Décidément, ce lieu emprunt de nostalgie, me pousse sans cesse vers des réminiscences passées et je peine à rester ancrée dans le présent.

C'est un regard persistant sur mon dos dénudé qui me sort de mes pensées. Je sens comme une nuée de fourmis qui se baladent le long de mon épiderme. J'ose à peine me retourner car je reconnais les signes. Impossible ! IL ne peut pas être là ? Pourquoi pas, d'abord ? C'est un ancien de la promo comme chacun ici présent ! Mais pourquoi réapparaître après autant d'années de silence ? Et s'IL était accompagné ? M'en remettrai-je ? J'aurais dû anticiper le coup et moi aussi venir accompagner pour ne pas afficher ma honte et ma peine sur mon visage comme deux gyrophares sirène hurlante !

Prenant le peu de ce qu'il me reste de courage à bout de doigts, je pivote lentement. Et là, j'en oublie comment respirer. Si le temps ravageur a tout dérobé à Yann, le beau gosse de nos années lycée, il LUI a laissé toutes ses lettres de noblesse et bien plus encore. Ses yeux accrochent violemment les miens comme s'ils les retrouvaient après les avoir longtemps cherché. Je me fais certainement des films mais l'illusion est si belle et la réalité si cruelle que je préfère pour quelques infimes secondes encore, me perdre dans cette chimère.

Les dix ans écoulés et le faible éclairage de la pièce ne m'empêchent pas de virevolter dans son regard couleur de pluie. Ses billes grises quasi translucides me renvoient une décennie en arrière quand elles recelaient moult promesses indicibles. Mes yeux reviennent vers le reste de sa silhouette. L'ado robuste qu'il était a fait place à un homme bien bâti, aux épaules larges, au torse sculpté qui se devine sous sa chemise blanche cintrée. Les manches de celle-ci sont retroussées sur les avant-bras et laissent apparaître une peau bronzée par le soleil de l'hémisphère sud et qui arbore un tatouage tribal suivi d'une inscription que je ne peux pas déchiffrer à cette distance. Son pantalon de smoking gris ne cache rien de la robustesse de ses cuisses musclées. Je remonte lentement vers sa tête aux éternels cheveux en bataille qui lui confèrent cet air canaille qui m'a toujours fait craqué. 

Je me rends compte que lui aussi a bloqué un instant. Il me déshabille lentement du regard, appréciant chaque courbe comme on savoure des yeux un met raffiné. Mais là encore, ce sont mes envies qui s'expriment, et le désert aride dans ma poitrine qui se crée des mirages en espérant trouver son oasis.

Soudain, comme mû d'une vive résolution, ses grandes jambes se mettent en mouvement et il s'avance d'un pas décidé dans ma direction.

J'ai à peine le temps d'évaluer mes chances de fuite vers la sortie ou au pire vers les toilettes, qu'une annonce au micro se fait entendre.....

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Coucou à tous!

Nouveau chapitre dans lequel les fantômes du passé s'invitent à la fête!

Une idée pour la suite?

A très bientôt!

Namsra