Chapitre 1 : La vie en vert (et rose?)...


Note de moi : Je tiens à préciser que le lien de parenté entre Lucy et les Scamander est de mon invention. Bonne lecture ! 

Chapitre 1 : La vie en vert (et rose ?) ...

Cinq ans plus tard ...

-Je n'en reviens toujours pas, commenta Percy Weasley, les yeux rivés sur l'uniforme de sa fille.

Lucy grimaça, et traina son chariot le long de la voie 10 de la gare King's Cross. Son père marcha à de grande enjambée à coté d'elle pour ne pas la perdre vue. Ou plutôt, pour ne pas perdre de vue le bel insigne de préfet de Serpentard qui brillait sur sa poitrine.

-Tu t'attendais à quoi ?

-A rien, Lucy, soupira Percy pour apaiser les tentions à venir. Rien du tout.

Lucy savait qu'il mentait. Ils avaient passé l'été à se disputer sur son avenir, son père lui assurant sans cesse qu'elle n'arriverait à rien en continuant de côtoyer régulièrement ses cousins, Louis et James, et en poursuivant son rôle dans l'équipe de Quidditch de Serpentard. Déjà que le fait d'être à Serpentard l'obligeait à côtoyer des gens que son père ne considérait pas comme fréquentable ... Mais l'arrivée de la lettre de Poudlard et du bel insigne avant fait ravaler tous ces commentaires à Percy Weasley. Un froid avait malgré tout subsisté de ces disputes, et Audrey, la mère de Lucy, l'avait forcé à l'accompagner à la gare pour la rentrée. Aucun des deux n'avaient été ravi de la nouvelle, mais ils s'y étaient pliés de bonne grâce pour faire plaisir à Audrey. Ils passèrent la barrière après avoir vérifier que la voie était libre, et débouchèrent devant le Poudlard Express.

-Bien, se galvanisa Percy en longeant la locomotive. Ah, ça me rappelle des souvenirs ... Viens Lucy, je vais ... Lucy ?

-Je suis devant toi, papa.

Percy se retourna et vit que sa fille avait pris les devants, ayant plus l'habitude des premiers septembre que lui. Les yeux de la jeune fille roulèrent dans leurs orbites, geste que son père ne put voir. Qu'est ce qui était passé par la tête de sa mère de l'avoir forcé à l'accompagner ? Il était perdu, dans toute cette foule, loin du Ministère, de la réglementation sur les tapis volants, et des chaudrons à fonds trop fins.

-Il y a longtemps que je n'étais plus venu ici ..., commenta-t-il avec indécision.

-Dix ans, précisa Lucy. Depuis la rentrée de Molly. Au fait, papa ...

-PERCY !

Lucy vit son oncle George arriver, tout sourire, pour faire une étreinte d'ours à son grand frère. Elle savoura l'air gêné, et le visage crispé de son père. Quand George le relâcha, il avait le visage d'un rouge soutenu, et les lunettes de travers. Lucy réprima son rire de son mieux, et son père lui lança un regard d'avertissement, l'air de dire « ose rire, et je te confisque ton balai ! ».

-Alors mon vieux, ça faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vu ! fit remarquer George en prenant son frère à bout de bras. Je te le dis, un jour, les chaudrons auront ta peau !

-Et les boites à flemmes la tienne, répliqua Percy avec un semblant de sourire.

Oncle George eut un rire sincère, et salua sa nièce d'un ébouriffement de cheveux. Lucy laissa les deux frères à leurs retrouvailles et partit rejoindre ses couins qui s'étaient réunis un peu plus loin. Roxanne fut la première à l'apercevoir, et lui sauta dans les bras, avant même qu'elle n'aie pu articuler le moindre mot.

-Je le savais que c'était toi qui l'aurais ! se réjouit-t-elle en désignant l'insigne. C'était évident !

-Mes félicitations, maintenant, tu as toutes les cartes pour être le despote que tu es destinée à devenir, ajouta Fred en plaquant un baiser sur chaque joue de sa cousine.

-Je pensais que je l'étais déjà ? minauda Lucy avec un innocent sourire. Où sont James et Louis ?

-Déjà dans le train, qu'est ce que tu crois ? répliqua Albus, qui se tenait sagement à coté de Rose.

Lucy leur sourit à tout les deux, et ils le lui rendirent. Albus et Rose étaient tout deux arrivés l'année après la sienne, et avaient été réparti à Gryffondor sans le moindre souci. Ils faisaient à présent leur quatrième année. Dominique parlait avec ses parents derrière eux, puis partit voir ses amis de septième année. Quelque pas plus loin, Hugo et Lily, respectivement à Serdaigle (son père avait failli le renier) et Gryffondor, qui faisaient leur deuxième rentrée, se disputaient la carte d'un Chocogrenouille qu'ils avaient partagé, et Fred se dirigea vers eux pour mettre fin aux hostilités. Il était le seul présent qui avait fini ses études, et Lucy pensait qu'il s'ennuyait de Poudlard. Son orientation avait été sujette à nombreux débats. Son père George aurait voulu qu'il reprenne la boutique, ou qu'il vive du Quidditch, mais Fred avait préféré rentré au Ministère (au département des Jeux et Sports Magiques, certes, mais ça restait le Ministère). Roxanne prit sa cousine par le bras, et elles montèrent déposer leurs bagages dans un compartiment.

-Est ce qu'on va devoir se taper Zabini durant le voyage ? grommela Roxanne en faisant tourner une de ses éternelles tresses brunes autour de son doigt.

Elle avait changé, depuis la première année, et Lucy ne pouvait s'empêcher d'être à la fois fière et jalouse de sa compagne de toujours. Elle était grande et mince, un teint hâlé, des pommettes haute, et avait un sourire enjôleur à la fois craquant et annonciateur d'embrouille. Ses beaux yeux bruns pétillaient constamment.

-Je suppose, mais si tu n'es pas contente, tu n'as qu'à aller avec tes amies de Gryffondor !

Roxanne grimaça. Elle s'entendait bien avec son dortoir, mais Lucy savait qu'elle préférait passer la traversée avec elle avant qu'elles ne soient de nouveau séparées à Poudlard. Elle aussi, du reste. Roxanne redescendit embrasser ses parents, et Lucy resta un moment à flâner, la tête passée par la fenêtre ouverte. Elle reconnut vaguement des gens dans la foule. Chloé Nott, son ancienne préfète, accompagnée son petit frère jusqu'au wagon. Jina Kane, une Serdaigle de sixième année, apparut par la barrière accompagnée d'une belle asiatique aux cheveux noirs qui ne pouvait qu'être sa mère. Alice Londubat, une troisième année de Poufsouffle, la fille de son professeur de botanique, ramassait les affaires qu'elle venait de faire tomber à l'aide de ses amies. Puis elle le vit, et un sourire narquois s'étendit sur ses lèvres. Elle se dépêcha de sortir de son compartiment, sauta sur le quai, et slaloma à travers les passants, poussant des frénétiques « excusez-moi ! ». Ce n'était pas très digne d'une préfète, mais à sa décharge, elle n'était pas encore à Poudlard. Elle le vit enfin, et profita qu'il soit dos à elle pour lui sauter dessus.

