Chapitre 17 : Game over


NGolo Kanté palapa, NGolo Kanté palapalapa, il est petit, il est gentil, IL A BOUFFE LEO MESSI bientôt sur les Champs Elysées NGolo Kanté - Scusez-moi, je suis tellement heureuse de l'issue de ce match ALLEZ LES BLEUS !

BON du coup comme je suis très contente, je suis offre le chapitre 17 de Lucy ! Ce sera donc d'un autre point de vue et je pense qu'il vous emballera un peu plus que celui de Molly ! (J'espère en tout cas, n'hésitez pas à me le dire, même si ça vous va pas !)

Bon comme annoncé, ce chapitre était de base d'un seul tenant, mais il faisait en tout et pour tout 40 et des pages, et c'est vraiment beaucoup beaucoup trop, même pour moi. DONC je le coupe en deux chapitres, vous aurez la suite la semaine prochaine avant de retrouver Lucy (Puis le dernier chapitre sur Molly, plus qu'un à tenir !)

BONNE LECTURE !


Chapitre 17 : Game Over.

-Drinkwater ! Tu as essayé de faire quoi, là, frapper un cognard ou assommer Weasley ?

-Désolé, Capitaine !

Dépitée, Jina Kane laissa son batteur reprendre son vol pour donner un grand coup dans une balle noire qui passait à proximité de sa poursuiveuse, Maggie Bale. Elle avait du mal à concentrer à la fois sur ce que ses coéquipiers faisaient, et sur sa tâche. C'était leur dernier entrainement avant le match qui s'annonçait deux jours plus tard contre Gryffondor, et elle sentait la pression monter à chaque minute qui la rapprochait de sa confrontation avec le garçon le plus stupide, le plus arrogant, et le plus incroyablement sexy qu'elle n'avait jamais connu.

Cependant, elle ne lui avouerait jamais ce dernier point.

Elle fit un instant couler sa longue tresse noire de jais entre ses doigts, observant le jeu de ses coéquipiers. Drinkwater envoyant un cognard vers les gradins et ce d'une batte sûre qui satisfait Jina. Ses trois Poursuiveurs, Maggie Bale, Juliet Shelby et Jonhy Alle, profitèrent de ce moment de répit pour exécuter quelques figures, certaines fonctionnant mieux que d'autre, et finirent par se présenter devant Hugo Weasley. Le souafle passa à coté de sa main gantée trop molle pour entrer dans l'anneau latéral. Jina laissa aller son front contre le manche de son balai, et décida qu'une chasse au Vif d'Or lui ferait le plus grand bien. Elle tira sur l'extrémité du manche et piqua vers le ciel orageux, dont les nuages presque noirs semblaient prêts à déverser tonne de flocons. Le mois de février avait été rude, et cette journée était à son image : venteuse, glaciale, et menaçante. La météo promettait d'être peu clémente pour le match, mais c'était dans ses conditions là que Jina préférait jouer. Parce qu'alors, l'adrénaline gonflait ses veines, elle était forcée de se surpasser, de montrer qu'elle pouvait être certes plus forte que l'adversaire, mais aussi que les éléments. Elle ressortait de ses matchs épuisée, vidée de toute énergie, cherchant désespérément son souffle, mais avec le cœur plus léger qu'une plume de phénix. Parce que dans chacun de ses matchs, elle avait atteint son but. Jamais, en quatre ans qu'elle était Attrapeuse, le Vif d'Or ne lui avait échappé. Elle avait tout vaincu : ses adversaires, et les éléments. Cependant, elle était consciente qu'il y avait une première fois à tout, et c'était pour cela qu'elle se tenait prête pour le match : il était hors de question que cette première fois arrive maintenant.

Et que ce soit James Potter qui mette fin à cette belle série.

Elle fit le tour du terrain, ses yeux scrutant chaque centimètre qui s'offrait à eux. De maigres flocons commençaient à tomber, mais ils n'avaient pas le temps de s'accrocher à la jeune fille, qui accélérait la fréquence de ses tours. Finalement, elle aperçut un éclat doré du coin de l'œil, et entama un virage sec et serré pour modifier la trajectoire de son balai. Elle se pencha en avant pour accélérer brutalement. Le froid engourdissait ses doigts, et le vent glacial qui mordait les joues, mais pour l'heure qu'elle s'en fichait. Elle arriva devant la tête de son autre batteur, Charles Corner, et referma ses doigts sur la petite balle avec un cri triomphal. Elle freina brusquement, mais fut malgré tout forcée de heurter Charles. La Batteur chancela, et s'obligea à faire un tonneau sur son balai pour l'éviter alors que Jina se cramponnait à son manche d'une main. Finalement, les deux joueurs réussirent à tenir bon, et Charles se redressa en éclatant de rire.

-C'était moins une, Jin !

-Je te dirais bien que je suis désolée, Corner, mais la vérité (elle brandit triomphalement le Vif d'Or entre eux deux) c'est que je suis extrêmement satisfaite !

-Tu sacrifierais un de tes joueurs pour attraper le Vif d'Or ? plaisanta Juliet, qui avait volé vers eux après le choc.

-Oui, et plus encore si ça nous permettait de gagner un match.

-Capitaine sans cœur, lâcha la Poursuiveuse avec un sourire narquois.

Jina coula un regard moqueur sur elle et la renvoya à ses devoirs. Elle avait demandé à ses Poursuiveurs de ne pas ménager Hugo afin qu'il puisse s'habituer aux assauts répétés des Gryffondors, chose qu'elle avait omi de faire au match contre Serpentard. Le pauvre Gardien s'était retrouvé désœuvré face à l'attaque effrayante des joueurs en robes émeraude. Et son tract naturel n'avait rien arrangé. La Capitaine finit la séance tranquillement, tournoyant entre les joueurs, leur lançant des conseils, observant leurs gestes avec intérêt. Sa plus grande fierté était ses Batteurs : Andrew Drinkwater était un colosse d'un mètre quatre-vingt-dix qui donnait des coups si puissant qu'il était capable d'assommer Hagrid d'un coup de batte. Charles Corner était son pendant, plus mince et agile, précis et intelligent. Elle était également très satisfaite de la progression de Maggie, Juliet et Johny. Ils pouvaient parfaitement mettre quelques buts à Roxanne Weasley, et ce avec la manière. Sa plus grande inquiétude restait Hugo. Il avait lui aussi fait d'énorme progrès depuis le premier match. Mais, et même si ça lui fendait le cœur de Jina, elle était forcée d'admettre qu'il ne ferait pas le poids face à l'attaque de Gryffondor, sans doute l'une des meilleures de Poudlard (elle l'aurait été, si Lucy n'avait pas réussi à convaincre ce troll de Marcus Montague de reprendre son poste chez les Serpentard). Adam Scampers, Albus Potter et Lizzie Dubois faisaient un trio parfait, coordonné et complémentaire qui en faisait une attaque redoutable. Jina observa un instant son Gardien stopper deux tirs d'une main plus ferme, le visage crispé par la concentration, ses boucles rousses couverte de neige, le ventre tordu par l'appréhension. Finalement, la nuit finit par tomber sur le terrain, et Jina renvoya tout le monde aux vestiaires. Ils entrèrent dans la pièce, frigorifiés et grelottant.

-J'espère qu'il ne fera pas ce temps là samedi, râla Maggie, une jeune brune de troisième année. Avec des doigts gelés et engourdis, comment veux-tu que je tienne le souafle ?

-Tu te débrouilles, rétorqua Johny sans le moindre état d'âme, lui qui était endurci par trois années intensives de Quidditch. On a perdu le premier match, on ne peut pas se permettre de perde celui-là, ou on peut dire adieu à la coupe.

-Je suis désolé, marmonna Hugo.

Le regard de l'équipe tomba sur le jeune deuxième année, qui s'était recroquevillé dans un coin du vestiaire, l'air morose.

-Mais ce n'est pas de ta faute, Weasley, assura Charles en lui donnant une tape dans son dos. On est tous coupable sur le dernier match. En fait, si tu veux une confidence, la principale responsable de ce massacre a le même nom de famille que toi, et jouait dans l'équipe adverse.

-Il a raison, Hugo, souffla doucement Maggie avec un sourire rassurant. Et dis-toi que tu auras les commentateurs avec toi. Lorcan et Dom voudront absolument qu'on gagne ce match.

