CHAPITRE 9
Archibald se sentait léger.
L'atmosphère qui régnait autour de lui rappelait des souvenirs. Du coin de l'œil, il surveillait Noora qui s'amusait avec Lison dans une attraction. La petite avait tenu à monter dans l'une des auto-tamponneuses. Mais comme il fallait la surveillance d'un adulte, la femme s'était précipitée à sa suite. Maintenant, elles riaient et fonçaient quelques fois dans les autres. La musique était forte, et il fallait faire un effort pour ne pas se faire heurter par les autres personnes.
Son portable en mains, Archibald essayait de capter le visage souriant de sa fille. Ses yeux pétillaient d'amusement. C'était une journée réussie. Après avoir mangé au fast-food, exceptionnellement, ils avaient rejoint le parc qui s'était transformé en fête foraine pour l'espace de quelques semaines. Comme c'était le début du week-end, les enfants criaient et essayaient d'échapper à la surveillance de leurs parents.
Pour que Noora reste à côté d'eux, il avait fallu l'appâter avec une immense barbe à papa. La demoiselle n'en avait encore jamais mangé. Le bonbon rose faisait deux voir trois fois la taille de sa tête, si bien qu'elle s'était amusée à se cacher derrière.
— J'en ai le cœur qui bourdonne ! piailla la petit en arrivant.
— C'est vraiment possible, ça ? plaisanta le blond.
— Même que c'est vrai ! répliqua la châtain avec un immense sourire.
Archibald songea que c'était le mélange d'adrénaline, de sucrerie et de musique bien trop forte pour devoir crier afin de se faire entendre. Il avait l'impression d'être dans une boîte de nuit dans un univers alternatif. Sa fille s'accrocha à son bras pour ne pas tomber. Elle avait les jambes en compote.
— Et bien, Noora est insatiable ! plaisanta Lison en s'approchant.
— Pourquoi ? demanda sincèrement le blond.
— Elle voulait faire un deuxième tour !
La femme avait un immense sourire sur le visage. Son jean était un peu poussiéreux, témoignant qu'elle redevenait une enfant l'espace de quelques heures. Dès qu'elle le pouvait, elle accompagnait Noora dans les attractions. Si bien que la jeune fille ne voulait plus se décrocher d'elle. Ce duo faisait chaud au cœur.
— Bon, on va bientôt y aller, annonça finalement Archibald.
— Quoi ? Mais pourquoi ? demanda immédiatement la petite.
— Parce qu'il est déjà vingt-trois heures et que tu es fatiguée.
— Même pas que c'est vrai ! scanda la petite. Lison !
— Je ne peux pas aller à l'encontre des ordres de ton père, louloute.
Noora se mit à bouder. Du moins, pendant cinq minutes. Les bras croisés sur la poitrine, elle suivait les deux adultes en trainant des pieds. Voyant que son manège ne marchait pas avec elle, elle replaça ses bras le long de son corps avant d'attraper la grande main d'Archibald. Elle était froide, mais c'était un contact apaisant.
— Bon, je vous dépose du coup ?
— S'il te plaît, oui.
Alors qu'ils arrivèrent sur le parking improvisé pour l'occasion, ils croisèrent un groupe de jeunes. Ils parlaient forts et semblaient un peu alcoolisés. Noora regarda le spectacle avec attention, se demandant pourquoi son père s'était tendu. Vu qu'il tirait toujours sur sa main, elle ne se posa pas plus de questions. Le siège auto à l'arrière était déjà attaché. Elle s'y glissa et Archibald l'aida à s'attacher. Il prit lui-même place sur le siège passager, alors que Lison s'installait derrière le volant.
— Noora, tu es bien installée ?
— Oui ! Merci !
Un coup d'œil aux rétroviseurs, et la femme se dégagea de la place. La voiture qui passa l'éblouit un instant avant de s'enfuir dans une rue. Seule la radio perçait le silence qui s'était imposé dans la voiture. Derrière, Noora s'était déjà endormie. Le blond sourit en se disant qu'il y avait quelques minutes seulement, elle était prête à faire d'autres tours d'attractions.
— He bien, quelle journée ! soupira Lison.
