorphose, elle fit un arrêt par les créatures magiques et caressa un manuscrit sur les dragons qu'elle avait déjà repéré mais qu'elle n'avait jamais pris le temps de lire.
-Tu aimes vraiment les dragons, pas vrai ?
Lucy sursauta, et fit tomber le livre dans son élan. Gethin Scampers se tenait sur le seuil de l'allée, son sac à dos disproportionné à l'épaule, un petit carnet à la main. Elle ramassa le grimoire pour le remettre sur l'étagère.
-Bon sang Gethin, tu vas arrêter de m'effrayer comme ça ?
-Désolé, s'excusa-t-il en tripotant nerveusement le carnet dans sa main. Je venais juste ... (il montra le carnet) te donner ça. Comme je t'avais dit.
Lucy fronça les sourcils, et saisit le petit carnet que le petit Gryffondor lui tendait. Ce n'était pas le carnet dans lequel il dessinait, mais un autre, plus fin. Elle lança un regard interrogateur au garçon, avant d'ouvrir la première page. Sur le papier fin était collé une photo. Elle réprima un cri.
-Gethin merci !
-De rien.
C'était une photo ancienne, datant d'une vingtaine d'année. Une nouvelle scène des années d'Oncle Harry à Poudlard. Les photos que Gethin avaient trouvées. Elle tourna la page avec avidité et trouva une autre photo collée à la double page suivante. Quatre en tout. Sur les deux pages suivante était griffonné d'une petite écrire à peine lisible de quelqu'un qui n'est pas habitué à la plume « Grosse Dame déchirée » et « ennemis de l'Héritier ».
-Les deux que j'ai, devina Lucy en revenant aux premières pages pour scruter les photos. D'accord. Tu les avais trouvé quand ?
-En début d'année. A peu près toute au même moment. Quand Wallace me poursuivait, en première année, c'était la première que je trouvais.
-Celle de la Chambre des Secrets ?
-Oui, c'est ça.
Gethin se dandinait d'un pied à l'autre, mal à l'aise, comme s'il s'attendait à ce que Lucy lui saute à un moment où à l'autre à la gorge. La jeune fille le gratifia d'un sourire rassurant.
-Merci beaucoup, Gethin. Ça te dérange si ... je le garde ?
-Oh, non, ne t'en fais pas ! fit précipitamment le garçon en enfonçant ses mains dans ses poches. J'ai fait le carnet hier exprès, et ... Argh !
Lucy venait de se précipitait vers lui pour embrasser ses cheveux avec reconnaissance. Gethin se laissa faire, le visage cramoisi, l'air gêné.
-Tu es adorable. Et si je te fais encore peur ...
-C'est que tu auras retrouvé son état normal, acheva Gethin en passa une main embarrassée dans ses cheveux, comme pour effacer le baiser de Lucy. On dirait ma grande sœur, et elle, elle a une excuse, parce qu'elle est enceinte.
-C'est vrai ? s'enquit distraitement Lucy, qui s'était replongée dans les photos.
-Oui. On sait toujours pas si c'est un garçon ou une fille, mais ça a sérieusement chamboulé ses hormones. Elle passait son temps à nous embrasser ... Je crois que je suis devenu allergique aux bisous.
Lucy partit d'un petit rire en imaginant une jeune femme enceinte faire crouler les Scampers sous nombre de baisers. Gethin eut un petit ricanement gêné, et rajusta son sac sur son épaule.
-Je vais y aller, j'ai Potion.
-Oui, vas-y, tu es déjà assez petit, si Campbell se transforme en têtard si tu arrives en retard ...
-Je te remercie, Lucy, grommela-t-il avec un regard ennuyé pour la jeune fille. J'espère que ça va t'aider ...
-J'espère aussi. Merci beaucoup, Gethin.
-Un plaisir.
Le petit eut un dernier petit sourire avant de prendre la direction de la sortie de la bibliothèque. Lucy rangea le livre qu'elle avait fait tomber, et retourna vers Luke, qui avait à peine écrit une ligne sur son parchemin. Quand il vit la préfète arriver, il leva brièvement les yeux.
-Ah, tu tombes bien, je n'ai jamais compris comment ...
-Oublie la métamorphose, tu copieras sur moi !
Luke se redressa, à la fois surpris et ravi. Il laissa tomber sa plume et se laissa aller contre le dossier de sa chaise, un petit sourire aux lèvres.
-Et que me vaut ces largesses ?
-On a plus urgent !
Elle laissa tomber sur la table le carnet que Gethin lui avait procuré, et tapa sa couverture avec son index d'un air entendu. Luke haussa un sourcil dubitatif.
-Un carnet.
-Ouvre ça, Zabini, et arrête de râler.
Luke soupira et s'exécuta de mauvaise grâce. Ses yeux s'écarquillèrent quand il découvrit la première photo, et il tourna la page avec plus d'empressement, frappé de stupeur.
-Je le crois pas, laissa-t-il échapper, les yeux rivés sur les pages qui s'étendaient devant lui. Tu as fini par jeter ce gosse dans le Lac Noir ?
-Non. Mais il s'est montré plus coopératif.
