CHAPITRE 8
— Eli, je peux te parler ?
Le châtain releva les yeux de son écran d'ordinateur. Il n'avait pas entendu le blond entrer dans son bureau. Il lui adressa un sourire avant de l'inviter à s'asseoir d'un geste de la main.
— Tu as mangé ? Je ne t'ai pas vu à la cantine.
— Je suis passé au service d'onze heures trente.
C'était faux.
Le psychologue avait tellement le ventre noué qu'il avait sauté le repas. Il entendait déjà son meilleur ami lui claquer la joue pour négliger sa santé. Archie lui envoya un regard inquiet. Elijah cru un instant qu'elle avait percé son mensonge. Mais c'était impossible, le psychologue savait entourlouper son entourage avec une facilité déconcertante. Il savait que cela entrainait souvent des problèmes.
— Tu voulais me parler de quelque chose ? demanda le châtain.
— En fait, c'est un peu... délicat, avoua le blond, soudainement timide.
— Tu sais que tu peux tout me dire !
— Ouais mais...
Le cœur du plus vieux battait incroyablement vite.
— Je... Je crois que j'apprécie quelqu'un...
Le blond n'osait pas croiser les yeux du châtain. Il ne savait pas comment annoncer la chose. Il avait fait cela une seule fois, et c'était il y avait longtemps. Les mots se bousculaient dans sa tête, si bien qu'il dû former mentalement des phrases pour sortir quelque chose de cohérent. Pendant tout ce temps, Elijah s'était figé. Il avait peur de ce qui allait se passer. Il avala difficilement sa salive. Le nœud de son ventre se tordit si fort qu'il eu presque un haut le cœur.
— C'est Lison, je crois qu'elle m'apprécie et j'aime vraiment passer du temps avec elle ! C'est peut-être un peu prématuré d'en conclure ça, mais pourquoi pas ? Elle est vraiment gentille, est plutôt jolie et elle à une culture impressionnante ! Et...
Pouvait-on entendre son cœur se briser lorsqu'il touchait le sol ?
Elijah était certain que c'était le bruit qui venait de parvenir à ses oreilles.
Il voyait Archibald s'agiter devant lui, expliquant des choses, argumentant son choix, mais les sons n'arrivaient pas à percer la coquille de douleur d'Eli. Il aurait dû se douter que cela finirait ainsi. Ses yeux brûlaient si fort qu'il avait presque l'impression qu'il allait mourir par leur combustion.
Putain, c'était atroce.
Un sanglot remonta le long de sa gorge, mais il tenta de l'étouffer.
Cela faisait mal.
Il avait juste envie d'aller se blottir dans les bras de Morgan et Arthur.
Il renifla discrètement. De toute manière, le blond ne faisait même plus attention à lui. Il essayait de dénouer son problème tout seul. Il posait des questions au châtain, mais n'attendait pas de réponse.
Ils n'étaient que des amis comme tant d'autres.
Elijah avait l'impression qu'il pourrait fondre en larme.
Pourquoi avait-il aussi mal ?
— Tu penses que je devrais faire quoi alors ?
Le châtain offrit un magnifique sourire au blond.
Putain, que c'était dur de faire semblant.
— Tu... Tu pourras lui poser la question ce week-end, non ?
Sa voix avait déraillé, mais le blond ne semblait pas y avoir fait attention.
— Quoi ? Aussi tôt ? J'ai peur que ça soit trop précipité non ?
— T'as une putain d'autoroute lumineuse jusqu'à elle. Fonce.
Pourquoi sa bouche s'ouvrait ? Elijah voulait s'enterrer quelque part.
— Tu as plus l'habitude que moi. Je vais essayer de suivre ton conseil alors...
Que quelqu'un le fasse taire !
— Tu es vraiment le meilleur, meilleur ami qu'on puisse avoir. Merci Eli.
Pouvait-il s'étouffer avec sa tristesse ? Elijah lui offrit un nouveau sourire. Il n'avait plus la force de le faire, mais il devait jouer son rôle de meilleur ami. Bon sang, il serait à jamais cet homme dans l'ombre du bonheur d'Archibald.
— Je fais ce que je peux, surtout ! rigola-t-il.
Les yeux incroyables du blond se posèrent sur lui. Il passa la main dans ses cheveux, témoignant de son soulagement. Il avait été tellement stressé que dans la matinée, ses collègues l'avaient évité pour ne pas se prendre un regard noir.
Elijah n'avait plus le droit d'observer les courbes de son corps qui se contractait.
Archibald ne sera jamais à lui, et il venait de s'en rendre compte.
Une claque dans la gueule.
— Bon, je dois y aller. A demain ! Merci pour tes conseils !
Le sourire paisible du blond s'en alla en même temps que lui.
Le châtain ne trouva même pas la petite étincelle qui le ferait sourire.
Lorsqu'il passa la porte, Elijah su que l'homme de sa vie venait de lui échapper.
