CHAPITRE 27

— Je crois que j'ai trop mangé, je vais exploser !

Archie rit en voyant Elijah se couler le long de sa chaise, épuisé. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas autant mangé. Devant le blond, son assiette contenait encore deux ou trois tranches de pomme de terre. Comme d'habitude, Elijah l'avait époustouflé avec sa cuisine. En faisant les courses, il s'était mis en tête de cuisiner une tartiflette. Avec le temps, ne s'étonnait plus lorsqu'ils avaient des restes pour les trois jours suivants.

— Je te propose de changer le programme de la journée !

— Je suis tout ouïe, affirma Archie, curieux.

— Il fait plutôt beau aujourd'hui, ça te dit d'aller faire un tour en ville. J'ai vu que demain, il pleuvait, alors pourquoi pas regarder une série toute la journée ? On récupère Noora demain soir, comme prévu, un petit film et au dodo !

Le blond fit mine de réfléchir avant d'hocher la tête, partant.

— Bouger ce matin t'as donné envie de sortir ?

— Oui. J'en ai un peu marre de rester dans l'appart. L'été me manque.

— Tu es du genre à trainer les autres de festivals en festivals ?

— Evidemment ! Arthur ne voulait plus me suivre et Morgan passait son temps le nez dans les bouquins... Donc on y aillait avec Marius et Milo ! expliqua le châtain. C'était franchement chouette, l'ambiance, les rencontres, tout ça...

— Les frères de Morgan, c'est bien ça ?

— Ha oui, tu ne les as jamais rencontrés, pardon.

— Non, ce n'est pas grave ! se défendit Archibald. Mais si tu veux... nous pourrons y aller ensemble ? Je n'y ai jamais mis un pied, mais je voudrais bien découvrir ce monde, si tu veux le partager avec moi.

Les yeux du psychologue brillèrent, ravi. Un large sourire courba ses lèvres.

— Mais carrément !

— Je sens que je vais regretter cette décision...

— N'importe quoi !

— Mais ça se passe comment ? C'est en plein air ?

— Généralement oui. Parfois, il y a juste une scène pour une soirée, et d'autres, ce sont des jours entiers. J'ai fait plusieurs fois sur quelques jours, et je n'ai jamais dormi avec les mêmes gars. Je me rappelle que Milo avait paniqué car il ne me trouvait bien, rit Elijah en revoyant la mine défaite de son ami. Mais depuis que j'ai un travail, c'est juste une soirée par-ci par-là. Ça permet de se détendre, c'est cool.

Archibald senti un pincement au cœur lorsque son compagnon lui expliquait comment cela se déroulait. Il aurait dû se douter qu'il y avait rencontré des amants, pour un soir ou pour quelques jours. Il chassa cette pensée, de toute manière, il n'était même pas en France, alors pourquoi se sentir jaloux ? Voilà, c'était de la jalousie. Il essaya de repousser l'image d'Elijah avec un autre homme. Il avait eu beaucoup de chance, car s'il était parti avec l'un d'eux, ils ne se seraient jamais rencontrés.

— La planète Terre appelle Archibald. Je répète, la planète Terre appelle Archibald.

— Pardon, j'étais dans mes pensées.

— J'ai vu ! s'esclaffa le châtain.

Il se leva pour débarrasser la table. Les assiettes furent empilées dans un joyeux fracas alors qu'Archie laissait traîner ses yeux sur les avant-bras découverts de son homme. Les muscles secs et nerveux avaient quelque chose de fascinant.

— Nous n'avons pas le feu aux fesses. Prends un peu de temps !

— Je sais que tu n'aimes pas quand il y a trop de gens dans les magasins.

— Ho. Merci...

Un large sourire lui répondit avant que le châtain ne se détourne pour commencer à nettoyer les couverts. Archibald s'occupa de filmer et de ranger les restas du repas avant de passer un coup d'éponge sur la table.

— Tu n'as pas besoin d'aide ? s'enquit-il.

— Je pense pouvoir affronter de l'eau et du savon !

