Chapitre 13 : La panique-mécanique


Bien le bonjour tout le monde ! 

Aujourd'hui le chapitre 13 de Lucy ; au programme, beaucoup de moments Serpentards, une petite référence moldue et des explosions - des réjouissances, de fait ahah ! 

Encore une fois n'hésitez pas à me faire part de vos théories ou de choses que vous ne comprenez pas ! 

Pour comprendre ce qui m'a inspiré le titre, la chanson en commentaire ==> 

BONNE LECTURE A TOUS 


Chapitre 13 : La panique-mécanique.

Lucy se débarrassa rapidement de robe de Quidditch trempée, et la jeta dans un coin de la salle de bain qu'elle partageait avec les filles de son dortoir. Un frisson la parcourue de la tête au pied, et elle se dépêcha de se jeter dans la douche. Elle était gelée. L'eau chaude ruissela sur son corps, et la chaleur apaisa ses muscles endoloris. Elle venait de passer une semaine exécrable. Adam et elle ne s'étaient pas reparler depuis leur dispute, notamment parce que Crivey avait été absent et qu'il n'avaient pas pu se croiser en Arithmancie, mais aussi parce que dorénavant, ils ne s'adressaient plus la parole en Défense Contre les Forces du Mal. C'était pire qu'en début d'année. Pour ne rien arranger, la seconde séance de Quidditch du trimestre avait été éprouvante : un flot de neige s'était déversé sur le terrain et un vent d'une force incroyable balayait les gradins. Will avait perdu deux Vifs d'Or, et c'était à peine si Eléonore, Montague et elle avait pu repérer le souafle. Et Oxlade avait dû avoir recourt à un puissant sortilège d'attraction pour retrouver un cognard qu'il avait perdu ; sauf que dans sa course, le cognard avait frappé de plein fouet Henry, qui se trouvait à présent à l'infirmerie, escorté de Montague et Will. Les autres étaient remontés dans la Salle Commune, trop fatigués pour aller manger, et s'étaient rués vers leurs douches respectives. Lucy avait entendu Eléonore virer Sarah, et avait aperçu la sixième année sortir de sa salle de bain, les cheveux encore plein de shampoing. Lucy flânait dans la douche depuis dix minutes quand elle entendit quelqu'un tambouriner à la porte.

-Weasley ! hurla la voix d'Athénaïs Stones. Je te jure que si tu ne sors pas dans cinq minutes, je transforme l'eau en pus de !

Lucy grimaça devant la menace, et coupa l'eau. Athénaïs cessa de martyriser la porte, et la jeune fille put se rhabiller sans pression. Quand elle sortit de la salle de bain, sa camarade lui lança un regard méprisant en grommelant « pas trop tôt », et s'engouffra dans la pièce en refermant sèchement derrière elle. Lucy gratifia la porte d'une grimace, et prit une serviette pour essuyer passivement ses cheveux trempés. Dorothy, assise dans son lit, ses cheveux multicolore suavement ébouriffés, eut un petit sourire pour Lucy.

-Eprouvante entrainement de Quidditch ?

-Hum. Rappelle moi de regarder la météo avant de programmer un entrainement. Où est Alex ?

-En haut. Tu ne l'entends pas ?

Dorothy mit comiquement la main en cornet sur son oreille pour inciter Lucy à tendre la sienne. Se déversant depuis la salle commune à l'étage, de douces notes de piano se faisaient entendre et semblaient accompagner les clapotis du lac pour bercer les élèves. Lucy laissa échapper un sourire, apaisée par la mélodie. Alexandra était la pianiste officieusement-officielle de Serpentard, et se mettait à jouer dès qu'elle avait un peu de temps. Dorothy ferma son magazine, et proposa à Lucy de monter. La jeune fille ne se fit pas prier et elles rejoignirent Henry et Luke qui jouaient à la bataille explosive sur une table basse. Sur le canapé à coté d'eux, Eléonore était assise, prête à s'endormir, la tête de Montague sur ses genoux, et Will avait l'air de finir un devoir de Défense Contre les Forces du Mal à coté des garçons.

-Ça va ? s'enquit Lucy à l'adresse d'Henry, qui gardait du cognard un bandage autour de sa tête.

-T'en fais pas, Capitaine, la rassura le Gardien avec en souriant courageusement. J'ai la tête dure.

-Je confirme, enchérit Luke avec un sourire sarcastique.

-Plus jamais de séance sous la neige en janvier, gronda Will en repoussant une mèche trempée qui tombait sur son front. Et encore moins quand j'ai un devoir à rendre pour le lendemain.

-Ne te plains pas, grommela Montague sans ouvrir les yeux. J'ai trois devoirs cette semaine. Nom d'un dragon, qui a inventé les ASPIC ?

-Les mêmes personnes qui ont inventé les BUSE, dit Eléonore d'une voix fatiguée, avant de donner un petit coup de pied dans le dos de son frère. D'ailleurs, je me souviens que j'avais bossé, l'année de mes BUSE. Pas jouer à la Bataille Explosive.

-Rôh, Norie, on est en janvier, râla Luke en lançant un regard torve à sa sœur. Les BUSE on a le temps.

-Et puis c'est connu que Luke a un génie naturel qui lui épargne les révisions, railla Lucy avec un méchant sourire.

-Exactement, Weasley.

-Je pense que c'était de l'ironie, fit remarquer Dorothy en s'asseyant à coté d'Alexandra sur le banc du piano. Hey, Alex, tu nous fait Mon amour de chaudron ?

Marcus lui jeta un regard si noir que Lucy imaginait sans peine que celui qui si Alexandra se mettait à jouer du Celestina Moldubec, elle et Dorothy devraient avaler la goutte du Mort-Vivant, et ce de force. Mais Alexandra eut un immense sourire et ses doigts se mirent à virevolter avec adresse sur les touches. Lucy eut un léger sourire. Alexandra était tant douée qu'elle arrivait à rendre un air de Celestina Moldubec agréable.

-J'en peux plus, gémit Will en se prenant les cheveux, avant de tendre son parchemin à Montague. Dis-moi, ô tout-puissant Septième année qui est censé avoir accumulé tant de savoir, tu ne pourrais m'aider à faire ce devoir ?

-Hors de question, rétorqua Montague en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Je crois plutôt que je vais aller me coucher.

-Je pensais que tu avais trois devoirs ?

-Oui bah demain. Aïe ! (Eléonore venait de sortir de sa torpeur pour lui donner une tape sèche sur l'épaule et il s'était vivement redressé pour gratifier sa petite-amie d'un regard vexé). Je me fais battre par ma copine, maintenant ...

-Tu as refusé le capitanat pour avoir tes ASPIC, alors tu vas me faire le plaisir d'aller chercher ton devoir et de le faire maintenant.