-Parfait (Luke se munit d'une plume et pointa la préfète avec, le visage crispé par la concentration). On sait que les photos on un lien avec les agressions car jusque là, chaque agression imite une scène de la vie de ton oncle dont on a trouvé les photos ... La Chambre des Secrets pour Wallace ... La Grosse Dame pour Boot ... Or, le gnome a trouvé d'autres photos décrivant la vie de ton oncle. Coïncidence ?
-Je ne crois pas, entonna lentement Lucy, scrutant la photo qui s'étendait devant elle. Deux photos imitées déjà. Ce qui veut dire ... que ce cinglé comptait au moins en faire quatre de plus.
-Quatre, répéta Luke d'une voix morte. Donc quatre victimes potentielles de plus.
Une main glacée se referma sur le cœur de Lucy. Quatre victimes potentielles. L'ampleur de cette découverte lui donnait le vertige.
-Il faut en parler à Greengrass, souffla-t-elle, sous le choc.
-On le fera, promit Luke d'une voix qui se voulait rassurante. Mais d'abord, on va identifier les scènes, et pour ça, je vais avoir besoin de toi, Weasley.
Lucy hocha lentement la tête, résignée et Luke fit glisser le carnet vers elle avant de s'installer à ses cotés pour mieux suivre l'identification. Lucy contempla la première photo, les sourcils froncés, le cœur battant à tout rompre.
-La Coupe de Feu, reconnut-t-elle en montrant l'objet dans le fond de la Grande Salle que représentait la photo. Et là c'est oncle Harry, reprit-t-elle en désignant un garçon à lunette qui remontait l'allée en direction d'un homme qu'elle reconnaissait vaguement comme étant le défunt professeur Dumbledore.
-Je crois mon père m'en a parlé. Le tournoi des Trois Sorciers ? Genre, là où a commencé la Seconde Guerre ?
-C'est exactement ça (elle donna le carnet à Luke et tapota la page vide en face de la photo). Note, greffier. Je reconnais, tu grattes.
-Quel boulot ingrat ...
Il nota quelques mots clef comme « Tournoi des Trois Sorciers » « Coupe de Feu » et ajouta qu'il ferait mieux de mentionner le lieu, puisque c'était là que les futures victimes se feraient agressées, aussi griffonna-t-il « Grande Salle » à coté. Puis il tourna la page.
-Je sèche, avoua-t-elle en remarqua oncle Harry allongé dans l'herbe, se tenant le bras d'une main, d'autres sorciers l'entourant, l'air agité. Mais on est en plein air, et il est en robe de Quidditch. Il a l'air relativement jeune. Je dirais deuxième ou troisième année, sur le terrain de Quidditch, pendant ou après un match.
Luke nota les informations, et tourna une nouvelle fois la page pour faire apparaître une scène étrange où Oncle Harry et Ron et Tante Hermione semblaient sortir d'un tunnel derrière nul autre que ...
-Londubat, reconnut Luke avec stupeur. Je rêve, c'est vraiment Londubat ? Il avait l'air d'un nigaud !
-Un nigaud sacrément amoché, remarqua Lucy, perplexe. Et ils sont où, là ? Je ne reconnais pas du tout la pièce. Ni la scène ... Regarde-les, la moitié des élèves sont blessés ...
-Je dirais septième année, alors, songea sombrement Luke en l'inscrivant en face. Mon père m'a raconté des trucs à glacer le sang, sur cette époque. Ça ne m'étonnerait pas que la moitié aient fini blessé.
-Alors c'est juste avant la Bataille de Poudlard, affirma Lucy, une boule au ventre de découvrir de telles scènes. Mon oncle n'est revenu à Poudlard que pour la bataille. Par contre, je ne reconnais pas le lieu.
-Moi non plus. On en rediscutera plus tard, on passe à la suivante. Oh, elle est mignonne ...
Harry y était représenté en robe de soirée, dans le Hall accompagné d'une petite jeune fille aux longs cheveux blonds emmêlés, habillé d'une robe argentée et l'air rêveur. Lucy fut alors prise d'un fou rire irrépressible.
-Oh par Merlin ...
-Tu reconnais la scène ? Je reconnais le Hall, après ...
-Pas la scène en elle-même, mais la fille ... Oh par les chaussettes de Merlin ...
Et elle repartit dans son fou rire en s'écroulant sur la table, les épaules secouée par l'hilarité. Elle s'en voulait de rire autant après les horreurs qu'ils étaient en train de découvrir, mais c'était plus fort qu'elle.
-Bon, tu expliques ?
-C'est la mère de Lysander et Lorcan, avoua-t-elle entre deux gloussements.
-Genre ? (Il posa des yeux incrédules sur la photo). La mère des Scamander ? Ils sont sortis ensemble ?
-Je ne pense pas, non ... Attends, Harry est sorti avec la mère de Jina, mais je n'ai aucun retour qu'il soit sorti avec Luna ...
-Attends, il est sorti avec la mère de Kane ? Ça veut dire que comme James sort maintenant avec elle, la petite Potter va devoir se caser avec un Scamander ?
Lucy le gratifia d'une tape sèche sur le bras, un sourire amusé aux lèvres. Luke nota le nom de Luna Lovegood Scamander sur le carnet et nota également le lieu, avant de tourner la page sur les espaces vides des deux dernières photos.
-Grosse Dame. Bien. Qu'est-ce qu'on sait ?