***
— Hou, tu as une sale tête toi. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Morgan se décala pour laisser entrer son meilleur ami. Venir chez le couple allait devenir une habitude, si cela continuait ainsi. Le brun avisait durement les cernes et les yeux rouges d'Elijah. Il n'avait pas dormi de la nuit, cherchant le sommeil d'une quelconque manière, mais il l'avait fui tel un voleur. Ce qui voulait dire qu'il n'avait pas fermé les yeux depuis plus de vingt-quatre heure. Tout allait bien dans le meilleur des mondes ! Le châtain soupira, exténué.
— Il se passe que j'ai poussé Archie à partir avec Lison.
— Quoi ? s'exclama Morgan en se retournant, décontenancé.
Il était déjà dans la cuisine pour préparer un thé aux fruits rouges. Maintenant, il avait toute une réserve pour le psychologue. Parfois, Andy piquait dedans durant ses insomnies, pour s'occuper. Il n'en raffolait pas, mais c'était déjà cela de prit.
— Ouais, je sais, je suis trop con.
— Qu'est-ce que tu as fait exactement ?
Sur l'ilot central de la cuisine, Morgan s'agitait pour faire un petit plateau repas. Il était presque vingt-heures, et ni l'un ni l'autre avait encore mangé. Le châtain chercha des yeux la petite tête blonde qui déambulait dans l'appartement, généralement.
— Il est chez Cerise, avec Victor. Je ne sais pas quand il va rentrer.
Elijah sembla impressionné par la confiance que Morgan accordait à son petit ami. Il n'y avait pas une once de jalousie ou de possessivité dans sa voix. Il se rendit compte que leur relation était dans un équilibre parfait. Elijah aussi aurait pu avoir ce genre de couple, s'il n'avait pas poussé l'homme qu'il aimait dans les bras d'une autre. Son regard de fit bas, honteux de lui-même.
Quel con, sérieusement.
Les deux hommes s'assirent sur le canapé avant que Morgan ne se serve une bière. Il savait qu'Elijah n'était pas vraiment friand d'alcool.
— Raconte-moi tout.
Le châtain mis quelques secondes avant d'ouvrir la bouche.
— C'était à la pause de midi, il est arrivé après le repas. Je n'ai pas mangé avec lui car j'avais pas mal de dossiers, mentit-il avec aplomb. Il voulait me demander des conseils car il appréciait une personne. J'ai senti les ennuis arriver et... et je n'ai rien pu fait contre. Je ne pouvais pas lui crier dessus que je suis raide dingue de lui depuis des mois ! Qu'est-ce que j'aurais pu faire, hein ?
Sa voix était montée dans les aiguës. C'était assez étrange venant d'un homme de la stature du psychologue.
— Et puis je n'ai pas pu... Je suis... Je suis resté paralysé...
Sa voix se cassa et il ne restait plus qu'un souffle résigner.
— Quand il est parti, j'ai compris que j'avais tout perdu.
— Mais non. Tu n'as pas tout perdu ! tenta de le rassurer Morgan.
— Ha ouais ? Je ne serais que son ami. Jusqu'à la fin de ma vie !
Il y eu quelques secondes de flottement entre eux.
— J'y ai vraiment cru pourtant. Je ne fais pas le poids face à une femme...
Il se sentait si misérable qu'il avait envie de se rouler en boule. Il vit du coin de l'œil Morgan prendre son téléphone et tapoter quelques secondes dessus. Elijah ne se sentait absolument pas mieux d'avoir déballé son sac. Ses yeux étaient brillants alors que sa voix tremblotait un petit peu. La lumière douce de la petite lampe au coin du canapé illuminait tristement son visage.
Il y eu un grand bruit, comme si quelque chose venait de tomber, et un objet non identifié grimpa sur les genoux du psychologue. Il s'aperçu avec surprise que le Maine Coon noir venait lui témoigner son courage et sa douceur. Lorsqu'Elijah gratta sous son menton, sa gorge vibrait sous de gros ronronnements.
— Ha ! Tu décroches enfin ! s'exclama alors Morgan.
Le silence lui répondit et Elijah se pencha sur le téléphone, curieux. Qu'est-ce que son meilleur ami avait encore inventé afin de lui divertir l'esprit ? Pourtant, l'écran restait noir, même si Morgan le posa devant eux, en équilibre sur la bouteille d'eau.
— Hey ! Alors, c'est quel code aujourd'hui ? demanda une voix taquine.
— T-rex.
— Ho... Ça ne rigole pas alors.
Il n'y avait qu'une seule voix avec ce petit accent américain qu'il commençait à prendre. Elijah regardait Morgan avec incompréhension alors que la caméra tourna dans le téléphone. Il y eu un flash de lumière alors qu'Amadeus miaula pour quémander plus de caresses.
— Je pars un an, et c'est le bazar ! Vous êtes intenables les gars !
— Arthur... souffla Eli, une boule dans la gorge.
Chez le brun, il semblait être l'après-midi, vu la lumière qui passait à travers les fenêtres. Il était toujours le même, avec ses bouclettes chocolat et ses grands yeux doux. Arthur avait une petite fossette qui apparaissait lorsqu'il souriait. Ses taches de rousseur constellaient son nez un petit peu relevé et ses joues, derrières les verres de ses lunettes rondes.