-Dix points pour Norie, enchérit Lucy avec un sourire. Euh, je plaisante, je ne donne pas de points pour si peu, ajouta-t-elle précipitamment en remarquant le regard incrédule de tous ses amis. Je ne suis pas Luke.

Henry et Dorothy éclatèrent de rire, mais le préfet fusilla son amie du regard, et Lucy lui répondit par un sourire éclatant. Montague finit par céder à Eléonore et monta chercher son devoir alors que la sixième année se penchait sur Will pour l'aider dans sa dissertation sur les différences majeures entre Loup-garou et Animagus. Luke eut un ricanement en abattant une carte.

-C'est trop facile ça. Animagi et Loup-Garou, pas besoin d'attendre la quatrième année pour le savoir ...

-Luke, gronda Eléonore, toujours penchée sur le parchemin de Will.

Celui-ci plissa théâtralement les yeux, et eut une réaction surprenante en pointant Luke du doigt. Celui-ci contempla l'Attrapeur, pas impressionné pour deux noises.

-Luke.

Le préfet dressa un sourcil, interloqué. Will resta encore un instant silencieux, puis lâcha d'une voix rendue absurdement rauque.

-Je suis ton père.

Puis il baissa son doigt, et retourna derechef à son devoir, comme si de rien n'était. Tout le monde échangea un regard, perplexe. Même Alexandra cessa de jouer. Puis ce fut Henry qui rompit le silence en éclatant de rire, se laissant presque tomber à terre sous l'effet de l'hilarité.

-Euh ..., entonna Luke en passa une main dans ses cheveux. Ce fut ...

-Stupide ? proposa Dorothy avec un regard gêné pour Will.

-Incompréhensible ? enchérit Alexandra.

-J'allais dire « pertinent » d'un air sublimement ironique, mais ce que vous avez dit marche aussi.

L'hilarité de Henry redoubla, et il enfuit son visage dans ses mains pour tenter vainement de réprimer son rire. Le regard des Serpentards tomba sur le Gardien, et Lucy finit par lui donner un petit coup de pied.

-Dis-moi, Henry, tu nous expliques la blague ?

-Il ne peut pas vous expliquer, intervint Will avec un sourire tordu. Il n'y a que les vrais qui comprennent. Llod, t'es un vrai.

-Merci, McColley !

Les garçons toquèrent leur poing l'un contre l'autre avec un sourire complice. Lucy fronça les sourcils pour trouver ce qui unissaient Will à Henry, avant de se frapper le front du plat de la paume.

-C'est un truc de moldu ?

-Ouaip, confirma Will en traçant une ligne sur son parchemin. Star Wars. Une anthologie. Ma mère m'a forcé à tous les regarder alors que je ne savais pas encore marcher. Ça a bien fait rire mon père, d'ailleurs.

-Même quand tu ne l'as pas vu, c'est la phrase la plus célèbre du Septième art, renchérit Henry. Le Septième art, c'est le cinéma, ajouta-t-il quand les Serpentards lui lancèrent un regard perplexe.

-Le cinéma ? répéta Eléonore en fronçant les sourcils.

-D'ac...cord, fit lentement Luke en étudiant les deux garçons, l'air de se dire qu'ils étaient bons pour le service psychiatrique de Saint-Mangouste.

Puis il secoua la tête d'un air dépité. Dorothy, qui n'était pourtant pas connu pour son esprit sain et logique, avait l'air déstabilisée, et s'en fut dans leur chambre arguant qu'elle était fatiguée. A la surprise général, après quelques minutes de silence où Montague redescendit avec son devoir de Potion et Will finit son parchemin avec un soupir de satisfaction, Luke se leva pour s'asseoir à coté d'Alexandra sur le banc du piano, qui avait cessé de jouer pour observer la Salle Commune d'un air fatigué.

-Je peux ? s'enquit Luke, l'air vaguement gêné, en désignant le piano.

Alexandra le dévisagea, surprise, puis hocha la tête. Luke passa ses jambes sous le piano, et inspira profondément avant d'effleurer les touches. Lucy s'approcha lentement, un sourire aux lèvres alors qu'il entonnait une mélodie lente et mélancolique. Elle savait qu'il jouait parce que son père l'avait forcé à apprendre quand il était petit, mais rare étaient ceux qui avaient le privilège d'entendre Luke Zabini jouer. Elle-même avait été spectatrice uniquement la seule fois où elle avait été chez les Zabini et qu'elle avait découvert l'instrument dans la chambre de son ami. C'était la première fois qu'il jouait à Poudlard. Elle d'appuya contre le piano et regarda Luke, et bientôt, Eléonore et Will vinrent la rejoindre, et Henry se posta derrière lui alors qu'Alexandra le couvait d'un regard admiratif. Quand la mélodie s'acheva, et qu'il retira ses mains des touches, Luke grommela :

-Je ne veux aucun commentaire.

-Je ne comptais pas en faire, admit Will en dressant un sourcil. Bluffant, Zabini.

-Tu joues depuis quand ? demanda Alexandra avec douceur.

-Dix ans environ. Mon père est un grand mélomane.

-Je confirme, enchérit Eléonore avec un regard emplit de fierté pour son frère. Mais perso, je n'ai pas le talent de Luke.

-Tu n'as pas de talent de cuisinière non plus, fit remarquer Montague avec un sourire. Ça aussi, c'est Luke qui l'a ?

Les deux Zabini gratifièrent Montague d'un regard noir alors que les autres pouffaient sous cape. Henry donna une grande tape dans le dos de son ami, avant de poser une main sur son épaule, et l'autre sur celle d'Alexandra.

-En tout cas, ça nous fait deux pianistes officiels. Vous avez plus qu'à vous arranger pour le calendrier des concerts !

Il tapota leurs épaules, et les deux pianistes rougirent, provoquant le sourire sarcastique et attendris des autres. Henry se redressa alors et se pencha vers Lucy.

-Ce qui me fait penser que j'ai pas compris un chapitre de Métamorphose. Tu m'expliques, Capitaine ?

Il ponctua la remarque d'un clin d'œil, et Lucy eut un sourire complice, comprenant qu'il souhaitait laissé Luke et Alexandra seuls. Montague et Eléonore comprirent eux aussi le message, car la jeune fille tira son petit-ami vers le canapé pour finir son devoir, et seul Will semblait manquer de subtilité, si bien que Lucy dut le tirer comme un gamin pour l'emmener vers l'autre bout de la Salle Commune avec Henry.

-Bien, fit le Gardien en battant les cartes explosives qu'il avait laissé avec Luke. L'opération Luxandra étant achevée ...

-Luxandra ? gloussa Lucy alors que Will tentait de cacher son hilarité en mangeant un Chocogrenouille.