-Ça c'est passé en troisième année, raconta-t-elle en essuyant ses larmes de rire. Euh. Je connais pas les détails, il faudrait demander à James ... Mais en gros, c'est le parrain de Harry qui l'a agressé pour aller attraper l'assassin des parents de Harry qui était alors transformé en rat.
-Pardon ? Oh, laisse tomber. Toute l'histoire de ton oncle n'est qu'une immense suite d'absurdité.
Lucy haussa les épaules avec indifférence. Avec Harry Potter, l'exceptionnel et le saugrenu devenait banal. Elle était habituée. Luke se pencha pour noter les informations, avec en dessous d'une autre couleur le nom de Lionel Boot. Ce brusque rappel à la réalité glaça Lucy et lui enleva toute envie de rire une nouvelle fois. Les yeux froids et vides de Lionel flottèrent dans son esprit, et elle eut l'impression qu'un liquide froid s'était introduit dans ses veines.
-Et dernière image en notre possession ... L'affaire de la chambre des Secrets.
-Oui, confirma Lucy en reprenant contenance. Sauf que le message a été modifié.
-Tu te souviens du message écrit ?
Lucy fouilla sa mémoire. Elle avait l'impression qu'une éternité s'était écroulée depuis qu'elle avait découvert le corps inerte d'Alexandre Wallace en compagnie de Albus.
-« Les fantômes du passé n'ont jamais rien oublié », récita-t-elle, l'image toujours profondément marquée au fer rouge dans son esprit. « Le temps de la justice vient de s'ouvrir. Ennemis des Héritiers, prenez-garde ».
-Si ce n'est pas une affaire de vengeance, alors je veux bien déclarer ma flamme secrète à Roxanne Weasley, grommela Luke en inscrivant les mots dans le carnet, suivi du nom d'Alexandre Wallace.
-J'ai toujours su que tu avas des sentiments cachés pour ma cousine, plaisanta Lucy, un léger sourire relevant la commissure de ses lèvres.
Luke lui asséna un coup de parchemin sur la tête pour la faire taire, et parcourut leurs notes du regard, une lueur calculatrice dans les yeux.
-Je ne rigole pas, Weasley. « Les fantômes du passé n'ont jamais rien oublié ». C'est clairement un message vengeur. Pas quelque chose contre ou pour les Né-moldus comme on le pensait au début. Une vengeance, simplement. Et quelque chose me dit que ça date de l'époque de ton oncle. Voire même que ça a un rapport direct avec ton oncle.
-Quelqu'un veut venger Harry, ou se venger de Harry ?
-Excellente question mon cher Watson, et je te remercie de me l'avoir posée.
-Depuis quand tu utilises des références moldues ?
-Depuis que je passe cinquante pourcent de mon temps avec Henry Llod, ce né-moldu insupportable admirateur d'un bonhomme vert qui parle à l'envers, d'une immonde créature schizophrène et d'un détective qui m'avait l'air accro aux champignons magiques qui me sert de meilleur ami. Mais ce n'est pas la question, la question c'est : ce gars, il choisit des victimes au hasard pour atteindre son but, ou justement, ses victimes sont inscrites dans sa vengeance ?
-Non, elles sont inscrites, c'est forcé ... Tout ça, c'est trop théâtralisé, trop orchestré pour que ce soit un simple hasard, protesta Lucy. Mais ce n'est pas elles. Je veux dire ... Si c'est une vengeance dont il est question, pour des événements ayant eu lieu il y a plus de vingt ans ... alors Alexandre et Lionel ne peuvent pas être l'objet de cette vengeance. Et ça devient plus complexe encore, parce que Lionel et Alexandre n'ont rien en commun : l'un est un anti-moldu de Serpentard, l'autre un insupportable élève de Serdaigle !
-Tu dis qu'il était insupportable juste parce que tu es sortie avec, ne soit pas mauvaise langue, Weasley.
-C'est toi qui dit ça ? Tu ne l'as jamais aimé !
-Là n'est pas la question, répliqua Luke d'un air digne. Je n'ai jamais aimé ce mec, c'est vrai, mais ça n'a rien à voir avec cette affaire. Cela dit, maintenant que j'y pense ... il y vingt ans, environ à l'époque de Harry Potter ... Il devait y avoir leurs parents, non ?
Il avait dit ça comme s'il avait été soudainement pris d'une soudaine vision, comme celles qui saisissait parfois le professeur Trelawney. Il écarquilla les yeux, et agrippa violemment le bras de Lucy.
-Aïe !
-Weasley, c'est eux l'objet de la vengeance ! Leurs parents ! « Ennemis des Héritiers » ! On est les héritiers des parents ! Il est là le lien avec les photos ! Les photos font le pont entre les deux époques ! Qui sont les parents de Lionel ?
-Je te le dirais si tu lâches mon bras !
Luke soupira et s'exécuta de mauvaise grâce. L'éclat du jeune homme avait attiré le regard courroucé de la bibliothèque, et il lança un sourire à la ronde pour s'excuser. Lucy frotta son bras avec une grimace, prise de court par la soudaine illumination de son ami.
-Terry Boot, son père. Un éminent membre de l'Armée de Dumbledore. A participé à la Bataille de Poudlard. C'est tout ce que je sais de lui.
-Parfait, murmura Luke en griffonnant cela sous le nom de Lionel. Et sa mère ?