— Je ne te le fais pas dire. Elle s'est endormie comme une masse.
— Tu ne vas plus l'entendre jusqu'à demain matin onze heures !
Archibald aurait bien voulu, mais il était certain que la demoiselle avait se levers vers les huit heures, comme tous les dimanches. Il pouvait dire adieu à sa grasse-matinée. Mais, il ne se plaignait pas, car si elle se levait plus tôt, elle s'occupait seule dans sa chambre. Une fois, elle avait construit tout un circuit de course pour ses petites voitures. Le blond avait été impressionné en entrant dans le salon.
— Je pense qu'elle va me redemander d'y retourner, soupira le blond.
— Il faudra attendre l'été alors. Ça va bientôt fermer je crois.
— C'est pas plus mal. Si demain elle a une indigestion, on saura pourquoi.
Les deux adultes rirent tout bas pour ne pas réveiller la concernée.
— Tu as quoi de prévu demain ? demanda Lison.
— Je pense comater toute la journée devant des films. Je n'ai plus d'énergie.
— Ho, bon plan ! Je te pique l'idée. Netflix and chill, comme on dit !
— Exactement. De plus, j'ai déjà rendu les copies aux élèves. Je suis libre.
— Il faut que je prépare le prochain sujet. Je ne voudrais pas qu'ils aient l'idée d'aller prendre les copies des élèves de l'année dernière. Les secondes sont de plus en plus fourbes. Je me demande bien comment les tenir, parfois, soupira-t-elle.
— J'ai de la chance, ils ne jouent pas vraiment avec moi.
— Ha ! Visiblement, les garçons essayent d'avoir le dessus sur moi.
— Il ne faut pas te laisser faire.
— Ho, je gueule un bon coup et généralement, ils se calment quelques jours.
— Il faut toujours se méfier des petites profs !
Le temps de quelques secondes, Lison lui envoya un regard amusé. Elle pouvait observer le profil d'Archibald comme elle le voulait. Un nez plutôt droit et des lèvres fines. Il était assez séduisant, mais il ne semblait même pas s'en rendre compte. Lui, ce qu'il retenait, c'était les petites poignées d'amour qu'il ne parvenait pas à faire fondre, malgré ses efforts.
— Ouais, en plus, quand je suis de mauvaise humeur, ça se sent tout de suite.
— J'essaye toujours de ne pas laisser mes émotions impacter mes cours.
— Mais dis donc, tu es un prof modèle monsieur von Østergaard !
— Quand même pas, mais si les élèves sont heureux, c'est l'essentiel.
Archibald fit l'impasse sur la prononciation de son nom de famille. Il avait dû s'y faire. Les Français ne parvenaient jamais à sortir certains sons. Et puis, une telle première lettre décourageait la moitié des gens. Cela finissait souvent en « Toi, viens s'il te plaît ». Le blond ne s'en formalisait pas plus que cela.
— Nous sommes arrivés. Je t'aide à la descendre ?
Déjà ?
Archibald regarda autour de lui, mais c'était bien sa petite maison qui lui faisait face. Il n'avait pas trouvé le courage de parler à Lison. Le bon moment était parti depuis longtemps. Même si Noora dormait, il ne voulait pas qu'elle écoute quoi que ce soit. Ce fut déçu qu'il déclina l'offre.
— Elle peut être assez bougon au réveil. Je la gère, merci.
Cependant, Lison affronta le froid de février en sortant du véhicule. Elle se posta à côté du blond, son sac dans les mains. Le professeur détacha la ceinture et attrapa délicatement sa fille. La tête de la petite roula un peu en arrière, mais il la soutint d'un geste habitué. Lison dérocha le siège auto alors que le blond réajusta sa fille dans ses bras. Il se souvint avec tendresse le temps où ses parents faisaient cela. Il avait toujours cru à de la magie. Les enfants étaient tellement innocents. Sa collègue déposa le siège sur la marche devant l'entrée.
— Bon, et bien... Merci beaucoup pour cette journée. C'était super chouette.
— Merci à vous d'être venus ! On se refera ça ?
— Bien sûr.