-Oui, bon, sans commentaire. Avec Dorothy, on complote pour les mettre ensemble, ça te pose un problème, Weasley ?

-Aucun, mais je vais finir par croire qu'Alex a raison : t'es l'ami gay sans être gay, Henry.

Henry rougit et donna un coup de pied à sa capitaine, qui répliqua en lui lançant un coussin. Will prit les cartes pour les distribuer, et ils commencèrent leur partie à trois. Non loin d'eux, Montague et Eléonore parlaient racine de mandragore et poil de queue de licorne, et quelques minutes plus tard, des notes s'élevèrent du coté de Luke et d'Alexandra, et Lucy se rendit compte qu'ils jouaient ensemble. Ils échangèrent un regard ravi avec Henry. La jeune fille s'autorisa à soupirer d'aise, et à effacer ses problèmes de son esprit. Dans ces temps troublés, ces moments de détente et de joie simple étaient tout ce dont elle avait besoin.

***

-Weasley ! Debout !

La jeune fille grommela en ouvrant péniblement les yeux. Vu leur degré de brulure, il devait être beaucoup trop tôt. Au dessus d'elle, apparut le visage flouté par la fatigue de Luke, reconnaissable à ses cheveux blonds et yeux sombres. Lucy se laissa retomber dans ses oreillers en soupirant.

-Luke. Si tu restes une seconde de plus dans cette pièce, tu vas te reprendre une chaussure, tu le sais ?

-Je prends le risque, rétorqua-t-il avant de retirer sèchement l'oreiller de la jeune fille. Debout !

La tête de Lucy retomba durement sur le matelas, et elle se redressa pour le fusiller du regard. Elle se rendit alors compte qu'il n'était pas seul, mais que Henry attendait à l'entrée de la chambre, les cheveux en désordre et en pyjama. Luke lui-même n'était vêtu que d'un caleçon et d'un T-shirt. Autre fait troublant que les deux garçons en pyjama dans le dortoir des filles à cette heure du matin, c'était les vagues explosions qu'elle entendait à l'étage. Elle repoussa ses couvertures, ses sens en alerte.

-Qu'est ce qu'il se passe ?

-Je crois que tes cousins ont encore fait de leurs siennes, railla Luke en détaillant son amie. Et force est d'admettre que tu es moins sexy au réveil, Weasley.

-Je te retourne le compliment.

C'était faux, évidemment. Même au réveil, Luke Zabini ferait baver les filles, mais cela, elle ne l'avouerait jamais. Une nouvelle explosion secoua le plafond, et maintenant qu'elle était éveillée, Lucy se demandait comment elle avait fait pour dormir avec ce raffut. En tout cas, le sommeil d'Alexandra semblait plus léger, car elle se réveilla en sursaut après l'explosion.

-Qu'est ce qui se passe ? Et ... Par le caleçon de Merlin, Luke Zabini qu'est ce que tu fous ici ?!

Alexandra ramena pudiquement ses couvertures contre sa poitrine et Luke leva les mains en signe de paix.

-Si je pouvais éviter la chaussure, cette fois, ça m'irait, Alex ! Allez, je t'ai vu en peignoir, et toi tu m'as vu en pyj', un partout on passe à autre chose. Henry, tu m'aides à secouer les puces de la préfète ?

Alexandra porta son regard sur la porte, devant laquelle le Gardien attendait toujours, et sembla sur le point de se précipiter vers ses chaussures qui gisaient devant son lit pour les lui jeter de toutes ses forces. Quant à Lucy, elle jeta un regard féroce aux garçons.

-La préfète se secoue les puces seule, merci. Vous permettez ?

Elle fouilla ses affaires pour extraire un pull Weasley de son armoire, l'enfila, et suivit Henry et Luke dans la Salle Commune. Le spectacle la laissa bouche bée. Des dizaines de petits êtres de lumière multicolores, constitués selon toute vraisemblance de feu d'artifice, prenaient un malin plaisir à saccager la Salle, déchiquetant et brulant les fauteuils, déchirant les tapisseries, consommant tout ce qu'ils trouvaient.

-Par les chaussettes de Merlin, laissa échapper Alexandra, qui les avait suivi. Qu'est ce que c'est que ça ?

-Des lutins de feu, répondit sombrement Lucy en fusillant du regard les petites créatures artificielles qui venaient de tordre un de leurs lustres. Une création récente de mon oncle, je ne pensais pas qu'elle était déjà commercialisée.

-Ah. Et qu'est-ce que c'est, au juste ?

-Des feus d'artifices. Mais qui reproduisent le comportement des lutins de Cornouailles. Donc ...

-J'ai compris, un vrai cauchemar.

Lucy hocha la tête, dépitée. Des élèves commençaient à affluer dans la Salle, réveillés par le saccage des lutins de feu, en pyjama et de mauvaise humeur.

-Je vais les tuer, grommela Montague en les rejoignant.

-Attend, elle va encore nous dire que ce n'est pas ces cousins, hein Weasley ? railla Oxlade avec un sourire torve pour Lucy.

La jeune fille lui répondit avec son regard le plus féroce. Ses doigts se crispèrent sur la baguette qu'elle avait emmenée.

-Oh que si c'est mes cousins, répliqua-t-elle sèchement. Et crois-moi que je te dis qu'ils vont le payer.

-Bah tiens, ricana Liam Pucey, qui venait de monter de son dortoir, baguette à la main. J'aimerais bien voir ce que ça donne, Weasley qui prend son rôle de préfète au sérieux.

Lucy leva instinctivement sa baguette, mais la main de Luke s'abattit sur son poignet. Elle lui lança un regard courroucé, mais ses yeux étaient rivés sur Pucey.

-Ça ne sert à rien de raisonner comme ça. On doit trouver comment se débarrasser de ces trucs. Au pire, on fera appel à Greengrass. En attendant, on va essayer ... Immobilis !

-Non, Luke !

Lucy voulut se jeter sur son bras pour éviter qu'il ne jette le sort, mais elle ne fut pas assez rapide et le sortilège atteint un lutin de feu de plein fouet. Les particules de lumières parurent se figer un instant, et Lucy crut que, contre attente, Luke avait réussi. C'était sans compter le cri strident que la créature artificielle poussa une seconde plus tard et qui força les élèves à se boucher les oreilles en se courbant tant le cri était nocif. Puis elle explosa avec un grand bruit qui secoua la Salle. Jaillirent alors de l'explosion plusieurs germes qui devinrent d'autres créatures qui allèrent grossir les rangs des saccageurs.

-Super, constata sombrement Montague. Ça les démultiplie.

-Typique. (Lucy donna un coup dans le poitrail de Luke). Trainer avec une Weasley ne t'as donc rien appris ? Essaie un sortilège de disparition, et tu en auras sans doute une centaine de plus. Et je ne parle pas de la stupéfixion !