-Elle était à Serdaigle, et c'est une amie de la mère de Jina. C'est pour ça que lui et elle se connaissaient depuis qu'ils sont gosses ... Je ne l'ai vu qu'une fois, et je crois qu'elle ne m'aimait pas du tout.
-Une femme avisée, ironisa Luke avec un regard taquin pour Lucy. Elle a un nom ?
-Je ne sais plus trop, Leo a dû me le dire ... Maria, Marina, quelque chose comme ça ...
-Weasley, fais fonctionner tes méninges, c'est maintenant que j'en ai besoin !
-Mais j'essaie ! Ah ! Je l'ai, Marietta, c'est ça !
Luke nota cela à coté du nom de Terry Boot et passa à la page d'Alexandre Wallace. Une ride de réflexion s'était tracée sur son front, et ses yeux sombres étaient rivés sur les pages avec sérieux. Il trempa sa plume dans l'encre sans regarder avant de se remettre à griffonner.
-Alexandre ..., murmura-t-il tout en notant. Son père s'appelle Hector Wallace et était à Serpentard, un Sang-mêlé sans trop d'histoire ... Sa mère est une amie de longue date de la mienne et de celle de - surprise ! - Athénaïs Stones.
-Elle disait qu'elle connaissait Alexandre depuis qu'elle était jeune, se rappela Lucy en se souvenant des mots de sa camarde de chambre au bord du Lac avec un frisson. Tu avais des drôles de fréquentation.
-C'était celles de mes parents, rétorqua Luke d'un ton plus brusque. Un ancien groupe de Serpentard qui devaient être tout-à-fait détestables. Nous, les Malefoy, la mère de Wallace ... Les seuls que j'aimais bien dans le lot, c'était les Montague et c'est parfait parce que c'est les seuls avec qui mes parents ont gardé contact sur le long terme. Mais je souviendrais toujours de la mère de Wallace, une femme aigrie qui avait une tête de pékinois.
-Et elle a un nom ?
-Pansy. Tout aussi détestable. Elle aimait beaucoup l'idéologie du Sang-Pur, comme mes parents, d'ailleurs.
La crispation dans les épaules de Luke indiquait à Lucy qu'on entrait sur un sujet houleux, et son visage fermé ainsi que la résolution dans sa voix sous-entendait qu'il était hors de question de s'épancher sur le sujet. Bien que cela la démangeait, la préfète garda le silence, le dévisageant avec inquiétude. Elle savait qu'un éternel débat faisait rage entre Blaise Zabini et ses deux enfants, qui avaient contre toute attente développé une attitude neutre et plutôt bienveillante pour les progénitures de moldues, chose impensable pour le très-noble Zabini. Une dispute qui faisait rage depuis des années et Lucy n'avaient jamais su avec exactitude jusqu'où avaient été les conséquences de la désapprobation des Zabini. Ce qu'elle savait, c'était que Luke revenait de vacance d'une humeur exécrable et que la moindre notion sur son père valait un regard assassin ou une remarque acerbe. Sauf pour de rare personne. A part elle, elle savait qu'il lui arrivait d'en parler à Henry, et elle avait déjà eu une conversation avec le Gardien pour savoir si elle devait le cuisiner pour savoir ce qu'il en était vraiment, mais le né-moldu l'en avait dissuadé. Luke parlerait s'il le souhaitait. Alors elle ne disait rien.
-Weasley, je te vois, indiqua Luke, un rictus relevant la commissure de ses lèvres. Et arrête de me regarder comme ça, sinon c'est moi qui te jette dans le Lac Noir.
-Désolée. Mais je suis inquiète. Tu le sais.
-Il n'y a pas. Mes parents et moi, on a des opinions qui divergent. Point, à la ligne. Tu as le même genre d'ennui avec les tiens.
-Tu sais bien que c'est faux. Chez toi c'est pire, c'est juste que tu ne veux rien dire.
Luke soupira profondément et se laissa aller contre le dossier de sa chaise. Il repoussa une mèche blonde qui lui barrait le front avec exaspération.
-On a déjà eu cette discussion, Weasley. Une bonne centaine de fois au moins. Et pour la centième fois, ce qui se passe avec mon père me regarde. Je m'en sors seul, merci.
-Avec Norie.
Un sourire plus franc se dessina sur les lèvres de Luke. Même s'il ne l'avouerait jamais publiquement, il était le premier à admettre que sans sa sœur, sa situation serait encore pire qu'elle ne l'était. La pointe de sa plume tapotait le parchemin avec flegme, et Lucy décida, magnanime, de passer à autre chose en s'enquérant :
-Tu penses vraiment que leurs parents c'est la clef de tout ça ?
-Bien ... de ce que je sais, Pansy Wallace était dans la même année que mon père - donc que Harry. Ils devaient se détester cordialement. Quelqu'un veut venger les blagues pourries que cette harpie a faites à ton oncle ?
-Et c'est pour cela qu'il a agressé le fils d'un membre respectable de l'A.D.
-Oui, bah je dois peaufiner les détails. Mais on retrouve un message à connotations vengeresses. Une mise aux gardes contre des « héritiers ». Les héritiers ce sont les enfants.
-« Ennemis des héritiers ».
Luke garda le silence un moment, et fixa les lettres sombres qui retranscrivaient le message que Lucy avait trouvé en compagnie d'Albus. Sa plume se figea sur son parchemin.
