10H35
[blood brothers – Iron Maiden]
Je slalome entre les voitures pour rattraper un peu mon retard. Je m'en veux déjà mais je n'ai pas réussi à fermer l'œil bien longtemps.
Six.
Ils sont venus au nombre de six me déranger. Ma nuit a été un mélange d'hurlements stridents et de chuchotements sinistres. Des rires de hyènes et des grognements méprisants. Ces terreurs nocturnes m'agacent. Je n'en peux plus. Ils savent quand venir me troubler et c'est dans mon sommeil, que j'ai le sentiment d'être la plus vulnérable.
Alors lorsque l'on sent parfaitement des doigts filer sur sa cheville et la presser fermement, nos yeux s'écarquillent d'eux-mêmes. Et à chaque fois, je me redresse, terrifiée, mais ne je vois personne mis à part une ombre qui file à toute allure. Je soupçonne ces ombres d'être derrière cet acharnement mais je ne comprends pas leur but et je ne sais pas comment les arrêter.
Je tourne encore plus la poignée de gaz en me maudissant de mon retard. Le père Jonathan doit être là-bas depuis un moment. Je grogne dans mon casque en espérant qu'il ne soit pas parti. Je pense tout de suite à son regard et son charisme et je dois admettre qu'il m'a surpris à m'envoyer un message cette nuit. J'ai répondu à son message et en me repassant sans arrêt ce regard et cette lueur dans ses yeux verts avant de m'endormir. Je dois en savoir plus sur lui, mais je dois aussi en savoir plus sur le sept. Il a raison, nous trouverons, alors j'accélère d'autant plus pour le rejoindre au plus vite.
Une fois arrivé dans la petite rue déserte de Maria, je me gare en face de chez elle et cherche du regard le prêtre. Je retire mon casque et commence à m'inquiéter de trouver la rue vide mais une portière s'ouvre un peu plus loin. Je me retourne et il sort d'une voiture noire. Le voir me soulage. Son aura est toujours aussi impressionnante mais en cet instant, ce n'est pas ce qui me surprend le plus. Il s'approche de moi et je me pince les lèvres pour retenir mes émotions bien trop contradictoires. Il s'arrête en face de moi et arque un sourcil. Je dois être bien rouge avec un regard fuyant au vu de son regard qui me scrute soucieux.
- Qu'y a-t-il ?
Il cherche le problème sur lui, mais en vérité, il n'y en a pas. Je m'attendais juste à le voir en tenu et non pas en jean décontracté avec une chemise noire et ses manches retroussés.
- Je pensais vous voir porter...
- Ah... je vois...
Le prêtre me souris et j'adore voir un sourire aussi sincère que celui de Judith.
- Et bien sachez que j'ai le droit de porter d'autres vêtements. Dans sa bonté, le Seigneur nous autorise à nous changer.
Je me retiens de pouffer de rire. Je me sens ridicule et son regard moqueur ne m'aide pas. À vrai dire, je n'ai jamais vu que les tenues de bonne sœur à l'orphelinat alors j'ai toujours imaginé les prêtres garder la soutane, qu'il vente ou neige. Je hoche la tête et fuis son regard de honte avant de descendre de ma moto. Il m'observe du coin de l'œil avec le même sourire accroché à son visage, il ne doit pas être loin de l'implosion, ce qui m'agace un peu.
- Est-ce que vous voulez bien...
- Non, je ne vais pas me changer. En plus, le col me serre toujours. Un vrai étouffe chrétien...
- Arrêtez de vous moquer de moi...
Je lève les yeux au ciel et m'avance vers l'entrée de la maison de Maria, alors qu'il ricane dans mon dos.
- Pardonnez-moi Lucy. Je suis irlandais, et notre humour est plutôt rependu mais surtout impossible à arrêter. Je n'ai pas pu m'en empêcher. En, tout cas, ce n'est pas parce que je suis prêtre que je dois vivre comme au moyen âge.
Je me retourne vers lui. Son petit sourire en coin est toujours moqueur mais son regard est réellement désolé.
- Oui, vous avez raison, excusez-moi d'avoir une mauvaise image de vous.
- Ne vous en faites pas, je suis habitué. Expliquez-moi plutôt qui est Maria pour vous.
Je me retourne vers la porte en réfléchissant à sa question. Je n'en ai aucune idée mais elle a toujours été là au bon moment. Je plonge mon regard dans ce vert émeraude soucieux et lui rend un sourire.
- Une vieille amie. Et sans elle, nous ne serions pas là tous les deux.
Il hoche la tête et je toque sans le quitter des yeux. Il braque comme moi son regard lorsque la porte s'ouvre. Je retrouve la petite femme que j'ai laissé hier mais cette fois-ci, ses yeux ne m'attendaient pas à me voir. Elle se retourne vers le père Jonathan et écarquille encore plus le regard en observant tout autour de lui. Son sourire illumine son visage lorsqu'elle se penche vers moi.
- Je savais bien que tu reviendrais avec lui mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit si vite. Quelle couleur noire spectaculaire Lucy. Aussi incroyable que la tienne...
Je me pince les lèvres tandis qu'elle me sourit simplement. J'ose un regard vers le père Jonathan et il la fixe, intrigué. Je me racle la gorge avant de lui répondre :
- Maria, j'ai d'autres questions... Est-ce que...
- Oui, je sais, mais je pense qu'il va en avoir plus que toi. Entrez.
Maria se retourne vers lui avec sourire grandiose. Jonathan me lance un regard inquiet mais elle ouvre la porte pour nous laisser passer.
- Je vous attendais tous les deux depuis bien longtemps.
Il ne dit rien et entre dans la maison. Je le suis mais le bras de Maria m'arrête. Elle regarde Jonathan s'avancer dans sa maison et me lance un regard du coin de l'œil.
- C'est le six n'est-ce pas ?
Je fronce les sourcils dans sa direction et acquiesce d'un hochement de tête.
- Sait-t-il au moins qui il est ?
- Qui il est ? C'est-à-dire ?
Je l'interroge du regard mais je n'ai le droit, qu'en guise de réponse, à un sourire amusé et une main qui m'invite à entrer. Maria me dévisage mais s'amuse également. Elle sait quelque chose à son sujet sauf que la vieille femme n'a pas envie de partager ses secrets.
Je m'avance vers Jonathan pendant qu'elle ferme la porte. Dans ses yeux, je lis l'inquiétude et du soulagement. J'aimerai simplement pouvoir le toucher pour tout ressentir. Il est une énigme tout autant que moi. Je me reconnecte à la réalité lorsque Maria s'avance à côté de moi et m'offre un sourire complice.
- Sa couleur est vraiment incroyable n'est-ce pas ?
- Oui... incroyable...
- Vous voir en rêve est déjà impressionnant mais avoir vos deux couleurs chez moi est un honneur.
Je me retourne vers elle, intriguée.
- Un honneur ?
La vieille femme évite mon regard et s'avance vers la cuisine comme si elle n'avait pas entendu ma question.
- Mon père vous prendrez bien du thé ?
Je la vois lui sourire et il accepte en ne me quittant pas des yeux. Ce vert émeraude s'infiltre en moi et me dresse les poils du corps. Et peu m'importe que Maria s'amuse à me dissimuler des informations le concernant. Je découvrirai bien ce qu'elle cache comme ça.
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