chapter #28 « again and again »

Le soupir qui s'extirpa des lèvres du brun, arracha un froncement de sourcils à la sunienne ; quelque chose clochait, visiblement. Elle tira une chaise, déposa sa tasse de café fumante sur le bois de la table et s'installa, silencieusement ; il ne réagit pas, ses prunelles d'un bel ébène effleuraient le papier entre ses doigts. Parfois, elle aimait se perdre dans la contemplation du visage de son amant ; elle se souvenait bien de ce gamin qu'elle avait affronté mais là, tout de suite, un homme lui faisait face. Des traits fins, qu'il tenait de sa mère, bien qu'il était le portait craché de son père et une légère barbe brune, sur son menton ; la première fois qu'il avait annoncé prendre la décision d'avoir une barbe, elle s'était moqué ouvertement de lui, mais au final, elle aimait ça.

D'un geste lent, il fourra la lettre dans l'étui et coinça un tube de nicotine entre ses lèvres, l'allumant d'un geste expert ; et bien qu'elle n'appréciait pas du tout le fait qu'il fumait encore plus qu'avant, elle ne dit rien. Son amant remarqua sa présence, à cet instant et lui lança un petit sourire.

« alors ? de bonnes nouvelles, j'espère » lança-t-elle, portant sa tasse à ses lèvres

Une vingtaine de minutes en arrière, un adolescent aux mèches d'un beau châtain avait frappé à la porte, annonçant qu'il détenait un message du chef du village caché de la Feuille pour un certain Shikamaru Nara ; le brun s'était empressé de le prendre, avait lancé un « merci » au gré du vent et claqué la porte au nez du châtain, sous le rire de la blonde. Plus les années passaient, plus il se révélait impatient.

« tout le monde se porte bien, Miraï a eu l'autorisation de retourner à la maison, Akamaru cours comme un enfant dans les rues, avec Kiba et les coéquipiers de mademoiselle, ne la quittent pas d'une semelle » expliqua-t-il
« à ce point ? tu penses qu'ils aimeraient plus ? » demanda-t-elle, un sourcil arqué
« hm, ce n'est pas quelque chose qui m'étonnerait » avoua le brun « Miraï est une jeune femme très belle, intelligente et à cet âge-là, tu as tendance justement à te rendre compte que les filles deviennent vraiment attirante »
« les garçons sont de tels pervers, sérieux » lança-t-elle, une moue moqueuse sur les lèvres
« dit-elle » souffla-t-il, amusé « pourtant, je me souviens du regard que tu m'as jeté, lorsque tu m'as revu, trois ans après notre combat d'enfants »

Quelques nuances de rose s'accrochèrent aux joues de la jeune femme et elle fronça les sourcils.

« pardon ? » s'exclama-t-elle, rougissante
« tu m'as très bien compris, Sabaku »
« je te déteste » grogna-t-elle
« moi aussi je t'aime, mon cœur »

Elle leva les yeux au ciel, à cette remarque ; et croqua généreusement dans le croissant du brun, ignorant royalement sa plainte. D'un geste mécanique, il tira une dernière taffe et écrasa le mégot dans un cendrier, qui traînait sur le bois de la table.

Quelque chose clochait. Bien que le brun lui avait lancé quelques sourires, qu'il lui avait donné de bonnes nouvelles concernant les habitants du village caché de la Feuille, il lui semblait en proie à un tas d'interrogations. Les minutes défilaient, ne faisant qu'accroître la tension qui lui donnait presque la nausée ; elle arqua un sourcil et dans un élan plein de courage, elle se hissa sur ses deux pieds, réprimant un frisson en sentant la fraîcheur du sol sous sa peau et contourna la table, le brun ne réagit pas. Elle prit place sur ses cuisses, accrochant ses bras autour de sa nuque et déposa un baiser chaste sur le bout de son nez.

« que se passe-t-il ? » demanda-t-elle, une petite pointe d'inquiétude dans la voix
« c'est.. » commença-t-il « il a besoin de moi, Naruto ne peut pas assumer seul le rôle de Hokage et visiblement, bien que ça l'attriste, il aimerait que je fasse un choix »
« un choix ? » répéta-t-elle, les sourcils froncés
« soit je retourne au village et j'assume mon rôle, soit je reste et il se trouve un nouvel assistant »

Un éclat de tristesse brillait dans les prunelles brunes du garçon, d'un geste absent, il traçait délicatement des ronds sur la peau de la blonde, du bout des doigts ; il n'en voulait pas au blondinet, d'une certaine manière, il avait raison. Si il continuait, ainsi, le blond ne survivrait pas au travail complet et lui aussi, avait une famille qui l'attendait ; un soupir s'échappa des lèvres du brun.

