📖The King with the frozen heart📖
Roi!Jim X Roturier!Sebastian
Il était une fois, dans un royaume très lointain, vivait un roi qui se nommait James. Ce souverain avait tout pour lui : il était élégant, intelligent, cultivé et gouvernait ses terres avec sagesse.
Cependant, il était victime d'une malédiction depuis sa plus tendre enfance : pour punir son père qui avait détruit une forêt servant de sanctuaire aux fées, Ombélia, la reine de ces créatures, congela le cœur de James, lui enlevant toute possibilité de ressentir les émotions. Le seul moyen de briser ce sortilège était que James ne trouve son véritable amour et que ce dernier prononce des paroles sincères.
Les années passèrent et le monarque arriva à un âge où il devait songer à se marier. Vu la richesse et la prospérité de son royaume, nombreux furent les prétendants qui se précipitèrent au palais pour tenter de gagner la main de James. Mais ce dernier savait lire le cœur des hommes et eut l'amère déconvenue de voir que ces princes, venus de toutes les contrées, ne convoitaient que sa richesse et son pouvoir.
Déçu et amer, il mit en place une épreuve pour déterminer qui mériterait sa main : chaque prétendant devait passer une semaine en sa compagnie afin qu'il puisse savoir si il était son véritable amour. En cas d'échec, le malheureux était immédiatement condamné à mort et exécuté dans la journée.
Et au vu des nombreuses têtes qui étaient exposées sur les murailles, aucun n'avait réussi à briser la glace...
C'est dans cette atmosphère pesante que vivait un jeune roturier nommé Sebastian. Vivant librement, sans aucune règle, c'était le genre d'homme qui ne se préoccupait guère de la vie des autres et se contentait de ce que le destin voulait bien lui offrir.
Mais un jour qu'il se promenait dans les rues de la ville, il vit passer le cortège royal. Un vent léger souleva les tentures de soie et Sebastian fut immédiatement captivé par les traits fins et élégants du jeune monarque. Son cœur semblait cogner aussi fort que le tambour des musiciens de rue et il sentit une chaleur à la fois étrange et douce s'emparer de son âme et le pousser à approcher ce roi par tous les moyens...
Déterminé, il se rendit au palais quand deux gardes postés à l'entrée le stoppèrent :
"Où comptes-tu aller ?"
Sans se défaire de sa confiance, le roturier répondit :
"Je veux prétendre à épouser le roi James !"
"Passe ton chemin, l'ami ! Seuls les hommes de sang royal peuvent entrer et demander la main du roi !"
"Et quel succès : je crois bien que le bourreau n'aura jamais eu autant de travail depuis longtemps !"
Au même instant passa le jeune prince Ciaran, le petit frère et conseiller de James. Il était un des rares à pouvoir approcher ce dernier sans avoir à craindre pour sa vie. En entendant les trois hommes, il s'approcha d'eux :
"Que se passe t'il ?"
"Oh, Votre Altesse ! Ce gueux venu d'on sait où essaie de nous faire croire qu'il est un prétendant pour votre frère !"
"Pour ta gouverne, le casqué, je viens d'ici et je ne suis pas un gueux !"
Le jeune prince resta silencieux et scruta Sebastian avec attention : certes, il n'était pas l'héritier d'un royaume ou un souverain, mais il respirait la vigueur, le courage et surtout la sincérité. Une qualité qui pourrait être utile...
"Laissez-le passer : je me charge de lui !"
"Vous êtes sûrs, prince Ciaran ?"
"Puisque je vous les dis, bon sang ! Maintenant, cessez de discuter mes décisions et continuez votre travail !"
Il se tourna vers l'homme.
"Puis-je connaître ton nom ?"
"Je me nomme Sebastian Moran, mon prince !"
"Dans ce cas, suis-moi, Sebastian !"
Le vagabond suivit Ciaran à l'intérieur de l'immense palais et découvrit, ébahi, des salles décorées des matériaux les plus précieux et les plus raffinés. Décidément, le prince avait bon goût !