-Bouh !

-Aaaaaaargh ! Weasley !

Il se rattrapa à ses jambes pour retrouver son équilibre, et de fait, cala un peu plus la jeune fille sur son dos. Lucy éclata de rire quand elle vit les joues de son ami d'empourprer.

-Arrête, Luke, je suis sûre que je t'ai manquée !

-Autant que le calamar géant, oui, persiffla Luke Zabini. Tu veux bien descendre, s'il te plait ? Mes parents sont encore là.

-Oh ...

Elle sauta docilement à terre. Pour être aller une ou deux fois chez le père de Luke, elle savait que ce n'était pas un homme très commode, notamment avec les familles comme la sienne. Elle repéra Blaise Zabini qui discutait avec un homme aux cheveux pâle qu'elle reconnut comme étant Drago Malefoy, le père de Scorpius. Elle le remarquant, elle chercha autour d'elle la tête blonde du Gryffondor, mais il devait déjà être dans le train avec Louis et James. Lucy s'autorisa alors un grand sourire en direction de son ami. Il leva les yeux au ciel, l'air désespéré d'être condamné à subir une nouvelle année avec elle.

-Je savais que ce serait toi, dit-t-il néanmoins avec un sourire en désignant son insigne.

-Et moi je savais que ce serait toi, chantonna Lucy en pointant l'identique insigne qui brillait sur sa poitrine.

Luke eut un sourire suffisant, et repoussa une mèche de cheveux blonds qui lui barrait le front. Son ami avant bien grandi depuis la première année, et il n'était pas rare qu'une fille craque totalement sur son minois d'ange et ses doux yeux noirs. Lucy n'arrivait pas à croire que cinq ans après qu'elle ait accidentellement atterrie à coté de lui en métamorphose, ils aient réussi à garder leur amitié intacte. Pourtant c'était un fait : le duo Weasley-Zabini avait la réputation d'être inséparable. Et le fait qu'ils avaient été nommés conjointement préfets ne faisait que renforcer cette idée.

-Euh ... Je rêve, ou ton père parle au mien ?

Lucy se tourna vers Blaise Zabini et Drago Malefoy, et vit en effet Percy Weasley les rejoindre, la main tendue, un sourire crispé aux lèvres. Lucy sentit sa bouche s'assécher. Monsieur Malefoy était un collègue de son père puisqu'il travaillait au Ministère. Pour autant, elle n'aimait pas cela le moins du monde. Les deux amis se consultèrent du regard, et rejoignirent les trois adultes.

-Lucy ! fit Percy en la voyant s'approcher. Tu n'es pas dans le train ?

-Pas encore. J'attendais Luke.

Monsieur Zabini lança un regard froid à Lucy, qui l'ignora. Monsieur Malefoy, en revanche, eut un petit sourire amusé.

-Regardez moi ce petit couple de préfet, ricana-t-il avec un certain cynisme. Les pères doivent être fiers, non ?

Le visage des pères en question s'était surtout assombri et crispé à la prononciation du mot « couple ». Si Luke baissa le nez pour ne pas faire face au regard noir de son père, Lucy était en train d'inonder le père de Scorpius sous milles mercis. La moindre remarque qui pouvait gêné son père était bonne à prendre.

-Fier, oui, toussota Percy. Evidemment. Nous nous reverrons au Ministère, Malefoy.

-Tout à fait, Weasley. Bonjour à votre famille.

Le sarcasme se sentait dans la voix de Drago Malefoy, et cette fois, Lucy ne put s'empêcher de lui jeter un regard noir.

-Bonjour à la votre, rétorqua-t-elle sans réfléchir. Comment va votre père ?

-Lucy !

La voix indignée de son père claqua comme un fouet à ses oreilles, et elle retint une grimace. Luke toussotait discrètement à coté d'elle, et elle l'imaginait facilement réprimer à grand mal un fou rire. Percy la prit vivement par le bras, mais avant qu'il n'ait pu faire un geste pour l'éloigner, une voix retentit au dessus d'eux :

-Hey, la préfète parfaite ! Toi et ton sang-pur, dépêchez-vous de ramener vos fesses ! Y'a des espèces de gnomes - je ne suis pas sûre, mais je crois que ça s'appelle des « premières années » - qui tentent d'investir le compartiment, j'ai besoin de ton autorité de ... Merlin ! Pas toi aussi préfet, Zabini ? Nom d'un Strangulot, mais je vais passer ma vie en colle ... Oh, salut oncle Percy !

Roxanne, la tête passée par la fenêtre du compartiment, fit un sourire radieux à son oncle. Percy contempla un instant la jeune fille, surpris, puis la salua à son tour. Lucy eut le plus grand mal à réprimer son rire, et elle vit que Luke n'en menait pas plus large, mais qu'il le cachait mieux – Roxanne et lui se détestaient par principe. Finalement, l'interruption de sa cousine avait sauvé la mise à Lucy, qui se contenta de saluer brièvement son père avant de prendre Luke par le bras et de filer vers la locomotive écarlate. Une fois à l'intérieur, ils se regardèrent et éclatèrent de rire.

-Bon sang, l'année commence bien ! commenta-t-il en se tenant les côtes. Je vais encore avoir le droit à une longue lettre de mon père me disant que tu es le diable en personne !

-Tu as vu ma couleur de cheveux ? Qui doute encore que je suis un véritable démon après ça ?

-Personne, admit Luke.

Ils se dirigèrent vers le compartiment de Roxanne, qui s'était rassise sur une banquette pour lire son numéro de Sorcière-Hebdo.

-Où sont les gnomes ? demanda Lucy, amusée.

Roxanne leur lança un bref regard, un sourire espiègle aux lèvres.

-J'ai un peu dégnommé le compartiment, ça prenait trop de place. Alors, ma petite intervention ? Ça mérite l'ordre de Merlin, avouez-le !

-Avec un manque pareil de subtilité, ça mérite surtout que tu la fermes, tacla Luke avec sarcasme.

Roxanne lui lança un regard noir, et Lucy soupira profondément en s'installant en face de sa cousine. Luke se mit de l'autre coté de compartiment, sur la même banquette que Lucy, diamétralement opposé à Roxanne. Lucy soupira. Ils ne se côtoyaient pas beaucoup – elle évitait le plus que possible que cela arrive – mais les rares fois où c'était le cas, elle avait envie de leur jeter un sort.

