CHAPITRE 48
Un cri surpris.
Une embrassade et une étreinte qui duraient depuis de longues minutes.
Décidément, Arthur n'avait aucune gêne avec ses amis. Il s'était pendu au cou de l'un et s'accrochait à l'autre comme si la fin du monde allait les séparer. Morgan avait encore des yeux grands ouverts, sous le choc, n'osant presque pas soutenir le bouclé de peur qu'il ne disparaisse. À ses côtés, Andy souriait doucement, heureux de la surprise. Il échangea un regard satisfait avec Elijah. Le blond avait été le premier au courant de la venue du photographe.
Leur mission était une réussite.
— Mais qu'est-ce que tu fais là ? bredouilla le médecin.
— J'avais besoin de vacances, alors me voilà !
— Et tu ne m'as même pas prévenu, bougonna son ami.
— C'est le principe d'une surprise ! chantonna Arthur.
— Tu sais bien que tout ce qui sort du moule lui fait peur...
— Eli, la ferme, répliqua le concerné.
Un rire lui répondit avant que le châtain ne se détourne pour aider Hélène à disposer la nourriture sur la grande table. Tout le monde donnait un coup de main dans cette ambiance légère. Les piques gentilles et les blagues allaient bon train alors que certains louchaient déjà sur la piscine.
— Je peux aider à quelque chose ? demanda Andy en s'approchant.
— Mon grand, tu as ramené l'apéro ? répliqua Joseph.
— Ha, oui ! Je dépose tout dans la cuisine ?
— Volontiers. Eli, tu peux aller l'aider s'il te plaît ? Je vais allumer le barbeuc'.
— Tes désirs sont des ordres patron !
Alors que le maître de maison marmonnait quelque chose comme quoi il était un sale gosse irrespectueux, Elijah fit une révérence beaucoup trop exagérée avant de suivre l'étudiant dans la maison. Il semblait la connaître par cœur. C'était peut-être parce que le couple avait déjà passé un week-end chez les Barthélémy, quand Morgan avait fait des pieds et des mains pour avoir deux jours de repos après des semaines de folie, l'épuisant mentalement et physiquement.
— Bon alors, tu as bientôt fini les cours ? demanda le châtain.
— Oui, dans deux semaines. Après, j'enchaîne sur un stage d'un mois.
— Et ben, c'est plutôt cool la vie !
— Pour tout te dire, je stresse un peu pour l'oral que j'aurai en même temps...
— Comment ça ?
Ils déposèrent le grand sac de courses sur le comptoir avant de vider son contenu dans plusieurs assiettes et bols de toutes les couleurs et de toutes les formes. N'était-ce pas une tasse licorne qui accueillait des bâtonnets de concombre ? Un couteau à la main, Elijah s'occupait de fractionner le saucisson.
— J'ai une présentation à la fin, sur un projet.
— Ho. Je suppose que tu le bosses depuis longtemps ?
— Oui, assez. J'ai vraiment peur de me louper, en fait.
— Tu es bon élève à ce que j'ai compris, alors pourquoi tu as peur ?
— Malheureusement, tout peut arriver... Et je n'ai pas envie de repiquer.
Le psychologue hocha la tête, comprenant tout à fait cette peur. Lui avait eu la chance de ne pas doubler des années, même la première année de FAC, car il ses colocataires le poussaient toujours à réviser plusieurs jours à l'avance. Puis, sa mémoire avait fait le reste, pour son plus grand bonheur.
— Ha, vous voilà ! tonna une voix bourrue.
Les deux cuisiniers se tournèrent vers la porte pour y voir Morgan, les sourcils froncés et les bras croisés, l'air contrarié. Le plus vieux voyait le blondinet qui avait baissé la tête d'un air coupable, comme si tout était sa faute. Il ne changeait pas.
— J'ai eu l'air con quand j'ai vu Arthur !
— Mais c'est une excellente surprise, non ? railla Elijah.
— Bon... oui. Merci beaucoup pour ça, car vous êtes dans la combine, non ?
— Ho, que nenni ! Il est venu à la nage et a fait le trajet à pied depuis la ville !
— Fous toi de ma gueule, va, merci.
— Moi aussi je t'aime, t'inquiète !
Andy n'avait toujours pas bougé, les doigts autour du bol qu'il était en train de remplir. Elijah pressa son épaule d'un geste réconfortant avant de prendre un plateau et le bourrer de récipients. Il adressa un sourire amusé à son meilleur ami.
— Je vais vous laisser, vous avez des choses à vous dire, je crois. À toute' !