Les deux hommes arrivèrent dans une petite pièce au décor simple et chaleureux. Sur la table était posé un plateau où trônaient une théière fumante, deux tasses et quelques pâtisseries appétissantes. Après avoir invité Sebastian à s'asseoir, le jeune prince lui servit une tasse de boisson chaude avant de prendre la parole :
"Alors comme ça, tu comptes demander la main de mon frère ?"
"En effet."
"Et qu'est-ce qui t'a amené à tenter ta chance ?"
Souriant d'un air gêné, l'homme répondit :
"En d'autres circonstances, je vous aurais répondu que je n'en sais rien. Mais honnêtement, j'ai été attiré par sa personne : il respire la dignité et la majesté, cependant, j'ai senti quelque chose qui le mettait à distance de tout ce qui l'entourait."
Cette réponse fit sourire Ciaran :
"A ce que je vois, tu es assez observateur. Effectivement, mon frère est distant avec son entourage et cela à cause de ce sortilège..."
"Quel sortilège ?"
"Comment ? Tu n'es pas au courant ?"
"Et bien, je passe davantage de temps dans la nature que dans les murs de la ville. Forcément, pour se tenir au courant, c'est compliqué... Mais dites-moi en plus !"
"Quand mon frère et moi étions enfants, notre père a commis une erreur irréparable : il a mis le feu à une forêt qui servait de sanctuaire aux fées. Leur reine, furieuse, a gelé le coeur de James en punition et a déclaré que seules des paroles sincères prononcées par son véritable amour briseraient la glace !"
"Vu les têtes qui ornent les murailles, je suppose sans me tromper que mes prédécesseurs n'ont pas fait preuve de sincérité..."
"Exact. Or, je leur ai pourtant clairement indiqué que James a un don qu'il a depuis longtemps..."
"Lequel ?"
"Il peut voir la vraie nature des personnes rien qu'en les regardant. Je serais tenté de dire qu'il lit leur coeur !"
"Ironique, venant de quelqu'un dont le sien est un bloc de neige !"
Piqué au vif, le jeune prince se leva et s'exclama, en colère :
"Je t'interdis de te moquer de mon frère !"
Se calmant, le jeune homme poursuivit.
"Cependant, avant de te présenter à mon frère, il va falloir faire quelques petits changements dans ton apparence..."
"Je n'aime pas DU TOUT la façon dont vous me détaillez !"
"Ne le prends pas mal, mais je pense qu'un passage dans les bains ne te ferait pas de mal, et des vêtements convenables seraient appréciés !"
"Vous me prenez pour un pouilleux ?"
"Non, mais tu en as l'air... Allez, au bain !"
Sebastian n'eut pas le temps de réagir qu'il fut déshabillé et plongé dans un bain chaud. Une fois dans l'eau, on lui apporta plusieurs onguents avec lesquels il devait se frotter le corps et les cheveux. Tout le temps de son lavage, Ciaran lui parla :
"Officiellement, personne ne sait que tu es ici. Donc, lorsque tu seras devant lui, il faudra te faire passer pour un prince !"
"Tu veux que je mente à ton frère ? En sachant qu'il sait la vraie nature des gens ? Autant me faire couper la tête tout de suite !"
"Mais non, tu mélanges tout ! Je t'ai dit qu'il savait déchiffrer les vraies intentions des gens, pas leur identité ! Et depuis quand est-ce que tu as le droit de me tutoyer ?"
"Tu peux arrêter de jouer sur les mots ?"
"Et toi, cesse d'être insolent ! Au fond, tu n'es pas si différent de ces abrutis emplumés qui viennnent faire la roue devant James mais qui n'en ont rien à faire de lui ! Tout ce qui vous intéresse, c'est son or et son trône !"
Quittant les lieux, énervé, le jeune homme lança :
"Tu ferais mieux d'avoir quitté ce bain avant mon retour !"