-Retour à Poudlard, entonna-t-elle néanmoins avec un sourire.

Roxanne leva les yeux de Sorcière-Hebdo, et sourit aussi.

-Hey oui. Encore une joyeuse année qui nous attend ! Quidditch, farces et attrapes, Pré-au-lard ...

-BUSE, révisions, angoisse ...

-La ferme, Zabini ! persiffla Roxanne en lui lançant son magazine à la figure.

Lucy se cacha derrière le livre qu'elle venait d'ouvrir pour se protéger de ses deux meilleurs amis. Les choses se calmèrent vite et Luke se plongea corps et âmes dans les dragées surprises, tenant le Sorcière-Hebdo de Roxanne en otage. Le regard de Lucy se perdit dans le paysage, et elle vit ses cinq années à Poudlard défiler devant ses yeux. Merlin, comme les choses avaient changées depuis ... Rétrospectivement, quand elle pensait à ce qu'elle avait pensé de Serpentard en arrivait à Poudlard, elle riait toute seule. Elle avait cru que le Choixpeau avait fait une erreur. Que jamais elle ne serait une Serpentard.

L'erreur, c'était elle qu'il l'avait faite.

Du moins, partiellement.

Deux faits lui avaient prouvé qu'elle était digne d'être à Serpentard. Deux constatations, en réalité.

1) Elle était ambitieuse.

2) Elle était vicieuse.

Moyen de comprendre cela : le Quidditch.

Elle n'avait jamais songé à jouer au Quidditch. Ses parents n'aimaient pas vraiment cela, même s'ils appréciaient le spectacle (sa mère était une supportrice invétérée des Harpies de Holyhead). Mais aucun d'eux ne possédaient de balais, et Molly encore moins. Mais tout s'était débloqué à l'été qui avait suivi sa première année. Elle l'avait passé au Terrier, avec ses cousins, et Roxanne. Celle-ci voulait faire partie de l'équipe de Quidditch de Gryffondor à la rentrée, au poste vacant de Gardien. Son frère s'était promis de l'aider, ainsi que James, qui jouait au poste d'attrapeur. Finalement, l'ensemble de la famille s'était mobilisée, Lucy y comprise, malgré le fait qu'elle n'était montée qu'une fois sur un balai. Ils avaient donc passé l'été à entrainer Roxanne, volants tour à tour sur les balais disponibles pour lui marquer des buts sur un terrain improvisé. En deux mois, le vol à balai de Lucy s'était considérablement amélioré, et elle volait aussi bien que Roxanne. Et elle était devenue la pire ennemie de sa cousine, parce qu'elle était celle qui la trompait la plus facilement. Lucy prenait un malin plaisir à faire des feintes à sa cousine, chercher ses points faibles pour les exploiter, lui faire des coups bas pour qu'elle puisse se préparer. Elle combinait toutes les connaissances qu'elle avait de Roxanne pour lui faire les coups les plus pendables possibles et Roxanne n'avait jamais réussi à arrêter le moindre de ses buts. Ça avait été tellement frustrant pour elle qu'une de leurs séances d'entrainement avait fini en course poursuite à balais qui s'était achevée dans une marre non loin du Terrier. Toujours était-il que la veille de leur retour à Poudlard, Fred s'était posté devant elle, le visage grave.

-Je suis en train de me jeter dans la gueule du dragon. Mais à la rentrée, tu vas me faire le plaisir d'aller voir Daphnéa McColley pour qu'elle te prenne dans l'équipe, avait-t-il exigé, sous le regard éperdu de Lucy.

Daphnéa était une sixième année de Serpentard, capitaine de l'équipe au poste de poursuiveuse. Lucy n'avait rien répondue, incertaine, et Fred s'était assis à coté d'elle pour lui dire qu'il n'avait pas cessé de l'observer de l'été, et que si elle avait été à Gryffondor, il aurait viré l'un de ses poursuiveurs pour la prendre dans l'équipe. Elle ne se débrouillait pas trop mal, pour une fille qui savait à peine monter à balai avant l'été. Puis James et Louis étaient venus derrière son cousin, suivi de certains de ses oncles et tantes, approuvant ce que Fred venait de lui dire. Lucy avait hésité. Si elle était ignorée de la plupart des Serpentards, elle n'en était pas plus acceptée. Elle ignorait ce qui se passerait si elle se présentait aux essais. Elle n'avait pas prit la décision en arrivant à Poudlard, et Fred finit par prendre les devants en allant parler à Daphnéa. C'était une fille relativement ouverte, qui avait été intriguée à l'idée qu'une Weasley puisse entrer dans l'équipe, et était venue invitée Lucy aux essais en personne, devant toute la table des Serpentards. L'équipe dans son entièreté avait hurlé au scandale, mais Daphnéa, Luke et sa sœur Eléonore l'avait vivement défendue et poussée à passer les essais. Il manquait un poursuiveur à Serpentard, aux cotés de Daphnéa et de Marcus Montague, et elle s'était retrouvée en compétition avec des élèves plus âgé qu'elle, mais le pire avait été de voir arrivé Liam Pucey, un sourire arrogant aux lèvres. Il avait passé la moitié des essais à lui faire des piques désagréables, et Lucy avait serré les dents. Puis lui et les autres candidats l'avaient fait tomber de son balai (en réalité, le balai que James lui avait prêté pour les essais), à plusieurs reprise. Au bout de la cinquième fois, elle sentit une petite flamme s'allumer dans son cœur, une flamme dont elle n'avait jamais eu conscience.

L'orgueil.

L'envie de gagner.

Elle, et personne d'autre.

C'était décidé. Elle ne laisserait pas une miette de dignité, ni à Liam Pucey, ni aux autres.

Elle allait leur montrer de quoi était capable une Weasley Serpentard.

Elle était remontée sur son balai.

Elle était restée à l'écart, observant le gardien, contemplant ses adversaires.

Elle s'était élancée. Et elle s'était tellement concentrée sur le jeu qu'elle en avait oublié le monde extérieur. Quand elle était redescendue, la moitié des personnes présentes l'avaient regardé bouche bée, l'air surpris que ce petit bout de Weasley soit capable de jouer au Quidditch. Pourtant, quand il fallut retenir quelqu'un, ce fut le nom de Lucy que Daphnéa prononça, avec un grand sourire, et personne n'avait protesté, pas même Montague, qui avait l'habitude de lui lancer des regards de travers. Lucy n'avait pas réalisé sur le coup, mais quand Eléonore vint la prendre dans ses bras, et que Luke lui hurla que finalement, il n'aurait plus honte de trainer avec elle, elle sut qu'elle avait réussi.