-D'accord, j'ai compris, grommela-t-il en baissant sa baguette avec défaitisme. Mais qu'est ce qu'on fait ?

-Malheureusement, rien, fit sombrement Lucy après quelques secondes. Tentez quoique ce soit pour les faires disparaître et ce sera dix fois pire.

-Alors on les laisse détruire comme ça notre Salle Commune ? s'écria Pucey avec incrédulité. Alors là, pas question ! Stupefix !

-Non !

Cette fois, le cri vint à la fois d'elle, de Luke, Henry, Alexandra et de Montague. Même Oxlade parut un instant paniqué. A raison, car de même, après s'être figé une seconde, le lutin explosa en cri strident suivi d'un grand bruit qui ébranla les fenêtres de la Salle avant de se séparer en une dizaine d'autre lutins. Will, Dorothy et Eléonore montèrent alors dans la Salle et découvrirent le spectacle. Mais ces lutins ne se contentèrent pas d'aller joyeusement détériorer la pièce. Ils se jetèrent sur Pucey, et l'attrapèrent par le Tee-shirt et les oreilles pour le hisser vers le plafond.

-Hey ! protesta-t-il, un éclair de panique dans ses yeux. Stop ! Lâchez-moi, saloperies ! Au secourt, faites quelque chose !

Evidemment, les lutins l'ignorèrent, et l'accrochèrent par le col à un lustre qu'ils n'avaient pas encore détruit. Pucey battit des bras et des jambes pour se libérer, suppliant ses camarades de l'aider.

-J'aimerais beaucoup, fit Lucy avec un sourire penaud. Mais j'avoue avoir trop peur de me mettre les lutins à dos. Tu vas devoir rester ici jusqu'à qu'ils aient disparu, Liam.

-QUOI ?

Will pouffa, et frappa discrètement dans la main de sa capitaine. Cette situation avait du bon : ils avaient leur revanche sur Pucey avec l'épisode du Lac.

-C'est là que Potter manque, fit remarquer Will avec un sourire. C'est le genre de scène où tu aimes avoir une photographe.

-Alex, intervint Luke. Tu peux aller chercher Greengrass ?

La jeune fille hocha la tête et redescendit dans sa chambre pour s'habiller dignement. Au moment où elle disparaissait, un bruit inquiétant se fit entendre du coté des fenêtres. Ils cessèrent de rire, et Pucey arrêta même de s'agiter pour poser leur regard sur la fenêtre d'où semblait venir le bruit. Montague s'approcha d'elle, le visage crispé.

-Pourquoi je ne le sens pas ... ?

Ignorant les lutins qui continuaient de saccager la pièce – de toute façons, ils ne pouvaient strictement rien y a faire – Lucy et Luke suivirent Montague devant la fenêtre. Quand ils arrivèrent devant elle, elle émit un autre bruit suspect. Avant qu'ils n'aient pu réfléchir sur son origine, la fenêtre se fractura, et un jais d'eau arrosa Montague, Luke et Lucy sans aucune sommation. Les trois firent un bond sur le coté pour échapper à l'eau. Quelques secondes plus tard, l'eau se répandait en abondance dans la salle Commune. Luke et Lucy échangèrent un regard horrifié. Les fenêtres avaient de nouveau cédé.

-Et tu vas me dire que la dernière fois ce n'était pas tes cousins ? explosa Oxlade derrière elle.

-Une façon de savoir, souffla Luke en passant une main dans ses cheveux trempés. Lucy ?

La jeune fille hocha la tête avec un regard noir pour son Batteur et s'arma de sa baguette Montague et Luke firent de même et ensemble, ils hurlèrent « reparo ». Les fissures de la fenêtre se refermèrent dans l'instant, et l'eau qui s'était déversée semblait d'être écoulée dans les chambres. Lucy embrassa la pièce du regard. Entre les dégâts des eaux, Pucey accrocher au lustre et les lutins de feu qui continuaient de mettre la pièce en charpie, ils étaient bien mal lotis. Elle secoua la tête.

-La fenêtre, ce n'était pas eux, plaida-t-elle à l'adresse des garçons. Ils ne feraient jamais quelque chose de dangereux.

-Je te crois, Weasley, déclara doucement Montague avec un regard étrangement doux, le genre de regard auquel seule Eléonore avait le droit.

Lucy le dévisagea un instant, puis lui servit un sourire reconnaissant. Les marques de soutiens de Montague étaient si rares qu'on les appréciait à leur juste valeur.

-Je pense que Greengrass tranchera, éluda Luke avant de tapoter la tête de Lucy avec un sourire. Ah bah tiens, quand on parle de l'hippogriffe ...

En effet, Daphné Greengrass venait de passer la porte, la tête haute mais le feu dans les yeux. Elle observa les lutins de feu, les narines frémissantes et Lucy fut presque surprise de ne pas voir des flammes lui sortir du nez.

-Et encore, ajouta sombrement Will, qui s'était réfugié sur un canapé quand la vitre s'était fracturée. Vous n'avez pas vu le pire.

Comme obéissant à la déclaration de Will, la fenêtre se fissura une nouvelle, et Lucy leva les bras pour se protéger du puissant jais. Greengrass semblait sur le point d'éclater.

-Reparo, fit-t-elle d'un ton rageur. Et je suppose qu'on ne peut rien faire à ces choses ?

Elle désigna les lutins lumineux qui continuaient de faire un carnage autour d'eux. Lucy secoua la tête.

-Non. Faites quoique soit, et ils explosent.

-Et quand ils explosent, poursuivit Luke avec un geste pour les fenêtres. On a ça.

-Professeur, dites-moi que vous allez punir les Mousquetaires ! supplia Pucey, toujours accroché au lustre.

Greengrass parut découvrir le sort de son élève et posa des yeux courroucés sur le Serpentard, en caleçon et Tee-shirt accroché au lustre. En d'autre circonstance, Lucy n'aurait pas été charitable pour deux noises et aurait éclaté de rire. Faute de quoi, elle eut la satisfaction de voir que la situation de Pucey ne dérangeait pas outre mesure Greengrass ; elle en paraissait même relativement satisfaite. Cependant, devoir de directrice obligeait, elle fut forcée de faire descendre Pucey à l'aide de sa baguette.

-Bien, entonna-t-elle une fois qu'il fut de retour de la terre ferme. Maintenant, dépêchez-vous de tous vous habiller et de quitter cette salle : dans dix minutes, je veux qu'elle soit déserte, vous m'entendez ? Weasley, Zabini, je compte sur vous.

Les préfets hochèrent la tête et descendirent dans leurs dortoirs respectifs. Dix minutes plus tard, ils étaient tous à la table du déjeuner, et parlaient avec animation.

-Les Mousquetaires vont le payer ! ragea Pucey avec un coup rageur de cuillère dans ses céréales.