Tandis que le prince s'en alla, Sebastian resta silencieux, encore surpris de la colère soudaine du jeune homme. Mais en y réfléchissant, il comprit que sur les épaules du jeune Ciaran pesait un bien lourd fardeau : il devait veiller à ce que son frère ne se fasse pas embobiner, en plus de s'assurer du bon fonctionnement du royaume. Depuis le temps que cela durait, il devait en avoir assez...
Après s'être lavé, le vagabond se leva et prit les habits qu'on lui avait préparés. En se regardant dans la glace, habillé comme un prince, il faillit ne point se reconnaître ! C'est à ce même instant que Ciaran revint, plus calme.
"Je tenais à m'excuser de mon énervement. Je n'aurais pas dû m'emporter de la sorte !"
Sebastian esquissa un sourire compatissant : il avait vu juste !
"Que je sache, tu n'es pas une machine. Et je crois deviner qu'il est bien difficile d'être à la fois un frère protecteur et un roi intermédiaire !"
Rassuré de voir que son invité n'était pas rancunier, Ciaran passe à la suite :
"Bien, je vois que tu es prêt. Mais avant de te présenter à mon frère, je dois te préciser deux ou trois choses à son sujet !"
"Je t'écoute !"
"D'abord, c'est quelqu'un de très cultivé : si tu savais l'étendue de ses connaissances... L'ennui, c'est qu'il n'y pas grand monde avec qui il peut discuter de ça. Alors, je te prierais d'éviter de bailler de manière intempestive quand il te parle de sciences ou d'autre chose : ça a tendance à l'exaspérer !"
"Je devrais pouvoir m'en sortir ! Autre chose ?"
"Oui, c'est un amateur de lecture... Tu sais lire, j'espère ?"
"Oui, mais je ne suis pas un expert en grands ouvrages !"
"Bon, on va pouvoir se débrouiller !"
Au même instant, un serviteur arriva et annonça que le roi James pouvait les recevoir. Les deux hommes se dirigèrent vers les appartements royaux et entrèrent dans une pièce richement décorée. Assis sur un fauteuil, se trouvait James, vêtu de ses plus beaux habits d'apparat et coiffé d'une couronne simple.
En le voyant de plus près, Sebastian le trouva encore plus séduisant qu'il ne l'avait pensé : il y avait vraiment quelque chose de magnétique chez ce roi maudit. Ce dernier prit la parole et demanda d'une voix étrangement froide :
"Qui êtes-vous, noble visiteur ?"
Ciaran se pinça les lèvres : aïe ! Dans la précipitation, il avait complètement oublié de donner une fausse identité à Sebastian. Ce qu'il ignorait, c'était que si Sebastian n'avait pas eu la chance d'être resté longtemps à l'école, il n'en était pas moins intelligent et avait de la ressource. Qualités qu'il prouva aussitôt...
"Je me nomme Sebastian, prince de Nihilo !"
Cette présentation fit esquisser un sourire au roi.
"Amusant... Votre royaume veut dire "le néant" ? J'aurais presque envie de dire qu'il n'existe pas. D'ailleurs, je n'en ai jamais entendu parler..."
"Ce que je peux comprendre : je viens d'une contrée très lointaine d'Orient, et mon royaume préfère être discret pour ne pas être envahi par des puissances belliqueuses..."
Il ajouta avec un sourire malicieux.
"Et après tout, la vie elle-même n'est elle pas partie du néant ?"
Cette répartie amusa le roi : cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu ce genre d'échanges avec quelqu'un. Il fallait dire que ses prétendants n'avaient tous l'art de la conversation...
"Je dois reconnaître que vous avez raison sur ce point là... Mais j'aimerais que vous me donniez la raison de votre visite !"
"Et bien, j'ai entendu parler de vous comme d'un souverain sage et avisé. Mon père, soucieux de mon éducation, a exigé que je vienne vous rencontrer afin d'apprendre à être un bon monarque..."
"Pas pour tenter de m'épouser ?"