— Je vais à la douche alors. À tout à l'heure.

Un baiser sur la commissure des lèvres. Le blond s'engagea dans le couloir pour récupérer ses affaires dans la chambre d'Elijah. Sur l'une des tablettes claires, ses vêtements attendaient sagement, lavés et pliés. Cela lui faisait toujours étrange, même après vingt-et-un jours de relation. Presque un mois.

Ces jours avaient été riches en émotions. Il avait réussi à se mettre en couple, avait partagé des moments intimes avec son compagnon. Il s'était offert après qu'Elijah se soit lui-même offert. Noora avait eu sept ans et ils avaient présentés le châtain à Alexandra. Sa fille considérait le châtain comme son père, et des imbéciles avaient mis de bazar dans le lycée.

Décidément, il y avait eu trop de choses en si peu de temps !

La salle de bain était aussi grande que celle de sa maison. Comme il l'avait remarqué avec le temps, Elijah avait besoin d'espace pour évoluer. Son appartement était lumineux et plutôt spacieux. Il fallait dire qu'il n'avait pas beaucoup de meubles superflus. L'essentiel et le nécessaire, mais cela lui convenait.

L'était était à bonne température lorsqu'il se glissa sous le jet. La chaleur dénouait peu à peu les nœuds dans se épaules. L'eau qui tapait sur sa peau lui faisait un bien fou. En se tournant, il se rendit compte qu'il n'avait pas pris son gel douche. Il reposait à côté de la vasque.

— Bon, tant pis...

D'habitude, il prenait ses propres affaires, mais parfois, il se laissait tenter par celles d'Elijah. Il fallait dire que son shampoing et son gel douche au monoï étaient un régal pour le nez. Le nombre de fois où il avait plongé son nez dans ses cheveux juste pour sentir l'odeur du soleil n'était plus à compter.

Une fois sec, il enfila un jean foncé ainsi qu'un des sweats d'Elijah. Il huma doucement l'odeur qui se dégageait de l'étoffe. Pouvait-on être accro à une odeur ? Si cela pouvait être possible, Archibald l'était sans l'ombre d'un doute.

— Purée, on dirait un sauna ! plaisanta Elijah en entrant.

Le blond lui offrit un regard étonné.

— Mince, je n'ai pas toqué, pardon !

— Ce n'est pas grave, j'ai presque fini, dit Archie en mettant une chaussette.

— J'ai cru voir, oui. Hé, mais c'est à moi ! Je le cherchais partout...

Il caressa la broderie dorée sur la manche pourpre. L'animal représenté avec délicatesse n'était autre qu'un dragon. La queue écaillée s'enroulait autour de la manche. C'était un travail remarquable. Elijah l'avait trouvé dans un magasin de déstockage et avait demandé à un professionnel de modifier légèrement la broderie déjà existante. Le résultat était époustouflant.

— Je sais que tu le feras, mais tu y fais gaffe ? Je l'aime beaucoup.

— Cela va de soi, oui. Merci beaucoup.

Un baiser sur une joue. Elle rosit un peu alors qu'Archibald était heureux. Pourquoi diable ses émotions devaient autant se voir ? Elijah ricana et passa ses doigts sur ladite joue avant de se pencher pour prendre sa brosse à dents. Il regarda attentivement le blond tenter de coiffer ses mèches rebelles. Elles étaient un peu trop longues et il ne savait jamais comment les placer.

— Tu me laisses faire ? proposa Elijah.

Après accord muet, il cracha le dentifrice et se rinça la bouche. Le goût de menthe avait envahi sa langue et son palais pour le bien de ses papilles. Il détestait garder la saveur de son repas.

— Je vais prendre rendez-vous pour les couper, de toute façon.

— Ouais, c'est le bazar. Mais je pourrais le faire, si tu veux.

— Tu sais te servir d'une tondeuse ?

— Je coupais les cheveux des gars quand on était en coloc.

— Il y a des choses que tu ne sais pas faire ? plaisanta le blond.