-C'était moins méchant que la fois où on s'est tous retrouver en jupe, fit remarquer Will, que les lutins avaient plus amusé qu'autre chose.

-C'est pas toi qui t'es retrouvé pendu !

-Will, fais-moi plaisir, intervint Montague en pointant sombrement sa fourchette sur l'Attrapeur. Ne me parle plus jamais de cet épisode.

-Personnellement, ce ne sont pas les lutins qui m'inquiètent, mais les fenêtres.

Tout le monde se tourna vers Eléonore, qui venait d'arriver à table. Lucy l'avait vu s'arrêter à la table des Serdaigles pour parler à Jina, et celle-ci avait suivie son amie jusqu'aux Serpentards.

-Quoi ? se récria-t-elle. Vous fenêtres ont encore cédé ?

Elle jeta un regard soucieux à Eléonore et Lucy. La sixième année la rassura d'un sourire avant de s'asseoir à coté de Montague, mais Jina refusa de partir et s'assit derechef à coté de Lucy.

-A cause des Mousquetaires ! éructa Oxlade.

-Ça suffit, siffla Lucy avec un regard mauvais. Ce n'est pas eux qui ont trafiqué les fenêtres, enfin !

-Alors pourquoi au moment où il y a des lutins, nos fenêtres éclatent ? C'est quoi le dénominateur commun ?

-Les explosions, souffla Luke.

Le regard de la table tomba sur lui. Il ne regardait personne, les yeux fixés sur le thé que sa sœur faisait tourner dans sa tasse devant lui. Oxlade le gratifia d'un regard interdit.

-Personnellement, j'aurais dit les Mousquetaires ...

-La première fois qu'elles ont cédé, dans la chambre des premières années, il n'y avait pas de lutin de feu, rappela Montague, perplexe.

-Si. Ils jouaient à la bataille explosive. Et j'ai regardé le paquet, c'est pas n'importe quelle version, c'est une version très violente, elle est interdite à Poudlard parce que les explosions sont trop grosses. Je l'ai confisquée. Et si on ne sait pas y faire et qu'on joue à coté de fenêtre ...

Luke ramena ses paumes l'une autre avant de les écarter subitement avec un « boum » pour illustrer son propos. Lucy dressa un sourcil dubitatif.

-Donc les explosions ... ont explosé les fenêtres.

Luke détourna enfin les yeux de la tasse de sa sœur avant de les poser sur son amie. Son visage se fendit d'un sourire penaud.

-Je dois peaufiner les détails. Mais pour moi, c'est le seul lien entre les deux faits. Les deux fois, il y avait des explosions à proximité des fenêtres.

-C'est un peu léger, marmonna Oxlade avant de se lever. Mais je suppose qu'on va s'en contenter ... Allez, McColley, debout. On a Potion, et je n'ai pas envie d'avaler une Potion de ratatinage.

-Moi non plus. J'arrive !

Will finit son déjeuner en vitesse et suivit Oxlade à travers la Grande Salle. Pucey, Alexandra et Dorothy suivirent, et Montague fut trainé hors de la salle par son ami, Thomas Harper. Jina observa la table, les lèvres pincées.

-Ça commence à être véritablement inquiétant, ce qui se passe, commenta-t-elle sinistrement.

-Le sortilège sur les fenêtres s'use peut-être, songea Eléonore, mais son ton laissait penser qu'elle-même n'y croyait pas. Et que du coup une petite explosion a de grand effet ... Un accident.

-Les Sortilèges ont été refais en début d'année, observa Luke en levant les yeux au ciel. Pour moi, quelqu'un les altère, les fragilise. Qui, c'est une bonne question. Pourquoi aussi, du reste ...

-Pourquoi ... Pour les mêmes raisons que Wallace a été agressé ? proposa Lucy du bout des lèvres.

Eléonore, Jina et Luke la contemplèrent en silence, l'air d'étudier l'option.

-Ce ne serait pas stupide..., fit Jina avec lenteur, Si Lionel n'avait pas été agressé.

La voix de Jina se brisa à la fin, et elle détourna les yeux. Lucy glissa sa main sur le banc pour prendre ses doigts et les serrer. Elle aussi avait été affectée par l'agression de Lionel. Leurs parents étaient amis, ils se connaissaient depuis l'enfance. C'était d'ailleurs en grande partie grâce à elle que Lionel et Lucy avaient commencé à se fréquenter. Jina eut un triste sourire pour Lucy et lui rendit sa pression. C'était si étrange de voir Jina Kane perdre sa belle assurance ... Même Luke se gardait de se moquer. Eléonore avança sa main pour serrer également celle de son amie.

-On ne peut pas exclure un lien entre les deux événements, avança la Serpentard avec lenteur. Mais je pense qu'on en sait pas assez pour être sûr.

-On demandera à Greengrass, dit Lucy après avoir échanger un regard avec Luke. On a Métamorphose demain ...

Jina et Eléonore opinèrent du chef, et se levèrent pour aller en Défense contre les Forces du Mal, cours qu'elles avaient en commun. Luke voulut leur emboiter le pas, mais Lucy lui fit signe de l'attendre à la porte. Elle venait d'apercevoir Catherine Jones à la table des Gryffondors, seule. Elle se précipita vers la préfète, passant devant Daniel Chambers et Adam sans leur accorder un regard, et s'assit devant elle sans lui demander. Catherine leva ses yeux bruns sur Lucy, surprise de sa soudaine intrusion. Malgré Louis et l'identique insigne qui brillaient sur leurs poitrines, les deux filles ne s'étaient jamais parlées.

-Euh. Bonjour. Lucy, je suppose ?

-C'est ça. Où est Louis ?

Catherine lui renvoya un regard désorienté. Lucy savait qu'elle n'était pas très courtoise, mais avec ce qu'il s'était passé ce matin, elle enfermait volontiers sa courtoisie dans un placard à balai. A double tour, et avec un sortilège de Collaporta.

-Et bien ... Avec James et Scorpius, je suppose ?

-Très spirituel. Tu n'as pas plus précis ?

Catherine dressa un sourcil, et son regard se refroidit nettement. Pour peu, Lucy s'en voudrait d'avoir été si brusque.

-Non, navrée. Ne crois pas que Louis me dit tout ses secrets, c'est ...

-Luluuuuuuuuuuu !

Lucy sentit quelqu'un la prendre de force par les épaules et la forcer à se lever pour lui faire face. La jeune fille eut juste le temps de voir l'inquiétude dans les yeux de Roxanne avant que celle-ci ne la plonge dans une étreinte à broyer les os.

-Rox..., protesta faiblement Lucy.

-C'est vrai, ce que j'ai entendu ? Le Lac est encore entrer dans vos chambres ?

-Quoi ?