-Euh. Ça ne va pas te plaire. Mais ... Si c'est quelqu'un qui venge Harry. Il a écrit « Ennemis des Héritiers ». Qui sont ses héritiers ?
-Non, prévint Lucy d'une voix menaçante. Tu as interdiction de me dire que James a quoique soit à voir à dedans.
-Des héritiers. Et je ne pensais pas spécifiquement à James. Mais à toute la troupe.
Lucy sentit un horrible sentiment de trahison monter en elle, et elle dévisagea son ami avec incrédulité. Tout sentiment de peine ou de compassion venait d'être balayé.
-Mais c'est de toute ma famille dont tu parles ! s'écria-t-elle, scandalisée, avant de baisser d'un ton en voyant tout le monde se tourner vers eux. Enfin Luke, c'est stupide ! Ce que lui fait ... c'est mal, c'est criminel, aucun Weasley ne ferait jamais ça, et si tu le pense ...
-Je ne le pense pas pour de vrai, s'empressa d'affirmer Luke devant la fougue de son amie. J'essaie de trouver des solutions ...
-Et bien trouves-en une autre ! Aucun Weasley n'est impliqué là dedans ! C'est trop ... mal.
Luke céda en levant les mains en signe de paix, et Lucy se calma quelque peu. Le préfet tourna une page et prit un emplacement vide pour y inscrire un « récapitulatif ».
-Bien, résumons. Qu'est ce qu'on cherche ?
-Quelqu'un qui veut venger un acte qui a été fait vingt ans plus tôt.
-D'ailleurs ..., reprit Luke, prit d'une nouvelle révélation. Ça peut être la guerre dans son ensemble. Quelqu'un qui veut punir toutes les atrocités qui ont été commises pendant cette guerre ... Harry incarne cette guerre, c'est forcément quelqu'un qui était de son côté ...
-J'ai toujours la même question, alors, râla Lucy en plissant les yeux. Lionel ?
-Je t'ai dit, Weasley, je dois peaufiner les détails. Bref. On cherche quelqu'un qui veut se venger d'un acte vieux de vingt ans. Soit il y a participé, soit il est un enfant d'un des participants. Et il s'en prend à d'autres héritiers, des héritiers dont les parents doivent avoir un lien de près ou de loin avec cet instant, il y a vingt ans. Cet événement peut-être potentiellement la guerre dans son ensemble. Pour moi c'est le plus probable, et c'est cohérent avec l'utilisation de l'image de Harry Potter. Quoi d'autre ?
-Il a déjà fait deux victimes. Et il en projette sans doute d'en faire au moins quatre de plus, le tout en imitant des instants de la vie de mon oncle.
-Il doit bien connaître son oncle, d'une façon ou d'une autre, famille, collègue, proche, groupie, pour avoir eu accès à ses photos, continua Luke en mordillant le bout de plume. Et il a des connaissances très fines en Potion pour utiliser le Sérum de Basilius, ce n'est pas une Potion facile à concocter - Weasley, je viens en une phrase de disculper tes cousins ...
Lucy lui lança un regard acerbe, mais il l'ignora, tout occupé qu'il était à noter toutes ses conclusions dans son carnet. Puis il releva les yeux sur la préfète, un sourire au coin des lèvres.
-Alors ma chère Weasley, que devons-nous faire ? s'enquit-t-elle de façon purement rhétorique.
-Tu comptes devenir Auror, pas vrai ? Dis-moi que c'est ce que tu vas faire.
Luke partit d'un petit rire, qui semblait amer aux oreilles de Lucy, et secoua la tête.
-Je suis trop nul en magie pour ça. Je verrais bien, j'ai encore quelques semaines de réflexion. Bien, alors Weasley : que fait-on ?
-On enquête sur les parents des victimes, proposa Lucy après quelques secondes de silence. Puisque ce sont eux qui semblent être la clef.
-Elémentaire, ma chère Weasley, se moqua-t-il en refermant le carnet l'air satisfait. Je suis content qu'on ait avancé sur le dossier. Maintenant, il faut qu'on en parle à Greengrass ...
Lucy se dandina sur sa chaise, observant à la dérobée les notes de Luke, la bouche tordue par l'appréhension.
-Pas tout de suite.
-Pardon ?
-Je ne veux pas impliquer Gethin. Je ne sais pas comment il a eu ces photos, et il refuse obstinément de le dire. S'il est dans le même état d'esprit avec Greengrass qu'il ne l'est avec moi ... Il a quelque chose là dessous, Luke. Un secret qui concerne Gethin. Ça n'a peut-être aucun rapport avec notre affaire, mais je pense que c'est important. Et que ça l'effraie.
-Weasley, fit posément Luke, les paupières plissées. Quatre personnes risquent leurs vies. Au minimum. Tu es sûre de risquer ça par égard pour la sensibilité d'un gnome contre lequel tu n'as pas cessé de pester pendant tout le trimestre ?
-On est pas obligé de parler des photos, plaida Lucy, ses doigts pianotant nerveusement la table. Mais déjà des conclusions qu'on a sur les familles.
Luke garda le silence un moment, et finit par céder devant le regard suppliant de son amie. Une semaine. Il lui accordait une semaine, et après il irait montrer le carnet à Greengrass. Lucy n'était pas en total adéquation avec sa décision. Si quelqu'un se faisait agresser, ce serait partiellement de sa faute et elle s'en voudrait toute sa vie. Mais elle voulait comprendre ce qui effrayait Gethin. Luke relut leurs notes avec gravité.
