Chapitre 11

La situation était chaotique, mais le plan de Build avait fonctionné.

Il les avait guidé dans les montagnes pour y trouver refuge dans un hôpital perdu dans un paysage tranquille et sauvage. On les avait prit en urgences et Build avait dû subir bon nombre d'opérations afin de le nettoyer et de résoudre certains problèmes dû à cette séquestration volontaire mais des plus douloureuses. Bible, ayant l'habitude, était resté quand même sous le bistouri pour se faire rafistoler. Damien avait dû faire en sorte de menacer le directeur sans trop lui faire peur, pour qu'il puisse garder sous silence les interventions mais surtout la présence du trio dans son établissement. Il lui promit de lui faire un don conséquent une fois qu'ils seraient tiré d'affaire, mais le prognostique était engagé pour Build qui avait fait plusieurs arrêts cardiaque durant les opérations qu'il avait dû subir.

Mais à chaque fois, son cœur était repartie de plus belle jusqu'à ce qu'ils aient enfin pu le réparer et qu'il soit conduit dans une chambre où se trouvait déjà Bible. Damien était autorisé à dormir avec eux, sur un lit d'appoint proposé par le directeur.

- Tu lui as promis combien ?
- 50 Million.
- Hm... Propose lui 100, il y a assez pour tout ça. J'ai fait un tour dans l'hôpital, ils ont besoin d'argent pour réparer certains trucs et changer du matos, énuméra Bible qui avait profité que Build soit au bloc pour inspecter les lieux. 

Si Build avait indiqué cet hôpital, ce n'était pas pour rien. Il devait avoir ses raisons, et il ne les connaîtra pas qu'une fois celui-ci réveillé.

- Tu sais quoi faire, Phi.
- Chef, tu vas pas m'engueuler ?
- J'aimerai bien. Mais Biu est encore absent et j'ai pas envie que tu payes pour un truc qu'il a décidé. Tu sais très bien qu'il m'en voudrait de t'amocher la gueule pour rien.

Damien souffla un léger sourire.

Bible avisa le bandage autour du biceps de son homme de main. 

- C'est pas la première que tu prends pour moi.
- Ce sera pas la dernière. Je te dois la vie et je t'ai fait la promesse de toujours veiller sur toi. Maintenant je dois aussi veiller sur lui et faire en sorte que vous restiez en vie.
- Je peux me protéger, mais je veux préserver Biu. Il n'est pas de notre milieu et il est déjà convoité par tout ces charognards.
- Il a un courage sans borne. Il a refusé que je le garde chez lui le temps de trouver un moyen de te faire sortir de là, mais quand le Boss a décidé de l'envoyé dans la salle du 6, j'ai cru que c'était sans espoir... Je suis vraiment désolé chef...
- C'est bon. On est là, Biu est entre de bonnes mains et il faut juste être passant, c'est ce que les docs ont dit.
- T'y crois vraiment ?
- Faut bien, je veux pas le perdre...

Le regard triste et inquiet de Bible sur le corps du photographe allongé et branché à tout un tas de machines dont la cacophonie infernal lui vrillait les oreilles, agaçant ses nerfs un peu plus, Damien était touché par cette attitude qu'il avait envers lui et la façon dont l'un et l'autre agissait pour se protéger ou s'encourager mutuellement.

Mais, même après plusieurs jours, Build ne revenait pas, restant obstiné à ne pas vouloir se réveiller, il inquiétait même le corps médical qui prenait soin de lui chaque jour. Mais les deux mafieux se demandaient si ils n'avaient pas plutôt la crainte que si il mourrait, ces deux-là s'en prennent à l'hôpital et à leurs vies pour leur faire payer la disparition du jeune homme.

- Bonjour Messieurs, s'exclama une infirmière en entrant dans la chambre.
- Bonjour.
- Comment vous vous sentez aujourd'hui ?
- Je vais bien, mais pas de changement pour lui, répondit Bible de plus en plus maussade.
- D'après les examens fait hier soir et ce matin, il est tiré d'affaire. 
- Pourquoi il se réveil pas alors ?
- Pour plusieurs raisons j'imagine, tenta t-elle de répondre sans flipper en osant lui répondre. Son esprit à beaucoup subit, ce qui peut jouer sur son refus de se réveiller, son corps a encore besoin de repos avant de revenir.

Bible soupira, bras croisés sur son torse, il gardait le regard sur le jeune homme endormie.

- Il faut que je vois le directeur, j'ai un service à lui demander, déclara t-il d'un coup en se levant. Vous pouvez garder un œil sur lui ?
- Oui, bien sûr.

Bible avait un plan et il allait devoir se faire un peu de mal avant de revenir le voir.