-Et on a déjà prévenu tout les autres de te pousser, ajouta Jina, les yeux pétillants. Tu auras tout Serdaigle derrière toi, Weasley. Pas sur toi. Mais avec toi.

Un timide sourire effleura les lèvres de Hugo, et il passa une main gêné dans ses boucles, les oreilles rouges d'embarras. Maggie plaqua un baiser sur sa joue pour le rassurer définitivement, et sortit du vestiaire avec Drinkwater. Juliet et Johny suivirent un instant plus tard, et Charles passa dans l'autre pièce prendre sa douche. Jina en profita pour s'asseoir à coté de Hugo, qui fixait le mur d'en face d'un air vide, les bras croisés sur sa maigre poitrine. Il lui jeta un regard de coin quand elle s'installa, presque méfiant, mais Jina ne contenta de lancer d'un ton badin :

-Je trouve ça cool, la neige. C'est beau, c'est poétique. Et puis, ça m'évoque Noël. Avec ça, j'ai l'impression que lorsque je vais rentrer, je vais sentir l'odeur des cookies parfumés de mon père, que je vais voir l'hideux sapin que ma mère a presque réussi à décorer dans le salon et apercevoir à ses pieds des cadeaux ridiculement emballés. Je m'attends aussi à entendre mon frère qui hurle « Jinette d'amour, c'est un temps pour le Quidditch ! » et on prendrait nos balais pour aller voler sur un terrain vague, pas trop loin de mon village. Je t'ai déjà raconté comment mon frère m'a appris à jouer au Quidditch ?

Hugo secoua silencieusement la tête, intrigué par l'histoire de Jina. Un petit sourire nostalgique s'étira sur les lèvres de la jeune fille, satisfaite d'avoir toute l'attention de son joueur.

-On a trois ans d'écart et quand il est entré à Poudlard, ma mère lui a offert un balai. Il était tout content, il a passé tout l'été dessus, c'était à peine s'il ne dormait pas avec ! Un jour, deux semaines avant la rentrée, il a voulu m'apprendre à voler. Il m'a mis sur son balai depuis la fenêtre du deuxième étage de chez moi, et m'a poussé.

-Sérieusement ?!

-Oui.

Hugo ouvrait de grands yeux horrifiés, imaginant sans doute la petite Jina de huit ans faire une interminable chute avant de s'écraser au sol avec fracas, son frère se penchant interloqué par la fenêtre, essayant de comprendre pourquoi elle n'avait pas volé. Mais Jina sourit d'un air tranquille.

-Mais avant, il m'a expliqué ... que voler, ce n'était rien d'autre qu'être dans une bulle. Il y a toi. Ton balai. Tes doigts sur ton manche. Le vent dans tes cheveux. L'adrénaline qui monte. Et rien d'autre. Autour de toi, rien n'existe. Tout ce qui importe, c'est ce que tu ressens à l'instant présent : l'euphorie, la liberté pure et simple de mouvement dans l'espace, les virages que tu exécutes, l'altitude que tu prends. A un moment, un obstacle va percer ta bulle : un arbre, un cognard, ou un souafle. Tu l'évites, tu le surpasses : ta bulle demeura intacte parce que tu te seras concentré sur ce qui est essentiel. Sur ce que tu vis à l'instant présent, et sur le plaisir que tu as à le faire. Alors, ma petite Jinette, tu attrapes ce manche, tu sens ce bois vernis sous tes doigts, tu regardes le ciel et tu oublis le reste. Frappe un grand coup sur le rebord de fenêtre, et tu essayes de rejoindre les nuages. Tu as interdiction de redescendre tant que tu ne les as pas atteint.

-Et tu les as atteints ? s'enquit Hugo, captivé.

-Je n'en ai pas eu le temps, s'esclaffa Jina. J'ai réussi à décoller, et j'aurais pu les rejoindre si ma mère n'avait pas été dans le jardin à ce moment là. Elle a été récupéré son balai et m'a ramené sur la terre ferme illico presto. Erik a privé de son balai tout le reste de l'été ! Je veux bien admettre qu'il ne vaut pas un clou en petit-ami, mais dans l'ensemble, il a été un super frangin.

Hugo hocha doucement la tête, sans doute au courant de la rupture entre Erik et sa cousine, Molly. Il parut méditer sur ses paroles un instant, et finit par demander du bout des lèvres :

-Ton frère t'a dit tout ça quand il avait onze ans ? C'est ... Pas un peu jeune ?

-Tu ne perd pas le nord, toi, grogna Jina en levant les yeux au ciel. La théorie de la bulle, c'est celle de ma mère, si tu veux tout savoir. Elle me l'a répété quand je suis moi-même entrée en première année. Et c'est grâce à ça que j'ai pu être prise au poste d'Attrapeuse. Chaque fois que je monte sur un balai, je suis dans une bulle, Hugo. Coupée du monde extérieur. Concentrée sur mon objectif. Quand j'avais huit ans, c'était les nuages. Aujourd'hui, c'est le Vif d'Or. A partir de là, chaque geste est instinctif. Et le reste, secondaire.

Elle posa une main douce sur l'épaule de Hugo, et la pressa pour ancrer un peu plus le message en lui.

-Maintenant, la seule chose que tu as à faire, c'est de te constituer cette bulle. Et arrêter le souafle, accessoirement.

Un sourire amusé s'étendit sur les lèvres du Gardien, et ses épaules se détendirent. Il se leva alors, ragaillardi par les paroles de sa Capitaine, et rassembla ses affaires.

-J'y penserais, Jina, promit-t-il en nouant autour de son coup une écharpe bleue sans doute tricotée par sa grand-mère. Merci beaucoup.

La jeune fille accepta les remerciements d'un hochement de tête, et Hugo sortit du vestiaire, l'air fatigué, mais le pas plus léger.

-Avec un tel discourt, s'il ne fait pas de miracle samedi, alors c'est qu'il ne vaut vraiment rien.

Jina fit volte face pour voir Charles Corner, son Batteur, revenir des douches, déjà rhabillé. Il séchait négligemment ses cheveux blonds à l'aide d'une serviette, un léger sourire aux lèvres. Il était le seul de l'équipe à être de son année, et avait obtenu son poste un an après Jina. La jeune fille fronça les sourcils.

-Il vaut quelque chose, Corner. C'est juste qu'il ne le sait pas.

-J'en doute pas. Alors ton frère a voulu te jeter par la fenêtre quand tu étais petite ?

-Ne te moque pas (elle lui enfonça le doigt dans les côtes). Je n'ai jamais compris pourquoi, j'étais adorable, comme petite sœur.

-Ça non plus, je n'en doute pas, rétorqua Charles avec un sourire sarcastique.

Jina lui lança un regard d'avertissement, et écrasa son pied du sien.

-File de là, Corner. Je dois encore me doucher, et, même si je sais que je suis irrésistible et que tu adorerais ça, il est hors de question que quelqu'un du sexe opposé reste là.

-Me voilà atrocement déçu. A demain, Kane.

-Salut, Corner.

Charles enfila son manteau et enfonça son bonnet sur son crâne avant d'aller braver les éléments. Quand la porte se referma derrière lui, elle ferma le verrou d'un geste soulagé.

-Collaporta, souffla-t-elle ensuite en pointant sa baguette magique sur la porte.

Malgré toute son extravagance et sa frivolité, elle était étrangement pudique, une pudeur qui la forcer à prendre sa douche la dernière dans les vestiaires pour s'assurer d'être seule, et qui l'empêchait de mettre décemment des vêtements qui la dévoilerait trop, et ce même la nuit. Certaine d'être seule, elle entreprit d'ôter sa robe de Quidditch bleue trempée, se ainsi retrouvant en sous-vêtement. Elle voulut abandonner là sa robe, n'ayant pas le courage de la mettre à sécher, et s'engouffrer dans la seconde sous l'eau chaude, mais une voix suave et reconnaissable entre mille l'arrêta nette dans son geste :

-Ça se voit.

Un cri paniqué qui n'était absolument pas digne d'elle s'échappa de ses lèvres, et elle récupéra en urgence sa robe humide pour la plaquer contre sa peau à moitié nue. Un garçon était assis avec flegme sur un banc, contre le mur, ses longues jambes étendues devant lui barrant l'accès à la porte de la douche. Son sang se glaça dans ses veines quand elle reconnut les yeux bruns qui la dévisageaient avec espièglerie.