— En chair et en os ! chantonna l'autre.
Leur trio était de nouveau réuni.
Morgan attira Elijah au creux de ses bras, et le châtain se laissa faire sans poser de questions. Sa joue atterrit avec douceur dans le creux de l'épaule de son ami, les yeux rivés sur le petit écran du téléphone. Amadeus bougonna un peu, passa sa queue panachée devant l'écran, soutirant un rire joyeux à Arthur, avant de s'installer sur les genoux de Morgan.
— Tu... Tu ne travailles pas ? demanda Elijah.
— Normalement si, mais tu me connais, vous passez avant ! Je ne fais que du tri de photos aujourd'hui. J'ai eu un shooting hier, et je fais le reste cette aprèm'
Oui, évidemment. Être photographe avait quelques avantages.
— Sinon toi, comment tu te sens mon chat ?
— Mal.
Sur sa nuque, la main chaude de Morgan passait et repassait pour essayer de dénouer les muscles tendus à force de retenir ses sentiments. Il cala sa tête contre celle du châtain, si bien que ce dernier se demanda depuis quand il était devenu aussi tactile. L'effet Andy avait peut-être eu raison de lui, finalement.
— Ho, oui, ça j'avais compris ! Tu ferais presque rougir un mort !
— Arty si tu en as d'autres, gardes-les pour toi, grommela le concerné.
A travers les pixels, Arthur souriait. Il tira sur l'une de ses boucles et elle fit comme un ressort. En une fraction de seconde, elle avait déjà repris sa place. Les deux hommes se rendirent compte qu'il n'avait pas changé.
— J'essaye de te changer les idées, si tu n'avais pas remarqué.
Un gros bruit sortit du haut-parleur.
— Qu'est-ce qui vient de tomber ? demanda Morgan.
Arthur releva les yeux avant de faire signe à quelqu'un ou quelque chose.
— Wait wait! Can you buy that too please?
— Really? Again?
La voix grave lui répondit presque immédiatement.
— Thanks! répliqua Arthur, et il y eu un son d'une porte qu'on claquait.
Elijah et Morgan furent interloqués par ce qui venait de se passer. Pour changer les idées du châtain, c'était réussi ! Il se posait déjà mille et une questions. Pourtant, leur ami les tira de leurs pensées en s'exclamant.
— Sur une échelle de zéro à dix, tu as envie de buter cette fille à combien ?
— Je me sens tellement con que je ne pourrais même pas le faire. Sérieux, je suis vraiment le seul à pousser la personne aimée dans les bras de quelqu'un d'autre ! Je me suis dit que j'avais le temps, je ne voulais pas tout précipiter, mais finalement, tout a capoté et je me retrouve comme une nouille, répliqua tristement Eli.
— Mais tu voulais bien faire, au final.
Même si Morgan avait raison, il s'était pris le revers de la médaille en pleine tête. Attendre. C'était bien la pire chose qu'il avait pu faire depuis de nombreuses années. On disait qu'il était boute-en-train, mais quand il s'agissait de lui, il n'y avait plus personne. Il était tellement hésitant qu'il trébuchait sur son propre pied.
— Et voilà ce que ça donne...
De l'autre côté de l'océan, Arthur fit une tête étrange. C'était un mélange entre « Je te l'avais dit » et « Tu as voulu jouer la carte de la sécurité, mais quelqu'un t'a devancé avant que tu fasses un mouvement ». Ni Morgan ni lui savait comment réconforter le psychologue. Ils ne pouvaient pas faire une leçon de morale, car il avait décidé de choisir leur amitié. Ils ne pouvaient pas non plus cracher sur Archibald, car il n'était pas au courant de la situation.
Ils optèrent alors pour la stratégie de lui changer les idées.
— Ho ! Je ne vous ai pas dit la dernière... ! commença Arthur.
Pendus à ses lèvres, les deux autres rattrapèrent les deux dernières semaines de potins et d'anecdotes. Arthur était incroyablement sociable, si bien qu'il connaissait tout de presque tout le monde. Il leur raconta comment il avait appris que le chat de la voisine était passé au-dessus d'une bougie en l'entendant crier dans tout l'immeuble. Le pauvre animal s'était vu enroulé de force dans une serviette trempée. Ensuite, la conversation dévia sur Morgan et Andy. Arthur se plaignit de ne pas encore avoir vu le blond. Il était impatient de découvrir qui arrivait à supporter le brun.
— Arrête, tu vas le traumatiser, s'esclaffa Elijah.
— Dis que je fais peur aux gens...
— Non, mais ta bonne humeur constante est assez particulière.
Arthur prit une mine choquée qui fit rire les deux autres. Décidément, les chagrins d'amour passaient beaucoup mieux lorsque ses meilleurs amis étaient présents pour remonter le moral.
_____________
Hey vous !
Voici un nouveau chapitre !
Des avis ? :)
Alors, vous voulez tuer qui ? Elijah, Archie ou moi ? xD
Bisou sur votre joue gauche,
Rheexus
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top