Lily, Albus et Rose, qui déjeunaient non loin, se redressèrent, paniqués. Même Daniel et Adam s'étaient tournés vers Lucy, attendant sa réponse. La jeune fille ne put empêcher ses joues de rougir et s'efforça de ne pas regarder en direction du Poursuiveur de Gryffondor.

-Moins que la dernière fois, on est intervenu plus tôt, et cette fois c'était dans la Salle, pas dans les chambres.

-Personne n'est blessé ? s'enquit Albus, les sourcils froncés par l'anxiété.

Lucy eut un sourire rassurant à l'adresse de son cousin.

-Ne t'en fais pas, tout le monde va bien. Enfin, en ce qui concerne l'amour propre de Pucey, je suis moins sûre ... Mais sinon tout le monde va bien.

-Pourquoi ? s'étonna Rose.

Roxanne, le souci pour sa « meilleure cousine » étant passé, surprit tout le monde en éclatant de rire. Daniel Chambers la regarda comme si elle était folle, avant de s'adresser à Adam :

-Quand je te disais que c'était une psychopathe.

-La ferme, Chambers ! le tacla Roxanne en lui assénant une tape à l'arrière du crâne, avant de se tourner vers Lucy avec un grand sourire. Alors, comment sont les lutins ?

Lucy sentit une colère froide monter en elle. En tant normal, les blagues de ses cousins ne les dérangeaient pas. Mais en l'occurrence, à un moment où une partie de sa Maison contestait son autorité et qu'elle retenait cette même partie de sauter à la gorge des Mousquetaires, une blague de ceux-ci dans sa Salle Commune ne semblait pas la meilleure idée que ces cousins aient eue. A fortiori quand la blague impliquait une brisure possible et inopinée des fenêtres. Elle serra les poings.

-Donc c'est bien eux ? s'assura Lucy par acquis de conscience, en maitrisant sa voix.

-Une idée pareille, qui veux-tu que ce soit ?

-Je pensais que les lutins de feu n'étaient pas encore commercialisés ?

Roxanne eut un sourire coupable, et Lucy se frappa le front du plat de la paume, le cœur vacillant entre désespoir et colère. Evidemment. Depuis toute petite, Roxanne volait les inventions dans les armoires de son père pour les fournir en avant-première aux Mousquetaires. Certains allaient jusqu'à la considérer comme leur quatrième membres officieux.

-Evidemment. J'aurais dû m'en douter.

-Alors ? Ils étaient comment ?

L'enthousiasme de sa cousine fut difficilement supportable pour Lucy. Elle s'attendait à la tempête qui l'attendait ce soir, et à la moitié de sa Maison lui réclamant la tête des Mousquetaires, et cela ne la réjouissait absolument pas.

-Parfaitement bien, répondit Lucy d'une voix où perçait la hargne. Pucey s'est retrouvé sur un lustre, mais ce n'est pas le plus grave. Notre Salle Commune est saccagée, on ne sait même pas si on pourra y dormir dedans ce soir avec ces lutins. Ma Maison va me tomber dessus parce que je suis une Weasley, mais aussi leur préfète : tu parles d'un bouc émissaire ! Ah, et minuscule détail, il se pourrait bien que ce soit les explosions des lutins qui aient provoqué la brisure fenêtres ! Mais sinon, ils était parfaits, Roxanne, ne t'en fais pas !

Sa voix avait très légèrement déraillée vers la fin, aussi décida-t-elle de s'en tenir là et de toiser sa cousine. Celle-ci la fixait, la bouche légèrement ouverte. Elle ne s'attendait dans doute pas à autant d'éclat de sa part. Mais c'était typique : que ce soit elle ou James, ils avaient du mal à se rendre compte des répercutions que leurs bêtises avaient sur elle. Dans d'autre temps, elle se serait contenté de râler pour la forme, mais là, c'était la goutte qui faisait débordé le chaudron. Rosie fut la première à réagir, et se leva pour passer un bras sur les épaules de Lucy.

-Calme-toi, Lucy ... Ils ne pouvaient pas deviné que les lutins briserait les fenêtres ...

-Certes, mais ils pouvaient deviné que je me prendrais tout, non ?! Ils ne peuvent pas songer qu'à chaque fois qu'ils font une connerie, c'est moi qui dois tout ramasser à Serpentard ? Je suis leur cousine, par Merlin, pas leur elfe de maison !

A sa plus grande frustration, des larmes commencèrent à emplir ses yeux, et elle les chassa un battement de cil rageur. Roxanne ne répondait toujours pas, les lèvres pincées, mais Lucy fut satisfaite de voir une ombre coupable passer sur son visage. La préfète s'en voulait d'ainsi s'afficher en plein milieu de la Grande Salle, mais elle n'en pouvait plus.

-Bon, d'accord, ça suffit.

Lucy sursauta, surprise d'entendre cette voix si proche de la table des Gryffondors. Roxanne fit un pas sur le coté, et feula comme un chat quand Luke s'approcha pour prendre le bras de Lucy avec fermeté.

-Viens Weasley, on a cours.

La jeune fille lui lança un regard reconnaissant, et s'apprêtait à le suivre, mais c'était sans compter Roxanne, qui lui prit la main pour l'empêcher de partir. Son regard contrit transperça Lucy.

-Lu ! Je suis désolée, vraiment ... Je ne pensais pas ...

-Et bien, la prochaine fois, pense, répliqua sèchement Luke.

Lucy lui lança un regard d'avertissement, qu'il interpréta adroitement comme étant un « merci d'être venu me sortir de là, mais va m'attendre plus loin avant que ça ne se transforme en dispute ! ». Luke grommela quelque chose d'incompréhensible en levant les yeux au ciel, et s'éloigna de quelques pas. Lucy lui jeta un regard désolé, et se retourna vers sa cousine, légèrement adoucie par ses remords apparents.

-N'empêche qu'il a raison ... Ce serait bien que vous « pensiez », la prochaine fois ...

-Ce n'est à elle qu'il faut dire ça, fit remarquer Albus. Mais à Jim et Louis.

-Non, Al, souffla doucement Roxanne en baissant les yeux. C'était aussi un peu ma faute ... Si les fenêtres ont vraiment explosé à cause des lutins ...

Le regard de Roxanne se voila d'horreur, et elle porta son poing à sa gorge. L'air terrifié de sa cousine acheva définitivement d'adoucir Lucy, qui oublia sa rancœur et sa colère pour la prendre dans ses bras.

-Allez, Rox. Seulement ... Laissez Serpentard tranquille pour l'instant.

Grognement contre son épaule. Lucy laissa échapper un sourire désabusé et s'écarta pour gratifier sa cousine d'un demi-sourire.

-S'il te plait ?