-James, souffla-t-elle, horrifiée.

Un sourire ridiculement sarcastique retroussa les lèvres, et il croisa ses doigts derrière sa nuque avec flegme.

-Que tu lui fais les yeux doux, chantonna-t-il doucement.

Jina resta un instant immobile, pétrifiée, sa robe trempée collant chaque courbe de son corps. Le rouge lui monta aux joues, mais la colère finit par pousser l'horreur au placard à balai, et elle rassembla toute sa dignité pour vociférer :

-Mais qu'est ce que tu fiches ici, par Merlin ?! Tu n'étais pas là il y a cinq minutes, tu n'étais pas là, et j'ai jeté un sortilège à la porte et ... Mais qu'est ce tu fiches ici ?!

-Calme-toi, mon cœur, s'esclaffa James en levant les mains en signe de paix. Je viens juste te voir !

-Hors de question ! cria Jina, rouge d'embarras, n'osant pas bouger autre chose que les lèvres. Sors d'ici immédiatement ! Ne me tente pas, dans l'était actuel des choses, la seule chose dont je rêve, c'est de te jeter un sort, alors ne me force pas à te foutre dehors à coup de Chauve-Furie !

-Ce serait drôle, mais pour cela il faudrait que tu attrapes ta baguette, qui est sur le banc, et je ne pense pas que tu aies très envie de bouger, fit remarquer James, un sourire débile collé sur son visage. Du reste, comme tu l'as si bien fait remarquer, tu es absolument irrésistible, mon cœur, en petite tenue derrière ce beau drapé ...

-La ferme !

Jina se mordit la lèvre, furieuse et rouge de honte. Elle n'en revenait pas d'être ainsi coincée par la personne qui l'avait le plus agacé en toutes ses années passées à Poudlard. Malgré l'envie de se cacher six pieds sous terre pour ne plus en ressortir et celle de sauter à la gorge de James pour ne plus lui laisser une seule miette de dignité qui se déchirait en elle, elle se força à garder la tête froide, et redressa la tête de la façon la plus méprisante possible.

-Très bien, répliqua-t-elle avec froideur. Tu veux qu'on parle comme ça ? Parlons comme ça.

Et, tout en prenant de rester face à lui, elle s'installa sur le banc, croisant nerveusement ses jambes sous le tissu mouillé de sa robe. Les yeux de James étincelèrent, et elle réprima un sourire narquois. James Potter avant le don d'éveiller la fibre téméraire et exubérante qui était en elle, et c'était peut-être pour cela que depuis la première année, elle cherchait ne serait-ce qu'un petit peu sa compagnie. Il était son adrénaline.

Une agaçante, éprouvante, répugnante, et absolument insupportable adrénaline.

Qu'elle s'efforçait d'éviter depuis quelques semaines.

-Bien, entonna-t-elle en se forçant à garder l'air impassible, malgré la gêne et la colère qui bouillonnait toujours en elle. A qui est-ce que je ... « faisais les yeux doux » ?

-A ce bouffon de Corner, rétorqua James avec un sourire en coin.

Il avait étalé ses longues jambes devant lui, barrant l'accès à la porte de la douche. Jina jura silencieusement. Il s'efforçait visiblement d'avoir une attitude détachée.

-Il n'avait pas essayé de sortir avec toi, en première année ?

-On est vraiment sorti ensemble, et c'était en troisième année, rectifia sèchement Jina. Mais ce genre de détail échappe à ta perception. Qu'est-ce tu fiches ici, James ?

Le Gryffondor tiqua en entendant son nom, et Jina eut aussi un coup au cœur. Depuis plus de cinq ans qu'ils se côtoyaient, elle ne l'avait jamais appelé James. Ça avait toujours été « Potter » au début, puis « Jim » quand ils s'étaient rapprochés. Mais James ? C'était une nouveauté. Une nouveauté qui mettait une certaine distance entre eux deux. Jina serra un peu plus sa robe contre sa poitrine. Le froid mordait sa peau nue, et elle serra les dents pour qu'elles ne claquent pas. Et l'humidité de la robe n'arrangeait rien.

-Tu veux me rendre malade pour le match ? ragea-t-elle. Parce que tu es bien parti, là !

-C'est loin d'être mon intention, ricana James en haussant les épaules. En fait, je voulais juste te parler et comme je sais que tu étais la dernière à sortir du vestiaires ... Au fait, pourquoi ton frère ne t'as pas enlevé le balai avant de te pousser de la fenêtre ?

-Mais tu es là depuis quand ?!

-Depuis une heure.

-Comment ça se fait que je t'ai pas vu ?

James dressa un sourcil, et eut un sourire mystérieux qui fit enrager Jina, si c'était encore nécessaire. Et de fait, la jeune fille fulminait, et réfléchissait à toute allure pour faire sortir cet imbécile de là.

-Mousquetaire, mon cœur, ça te dit quelque chose ?

-Appelle-moi encore une fois « mon cœur », et tu auras mon pied là où je pense.

-Encore faudrait-il que tu puisses bouger, la nargua James en se levant souplement. Et vu ta position, tu n'es pas prête à le faire, mon cœur.

Il mettait Jina dans un état de fureur telle qu'elle n'hésita pas une seule seconde avant se relever à son tour et de lancer son pied dans la direction des parties intimes de James. Mais pour sa plus grande frustration, il lui attrapa son mollet d'un geste habile, et maintint celui-ci contre sa hanche. Jina se retrouva à sautiller d'un pied, et à coller plus difficilement sa robe contre elle. Elle fulminait.

-Lâche-moi, stupide crapaud baveux !

-Tu as le sens de la formule, Jinny, se moqua James avec un sourire en coin.

Il tira alors sur sa jambe et Jina se retrouva projetée contre son torse, rouge de confusion et désorientée. La bonne nouvelle, c'était qu'elle avait récupéré sa jambe. La mauvaise, c'était qu'elle était écrasée contre James, et que celui-ci la gardait contre lui avec une main dans son dos nu. Le cœur se mit à cogner fort contre sa poitrine, et elle se surprit à espérer que James ne l'entende pas. Jina, n'y repense pas, n'y repense pas. James est un abruti fini, un abruti fini, n'y repense pas. Puis elle se rendit compte de la position dans laquelle ils étaient et elle se mit à se battre frénétiquement. James éclata de rire, et resserra sa prise sur elle.

-Calme-toi, Jin !

-Lâche-moi tout de suite ! Tu es abject !

Elle tint sa robe d'une main et repoussa son torse de l'autre, mais James passa un bras autour de sa taille pour l'attirer encore un peu contre lui, un sourire enjôleur aux lèvres. Elle leva un regard furibond sur lui. Il planta ses yeux bruns dans les siens un instant, et ses traits s'adoucirent. Sa main dans son dos se fit moins ferme, plus légère, comme une caresse. Jina sentit son rythme cardiaque s'accélérer, mais se refusa à laisser paraître le moindre trouble. Elle savait ce qu'il en était. Aussi s'efforça-t-elle de rester impassible quand il repoussa une mèche noire qui lui barrait le front avec une étonnante délicatesse.

-Je veux juste te parler, Jin. Tu m'évites, en ce moment.

-Bien vu, Einstein, railla-t-elle, ravie du ton cynique qu'elle avait employé.

-C'est quoi, ça, une insulte moldue ? Enfin, peu importe.

Il pencha la tête sur le coté, intrigué. Ses prunelles ne lâchaient pas celles de Jina. La jeune fille était déstabilisée par l'aspect multiface de la personnalité de James, et l'habilité avec laquelle il passait d'une facette à l'autre. Une minute plus tôt, elle aurait eu envie de le gifler à toute volée tant il était arrogant et sarcastique. A présent, elle devait faire appelle à toute sa volonté pour ne pas craquer.

Car elle avait déjà craqué, et il était hors de question que cela recommence.

Elle eut une moue méprisante.

-C'est pour ça que tu me prends en otage ?

-Euh ... Ouais. Comme tu m'évitais, j'ai pensé que ...

-Me surprendre en sous-vêtement dans mon vestiaire, c'était une super bonne idée ? Du génie. Comment un crétin comme toi a-t-il pu chercher une idée si brillante dans un cerveau si minuscule ?

