Prologue.

Hugo...

Regarder tes lettres gravées sur la pierre faisaient pleurer mon être. Sous cette pluie battante, je dus te faire mes adieux. Je n'étais pas préparé à ton départ. J'en connaissais l'issue mais je n'y croyais pas.

Le deuil était une chose dont j'étais incapable. Ton éternel sourire me manquera à jamais.

Du coin de l'œil, ton frère s'éloignait de tous tes proches pour s'isoler, ne pouvant plus supporter davantage cette situation. Ses sombres cheveux lui donnaient un air mystérieux et ténébreux. Il semblait toujours détaché du monde, pourtant, il était anéanti par ta mort. De nous tous, je savais qu'il était celui qui souffrait le plus.

Seuls restaient des souvenirs de toi dans nos mémoires.

Le vent se déchaîne pendant les funérailles de mon bien aimé. Les feuilles valsent et tourbillonnent autour de nous et le monde paraît si calme. Seule la nature gronde et nous rappelle qu'elle tient nos vies entre ses mains.

J'ai du mal à accepter sa mort. Il laisse derrière lui notre fille que je tenais dans mes bras. Elle est le dernier souvenir qu'il me reste de Hugo.

Mon cœur est dévasté par le chagrin. J'étais inconsolable et plus solitaire que jamais. Mon Alter égo était parti.

Et je sais que regarder sa tombe pendant des heures ne va pas me consoler. Une partie de moi ne pourra jamais accepté la mort d'Hugo. Nous avions scellés notre existence et fait le serment de nous aimer pour l'éternité. Et même si c'était toujours le cas à présent, je n'avais pas envisagé qu'il succomberait à sa maladie.

Alors en regardant Loïck s'éloigner, je prends la décision de le suivre.

Je n'étais proche de son frère. En réalité, ni lui, ni moi nous entendons. Mais Hugo avait tenu à ce que je le protège lorsqu'ils mourrait. Et je comptais bien réaliser sa dernière volonté, quitte à défier Loïck qui était prêt à sortir les crocs et les griffes aux moindre de mes mouvements.

***

Malheureusement, je me souviens parfaitement de nos derniers instants.

Hugo souffrait terriblement de cette étrange maladie que personne n'arrivait à identifier. Pourtant, jamais il ne s'en était plaint. Mieux encore, il masquait à sa manière cette souffrance en souriant constamment. Comme il savait si bien le faire.

Son teint n'avait jamais été aussi pâle, le regard perdu dans le vide. Je servais déjà son père avant de le rencontrer.

Depuis que nous nous étions fréquentions, Hugo était atteint d'une maladie incurable. Même les plus grands guérisseurs n'en connaissaient pas son origine. Nous avions tout fait pour le maintenir en vie, mais la douleur l'avait emporté et il s'était laissé mourir pour ne plus souffrir.

Et s'il m'avait laissé derrière lui, de notre amour était née Nyia, notre fille. Malheureusement, il n'aura pas eu l'occasion de la rencontre puisque l'accouchement avait participé à sa mort. Il avait accepté de lui offrir la vie en échange de la sienne. Malgré ma race bestiale, elle avait eu la chance de naître humaine car Hugo l'était également. Il était tombé enceint et avait pris le risque de garder la petite en connaissance de cause. Il voulait offrir à cet enfant le bonheur de pouvoir exister. Sur les bords, mon bien aimé était naïf.

—Hugo... l'appelais-je en tenant sa main frêle entre les miennes. Hugo...

Notre dernier moment restera le souvenir le plus douleur de toute ma vie.

Encore aujourd'hui j'en fais des cauchemars, culpabilisant face à mon impuissance.

Zac...

Nous nous étions rencontrés lorsque j'avais été nommé bras droit de son père. À cette époque, Hugo était un très jeune garçon. Mais quand son père prononça un discours en ma faveur, mes yeux n'avaient jamais quitté les siens, comprenant à quel point j'étais épris de lui. Je n'avais malheureusement pas pu suivre tous les beaux mots du roi à mon égard, tant son fils valait plus que ça.

Très vite, nous nous étions mis ensemble. J'avais quand même pris le temps de le séduire, voulant faire les choses bien. Hugo était très fleur bleue et cela m'avait toujours plu. Il savait que son bien être passait avant le mien, et le mien avant le sien.

Je ne pourrais jamais expliquer avec des mots la relation que nous avions. Hugo était toute ma vie et le restait même après ma mort.

Certains appelaient cela : âme sœur, nous, l'Alter égo. Mais quelque soit les mots pour d'écrire ce lien, ou la manière de le dire, il était le même pour tous. Hugo était mon évidence, et aujourd'hui, je l'avais perdu.

À cause de sa santé fragile, Hugo n'était pas en mesure de prendre la relève de Ksentar'aya. Ce triste destin appartient à Loïck, son aîné âgé de quelques années de plus.

Hugo...

Mes mains tremblaient autour de la sienne. J'étais impuissant face à la réalité. Son état était la preuve qu'il partait sous mes yeux et que je ne pouvais pas le retenir. Je me détestais car je ne disposais pas de la force nécessaire pour le protéger, malgré mon amour pour lui.