Tendrement, elle glissa une main dans les mèches brunes de son amant.

« tu sais, je suis vraiment heureux avec toi ; tu es là et nous formons une famille » commença-t-il, un petit sourire au coin des lèvres « viens avec moi »

Un tel amour inondait son regard, qu'elle réprima tant bien que mal le frisson qu'il l'a prit ; qu'était-elle censé répondre ? Bien sûr qu'elle mourrait d'envie de vivre avec lui, elle aimait sa présence, ses lèvres ; elle l'aimait, lui. Délicatement, elle effleura sa joue rugueuse du bout des doigts, cette pointe de tristesse dans les prunelles.

« Shikamaru » lâcha-t-elle, dans un murmure « je ne peux pas »

Son cœur rata un battement ; elle était là, contre lui mais ça n'allait pas. Dans l'incapacité de faire face à la tristesse dans le regard du brun, elle s'extirpa de l'étreinte et débarrassa la table. Le brun lui emboîta le pas.

« comment ça, tu ne peux pas ? » demanda-t-il, les sourcils froncés
« je.. Gaara a besoin de moi, il a besoin que je sois là » souffla-t-elle
« et ça, c'est un mensonge ou la vérité, cette fois ? »

La scène actuelle avait un petit quelque chose de déjà-vu et le brun réprima la souffrance dans sa cage thoracique, il attrapa les assiettes sales qu'elle tenait entre ses mains et les balança dans l'évier vide, les sourcils froncés. Cette discussion, il en avait terriblement besoin ; hors de question que qui que ce soit prenne la fuite.

« je te parle, là » grogna-t-il, une pointe de colère dans la voix
« Kankuro n'est plus là, il a besoin que je sois là, tu comprends ? »
« putain, Temari ; tu recommences » s'exclama-t-il, le souffle court « qu'est-ce que je suis censé faire ? ne serais-je jamais assez, par rapport à ton frère ? »

La colère qui vibrait les entrailles du brun força Temari a faire un pas en arrière, elle connaissait cette colère et elle la savait légitime ; elle aurait aimé prendre ses affaires, vivre dans la demeure du clan Nara, que tout redevienne comme avant mais une partie d'elle refusait de prendre la fuite, loin de ce village. Quelques larmes perlèrent au coin de ses prunelles d'un bel émeraude et elle secoua la tête de droite à gauche, douloureusement.

« je suis désolé, Shikamaru » lâcha-t-elle, étouffant un sanglot entre ses lèvres
« je me casse » souffla-t-il, d'une voix rauque mais à l'allure brisé

Un sanglot flotta, se répercutant avec lenteur entre les murs de la demeure ; une demi-seconde plus tard, il se mêla au son d'une porte qui claque.

Dans l'obscurité de la nuit noire, un tube de nicotine entre les lèvres, le brun titubait maladroitement au milieu d'une rue ; la fumée s'échappait et s'envolait vers la lune ronde, qui éclairait les rues du village, parfois il cessait sa marche et observait le spectacle. Quelque chose d'incompréhensible s'échappa de ses lèvres, se perdant dans sa barbe brune et il reprit son chemin, les mains dans les poches ; la colère avait prit le dessus, après la discussion et il s'était perdu dans les rues, il ne s'habituait pas du tout à ce coin et à vrai dire, Konoha lui manquait vraiment beaucoup. Un petit bar, ouvert à des heures bien tardives, avait été d'un certain réconfort ; d'une certaine manière, il s'était noyé dans l'alcool, un verre de whisky par ci, un verre de saké par là, jusqu'à ce qu'un client ne le reconnaisse et qu'il prenne la fuite. Il ne comprenait pas, qu'est-ce qu'il y avait de mal dans l'union des deux villages ? Les villageois auraient dû sautés littéralement de joie, en apprenant que la princesse de Suna épouserait un haut placé de Konoha ; c'était une preuve de plus, concernant l'alliance des villages et la paix. Un grognement s'échappa de ses lèvres et il s'engouffra dans l'allée de la demeure de son ex-épouse ; aucune lumière n'éclairait l'intérieur et il se rendit à l'évidence, elle dormait sûrement.