"Initialement, non. Mais en voyant votre portrait, ma curiosité a été attisée et m'a encouragé à faire ce long voyage pour vous voir !"
La réponse de Sebastian aiguisa la curiosité du monarque qui sentait que ce prince venu de loin ne serait pas un courtisan comme les autres...
"Très bien. Dans ce cas, si vous comptez m'épouser, sachez qu'il y a une chose que vous devez savoir à propos de moi... à moins que mon frère ne vous ait déjà averti à mon sujet !"
"Il m'a parlé du mal qui vous ronge depuis l'enfance... "
"Bon, je ne perdrais pas mon temps à vous expliquer. Cependant, il ne vous a pas dit comment je choisis mon conjoint..."
"Non ?"
"Alors, je m'en charge : pour chaque prince qui s'est présenté pour demander ma main, je leur laisse une semaine pour me prouver sa valeur. Passé ce délai... je suppose que vous avez vu la réponse sur les murailles ?"
"Difficile de ne pas le remarquer !"
"Alors, seriez-vous prêt à tenter votre chance ?"
"Oui, mais à une condition !"
"Laquelle ?"
"Que vous me laissiez un mois au lieu d'une semaine !"
Cette demande surprit le monarque.
"Vous négociez ?"
"Absolument. Je trouve qu'une semaine est un temps bien trop court pour connaître une personne, ne trouvez-vous pas ?"
Vexé, le roi répondit :
"Il m'en a fallu moins pour constater que ceux qui sont passés avant vous n'étaient pas les hommes qu'ils prétendaient être !"
"Je vous rassure : je suis bien plus intéressant que vous ne l'imaginez !"
"Vous ne manquez pas de souffle ! Mais soit : je vous laisse un mois, mais pas plus ! Cela vous convient ?"
"C'est parfait ! Ah, j'oubliais : j'ai une autre requête !"
"Dites toujours..."
"On pourrait pas se tutoyer ? Après tout, nous sommes du même rang !"
Ciaran hoqueta de surprise et James ouvrit des yeux ronds : c'était bien la première fois qu'il entendit une telle demande ! Décidement, ce prince ne ressemblait en rien aux autres avant lui...
De son côté, Sebastian se sentit mal : son audace était peut-être de trop dans la conversation... Pas sûr que James apprécierait cette entorse à l'étiquette. Mais il allait être surpris par la réponse du roi au coeur gelé.
"Très bien, puisque tu le souhaites, nous utiliserons le tutoiement !"
"Magnifique ! J'ai hâte de te voir à l'oeuvre !"
"Nous verrons cela... En attendant, Ciaran va te montrer tes appartements. Pendant ce temps, je vais ordonner de préparer un banquet pour fêter ta venue !"
Tandis que James organisa le tout, Ciaran et Sebastian discutèrent.
"Bien joué ! Tu t'en es plutôt bien sorti !"
"Merci ! Maintenant, j'ai un mois pour réussir !"
"Oh, quelque chose me dit que ça va bien se passer !"
Le soir, après le banquet, Sebastian partit se reposer. Mais hélas, il ne trouva point le sommeil et décida de sortir prendre l'air.
Et alors qu'il humait l'air frais de la nuit, il entendit de la musique, des chants et des rires qui provenaient des jardins. Intrigué, il s'avança dans le dédale des fleurs et des fontaines et découvrit les serviteurs et les musiciens en train de danser et de chanter des refrains populaires, au son des violons, des sitars, des trompettes, des flûtes, des tambours et autres instruments.
Les hommes et les femmes tournaient et virevoltaient sous le regard des plus anciens qui parlaient de ces temps lointains dont eux seuls avaient le souvenir tandis que les enfants frappaient dans leurs mains en rythme en riant. Et au milieu de ces gens, il fut stupéfait de voir Ciaran qui dansait au bras d'une belle demoiselle brune.