Être chevalier n'avait plus de sens à mes yeux. J'avais une expérience du combat et je savais faire face à la situation la plus tendue et chaotique. Mais la perte de son bien aimé était au delà de tout ce que j'avais pu connaître.

Plus que jamais, j'allais devoir mettre toute mon expérience au profil du bonheur de notre fille, mais aussi en son frère pour que malheur ne leur arrive pas.

Zac, j'ai une dernière volonté a prononcer, me dit-t-il entre deux souffles.

Ce que je trouvais d'extraordinaire chez mon amant, c'était sa force. Jamais il n'avait exprimé sa souffrance. À chaque fois, il trouvait la force de sourire et de rire à cœur joie.

À lui seul, il me faisait revoir mon jugement sur les humains. Je ne les portais pas dans mon cœur. Mais Hugo était différent.

Je t'en prie, Ridzac... protège mon frère.

Je m'entendais avec sa famille. Mais étonnement, son frère ne me portait pas dans son cœur. On se disputait souvent en évitant de nuire Hugo. On jouait un double jeu l'un avec l'autre pour le bien de son frère. Mais au fond de lui, Hugo savait que nous lui mentions. Et je n'étais pas fier d'entretenir des rapports houleux avec Loïck non plus. Ils étaient frères, bordel.

Tu veux que... tu veux que je protège ton frère ?
O-Oui... je t'en prie.

Sa main trembla dans mes paumes et mon cœur se brisa. Pour la première fois, j'assistai à la peur d'Hugo. Il savait qu'il me quittait. Sa fille, sa famille, le peuple mais également son frère. Il laissait derrière lui des gens qui l'aimaient.

Loïck et ce que j'ai de plus cher au monde...

Il versa une première larme, puis une deuxième, et elles se suivaient toutes. Je ne pus me retenir à mon tour et craquais devant lui.

Je te le promets, si tel est ton souhait. Si c'est ce que tu souhaites vraiment, alors je jure devant Dieu et tes yeux Hugo, que je protégerai ton frère. Loïck Kaihilia.

Je caressais ses cheveux, puis son visage. Je sentis la froideur de la mort le gagner. Je savais que les prochaines secondes seraient déterminantes et que je devais lui dire une dernière mes sentiments. Un fois qu'il fermerait les yeux, ce serait pour toujours afin de partir vers un ailleurs plus serein. Un endroit où il ne souffrirait plus.

Je t'...

Sa main quitta les miennes, rejoignant le matelas, tout près de son corps. Nous n'avions pas eu le temps de nous dire au revoir.

J'aurais voulu lui dire que mes sentiments une dernière fois.

J'avais pleuré contre son corps. Le serrant entre mes bras puissants. Je tentais désespérément de le réchauffer dans l'espoir de le réveiller. Et même s'il avait gardé ce sourire jusqu'a la fin, il était mort. Cette pureté ne l'avait pas sauvé. Cela n'avait pas été suffisant et j'avais manqué cruellement de force.

***

Je suivais Loïck qui traînait des pieds Contrairement à son cadet, il avait un caractère bien plus affirmé. Il était borné et était vraiment très têtu quand il s'y mettait. Il n'était pas ouvert à la discussion, préférant hausser le ton pour communiquer. Ils étaient frères, mais opposés.

J'avais fait une promesse à son frère, celle de le protéger. Je donnerai ma vie pour l'accomplir.

Je souillerai mon corps et mon âme pour Loïck. Si tel était la dernière volonté de Hugo.

Arrête de me suivre ! Arrête ça !

Comme prévu, Loïck n'hésita pas à devenir grossier pour dialoguer. Parler avec lui n'avait jamais pu être envisageable. Loïck aimait son frère mais me détestait.

Il ne s'en cachait pas.

J'ai promis à ton frère de te protéger. Je ne trahirai pas Hugo.
Hugo ci, Hugo ça ! Toujours et encore Hugo !

Il n'aimait pas que je parle de son frère. Loïck était aussi têtu, que beau et mystérieux. Un véritable gâchis de la nature. Son frère avait beau être mignon, Loïck avait un corps plus mature. Il était plus attirant à sa façon mais son caractère l'empêchait de rencontrer l'amour.

Rentre chez toi pour t'occuper un peu de ta fille ! Hugo est mort, c'est fini ! Tu n'as plus rien à prouver à personne. On a tous compris que tu l'aimais !

Loïck et Hugo étaient différents. Hugo était plus petit et doux. Il avait une voix plus aiguë et un regard attentionné.

Loïck fronçait constamment ses sourcils. Il était taciturne et ne semblait pas avoir d'amis. Il agissait sous la pression de son statut. Il ne connaissait rien de l'amour.

Je devinais sans la moindre difficulté toute l'admiration et jalousie qu'il portait à son frère. Et évidemment, j'étais devenu son souffre douleur.

Loïck était simplement un homme perdu. Tout lui retombait dessus et il avait besoin de quelqu'un sur qui comptait Qu'on le comprenne. Qu'on arrête de le comparer à son frère et qu'on regarde l'homme qui l'était.

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