Finalement, le mégot, coincé entre ses lèvres, chuta jusqu'au sol et il l'écrasa sans douceur ; il se pencha, douloureusement, jusqu'au sol et attrapa quelques cailloux, dans les brins d'herbes. Ses prunelles d'un bel ébène scrutèrent les horizons, quelques secondes, vérifiant sûrement que personne n'était à l'affût et qu'un coup sec, qui manqua de lui faire perdre l'équilibre, il balança les pierres sur la vitre d'une fenêtre, la fenêtre de la chambre parentale. Il ne fallu pas longtemps avant qu'une tignasse blonde familière ne se glisse dans son champ de vision et tel un enfant, il leva soudainement les mains dans les airs, un sourire au coin des lèvres, et quelques nuances de rose sur les joues.

« pardon » s'exclama-t-il, d'une voix maladroite « je.. j'ai oublié mes clefs.. ou je les ai perdu.. je ne sais plus »

L'éclat de surprise dans les prunelles émeraude de la jeune femme céda bien vite sa place à une pointe colérique et il étouffa quelques sueurs froides ; il aurait peut-être dû faire sa nuit sur un banc hasardeux du village. La fenêtre se referma dans un bruit sec et quelques minutes plus tard, le bois de la porte céda au visage fermé de la blonde ; les sourcils froncés, elle s'approcha doucement du brun, qui somnolait, allongé dans l'herbe du jardin. Elle se pencha et souffla quelques mots à son oreille.

« tu te lèves, et tu rentres, sans faire de bruit »

Un ordre ; le brun acquiesça faiblement et attrapa la main qu'elle lui tendait, il se hissa maladroitement sur ses deux pieds, manquant une énième fois de perdre l'équilibre et et glissa dans la demeure. Lorsque son épaule cogna brutalement le meuble prévu pour les chaussures, il s'attira les foudres de son ancienne épouse ; il déglutit, bafouilla quelques excuses et ne dit rien, lorsqu'elle glissa un bras autour de sa taille, lui offrant son aide pour atteindre la salle de bain.

Telle une mère avec son enfant, elle déshabilla le stratège et le força doucement à se mettre sous l'eau froide, une bonne douche lui remettrait sûrement les idées en place, et ce fût le cas, au bout de quelques minutes ; un grognement s'échappa des lèvres du garçon et il tira le rideau de douche, cachant la vue de son corps nu aux prunelles émeraudes de son amante. L'effet de l'alcool se dissipait doucement et bien que la présence de la femme, dans la salle de bain, le gênait un peu, il profita de la fraîcheur de l'eau.

Sans un mot, il attrapa la serviette qu'elle lui tendit et la noua autour de sa taille, arrachant doucement l'élastique qui maintenant ses mèches brunes, au ton bordélique ; d'un geste vif, elle le tira sur un petit tabouret et entreprit de mettre quelques coups de brosses dans ses cheveux.

« je.. » commença-t-il, incertain
« non » le coupa-t-elle « je comprends »

Il n'ajouta rien ; peut-être parce qu'il craignait les conséquences de son état, il comprendrait si elle lui voulait. Pourtant, elle s'occupait de ses cheveux avec une telle douceur qu'instinctivement, le brun colla son dos à la poitrine de la jeune femme, les yeux fermés ; un sourire naquit au coin des lèvres de la blonde et elle délaissa la brosse.

« sûrement qu'à une époque, j'aurais fais la même chose » souffla-t-elle, un soupir s'échappa de ses lèvres « j'aurais traîné dans un bar et j'aurais bu »

Elle se souvenait bien de la première fois qu'elle avait emmené le brun dans un bar, juste après la quatrième grande guerre ; en peu de temps, il avait perdu son père sur le champ de bataille et sa mère, accablé par le chagrin. Il avait titubé toute la soirée, avait sorti un tas d'idioties, vomi ses tripes une dizaine de fois ; mais le lendemain, il lui avait offert des fleurs, annonçant qu'elle était la première personne à prendre son temps pour lui, parce qu'au fond il savait qu'elle avait tenté maladroitement de lui changer les idées, de lui faire du bien.
L'insouciance de cette époque lui manquait.

« Shikamaru » appela-t-elle « il faut qu'on parle »

Temari n'eût aucun mal à sentir le brun se tendre soudainement contre elle, il tenta de s'extraire de l'instant mais elle passa délicatement ses bras autour de son torse imposant, le maintenant fermement contre elle ; parce que si cet instant était l'un des derniers, elle avait besoin qu'il dure plus longtemps.