Cette scène amusa Sebastian qui s'approcha, tout en veillant à ne pas se faire repérer. Mais manque de chance, le chef des musiciens le vit et s'écria :
"ARRÊTEZ TOUT !"
Le silence se fit d'un coup et toute l'assemblée se retourna vers Sebastian qui se sentit mal à l'aise en voyant tout ces regards posés sur lui. Il voyait ces gens, heureux il n'y pas si longtemps le regarder avec crainte et respect. Même Ciaran était resté pantois !
Le plus vieux des domestiques prit la parole :
"Pardonnez-nous, votre Altesse, si nous avons troublé votre repos. Nous allons partir..."
"Non ! Surtout pas ! Vous ne me dérangez pas ! Au contraire, vous sembliez tellement heureux de vous amuser !"
Ciaran s'avança et expliqua :
"Comme tu dois t'en douter, nous n'avons pas beaucoup l'occasion de nous amuser, étant donné que le roi ne ressent pas le plaisir de se distraire !"
"J'imagine... Et je vois que tu en profites grandement, vu l'intensité avec laquelle tu dansais... en charmante compagnie ! Quel est le nom de ta cavalière ?"
La jeune femme répondit.
"Je me nomme Esméralda, mon prince !"
"Pas de titre ! J'ai beau être habillé avec de la soie et être un prince, je reste un homme. Et ce soir, avec vous, je ne suis pas le prince. Vous pouvez m'appeler par mon prénom !"
"C'est que... l'étiquette ne nous le permet pas !" expliqua un musicien.
"Mais si vous saviez comme je m'en balance de l'étiquette ! C'est comme celle des vêtements : c'est énervant, inutile et désagréable par dessus le marché !"
"Comment ça ? Il n'y pas d'étiquette chez vous, à Nihilo ?" demanda une servante.
"Si, bien sûr, mais uniquement pour des situations précises, pas pour tout nos gestes de la vie quotidienne ! Sinon, je ne vous raconte pas la prise de tête !"
Les serviteurs furent amusés par le comportement de ce prince pas comme les autres. Même Ciaran se disait qu'il avait pris une bonne décision en laissant venir ce vagabond devenu prince...
Une fois sûr qu'il n'avait pas gâché la fête, Sebastian emprunta un violon et commença à jouer les premières notes d'une mélodie connue du peuple : celle de la "sarabande des fées", une danse énergique et intense qui ne s'achevait que lorsque tous les danseurs tombaient au sol, épuisés.
Il n'en fallait pas plus pour rallumer la flamme des serviteurs qui reprirent leurs danses et leurs rires. Laissant l'instrument à un musicien, le vagabond rejoignit les danseurs et se lança à corps perdu dans cette transe collective... sans se douter que James l'observait de son balcon, amusé.
Le roi n'en revenait pas : c'était bien la première fois qu'il voyait un homme de sang royal se mêler aux gens du palais, sans se soucier du rang social ou de l'étiquette. Tout en admirant les talents de danseur de Sebastian, il sentit dans sa poitrine quelque chose de doux, mais pas glacial. Comme si son coeur... Non, ça ne pouvait pas être possible : sa damnation ne serait pas brisée d'un claquement de doigts... Mais si il y avait un espoir ? Une chance ? Et si c'était ce prince, sa chance ?
Bien des questions qui tourmentèrent l'esprit du roi qui maudissait l'erreur de son père, la raison qui l'avait privé de toutes ses sensations qui le faisaient vivre...
Le lendemain, tout le palais ne parlait que du prince Sebastian et de son franc parler qui le rendit vite populaire auprès des petites gens, eux que les nobles ne regardaient même pas ou rabrouaient pour se distraire. Une attitude qui intrigua de plus en plus James, mais sans le mettre mal à l'aise...
Un peu plus tard, les deux hommes s'installèrent dans la bibliothèque et parcouraient les livres avec attention. Mais Sebastian tomba sur un livre de sciences dont il ne comprit pas la moitié. Embarassé, il demanda à James :
"Est-ce que... tu as lu ce livre ?"