Il avait fallu de l'orgueil, et éveiller le soupçon d'ambition qui dormait en elle, mais elle était à présent Poursuiveuse dans l'équipe de Serpentard.

Elle avait très vite été intégrée à l'équipe. Notamment parce qu'elle n'était pas mauvaise de base, mais aussi parce qu'elle s'était révélée être une bonne stratège, « vicieuse à souhait » comme lui avait dit Daphnéa après un match contre Serdaigle où Lucy avait passé son temps à ridiculiser le gardien avec des feintes et des coups pendables comme elle n'aurait jamais accepté d'en faire à Roxanne. Elle avait formé avec sa capitaine et Marcus Montague le trio d'attaque le plus craint de l'école, et l'année de départ de Daphnéa, lors de la troisième année de Lucy, ils avaient réussi à soulever la coupe face à Gryffondor. Jamais Fred n'avait plus regretté que l'avoir présenté à Daphnéa, et jamais ses cousins ne l'avait autant haïs (Elle avait marqué pas moins de onze buts lors de la finale, et le score avait été de 280 à 210. James avait attrapé le vif d'or, mais les poursuiveurs Serpentards avaient été trop efficaces).

Se rappeler de tout cela fit sourire Lucy face à la fenêtre du Poudlard Express. La coupe de Quidditch avait été l'ultime étape de l'intégration de la jeune fille à Serpentard, et elle se souviendrait à jamais du moment où toute l'équipe l'avait portée en triomphe parce qu'elle avait l'artisante de la victoire, cette même équipe qui deux ans plus tôt l'avait méprisée quand elle était arrivée aux essais. Mais elle ne leur en voulait pas : elle avait gagné leur respect, et ils avaient gagné le sien. A présent, l'insigne de préfet brillait sur sa poitrine, et marquait comme l'aboutissement de carrière à Serpentard. Car en plus d'être bonne poursuiveuse, elle était également la meilleure de sa classe, ce qui devait justifier ce pourquoi elle portait cet insigne.

-Pourquoi tu souris ?

Lucy se retourna vers Roxanne, qui l'observait en haussant les sourcils.

-Je repensais à la finale de Quidditch de troisième année, répondit-t-elle avec un sourire narquois, sachant très bien que Roxanne détestait qu'elle lui rappelle cet épisode.

-La ferme, ou sinon je parle de celle de l'année dernière, menaça Roxanne.

Lucy grimaça, et préféra se taire. L'année dernière avait été beaucoup moins fructueuse, du fait du départ de l'irremplaçable Daphnéa et de la blessure dès le premier match de Montague. Toujours était-il que Gryffondor avait ravi la coupe à Serpentard, pour le plus grand plaisir de Londubat, McGonagall et de ses cousins, qui s'étaient fait une joie de lui rappeler la catastrophique finale qu'elle avait jouée durant tout l'été.

-Un accident, prétendit Lucy avec dignité. Ça n'aurait jamais dû arriver.

-Tu es juste dégoutée parce que Scampy t'a fait tombée ...

-Oh, ne me parle pas de lui !

Roxanne pouffa sous cape. Quelque seconde plus tard, après une heure de trajet, Luke et Lucy l'abandonnèrent pour aller dans les premiers wagons pour une réunion de préfet. Devant le compartiment, les mains dans les poches et un sourire envoutant aux lèvres, un garçon aux cheveux blonds parlait avec la préfète de Gryffondor, Catherine Jones. Il se pencha vers elle et planta un doux baiser sur ses lèvres. Lucy pila net, et Luke lui rentra dedans, surpris.

-Weasley !

-Louis !

Son cousin sursauta, et se redressa pour adresser un grand sourire à la jeune fille. Il chuchota quelque mot à Catherine, qui lui sourit et entra dans le compartiment des préfets. Sa cousine le regardait, presque bouche bée.

-Louis ... Tu as une copine.

-Et alors ? cingla l'intéressé en arrivant vers eux. Ça arrive même à des gens bien.

-Ça tombe bien, tu n'es pas quelqu'un de bien, rétorqua Luke, la main sur la porte du compartiment.

-On t'a sonné, Zabini ?

-Louis, siffla Lucy en lui donnant un coup dans le bras.

Les deux garçons haussèrent les épaules et Luke s'engouffra dans le compartiment pour laisser Lucy avec son cousin.

-Au moins, elle est préfète, peut-être qu'elle aura une bonne influence sur toi, fit remarquer la jeune fille avec un sourire.

-Scorpius est préfet, ce n'est pas pour ça qu'il a la moindre influence sur James et moi, contrattaqua Louis. D'ailleurs, tu ferais mieux de rentrer, je ne voudrais pas que tu sois salie.

Lucy sentit comme une pierre lui tomber dans l'estomac. Elle observa son cousin, les yeux plissés par la suspicion.

-Louis, gronda-t-elle sourdement, menaçante. Qu'est ce que vous avez encore fait ?

-Qu'est ce qu'il y a, tu vas me mettre une retenue, petite préfète parfaite ? se moqua son cousin en commençant à s'éloigner. Rentre dans le compartiment !

-Je pourrais ! cria-t-elle.

Louis se retourna pour lui faire un regard profondément dubitatif, et continua sa route en slalomant entre les élèves. Lucy pesta et entra dans le compartiment. Louis, James et Scorpius entraient tout trois en sixième année, et le Trio inséparable était le cauchemar de McGonagall et de Hukles, le concierge. La directrice avait tenté de les calmer en nommant l'an dernier Scorpius préfet, mais rien n'y faisait. Elle s'assit sur la banquette aux coté de Luke et détailla le compartiment. Catherine était discrètement appuyée contre la fenêtre, mais il n'y avait aucune trace de Scorpius, le deuxième préfet de Gryffondor. La préfète de Serdaigle, Laureen Bones, une fille glaciale et peu loquace de septième année, lorgna vaguement Lucy d'un regard peu amène avant de se replonger dans son livre. La préfète en cheffe était une fille de Poufsouffle, Octavia Macmillan. Et Lucy sentit un immense sourire effleurer ses lèvres quand elle vit qui était le deuxième préfet-en-chef.

-J'en reviens pas, c'est sérieux ?

Lysander Scamander, un garçon de septième année à Serdaigle, releva les yeux du Chicaneur pour fixer Lucy à travers ses lunettes. Un bel insigne de préfet-en-chef brillait sur sa poitrine.

-Très honnêtement, même moi je ne sais ce qui est passé par la tête de McGonagall. Mais oui, visiblement c'est sérieux.