-D'accord, céda-t-elle alors que Lucy entreprenait le numéro des « grands yeux bleus implorants ». Qu'est ce que je ne ferais pas pour ma meilleure cousine, je te jure ... Tu ne m'en veux pas trop ?

-Bien sûr que non, idiote. Enfin, peut-être un peu.

Un sourire incertain naquit sur les lèvres de Roxanne, et Lucy le lui rendit timidement, plus las que courroucé. Elles s'étreignirent une dernière fois et la préfète rejoignit Luke à l'entrée de la Grande Salle. Son ami pinça les lèvres, inquiet, et la contempla sans un mot. Lucy se tassa sur elle-même.

-Oui, je sais. Ça craint.

-Hum. J'espère juste que ta cousine va tenir parole et qu'elle va arrêter de faire la gamine ...

Lucy ne releva pas. De fait, elle espérait secrètement la même chose, mais elle ne l'avouerait jamais à Luke. Elle contempla la Salle, et son regard tomba tout d'abord sur Adam et Gethin Scampers, penchés l'un sur l'autre chez les Gryffondors, puis sur ses camarades anxieux de Serpentard. Une froide résolution d'éprit alors d'elle, et elle jeta un regard pénétrant à Luke.

-Il faut qu'on parle à Greengrass.

Elle s'attendait à ce qu'il proteste. Qu'il refuse, préférant jouer la carte de l'indépendance. Pourtant, il hocha sombrement la tête.

-Oh que oui, Weasley. Il faut qu'on parle à Greengrass.

***

Les lutins de feu saccageaient toujours allégrement la Salle Commune quand les élèves revinrent du dîner le soir, et comme ils semblaient impossibles à déloger (McGonagall, Greengrass et même les Mousquetaires s'y étaient essayé sans arriver à quoique soit), les élèves de Serpentards furent forcés à dormir dans la Grande Salle. Les trois Gryffondors avaient tout trois écopés d'un mois de retenu, ce qui ne les avaient pas ému outre mesure. En revanche, quand ils s'étaient retrouvés devant Lucy et que celle-ci leur avait appris que leurs explosions étaient peut-être à l'origine de la brisure des fenêtres, un même air horrifié s'était peint sur leurs visages et ils avaient juré à l'unisson de ne plus rien faire dans la Salle Commune de Serpentard. Même James s'était mis à genoux devant Lucy pour se faire pardonner. Pour autant, la jeune fille n'en avait tiré aucune satisfaction, trop lasse pour faire autre chose que tourner les talons et aller ce coucher sur le sol inconfortable de la Grande Salle. La nuit avait été pénible, et ni elle, ni Luke n'avaient réussi à coincer Greengrass. Ils comptaient sur leur heure de Métamorphose l'après-midi pour lui parler. Au déjeuner, seul Will avait l'air enjoué. Les autres se contentaient de regarder leur assiette, l'air morne, ou du fusiller la table des Gryffondors du regard. Luke et Lucy quittèrent prématurément la table pour parler entre eux de ce qu'ils allaient dire à Greengrass, et ils s'accordèrent unanimement pour parler de la Potion Expérimentale. Lucy ne supportait pas de pas savoir de ce qu'il en advenait.

Ce fut pour cela qu'elle entra dans la salle de métamorphose une boule au ventre. Greengrass était comme à son habitude à son bureau, penchée sur un vieux volume de métamorphose, ses cheveux sombres épars sur ses épaules. Quand tout les cinquièmes années de Serpentards furent installés, elle leva les yeux sur eux, un regard à la fois critique et peiné. Elle referma son livre et se leva pour circuler entre les rangs, les mains jointes derrière son dos.

-Je tenais à particulièrement m'excuser pour les désagréments de la nuit dernière, entonna-t-elle d'une voix étrangement douce. Sachez que ça n'arrivera plus ; les responsables ont été punis avec sévérité et ont juré ne rien recommencer de semblable – en tout cas, pas dans la Salle Commune.

-Mais ça veut dire qu'ils pourront recommencer plus tard autre part ! protesta Pucey, que les retenues contre les Mousquetaires n'avait pas satisfait pour le moins du monde.

-Peut-être, je n'ai aucun pouvoir sur les esprits, monsieur Pucey, et je ne compte pas en avoir, répliqua sèchement Greengrass. Mais votre intervention soulève une autre problématique, c'est pourquoi je vous remercie de m'avoir interrompue : vous êtes à Serpentard. Vous êtes une classe orgueilleuse, intelligente, ambitieuse. Je ne doute pas qu'une majorité d'entre vous n'aspire qu'à une vengeance en bonne et due forme.

Le silence qui accompagna la déclaration de la Directrice de Maison était le plus poignant des aveux. Lucy sentit son cœur tomber dans sa poitrine et porta discrètement une main à sa tempe en se souvenant de l'épisode sur le Lac. Ça risquait de recommencer ... Mais c'était sans compter le regard incendiaire dont les gratifia Greengrass.

-Et bien vous n'en ferez rien. Je refuse de voir Poudlard sombrer dans une escalade de violence en chaine entérinée par de sombres idiots de Gryffondors – mon propre neveu, vous voyez l'ironie de la chose ... - et par mes brillants élèves.

-Mais professeur ...

-Taisez-vous, monsieur Pucey ! Croyez-vous que je n'ai pas connaissance de vos exploits au bord du Lac ?

Pucey se tassa sur sa chaise, le nez baissé. Lucy sentit son cœur faire un bond, et son regard croisa celui de sa professeur. L'ombre un sourire passa furtivement sur ses lèvres, puis elle reprit :

-C'est le genre de comportement que j'exècre. Je refuse que mes élèves soient réduit à de telles bassesses : de l'orgueil, par Merlin ! Je veux que vous dépassiez ces événements, que vous soyez plus intelligent que cela, que vous vous concentriez sur ce qui est essentiel – vos BUSE, par exemple – et que vous nous laissiez gérer l'ordre public de Poudlard. Vous m'avez bien comprise ?

Seul un silence coupable lui répondit. Lucy sentit une bouffée de reconnaissance pour Greengrass lui monter de la poitrine. C'était réellement une femme honorable. La professeur embrassa la salle du regard, et retourna s'asseoir à son bureau avec dignité.

-Parfait. Quiconque ira contre ces directives (elle lança un regard appuyé à Pucey) se heurtera à des sanctions exemplaires. Maintenant, manuel page vingt-trois, sortilège de disparition et que ça saute.

Les élèves s'empressèrent de plonger dans leurs livres, baguette à la main. Luke et Lucy échangèrent un regard soulagé. Il n'y avait pas plus effrayante que Greengrass – sauf peut-être McGonagall. Personne n'oserait l'affronter. Du moins, ils l'espéraient. L'heure se passa lentement, car ils ne cessaient de compter les minutes qui les séparaient de leur confrontation avec la Directrice de Maison. Mais la cloche finit par sonner, et tout le monde s'empressa de courir vers la sortie. Lucy et Luke s'entreregardèrent, et s'avancèrent d'un même pas vers la professeur de Métamorphose. Greengrass leva les yeux sur eux, et enleva ses lunettes d'un geste gracieux en soupirant.

