On tourne la page.

Le stage se termine aujourd'hui , les derniers jours se sont bien passés. Je suis allé boire un verre avec Éthan. Il est vraiment sympathique je dois l'avouer. Avec Alex on essaie d'être juste amis, cela a l'air de fonctionner jusqu'à maintenant. Il prend son rôle à cœur je dois le reconnaître.

Brie et Mel ne cessent de faire la fête, c'est épuisant , il va falloir que je leur parle , c'est impossible de me concentrer sur mes études avec tout ce tapage quasiment tout les soirs. Je n'ai pas cette capacité de tout retenir rien qu'en lisant une fois comme elles le font.

J'ai promis à maman et papa que j'irai les voir demain, je n'ai pas eu trop le temps ces dernières semaines, débordée, comme toujours.

Ben ,quand à lui ,se fait distant , on ne le voit plus beaucoup. C'est assez mystérieux.

Je me dirige vers la cafétéria de l'hôpital afin de prendre mon déjeuner. Le docteur Simons m'a dit ou plutôt ordonner de déjeuner plutôt aujourd'hui pour je ne sais quelle raison. Avec lui faut pas chercher à comprendre.

J'ai vraiment hâte de commencer l'internat, ce stage m'a conforté dans l'idée que c'est vraiment ce que je veux faire. Quand tant de monde déteste les hôpitaux, moi je les adore. Je m'y sens presque comme chez moi.

Je pense encore souvent à lui de la manière dont il ne faudrait pas, il faut que je laisse le temps au temps . Souvent quand je m'approche de lui je peux encore sentir son cœur qui bat , je sais qu'il est là sans vraiment être là. Lui aussi il se bat . Mais nous essayons d'aller de l'avant.

Parfois il n'y a pas de justice , pourquoi dieu sépare ceux qui s'aiment?

Avec Alex , on fais simple , on se promène , on discute , on se voit et tout va bien. Nous restons fidèles à ce que nous avons vécus.

Je termine mon déjeuner et part rejoindre mon supérieur.
Ce dernier m'attendait dans son bureau, à peine avais je mis un pied dans celui ci qu'il se tourna vers moi.

-Mademoiselle Carmichael , allez vous changer , vous venez au bloc avec moi.

Je fus prise de cours. Un tel honneur lors d'un simple stage était assez rare. Je n'en revenais pas , j'allais réellement assister à une opération chirurgicale, ma toute première fois dans un bloc!! J'allais m'en rappeler toute ma vie, ça c'est certain.

-Sérieusement?

-Je n'ai pas l'habitude de plaisanter, vous avez du vous en apercevoir , alors dépêchez vous avant que je ne change d'avis.

Je fais volte face et ne perd pas une seconde de plus. Je suis vraiment éxité. Je croise Alex dans les couloirs. Je suis alors totalement euphorique.

-Alex, Alex, tu ne devinera jamais, je vais au bloc , tu te rend compte, je vais au bloc.

Je le pris dans mes bras. Il fus surpris mais resserra son étreinte.

-C'est super ma Lucky  , tu as une chance de dingue, tu me racontera tout après dans les moindres détails j'espère.

-T'inquiète .

-Ce soir chez Fred? Tout le monde viens pour conclure la fin des stages.

-Ok j'y serai pas de soucis. Je te laisse , il se trouve que je dois assister à une intervention.

Je lui montre ma satisfaction et je l'avoue , le nargue un peu.

-Veinarde!! Kiffe ton moment bébé.

-Compte sur moi.

Je repars le cœur léger, néemoins légèrement angoissée. Le jour J est arrivé. J'attends ce moment depuis tellement longtemps. Je me trouve chanceuse , je suis la seule du groupe à avoir eu ce privilège. Pourtant dieu sait que mon supérieur n'a cessé de me rabâcher ce qu il pensait des privilèges octroyés par simple déviance de connaissances. Je ne sais pas ce qui a motivé le docteur Simmons à l'invitée au bloc mais je m'en fout , le principal c'est que j'y suis.