-Elle perd la boule, chuchota Luke à Lucy. Un Scamander préfet-en-chef ... Je rêve où c'est des bouchons de bièraubeurre autour de son cou ?

-Arrête d'insulter toute ma famille, siffla Lucy en plantant son coude dans ses côtes.

Un bref sourire sur les lèvres de Lysander indiqua qu'il avait parfaitement entendu. En effet, Lysander (ainsi que son jumeau Lorcan) et Lucy étaient cousins lointains. Audrey Weasley et le père Scamander, Rolf, étaient tout deux les petits-enfants du célèbre Magizoologiste Newt Scamander. Ils attendirent patiemment que le dernier préfet, celui de Poufsouffle, manquait alors à l'appel. Lysander commençait d'ailleurs à s'en agacer.

-Je vous jure que si je n'étais pas sûr de me prendre un procès si je le faisais, je le donnerais en pâture aux Ronflaks Cornue. Lucette, ne fais pas cette tête !

-Quelle tête ?

-Celle que tu fais pour dire « Lys, parle moi encore de Ronflax Cornus, et je te jette dans le Lac Noir ».

-Alors arrête de parler de Ronflaks Cornus, sinon que je te jette dans le Lac Noir.

-Elle a raison, enchérit Catherine avec un sourire. Mais au fond, on t'aime, Lys !

-Pas moi, grommela Luke, si bas que seule Lucy put l'entendre. Et s'il me reparle encore de Ronflex à corne, je t'aiderais à le jeter dans le Lac Noir.

Lucy pouffa en silence pour ne pas vexer Lysander, qui discutait à présent avec Catherine. En réalité, elle adorait ses cousins et particulièrement Lysander. Ils avaient un coté décalé qui pouvait être agréable. Quand ils ne parlaient pas de Ronflaks Cornus. C'était devenu une sorte de plaisanterie pour tout ceux qui les connaissait, et les jumeaux ne s'en vexaient pas. Les autres préfets suivirent l'échange, amusé, et soudainement, le préfet manquant de Poufsouffle ouvrit la porte du compartiment. Lucy ne comprit pas ce qui se passa alors. Le compartiment entier se retrouva plongé dans un nuage coloré. La poussière lui piqua les yeux, et le nuage était tellement épais qu'elle ne distinguait plus Luke à coté d'elle. L'ensemble des préfets toussota, les narines et la gorge prise d'assaut.

-Par la barbe de Merlin, s'étrangla Stephen MacGreggor, de Poufsouffle. Qu'est ce que ...

-Weasley ! cria Luke avec rage.

-Je n'ai rien fait ! protesta Lucy.

-Mais pas toi, imbécile !

Lucy comprit Luke avec une demi-seconde de retard. Cette attaque était sans nul doute l'œuvre de Louis – et de James. Catherine s'était levée et avait ouvert la fenêtre alors que Stephen maintenait la porte grande ouverte. Lucy les regarda faire, incrédule, et prit sa baguette en bois d'orme de sa poche.

-Evanesco.

Aussitôt, le nuage coloré disparut et tout le monde recouvra la vue avec soulagement. Enfin, un soulagement tout relatif. Lucy regarda autour d'elle, et gémit en se mettant le visage dans les mains.

-Lucy ? fit timidement Lysander. Tu sais que tes cheveux sont ...

-Je ne veux pas savoir, le prévint-t-elle sans se redresser. Les tiens sont bleus, du reste.

-Et les tiens, rose, remarqua Stephen en passant une main dans sa chevelure d'un vert vif. Remarque, ça te va bien ... Enfin pas tant que ça, je te préférais rousse, ajouta-t-il précipitamment en la voyant se redresser pour lui jeter un regard incendiaire.

-Je vais les tuer ! ragea Luke, les cheveux d'un mauve particulièrement voyant. Pour de vrai ! Je vous jure qu'ils vont souffrir le martyr !

Tout le monde se mit à parler en même temps, et Lucy remarqua que la seule qui s'en était sortie intacte était Catherine. Et évidemment, le grand absent – et donc le grand coupable – Scorpius Malefoy. Lucy ferma les poings, et se jura de le leur faire payer – et avec les intérêts. Elle n'était plus la gamine qu'ils avaient fait tournoyer autour d'eux quand ils étaient petits, ni la petite fille effrayée par la répartition. Elle était Lucy Weasley, elle était préfète de Serpentard, et elle aurait sa vengeance.

***

La teinture rose de ses cheveux mit trois jours à partir. En sortant du Poudlard Express, Lysander s'était mis à courser Louis et James jusqu'au château, James se défendant un arguant qu'au moins maintenant, on ne le confondrait plus avec Lorcan, son jumeau. Les préfets des trois Maisons s'étaient mis d'accord pour leur infliger une retenue dont Lysander déciderait du contenu (Lucy lui faisait entièrement confiance, Lysander pouvait être sadique, quand il s'y mettait). Evidemment, pour une première en tant que Préfet, ça avait fait du bruit. La crédibilité de Lucy et de Luke en avait prit un sacré coup quand ils avaient vu les premières années d'esclaffer devant eux. Et le pire avait été le fou rire de Liam Pucey. Quand elle vit la haine dans ses yeux, Lucy se jura qu'elle ne laisserait aucune miette de dignité à ses cousins, qui, par mesure de précaution, avaient sauté le repas de répartition. Elle passa donc trois jours à arpenter les couloirs, une longue chevelure rose comme un étendard de la honte derrière elle, cherchant frénétiquement les coupables, échauffant intérieurement des plans de vengeance. Trois jours plus tard, elle fut ravie de retrouver sa rousseur habituelle. Après un cours particulièrement ardue de métamorphose où Greengrass passa la moitié de l'heure à leur rappeler que cette année était celle des BUSE, déterminante pour leur avenir, etc ..., Lucy se précipita à la bibliothèque, les bras chargés de livres. Leur directrice de Maison n'avait pas été très tendre avec eux, leurs donnant une masse incroyable de devoirs à faire pour le prochain cours. Lucy se glissa fugitivement dans la bibliothèque et son cœur fit un bond quand elle s'assit à une table. Presque en face d'elle, un garçon aux cheveux pâles et au menton pointu relisait un long parchemin avec attention, une pile de livre à coté de lui. Scorpius Malefoy. Lucy remballa ses affaires, et les posa brusquement sur la table, devant le garçon. La table trembla et Scorpius sursauta, reversant sa bouteille d'encre sur le parchemin qu'il venait. Il prit son devoir à présent illisible, et Lucy eut un sourire torve.

-C'était loin d'être voulu, mais je mentirais en disant que je suis désolée.

-Tu es une plaie, mini-Weasley.

-Dixit le gars qui m'a teint les cheveux en rose, persiffla la jeune fille. Qu'est ce que tu as à dire pour ta défense ?