-Très spirituel, mon cœur. Sinon, tu vas arrêter le sarcasme pour me dire pourquoi tu ne veux plus me voir ?

Jina eut un petit ricanement de dédain. Elle n'en revenait pas qu'il lui pose cette question si impudemment.

-Oh, je suis sûre que tu peux trouver tout seul.

Mais James lui lança un regard réellement surpris. Jina n'en revenait pas. Les garçons avaient un tel manque de subtilité et de tact, comme s'ils vivaient sur une autre planète. Miséricordieuse, elle lui accorda un indice en lui disant d'une voix glaciale :

-Le placard. Et après. Le thé. Chez Hagrid. Tu te souviens ?

-Toi qui me lances du thé brulant à la figure ?

-Toi qui m'ignores quand je rentre.

Alors que la veille, tu m'embrassais, songea Jina avec amertume, sans pour autant le dire à voix haute. Mais James parut largement comprendre le sous-entendu. Sa main s'était figée dans son dos, et ses sourcils s'étaient légèrement froncés, comme s'il comprenait enfin la situation.

-Oh.

-Exactement, persiffla Jina, frémissant de rage. « Oh ». Tu as été clair dans tes intentions, James Potter. Ou du moins, ton comportement l'a été pour toi. Je sais que je suis un jeu, ça a toujours été un jeu, James. Pas de raison que cela change. Ça en faisait partie. Alors maintenant, tu vas t'éloigner et partir. Il est hors de question que je perde mon temps avec toi.

Un sourire tordu, à la fois amer et dépité, déforma les lèvres de James. Son regard se fit légèrement plus froid, ses traits plus crispés. Puis il s'approcha doucement de l'oreille de Jina. Son souffle lui chatouilla la peau quand il souffla :

-Ce n'était pas ce que tu disais, dans le placard.

Jina n'y tint plus. Retenant fermement sa robe sur elle d'un bras, elle gifla James de toutes ses forces. Le Gryffondor la lâcha alors enfin, et eut le culot d'éclater de rire, ce qui fit bouillir le sang de Jina. Son cœur battait toujours la chamade, mais plus d'irritation que de trouble, à présent.

-Je t'interdis de te moquer.

-Et toi, je t'interdis de dire que c'est de ma faute, répliqua alors James, ce même sourire peu amène sur les lèvres. Excuse-moi, mais chez Hagrid, tu étais la première à être froide comme la glace.

-Parce que je savais ce qui allait se passer ! Que tu n'allais pas assumer ! Comment tu aurais pu ? Il ... Il ne s'était rien passé, pour toi !

Pour sa plus grande horreur, les larmes montèrent aux yeux de Jina et elle détourna le regard. Elle n'avait plus pleuré depuis le mois de décembre, et la découverte de l'attaque de Lionel Boot, un ami d'enfance, dans la Salle Commune de Gryffondor. James avait été le premier à la consoler, à ce moment là, et elle avait passé la moitié de la nuit dans ses bras, vulnérable, tremblante, avec les bras protecteurs de James autour de ses épaules. Leur relation était ainsi : des piques publiques juteuses, hilarante. Un défi, de l'adrénaline. Cette tension, cette ambiguïté qu'ils entretenaient suavement, entre la haine, la taquinerie et l'amitié, voire plus. Ils avaient parfaitement conscience de tout cela. Ça avait été un jeu durant des années, un jeu de séduction l'un défiant silencieusement l'autre. Mais à coté de cela, de cette relation complexe, ambiguë dont Jina n'arrivait plus à démêler ce que relevait du jeu ou de la réalité ... des moments simples, des rires sincères, des confidences, et une tendresse étrange. Jina était persuadée qu'elle était la seule personne, exceptés les Mousquetaires, avec laquelle James ait pu être lui-même. Sa meilleure ennemie.

Mais c'était en train de changer.

Depuis cette nuit, dans le placard.

-Ce n'est pas ce que j'ai dit, répliqua James.

Il avait lui aussi détourné le regard, rivant les yeux sur le mur d'en face. La discussion était sérieuse, et il avait enfoncé ses mains dans ses poches. Jina sentit le ressentiment, tout ce qu'elle retenait depuis deux semaines, remonter brutalement en elle en une trainée acide.

-Ce n'est pas ce que tu as dit ? cracha-t-elle, incrédule. Tu te moques de moi, James ? Tu veux que je te rappelle ? Tes mots, tes paroles, devant la gargouille de Serdaigle ? Tu l'as dit, James ! Il ne s'est rien passé !

-Il ne s'est rien passé parce que ça a toujours été comme ça ! rétorqua-t-il plus froidement, la mâchoire contractée.

-Alors ça fait parti du jeu ? ricana Jina avec mépris.

-Comme toujours.

-Même le baiser ? C'était dans le jeu aussi ?

James ne répondit rien, ses prunelles à présent furieuses toujours rivées sur le mur. Jina se mordit la lèvre avant de lâcher d'une voix égale :

-On a franchi la limite en s'embrassant, James. Je veux dire ... Ça a toujours été ambiguë, entre nous. J'ai été la première à entretenir ça. Jusqu'à exagérer ma haine pour toi parce que ... C'était un jeu. Mais un baiser, c'est tout, sauf ambiguë. Je ... je ne joue pas avec ça. Et je ne supporte pas que tu joues avec ça.

James s'obstina à garder le silence, immobile au milieu de la pièce. Jina ramena un peu plus sa robe trempée sur elle. Avec toutes les émotions qui tourbillonnaient en elle, elle en avait presque oubliée qu'elle était à moitié nue devant lui. Elle passa une main lasse sur son visage, réprimant un gémissement.

Il avait tout gâché.

-Je suis fatiguée de jouer, James, lâcha-t-elle alors. Pas après ça. Je ... je veux plus. Je veux me ranger. Et je pense que tu as choisi où est-ce qu'on se rangerait.

-Je n'ai rien choisi du tout, rétorqua-t-il enfin, sortant de son mutisme. Continuer comme on était, ça m'allait très bien.

-Comment veux-tu qu'on continue ? On a franchi la ligne d'arrivée, James ! Stop, c'est fini, maintenant ! On m'embrassant, tu as mis fin à tout ça : comment veux-tu qu'on continue ce petit jeu d'amour-haine alors que c'est terminé, que le but est atteint ? Ça ne sert plus à rien. Ça n'a plus d'intérêt. Maintenant le seul choix qu'il y avait à faire là, c'était se mettre en couple, ou se séparer.

James accusa le coup. Jina n'en revenait pas de lui lancer allégrement cet ultimatum à la figure, si froidement, alors que son esprit était en ébullition et que ses joues rouges l'empêchaient de sentir la morsure du froid. Son cœur se contracta douloureusement, et elle se décida à déclamer la phrase qui faisait qu'elle allait sans doute perdre le garçon dont elle était peut-être tombée amoureuse ces années durant :

-Et choisir l'entre-deux comme tu veux le faire, c'est choisir la liberté. Et la liberté, ce n'est pas avec un couple que tu l'auras. Alors ce sera la séparation.

-Bon sang, Jina ! s'écria alors James, sortant enfin de ses gongs. Pourquoi tu me mets devant ce genre de choix ?

-Parce que j'en ai assez ! Parce que ... Je ressens des choses, et je sais que tu les ressens aussi, mais tu n'es pas prêt à t'engager ! J'étais bien pratique, tu le savais, je le savais, on le savait, et toi, tu t'éclatais avec tes potes et avec d'autres filles ! Et moi il est hors de question que je sois une fille comme les autres, et toi tu ne voudras jamais t'engager, ton comportement des derniers jours l'a prouvé.

-Et tu pouvais pas me le dire simplement, au lieu de bouder comme une gamine ?

Jina planta ses dents dans sa lèvre inférieure pour s'efforcer de garder son calme.

-Je pensais que tu aurais deviné.

James baissa le regard vers elle, et secoua lentement la tête l'air complétement déboussolé.

-Vous les filles, vous vivez sur une autre planète. Comment veux-tu que je devine un truc pareil ?

-Ce n'est pas de ma faute si tu as la capacité émotionnelle d'une petite cuillère, répliqua durement Jina.

