Lot de consolation

PDV Nini

Plus qu'embarrassée, je regardais le garçon prendre des selfies de nous deux sans y mettre du mien. Pour éviter d'apparaître correctement sur les images sans pour autant le vexer, je faisais semblant de regarder ailleurs pendant qu'il filmait, ou alors plaçais subrepticement le bras devant ma face. Je n'avais pas honte d'être vue en sa compagnie car Jean-David était très beau garçon et qui plus est, élégant. Le hic, c'est que je n'étais pas sûre d'apprécier autant que lui le moment. Il semblait comblé tandis que moi... Moi je me demandais encore pourquoi j'avais accepté de sortir avec lui.

— Dis-moi, quelle est la chose la plus symbolique qu'on puisse t'offrir ?

J'ai superficiellement levé les yeux, faisant mine de réfléchir.

— À défaut d'un bon livre, une chanson bien choisie peut avoir plus de valeur à mes yeux qu'un lingot d'or.

— Vraiment ? s'est-il étonné. Tu dis ça pour ne pas paraître matérialiste ?

— Je dis ça parce que c'est la vérité. Cela ne signifie pas que les attentions plus fastueuses ne me font pas plaisir aussi, mais tu as dit « symbolique ».

— D'accord, je vois. Tu es très intéressante.

— Euh... Merci.

Il s'est approché et a abaissé ma main posée sous ma mâchoire depuis quelques minutes, puis l'a tendrement tenue dans la sienne avant de glisser :

— Pourquoi tu as cet air désemparé ? Détends moi cette jolie frimousse.

J'ai eu un sourire plat comme un ballon qui manque d'air.

C'était fade. Creux. Sans grande pertinence à mes yeux. Ses compliments ne me faisaient pas le même effet que ceux de Mathias, il n'avait pas le même regard noir de rebelle, son toucher ne me faisait pas tressaillir. Le moment n'avait rien d'enivrant. Le temps ne semblait pas se suspendre lorsqu'il me regardait dans les yeux. Je n'avais nullement envie de m'éterniser à ses côtés. Tout ça, je ne le ressentais qu'avec Mathias.

JD avait pourtant tout pour plaire, sûr de lui et sachant faire la conversation. Depuis trois semaines qu'on avait commencé à se fréquenter, je ne trouvais rien à lui reprocher, à part peut-être son caractère un peu ostentatoire.

C'était notre quatrième rendez-vous. Nous avions tous les deux tenu à aller voir le dernier Fast and Furious au cinéma. Il y avait un monde fou. La queue pour l'achat des billets avait semblé interminable mais nous avions finalement pu, de justesse, avoir des places un peu au fond de la salle.

Pendant la séance, après que j'aie vidé mon pot de pop-corn, Jean-David a mis des Kinder Buenos sur mes cuisses et y a laissé posée sa main. Quelle subtilité ! Je me suis raclé la gorge en gesticulant discrètement.

— Oh ça te gêne, a-t-il bredouillé en ramenant sa main à lui. Pardon.

— C'est bon, t'inquiète.

— Ah d'accord (en re effectuant le geste). Je suis soulagé que le contact physique ne te mette pas mal à l'aise.

C'est une blague ?

— Non en fait ce que je voulais dire c'est...

— Excusez-moi, a murmuré une voix féminine derrière nous. On aimerait suivre le film, pas vos voix.

Jean-David s'est excusé et nous sommes restés silencieux.
J'ai empoigné sa main et l'ai gardée dans la mienne pour lui barrer l'accès à toute autre partie de mon corps.

Lorsque les lumières se sont rallumées à la fin du film, j'ai voulu me lever mais JD m'a retenue sur mon siège.

— Qu'est-ce qu'on attend ? me suis-je enquise.

— Rien, mais pourquoi serions-nous pressés de sortir ?

— Jean-David, on y va s'il te plaît, ils vont nettoyer la salle pour la prochaine séance. En plus je dois être chez moi avant 19 heures.

— Ce qui nous laisse un peu plus d'une heure devant nous. Relax... je vais te raccompagner.

— Je sais, ce n'est pas ça qui me préoccupe...

— Ok. Allons-y, a-t-il marmonné, un brin agacé.

De la musique folklorique résonnait à fond dans la Hyundai bleue, mon compagnon bougeait la tête au rythme de celle-ci, le regard durement braqué sur la route.

— Ça va ? l'ai-je interrogé, hésitante.

— Mouais, pourquoi tu demandes ?

— Je sais pas... tu m'as l'air un peu contrarié.

— Parce que je ne te dérange plus ? Je croyais que c'était ce que tu voulais, non ?

— J'ai jamais dit ça !

— Mais tu réagis comme si c'était le cas.

— Non, je... em... c'est juste que... (j'ai soufflé) laisse tomber.

Le silence a régné dans l'habitacle pendant le reste du trajet. Qu'est-ce que je pouvais bien ajouter ? J'étais consciente que ce n'était pas juste de le traiter de la sorte. Il était gentil, attentionné, serviable, et moi je me comportais comme une pimbêche pour la simple raison que j'aurais voulu que ce soit Mathias à sa place. Mais que c'était stupide ! J'avais devant moi le petit ami idéal mais mes pensées n'étaient dédiées qu'à un mec même pas fichu de se rendre compte qu'il m'a offensée avec ses propos, et encore moins de s'en excuser.

Depuis le jour où Mathias m'a traitée de pute, je n'ai pas cherché à le revoir ni à le contacter. Je ne m'attendais pas à ce qu'il débarque par surprise sous la fenêtre de ma chambre avec un bouquet de roses, accompagné d'une sérénade, mais au moins un simple message pour exprimer des regrets aurait été le bienvenu et même, la raison qui m'aurait certainement empêchée de fréquenter Jean-David. Mais j'étais sous le charme du garçon le plus orgueilleux et imbu de lui-même de tout le globe et qui plus est, pas amoureux de moi. Je pourrais finir de compter les grains de sable de toutes les plages de Kribi qu'il n'aurait pas même une fois tenté d'arranger les choses entre nous ; si seulement il avait au moins conscience d'être fautif...
Il fallait que j'arrive à m'en détacher, à me passer de lui. Je devais trouver le moyen de l'oublier et ce dernier était juste là à portée de main. La solution, c'était que je donne une chance à JD.

La voiture s'est garée dans la ruelle à quelques mètres de ma maison, j'ai pris sa main et ai caressé sa paume avec mon pouce.

— Merci pour la soirée et de m'avoir raccompagnée malgré tout. J'apprécie beaucoup ta compagnie et je suis désolée si je ne le montre pas assez. En tout cas j'aimerais vraiment que ça fonctionne entre nous.

Pour la première fois depuis que nous avions quitté le cinéma, Jean-David a posé les yeux sur moi. Ses yeux dépourvus de mystère, loin d'être des pierres précieuses dont il faut percer le secret comme ceux de... Personne ! Ses yeux sont magnifiques, et ce sont les seuls dont je devrais raffoler dès maintenant !

J'ai rapproché nos deux visages, il a saisi l'opportunité et m'a embrassée avec fougue. C'était répugnant. Pas parce qu'il embrassait mal. D'ailleurs je ne sais pas s'il le faisait bien. La seule évidence était que ce garçon n'était pas fait pour moi. Mais peu importe, il allait vite le devenir car je comptais bien sortir avec lui et prouver que je mérite et peux avoir mieux que Mathias.

L'amour est un jeu, je ne veux plus finir perdante.

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