-Que c'était l'idée de James ? proposa Scorpius avec un sourire enjôleur. Allez, Lucy, tu as eu les cheveux roses, tu as ruiné mon devoir, un partout, non ?

-Non, refusa Lucy. Toi et tes deux mousquetaires avaient trop d'avance.

-Peut-être, mais en attendant, sois un peu charitable : je dois rendre ce devoir pour dans ... (il consulta sa montre) une heure, et maintenant je dois tout recopier ...

Les yeux de Lucy roulèrent dans leurs orbites, mais elle s'assit sagement à la table de mauvaise grâce. Son ami la remercia d'un sourire, et prit un nouveau parchemin. Lucy le regarda faire, le menton appuyé sur sa pile de livre. Après sa répartition à Serpentard, Scorpius avait été son meilleur soutient, le seul à comprendre qu'elle était à la fois une proscrite chez les Serpentards, et une proscrite chez les Weasley. Pendant les vacances de ces deux premières années, ils n'avait cessé de lui envoyer des lettres presque-quotidienne pour la soutenir moralement (L'oncle Ron l'avait presque ignoré, papy Weasley rougissait et bégayait dés qu'il devait lui adresser la parole, et l'oncle George avait aidé James et Louis à mettre quelque petit piège dans sa chambre). Sans Scorpius, elle ne s'en serait peut-être pas sortie comme elle avait réussie, et sans qu'elle ne le lui avoue, il était devenu une sorte de modèle. Malgré des disputes fréquentes avec son père et de régulière accusation de magie noire de la part des élèves de l'école, il était très bien intégré à Gryffondor (Faire parti des trois Mousquetaires aidait beaucoup), et avait l'an dernier hérité de l'insigne de préfet (mais c'était surtout pour contrer lesdits Mousquetaires). Sans le vouloir, Lucy suivait la même lignée, mais à Serpentard.

-Je savais que c'était toi qui l'aurait, dit-t-il justement en désignant son insigne. Qui d'autre ?

-Aucune idée, tu demanderas à ta tante, répondit Lucy. Luke a envie de meurtre.

-Pauvre enfant.

-Ne te bile pas, Malefoy. Je te laisse tranquille au nom de la sainte institution des devoirs, mais j'aurais ma vengeance. Foi de Weasley.

-Foi de Serpentard, plutôt, glissa-t-il sans relever la tête.

Elle lui donna un coup de livre sur le bras pour le faire taire. Ils travaillèrent en silence pendant quelques minutes. Mais un peu plus tard, une pile de livre vint s'abattre à coté de Lucy, et Scorpius retint à temps la bouteille d'encre qui venait de vaciller à nouveau.

-Kane !

-Désolée, s'excusa Jina sans la moindre gêne. Oh, Lucy, tu as réussi à te débarrasser de ton rose ? Tu as raison, ça ne t'aillait pas au teint.

-La ferme, la tacla la jeune fille avec un sourire.

Jina sourit et partie ranger ses livres. Lucy la regarda s'éloigner. Scorpius avait toujours été son compagnon de travail, puisqu'il était très bon élève, et qu'ils avaient les mêmes options (enfin, elle faisait Soins aux Créatures Magiques quand lui avait pris Etude des moldus. Lucy était persuadée que c'était pour faire enrager son père). Jina se joignait souvent à eux (parce qu'elle faisait Arithmancie comme eux), même si elle avait tendance à un peu plus trainer avec James. Mais son coté Serdaigle la forçait à travailler d'arrache-pied pour dépasser Scorpius dans toutes les matières. Jina revint vers eux, et Lucy désigna l'insigne qu'elle avait sur la poitrine. La Serdaigle baissa les yeux et s'esclaffa.

-Capitaine de l'équipe, moi ! plaisanta-t-elle.

Elle jouait au poste d'attrapeuse, comme sa mère avant elle, et c'était ce qui la mettait en rivalité avec James. Lucy eut un sourire entendu.

-Tu sais que James est celui de Gryffondor ?

-Alors il va comprendre sa douleur, répliqua Jina avec un sourire carnassier. Et à Serpentard ? Du sang neuf ?

-Non, Montague.

Jina grimaça. Marcus Montague était un excellent poursuiveur, et Lucy ne changerait de partenaire pour rien au monde. Mais il n'était pas connu pour son empathie.

-En attendant, commenta-t-elle, j'ai un devoir de défense contre les forces du mal.

-Oui, je sais, c'est celui que je suis en train de recopier, grommela Scorpius en lançant un regard noir à Lucy. Je te jure, si je m'écoutais, je te dénoncerais aux Mousquetaires ...

La jeune fille pouffa sous cape. Ce surnom s'était imposé lors de sa troisième année, après une énième bêtise quand Campbell, la professeur de potion, qui était née-moldue, les appela publiquement ainsi. Les trois garçons avaient regardé la prof sans comprendre, mais toutes les personnes avec des origines moldues avaient souri d'un air entendu. Lucy se souviendrait toute sa vie de la fois où ils avaient réussi à s'introduire dans la Salle Commune de Serpentard pour la décorer avec des « Qui sont les meilleurs ? – GRYFFONDOR ! », des écharpes aux couleurs de leur Maison, et divers fanfreluches de couleurs assez voyante - dont beaucoup de rose. C'était quoi, d'ailleurs, leur problème avec le rose ? La réflexion traversa l'esprit de Lucy, et elle tiqua. Bientôt, un sourire sadique s'étira sur ses lèvres, et elle le dissimula en ramenant son livre devant son visage. Ce n'était pas la vengeance idéale, mais ça ferait l'affaire. Elle abandonna Scorpius et Jina, prétextant avoir oublier quelque chose dans sa chambre et courut à travers tout le château, et escalada les marches quatre à quatre pour se retrouver devant la Salle Commune de Gryffondor. Par chance, Albus venait de sortir du portrait de la Grosse Dame, et Lucy lui sauta presque à la gorge.

-Al ! J'ai besoin de toi !

Albus eut un mouvement de recule, surpris, puis un air de suspicion vint se peindre sur son visage.

-Je ne te ferais pas rentrer ! prévint-t-il, ayant deviner ses intentions.

-Oh que si tu vas le faire, sinon je dis à Aurora Kimberland que tu es amoureux d'elle depuis deux ans – et fais attention, je serais capable de le faire !

Albus regarda autour d'eux, affolé. Lucy eut un petit sourire suffisant. Aurora était une fille de son année à Gryffondor, très jolie, pour laquelle il craquait depuis sa deux ans, mais qu'il n'avait jamais osé aller voir – il la trouvait trop bien pour lui. Il lui renvoya un regard blessé, et Lucy se radoucie. Elle n'oserait pas faire du mal à Albus, il était trop candide et il avait toujours été adorable avec elle.