Il ferma discrètement la porte avant de s'engagea vers la terrasse où tout le monde était en train de fignoler deux ou trois éléments. Elijah songea qu'ils avaient un sens du détail beaucoup trop aiguisé pour lui. Quand il se retourna après avoir posé son fardeau, il tomba sur les silhouettes de ses parents qui étaient près de son compagnon. Il soupira, se demandant à quelle sauce il était mangé.
— Maman, papa ! Vous êtes arrivés ! s'exclama-t-il.
Les yeux bicolores de son compagnon le cherchaient. Il fut soulagé lorsque le châtain se colla à lui pour l'enlacer tendrement par la taille, son menton planté dans son épaule. Il embrassa son cou d'un baiser papillon taquin.
— Vous ne le traumatisez pas trop, ça va ?
— Pour qui tu nous prends, jeune homme ingrat ?
— Moi, ingrat ? Et pourquoi donc ? s'indigna le psychologue.
— Tu ne nous as jamais présenté Archie et Noora !
— Ce n'est pas de ma faute, vous êtes loin du centre !
— Mais oui, bien sûr, grogna son père en levant les yeux au ciel.
Il lui colla une pichenette sur le front en guise de réprimandes et lui embrassa les deux joues, forçant son fils à lâcher son compagnon de mauvaises grâces. Ses parents lui firent la leçon pour la forme alors qu'Archibald reconnaissait les mimiques d'Elijah dans celles de sa mère et les ondulations sauvages dans celles de son père. La ressemblance n'était pas plus poussée que cela, mais dans la gestuelle et ce qu'ils dégageaient, le châtain était un exacte mélange de ses parents.
— À table ! cria soudainement Joseph, une pince grise dans la main.
Il était en train de disposer les premières saucisses pour évaluer si son feu était un fiasco ou non. Avec un hochement de tête appréciateur, il se laissa glisser aux côtés de sa femme qui affirmait que les places n'étaient pas destinées. Ce fut donc dans un joyeux capharnaüm que tous s'assirent selon les affinités. Archie se retrouver alors coincé entre Elijah et Jaïko. Le chien le regardait, la langue pendue, espérant recevoir un petit quelque chose de comestible.
***
— Arrêtes de lui donner à manger, chéri... Il va rouler à la fin du week-end.
— Oui mais il est adorable ! Comment je peux résister à sa bouille ?
Eli était penché vers son compagnon qui proposait discrètement des morceaux de viande au chien des Pyrénées. Intelligent, il avait bien compris que le blond était le maillon faible de la tablée, alors il laissa sa tête reposer doucement sur sa cuisse. Il ne couinait pas, mais sa seule présence était éloquente.
— Je te préviens que s'il est malade, c'est toi qui nettoies.
— Mais oui ! soupira Archie en donnant un morceau de saucisse à Jaïko.
Cela faisait presque deux heures qu'ils étaient attablés, et le blond n'avait presque pas touché à son assiette, préférant partager avec son ami à quatre pattes. Il suivait les conversations d'une oreille, appréciant les caresses distraites que son compagnon dessinait sur sa cuisse alors qu'il était en plein débat avec son meilleur ami sur un sujet qu'il n'avait pas écouté.
— Tu seras bientôt prêt à accueillir un chien à la maison, alors ?
— Peut-être que cette idée me trotte vraiment dans la tête, qui sait ?
— Je ne pourrais pas te dire le contraire, mais tu connais la condition ?
— Oui, soupira Archie. Une maison avec un jardin... Du moins, pas en loc'.
Pendant un instant, ils révèrent d'une charmante maison, même si elle n'était pas très grande ou très récente, ce serait la leur. Peut-être même qu'elle aurait un jardin et un perron avec des marches en pierres. Le blond poussa même son imagination à représenter Noora, un peu plus vieille, jouer avec un animal.
— Ne t'en fais pas, on l'aura, cette maison.
Archibald fredonna quelque chose, revenant à l'instant présent. Il tendit un bout de carotte au chien qui l'engloutit comme le morceau de saucisse quelques minutes plus tôt. Décidément, il était un gouffre sans fond.
— Archiiiiiiie ! s'exclama une voix beaucoup trop enjouée.
L'interpellé se tourna pour découvrir un Arthur avec un immense sourire aux lèvres, les joues légèrement rosées. Il n'avait pas fait d'efforts physiques, mais avait gardé une des bouteilles d'un quelconque alcool à ses côtés pendant le repas.
— Toi, t'es bourré mon vieux, l'interrompit Elijah.
— Non. Je suis juste bien pour oublier.
— Et pour oublier quoi ?
— Hum... fit-il mine de réfléchir. Je sais plus !
— T'es complètement torché quoi...
— Mais non, je te dis ! Bref, Archie, tu veux bien poser pour moi ?
— Quoi, maintenant, tout de suite ? s'étonna le blond, peu à l'aise.