"Je le connais pas coeur. Pourquoi ?"
"Parce que... je ne comprends pas !"
"Très étonnant ! Si tu veux, je t'explique !"
Et le roi se lança dans une explication captivante qui ne laissa pas le vagabond indifférent. Il voyait James devenir plus expressif, ses yeux semblaient même briller...
"Est-ce que tu as compris ?"
"C'est plus clair... merci !"
James sourit : enfin quelqu'un qui partageait son goût pour le savoir et la connaissance !
Rapidement, la compagnie de Sebastian devint indispensable pour le roi et on vit les deux hommes se promener dans les jardins, James parlant d'astronomie ou de littérature et Sebastian l'écoutant avec attention. Et quand ils n'étaient pas à discuter de choses intellectuelles, ils partaient se promener à cheval, le vagabond montrant au roi les trésors que cachait la nature pour ne le montrer qu'à ceux qui savent l'écouter...
Et un jour qu'ils rentraient d'une promenade, Sebastian remarqua sur le torse de James, une marque blanche pareille à l'albâtre à l'emplaçement exact de son coeur. Il comprit vite la raison de cette marque. S'avançant vers lui, il demanda :
"Est-ce que ça te fait mal ?"
"Non... Enfin, je ne peux pas vraiment te le dire, car je ne le sens même pas."
Tendant la main, Sebastian posa doucement sa paume sur la marque des glaces, ses doigts effleurant doucement la peau qui n'était pas touché. Ce contact provoqua une étrange impression chez le roi qui avait l'impression qu'une vague de chaleur avait envahi tout son être...
Quant au vagabond, il constata avec amertume :
"C'est étrange... Ton coeur... On dirait qu'il ne bat pas !"
"Si, il bat. Mais sous cette glace, impossible de l'entendre. Plusieurs fois, mon médecin a cru que j'étais mort !"
"J'imagine sa tête quand il a constaté que le mort en question était bien portant !" s'esclaffa Sebastian.
James ne put s'empêcher de sourire, et laissa échapper un petit rire. Cela faisait si longtemps qu'il avait oublié ce que cela faisait de rire que sa gorge lui semblait engourdie, comme si elle sortait d'un long sommeil.
Lorsque la nuit tomba, le vagabond n'eut point de sommeil tranquille : certes, il était désormais sûr qu'il était amoureux de James, mais il n'était pas serein : comment pouvait-il prétendre l'aimer alors qu'il n'a pas arrêté de lui mentir depuis le début ? Comment va réagir le roi quand il va découvrir la supercherie ?
Ces questionnements le poursuivirent jusqu'à l'aube du dernier jour du mois de son ordalie. Sebastian savait qu'il avait échoué et que sa mort était proche. Quitte à mettre sa tête sur le billot, autant se confesser auprès de James.
Se rendant présentable, il se dirigea vers les appartements royaux lorsqu'il croisa Ciaran.
"Ou vas-tu ?"
"Voir ton frère. Il faut que je lui dise la vérité !"
"Es-tu fou ? Il va te faire décapiter !"
"De toute façon, je vais mourir, puisque son coeur est toujours congelé ! Alors autant être franc jusqu'au bout. Et comment pourrais-je prétendre l'aimer si je passe mon temps à lui mentir ?"
"Il t'apprécie beaucoup, et même si tu n'as pas dégelé son coeur, il ne te punira pas !"
"Je suis désolé, Ciaran, mais j'ai passé un accord avec lui, je me dois de tenir parole... Merci de m'avoir aidé !"
Et il reprit son chemin vers les appartements, sous les yeux attristés du jeune prince et des serviteurs qui avaient tout entendu.
Lorsqu'il entra, James était attablé et lisait un manuscrit. Levant la tête, il demanda :
"Qu'il y a t'il, Sebastian ?"
"Je voulais te parler, avant qu'il ne soit trop tard..."
"Trop tard ?"