Il toqua au bureau du directeur qui se trouvait en réunion avec plusieurs des chirurgiens et autres médecins qui s'étaient occupés d'eux depuis leur arrivée.

- Monsieur ! s'exclama t-il en se redressant pour l'accueillir surpris et visiblement très stressé.
- J'ai à vous parler, ça peut pas attendre.
- Oh euh... Oui, d'accord. La réunion est arrêtée pour l'instant, veuillez attendre dans le couloir Messieurs Dames.

Ils quittèrent la pièce, dossiers sous le bras dont celui de Build que le mafieux repéra. Il entra dans la salle, referma la porte et se planta devant le directeur.

- Écoutez bien, parce que si ça se passe mal, je ne pourrais plus vous protéger.

[...]

Build ouvrit les yeux en sentant une main prendre la sienne.

- Biu, je dois m'absenter.
- En...core... ?
- Biu ? Eh salut.
- Tu vas... où ? Tu y... re...tourne ?
- Ouais, je vais les exterminer. 
- Bi...
- Hm ?
- Re...
- T'en fais pas, je vais revenir, en vie.

Il lui embrassa le front, le bout du nez puis ses lèvres, prenant bien soin de ne pas le blesser, colla son front au sien puis, après un dernier regard, Bible quitta la région pour retourner à la capitale et retrouver son propre gang que la Rose Noire ne connaissait pas. 

- Boss ?
- Salut les gars...
- Vous z'êtes arrivé quoi ?
- Un séjour assez compliqué avec le Boss du clan. On a pas le temps de s'arrêter sur ça, mais j'ai du taff.

Les hommes se levèrent, le visage sombre écoutant leur Boss raconter ses dernières aventures ainsi que le plan d'action.

- Alors c'est vraiment l'heure ?
- On va vraiment le faire cette fois ?
- J'ai encore à l'esprit le corps de Build en tête, gronda Bible, les poings fermés, frappant la table jusqu'à s'en éclater les phalanges. J'ai accepté mon sort, mais lui est innocent.
- Z'en faites pas Boss, on va aller le protéger !
- Je refuse qu'il soit seul là bas mais je n'aime pas plus qu'il soit sans moi.

Damien lança un regard entendu à ses coéquipiers qui hochèrent la tête, il leur montra la photo et tous eurent un mouvement de recule.

- Putain de merde !
- C'est... C'est un humain  ?
- Le jeune maître Build. répondit Damien en faisant défiler les différents angles qu'il avait pris avant et après l'opération, prenant même la salle du 6 en photo pour que tous garde en tête pour quoi Bible voulait mettre à sac cet endroit et les tuer tous.
- Putain mais il est dingue ce mec !
- Le vieux a toujours été spécial, mais là...

Le silence emplissait les lieux le temps que Damien finissait de leur exposer le corps de Build dont l'horreur les prit à la gorge, alors qu'il étaient pourtant des mafieux sanguinaires, entrainés à tuer et à répandre l'imondice pour le seul plaisir de pouvoir faire régner la peur et une sorte de dominance sur le commun des mortels. Mais face à la fourberie du Boss de la Rose Noire, ils se sentaient si saints d'esprits.

- Build Jakapan Putha, 28 ans, photographe freelance, énonça Damien en leur présentant le dossier médical du jeune homme.
- C'est une raison pour défoncer ce clan à la con. s'exclama l'un des hommes bras croisés sur sa poitrine.
- Il y a quelque chose que vous devez tous savoir avant, s'exclama très sombrement Bible. P'Damien n'est pas au courant de ce que je vais vous dire.

Intrigué, l'homme resta très attentif aux révélations de son Boss.

Bible inspira un bon coup, ferma les yeux se donnant du courage pour leur avouer un secret qu'il s'était pourtant refusé à dévoiler. Build ne lui en voudrait probablement pas d'avoir mis son gang au courant, quoi que pour Damien il avait un doute qu'il l'ai déjà mis au courant, mais pour palier à ça il devait le dévoiler.

Il plongea sa main dans sa chemise pour sortir une chaîne au bout de laquelle pendait un anneau en argent. Surpris, ses hommes lui adressaient des regards curieux. Il déposa également une enveloppe sur la table. Damien sortie une feuille de l'enveloppe pour y découvrir ce fameux secret puis regarda l'alliance.