— Non, parce que je serai incapable de sortir une photo correcte, car mon esprit est un peu embrumé, avoua-t-il en appuyant sur les deux mots. Demain, ça te dit ? Il annonce beau temps en plus, et avec ce cadre... ! s'exclama-t-il en ouvrant les bras.
— D'accord. Ouais, pas de soucis, si tu n'es pas trop exigent...
— Ne t'en fais pas pour ça, je suis le premier pour beaucoup de gens !
L'homme se rendit compte du double sens de sa phras alors qu'il posait les yeux sur Morgan qui chuchotait quelque chose à l'oreille de son compagnon. Andy n'avait pas l'air très à l'aise, entouré d'autant de monde, mais il se montrait fort.
— Ça, tu n'étais pas obligé, précisa Elijah.
— Bah, ce n'est un secret pour personne ! Je reviens, j'dois passer un appel.
Et il s'éclipsa comme il était apparu devant eux. Aux pieds d'Archie, le gros chien blanc clignait des yeux avec un air perturbé. Lorsque le bouclé avait un peu d'alcool dans les veines, n'avait plus aucune gêne ni retenue. Le blond interrogea Elijah du regard alors que Milo tirait le bras de sa femme pour la jeter dans la piscine. Aurore se débattait comme elle pouvait, sous les rires de l'assemblée.
— Au moins, il n'a pas l'alcool belliqueux, c'est déjà ça, avoua Elijah.
— Il change radicalement de visage, c'est... presque flippant.
— Ho, je te le concède. Arthur nous en a fait voir de toutes les couleurs !
— Je veux bien te...
— MILORN OCTAVE BARTHELEMY, TU ES UN HOMME MORT !
Alors que la jeune femme remontait comme elle pouvait sur les pavés qui entouraient la piscine, le concerné prit ses jambes à son cou pour fuir le plus loin possible de cette boule de vengeance. Trempée de la tête au pied, sa longue robe collant à sa peau, Aurore ne se démonta pas, enlevant ses talons pour aller plus vite.
— J'en connais un qui va se la mettre sur l'oreille pendant trois semaines !
Brusquement, le fautif s'arrêta en plein milieu de la pelouse et rattrapa sa femme lorsqu'elle le percuta de plein fouet. Elle prit un air de chien battu, alors que Jaïko volait presque à son secours en jappant piteusement.
— Ho non, chérie, tu ne vas pas faire ça quand même ! s'horrifia-t-il.
— Je vais me gêner, tiens ! grogna la brune, les bras croisés.
— Je ne peux rien faire pour alléger ma peine ? plaida son mari.
La femme réfléchie intensément avant d'arborer un sourire machiavélique.
— Peut-être qu'en te jetant volontairement dans l'eau, cela réduira les jours.
— De combien ?
— Nous passons de trois semaines à une, rectifia-t-elle.
— Marché conclu !
Et il se dirigea de bonnes grâces vers la piscine dont les flots commençaient tout juste à se calmer. Il enleva son t-shirt et ses chaussures, sous l'air impatient de sa tortionnaire. Il lui lança un clin d'œil avant de plonger disgracieusement. Quelques secondes plus tard, il réapparu en secouant sa tête afin d'évacuer l'eau coincée dans ses cheveux.
— Qui se joint à moi ? demanda-t-il à la cantonade.
Un silence. Puis Elijah se leva de son banc et enleva ses chaussures avant de confier son téléphone à son compagnon. Il embrassa chastement ses lèvres sous le regard attentif de la tablée.
— Qui m'aime me suive ! rit-il.
Il retira sa veste légère, et se laissa tomber dans les profondeurs. Archibald regarda son audace, la bouche ouverte, n'y croyant pas. Comment avait-il pu prendre cette décision sur un coup de tête ? Ce fut au tour de Marius et d'Arthur de se mouiller. Ce dernier se cramponna aux épaules du châtain pour s'y hisser et prendre de la hauteur. Il s'ensuivit alors une bataille féroce entre les amis et les deux frères.
— Archie, tu viens avec nous ? demanda Ulysse qui retirait son bas.
— Non, je vais me changer avant. Je vous rejoins dans deux minutes.
— Je t'accompagne ! Je n'ai pas envie de bousiller mes vêtements !
Les deux seuls blonds de la soirée s'enfoncèrent alors dans les couloirs du manoir, ayant comme écho les rires et les hurlements de ceux qui s'amusaient dans la piscine. Il y eut un « Putain Jaïko qu'est-ce que tu fais là ? » et un « Milo, retient ton chien, il va me faire couler cet apôtre ! » et la porte se ferma avec un claquement.
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Hey vous !
Voici un nouveau chapitre !
Des avis ? :)
Bisou sur votre joue gauche,
Rheexus
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