-Monsieur et Miss les préfets ... Je vous écoute.

-On vous remercie pour ce que vous avez dit, entonna Lucy avec un sourire incertain. J'espère que ça les découragera de jeter mon cousin dans le Lac ...

-Moi aussi, Miss Weasley. Scorpius m'a raconté ce qui s'était passé, vous auriez dû venir me voir après cela ... Mais vous avez parfaitement géré la situation, je vous en félicite.

Lucy baissa les yeux. Les compliments de Greengrass étaient si rares qu'ils mettaient les gens mal à l'aise. Mais Luke ne se laissa pas attendrir. Il jeta un regard implacable sur Greengrass, et lâcha d'une voix grave :

-Madame, nous devons vous parler.

La Directrice de Maison dressa un sourcil surpris, et Luke commença avec sa théorie de la fragilisation des fenêtres et des explosions produites par les Batailles Explosives et les lutins de feu qui auraient provoqué les brisures. Enfin, Lucy prit sa suite pour lui avouer qu'ils avaient fait des recherches – sans impliquer la bévue de Hagrid – et qu'ils avaient découvert la Potion Expérimentale. Les yeux écarquillés par l'horreur de Greengrass confirmèrent leurs craintes, et elle se leva vivement pour fermer la porte de sa Salle d'un coup de baguette.

-Vous êtes vraiment de sacrés fouinards ..., souffla-t-elle en les contemplant, incrédule. Mais je ne peux malheureusement pas vous en vouloir, c'est humain de chercher des réponses ... Dans quel livre avez-vous découvert le Sérum de Basilius ?

-C'est comme ça qu'elle s'appelle ?

-Oui. Antonin Basilius fut le premier à expérimenter cette Potion ... Qu'est-ce qu'il lui a pris, je n'en aie aucune idée. Mais c'était pendant la première guerre contre le Seigneur des Ténèbres, on peut facilement imaginer que les événements auxquels il était confronté le forcer à découvrir des moyens extrêmes ...

-Vous n'avez toujours pas trouvé d'antidote ? s'enquit Lucy, le cœur serré.

Greengrass pinça les lèvres, et une ombre d'impuissance passa sur son visage. Elle secoua la tête avec défaitisme.

-Sans la Potion, c'est presque impossible. Il nous faudrait le Sérum pour trouver un antidote ... Le professeur Londubat et Campbell et Hannah Londubat cherchent tous à partir des éléments trouvés dans le sang des victimes, mais c'est tout, sauf précis.

-Donc si on ne trouve pas celui qui a fait ça, et par suite la Potion ... Alexandre et Lionel seront paralysés ... Pour toujours ? conclut Luke avec une froideur qui glaça Lucy.

-Nous n'en savons rien. Comme vous l'avez dit, le Sérum de Basilius est expérimental : nous ne savons pas quels sont ses effets exacts. Peut-être qu'ils se réveilleront ... Quand, nous n'en savons rien.

Le cœur de Lucy manqua un battement. Ses poings se serrèrent.

-Et je suppose que vous n'avez aucune idée de qui a fait cela ?

Le ton était peut-être un peu trop sec pour être adressé à un professeur, mais Greengrass ne s'en offusqua pas. Elle gratifia Lucy d'un regard peiné.

-Je sais que cette situation doit vous troubler, Miss Weasley. C'est pour cela que nous ne parlons pas du Sérum aux élèves, nous avons peur de la psychose qui pourrait s'installer ...

-Mais le mystère créé par le manque d'information n'est pas mieux, rétorqua-t-elle. C'est à cause de ça que mon cousin s'est retrouvé dans le Lac.

-Je sais, Miss Weasley, mais que voulez-vous que nous fassions ? Que nous parlions du Sérum aux élèves ? Qu'ils se mettent à se méfier les uns des autres ? J'ai vécu la Seconde Guerre, Miss Weasley, et je sais que ce genre de situation est le pire qu'il puisse arriver, même à l'échelle de Poudlard. Ce serait une véritable chasse aux Sorcières, les élèves écriraient aux parents, les parents les retireraient de l'école ... A terme, la seule solution envisagée serait la fermeture pure et simple de l'école.

Le silence anxieux des préfet accueillie les paroles peu rassurantes de Greengrass. Elle leur lança un regard pénétrant.

-Mais nous n'en sommes pas là. Pour l'instant, nous cloisonnons l'information pour éviter à la psychose de s'étendre. C'est pour ça qu'il faut que vous me promettiez de ne parler su Sérum à personne. Personne, vous m'entendez ?

Lucy et Luke échangèrent un regard incertain, mais les notes d'urgence dans la voix de Greengrass eurent raison de leur réticence, et ils jurèrent de garder l'information pour eux. Les épaules de leur professeur s'affaissèrent de soulagement.

-Parfait, souffla-t-elle en se rasseyant à son bureau. Je suis vraiment désolée de devoir vous réduire à cela. La situation est loin d'être simple, et je vous remercie de faire aussi bien votre travail ... En contrepartie, je m'efforcerais de faire le mien. Monsieur Zabini, vous avez sans doute raison : les inondations dans votre Salle Commune a sans doute un lien avec les agressions. Quelqu'un semble en vouloir à Serpentard ...

-Alors ... Pourquoi Lionel ?

Le silence de Greengrass face à la question de Lucy était éloquent. Lionel était le mystère de cette enquête ; si les agressions étaient contre les Serpentards, pourquoi agressé un Serdaigle ? La professeur soupira profondément.

-Laissez-nous faire, Miss Weasley, et nous vous promettons de trouver celui qui fait cela à Alexandre et à votre ami. Je vous jure que je ne laisserais personne s'attaquer impunément à mes élèves tant que je serais en vie. Maintenant, faites-moi confiance, et retournez en cours. Concentrez-vous sur vos BUSE et votre travail, et je m'efforcerais de faire le mien.

Elle les congédia d'un signe de main, et remit ses lunettes, signe que la conversation était terminée. Luke et Lucy échangèrent un regard perplexe, puis saluèrent la professeur et tournèrent les talons. Quand Lucy sortit de la pièce, elle s'adossa au mur de pierre du couloir.

-Tu crois qu'elle va le retrouver ?

-Elle a l'air déterminé, en tout cas. Note à moi-même : très mauvaise idée de mettre Greengrass en rogne.

Lucy sourit doucement, et son ami lui répondit, avant de lui tendre la main. Il était tant de retourner en cours. Greengrass se chargeait du reste. 

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