Il était tant d'en finir. Elle savait ce qu'il en était depuis deux semaines, et c'était inutile de prolonger le supplice. Jina prit sur elle, et au prix d'un effort monumental, elle laissa tomber sa robe. Comme un signe de reddition. Elle se retrouva presque nue devant lui, sa tresse noire constatant avec sa peau blanche, le regard inflexible malgré le maelstrom qui s'agitait dans son ventre. James la contempla, figé.

Un dernier sursaut d'adrénaline.

-Maintenant, c'est comme ça. Fin du jeu, James. Et tu as gagné.

Elle le dépassa alors pour aller vers les douches. Il ne tenta pas de la retenir quand elle passa à coté de lui, et elle y vit le signe ultime qu'il avait fait le choix de sa liberté. Avant d'entrer, sans se retourner, elle lâcha pour enfoncer le clou :

-C'est bien, comme ça on échoue comme nos parents. L'histoire se répète, c'est drôle.

Alors elle referma la porte de la douche derrière elle, et alluma l'eau chaude. Pour pleurer silencieusement.

***

Une heure plus tard, fraiche et rhabillée, elle faisait les cents pas devant le portrait sombre de la Salle Commune de Serpentard. Son visage ne gardait aucune couleur qu'elle avait lors de sa confrontation avec James, mais son esprit était en fusion. Elle avait tourné en rond une demi-heure dans sa Salle Commune, agitée. Tous ses camarades avaient mis ça sous le compte du match du Quidditch qui se profilait. Mais elle ne pouvait confier cela à personne. Elle n'avait jamais été spécialement proche de ses trois camarades de dortoir. Sa meilleure amie ici, elle était derrière ce lugubre portrait qui la lorgnait d'un air mauvais.

-Jina ?

La jeune fille se tourna vivement, sur le qui-vive. Une fille rousse et un garçon aux cheveux blonds remontaient le couloir, des livres à la main. Jina eut un sourire de façade.

-Salut, Pucette.

Lucy se rapprocha, sans doute interloquée par la présence de la Serdaigle si profond dans les cachots. Il était rare que Jina s'aventure de ce côté là de Poudlard.

-Qu'est ce qui t'amène ici ? s'enquit-t-elle avec un sourire.

-Je viens voir Eli (elle lança un regard bref à Luke, le frère d'Eléonore, qui attendait Lucy près du portrait). Je peux entrer ?

-Pas d'intello chez nous, répliqua Luke d'un ton mordant.

-Alors dans ce cas là, je vais dormir ailleurs ce soir, rétorqua Lucy en fusillant son meilleur ami du regard. Bouche tes oreilles, Jin.

Jina remercia silencieusement Lucy, et s'exécuta, lançant un regard carnassier à Luke. Depuis la première année de la Serpentard, elle l'avait prise sous son aile, et elle était encore impressionnée par les changements qui s'étaient opérées en Lucy depuis le jour où elles s'étaient accidentellement heurtées dans le Hall. Le portrait pivota, et ils s'engouffrèrent tous les trois dans la sombre Salle Commune. Jina avait toujours détesté cette pièce, ses éclats verdâtres, sa décoration snobe. Les Serpentards jetèrent un regard perplexe à Jina, qui s'efforça de rester impassible et digne. Elle suivit Lucy, qui prit un escalier qui descendait encore plus profondément dans les entrailles du château, ajoutant au malaise de la jeune fille.

-Alors, tu es prête pour samedi ? s'enquit Lucy en s'arrêtant sur le pallier, devant sa porte de chambre. Pas trop nerveuse ?

-Tu es bien placée pour savoir que si.

Lucy lui jeta un regard entendu, et Jina lut dans ses yeux azurs une nervosité semblable à la sienne. Elle tripota le badge de Capitaine aux couleurs de Serpentards sur sa robe.

-En plus, tu n'affrontes pas l'équipe la plus simple. Gryffondor, c'est chaud.

-On s'est tous amélioré, protesta Jina en plissant les yeux. Et le Vif d'Or ne m'a jamais échappé. Jamais.

-Et s'il y a une première fois à tout ? insinua Lucy.

-Il n'y aura pas de première fois.

Lucy parut satisfaite de la réponse. Jina salua sa pupille et toqua quelques coups à la chambre des sixièmes années, puis elle entra derechef. Après des années d'amitié, elle connaissait l'emploi du temps d'Eléonore par cœur. Ce soir, Sarah était à son club de bavboule, Zoe retrouvait son petit-ami qui était à Serdaigle, et elle avait aperçu sa quatrième camarade, Camilla, dans la Salle Commune. Elle devait être seule dans sa chambre. Jina y entra néanmoins prudemment, sans trouver son amie. La pièce aux draperies émeraude et aux lits à Baldaquins en bois sombre était déserte.

-Eli ?

-Je suis là ! fusa une voix étouffée depuis le lit aux rideaux tirés.

Eléonore surgit alors, les joues roses, ses cheveux blonds légèrement ébouriffés, les yeux sombres étincelants. Jina se demandait si son amie avait piqué un somme quand son regard tomba sur la chemise de la jeune fille. Jina adressa un regard entendu à Eléonore, les bras croisés sur sa poitrine.

-Marcus est dans ce lit, c'est ça ?

-Comment ... ?

-Mardi est boutonné avec lundi, chérie.

Les yeux d'Eléonore tombèrent alors sur sa chemise, et elle rectifia cela d'une main fébrile, les joues rouges de confusion. Un sourire amusé effleura les lèvres de Jina, et elle pencha la tête vers le lit.

-C'est comme ça qu'on s'entraine pour le match contre Poufsouffle, chez Serpentard ?

-Jinny, siffla Eléonore en la prenant vivement par le bras.

Elle la tira fermement vers une porte en bois, l'ouvrit à la volée, et força Jina à s'engouffrer dedans.

-Mais Eli !

-Rentre là dedans, et je viens te chercher dans une seconde ! murmura-t-elle précipitamment en refermant la porte sur elle.

-Marcus ! s'égosilla Jina devant la porte close. Je te jure pour que je me retrouve enfermée dans la salle de bain, ne serait-ce qu'une minute, tu as intérêt à avoir été sacrément bon avec mon Eli !

Le silence lui répondit. Jina colla alors son oreille contre la porte et entendit des froissements de vêtements, des bruits de pas, des rires bas et gênés, et le son reconnaissable d'un baiser. Le cœur de Jina se serra dans sa poitrine. Elle avait toujours envié à Eléonore sa belle histoire avec Marcus Montague. La porte s'ouvrit alors, et Jina chancela sur son amie, se rattrapant à son épaule avec un cri.

-Et toi, gronda Eléonore en la prenant à bout de bras. Tu as intérêt à dégommer Potter samedi pour oser me déranger ainsi.

-Désolée, s'excusa Jina avec aplomb. Mais je ne pensais pas te trouver au lit avec ton mec.

-Au lit avec ... Roh, Jinny ! Qu'est ce que tu fiches ici ?

Jina eut une petite moue. Eléonore haussa les sourcils, et passa son bras sous celui de son amie.

-Bien pour que tu me fasses cette tête là et que tu viennes jusque mon « trou à rat », c'est que ça doit être grave.

-Assez grave pour que je prenne une précaution supplémentaire.

Elle se jeta à plat ventre sur le lit à présent découvert d'Eléonore et cacha sa tête sous l'oreiller. Même s'il s'agissait de sa meilleure amie, son orgueil allait en prendre un sacré coup. Elle sentait son pouls battre à sa tempe. Le lit s'affaissa, indiquant qu'Eléonore venait de la rejoindre, et son rire au dessus d'elle le lui confirma.

-A ce point là ... ça doit concerner James Potter.

Grognement contre l'oreiller. Eléonore s'esclaffa encore.

-Il y a longtemps. Alors, tu penses toujours que tu ne finiras jamais avec ?

Nouveau grognement.

-Tu veux dire qu'il y a possibilité que tu finisses avec Potter ? s'exclama Eléonore, entre l'incrédulité et l'horreur.

-Non, aucune, maugréa Jina en enfonçant un peu plus son visage dans le matelas. Et c'est ça le pire. Et c'est le fait que ce soit le pire qui est le pire.

-Voilà qui est très clair, ironisa la Serpentard en passant une main sur l'omoplate de Jina. Allez, raconte, je te promets d'être tolérante, compte tenu du fait qu'il s'agit de Potter ... Et, de façon claire, si possible. Il s'est passé quoi ? Le mois dernier encore tu me disais que tu préfèrerais embrasser le calamar Géant que James Potter.

