11H05
Ces mots sont sortis tous seul de ma bouche. Je me renfrogne sur mes pensées. Comment savoir si ce qui vient après la mort est pire que l'acte de mourir en lui-même ? Son regard s'arrondit mais elle ne dit rien. Je ne sais pas comment réagir après avoir fait preuve d'autant de froideur. J'ai du mal à me comprendre moi-même parfois. Je lui rends un sourire que j'espère rassurant et pose ma main sur son épaule. Je ne voudrais pas la froisser à ce point.
- Mais si tu es juste, tu n'as rien à craindre.
Je regarde son aura blanchir à nouveau et sa me console de savoir Maria un peu plus apaisée. Quant à la mienne, elle revient à la normal et garde une taille plus convenable. J'enlève ma main de l'épaule de la vieille femme et me retourne pour sortir. J'ai eu l'info que je voulais et j'ai en quelque sorte, soulagé sa conscience. Je m'apprête à tourner les talons quand sa main me bloque.
- Lucy, attend...
Je me retourne vers elle et arque un sourcil.
- Il y a une chose que tu dois savoir sur le six. Il est...
Elle hésite, je le vois. Je ne sais pas ce qui l'inquiète mais je ne veux pas la brusquer de peur qu'elle se ravise. J'ai besoin d'autant d'informations que nécessaire. Plus j'en saurais, plus je j'arriverai à savoir qui je suis. Alors je l'observe dans l'attente de la voir continuer sa phrase.
- Il est très puissant. Il... est né pour combattre et commander.
- Comment ça ? Qu'est ce ça veut dire ?
Je la dévisage, ne comprenant pas ce qu'elle cherche à me dire. Elle pince les lèvres et expire doucement.
- Tu le verras bien assez tôt.
Je secoue la tête agacée et tourne la poignée. Des indices par ci par là, qui ne m'aident pas réellement mais je prends note de sa mise en garde concernant le prêtre. En ouvrant la porte, je le retrouve adossé au mur, les bras croisés et les sourcils froncés. Je lui rends tout de suite son regard mauvais de manière exagéré et il décroise les bras avant de se redresser avec un petit sourire en coin. Au moins, je le fais sourire, même si ses yeux verts ne quittent pas la femme dans mon dos. Maria a le droit encore quelques secondes à un regard sombre de sa part. Il ne l'apprécie pas, c'est certain, mais je passe devant lui et ricane légèrement.
- Nous partons mon père avant de vous damner pour le meurtre d'une vielle femme.
Il se pince les lèvres mais retient son sourire. Je suis fière de moi, j'ai su détendre un minimum l'atmosphère. Il m'emboite le pas et lorsque j'ouvre la porte, je le laisse passer devant moi. Je me retourne vers Maria qui me sourit du fond du couloir et lui lance un dernier regard avant de sortir de chez elle, l'esprit toujours embrumé de notre échange. Le père Jonathan m'attend sur le trottoir. J'ai encore du mal à comprendre ce qu'il s'est passé tout à l'heure et les images qui nous ont frappé restent incompréhensibles et floues mais je ne sais pas comment aborder le sujet avec lui. Après tout, je ne le connais que depuis hier et pourtant, ce n'est pas le sentiment que j'ai.
- Est-ce que vous allez finir par me dire ce à quoi vous pensez Lucy ? Je crois que nous devons...
- Nous devons quoi ?
- En parler.
Ses yeux verts s'incrustent en moi et me bloque complétement l'oxygène. Son regard est vraiment perçant mais doux à la fois. Et j'ai perdu l'assurance que j'ai pu avoir avec Maria il y a un instant. Je n'arrive pas à parler. Je suis surtout gênée. Ce que j'ai vu était bien trop étrange et ce qui m'inquiète le plus, c'est cette pulsion grandissante.
- Je ne crois pas que nous devrions en parler. Je ne sais même pas comment l'expliquer. Je n'ai jamais eu ça.
- Moi non plus.
Il me dévisage quelques secondes puis ferme les yeux et prend une grande inspiration.