- Boss, vous..
- Quoi ? Quoi ?!
- Le Boss et le jeune maître se sont mariés. Ce document officiel atteste que ce mariage est légal et effectif.
- Hein ?! s'écrièrent les hommes qui lui prirent la page des mains pour la lire à leur tour tout en détaillant la bague toujours pendante au bout de la chaîne.
- Boss, vous...
- Personne ne le sait, pas même dans le clan ni le Boss et je tiens à ce que ça reste secret. Vous quatre, vous allez rejoindre Phi à l'hôpital et le surveiller. Il s'est réveillé mais reste très faible.
- Désolé les gars, on vous aurez bien accompagné.
- Z'en faites pas, on vous racontera.
- Prenez des photos.

Les hommes se frappèrent dans les mains et les 4 désignés quittèrent les lieux pour rejoindre l'hôpital.

- Qui...
- Bonsoir, lui répondit un des hommes en entrant dans la chambre alors qu'il était encore dans les vappes.
- Le Boss nous envoi vous surveiller.

La panique et la colère s'affichèrent dans son regard et ils le virent tâtonner pour trouver de quoi répliquer.

- Ah doucement mon gars ! fit l'un d'eux en levant les mains en signe de paix.
- T'es con aussi tu dis le Boss toi ! l'engueula un autre, comprenant la réaction de Build. Pt'it gars, t'en fais pas, c'est pas le taré de la Rose Noire qui nous envoie, mais ton mari.
- Bi ?

Surpris, Build tenta de se redresser mais les douleurs l'empêchèrent de faire le moindre mouvement sans grimacer.

- Oula attends !

Ils se mirent à quatre pour l'aider et appelèrent une infirmière pour vérifier que ses plaies étaient intacts. Après que ce fut fait, ils purent prendre un moment pour discuter.

- Pourquoi Bi vous a envoyé ici ?
- Le Boss est partie en guerre.
- On a vu ce que ce fou vous a fait... Désolé de pas l'avoir apprit plus tôt, on vous aurez tous épargné ça.
- Les excuses sont tardives, mais merci.

Bible était partie pour les exterminer ? Il avait peur qu'il lui arrive quelque chose.
Il avait tout intérêt à revenir entier et en vie, pareil pour Damien et ses hommes.

- Ayez confiance, ils vont revenir.
- Je l'espère...
- En tout cas, vous avez tout notre respect, vous avez été méga courageux pour avoir fait ça et subit la folie du dérangé.
- Ce n'était pas un acte de courage, répliqua Build en soupirant, je voulais sortir Bible de là et reprendre ma vie tranquillement.
- On est... au courant que vous et le Boss vous êtes...
- Mariés ?
- Ouais. Félicitations.
- Je sais pas si c'est le moment pour ça, mais merci.

Les quatre mafieux lui adressèrent un sourire confus, se grattant l'arrière du crâne, gênés. Si Bible le leur avait dit, c'est qu'il leur faisait assez confiance pour ça. Il ne l'avait pas dit à ce connard qui l'avait charcuté, il n'avait pas besoin de le savoir de toute façon. Ce qui restait à eux n'avait aucun intérêt à être partagé avec d'autres. Mais ils appartenaient à Bible, ils étaient alors dignes de la confiance du mafieux, tout comme P'Damien.

Mais il avait peur que si il leur adressait un peu trop de confiance à ce groupe, ils pouvaient s'en prendre à lui sans qu'il ai pu revoir Bible et lui dire ce qu'il avait sur le coeur. Mais ils avaient raison sur un point : il devait faire confiance à Bible et à P'Damien. Ils reviendront vivants.

[...]


Bible et ses hommes n'avaient pas fait de quartier, pour eux c'était : on rentre et on tue tout le monde. 

- Tuons les et rentrons, déclara Damien alors qu'il voyait son chef s'avancer dans la cour de la villa du clan sans peur. 
- Ça va être un véritable carnage, souffla un des hommes.
- Il est temps que le Boss se trouve une raison pour exploiter ce côté là. 
- On va bien s'amuser.

Le groupe se lança alors dans un massacre le plus sanguinaire de l'histoire du clan et du pays en lui-même.

Personne ne fut secouru et personne ne verrait le jour du lendemain, le soleil... personne ne le reverrait, jusqu'à arriver à lui, coincé dans son bureau, barricadé derrière sa porte, flingue à la main et son artillerie prête à l'emploie.

Bible, le visage couvert de sang autant que le reste de ses vêtements et les mains inondées de restes humains, le sang gouttant sur le sol à chacun de ses pas, le regard violent et froid. Il était là, entouré de corps déchirés ou démembrés, criblés de balles ou déchiquetés par les coups de couteaux qui avaient détruit os et vêtements dont la force avait quasi tué la lame. 

Debout devant la porte du bureau, il regardait le panneau en métal avec une telle fureur qu'il sentait bouillonner en lui son sang.

Pour toi Biu.

***

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top