-Bon, peut-être que je ne le ferais pas, admit-t-elle, avant de joindre les mains au niveau de son cœur. Mais s'il te plait, s'il te plait, je dois faire quelque chose contre James, et ce très vite ... En plus je te vengerais par la même occasion ! Allez, Al, s'il te plait, s'il te plait ...

Elle lui fit le numéro des « grand yeux bleus implorant ». Albus la jugea un instant de son incroyable regard vert, puis soupira. Il lui demanda de se boucher les oreilles et elle se retint de lui sauter au cou pour s'exécuter. Quand elle laissa retomber ses mains, elle entendit juste le portrait de la Grosse Dame gratifier Albus d'un « vous-même » avant de pivoter. Lucy plaqua un baiser sur la joue du Gryffondor.

-Tu es mon cousin préféré !

-Y'a intérêt, grommela Albus en s'engouffrant à sa suite dans l'ouverture. Je viens avec toi, pour limiter les dégâts.

Lucy eut un sourire sadique, et monta aux talons de son cousin dans le dortoir des garçons de Gryffondor. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait ici, ses cousins l'avaient plusieurs fois laissée rentrer pour les différentes fêtes qu'ils avaient organisé (elle était bien trop souvent la seule Serpentard ...). La Salle était presque vide, et le dortoir était encore plus désert. Cependant, en arrivant sur le pallier, la porte des cinquièmes années s'ouvrit.

-Oh, c'est Adam ! remarqua Albus à voix basse.

-Quoi ? Pas question ! réagit immédiatement Lucy en entrainant son cousin par le col.

Par chance, Adam Scampers n'eut pas le temps de les voir avant qu'ils ne s'engouffrent dans la chambre de James, et il descendit dans la Salle Commune. Adossée au mur de la chambre des sixièmes années, Lucy soupira profondément. Albus la gratifia d'un petit sourire.

-Tu lui en veux toujours ?

Sa cousine le fusilla du regard, et il battit en retraite. Si Serpentard n'avait pas gagné la coupe de Quidditch l'année dernière, c'était en grande partie de la faute d'Adam Scampers. Elle se redressa et observa la chambre autour d'elle.

-Trois jours de cours et déjà un bordel incommensurable, commenta-t-elle en prenant du bout de la baguette un caleçon qui devait appartenir à Louis.

Elle murmura un mot à voix basse, et le sous-vêtement se colora en rose. Albus pouffa à coté d'elle.

-C'est ça ton plan ?

-Tu as mieux ?

Albus eut un sourire espiègle. Il était moins farceur que son frère et sa sœur, mais il était plus subtil. Il fallait se méfier quand Albus Potter souriait ainsi.

-C'est déjà une bonne base, mais j'ai de quoi l'améliorer. Attend-moi ici.

Et il se glissa dans le couloir, et Lucy se mit à lancer des sortilèges sur les lits des trois mousquetaires pour transformer leur chambre de mâle qui se respecte en un petit nid douillet digne du salon de Madame Piedoddu à la Saint-Valentin. Albus revint quelque seconde plus tard, les bras chargés de diverses boites et paquets. Lucy se jeta sur ces trouvailles alors qu'il observait son travail d'un air appréciateur.

-En fait, ça leur va bien, cette couleur.

-Je pensais que tu voulais éviter les dégâts ? se moqua sa couine en montant sur le lit de James.

Albus haussa les épaules. Lucy le comprenait : depuis qu'il était né, il était la cible prioritaire des moqueries de James. La moindre occasion de se venger était pour lui du pain béni. Il l'aida à fixer les paillettes et les plumes qu'il avait ramené (où Merlin les avait-il trouvé, elle n'en avait aucune idée, mais elle ne l'avait jamais autant aimé qu'en ce moment), et leur jeta un sort. Ils venaient de piéger le lit de Scorpius quand un flash d'appareil photo retentit dans la chambre. Albus sursauta, et renversa des paillettes dans la chambre.

-Lily !

-Au moins, j'aurais des preuves pour vous faire chanter, fanfaronna sa sœur avec un sourire éclatant.

La petite Lily se tenait fièrement dans l'encadrement de la porte, un sourire éclatant aux lèvres, un appareil photo entre les mains. Lucy darda un regard noir sur l'appareil. Cette chose était un objet de magie noire que sa cousine apprécier un peu trop.

-Tu ne feras pas ça, Lily, gronda-t-elle sourdement.

-Oh que si, assura-t-elle. D'ailleurs, tu ne donnes pas trop l'exemple, pour une préfète parfaite ...

-Je confirme, intervint Roxanne en arrivant derrière elle. Tu fais ta rebelle, Lulu ?

-Je me venge, rectifia la Serpentard en nettoyant d'un coup de baguette les paillettes qu'Albus avait laissé échapper. Et il est hors de question que je me fasse balancer avant la vengeance ait lieu, alors Lily ... Négociations.

Un petit sourire presque sadique s'étira sur les lèvres de sa jeune cousine et elle joua un instant avec son appareil, l'air entendu. Lucy finit de fixer tous ses pièges et descendit souplement des lits. Roxanne examina la chambre et éclata de rire.

-J'adore ! C'est bon, vous avez achetez mon silence !

-Pas le mien, commenta Lily en croisant les bras sur sa poitrine. Lucy, Al ?

Albus avait l'air à mi chemin entre la personne qui voulait frapper quelque chose, ou celle qui voulait s'enfoncer sous terre, ici et maintenant. Ses joues étaient d'un rouge soutenu, et il restait des paillettes dans ses cheveux d'aile de corbeau, mais il fusillait sa sœur du regard. Lucy ne se laissa pas démonter.

-Rappelle moi ma grande, qui t'a laissé aller à la fête que donnait les Poufsouffle dans la cuisine l'année dernière ?

-Quoi ? glapit Albus.

-Lucy ! hurla Lily. Tu avais dit que tu ne dirais rien !

-Et mince, fit mine de s'excuser la jeune fille en passant une main dans ses cheveux. Désolée, c'est vrai ... Heureusement que ma langue a fourché devant Ali, ce n'est pas le pire, imagine si ça avait devant James...

Lily eut soudainement le visage aussi rouge que ses cheveux, et Lucy sut que s'était gagné. L'an dernier, Stephen MacGreggor, le préfet de Poufsouffle avec lequel elle s'entendait bien, lui avait proposé de venir dans une petite fête qu'ils organisaient pour fêter leur victoire contre Gryffondor. Aucun de ses cousins n'y allaient pas, pour des raisons évidentes, mais Lily avait tanné ses frères pour pourvoir s'y rendre, et tout deux avaient refusés. Finalement, Lucy l'avait quand même vu avec Hugo dans la cuisine (comment avait-elle réussi à déjouer la surveillance de ses frère, ça restait pour Lucy un mystère), et elle avait choisi de garder le secret – non pas par intérêt, mais par loyauté.