De plus c'était pas une intervention banale, non. Je l'avais vu sur le tableau des interventions. Il devait effectuer une craniotomie bilatérale sur un enfant de 12ans suite à des tumeurs cérébrales.

Après m'être changée, désinfectée, j'étais au bloc à la droite du docteur Simmons , toute l'équipe médicale étais prête.
Le patient aussi.

-Bien allons y, scalpel.

C'est partie pour une opération de dix heures. Je retenais mon souffle . C'était magique. J'assistais un des meilleurs chirurgiens de New York, dans un des meilleurs hôpital . Que demander de plus. On m'aurait donné la lune que cela n'aurait été en rien comparable à ce que je vivais en ce moment.

Les heures passaient. J'avoue que pour une première c'est assez éreintant de rester des heures , debout sans bouger, boire ou se soulager. Ils sont tous habitués. Je suppose que l'on s'habitue avec le temps. Ce sont les craintes du métier.

Puis tout s'accélèra. La panique s'empara de tous , le petit faisait une hémorragie cérébrale que mon supérieur ,malgré son expérience n'arrivais pas à stopper. Mon pouls s'accéléra, je ne pouvais rien faire et assistais à cette fin tragique.

Le tracé plat de l'électrocardiogramme ne reprenais pas sa courbe, les constantes étaient toujours en chute libre. Puis le bip continue et incessant de la machine reliée à son pauvre petit cœur cessa.

Cette expérience me marquera à tout jamais. Je n'avais même pas encore tenu un scalpel dans mes mains que je voyais déjà un patient mourir sur la table. Oh cela arrive fréquemment je suppose mais le premier marque toujours les esprits. Le premier d'une première fois. Le premier d'une longue série.

Mes larmes perlaient au coin de mes yeux, il fallait que je me ressaisisse , ne pas perdre mon sang froid. Dans ce métier il fallait se montrer fort, combattre l'adversité, être imperméabilisé face à ce genre de situation.

-Heure du décès, 19h32.

Voila c'est terminé. C'est fini, ce petit garçon a rendu son dernier souffle.

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Je n'avais plus vraiment envie de rejoindre les autres. J'étais vidée par cette après midi qui se révélais être désastreuse. Cela aurait dû être une belle journée. Je suis passée de l'état d'euphorie a l'état de ....je ne saurai même pas définir mon état de toute façon . Je n'avais plus les mots. Je n'avais plus l'esprit cohérent.

Je fermais mon manteau et sortais dans le froid. La nuit étais fraîche. Mais je la sentait à peine.
Je pris mon courage à deux mains et me dirigeais vers le bar d'en face où je devais retrouver mes amis.

A l'intérieur , la salle étais bondée, un vendredi soir comme les autres. Enfin pas tout à fait pour moi. Beaucoup étaient venus décompresser de leur dure journée de travail, d'autre se retrouvaient entre amis ou encore certains regardaient le match des lackers.

Ils étaient tous assis autour d'une table au fond: Brie, Mel, Jalil, Dean et même Éthan et Ben. Notre groupe étais redevenu comme avant. Pourtant je les ignoraient et me dirigeais vers le comptoir.

- Salut Cassie, sa n'a pas l'air d'aller?

Je saluais Fred. Nous étions devenus des habitués . Fred nous connaissait ,du coup ,tous très bien. Les aléas de notre petit groupe le faisait bien rire. Rien ne passait inaperçu avec lui. Il entendait tout, voyait tout mais ne disait jamais rien. Il faisait désormais partit de notre quotidien, à sa manière.

-Tu as l'œil.

-Je commence à te connaître, qu'est ce que je te sert?

-Whisky, sec, avec très peu d'eau et sans glace.

Il leva un sourcil mais s'abstient de tout commentaires. Il sais que quand je commande ça c'est que sa ne vas pas du tout et autrement dit qu'il ne faut pas me faire chier.