-Hum. Bah finalement, Potter c'est pas si mal.

Des mains lui agrippèrent fermement les côtes, et la retournèrent brusquement. Jina laissa un petit cri lui échapper en se laissant rouler sur le dos. Les yeux sombres d'Eléonore la dévisagèrent, interdite.

-Tu me dis pas que tu as embrassé James Potter ?!

Avec un long gémissement, Jina ramena l'oreiller contre son visage. Mais son amie ne lui laissa pas garder sa dignité et lui arracha le coussin pour le jeter au loin dans la chambre.

-Jinny, tu n'es pas en train de tomber amoureuse de James Potter ? Tu ne vas pas me faire ça ?

-Hey ! protesta Jina en se redressant sur les coudes. Je pensais que tu serais tolérante !

Les traits d'Eléonore se renfrognèrent, mais elle céda en soupirant. Elle s'assit en tailleur au bout du lit, le regard rivé sur Jina. La Serdaigle se redressa définitivement, les épaules affaissées par la défaite. Elle avait vaincu les éléments, et ses adversaires.

Mais aujourd'hui, c'était ses sentiments qui étaient en train de la vaincre.

Le regard d'Eléonore s'adoucit quand elle se rendit compte du trouble de Jina. Encouragée, la Serdaigle se mordit nerveusement la lèvre. Si elle ne pouvait pas se confier à Eléonore, elle ne pouvait se confier à personne. Alors elle se recroquevilla, ses jambes contre sa poitrine, et se mit à se balancer comme une enfant. Toute sa belle assurance était en train de fondre comme neige au soleil.

-En fait ... Il y a deux semaines ... Oh par Merlin, Eli, il y a deux semaines, depuis combien de temps on ne s'est plus parlé en tête à tête, toi et moi ?

-Un moment, confirma son amie en penchant la tête. Mais viens-en au fait, Jinny, il s'est passé quoi il y a deux semaines ?

-Bien ... Je suis sortie de ma Salle Commune. En pleine nuit. Parce que ... J'avais besoin de marcher.

La vérité était qu'elle avait un cauchemar sur Lionel. Encore un. Ce garçon avait toujours fait parti de sa vie. Leurs mères étaient meilleures amies. Leurs pères s'entendaient à merveille, bien qu'un soit moldu et l'autre sorcier. Lionel était presque son petit frère. C'était grâce à elle que Lucy et lui étaient sortis ensemble, et elle en avait tiré une fierté personnelle. Alors quand elle songeait à son ami, les yeux morts comme on lui avait décrit, immobile dans un lit ... ça la glaçait. Et les cauchemars avaient commencés.

-Bref. Je suis sortie. Prendre l'air. Et puis en descendant l'escaliers, je suis tombée sur cette fichue marche à la con.

-Laisse-moi deviner. Le trou dans la marche ? Tu es tombée dedans ?

-Ma jambe droite est restée coincée si tu veux tout savoir. J'ai gardé un bleu pendant des jours. Et qui m'a trouvé là, en train de me débattre avec cette saloperie de marche, de façon ridicule ?

-Potter.

-Quelle perspicacité, Eli.

Jina eut un ricanement de dépit. Elle se souvenait encore de James, descendant tranquillement les escaliers en sifflotant gaiement, faisant mine de la découvrir, s'asseyant à coté d'elle sans songer à l'aider. Quel abruti ...

-Il fait noir, dans cette partie du château, commenta-t-il, ses longues jambes étendues devant lui.

-C'est pour ça que je suis tombée, cingla Jina, tentant toujours d'extirper sa jambe, en vain.

James lui lança un regard équivoque, mais elle se refusait à lui demander de l'aide. Le restant de dignité en dépendait. Elle avait l'esprit encore tout embrouillé par le sommeil, encore hantée par son cauchemar, déroutée par sa chute, et agacée par la présence de James à ses cotés.

-C'est aussi parce que tu es une sacrée maladroite, ricana James à coté d'elle.

-Dixit le gars qui a renversé son chaudron pleine de Filtre de la paix ratée et jetant des étincelles vertes pas plus tard que l'an dernier.

-Hey ! Scorpius m'avait surpris avec une Fausse Baguette !

-Des excuses, Jim.

Elle cessa de se débattre, et soupira de dépit. James la lorgna en coin, attendant visiblement qu'elle le supplie. Elle garda les yeux rivés sur l'obscurité, tentant d'avoir l'air nonchalant. Il était hors de question qu'elle lui fasse ce plaisir. James ramena ses jambes pour mettre ses coudes dessus avec flegme.

-Bien. Maintenant que tu es coincée ici avec moi, tu vas me dire pourquoi tu es dehors ?

-Comment tu m'as trouvé, toi ?

La poitrine de James fut secouée par un rire qu'il tâchait de garder silencieux.

-C'est tout toi, ça, se moqua-t-il, une étincelle dans le regard. Allez, je vais te faire une faveur parce que je t'aime fort, mon cœur. Je te le dis si tu me le dis.

-Bien sûr, ironisa Jina en levant les yeux au ciel. Tu vas me dire que tu descendais piller la cuisine, ou tout autre activité illicite comme ça.

-Je t'assure que non. Tu veux que je commence pour te montrer ma bonne foi ?

Jina le dévisagea, sondant ses intentions dans ses traits, à moitié plongés dans l'obscurité. Excepté l'habituelle lueur de malice dans ses yeux bruns, il avait l'air sérieux, amical. Alors elle hocha la tête, secrètement intriguée. James sortit alors un vieux parchemin froissé de sa poche, et s'approcha de Jina pour le lui montrer. Elle fronça immédiatement les sourcils, pensant à un canular. Il sourit devant son air dubitatif, et sortit sa baguette.

-Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

Au plus grand émerveillement de Jina, de l'encre se mit à tracer le parchemin. James la laissa le prendre dans ses mains.

-Messieurs Lunard, Queudevert, Patmol et Cornedrue ... Qui c'est, eux ? (elle déplia le parchemin et le scruta avec de grands yeux fascinés) Attend ... C'est une carte de Poudlard ?

-Oui, confirma James avant de désigner un point portant l'étiquette « Jina Kane », à coté de celle de « James S. Potter ». Et tu es là. C'est comme ça que je t'ai trouvé. Et les génies qui ont fait cette carte étaient mon grand-père et ses amis.

-Waho, laissa échapper Jina, incapable de détacher ses yeux de la carte. Et je suppose que c'est un héritage familial ?

-Bien vu, mon cœur. On est pas nombreux à connaître l'existence de cette carte - mes cousins, et Scorpius. Je te serais gré de tenir ta jolie langue, d'accord ?

Elle leva les yeux sur James, secrètement touchée par la confidence. Ce genre de moments étaient tellement rares avec lui. C'était reposant de pouvoir se tenir à cinq centimètres de lui sans se lancer des piques à longueurs de temps.

-Entendu, promit-t-elle en un chuchotement.

Elle lui rendit son parchemin, et James la mit sur ses genoux. Il se retourna vers elle, un petit sourire aux lèvres.

-Et toi ? Pourquoi cette balade nocturne ?

Jina le sonda un instant, méfiante, et raconta son cauchemar du bout des lèvres. James l'écouta sans broncher, attentif. Il l'avait déjà consolé, la nuit où on avait retrouvé Lionel. Il savait qu'il comptait pour elle. Il savait que la situation lui pesait. Sa mâchoire se contracta quand elle finit son récit, et il la surprit en serrant doucement ses doigts.

-On finira par trouver celui qui fait ça, Jinny. Tôt ou tard. Je te promets.

Jina sentit son cœur s'emballer, troublée par les paroles de James. Il ne l'avait jamais appelé « Jinny ». La promesse la troublait. Son sérieux la troublait. James n'avait que rarement été comme ça avec elle. Et elle se surprit à penser que c'était agréable. Pas de disputes, pas de défi, pas d'obligation à être cynique. Juste une discussion entre amis. Ils se lançaient des piques depuis tellement longtemps qu'elle ne se rappelait plus pourquoi elle le faisait. Si ce n'était le défi et l'adrénaline.

Mais il y avait un temps pour tout.

Elle serra ses doigts en retour avec un sourire.

-Je n'en doute pas, Jimmy.