-Il a forcément quelque chose qui a provoqué tout ça. Une sorte de déclencheur. C'est forcé. Pourquoi maintenant ?
-Je ne sais pas. Il se passe peut-être quelque chose en ce moment qui concerne la guerre ? Je veux dire ... Un anniversaire, la réhabilitation d'un Mangemort ...
-Mouais. Tu demanderas à tes parents, ils savent peut-être quelque chose ... Oh, non Weasley !
Il se frappa le front de la paume de la main en voyant Lucy devenir livide. Sans le vouloir, Luke venait de lui renvoyer de façon brutale la situation précaire de sa mère. Derechef, il lui attrapa la main et la serra, comme si la pression pouvait effacer ce qu'il venait de dire.
-Je suis désolé, je n'aurais pas dû.
-C'est pas grave. A priori, elle va bien, le rassura Lucy en s'efforçant de paraître indifférente. D'ailleurs, ça m'inquiète qu'on ne sache pas qui d'autre a été blessé, ça montre bien l'égocentrisme du Ministère, ajouta-t-elle pour éloigner le sujet de sa mère. On ne parle que de la personne la plus importante, c'est celle qui fait couler le plus d'encre ... Mais on ne parle pas des autres blessés, peut-être qu'ils sont dans un état pire que celui de ma mère, je veux dire ...
-Weasley, la coupa Luke en lui écrasant la main, le regard perdu au dessus de son épaule. On a de la visite.
Lucy se retourna vivement pour voir Shannon Finnigan entre deux rayons, non loin de leur table, un livre à la main, le regard fixé sur Lucy. Si les yeux luisants de la jeune fille rendaient la préfète perplexe, elle s'efforça de sourire à la Poufsouffle.
-Salut, Shannon.
La jeune fille sursauta, comme si elle venait de s'éveiller, et elle ramena vivement le livre qu'elle tenait contre sa poitrine.
-Euh. Salut, Lucy. Je ... j'y vais.
Les joues rougissantes, elle s'engouffra dans un autre rayon sans demander son reste. Lucy et Luke échangèrent un regard perplexe, puis Lucy se prit la tête entre les mains, prise d'une soudaine révélation.
-Roxy m'a dit qu'une fille de Poufsouffle de notre année s'était enfouie après avoir lu La Gazette. Et elle n'était pas là hier en Potion, je pensais qu'elle était malade, mais ...
-Oh, comprit Luke en se levant. Tu crois que ...
-Oui !
Elle se leva à son tour, et ils parcoururent les rayonnages pour trouver Shannon. Elle s'était réfugiée dans le rayon de Botanique et était montée sur une échelle, l'air de chercher fébrilement un nouveau livre.
-Ça va Shannon ? s'enquit doucement Lucy en s'approchant prudemment de l'échelle.
La jeune blonde se figea et baissa les yeux sur les préfets de Serpentards, tout deux l'air contrit sous elle. Elle cessa de chercher sur l'étagère, et ses doigts se crispèrent sur les branches de l'échelle.
-Ma mère travaille au Département de la Justice. Elle était là, hier matin. Et elle est à Saint-Mangouste parce qu'elle a reçu un maléfice en plein visage. Elle gardera sans doute des cicatrices.
Ses doigts se mirent à trembler sur l'échelle, et elle soupira profondément pour faire évacuer la pression. Lucy et Luke échangèrent un regard. Ils comprenaient mieux maintenant la réaction qu'elle avait eue en les entendant parler de l'attaque du Département de la Justice. Lucy s'approcha lentement d'elle et se mit sur la pointe des pieds pour effleurer son bras.
-Je suis désolée ...
-Montrose, notre Directeur de Maison, m'a laissé aller la voir hier. Elle a des bandages plein le visage. Mon père ne sait pas quand elle rentrera.
-Mais elle s'en sortira, intervint Luke, légèrement en retrait, avec un tact qui ne lui ressemblait pas. J'en suis sûr. S'ils ont dit qu'il n'y avait que des blessés légers ...
Shannon lança à Luke un regard furieux qui ne lui était pas coutumier. Elle descendit de son échelle, livide.
-Oui, bien sûr. La Gazette. Tu parles du journal qui ne s'inquiète de la santé de la cheffe, la Sainte épouse du Ministre, mais qui ne donne même pas le nom des autres victimes ... C'est mon père qui m'appris que ma mère était à Saint-Mangouste.
-On est les premiers scandalisés, assura Lucy, une boule au ventre. Tu nous as entendu ...
Shannon eut un petit sourire et passa une main dans sa chevelure blonde pour se calmer.
-Oui. Je suis désolée, je suis un peu ...
-Sur les nerfs ? devina Luke avec un ricanement sarcastique. T'en fais pas, j'ai la même à longueur de journée.
-La ferme, sombre crétin.
Shannon eut un sourire plus franc, sans doute amusée par l'échange entre les deux préfets. Lucy fut soulagée par ce sourire, et par le calme qui reprenait le dessus dans les gestes de la jeune fille. Elle mit une main douce sur l'épaule de Shannon.