"Je ne sais pas si tu as oublié, mais ce soir, ce sera la fin de mon délai et comme je m'en doutais, ton coeur n'est pas dégelé... et je crois que c'est de ma faute !"
Intrigué, le monarque lui fit signe de s'asseoir. Prenant son courage à deux mains, Sebastian déclara :
"Tout d'abord, je voulais t'avouer que je t'ai menti..."
"Comment ça ?"
"Certes, mon nom est Sebastian, mais je ne suis pas prince, et encore moins de Nihilo. Un royaume qui n'existe même pas d'ailleurs ! Je suis d'ici, mais je ne suis qu'un vagabond, un homme qui a toujours fait ce qui lui plaisait !"
Cachés derrière la porte, les serviteurs n'en revenaient pas : Sebastian était un imposteur ? Mais même si il leur avait menti, ils ne pouvaient s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour lui qui a toujours été respectueux envers eux.
Pendant ce temps, Sebastian continua sur sa lançée :
"Au début, je me suis dit qu'il fallait mieux me faire passer pour un prince parce que c'est ce qu'il y a de mieux pour un roi comme toi ! Mais tout ce temps qu'on a passé ensemble m'ont fait prendre conscience que tu valais bien plus que ça : tu es un bon roi et une bonne personne ! Ce qui t'est arrivé est injuste, et pourtant, tu fais comme si cela n'existait pas et je suis impressionné par ton courage !"
Il sentit son coeur se serrer : pourquoi cela devait-il finir ainsi ?
"Le jour où tu m'a laissé toucher ta marque, j'ai compris que tu me faisais confiance... et que j'étais en train de trahir cette même confiance ! Alors, comme je n'ai pas réussi à te libérer de cette malédiction, je préfère être honnête avant de mourir !"
Se levant, il ajouta :
"La seule chose de sincère dans tout cela est que je t'aime, James. Personne avant toi ne m'a fait confiance, ne m'a appris des choses et n'a été sincère comme tu l'as été. J'espère que tu pourras me pardonner..."
Tandis que Sebastian se dirigeait vers la sortie, James fut pris d'une sensation étrange : son coeur... cognait. Il frappait comme si il voulait briser lui-même sa prison glaciale, il criait comme si il voulait que Sebastian l'entende... Qu'il sache qu'il l'aimait.
C'est à cet instant que le roi comprit qu'il allait perdre la seule personne qui l'aimait sincèrement. Paniqué, il cria :
"Ne pars pas ! RESTE !"
Tout à coup, on entendit un son de verre brisé et le vagabond s'arrêta net avant de se retourner vers le souverain qui était tombé à genoux, sa main serrant sa poitrine. Se précipitant à son secours, Sebastian demanda :
"James, ça ne va pas ?"
Levant les yeux vers lui, James ouvrit sa main et vit dans sa paume des petits cristaux semblables à du verre ou à du cristal. Intrigués, les deux hommes baissèrent leur regard vers le torse du roi et virent que la marque des glaces avait disparu. Posant sa main à cet endroit, Sebastian sentit cette fois le coeur de James battre... et il ne s'était jamais senti aussi heureux de sa vie !
Soudain, la main de James vint s'enrouler autour de la sienne. Leurs regards se croisèrent et le roi demanda :
"Promets moi que tu resteras !"
Amusé, le vagabond se pencha vers le monarque et murmura avant d'embrasser ces lèvres aimées :
"Je te le promets !"
Et c'est sur cette promesse d'amour que s'acheva l'histoire du roi au coeur gelé...
WOUHOU !! Un nouvel AU d'achevé !
Pour ce conte à la sauce MorMor, je me suis inspiré de La reine des neiges d'Andersen et d'un conte populaire marocain, La princesse qui ne voulait pas parler.
J'espère que cela vous a plu et n'hésitez pas à lâcher vos avis !
Je vous remercie tous de votre fidélité et de votre patience et à bientôt pour un nouvel écrit !
Bisous ! 😘🥰😍
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