-C'est bien une méthode de Serpentard, grommela Lily.

-On t'avait dit de ne pas y aller ! intervint Albus.

-Ça va, Al, elle n'en est pas morte, rétorqua Roxanne avec un éclat de rire. Laissez-la vivre, cette pauvre petite !

-Et dit quoique ce soit à Jim, et je te jure que je lui montre la photo que je viens de prendre, menaça la benjamine.

-Il ne le fera pas, promit Lucy avec un regard appuyé à son cousin. Hein Ali ?

Albus leur lança à toute les trois un regard noir, et grommela son accord entre ses dents. Il partit ensuite rejoindre Rose qui travaillait en bas, les pieds trainant, Lily à sa suite. Roxanne gratifia Lucy d'un sourire éclatant.

-Je te trouve parfaite quand tu es comme ça ! jubila-t-elle.

-Moi, je me trouve Serpentard.

Le ton était presque amer. Malgré son intégration à sa Maison et son acceptation de la situation, elle continuait de mépriser une partie ce qui était relatif à cette Maison. Son coté vicieuse en tête de liste. Mais paradoxalement, c'était aussi ce qui lui avait permis de survivre ces quatre dernières années. Roxanne sourit et s'avança vers elle pour la prendre dans ses bras.

-Moi je commence à trouver que c'est ce que je préfère en toi, lui souffla sa cousine à l'oreille. Tu es la meilleure, ma Lulu ...

-Hum ... Tu diras à Lily de prendre des photos ?

Roxanne éclata de rire, et les deux jeunes filles descendirent. Albus leur lança un regard de travers et la Gryffondor lui ébouriffa joyeusement ses cheveux noirs. Lucy sourit et sortit de la Salle Commune de Gryffondor avant que l'un des Mousquetaires ne la voie. Elle était partie pour retourner dans sa Salle Commune quand elle entendit des bruits de voix, au deuxième étage. Elle passa sa tête dans le couloir, intriguée, et vit deux élèves brutalisé un garçon qui devait être en première année – la taille ne trompait pas. Son sang ne fit qu'un tour.

-Hey !

Les deux garçons arrêtèrent immédiatement, et Lucy sentit le désespoir la submerger quand elle vit leurs uniformes aux mêmes couleurs que les siennes. C'était dans ses instants qu'elle avait honte d'être Serpentard.

-On fait rien de mal, protesta un premier garçon avec un sourire suffisant. On lui demandait juste s'il avait des Chocogrenouille pour nous ...

-Vous me prenez pour une imbécile ? cingla Lucy. Virez avant que je ne vous mette une retenue ! Allez, plus vite !

Les deux élèves se regardèrent, puis virent son insigne de préfète et décidèrent de passer leur chemin, non sans quelque grognement. Lucy se tourna vers le première année, qui s'était réfugié contre le mur quand elle était intervenue. Il tremblait de tous ses membres. Lucy eut pitié de ce pauvre enfant, et lui mit la main sur l'épaule. Le petit sursauta.

-S'il te refont du mal, tu viens me voir immédiatement, exigea-t-elle avec douceur. D'accord ? Je m'appelle Lucy.

-Moi je m'appelle Gethin Scampers, fit le petit d'une voix tremblante.

Il avait un vague accent, qu'elle avait du mal à situer (Irlandais ? Gallois ?). Lucy s'efforça de ne pas grimacer, mais se sentit intérieurement surprise. Elle ignorait qu'Adam Scampers avait un petit frère.

-Tu es à Gryffondor ? remarqua-t-elle en voyant sa cravate rouge et or. Tu veux que je te raccompagne ?

-Non, ça va aller, refusa-t-il précipitamment. Je veux dire ... Je suis un grand garçon, je vais me débrouiller. Merci beaucoup Lucy !

-Typiquement Gryffondor, grommela-t-elle alors que Gethin s'éloignait. Indépendantisme débile.

Le garçon partit à grandes enjambées pour retourner à sa Salle Commune et Lucy partit dans la direction inverse, vers les cachots.

-Attend, Attend, Lucy !

La préfète se retourna, et vit Gethin courir vers elle. Le garçon arriva devant elle, essoufflé.

-Si les Serpentards m'embêtaient, c'est parce que j'avais trouvé quelque chose, je ne voulais pas le leur montrer ...

-Qu'est ce que tu as trouvé ? s'enquit Lucy, amusée. Enfin, si tu veux bien me le montrer ...

Gethin piqua un fard, et passa sa main dans ses cheveux d'une vague couleur cuivre.

-C'est idiot en fait ... Mais je ne sais pas, ça m'a paru ... important.

Gethin eut l'air de vouloir disparaître sous terre. Lucy eut un sourire indulgent, et s'accroupit pour être à sa hauteur.

-Tu veux me montrer ?

-Bien, tu es préfète ... Je te l'ai dit, c'est idiot ... C'est juste une photo.

Lucy dressa un sourcil, surprise, et Gethin fouilla ses poches pour la lui tendre. Lucy sentit un long frisson lui parcourir le dos en contemplant la photo, et elle se leva vivement, surprenant le première année.

-Où est ce que tu as trouvé ça ? demanda-t-elle d'une voix blanche.

-Euh ... Là-bas, sur la porte, répondit-t-il en désignant la porte des toilettes. C'est vraiment important ?

-Non, je ne crois pas, fit Lucy avec lenteur, les yeux rivés sur la photo. C'est juste ... Enfin (elle soupira, et releva le regard vers Gethin) Laisse tomber, retourne dans sa Salle Commune. Je peux te prendre la photo ?

Gethin hocha vivement la tête, et se dépêcha de retourner dans la tour des Gryffondors. Lucy resta figée au milieu du couloir, les mains crispées sur la photo. Les ombres bougeaient, et les couleurs étaient relativement décolorées. C'était la photo d'un mur. Trois personnes contemplaient ce mur, l'air de vouloir sortir du cadre. Elle avait failli ne pas les reconnaître. Pourtant, elle reconnaitrait ces lunettes entre mille, cette tignasse ébouriffé et pire que tout, ses cheveux d'un rouge flamboyant. C'était ses oncles Harry et Ron et sa tante Hermione. Ils devaient avoir onze ou douze ans. Malgré cette vision venue d'un autre âge, le pire fut le message derrière eux.

« La Chambre des secrets a été ouverte. Ennemis de l'Héritier, prenez garde ». 

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