Il y eu un petit silence alors qu'Elijah bataillait durement avec les mèches.

— Ouais. Discipliner ta longueur est une catastrophe ! Je m'avoue vaincu !

Archibald lança un regard à son reflet dans le miroir et avisa le travail. Il passa ses doigts dans une ondulation créée par la petite quantité de cire. Cela changeait de d'habitude, mais ce n'était pas déplaisant.

— Non, c'est correct. Tu t'en es bien sorti !

— Ravi que ça te plaise, alors. On part dans dix minutes ?

— D'accord, je me dépêche !

***

Les rues étaient pleines de vie. Des enfants criaient et couraient en martelant les paves de leurs petites chaussures. Un peu plus loin, une famille se demandait s'il fallait craquer pour le gâteau en vitrine d'une pâtisserie. Le petit garçon tirait discrètement la manche de sa mère pour entrer dans le magasin. Au coin de la rue où se trouvait un café, quelques tables étaient sorties. Il ne faisait pas très chaud, mais avec une veste chaude, c'était agréable. Les températures avaient fait un bond entre le début et la fin de mars.

Archibald fit un pas de coté pour laisser passer deux adolescents qui ne regardaient pas où ils mettaient les pieds. Le plus petit semblait raconter une histoire et l'autre était subjugué par ses mots, lâchant des « Nan, vraiment ? » plusieurs fois en quelques secondes. La ville était vivante, et le blond adorait cela. Même si ce n'était qu'un regard ou un sourire poli, il voyait d'autres personnes. La diversité des cultures et des styles vestimentaires était quelque chose qu'il adorait observer.

— On peut entrer là, j'ai besoin d'un nouveau jean.

— Quoi ? Mais tu en as toute une étagère ! rouspéta gentiment Archie.

— Je n'en ai pas de beige...

— D'accord !

Le blond s'amusa de voir le bonheur sur le visage de son compagnon. Il suffisait de pas grand-chose pour qu'il saute de joie. De plus, le shopping était l'un de ses petits plaisirs. Il avait le salaire pour et un goût de la mode assez prononcé, donc il ne voyait pas pourquoi il devrait s'en priver. Elijah attrapa la main d'Archie pour entrer dans une enseigne connue. Il n'y avait encore jamais mis les pieds, mais il savait que le magasin était sur deux étages. La décoration était chic, simple, et les portiques disposés de façon à ce que le client doive passer le plus possible à côté.

— Bonjour messieurs ! chantonna une voix féminine à la caisse.

Les deux hommes lui répondirent alors qu'elle se détournait déjà pour tendre un sac rempli à un jeune homme qui la remercia. Archibald laissa traîner sur les étoffes qu'il pensait douces. Comme ce petit pull qui semblait être incroyable à porter. Il n'avait encore jamais suivi Elijah dans une boutique de vêtements, et il n'aurait jamais penser voir cette facette de lui. Il regardait attentivement tout ce qui était susceptible de lui plaire. Parfois, il dépliait les vêtements avant de les remettre comme il les avait pris. Il lui faisait penser à un enfant au pays des jouets.

— Tu penses qu'il m'irait ? demanda soudainement Elijah.

Il tendait un pantalon beige à bout de bras. La coupe était ajustée, les pinces semblaient être parfaites. Le blond hocha la tête, sachant pertinemment que son compagnon savait ce qu'il faisait. Il s'éclipsa vers les cabines d'essayage pour en investir une. Le blond flâna quelques minutes dans le magasin, au cas où s'il trouvait quelque chose à son goût.

— Psssst Archie !

Il se retourna, surpris. Un peu plus loin, entre deux rangées de vêtements, la tête d'Elijah dépassait de la porte de la cabine, le cherchant du regard. Lorsque leurs yeux se croisèrent, il lui fit un signe de la main pour qu'il s'approche.

— Tu en penses quoi ? demanda le châtain en l'invitant à entrer.

Contre toute attente, la cabine était assez grande. Ses chaussures étaient dans un coin et son jean sur le petit tabouret qui faisait l'angle contre le miroir. Ce dernier était plus grand qu'eux, leur renvoyant leur proximité.