-Je suis désolée pour ta mère, ça va de soi, déclara la Poufsouffle en mettant la main sur la sienne.
-Il y a qui d'autre ?
-Pas grand-chose à Poudlard. Ah, si, le père de Maeve Macmillan, une fille de mon dortoir, a été un peu touché, mais d'après elle c'est rien du tout. C'est pareil, ça, grommela Shannon, une ombre sur le visage. Maeve me raconte qu'il reçoit des menaces de mort à cause de la loi qu'il est en train de monter, une Loi d'Amnistie si j'ai bien compris. Mais tout le monde s'en fiche, on ne s'intéresse qu'à la nouvelle Nomination du Ministre. Je ne dis pas ça contre toi, Lucy.
-Je sais, la rassura la jeune fille.
Shannon Finnigan était en train de crever l'abcès, de parler plus qu'elle n'avait parlé en quatre ans de classe commune avec Lucy. Et celle-ci trouvait ça appréciable.
-J'ai lu ça dans La Gazette, enchérit Luke, les sourcils froncés. C'est quoi cette histoire de Loi d'Amnistie ?
-Aucune idée, fit Shannon en haussant les épaules. C'est assez obscur pour l'instant.
-Ta mère travaille au Département de la Justice Magique, non ?
-La mienne aussi, fit remarqué Lucy. Et même haut placé, mais je n'ai jamais entendu parler de cette loi. Mais ce n'est qu'un projet. On verra plus tard.
Shannon hocha la tête, serra contre sa poitrine un grimoire sur les propriétés des plantes médicinales.
-Toujours est-il que je déteste La Gazette.
-On est deux, soupira Lucy en passant une main dans ses cheveux.
-Parfait, vous êtes âmes sœur, youpi, grommela Luke en levant les yeux au ciel.
Shannon rougit, et baissa le nez, embarrassé, alors que Lucy fusillait son ami du regard, non pour la remarque, mais pour avoir mis la jeune fille mal à l'aise. A bien des égards, Shannon ressemblait à un petit animal craintif qu'il fallait apaiser avant d'approcher. Sous les yeux insistant et impérieux de Lucy, Luke finit par céder en déclarant :
-En tout cas j'espère que ta mère - vos mères - se remettront. Et qu'on trouvera qui a fait ça.
-Je crois les doigts, souffla Shannon sans le regarder. Je vais vous laisser, j'ai ... des trucs à faire.
Elle leva timidement son livre, et après un dernier sourire gentil pour Lucy, elle s'engouffra dans les rayonnages sans un regard en arrière. Lucy attendit que la jeune fille soit hors de vue, et donna un coup de poing dans le bras de Luke.
-Aïe ! Weasley !
-Le tact, Luke, le tact ! Cette notion arrivera-t-elle à se drayer un chemin dans ton minuscule cerveau ?
-A peu près aussi efficacement que la notion de ponctualité dans le tien. Aïe ! Arrête de me frapper, je vais le dire à Norie !
-Elle m'encouragerait !
-SILENCE !!
Mrs. Pince venait de surgir devant eux, comme une apparition, chauve-souris décharnée et aigrie. Les deux Serpentards sursautèrent violemment et s'empressèrent de retourner à leur table, le cœur battant à tout rompre.
-Elle n'a toujours pas passé la baguette à gauche ?
-Il faut croire que non, répondit Lucy en rassemblant ses affaires. Dépêche-toi, on a Défense contre les Forces du Mal.
-Ah et au fait ... Tu me files ton devoir de métamorphose ?
-Quoi ? Pas question !
-Mais Weasley, t'avais promis ! se scandalisa Luke en suivant Lucy hors de la bibliothèque.
-Tu l'auras quand tu auras du tact.
Luke fit démonstration de son désaccord en assénant un coup de carnet sur le crâne de Lucy. La jeune fille gloussa en se soustrayant, amusée par l'air dépité de son ami.
-De toute façon tu n'as pas besoin de moi, insinua-t-elle entre deux éclats. Tu as un génie naturel qui a réussit de faire trouver une logique à toute cette histoire ignoble ...
-Ce fut élémentaire, ma chère Weasley. Je peux avoir le devoir ?
-Non, Luke.
***
Le cours de Défense contre les Forces du Mal fut douloureux pour Lucy.
Elle avait mal aux côtes à force de se retenir de rire. Arrivés (en retard) au cours, Montrose avait décidé de déplacer Roxanne, trop bavarde avec Alexandra, avec soit Luke, soit son voisin de classe Daniel Chambers, ce qui faisait que Luke se trouvait potentiellement à coté de Roxanne, son pire cauchemar, ou Alexandra. La tête que le préfet avait fait quand il avait compris ça resterait gravé dans la mémoire de Lucy et un regard complice échangé avec Henry avant déclenché un fou rire que la jeune fille s'était efforcé de contenir en enfouissant son visage dans ses bras, le nez collé sur la table, sous le regard perplexe d'Adam Scampers. L'autre pendant douloureux dans cette heure de cours fut justement la proximité d'Adam Scampers, assis à coté d'elle, son éternel léger sourire aux lèvres. Quand elle l'avait vu assis à sa table, les insinuations de Louis à la table des Gryffondors et de Jina avant son match lui tournaient dans la tête, et elle n'avait pu s'empêcher de rougir sans raison. De plus, les nouvelles déductions faites par Luke lui pesaient sur la conscience, car elle ne savait si elle pouvait en parler à Adam. Et qu'il était peut-être l'unique personne capable de l'éclairer sur les mystères de Gethin, mais qu'il refuserait de le faire. Tout cela faisait un tourbillon d'émotions contradictoires et fortes qui tournoyaient en elle.