James lui rendit son sourire, de façon crispée. Elle sentait dans la tension de ses doigts qu'il n'était pas à l'aise avec cette affaire. Elle garda un instant le silence, devinant à la lueur dans ses yeux qu'il n'en avait pas fini. Ça ne tarda pas :

-J'arrive pas à comprendre ce que veut ce type. Le seul truc relativement logique, c'est qu'il en voudrait à Serpentard.

-Alors pourquoi Leo ?

-C'est ça le problème. Je ne comprends pas pourquoi Lionel. Mais comme la piste Serpentard semble la plus crédible ... (il soupira). Louis et Scorpius s'inquiètent beaucoup pour Lucy. Et moi aussi, du reste. Enfin, c'est ma cousine.

-Je comprends. Je m'inquiète pour elle aussi. Je m'inquiète pour tout le monde, en fait.

James garda le silence, se contentant de serrer un peu plus ses doigts. Le fait de l'avoir vu pleurer semblait l'avoir adouci à son égard : il était moins sarcastique, plus compréhensif. Particulièrement quand ils étaient seuls. Malgré la gravité de la discussion, le moment était agréable. Comme si leur jeu était sur « pause ». La carte était toujours ouverte sur ses genoux. Et des fourmis commençaient à monter dans la jambe de Jina, aussi s'agita-t-elle. Un sourire tordu retroussa les lèvres de James.

-Tu sais ... tu n'as qu'à dire « s'il te plait ».

-Dans tes rêves, Potter.

-L'orgueil, c'est mauvais pour la santé. Lysou dirait même que ça attire les Joncheruines.

-Et bien que les Joncheruines viennent : l'orgueil, il ne me reste que ça.

James leva les yeux au ciel, avant de les baisser sur la carte. Ses yeux s'écarquillèrent, et il sauta sur ses pieds d'un bond. Jina sursauta, surprise.

-Il se passe quoi ?

-On va avoir de la visite, mon cœur. (Il s'accroupit auprès d'elle, et planta son regard dans le sien). C'est le moment de dire « s'il te plait ».

-Rêve !

-Alors Huckles va trouver là, et tu écoperas d'une retenue, et ça blessera ton orgueil si précieux.

Jina sentit un sourire enjôleur retrousser ses lèvres. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine depuis que James avait évoqué Hukles, le concierge. James venait d'appuyer sur « play ». Le jeu recommençait.

-Allons, Jimmy ... Je suis presque persuadée que tu ne me laisserais pas me faire prendre comme ça.

-Presque ? releva James en se relevant, l'air prêt à déguerpir.

-Regarde-moi dans les yeux, et dis-moi que tu vas me laisser là.

James planta son regard dans le sien, l'air sérieusement indécis. Jina ne le lâcha pas, un sourire aux lèvres, immobile malgré sa jambe qui la lançait. Alors que James hésitait toujours entre jouer au Mousquetaire, ou jouer au héros, la voix grincheuse de Hukles retentit dans le couloir en dessous d'eux :

-Elèves hors du dortoir !

-Et merde, jura James en redescendant d'une marche.

Le sourire de Jina se fit triomphal quand il passa ses bras autour de ses aisselles pour la soulever. Il avait décidé de jouer au héros. Devinant que la jambe de Jina était trop engourdie pour qu'elle puisse entamé une course décente, il passa un bras sous ses jambes et la porta comme un bébé avant de remonter les marches quatre à quatre.

-Quelle endurance, souffla Jina avec moquerie, s'accrochant au cou de James pour garder l'équilibre.

-La ferme, tes kilos en trop me ralentissent !

Outrée, Jina se permit de lui donner une tape sèche sur le sommet du crâne. A peine un couloir parcouru, et James haletait déjà, ralenti par le poids de Jina, et permettant à Hukles de se rapprocher. Il jura.

-On y arriverai jamais ...

Brusquement, il s'arrêta, et posa Jina sur le sol avant d'écarter une tapisserie. Une porte y était dissimulée. La jeune fille n'hésita pas une seule seconde et s'engouffra dans ce qui semblait être un placard abandonné. James suivit, et referma vivement la porte derrière lui. Les deux jeunes gens collèrent leur oreille à la porte, retenant leur souffle. Le cœur de Jina battait à tout rompre. Finalement, des pas passèrent devant le placard sans s'arrêter une seule seconde, et la jeune fille attendit de ne plus les entendre avant de se détendre complétement. Elle laissa échapper un petit rire, et James écrasa brutalement sa main contre sa bouche.

-Attends.

Elle tendit l'oreille. Les pas revenaient. On entendait des jurons. Hukles devait penser qu'ils l'avaient semé, et qu'il ne les rattraperait pas, et revenait sur ses pas pour reprendre sa ronde. Puis, il s'éloigna pour de bon, et James se détendit enfin, relâchant Jina. Celle-ci gratifia James d'une tape sèche sur la poitrine.

-Hey ! protesta-t-il, chuchotant toujours. Tu me dois un minimum de respect, je viens quand même de te sauver la mise sans que tu me dises « s'il te plait » !

-Je savais que tu le ferais, assura Jina avec aplomb. Parce que tu as un stupide sens de l'honneur typiquement Gryffondorien qui t'aurait empêché de me laisser.

-Il n'empêche que je t'ai sauvé d'une situation bien délicate.

-Je ne me suis jamais retrouvée en situation délicate.

Dans l'obscurité du placard, Jina n'arrivait pas à déchiffrer l'expression de son visage. Ce qu'elle savait, c'était qu'il était très proche, une main sur son bras, l'autre sur son épaule, et son souffle se perdait dans ses cheveux. Jina sentit une rougeur suspecte lui monter aux joues. C'était stupide, elle était avec James, elle n'avait pas à rougir. Ils étaient ainsi depuis des années. James ricana doucement au dessus d'elle.

-Jamais ? Comment va ta jambe ?

-Mieux. Tu veux que je te le prouve ?

-En quoi faisant ? M'écraser le pied, ou me castrer ?

-Te castrer, ce serait une bonne idée : cette terre ne serait supporter que tu engendres un clone, si tant est qu'une fille veuille bien de toi, bien sûr.

Cette fois, James rit plus franchement, et elle eut un sourire effronté, devinant dans son rire qu'il approuvait la pique. Elle sentit sa main remonter de son épaule à son cou, et l'autre descendre jusque sa taille. Jina ne broncha pas, se contentant de lever un sourcil méprisant que James ne put voir. Mais intérieurement, elle était troublée. Le jeu allait un peu loin ...

-Je crois qu'il y en a une qui veut bien de moi, Jinny. Et ça, tu le sais.

Il avait alors fait quelque chose de complètement insensé, mais de prévisible compte tenu de la tension qui régnait entre eux. Sans préavis, sans demander son avis, sans même lui laisser le moindre temps d'adaptation, il l'avait embrassé. Jina avait réagit instinctivement, sans réfléchir.

Et son instinct lui avait ordonné de répondre au baiser de James.

Jina était déjà sortie avec certains garçons. Cinq pour être exact, mais ça n'avait jamais duré longtemps. Et surtout, leurs baisers ... n'étaient absolument pas comparables avec ce qu'elle était en train de vivre. C'était brusque, improvisé, spontané. Teinté d'envie, de sauvagerie et de douceur à la fois. Ses bras s'étaient noués autour de sa nuque naturellement, et il l'avait écrasé contre la paroi, serrant son corps au sien. Sa bouche s'était aventurée dans son cou, y traçant une ligne brulante, avant de happer ses lèvres avec plus de fougue. Le baiser s'était approfondi. Un frisson inexplicable la parcourut, un délicieux frisson. Son cœur s'emballait, et elle agrippa la chevelure sombre de James pour l'ébouriffer un peu plus, écrasant sa bouche contre la sienne. Les dents de James mordirent sa lèvre inférieure, dans un mélange de délicatesse et de désir empressé. Jina s'était laissée faire, grisée par toutes les émotions qui tourbillonnaient en elle. Soudainement, c'était une évidence. Toutes ses années à se battre pour que cet instant arrive. James venait d'appuyer sur « stop ».

Le jeu était fini.

Et ses lèvres étaient soudées aux siennes.

Si bon. Si grisant.