— La coupe est très jolie, ça te va bien. Tourne pour voir ?

C'était officiel, Archibald adorait ce pantalon.

— Alors ?

— Il te fait des fesses à en damner un saint...

— Quand même pas ! rigola le psychologue en regardant le prix sur l'étiquette.

— Si si, je t'assure. Il est fait pour toi, il n'y a pas d'autre possibilité.

Dans le miroir, Archie vit les joues rosées de son compagnon. C'était bien la première fois qu'il le voyait ainsi. Il se mordait doucement la lèvre intérieure, cherchant les pupilles bicolores du blond. Il les trouva presque immédiatement et se retourna pour embrasser la bouche taquine.

— Messieurs, tout va bien ? demanda une voix derrière la porte.

— Oui ! Je lui demandais son avis. Tout est parfait, merci !

— Pas de soucis.

Le blond fit une moue boudeuse. Eli explosa de rire lorsque son vis-à-vis croisa les bras, les sourcils froncés.

— Monsieur est bougon ?

— Il m'a fait peur.

— Mais oui, c'est ça ! Allez sors ! Tu n'as rien trouvé pour toi ?

— Non. J'irais faire un tour à H&M si on passe devant. J'ai besoin de t-shirts.

— D'accord, notre prochain magasin est noté ! Je fais vite, promis.

Le blond sorti de la cabine avant de tomber sur le vendeur qui les avait interrompus. L'homme ne le savait pas, si bien qu'il lorgna le blond avec curiosité. Son regard tomba sur ses cheveux platines avant de s'accrocher à ses yeux incroyables. Naturellement, Archie les détourna, de peur qu'il y voit ses pensées.

Il se souviendrait toujours de sa mère qui lui avait raconté une vieille légende qu'on se transmettait dans le petit village où elle était née. Il se disait que si on regardait assez longtemps quelqu'un dans les yeux, la personne pouvait voir son âme et ses pensées, comme un livre ouvert. Lorsqu'il était haut comme trois pommes, Archibald avait prit peur et s'était juré de ne pas laisser une telle chose se produire.

— Alors, tu es encore dans tes pensées ? demanda Elijah en apparaissant.

— Non, je pensais à quelque chose de peu intéressant.

— Assez pour ne pas m'en parler ? plaisanta l'autre.

— Je ne me laisserai pas avoir par le psychologue que tu es !

— Mmh... dommage ! J'aimerais bien savoir ce qui se trouve là, parfois.

Il tapota le front de son compagnon de son index. Archie chassa délicatement sa main avant de la prendre et d'entrainer le plus vieux à la caisse. La fille de tout à l'heure les accueilli de sa bonne humeur et leur tint une conversation futile alors que le moniteur affichait « Code bon ».

Ils sortirent de l'enseigne après avoir salué les employés. La rue les engloutis une nouvelle fois. Les familles étaient plus nombreuses, des personnes âgées trainaient en bande, comme si elles venaient renverser le monde moderne. Au loin, la cloche de l'église sonnait quinze heures.

— Tu m'as donné envie d'un nouveau sweat !

— Encore ? s'étonna de nouveau son compagnon.

— Rappelle-toi, à qui appartient celui que tu as sur le dos ?

— Bon, okay, un point pour toi.

— Alors, une après-midi shopping en bonne et due forme ?

Archibald ne pouvait décidemment pas le refuser à Elijah.

— Je te suis, mon cher.

— J'aime quand tu me promets de telles choses !

Les sourcils dansèrent d'une manière suggestive sur le visage de son compagnon. Il évita de justesse une petite fille qui s'amusait à faire le funambule le long du trottoir. Elle lui fit un signe de la main avant de courir vers ses parents.

Même s'ils n'étaient pas devant Netflix, ce serait une incroyable journée ensemble.

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Hey vous !

Voici un nouveau chapitre !

Des avis ? :)

Bisou sur votre joue gauche,

Rheexus

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