Un cours douloureux.
Ce fut pour cela qu'à la sonnerie, elle se dépêcha de ranger ses affaires, les joues toujours d'un rouge soutenu, les côtes douloureuses.
-Tu as cours après ? s'étonna Adam en la voyant déjà prête à partir.
-Non mais ... Je dois donner mon devoir à Luke.
-A la bonne heure ! se réjouit celui-ci, qui avait traversé la salle pour venir la chercher. Je savais que tu deviendrais raisonnable !
-La ferme, crétin.
-C'est mal de tricher, Zabini ! lança malicieusement Roxanne en sortant de la salle.
Luke voulut lui répondre, mais Lucy lui asséna un coup de parchemin sur la tête pour le faire taire.
-Aïe ! Tu es insupportable !
-Oui, il paraît que je suis une véritable peste, persiffla-t-elle en coulant un regard du coté d'Adam.
Le Gryffondor sourit distraitement en rangeant ses affaires, et leva des yeux entendus sur la jeune fille. Malgré la pique, elle ne put s'empêcher de lui rendre son sourire.
-J'ignore qui a dit ça, mais j'approuve cent fois, déclara Luke en prenant le bras de Lucy. On y va Weasley ?
-Mais je t'attends, Luke. Salut Adam !
-Salut.
Les deux Serpentards sortirent de la salle, et Lucy se rendit compte qu'un sourire flottait toujours sur ses lèvres. Elle les tordit pour le faire disparaître, mais le regard équivoque de Luke lui fit comprendre qu'il l'avait perçu, et qu'il connaissait sa cause.
-La ferme, le tança-t-elle immédiatement.
-Mais je n'ai rien dit encore ! s'esclaffa
-Mais tu allais le faire.
-Evidemment. Un sourire si niais à cause de Scampers, Weasley il a de quoi te jeter dans le lac Noir !
-Qui a passé une nuit sur le piano à échanger des partitions avec Alexandra Fellandry ?
-Euh ... Ta sœur ... ?
-Bien sûr ...
-Non, je ne plaisante pas, ta sœur est là.
Lucy fronça les sourcils, et regarda dans la direction que Luke indiquait. Près du Hall, un bonnet sur ses cheveux roux lâchés, et vêtu d'un manteau noir cintré à la taille et d'une écharpe tricotée Weasley bleue, et parlant à Roxanne se tenait effectivement Molly. Elle souriait à Roxanne, ce qui étonna plus Lucy que sa présence en elle-même, car Roxanne avait toujours agacé Molly. Et elles semblaient là discuter comme deux vieilles copines. La jeune femme sourit en apercevant sa sœur, qui s'avançait vers elle, perplexe.
-Bonjour petite sœur, claironna Molly, visiblement de bonne humeur.
Pataugeant dans la confusion, Lucy ne trouva rien de plus brillant à répondre :
-Ton écharpe. Tu ne portes jamais l'écharpe de Mamy Weasley.
Molly baissa les yeux sur l'étoffe bleue tricotée, et la caressa doucement avec un sourire.
-Il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis.
-Qu'est ce que tu fais ici, Molly ?
-Je viens t'enlever, bien sûr.
Luke, Roxanne et Lucy dévisagèrent l'ancienne Serdaigle, qui souriant tranquillement, les mains dans les poches de son manteau. Les yeux de Molly, rivés sur sa sœur, pétillaient.
-Tu vas me faire croire que tu ne veux pas voir maman ?
Le cœur de Lucy fit un bond dans sa poitrine, et l'engouement balaya la perplexité. Un sourire fleurit sur ses lèvres.
-Evidemment que je veux la voir ! Mais papa a demandé aux profs de me cloîtrer ici !
-Depuis quand tu obéis à papa ?
-Depuis quand tu lui désobéis ?
Molly haussa les épaules avec flegme. La cœur battant, Lucy se mordit néanmoins la lèvre inférieure.
-McGonagall ne me laissera jamais partir...
-J'ai vu la directrice, et elle a accepté de laisser partir un jour.
Lucy accusa le coup, surprise du soudain revirement de McGonagall. En pilotage automatique, elle protesta néanmoins :
-J'ai un match de Quidditch samedi. Je dois ...
-J'ai vu ton amie Eléonore, et elle m'a dit que ton prochain entrainement c'était demain soir. Et tu seras rentrée pour demain soir, je te le promets.
-Et papa ...
-Oh, Lucy, depuis quand tu t'intéresses à ce que papa pense ?
La cadette se tut, stupéfaite. Molly la regardait toujours, un sourire au coin des lèvres. Lucy finit par sourire elle aussi, un sourire timide et incertain.
-Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de ma sœur ? plaisanta-t-elle, touchée.
-Je te raconterais, rit Molly en tendant la main vers sa sœur. Alors, tu viens ?
Sans hésiter, Lucy prit la main de sa sœur, émue de son attention et ce qu'elle avait fait. Elles saluèrent Luke et Roxanne, et prirent le chemin du portail, main dans la main.
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