Il s'écarta alors doucement d'elle, écartant une mèche de cheveux noirs de son front, le souffle court. Jina haletait elle aussi. Elle ne voulait pas savoir dans quel était elle était : les cheveux en désordre, les lèvres douloureuses et gonflées, les joues d'un rouge soutenu, le cœur cognant contre sa poitrine.

Et tellement bien.

-Waho, souffla James.

Jina laissa échapper un petit rire nerveux, soudainement timide. Elle ne savait pas comment réagir.

Tout ce qu'elle savait, c'était que pour elle, le jeu venait de prendre fin.

James se joignit à elle. Bientôt, ils riaient tout deux à gorge déployées. Jina n'en revenait pas : elle venait d'embrasser James Potter ! Le garçon avec lequel elle se battait depuis cinq ans, avec qui elle avait refusé s'envisager la moindre histoire tant ça lui semblait absurde. Ici, dans l'obscurité du placard, coincée entre les murs et son torse, ça ne lui semblait pas si terrible. C'était même loin d'être terrible.

Elle aurait voulu continuer, rester toute la nuit à l'abri de la noirceur, retrouvée toutes ses sensations qu'elle venait de vivre ... mais James décida autrement. Il chercha la poignée à tâtons, et ouvrit la porte, une fois son hilarité calmée.

-Allez viens, mon cœur, je te raccompagne chez toi pour être sûre que tu ne te perdes pas ! s'esclaffa-t-il en sortant du placard.

Jina masqua sa déception pour le suivre dans le couloir. Sa jambe la lançait encore un peu, mais c'était supportable.

-Je connais le chemin de retour, tu sais.

-Pas aussi bien que moi.

Jina s'abstint de répondre. Elle savait pertinemment que c'était le cas. Et maintenant qu'elle avait vu la carte, elle comprenait pourquoi. Ils marchèrent l'un à coté de l'autre, murés dans un agréable silence. Ils ne se touchaient pas, mais le fantôme du baiser sur les lèvres de Jina lui suffisaient amplement. Elle n'était même pas gênée. Ce qui s'était passé lui semblait naturel. C'était ainsi que cela devait se finir. La gargouille de Serdaigle fut alors en vue, et elle se tourna vers James avec un sourire.

-Je pense que ça risque de faire faire un arrêt cardiaque à tout Poudlard.

James leva un sourcil, intrigué.

-Quoi donc ?

-Bien ... Ce qu'il s'est passé. Ils ne s'attendent pas à ça.

James resta un instant impassible, puis un sourire espiègle fendit son visage.

-Enfin, il ne s'est rien passé, mon cœur, déclama-t-il alors avec un clin d'œil. Dors bien, Jina.

Jina était tellement surprise par la pique que le « quoi ? » indigné qu'elle s'apprêtait à crier resta bloquer dans sa gorge. James eut un nouveau clin d'œil, avant de s'éloigner en sifflotant gaiement, comme il était arrivé, laissant derrière lui une Jina médusée. Son cœur tomba dans sa poitrine quand elle comprit.

Pour lui, ce qui s'était passé dans le placard faisait parti du jeu.

Elle restait dans le jeu.

Des larmes lui montèrent au yeux, mais elle se refusa à les faires couler. Des larmes de déception.

-L'enfoiré.

Le mot d'Eléonore qui conclut le récit du placard et de la discussion dans le vestiaire, semblait être approprié pour Jina. Ses grands yeux sombres étaient écarquillés par l'effarement. Jina avait replié ses jambes contre sa poitrine, et posé son menton sur ses genoux, telle une enfant. Et c'était ainsi qu'elle se sentait. Une adolescente de base vivant sa première peine de cœur.

-Alors si je comprends bien, Potter t'as embrassé, tu t'es rendue compte que tu l'aimais, et ... Il ne va rien se passer parce que tu es un jeu ? résuma la Serpentard avec une moue de dépit.

-Voilà.

Eléonore la dévisagea un instant, l'air pensif. Jina se sentait mieux de s'être ainsi livrée. Elle n'en pouvait plus de se tourbillon s'émotion dont elle ne démêlait rien.

-C'est triste que tu aies dû attendre qu'il t'embrasse pour que tu t'en rendes compte, quand même, dit alors Eléonore. Si vous en aviez parlé ... Peut-être que ça se serait mieux passé.

-Ça ne se serait pas passé autrement, songea Jina l'air amer. Il sait ce qu'il veut. Avoir la paix.

-Enfin, Jin, Potter et toi, même si ça me fait mal, c'est une évidence ! Ça ne peut pas finir autrement, et je suis sûre qu'il le sait. Si même toi tu t'en es rendue compte ...

-Ça veut dire quoi, ça ? se hérissa Jina, les yeux plissés.

Eléonore soupira profondément, et se prit le visage entre les mains, avant de reporter son attention sur son amie, l'air résignée.

-Ça veut dire, Jina Cho Kane, que tu es la personne la plus têtue et la plus bornée que je connaisse. Bien plus que ce crétin. Je ne sais pas comment tu as pu réussi à enfin comprendre que tu ressentais quelque chose pour Potter après des années à te persuader que c'était impossible.

Jina accepta la remontrance sans broncher. Elle connaissait ses défauts et elle savait que celui-ci, l'acharnement, était l'un de ses pires. Elle réfléchit à ce que son amie venait de dire, le regard perdu dans l'une des fenêtres qui donnait sur le lac.

-Je pense que j'ai toujours su ce que je ressentais, entonna-t-elle alors, doucement. En première année, on aurait pu sortir ensemble, je pense. La seule chose qui m'en a empêché ... C'était qu'il sortait avec Teresa Parker, je pense.

-Une raison suffisante, ironisa Eléonore.

-Oui, bref. Mais après un an à se tourner autour sans être ensemble ... On s'est dit qu'on pouvait attendre un peu plus.

-Résultat, vous avez attendu cinq ans.

-Oui (Jina passa une main sur son visage, avec lassitude). Et on a oublié ce qu'on a ressenti en première année. L'embrasser ... ça a réveillé tout ça. Je me suis souvenue. Mais pas lui.

Eléonore opina du chef, compréhensive. Elle se hissa à coté de Jina, et lui passa un bras sur ses épaules. La Serdaigle nicha sa tête au creux de son cou, et elle la serra contre elle pour se rassurer.

-Je suis une fille stupide, gémit-t-elle dans les cheveux d'Eléonore. Je suis en train de me languir d'un Mousquetaire, tu parles d'un cliché ...

-Non, Jinny. Tu es une fille qui vient de comprendre ce qu'est l'amour. Et malheureusement, c'est tombé sur un crétin comme Potter.

-Ce n'est pas qu'un crétin. Je veux dire ... il a de bon coté. Au fond c'est quelqu'un de bien. Et puis zut, il est juste sacrément sexy.

Cette constatation lui fit mal. Elle admettait enfin les qualités que James pouvait avoir. Intérieure comme extérieures. Au bout de cinq ans. Et cela pour rien.

-Je veux bien te croire, s'esclaffa Eléonore en caressant les cheveux de jais de Jina. Et je suis sûre qu'il embrasse super bien aussi (grognement dans son cou). Qu'est ce que tu comptes faire, maintenant, Jinny ?

Jina ne répondit pas tout de suite, savourant l'étreinte réconfortante de son amie. Elle garda le silence quelques instants, avant de dire dans un filet de voix :

-Rien. Qu'est ce que tu veux que je fasse ? En ce qui me concerne, le jeu est fini. S'il ne veut pas de moi, alors tant pis. Ce sera mon premier vent, le plus douloureux, mais ... La vie est faite d'expérience, non ? Ça en sera une de plus. Mais il est hors de question qu'on continue comme ça. Hors de question que je reprenne comme c'était avant.

-Parfait, approuva Eléonore d'une voix douce en la serrant contre elle, sentant la détresse de son amie. C'est dur, mais c'est ce qu'il faut faire, Jinny.

-Hmmm.

-Je suis avec toi, Jinny. Ce gars ne te mérite pas, ma belle.

Jina sentit les larmes lui montait au yeux, une nouvelle fois. Une fois de trop. Après l'attaque de Lionel, sa première peine de cœur. Belle blague ... Alors elle se plongea dans l'étreinte de son amie, et murmura dans ses cheveux, comme un aveu :

-Je l'aimais, Eli.

Et une larme coula sur sa joue. Jina pria pour que ce soit la dernière.

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