« mon existence est ici » commença-t-elle, douloureusement « ce village m'a vu naître, il a vu naître mes frères, tous ces moments où nous étions tous les trois, main dans la main ; et là, mon frère est mort »

Une telle souffrance émanait de ses mots que le brun attrapa ses mains dans les siennes, liant ses doigts aux siens ; un doux contact, lui insufflant un peu de courage, bien qu'il sentait que cette discussion n'allait pas forcément lui plaire.

« ce que mon père a.. » elle prit une inspiration « tout ce qu'il a fait contre Gaara, ça reste ; tu ne t'en rends pas compte mais en tant qu'adulte, ça l'a marqué profondément, je le vois dans le fond de ses yeux, je sens sa souffrance. et tu n'imagines même pas à quel point j'ai été heureuse, après qu'il ai rencontré Naruto, ce garçon l'a changé ; mais là.. » elle tenta maladroitement de faire fuir les larmes qui perlaient au coin de ses paupières « il souffre, si je pars, si je m'en vais, que je t'accompagne, je crains qu'il disparaisse soudainement »
« Temari.. » lâcha-t-il, dans un murmure douloureux

Son passé, il le connaissait ; il connaissait ses peurs, ses maux, ses souffrances. L'environnement dans lequel elle était né, dans lequel la fratrie du sable s'était funestement retrouvé, n'était pas sain ; et ils gardaient des séquelles. Un soupir s'échappa des lèvres du brun et le front de son amante se colla doucement à son dos humide ; elle semblait sur le point de fondre en larmes.

« je suis tellement désolé, Shikamaru » souffla-t-elle, douloureusement « j'aurais aimé être l'épouse parfaite, te suivre là-bas mais je ne peux pas, c'est mon village, mon frère ; je.. je suis désolé »
« ça ressemble à une rupture » lâcha-t-il, au bout de quelques secondes, tout bas

D'habitude si rauque, si forte, à cet instant, la voix du brun se brisait légèrement ; et ça lui brisa le cœur. Dans un geste doux, elle le repoussa et le força à faire volte-face, attrapant son visage entre ses mains ; elle captura tendrement ses lèvres contre les siennes. Elle se souvenait très bien que, dans son adolescence, le simple fait d'embrasser un garçon l'effrayait ; il lui semblait si fort, si brutal, qu'elle se disait qu'il lui ferait sûrement mal, que ce ne serait pas plaisant, pourtant les lèvres du brun étaient douces, sucrés et les battements de son cœur s'accéléraient constamment, dans ces moments.

Son front contre celui du brun, elle prit une inspiration, au bord des larmes.

« ce n'est pas le cas » dit-elle, dans un élan maladroit « nous avons survécus à la quatrième grande guerre, je pense, sincèrement, que si nous acceptons de le faire, ça marcherait »

Un soupir s'échappa des lèvres du brun.

« tu parles d'une relation à distance ? » demanda-t-il, les sourcils froncés
« oui » lâcha-t-elle « je t'aime, Shikamaru et bien que l'idée de vivre loin de toi me fasse mal, je préfère une relation à distance à la possibilité de te perdre »

Quelque chose brilla au fond des prunelles du brun, il ne dit rien ; elle le connaissait assez pour connaître ce regard, il réfléchissait. Elle ne bougea pas, imprimant les traits du visage de son amant dans son esprit, de peur de ne plus jamais être face à lui ; peut-être allait-il prendre la fuite, peut-être retournerait-il dans les bras de la rose, elle qui l'avait rendu si heureux, peut-être était-ce la fin. Un claquement de doigt la tira de ses hasardeuses pensées et elle se heurta au doux sourire au coin des lèvres du brun, il haussa les épaules.

« d'accord » dit-il, simplement
« d'accord ? » répéta-t-elle, incertaine
« oui, d'accord ; je ne veux pas vivre une seconde de plus sans toi, et si le seul moyen pour moi d'être avec toi, est le fait de dire oui à une relation à distance, je dis oui » expliqua-t-il « je ferais ce qu'il faut pour que je sois libre, tous les week-end ; et on se verra, promis »

Les larmes qu'elle avait, maladroitement et tant bien que mal, retenu s'échappèrent de ses paupières et roulèrent sur ses joues ; pendant un instant, pendant un long instant, elle s'était préparé à l'idée qu'il dirait non. Sans un mot de plus, elle fondit dans ses bras, capturant ses lèvres dans un doux baiser ; qui se transforma bien vite en quelque chose d'un peu plus bestial. Il ne dit rien, lorsque son dos heurta brutalement le sol frais de la salle de bain et qu'elle arracha littéralement la légère serviette, nouée autour de son bassin ; il se contentait de fondre dans cette étreinte passionné.

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