Il me servit mon verre, d'un sourire qui se voulait compatissant.

Après avoir jeté un regard à la table de mes amis , il se tourne vers moi.

-Tu ne les rejoins pas?

Je me tourne vers eux, ils avaient entamés une partie de fléchettes et étaient tous de bonne humeur, je ne sais pas si je devais les rejoindre et gâcher cette ambiance festive.

-Peut être après ,je sais pas.

Il me fit un hochement de tête puis partie s'occuper d'autres clients qui attendaient pour commander.

-Bonsoir je peut t'offrir quelque chose à boire?

Je me tourne vers l'idiot qui ose me déranger dans ce moment de solitude souhaitée.

-Est ce que c'est marqué "baise moi" sur mon front?

-C'était juste pour entamer une conversation.

-J'ai l'air de vouloir parler, dégage!!

-Sa va pas bien vous, faut vous faire soigner.

-C'est ça casse toi connard.

-Tarée .

Il partit sans demander son reste, bon débarras!!
Et en plus je devais me coltiner des mecs venant chercher leur coup du vendredi soir , super , j'ai toute la panoplie pour devenir la looseuse de l'année!!

Elle est bien loin maintenant, la petite Cassie douce et serviable, la vie m'a bousillée, m'a changée. Je suis peut être devenu aigrie sans m'en rendre compte?

Je retourne la tête et croise le regard d'Alex qui me fixe depuis je ne sais combien de temps, il me lance un regard interrogateur en me faisant signe de les rejoindre.

Oh puis après tout. Essayer d'oublier en s'enivrant et en s'amusant n'est ce pas une bonne solution?

-Et Cassie enfin tu est la, alors cette craniotomie? Raconte . Ça devait être d'enfer!!!

-Un autre jour Brie, stp.

-Oh allez on veut des détails, ce n'est pas à nous que sa arriverait.

-J'ai dit un autre jour Brie.

Devant mon air fermé, elle n'insista pas.

-Fred, une autre tournée stp.

J'avais besoin de boire ce soir, de m'évader un peu.

-Lucky qu'est ce qui se passe?

-Rien Alex.

Il se lève pour venir s'assoir à côté de moi.

-Je te connais par cœur bébé.

-Sa va je te dis.

-Ok ok je n'insiste pas.

Après plusieurs tournées de whisky et shots en tout genre, j'étais dans ma bulle, oubliant mon stress ,  oubliant tout le reste. J'avais parlé un bout de la soirée avec Éthan. J'étais à présent avec Brie. Alex jouait encore avec Dean. Mel et Jalil étaient rentrés chez eux.

-Chante Cassie.

-Hein qu'est ce que tu racontes?

-Quand tu ne vas pas bien, chante, sa aide.

-T'as vraiment une case en moins des fois, mais c'est pour ça que je t'adore.

-Taie toi et suis moi, tu verras.

Elle m'entraîna vers l'écran de karaoké et mis la compile en marche, Rihanna en tête de liste ,elle se mit à chanter et m'invita à la rejoindre. J'hésitais , franchement qui fait encore ce genre de choses de nos jours, les gens non aigris cassie. Je me lançais finalement sans quoi je l'aurais eu sur le dos tout le reste de la soirée. Elle n' avait pas tort, à mon grand étonnement, cela faisait un bien fou, cela m'avais permis d'évacuer .

Alex et Dean nous rejoignent peu de temps après, chauffés par l'ambiance que nous avions mis dans le bar.
Les chansons se sont succédés les unes après les autres, même si nous chantions tous très faux, nous étions juste ....bien.

À partir de ce jour, dés que l'un d'entre nous ne se sentait pas bien , nous prenions l'habitude de chanter....partout où on pouvaient se trouver. C'était devenu notre marque de fabrique .

Malheureusement les années qui vont suivre seront difficiles pour nous tous.
Le malheur va encore frapper , cette fois chacun d'entre nous va être touchés.

Mais ça nous ne le savions pas encore.....