Un petit malaise tomba entre les deux. Archibald ne savait pas vraiment comment la saluer. Pourtant, lorsque la femme posa tendrement ses lèvres sur sa joue, il se sentir rougir. Cela faisait bien longtemps qu'on ne l'avait pas embrassé avec tant de douceur. Il bénit le fait que les lampadaires s'étaient éteints depuis longtemps.
— Bonne nuit... murmura le norvégien, à court de mots.
— Ouais, fais de beaux rêves. A plus.
Archibald ne prit pas le temps de la voir partir. Il entendit les pneus crisser dans les graviers alors qu'il cherchait le trou de la serrure avec sa clef. Au bout de quelques essais, il parfait enfin à son but. Sur son épaule, Noora rêvait. Dans la maison, il n'alluma pas, si bien qu'il dû se repérer avec les murs pour avancer. Il ne souhaitait pas réveiller sa fille. Dans la chambre de celle-ci, il la changea rapidement et tendit la couverture sur son petit corps. Il songeait déjà à la galère matinale pour démêler sa tignasse. Après un dernier aller-retour pour prendre ses affaires et le siège, il se laissa tomber sur une chaise de la cuisine. Il avait soif.
Un verre d'eau à la main, il regarda son téléphone pour la première fois du soir.
Aucun message.
A vrai dire, il était déçu. Depuis quelques jours, Elijah n'avait pas cherché à le contacter. De plus, lorsqu'il engageait la conversation, le psychologue la clôturait en quelques échanges. Archibald se demandait ce qu'il avait fait de mal. Il y réfléchit pendant le temps où il vida sa boisson, mais laissa tomber l'affaire. Si le châtain voulait lui parler, il n'avait qu'à le faire. Pourtant, ce vide ne cessait de grandir à l'idée qu'il puisse lui faire la tête. Elijah mangeait avec d'autres collègues, le midi.
C'était comme s'il ne voulait pas d'interactions avec lui, tout simplement.
Archibald haussa les épaules avant d'aller prendre une douche. S'il avait été indulgent pour Noora, il ne supportait pas l'odeur de poussière qui se dégageait de ses vêtements. Un relent de sucre remontait à ses narines lorsque ses mains passaient un peu trop près de son nez. Il avait tenu la barbe à papa de sa fille pendant un certain temps, alors qu'elle s'amusait sur un carrousel.
Dans la cabine, il resta un peu plus longtemps sous le jet chaud. L'eau battait sa peau d'une agréable façon, si bien qu'il ne voulait pas s'en extirper. Pourtant, lorsqu'il songea à la facture qu'il allait recevoir, il coupa l'arrivée. Alors que son épiderme se recouvrait de frissons, il s'enroula hâtivement dans une grande serviette qui pendait sur les crochets de la porte. La salle de bain était assez petite, mais il avait réussi à l'agencer convenablement. Le miroir au-dessus du lavabo lui renvoyait une image fatiguée. Ses cheveux blonds, presque blancs, étaient collés à ses tempes par l'eau qui leur avait dégouliné dessus. Ses yeux si étranges formaient deux petits joyaux de deux couleurs différentes. L'un aussi bleu que le ciel et l'autre aussi vert qu'une prairie. Les gens s'arrêtaient à son physique et se détournaient bien vite de sa beauté nordique. Après avoir frotté ses mèches claires, il enfila un large t-shirt. Il n'aimait pas dormir nu, donc il avait trouvé cette solution.
— Fader ? demanda doucement la voix de Noora à travers la porte.
— Tu n'es pas au lit toi ? demanda son père en ouvrant le battant.
— J'ai fait un cauchemar, je peux dormir avec toi s'il te plaît ?
Le blond avait envie de lui dire qu'elle était grande, mais en voyant son air perdu, il lui attrapa la main pour la guider jusqu'à sa chambre. Il éteignit toutes les lumières sur son passage. La petite grimpa dans le lit avant de se rouler en boule.
— Ce n'était qu'un mauvais rêve, ne t'en fais pas.
— God natt fader...
—God natt Noora.
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Hey vous !
Voici un nouveau (petit) chapitre !
Des avis ? :)
Bisou sur votre joue gauche,
Rheexus
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