- Lucy... Je ne sais pas pourquoi, mais nous avons un point commun qui nous échappe à tous les deux et nous devons essayer de comprendre ces images...
- Oui, mais...
- Ce n'est pas normal. Ce qu'on a vu, c'est irréel.
Je déglutis, impassible, mais il a raison. Je tremble légèrement des mains en songeant qu'il doit bien y avoir une explication plausible.
- Lucy, je nous ai bien vu... enfin... c'était vous.
- Oui, je sais.
Je le coupe tout de suite, je n'ai pas envie de me l'entendre me le dire.
- Écoutez... je n'en sais pas plus que vous mon père mais nous devons voir quelqu'un.
Je descends les marches et passe devant lui tandis qu'il me dévisage, intrigué.
- Qui ?
- Maria et le père Ambrose ont vu une personne à l'hôpital qui leur a révélé des choses étranges. Une femme qui n'aurait pas d'aura et la seule personne que j'ai vu pour le moment dans ce cas de figure, c'est Samuel.
Les sourcils du prêtre se froncent et sa mâchoire se crispe dans la foulée.
- Je n'ai rien sur moi pour exorciser, je dois alors retourner...
- Nous n'allons pas exorciser qui que ce soit mon père. Nous allons interroger cette personne, voilà tout.
Je marche vers ma moto et il me suit. Je m'installe rapidement dessus et lui tend mon casque.
- Oui mais si...
- Nous aviserons. Montez.
- J'ai ma voiture et...
- C'est à l'autre bout de la ville. Je ne tiens pas à rester dans les embouteillages. Montez.
Il secoue la tête et ricane légèrement alors que j'allume le moteur ne lui donnant pas le choix.
- Si je monte sur cette moto, je prends les commande Lucy.
Je pouffe de rire et écarquille les yeux, ne croyant pas à ce que je viens d'entendre. Sauf que ses prunelles on l'air très sérieuse.
- Mais quel genre de prêtre vous êtes ?
- Vous avez vraiment une mauvaise image de nous.
Il se met devant ma moto et insiste du regard avec un sourire amusé, puis, il me tend mon casque.
- Mettez-le et laissez-moi rouler.
J'attrape mon casque et secoue la tête. Et puis quoi encore ?
- Ou je prends ma voiture et nous serons à l'hôpital dans trois heures.
- D'accord ! Vous roulez !
Je lève les yeux au ciel et me recule d'un cran pour le laisser s'assoir. Il m'offre un sourire amusé mais ça ne me fait absolument pas rire. Personne ne conduit ma moto comme ça, mais j'ai le sentiment que je peux lui faire confiance. Qui n'aurait pas confiance en un prêtre ?
Je me pince les lèvres toute seule en pensant aux paroles de Maria. Je ne dois pas oublier qu'il est ma perte et mon salut selon elle. Quoi qu'il en soit, il s'assoit rapidement et règle les rétroviseurs en quelques secondes. Il se retourne vers moi et me regarde du coin de l'œil.
- Vous êtes prête ?
- Allez-y.
Il enclenche la première et démarre. Je me maintiens à la scelle mais me retrouve finalement obligé de m'agripper à son épaule dans les virages. Sa conduite n'est pas brutale et plutôt souple. J'ai l'impression qu'il prend du plaisir à rouler ma vieille bécane. Je peine à garder un équilibre décent alors je passe quand même mes bras à sa taille pour mieux me maintenir. Je le sens se raidir sous mon toucher et je dessers légèrement ma prise. Je me secoue la tête sur mon absurdité et me maudis encore plus en lorsque je pense à ce que j'ai vu en le touchant. Une partie de moi le vois comme une énigme aussi intrigante que ma vie, mais l'autre partie, garde en mémoire les images.
Les lieux et les sentiments.
Les regards et les bribes de nos âmes qui font que j'ai l'impression de le connaitre plus que je ne me connais moi-même. Alors qui que nous soyons l'un pour l'autre. Je sais qu'il n'y a que lui qui m'aidera à découvrir qui je suis.
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